Hôpital Saint-Jacques de Nantes

Hôpital Saint-Jacques de Nantes
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Hôpital Saint-Jacques de Nantes
Image illustrative de l'article Hôpital Saint-Jacques de Nantes
Image illustrative de l'article Hôpital Saint-Jacques de Nantes
Entrée principale de l'hôpital Saint-Jacques avec la chapelle au centre
Présentation
Coordonnées 47° 11′ 52″ N 1° 32′ 12″ W / 47.1978049, -1.536669747° 11′ 52″ Nord
       1° 32′ 12″ Ouest
/ 47.1978049, -1.5366697
  
Pays Drapeau de France France
Ville Nantes (Pays de la Loire)
Adresse 85 rue Saint-Jacques 44093 - Nantes Cedex 1
Fondation 1834
Site web www.chu-nantes.fr
Organisation
Type Hôpital universitaire
Affiliation Centre hospitalier universitaire de Nantes
Services
Service d'urgences Oui
Nombre de lits 972
Spécialité(s) Rééducation fonctionnelle
Psychiatrie
Gériatrie

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Hôpital Saint-Jacques de Nantes
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Hôpital Saint-Jacques de Nantes
Hôpital Saint-Jacques de Nantes
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Hôpital Saint-Jacques de Nantes
Hôpital Saint-Jacques de Nantes

L'hôpital Saint-Jacques est le deuxième par importance et par ancienneté des sept établissements hospitaliers gérés par le CHU de la ville de Nantes en France, sur le territoire de laquelle il est implanté. Il se situe le long de la rive gauche de la Loire (bras de Pirmil), dans le quartier Saint-Jacques au sud de la ville.

Édifié au début du XIXe siècle sur l'emplacement d'un ancien prieuré devenu dépôt de mendicité, il est destiné à remplacer le Sanitat. Son rôle est à l'origine d'offrir un hospice pour les aliénés, les vieillards indigents et les orphelins. Conçu selon les connaissances les plus avancées du début du XIXe siècle, il est l'objet d'aménagements réguliers pour répondre à l'évolution des techniques médicales et sanitaires, et à l'augmentation de la population accueillie. La destruction de l'Hôtel-Dieu en 1943 fait de Saint-Jacques le grand hôpital généraliste de l'agglomération nantaise jusqu'en 1967. Il retrouve par la suite sa vocation d'origine, se consacrant à la gériatrie et à la psychiatrie.

Sommaire

Historique

Le prieuré Saint-Jacques de Pirmil

La période de fondation de l'abbaye bénédictine de Saint-Jacques (ou prieuré de Pirmil) est inconnue. Elle a sans doute servi de refuge aux voyageurs effectuant le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce prieuré dépend de l'abbaye Saint-Jouin de Marnes dans le Poitou. L'église construite par les moines de Saint-Jacques mêle les styles roman et ogival, ce qui permet de situer cette construction vers la fin du XIIe siècle[S 1]. Au XIXe siècle, des vestiges d'une chapelle romane ont été mis au jour, élément attestant que l'église a été bâtie sur un ouvrage plus ancien[A 1].

Photo prise sous un proche dont l'arrondi sombre coupe le ciel bleu ; on voit un bâtiment de deux étages aux murs blancs, le toit mansardé est fait d'ardoises.
Cour intérieure de La Providence

En 1484, Thomas James, évêque de Dol et commendataire du prieuré de Saint-Jacques, fait remettre en état l'église et, entre 1711 et 1713, l'abbaye, devenue propriété des bénédictins de Saint-Maur (dépendants de l'abbaye de Marmoutier), est reconstruite sur les ruines des bâtiments de l'ancien prieuré. Le nouveau couvent, sans cloître, est composé d'un bâtiment central, le plus long, parallèle à l'église, et aux extrémités du bâti central de deux ailes perpendiculaires à celui-ci[S 1]. De cette époque ne subsiste au XXIe siècle que le bâtiment dit « de la Providence », inscrit au titre des monuments historiques[1], le porche d'entrée ayant été détruit au milieu du XXe siècle[S 1].

Quand la Révolution éclate il ne reste que quatre moines dont la plupart prêtent serment puis demandent à redevenir laïcs. Le prieuré devient bien national et est vendu en 1791 à un particulier, marchand nantais du Port-aux-vins[S 1]. La chapelle de l'abbaye devient église paroissiale la même année. Elle porte le nom d'église Saint-Jacques de Pirmil, et se trouve détachée du reste de la propriété[A 2].

Après la bataille de Nantes du 29 juin 1793, le quartier de Pirmil est en partie détruit, et les habitants sans logis trouvent refuge dans l'ancien couvent. Le conseil de département décide, le 15 octobre 1793, que les bâtiments doivent servir d'hôpital, et que les pensionnaires de la maison des Pénitentes, dont les religieuses ont été expulsées en février, pourraient y être transférées, mais l'opération n'a pas lieu. En 1794, Saint-Jacques devient momentanément une prison, qui accueille des femmes et des enfants venant de Vue[2].

Le dépôt de mendicité

En 1808 les héritiers du nouveau propriétaire sont contraints de restituer le site à l'État. L'ensemble est alors vendu au département de la Loire-Inférieure, avec pour mission d'y construire un dépôt de mendicité visant à accueillir les mendiants de la Loire-Inférieure, de la Mayenne et du Morbihan[S 1]. François-Jean-Baptiste Ogée[3], architecte-voyer du département et de Nantes, dresse en 1811 plusieurs plans, dont l'un est accepté. Au bâtiment « de la Providence » sont adjointes parallèlement six bâtisses de 37 m de long sur 8 m de large[S 1].

Opérationnel en 1815, le dépôt s'avère trop onéreux. Le site accueille 500 indigents, mais les locaux sont jugés peu solides, insalubres et inadaptés. La tentative de faire travailler les « pensionnaires » se heurte à leur manque de dynamisme et de compétence, le produit de leur travail couvrant moins de 7 % des dépenses. Le dépôt ferme ses portes en 1819, les bâtiments sont vendus[S 2].

