- Belem
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Belem Le Belem à quai à Bordeaux pour Bordeaux fête le fleuve édition 2007Autres noms Fantôme II (1921), Giorgio Cini (1952) Gréement trois-mâts barque Débuts 10 juin 1896 Longueur hors-tout 58 m Maître-bau 8,80 m Tirant d'eau 3,60 m Voilure 1200 m² (25 voiles) Déplacement 750 t Tonnage 531 T Chantier chantiers Dubigeon, Nantes Port d’attache Nantes France modifier Le Belem (1896) est le dernier trois-mâts barque français, le plus ancien trois-mâts en Europe en état de navigation et le second plus grand voilier restant en France[N 1]. Construit à Nantes, utilisé notamment dans les Antilles, puis tour à tour anglais, italien puis à nouveau français, cet ancien voilier de charge, plusieurs fois transformé, motorisé et rebaptisé, pour divers usages (croisière de luxe et navire-école), fut finalement déniché par hasard à Venise par un amateur nostalgique dans un piteux état à la fin des années 1970. Racheté grâce à l'appui d'une grande banque française qui finance la fondation qui entreprend sa restauration, il est aujourd'hui reconverti dans le cabotage, offre des stages d'initiation et de découverte aux passionnés, sert désormais à la Marine nationale pour l'entraînement de ses mousses et apparaît dans les grands rassemblements de gréements traditionnels.
Le Belem fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 27 février 1984[1].
Sommaire
Histoire
Les débuts et le transport du cacao
Lancé le 10 juin 1896, seulement 7 mois après sa commande aux chantiers Dubigeon de Nantes par Fernand Crouan, de la Compagnie nantaise Denis Crouan et Fils spécialisée dans le transport du cacao pour le compte des chocolateries Menier[2], il est affecté à la flotte des « Antillais » et peut transporter jusqu'à 675 tonnes de fret.
Son premier voyage, sous les ordres du capitaine Lemerle, surnommé « le merle noir », fut un demi-succès, un incendie à l'approche des côtes d'Amérique du Sud ayant détruit une partie de la cargaison. Bon marcheur, ce voilier de petit tonnage, comparé à la flotte des voiliers cap-horniers de l'époque, n'effectuera pas moins de 33 campagnes jusqu'à sa retraite commerciale en 1914[2].
Ces campagnes se feront principalement en direction de Belém, port situé sur la rive sud du bras méridional de l'embouchure du fleuve Amazone. Mais le Belem connaîtra bien d'autres destinations, telles que Montevideo en Uruguay, ou la Martinique aux Antilles d'où il échappera de peu à la colère de la montagne Pelée en 1902[2]. En effet, l'entrée du port lui est refusée par manque de place, et il doit aller mouiller à l'autre bout de l'île, ce qui le sauvera. C'est d'ailleurs le Belem qui secourra les deux (ou trois) rescapés de la catastrophe.
L'équipage est alors composé de seulement 13 hommes dont les conditions de vie à bord sont rudes. En effet, il faut manier plus de 1 000 m2 de voiles. Le gréement est alors celui d'un trois-mâts barque, la brigantine triangulaire ne portant curieusement pas de vergue. Mâts et espars sont en bois, cordages en chanvre et voiles en coton.
L'expansion des bateaux à vapeur, plus fiables et plus réguliers pour la navigation commerciale, rend le Belem obsolète. Le 11 février 1914, il est racheté pour 3 000 Livres sterling par le duc de Westminster à des fins de yachting[3]. Le Belem entame une nouvelle vie en tant que luxueux navire de croisière. À cette époque, il est profondément transformé pour assurer le confort du propriétaire et de ses invités.
La cale est transformée en cabines confortables et l'on peut accéder, par un escalier à double révolution, à un salon vitré, décoré en acajou de Cuba et monté sur le pont. Ceci imposera malheureusement que les basses voiles, très puissantes auparavant, soient retaillées. Les bas-mâts sont changés pour des tubes d'acier. On le dote aussi de 2 moteurs suédois Bollinder de 250 ch dont l'échappement se fait au travers du mât d'artimon, devenu creux. Du coup, avec la réduction de moitié de la grand-voile et de la misaine, la traînée hydraulique provoquée par les deux grosses hélices quadripales d'1,20 mètre de diamètre et l'augmentation du fardage (salon de pont et dunette surélevés) ont lourdement obéré ses très bonnes capacités nautiques à la voile. Il a pratiquement perdu 2 nœuds de vitesse et ne remonte quasiment plus au vent ! En contre-partie, il peut naviguer par tous les temps et manœuvrer seul dans tous les ports du monde, ce qui correspond bien aux attentes de son nouveau propriétaire.
