- Sanitat de Nantes
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Le Sanitat était un hôpital à Nantes. Une place porte désormais le toponyme à Nantes.
Sommaire
Historique
L'hôpital général ou hospice du Sanitat[1]était situé près du quai de la Fosse (aux abords de l'église Notre-Dame de Bon-Port). Ce n'est pas un hôpital au sens moderne du terme : aucun malade n'y est soigné. Cet établissement est à l'origine un manoir destiné par la municipalité à partir de 1569 à maintenir les pestiférés à l'écart. Il devient le Sanitat en 1612, après la construction de nouveaux bâtiments dont une chapelle. Les épidémies se raréfiant, sa destination change. Après avoir été prison occasionnelle, il trouve sa raison d'être dans l'accueil des mendiants et vagabonds, puis des prostituées[2], des aliénés (à partir de 1676)[3] et des enfants abandonnés ou orphelins[2]. Cette dernière mission est un temps dévolue à l'Hospice des orphelins, fondé en 1774 par l'armateur et négrier Guillaume Grou[4].
Le Sanitat pendant la Révolution
L’hospice du Sanitat, dit hospice de la Réunion, est utilisé pendant la Révolution pour soigner des détenus des prisons de Nantes. Contrairement aux autres prisons et hôpitaux ces derniers y reçoivent de réels soins[5]. Selon un rapport de l’an II, sur les 1041 malades du Sanitat, 347 sont des prisonniers[6]. 70
L’hôpital est d’abord desservit par les religieuses mais celle-ci sont expulsées le 14 novembre 1794 pour refus de serment à la Constitution civile du clergé[6].
Plusieurs administrateurs républicains demandent cependant, mais sans résultat semble-t-il, à ce que les détenus soient expulsés de l’hôpital afin de ne pas contaminer les autres malades tant par leur opinions contre-révolutionnaires[6].
L’officier municipal Piton écrit :
« Il est inconcevable qu’on ait pu envoyer dans cette maison les détenus qui y ont été mis. Si on les laisse encore quelque temps, la maison sera perdue, parce que les pauvres, mêlés avec les gens suspects, en puiseront infailliblement les principes, et, au lieu d’une école nationale, ce sera une école contre-révolutionnaire. Ces détenus ont fait un tort immense à cet établissement, par le linge, les lits, et autres consommations qu’ils ont faites[6]. »
La délibération du District datée du 31 mai 1794 :
« Aujourd’hui le nombre des individus de cette maison se trouve élevé à douze cents, et demande que cet hospice soit évacué de tous les détenus sur la maison de Saint-Elisabeth, tant pour la raison du bon ordre que pour la salubrité de l’air. Un hospice civil doit être dégagé de toute espèce d’inquiétudes ; l’air que respirent douze cents individus malades, dans un espace aussi resserré que cet hospice, ne peut pas être pur... Considérant, d’ailleurs que cette maison, destinée à recevoir des orphelins ne doit pas être infectée des prisonniers, par la crainte qu’ils ne répandent dans les personnes qui les avoisinent ou les soignent leurs principes dangereux et contre-révolutionnaires, qui pourraient passer dans les jeunes élèves de la république, et les perdre avant qu’ils eussent été dans le cas d’en goûter les douceurs, arrête que l’on transférera à la maison de Sainte-Elisabeth le trop plein des prisonniers qui sont à l’hospice de la Réunion[7]. »
Un autre rapport est fait le 7 messidor, il donne cependant des chiffres inexacts :
« Ils n’ignoraient pas que cet établissement très vaste, très bien exposé, devait être très salubre, aussi n’ont-ils pas été surpris que, sur environ huit cents détenus, il n’y eût qu’une vingtaine de malades ; ces malades, toutes femmes de la campagne, sont réunies dans l’église qui est petite, basse, et le seul lieu malsain de la maison, presque toutes ces femmes sont avec deux ou trois enfants du plus bas âge[8]. »
D’après une lettre du concierge Drouin datée du 5 août, 327 prisonniers dont 79 hommes et 248 femmes occupent le Sanitat. Selon un état du 16 septembre 1794, 280 hommes, femmes et enfants y sont encore détenus parmi lesquels 18 hommes et 138 femmes laboureurs. Progressivement les prisonniers sont libérés sur ordre du représentant Jean-Baptiste Bô. Le Sanitat cesse définitivement de contenir des détenus le 24 janvier 1795, suivant les ordres des représentants Chaillon et Lofficial[9].
Voir aussi
Bibliographie
- Alfred Lallié, Les prisons de Nantes pendant la Révolution, Imprimerie Vincent Forest et Émile Grimaud, 1883, p. 68-72.
- Jacques Sigot (dir.) et société d'histoire des hôpitaux de l'Ouest, Nantes, l'hôpital Saint-Jacques, Montreuil-Bellay, Éditions CMD, coll. « Mémoire d'une ville », 1999, 108 p. (ISBN 9-782909-826981).
Références
- Histoire des établissements - le Sanitat sur chu-nantes.fr. Consulté le 18 octobre 2011
- Sigot 1999, p. 10
- Sigot 1999, p. 11
- Sigot 1999, p. 7
- Alfred Lallié, Les prisons de Nantes, p. 68-69.
- Alfred Lallié, Les prisons de Nantes, p. 70.
- Alfred Lallié, Les prisons de Nantes, p. 70-71.
- Alfred Lallié, Les prisons de Nantes, p. 71.
- Alfred Lallié, Les prisons de Nantes, p. 72.
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