L'hôpital général Saint-Jacques

La fermeture du Sanitat

La création de l'hôpital général Saint-Jacques résulte de la volonté de remplacer le vétuste hôpital général ou hospice du Sanitat[4], situé près du quai de la Fosse (aux abords de l'église Notre-Dame de Bon-Port) par un établissement plus moderne. Le Sanitat n'est d'ailleurs pas un hôpital au sens moderne du terme : aucun malade n'y est soigné. Cet établissement est à l'origine un manoir destiné par la municipalité à partir de 1569 à maintenir les pestiférés à l'écart. Il devient le Sanitat en 1612, après la construction de nouveaux bâtiments dont une chapelle. Les épidémies se raréfiant, sa destination change. Après avoir été prison occasionnelle, il trouve sa raison d'être dans l'accueil des mendiants et vagabonds, puis des prostituées[S 3], des aliénés (à partir de 1676)[S 4] et des enfants abandonnés ou orphelins[S 3]. Cette dernière mission est un temps dévolue à l'Hospice des orphelins, fondé en 1774 par l'armateur et négrier Guillaume Grou, mais faute de moyens l'établissement ferme en 1815[S 5].

En 1818, le Sanitat compte 810 lits. Les locaux sont très vétustes, leur entretien ayant été rendu difficile avec le changement de régime en France, les revenus des hospices étant liés en partie aux taxes et aux privilèges abolis par la Révolution. La construction de nouveaux bâtiments en 1826 ne résout pas les problèmes. Alors que les aliénés représentent plus de la moitié des pensionnaires, le transfert du Sanitat à l'extérieur de la ville est projeté[S 4].

Conception de l'hôpital Saint-Jacques

Gravure, portrait de Philippe Pinel assez âgé.
Philippe Pinel

L'approche concernant le traitement des aliénés évolue au début du XIXe siècle. Les fers de lance du renouveau de la discipline sont Philippe Pinel et son élève Jean-Étienne Esquirol. Il est préconisé de ne plus permettre que les internés soient couchés à même le sol, la camisole de force remplace le collier et les chaînes, le personnel ne doit plus se servir de bâtons ou de nerfs de bœuf pour frapper les pensionnaires. De même, un médecin est censé effectuer une visite à chaque interné une fois par jour. Le Sanitat ne permet pas d'appliquer ces mesures. En 1816 le projet d'occuper l'ancien Hospice des orphelins est lancé, mais abandonné deux ans plus tard. L'ordre de Saint-Jean-de-Dieu propose en 1826 d'ouvrir au dépôt de mendicité de Saint-Jacques un établissement pour malades mentaux semblable à ceux déjà gérés par la congrégation. Cette proposition, accueillie favorablement par le préfet, est rejetée par les médecins nantais[S 6]. Louis François de Tollenare[5], receveur des hôpitaux de Nantes depuis 1823, reprend l'idée à son compte. Il propose de transformer l'ancien dépôt de mendicité en hospice pour vieillards, infirmes et orphelins, et de faire édifier de nouveaux bâtiments pour permettre d'accueillir les aliénés dans les conditions que la médecine psychiatrique préconise alors[S 7].

Contesté par la municipalité nantaise, approuvé par l'État, le projet peine à trouver un financement. La situation sociale conduit le gouvernement de Louis-Philippe Ier à favoriser les projets d'ouverture d'ateliers de charité, destinés à occuper les chômeurs[S 7]. Les travaux à Saint-Jacques commencent en 1832, le maire Ferdinand Favre prononce un discours à l'occasion de la pose de la première pierre. Le complément du financement est obtenu avec la vente du Sanitat et de ses possessions foncières en 1833[S 8].

Construction

Galerie de pierre blanche, le plafond est voûté, le carrelage est en damier noir et blanc.
Couloir d'accueil à l'entrée sud de l'hôpital.

Ce sont les frères Louis-Prudent et Constant Douillard, architectes nantais renommés, élèves de Mathurin Crucy, qui sont chargés de dessiner les plans de l'« hôpital général de Saint-Jacques », l'entrepreneur Perraudeau réalisant les travaux, tandis que Louis-François de Tollenare supervise l'ensemble en tant que maître d’œuvre[S 8]. La main d’œuvre est en partie constituée d'ouvriers recrutés dans les ateliers de charité. Lorsqu'en septembre 1834 il faut accueillir à Saint-Jacques les pensionnaires du Sanitat, seul le bâtiment destiné à l'accueil des vieillards est achevé[S 9]. Pour accélérer les travaux, le médecin-chef Camille Bouchet, recruté par Louis-François de Tollenare en 1831[S 7], décide de mettre tous les malades au travail, y compris les aliénés. Cette main d’œuvre gratuite permet à l'administration de faire d'importantes économies. Les aliénés contribuent donc à construire par exemple les cellules dans lesquelles ils seront enfermés[S 9].

Lors des travaux il faut araser des parties rocheuses, remblayer d'autres zones. La partie marécageuse du terrain, le long de la Loire, est rehaussée de 4 mètres. Une forge et une serrurerie sont construites, notamment pour fabriquer les serrures, réparer les outils, et fabriquer 150 lits en fer. Le sable utilisé pour la maçonnerie et le terrassement est extrait de la Loire toute proche[S 9].

L'alimentation en eau est un élément important, notamment pour l'évacuation des latrines. Une autre utilisation important de l'eau concerne l'hygiène corporelle, les bains faisant depuis le XVIIIe siècle partie intégrante du fonctionnement des hôpitaux. À cette fonction s'ajoute celle du rôle thérapeutique des bains. Les raisons économiques contraignent le docteur Bouchet à n'installer qu'une baignoire. Un peu plus tard le docteur Ferrus fait installer une salle de bains par pavillon, chacun comptant deux baignoires. Au début l'alimentation en eau de l'établissement se fait par transport à dos d'homme, puis par un pompage actionné par la force des bras[S 10]. Les frères Douillard font appel à un ingénieur civil (qui semble se nommer M. Pervac[6]) pour installer une station de pompage actionnée par la vapeur pour remonter l'eau de la Loire, et un bassin de récupération des eaux de pluie. Ces installations ne sont pas réalisées avant 1846[S 11].

Une fois la première tranche de travaux achevée, le docteur Bouchet et les frère Douillard déposent en 1837 un projet complémentaire, qui ne reçoit l'agrément de l'État et le financement municipal qu'après 1840. En 1845 l'hôpital Saint-Jacques est achevé, 18 ans après la pose de la première pierre[S 9].

Organisation de l'hôpital à son achèvement

L'hôpital général Saint-Jacques, en 1845, est constitué de trois hospices. Le nombre et la qualité des employés va croissant, en fonction du nombre d'internés et de l'évolution de la psychiatrie et de la médecine. Les religieux tiennent une place importante dans l'histoire de l'établissement.