Le beaupré, en acier depuis son origine, a été aussi raccourci, ramenant le centre de poussée vélique vers l'arrière et le rendant un peu plus ardent. Du coup, avec le gréement qu'il possède de nos jours, il ne peut pas porter toute sa brigantine aux allures de près sans le déséquilibrer, ce qui limite aussi la puissance de son gréement. Cependant, dépasser les 60 mètres de longueur hors-tout pouvant avoir des conséquences financières importantes en termes de redevances portuaires, le rallongement de cet espar afin de porter un ou deux focs supplémentaires n'est pas envisageable[N 2].
Racheté en 1921 par Sir Arthur Ernest Guinness, il est rebaptisé Fantôme II[4]. À dater de cette époque, le Belem va beaucoup naviguer, effectuant de très longs voyages. Cependant, même s'il a fait le tour du monde par les canaux de Panama et de Suez, il n'a jamais passé le cap Horn. Ces voyages cesseront en 1939, avec la mort de Sir Guinness et le début de la Seconde Guerre mondiale. Le Belem trouve alors refuge à l'Île de Wight où il sera miraculeusement épargné par les bombardements mais son gréement subira de grosses avaries. Il servira de base à une unité des Forces navales françaises libres.
Il appareille en 1952 pour Venise où son nouvel acquéreur, la fondation Cini, en fait un navire-école. Il est rebaptisé une fois de plus : Giorgio Cini[5]. Ré-armé avec un dortoir dans l'entrepont, le gréement devient celui d'un trois-mâts goélette, plus facile à manœuvrer.
En 1972, les carabiniers le rachètent pour la lire symbolique car ils souhaitaient se doter d'un navire-école. Il est re-motorisé avec 2 moteurs Fiat de 300 ch mais sa nouvelle carrière fut courte. Le manque d'entretien pendant les années de guerre ne lui ont pas laissé fière allure et, rapidement, il est jugé trop vétuste pour emmener des cadets en mer. Les chantiers navals de Venise le remettent plus ou moins en état de naviguer, le gréement est remonté comme à l'origine en trois-mâts barque (le grand mât reprend son phare carré).
En 1976 et toujours pour une lire symbolique, les militaires cèdent le trois-mâts à un chantier vénitien qui, après une toilette sommaire, le propose à la vente.
Retour sous pavillon français
C'est par hasard qu'un passionné de gréements traditionnels, le docteur Gosse, le retrouve[6]. Grâce à une association (l'ASCANF), la Caisse d'épargne rachète le dernier grand voilier en acier français[N 3] afin de le ramener dans son pays d'origine. Le 17 septembre 1979, le Belem arrive à Brest remorqué par un bâtiment de la Marine nationale, l'Éléphant.
En 1980, le Belem est donné à la fondation Belem créée la même année (et reconnue depuis d'utilité publique). Afin de sensibiliser l'opinion et de récolter des fonds pour sa réhabilitation, il est amarré à Paris, près de la tour Eiffel et est en grande partie restauré à cet endroit. Son gréement a été remis en état dans le souci de respecter l'aspect d'origine. On lui reproche cependant son beaupré trop court[7].
En 1984, le Belem est classé monument historique[1], moins de deux ans après l'autre grand voilier français, le Duchesse Anne qui, lui, ne navigue plus.
En 1986, il effectue son voyage inaugural à New York à l'occasion du centenaire de la statue de la Liberté.
Depuis, le Belem a entamé une nouvelle carrière de représentant de la marine à voile. Il prend à son bord des stagiaires de tous âges pour leur faire découvrir la navigation traditionnelle au moyen de stages de 2 à 10 jours. Outre l'équipage de 16 hommes (capitaine et cook compris) il peut emmener jusqu'à 48 stagiaires répartis en 4 groupes. Dans le cadre de la mission assignée à la Fondation Belem[8], il fait ainsi du cabotage le long des côtes françaises et européennes et quelques voyages en Atlantique grâce au mécénat du Groupe Caisse d'épargne qui soutient la fondation. Il participe aussi aux rassemblements internationaux de grands voiliers.
À partir de 2005, il est affrété, comme le Kathleen & May et l’Étoile de France, par la Compagnie de Transport Maritime à la Voile (CTMV) [9], jeune compagnie maritime française spécialisée dans le transport de vins et spiritueux en bouteille.
En 2008, le Belem quitte La Rochelle le 8 mai pour faire son arrivée à Québec le 2 juillet, voyage commémorant le voyage de Samuel de Champlain en 1608 et faisant partie intégrante des festivités entourant le 400e anniversaire de la ville de Québec[10].