Hospice des aliénés
Long bâtiment blanc et rectangulaire, percé de nombreuses fenêtres, et haut de trois étage. La cour intérieure est gazonnée, on voit l'ombre d'une galerie avec colonnade, l'ensemble se dégage sur fon de ciel bleu.
Un des bâtiments réservés aux aliénés au XIXe siècle.

Le quartier des aliénés répond aux souhaits d'humanisation de l'époque[S 12]. Sa situation à l'écart du centre-ville de Nantes, sur un site ouvert aux vents, répond à la théorie considérant l'air empli de supposés « miasmes » comme cause possible de maladies mentales. Les médecins Ange Guépin et Eugène Charles Bonamy notamment soulignent la réussite du projet en ce domaine, avec des réserves concernant les bâtiments situés au nord et dans les rez-de-chaussées soumis aux infiltrations humides. L'environnement offert aux résidents est également mis en exergue, la campagne alentour (à l'époque la prairie d'Amont sur l'île Beaulieu était couverte de pâturages) et la Loire toute proche offrant à la fois une vue bénéfique et la possibilité d'effectuer des promenades champêtres et des travaux agricoles, éléments jugés salutaires pour la santé mentale par les docteurs Esquirol et son élève Bouchet[S 13].

Saint-Jacques accueille, à partir de 1835, avant même la fin des travaux, des aliénés venant de la Loire-Inférieure et des départements voisins qui ne disposent pas d'asile psychiatrique, malgré le fait que la loi l'impose. Hommes et femmes ne sont pas ensemble, mais les enfants aliénés ne sont pas séparés des adultes. La répartition entre les différents pavillons d'hébergement se fait en grandes catégories d'aliénés :

  • les aliénés tranquilles et convalescents ;
  • les aliénés agités et furieux ;
  • les malades gâteux ;
  • les épileptiques.

Ces derniers, après avoir été rejetés comme possédés par le démon jusqu'au XVIIIe siècle, sont considérés comme des aliénés, qu'ils présentent des signes d'altération mentale ou non. En 1908, une étude souligne que cette maladie est toujours synonyme de folie dans beaucoup d'établissements psychiatriques[S 14].

Les « fous » ne sont pas tous logés à la même enseigne : une étude de 1875 montre que le taux de guérison obtenu à Saint-Jacques est légèrement supérieur à la moyenne nationale, mais indique également que les internés dont les familles payent le séjour sont très favorisés par rapport aux aliénés indigents. Les décès étant majoritairement liés aux carences en matière d'hygiène, les conditions un peu plus avantageuses octroyées par l'argent des proches garantissent aux bénéficiaires un avantage certain sur les pauvres[A 3].

Hospice des vieillards

Il occupe les bâtiments « de la Providence » et les deux grands bâtis centraux orientés d'est en ouest, avec au centre la chapelle. En 1835, cet hospice accueille 412 pensionnaires. Ceux-ci sont divisés en deux catégories[S 15].

Les vieillards ou infirmes indigents sont admis à partir de 60 ans, à condition d'être résidents à Nantes depuis au moins 3 ans, et sur présentation soit d'un certificat médical attestant une infirmité, soit un certificat d'indigence établi par le commissaire du quartier d'origine. De même, seul un certificat médical permet d'éviter à un pensionnaire de participer au travail obligatoire au sein de l’établissement. Ceux qui travaillent reçoivent une petite rémunération. Après la publication de la loi du 3 juillet 1906, un repos hebdomadaire est instauré, et en 1955 ce type d'activité est interdit, étant considéré à la fois comme du travail forcé, du travail au noir et une concurrence déloyale par rapport au personnel hospitalier[S 16]. Au XIXe siècle, bien qu'améliorées par rapport à celles connues au Sanitat, les conditions de vie de ces vieillards sont assez difficiles. Ils sont logés dans des dortoirs de 24 lits, assez mal chauffés. Les chaufferettes sont interdites. Le régime alimentaire est composé de pain, de soupe, d'un peu de vin et d'eau. Le linge de corps est changé une fois par semaine au mieux, la pénurie d'eau ne permettant pas toujours de respecter cette cadence[S 16].

Les pensionnaires payants sont mieux lotis. Ils doivent répondre aux conditions d'âge et de résidence (60 ans et depuis 3 ans à Nantes), et être capables de payer leur pension. Ils disposent de chambres individuelles. Leur alimentation est améliorée par rapport aux résidents « non-payants ». Il leur est accordé le droit de sortir en ville[S 17].

Hospice des orphelins

Les enfants accueillis se répartissent en trois catégories[S 18] :

  • les enfants pauvres, nés dans une maternité, mais que leurs parents, démunis, sont contraints d' abandonner ;
  • les enfants trouvés, supposés être illégitimes ;
  • les orphelins ou ceux dont les parents sont incarcérés.

Les enfants des deux dernières catégories portent un collier numéroté, et sont pris en charge par l'Hôtel-Dieu jusqu'à l'âge de 12 ans. Ceux de la première catégorie sont, dans la mesure du possible, placés dans des familles qui reçoivent une rémunération en échange. À l'époque du Sanitat, les enfants étaient formés et travaillaient au sein de l'atelier dans l'établissement. Les choses changent à Saint-Jacques, les jeunes sont censés effectuer un apprentissage dans une famille d'accueil, mais il semble que dans les premiers temps cette pratique est moins profitable aux enfants que ce que proposait le Sanitat[S 18]. Les conditions sanitaires de l'hospice, améliorées par rapport à celles connues au Sanitat, restent difficiles : en 1836, la moitié des enfants souffrent d'une maladie chronique. Jusqu'en 1860 et l’amélioration de l'hygiène et la généralisation du vaccin anti-variolique, la mortalité oscille entre 11 % et 12 % par an. En 1860 les pensionnaires prennent le nom de pupilles ; l'hôpital accueille 543 enfants de 12 à 21 ans, dont 460 sont placés en journée chez des artisans pour apprendre un métier (majoritairement des emplois de domestiques). Le service est actif jusqu'en 1955, année où les enfants sont pris en charge par le Foyer départemental de l'enfance[S 19].

Accueil des sourds-muets

Vers 1834-1835, la municipalité de Nantes obtient du conseil général de la Loire-Inférieure que l'école pour sourds et muets fondée par René Dunan soit transférée à l'hospice général Saint-Jacques. Le statut officiel de l'école devient, le 1er août 1835, celui d'une Institution départementale. Le 23 mars 1840, la commission administrative de l'hospice rédige un règlement de discipline intérieure pour l'établissement des sourds-muets[7]. En 1850, Louis Cailleau, frère de la congrégation de Saint-Gabriel, devient directeur de cette école. Il obtient de la municipalité de Ferdinand Favre l'achat du domaine de la Persagotière, où les élèves sont transférés le 15 novembre 1856[8].