Le 13 mai 2009 a vu Rabat accueillir le Belem à l'occasion du Festival Mawazine, et aussi pour l'inauguration du quai d'honneur de la ville, après une escale à Tanger[11],[12]. Depuis sa réouverture en 2009, l'École des mousses de Brest utilise le voilier pour l'entraînement de ses jeunes recrues (stages de 4 jours en mer), conformément à une convention signée entre la fondation Belem et la Marine nationale[13].
Nantes pour racines
Le Belem a pour port d'attache Nantes en Loire-Atlantique. Une ville qui l'a construit et qu'il retrouve régulièrement aujourd'hui lors de manifestions nautiques ou de simples escales, une à plusieurs fois par an.
Le trois-mâts a par ailleurs inauguré le 9 octobre 2009 son nouvel appontement au pied du pont Anne-de-Bretagne. En effet, le Belem accostait auparavant plus en aval, à la sortie du centre-ville où une plate-forme flottante et une coupée lui étaient réservées. Cependant, ces installations étant quelque peu vétustes et gênant la navigation dans le bras de la Madeleine, la municipalité a pris la décision avant l'été 2009 de déplacer cette plate-forme en amont, pratiquement dans le centre-ville puisque l'endroit choisi fut le quai de la Fosse, juste au niveau de la frontière entre domaine maritime et domaine fluvial (délimitée par le pont Anne-de-Bretagne)[14].
La plate-forme a été rénovée et une coupée flambant neuve permet d'accéder au quai de la Fosse. Profitant de l'emplacement de cette coupée et de la forte demande en matière de place pour les plaisanciers, un nouveau ponton flottant d'une cinquantaine de mètres a été couplé à la plate-forme du Belem. Cela marque, il est vrai assez modestement, un retour d'intérêt de Nantes pour son fleuve et la mer, alors que le projet de port de plaisance de 300 places sur l'Île de Nantes est au point mort.
C'est donc à l'occasion de la Solidaire du Chocolat que le Belem a séjourné à Nantes du 9 au 11 octobre 2009, afin d'accompagner les 24 monocoques Class'40 engagés dans cette toute nouvelle transat solidaire, sportive et événementielle[15].
Caractéristiques techniques
Coque[16] Propulsion, Équipements[16] Mâture et gréement[16] Coque rivée, tout acier
Longueur de coque sans beaupré : 51 m
Longueur de coque hors tout : 58,50 m
Longueur à la flottaison : 48 m
Largeur au maître-bau : 8,80 m
Déplacement en charge : 750 t2 moteurs diesel Fiat Iveco 300 ch (224 kW) chacun
2 lignes d'arbre, 2 hélices 4 pales de 1,20 mètre de diamètre
4 groupes électrogènes
Réservoir de gazole : 40 t
Autonomie : 24 jours à 7 nœuds (13 km/h), 4 000 milles marins (7 400 km)
Réserves d'eau douce : 20 t
Production : 3 t/jour par osmoseur
Guindeau électrique et 3 cabestans de pontMâts en acier 2 parties (bas mât, mât de hune)
Hauteur du grand mât : 34 m
Vergues : en acier pour les trois plus basses
en bois pour les perroquets et cacatois
Croisure maximale grande vergue : 19,50 m
Surface totale de voilure : 1 200 m2 environ
Nombre de voiles (carrées et d'étai): 22, dont un brigantine de cap qui ne peut être gréée que seule sur le mat d'artimon
plus de 2 500 mètres de cordages, filins, câbles...
220 points de tournage des manœuvres courantes
250 poulies simples, doubles ou triplesÉquipage[16] Performances[16] 16 hommes d'équipage
1 commandant, 1 second, 2 lieutenants
1 chef mécanicien, 2 cuisiniers, 7 gabiers instructeurs
Stagiaires embarqués : 48 maximumVitesse maxi au moteur : 9 nœuds (17 km/h)
Possibilité de remonter au vent : 75°
Durée d'établissement de la voilure : 30 à 40 min
Durée pour serrer toute la voilure : 50 à 60 min
Durée d'un virement de bord : 15 à 20 minLe Belem et la philatélie
Le trois-mâts a d'abord fait l'objet d'une oblitération spéciale temporaire à l'occasion de son centenaire célébré à Nantes en 1996 (le cachet est daté des 20 et 21 août 1996)[17]. Mais c'est surtout en juillet 1999 qu'il aura les honneurs des Postes françaises qui éditent à l'occasion de l'Armada du siècle de Rouen, une série « Collection Jeunesse » de dix timbres, parmi lesquels, un timbre individuel sur le Belem. La photographie du voilier a été mise en page par Jean-Paul Cousin pour une impression en héliogravure, comme l'ensemble de la série. Le timbre se présente également inclus dans le feuillet de la collection Jeunesse comportant l'ensemble des dix timbres[18]. La valeur faciale du timbre sur le Belem est affichée en double monnaie, 1 F et 0,15 €[19].
Devise
La devise du Belem est : Favet Neptunus eunti ! (Neptune favorise ceux qui partent).
Filmographie
L'émission de France 3, C'est pas sorcier, du 4 janvier 2010, titrée Du vent dans les voiles est consacrée au Belem[20].
Photographies
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Le Belem en escale à Port-Vendres.
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Belem au Vieux-Port de Montréal
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Le Belem a Dublin le 14 juillet 2010
À ne pas confondre avec le Belen
Un trois-mâts barque Belen (et non Belem), construit en 1901 par les Chantiers de la Loire, fut armé comme cap-hornier par la Compagnie Celtique Maritime, également nantaise[21]. Vendu ensuite à l'armement Ballande, de Bordeaux qui le rebaptise Jeanne d'Arc, il est racheté par la compagnie Bordes. Après la Première Guerre mondiale le trois-mâts est acquis par un armateur havrais (M. Potet), puis vendu en 1931 aux Pêcheries de l'Océan qui l'utilisent comme parc à charbon à flot. Il sera démoli à Bayonne en 1949[22].
Notes et références
Notes
- Frégate américaine USS Constitution qui est leur aîné de près d'un siècle. Le plus grand voilier français est le Duchesse Anne Au niveau mondial, les trois-mâts barques américains Star of India et Elissa datent respectivement de 1863 et de 1877, l'australien James Craig de 1874, sans compter la
- confidence d'un capitaine du Belem
- Si l'on excepte le trois-mâts Duchesse Anne qui devint français postérieurement à son lancement
Références
- Notice no PM44000353, sur la base Palissy, ministère de la Culture.
- - 1896-1914 : L'Antillais de Nantes, sur www.fondationbelem.com, consulté le 11 octobre 2009.
- Philip Plisson 1996, p. 20
- Philip Plisson 1996, p. 22
- Philip Plisson 1996, p. 24
- Philip Plisson 1996, p. 26
- Olivier Puget, Les Plus Beaux Voiliers du monde, Solar, 2006, p. 57
- La mission de la Fondation Belem
- CTMV FairWindWay
- Le Soleil (Québec), 18 mars 2008, p. 12. Julie Lemieux, Fêtes privées sur le Belem,
- Le Belem à la rencontre du Maroc
- Le printemps du Belem en Méditerranée
- Une fin de saison consacrée à la jeunesse - Octobre, mois des mousses… (consulté le 9 janvier 2011) « L'École des mousses », C'est ma vie, sur M6, 8 janvier 2011 et le site officiel du Belem :
- Ouest France, François-Régis Hutin (dir.), Rennes, 12 oct. 2009, quotidien, p.11 « Un ponton pour une escale régulière du Belem ? »
- Grande parade solidaire, sur www.lasolidaireduchocolat.com, le 12 octobre 2009.
- Belem - Caractéristiques techniques, sur www.fondationbelem.com, consulté le 11 octobre 2009.
- Le cachet postal du centenaire
- phil-ouest.com Le feuillet « Armada du siècle » sur le site de
- phil-ouest.com Le timbre et toutes ses caractéristiques techniques sur le site
- « Du vent dans les voiles (Belem) », C'est pas sorcier, sur le site de France 3
- Les voiliers long-courriers cap-horniers de Nantes sur voiliersnantais.free.fr, consulté le 11 octobre 2009
- Leonc.net sur www.leonc.net, consulté le 11 octobre 2009
Voir aussi
Bande dessinée
- Belem de Jean-Yves Delitte, 4 tomes parus de 2006 à 2011 aux éditions Chasse-marée et Glénat.
Bibliographie
- Jean-Pierre Chesné, Le « Belem », un bateau centenaire, Arts, Recherches et Créations, Patrimoine maritime et fluvial I, nº32, pp. 122-127
- Philip Plisson, Le Siècle du « Belem », Editions Gallimard, 1996 (ISBN 9782070602841)
Article connexe
Liens externes
- La fondation Belem
- Site personnel d'un passionné
- Gréements.com (Myriam Villert), récits de stages + photographies à bord du Belem.
- Les campagnes du Belem d'après le livre de Luc Olivier Gosse.
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