Les religieux

Avant la Révolution, les religieuses assurent l'assistance aux internés. Leur remplacement par des servantes salariées pose un problème financier insurmontable à l'administration républicaine. Cet élément, associé à la compétence reconnue des sœurs dans le domaine et à la volonté politique de Napoléon Bonaparte d'obtenir la paix religieuse, conduit aux retour des religieux dans les hospices. Pour l'Hôtel-Dieu et le Sanitat de Nantes, c'est en 1803 que l'administration fait appel aux Filles de la Sagesse de Saint-Laurent-sur-Sèvre[S 20].

En 1840, leur engagement est contractuel. Dans l'hôpital Saint-Jacques, leur rôle est de participer aux soins des malades, de préparer et distribuer les médicaments, d'assurer la discipline, de distribuer les vêtements, de s'occuper de l'enseignement des enfants. La Mère supérieure est chargée du recrutement et du renvoi du personnel (après approbation de la commission administrative), les infirmiers et salariés sont sous sa direction. Les transferts de personnel d'un service à l'autre dépendent de fait de la Mère supérieure[S 20].

Les sœurs dépendent toujours de leur congrégation, et il arrive qu'elles quittent leur poste sur ordre de la Supérieure du couvent de Saint-Laurent-sur-Sèvre, ce qui contrarie le fonctionnement des services. Pourtant, le rôle des Filles de la Sagesse reste prédominant jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, à l'exception de la pharmacie où la technicité requise pour les préparations conduit à retirer la responsabilité aux sœurs peu après l'ouverture de l'hôpital[S 21].

Le respect de la liberté de conscience des pensionnaire est inscrit dans le règlement de l'hôpital, mais le prosélytisme est inévitable, le cas d'un patient se plaignant d'avoir subi des représailles pour avoir refusé de se plier à un rite religieux est signalé. Il n'y a aucune infirmière laïque avant 1906, année où le recrutement des hospices s'ouvre aux diplômées de la toute récente école nantaise d'infirmière, ouverte en 1903. Le dévouement indéniable des sœurs ne suffit plus à leur assurer la prépondérance dans l'hôpital. Elles choisissent en conséquence de passer le diplôme infirmier, et, en 1907, plus de la moitié des lauréates sont des religieuses. En 1923, une sœur devient directrice de l'école d'infirmières[S 22].

En 1920, il y a 89 religieuses à Saint-Jacques, mais le recrutement de l'ordre va en diminuant, et progressivement les sœurs abandonnent la responsabilité des services. Signe des temps, en 1936, des syndicats du personnel sont créés, ce qui jette le trouble parmi les religieuses. Elles connaissent un regain d'influence en 1940, lorsqu'on leur confie le service social des malades[S 20]. Les dernières sœurs sont intégrées au personnel de l'hôpital en 1973[S 23].

Un autre religieux habite, dès 1835, dans l'hôpital, avec cette fois une mission en rapport avec le culte : il s'agit de l'aumônier. Il assure le service du culte catholique, l'instruction religieuse des enfants et les funérailles des indigents[S 23].

Le personnel

Les aliénés sont suivis par un médecin, qui au début s'occupe des trois hospices de l'hôpital, et de trois élèves internes. Ces spécialistes sont épaulés, dans le quartier des hommes, par des gardiens, qui sont, en 1845, au nombre de quinze. Certains sont des salariés, anciens détenus, gendarmes, chômeurs ou paysans, embauchés dans le quartier alentour avec pour critère principal leur force physique. Leur principale compétence est leur capacité à maîtriser les agités. Leur formation psychiatrique est inexistante jusqu'en 1935, année au cours de laquelle le docteur Corman apporte, assisté d'une infirmière diplômée, une formation de base sur l'anatomie, la physiologie, et la pratique de soins infirmiers élémentaires[S 14]. Dans le quartier des femmes, les employés étaient des femmes (17 en 1845), sous la direction d'une sœur des Filles de la Sagesse[S 24].

À partir de 1847, deux médecins suppléants sont nommés auprès du médecin-chef, Camille Bouchet, puis, en 1851, ces postes deviennent ceux de médecins adjoints, qui prennent chacun en charge l'hospice des vieillards et celui des orphelins, le quartier des aliénés restant du ressort du médecin-chef. Ce dernier n'est légalement responsable que devant le préfet, représentant l'État, ce qui provoque des tensions avec la commission administrative, qui est responsable de l’entretien des bâtiments et du paiement des salaires des médecins aliénistes et du personnel non médical. La nomination du médecin-chef revêt parfois un aspect politique. Après 1922, le ministère divise administrativement le service des aliénés entre hommes et femmes, il y a dès lors deux médecins-chef. En 1956, la création d'un nouveau service est accompagné de la mise en place d'un troisième poste de médecin-chef. Ceux-ci sont logés dans l'enceinte de l'hôpital, notamment à partir de 1914 dans l'hôtel de la Gréneraie, construit en 1885. Les médecins affectés aux vieillards et aux orphelins le sont à temps partiel ; ils ne résident pas dans l'hôpital[S 25].

La nomination des élèves internes est d'abord laissée au bon vouloir du médecin-chef. À partir de 1859, les internes du service des aliénés sont censés être choisis selon les mêmes règles que les autres hôpitaux, mais des considérations personnelles, sociales ou politiques interviennent dans plusieurs cas. Les élèves internes sont chargés de vérifier que les prescriptions du médecin sont appliquées, et ils effectuent quelques actes courants (saignées, pansements, scarifications) ainsi que les autopsies. Leur conduite est loin d'être irréprochable aux yeux des administrateurs ; c'est le cas de Georges Clemenceau, qui évite la révocation uniquement parce que les responsables « suggèrent » au père du futur ministre de retirer son fils de l'établissement[S 26].

Pour désengorger l'Hôtel-Dieu, une pharmacie annexe est créée à Saint-Jacques en 1848. Le pharmacien est logé, chauffé et éclairé par son employeur, et même, à partir de 1850, nourri. Par la suite, l'administration nomme deux pharmaciens suppléants. En 1837, l'administration crée à l'hôpital Saint-Jacques un poste d'économe, en parallèle de celui de l'Hôtel-Dieu[S 26].

Les employés dépendent de la Mère supérieure, qui peut décider de mutations internes : quelqu'un travaillant à la boulangerie peut quelques années plus tard être infirmier psychiatrique (après accord du médecin aliéniste). Les hommes et les femmes travaillent séparément. Les salaires sont faibles, mais la nourriture et le logement sont gratuits. Il n'y a pas de limitation horaire du travail, ni de congés. Les sœurs accordent une demie-journée de repos hebdomadaire. À partir de 1820, une caisse de retraite est alimentée par une retenue sur les salaires. Les salariés de l'hôpital obtiennent sur demande le droit de devenir pensionnaire de l'hospice une fois devenus trop vieux pour travailler[S 27].

Aménagements de 1844 à 1914

En 1844, les terres de la Gréneraie à l'est de l'hôpital sont acquises. Là, une ferme est construite, et entre en activité, avec une main d’œuvre constituée en grande partie de vieillards valides et d'aliénés calmes. En 1935, 70 y sont encore actifs. L'exploitation ne se prolonge pas après la Seconde Guerre mondiale. La ferme abrite des vaches, des cochons, des volailles et un cheval, destiné à tirer le corbillard de l'hôpital[S 28].

Alors que le quartier des aliénés est prévu pour héberger 400 personnes, il en accueille 600 en 1862. La réouverture de l'Hôtel-Dieu en 1863 ne permet pas de délester Saint-Jacques. Après l'échec de la création d'une colonie-hospice loin de la ville, des travaux d'agrandissement sur les pavillons existant sont entrepris, mais sont insuffisants[S 29].

La surpopulation concerne également l'hospice des vieillards, pour lequel deux bâtiments sont construit en 1866 et 1872[S 30].

En 1878, le Pavillon bleu est construit pour la psychiatrie. Il contient des cellules pour agités, un réfectoire, une salle de réunion pour les malades et cinquante lits supplémentaire. Il doit son qualificatif « bleu » au choix fait par les psychiatres de tout peindre en bleu, y compris les fenêtres, cette couleur étant supposée être apaisante[S 30].

La découverte du rôle de la contagion microbienne dans les épidémies conduit à la création en urgence de deux pavillons en bois en 1882, lors d'une épidémie de variole. Ces baraquements provisoires servent en 1884 pour isoler les malades atteints de choléra, et plus tard ils servent à l'ensemble des contagieux de l'Hôtel-Dieu, malgré les protestations des habitants du quartier. Les baraquements, affectés à diverses fonctions au cours du temps, ne sont détruits qu'en 1970[S 31]. Après des cas d'infection par la variole de malades pourtant atteints à leur admission de maladies bénignes, la création de nouveaux bâtiments est envisagée. Un projet de résidence sur des bateaux au milieu de la Loire, évoquant sans doute trop les noyades de Nantes, est écarté. L'installation de tentes est également évoquée[S 31].

Grâce à un legs reçu en 1889, un bâtiment destiné aux convalescents indigents est construit en 1895. Appelé « la convalescence », il accueille l'école d'infirmière après la destruction de l'Hôtel-Dieu en 1943 et jusqu'en 1968, lorsqu'il est détruit pour permettre la construction de l'axe routier sud de la ville[S 31].

La population d'aliénés augmentant sans discontinuer, et face au coût trop important que représente la construction d'un nouvel asile, des travaux d'extension sont entrepris entre 1898 et 1911[S 30].

Première Guerre mondiale

Durant le conflit, Nantes, éloignée des champs de bataille, est une ville d'accueil des blessés. L'hôpital des armées Broussais, ouvert avant le début de la guerre, est saturé. Dès le 30 octobre 1914, huit baraquements de bois sont construits dans l'enceinte de l'hôpital Saint-Jacques. L'ensemble constitue l'hôpital complémentaire 57, baptisé hôpital Baur, en hommage à un médecin colonel de l'armée française, tué lors de la bataille de la Marne. En quatre ans l'hôpital accueille 12 000 blessés, et dispose de 414 lits en 1918. Une tente d'appoint est dressée, et le service de rééducation s'installe dans la ferme de l'hôpital. Les baraquements de l'hôpital Baur sont détruits en 1919[S 32].

Entre-deux-guerres

Sur fond de ciel bleu, un immeuble à trois pans, en forme de U, aux murs blancs, haut de trois étages et surmonté d'un toit mansardé couvert d'ardoise.
Pavillon Montfort

Entre 1931 et 1932, dans un délai plus court qu'à l'accoutumée, le « pavillon Montfort » est construit, symétriquement à « la Providence ». Il est destiné à un service de médecine pour vieillards et à la chirurgie. Un débat s'ouvre alors sur la possibilité de l'affecter entièrement à la chirurgie, pour l'ouvrir à des non-résidents. Cette option n'est pas retenue, Saint-Jacques n'offrant encore dans l'Entre-deux-guerres ce type de soins qu'à des pensionnaires ou internés[S 33]. Lorsque le pavillon ouvre en 1934, les deux premiers niveaux sont affectés à l'hébergement des pensionnaires libres, les deux étages supérieurs sont occupés par la chirurgie[S 34].

Le projet de construction d'un pavillon pour contagieux se concrétise par des travaux effectués entre 1933 et 1935, permettant l'édification d'un bâtiment. Il servira à la fin du XXe siècle au service de psychiatrie universitaire[S 33].

En 1939, les conditions de vie sont difficiles pour les internés de l'hôpital psychiatrique. Établissement d'avant-garde à son ouverture, Saint-Jacques a peu évolué depuis, et les services de psychiatrie sont considérés comme étant dans un état lamentable[A 3].

Seconde Guerre mondiale

Dès 1929 le personnel est invité à suivre des cours de formation à la défense passive, qui deviennent obligatoires en 1938. Lorsque la France entre en guerre contre l'Allemagne en septembre 1939, le souvenir du précédent conflit pousse la direction de l'hôpital à faire creuser des tranchées-abris dans la cour d'honneur, à demander l'autorisation d'acquérir 4 500 masques de protection contre les gaz asphyxiants, et à créer un centre de lavage pour les victimes de l'ypérite[S 32].

L'armée allemande envisage d'utiliser Saint-Jacques comme hôpital militaire, mais abandonne le projet. Pendant l'Occupation, le taux de mortalité augmente du fait de la pénurie alimentaire et de la recrudescence des cas de tuberculose. À partir de l'opération Chariot en mars 1942 à Saint-Nazaire, la menace de bombardement par les forces alliées se précise. La destruction du pont de Pirmil, coupant la communication entre le sud et le nord de l'agglomération nantaise, priverait le sud-Loire d'accès rapide à un hôpital. Il est donc prévu de doter Saint-Jacques de services de médecine et de chirurgie ouverts à des patients extérieurs[S 35].

En mai 1943, Jean-Baptiste Péneau, membre du personnel, tente de créer au sein de l'hôpital un corps-franc de la Résistance intérieure française. Le réseau Alphonse Buckmaster est constitué. Après cinq semaines d'activités de sabotage et de renseignement, notamment concernant les entrepôts de Salorges sur le quai de la Fosse, l'adjoint de Péneau est arrêté par la Gestapo sur dénonciation. Torturé, il révèle des informations qui conduisent à l'arrestation de tous les membres du groupe sauf un qui parvient à s'échapper. Cinq meurent en détention au camp de concentration de Buchenwald. Les informations collectées par le réseau ont sans doute contribué au succès de l'opération de destruction du dépôt des Salorges le 23 septembre 1943[S 36].

Le 16 septembre 1943, le bombardement allié sur Nantes provoque la destruction de l'Hôtel-Dieu[S 35]. C'est l'hôpital Saint-Jacques qui accueille les victimes des bombes, les 3 000 aliénés et vieillards de l'établissement sont regroupés pour faire de la place. Le 23 septembre, un nouveau bombardement frappe la ville, quelques projectiles tombent dans l'enceinte de Saint-Jacques, mais n'explosent pas[S 37]. Saint-Jacques devient l'hôpital principal de la ville. En novembre 1943 plusieurs services sont ouverts : deux de chirurgie, un de clinique médicale, un service de contagieux, une maternité, un service de radiologie et radiothérapie, et d'autres services spécialisés[S 38].

De 1944 à la fin du XXe siècle

Dès 1944, afin d'assumer son rôle d'hôpital principal de la ville de Nantes, Saint-Jacques fait l'objet de nouvelles constructions : des baraquements provisoires. Les dortoirs de 30 lits existent encore, les lieux étant peu adaptés à la création de chambres à un, deux ou quatre lits. L’exiguïté des lieux contraint à installer les services de radiologie et des urgences dans des locaux peu adaptés. Le grand nombre de tuberculeux au sortir de la guerre engorge l'hôpital, des personnes atteintes sont logées dans des locaux vétustes, dans l'ancien hôpital de Chantenay et même dans les services de médecine générale et de chirurgie de Saint-Jacques, l'isolement des malades contagieux se révélant impossible faute de places[S 39].

De nouveaux services sont créés : service des brûlés (1952), réanimation (1958), traumatologie, rhumatologie, endocrinologie, néphrologie, anatomopathologie, centre de transfusion sanguine, centre régional de lutte contre le cancer. Leur installation se fait parfois dans des baraquements provisoires. Le pavillon de convalescence et le pavillon relais sont construits[S 39]. Avec l'instauration du « temps plein » hospitalier, il faut trouver des locaux pour héberger les médecins, problème qui se résout une nouvelle fois par la construction de locaux provisoires. Après 1956, les hôpitaux de Nantes associés à la faculté de Médecine sont qualifiés Centre hospitalier universitaire. Les services de psychiatrie accueillent jusqu'à 1 200 malades. La construction des asiles de Pont-Piétin à Blain et de Montbert, conjointement à la politique d'extériorisation des soins, désengorgent l'hôpital. En 1967, 24 ans après sa destruction lors de la guerre, l'Hôtel-Dieu ouvre, et les services de chirurgie, les laboratoires, etc. s'y transportent[S 40].

Bâtiment rectiligne aux parois de verre teinté, dans lesquelles se reflète le ciel bleu.
Bâtiments modernes

Il faut attendre 1978 pour que la décision de construire un nouvel hôpital au nord de Nantes soit prise. Le ministre de la Santé est alors Simone Veil, le maire de Nantes est Alain Chénard. La question se pose de l'avenir de Saint-Jacques, il est envisagé de le détruire, de vendre le terrain pour des projets immobiliers ou de reconstruire intégralement l'hôpital. Le choix est fait de détruire les bâtiments rendus libres par la création de l'hôpital Nord pour en reconstruire de plus adaptés, et de conserver l'hôpital Saint-Jacques historique[A 4].

L'ouverture de l'hôpital Laennec à Saint-Herblain ôte certaines activités à Saint-Jacques qui se recentre sur la psychiatrie, la gériatrie et la rééducation fonctionnelle[S 40]. En 1989, Saint-Jacques offre 1 151 lits en court séjour, moyen séjour, long séjour et psychiatrie. L'évolution de la médecine psychiatrique conduit à l'ouverture d'hôpitaux de jour en ville. De ce fait, le nombre de lits dévolus au service passe de 600 à 375 en 1989[A 4].

Architecture et décor

Vue panoramique de l'accès sud de l'hôpital, avec de gauche à droite l'église Saint-Jacques, le pavillon Miséricorde, la chapelle, le pavillon Montfort. Le ciel est bleu, les murs sont blanc, sauf ceux de l'église qui sont gris.
Vue générale

Le bâtiment de la Providence abrite une galerie voutée qui servait peut-être de réfectoire aux moines ayant rebâti le prieuré en 1711[9].

L’œuvre des frères Douillard, architectes de l'hôpital à partir de 1831, est d'inspiration néo-classique. Les concepteurs du site mettent leur savoir-faire au service de la destination médicale de la construction. Les locaux doivent être fonctionnels selon les normes les plus avancées de l'époque en matière de psychiatrie et d'accueil des vieillards. La façade néo-grecque de la chapelle qui, placée face à l'entrée principale de l'hôpital, occupe le centre du bâtiment, est un bel exemple du style néo-classique appliqué à un bâtiment à vocation religieuse. Autour, les bâtiments construits parallèlement et perpendiculairement sont reliés par des galeries à colonnes toscanes. Un des axes de conception de l'ensemble est l'ouverture sur la Loire située au nord[10].

La chapelle contient des stalles de bois du XVe siècle. Elles proviennent de l'église Saint-Jacques de Pirmil et ont été déplacées lors de la rénovation de celle-ci en 1842. Ces stalles ont peut-être été commandées par l'évêqueThomas James. Elles sont dotées de miséricordes de la même époque, appuis amovibles permettant au moines de s'appuyer lors de longs offices. Ces éléments sont en bois sculpté. La nef et le chœur de la chapelle ont un aspect austère, conforme à la façade. En référence à l'architecte romain de l'Antiquité Vitruve, les frères Douillard ont conçu deux galeries superposées. Les colonnes qui supportent la galerie supérieure sont en bois et ornées d'un trompe-l'œil[10].

Fonctionnement de l'hôpital au XXIe siècle

Services

Outre les services de soins, l'hôpital accueille le Plateau des écoles, regroupant les écoles d'infirmières, d'aide-soignants, de manipulateurs en électroradiologie médicale, etc.

Services cliniques et médico-techniques[11] :
  • accueil maison Pirmil ;
  • addictologie ;
  • centre nantais de la parentalité - Home ;
  • centre ressources pour l'aide à la prise en charge des auteurs de violences sexuelles (Cravs) ;
  • consultation Ship ;
  • gérontologie/gériatrie - Maison Pirmil ;
  • laboratoire d'analyse du mouvement ;
  • médecine du sport et de l'effort physique ;
  • médecine physique et réadaptation neurologique ;
  • médecine physique, réadaptation locomotrice et réadaptation gériatrique ;
  • pédo-psychiatrie (Couëron, Saint-Herblain, Indre, Orvault, Carquefou, Saint-Luce-sur-Loire,
    La Chapelle-Basse-Mer, Saint-Julien-de-Concelles, Basse-Goulaine, Haute-Goulaine,
    Saint-Sébastien-sur-Loire, Nantes[12]) ;
  • pharmacie centrale - arsenal ;
  • pharmacie de l'hôpital Saint-Jacques ;
  • pôle d'information médicale, évaluation et santé publique (Pimesp) ;
  • pôle de gérontologie clinique (ex-gériatrie) ;
  • psychiatrie - secteur 1 à 5 (Couëron, Saint-Herblain, Indre, Orvault-ville, Carquefou,
    Saint-Luce-sur-Loire, La Chapelle-Basse-Mer, Saint-Julien-de-Concelles, Basse-Goulaine,
    Haute-Goulaine, Saint-Sébastien-sur-Loire, Nantes[13]).
Services administratifs[11] :
  • administration du CHU - pôle technique et logistique ;
  • aumônerie de l'hôpital Saint-Jacques ;
  • centre de documentation ;
  • direction du système d'information et des télécommunications (DSIT) ;
Entrée de l'hôpital
  • direction de la logistique et de l'hôtellerie ;
  • gérance de tutelle.

Écoles - instituts de formation[11] :

  • institut de formation d'aides et d'auxiliaires de santé et de vie sociale (Ifaass) ;
  • institut de formation de manipulateur d'électroradiologie médicale (Ifmer) ;
  • institut de formation des cadres de santé (IFCS) ;
  • institut de formation des infirmiers spécialisés (Ifis) ;
  • institut de formation en soins infirmiers (IFSI).

Le centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle est ouvert depuis 1978. Il est installé dans l'hôpital Saint-Jacques et occupe quatre étages. Il propose une balnéothérapie, et dispose d'un gymnase adapté pour la pratique du basket, du tir à l'arc, du tennis de table. Le personnel est constitué, en 2011, d'une centaine d'aides-soignantes et infirmières, de vingt kinésithérapeutes, quinze médecins, quinze ergothérapeutes, un psychologue, trois professeurs de sport et une assistante sociale. Un appartement thérapeutique permet aux patient handicapés de préparer leur sortie[14]. Parmi les activités proposées, la découverte de la handidanse[15].

L'unité d'hospitalisation Lou Andreas-Salomé (du nom d'une femme de lettres allemande proche de sigmund Freud) accueille les personnes de 16 à 35 ans souffrant d'une addiction sans produit (dépendance au jeu, cyber-dépendance, troubles alimentaires). En 2011, le personnel est constitué d'un assistant social, d'un cadre de santé, d'un diététicien, de seize infirmiers, de deux médecins et d'un psychologue[16].

Le service spécialisé dans l'addictologie est baptisé unité d'hospitalisation Guillaume Apollinaire. Avec un personnel constitué, en 2011, d'un médecin, d'un psychologue, d'une cadre de santé, d'un infirmier et d'un assistant social, il est destiné à accueillir les usagers de drogues, d'alcool ou de médicaments, ayant 16 ans ou plus[17].

Associations

L'établissement héberge la maison des associations de l’hôpital Saint-Jacques.

On y trouve notamment la Société d’Histoire de la médecine et des hôpitaux de l’Ouest, fondée en 1988 par le professeur Barrière. Son but est l’étude de l’histoire des hôpitaux de Nantes, et elle promeut (en accord avec les archives départementales de la Loire-Atlantique) la conservation et la communication des archives hospitalières de la Loire-Atlantique y compris les archives des anciens hospices civils (notamment les fonds de l’Hôtel-Dieu, de l’hôpital Saint-Jacques et de l’hôpital Bellier)[18].

Également abritée à Saint-Jacques, l'association Visite des Malades dans Établissements Hospitaliers (VMEH) a pour but d'organiser la visite de malades isolés[19].

L'hôpital Saint-Jacques dans la culture

Honoré de Balzac utilise l'hospice des vieillards de Saint-Jacques comme lieu d'action de son roman Pierrette écrit en 1839. L'hôpital existait bien à l'époque de l'écriture de l’œuvre, mais pas dans la période où l'histoire se déroule (1824 - 1829)[S 41].

« Depuis l’entrée de ses parents dans l’espèce d’hospice où ils achevaient tristement leur vie, Pierrette, jeune et fière, souffrait si horriblement d’y vivre par charité, qu’elle fut heureuse de se savoir des parents riches. En apprenant son départ, Brigaut, le fils du major, son camarade d’enfance, devenu garçon menuisier à Nantes, vint lui offrir la somme nécessaire pour faire le voyage en voiture, soixante francs, tout le trésor de ses pour-boire d’apprenti péniblement amassés, accepté par Pierrette avec la sublime indifférence des amitiés vraies, et qui révèle que, dans un cas semblable, elle se fût offensée d’un remerciement. Brigaut était accouru tous les dimanches à Saint-Jacques y jouer avec Pierrette et la consoler[20]. »

Dans Le Bachelier écrit en 1881, Jules Vallès puise son inspiration dans l'internement qu'il a subi à Saint-Jacques trente ans plus tôt. Dans ce roman autobiographique, il place l'action au Mans, et fait vivre l'épisode à un autre fils d'enseignant[S 42]. Max Gallo dans son livre Jules Vallès[21] décrit la dureté de l'internement à Saint-Jacques[A 5]. Le petit teigneux est un roman de Gaston Blandin retraçant le passage à l'hôpital Saint-Jacques d'un enfant du pays de Retz en 1910[22].

Personnalités liées à l'hôpital Saint-Jacques

Peinture, Jules Vallès jeune est vêtu de noir, porte des cheveux mi-longs, une barbe épaisse et une moustache noirs également.
Portrait de Jules Vallès vers 1861 par Gustave Courbet.
  • M. Dulac (mort le 23 août 1869), maître de cabotage, dernier survivant du radeau de la Méduse, il passe ses derniers jours à Saint-Jacques comme pensionnaire payant de l'hospice de vieillards[S 16].
  • Jules Vallès (1832 - 1885), professeur (notamment au collège royal de Nantes) et écrivain français, interné dans le quartier des aliénés entre le 31 décembre 1851 et le 2 mars 1852[S 42].
  • Georges Clemenceau (1841 - 1929), médecin et homme politique français, jeune médecin interne dans le quartier des aliénés entre mars et octobre 1861[S 43].

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages utilisés pour la rédaction de l'article

  • Jacques Sigot (dir.) et société d'histoire des hôpitaux de l'Ouest, Nantes, l'hôpital Saint-Jacques, Montreuil-Bellay, Éditions CMD, coll. « Mémoire d'une ville », 1999, 108 p. (ISBN 9-782909-826981) .
  • Jean-Luc Flohic (dir.) et Collectif, Le Patrimoine des communes de la Loire-Atlantique, vol. 2, Charenton-le-pont, Flohic éditions, 1999, 1383 p. (ISBN 2-84234-040-X) .
  • Jacqueline Tusques, Jean Tusques et Marcel Chouteau, Nantes, l'hôpital Saint-Jacques, Nantes, Société académique de Nantes et de la Loire-Atlantique, coll. « Annales de Nantes et du Pays nantais » (no 234), 1989, 28 p. [lire en ligne (page consultée le 1er septembre 2011)], p. 15-21 .
  • Alfred Lallié, Les prisons de Nantes pendant la Révolution, Imprimerie Vincent Forest et Émile Grimaud, 1883, p. 76-78 .

Ouvrages anciens

  • Léon Maître, Histoire administrative des anciens hôpitaux de Nantes, Marseille, Laffite, 1981 (1re éd. 1875), 390 p. 
  • Camille Bouchet, Annales d'hygiène publique et de médecine légale, vol. 23, Paris, J.-B. Baillière, 1840, 478 p. [lire en ligne (page consultée le 1er septembre 2011)], « Les aliénés du département de la Loire-Inférieure », p. 270-386 .

Articles connexes

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Liens externes

Notes et références

  • Jacques Sigot (dir.) et société d'histoire des hôpitaux de l'Ouest, Nantes, l'hôpital Saint-Jacques, 1999  (voir dans la bibliographie).
  1. a, b, c, d, e et f p. 15
  2. p. 16
  3. a et b p. 10
  4. a et b p. 11
  5. p. 7
  6. p. 13
  7. a, b et c p. 17
  8. a et b p. 20
  9. a, b, c et d p. 21
  10. p. 31
  11. p. 33
  12. p. 23
  13. p. 25
  14. a et b p. 43
  15. p. 35
  16. a, b et c p. 37
  17. p. 38
  18. a et b p. 40
  19. p. 41
  20. a, b et c p. 55
  21. p. 57
  22. p. 59
  23. a et b p. 61
  24. p. 44
  25. p. 48-49
  26. a et b p. 53
  27. p. 61-62
  28. p. 80
  29. p. 67
  30. a, b et c p. 71
  31. a, b et c p. 73
  32. a et b p. 81
  33. a et b p. 75
  34. p. 77
  35. a et b p. 83
  36. p. 87
  37. p. 86
  38. p. 88
  39. a et b p. 91
  40. a et b p. 97
  41. p. 63
  42. a et b p. 30
  43. p. 50
  1. p. 15
  2. p. 16
  3. a et b p. 18
  4. a et b p. 19
  5. p. 19-21
  • Autres références.
  1. Notice no PA44000012, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
  2. Lallié 1883
  3. François-Jean-Baptiste Ogée (1760-1845) sur chu-nantes.fr. Consulté le 26 août 2011
  4. Histoire des établissements - le Sanitat sur chu-nantes.fr. Consulté le 28 août 2011
  5. Louis-François de Tollenare sur chu-nantes.fr. Consulté le 27 août 2011
  6. Les frères Douillard sur chu-nantes.fr. Consulté le 29 août 2011
  7. Histoire de René Dunan sur le site de la communauté sourde de Nantes. Consulté le 3 octobre 2011
  8. Bernard Le Nail, Dictionnaire biographique de Nantes et de la Loire-Atlantique : Les hommes et les femmes qui ont fait la Loire-Atlantique, Pornic, Le Temps éditeur, 2010, 414 p. (ISBN 978-2-36312-000-7), p. 79 
  9. Flohic et Collectif 1999, p. 653
  10. a et b Flohic et Collectif 1999, p. 654
  11. a, b et c Services basés à l'hôpital Saint-Jacques sur chu-nantes.fr. Consulté le 27 août 2011
  12. [PDF]Guide d’information sur la prise en charge en psychiatrie sur DDASS. Consulté le 5 septembre 2011, p. 9.
  13. [PDF]Guide d’information sur la prise en charge en psychiatrie sur DDASS. Consulté le 5 septembre 2011, p. 7.
  14. Jérôme Jolivet, « Le centre de rééducation en chiffres », dans Presse-Océan, no 22199, 1er septembre 2011 
  15. Le handicap entre dans la danse sur www.nantes-actu.info. Consulté le 3 novembre 2011
  16. Unité d'hospitalisation Lou-Andréas Salomé de l'hôpital Saint-Jacques sur Drogues info service. Consulté le 3 septembre 2011
  17. Unité d'hospitalisation Guillaume Apollinaire de l'Hôpital Saint-Jacques sur Drogues info service. Consulté le 3 novembre 2011
  18. Société d’Histoire de la médecine et des hôpitaux de l’Ouest sur le site des archives de Nantes. Consulté le 21 octobre 2011
  19. Organisation sur le site de la VMEH. Consulté le 21 octobre 2011
  20. Honoré de Balzac, Pierrette, 1839, p. 406 
  21. Max Gallo, Jules Vallès : la révolte d'une vie, Paris, Robert Laffont, 1988, 504 p. (ISBN 2-221-05785-6) 
  22. Gaston Blandin, Le Petit teigneux de Saint-Jacques, Le Château-d'Olonne, d'Orbestier, 2007, 144 p. (ISBN 978-2-84238-099-1) [présentation en ligne] 

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