- Classe North Carolina
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Classe North Carolina USS North Carolina le 3 juin 1946. Histoire Classe précédente : New York Navy Yard (USS North Carolina)[1],[2]
Philadelphia Naval Shipyard ( United States NavyPériode de service : 1941-1947[2],[3] Navires construits : 2 Navires désarmés : 2 Navires préservés : 1 Caractéristiques techniques Type : Cuirassé Longueur : - USS North Carolina :
222,113 m (longueur hors-tout)[1]
217,456 m (longueur de flottaison)[1]
Maître-bau : 33,017 m (maximum)[1]
31,852 m (ligne de flottaison)[1]Tirant d’eau : USS North Carolina :
10,820 m (maximum)[1]
USS Washington :
10,592 m (maximum)[1]Déplacement : Propulsion : Quatre turbines General Electric développant 121 000 hp vers l'avant et 32 000 hp vers l'arrière[4]
Huit chaudières Babcock & Wilcox associées à deux bruleurs et deux cheminées[4]Vitesse : 1941 : 52 km/h[4]
1945 : 49,6 km/h[4]Caractéristiques militaires Blindage : - Ceinture :305-168 mm[5]
- Barbettes :
Avant du navire : 373 mm[5]
Flancs du navire : 406 mm[5]
Arrière du navire : 292 mm[5] - Tourelles :
Avant 406 mm[5]
Flancs : 249 mm[5]
Arrière : 300 mm[5]
Toit : 178 mm[5] - Artillerie secondaire : Monture : 50 mm[5]
Magasins : 50 mm[5] - Pont : 180-196 mm[5]
- Château :
Flancs 373 mm[5]
Face : 406 mm[5]
Toit : 178 mm[5]
Fond : 99 mm[5]
Tubes de communications : 356 mm[5]
Armement : - 9 × 406 mm (3x3) [6]
- 20 × 127 mm (10x2)[6]
- Bofors 40 mm ou Oerlikon 20 mm dont le nombre varia fortement ; Voir section "artillerie légère"[6]
Aéronefs : Vought OS2U Kingfisher[7]
Curtiss SC Seahawk[7][N 1]Rayon d’action : 1941 :
32 320 km à 28km/h[4]
1945 :
30 220 km à 28km/h[4]
10 600 km à 46km/h[4]Autres caractéristiques Électronique : Voir section "électronique"[8] Équipage : Conception : 108 officiers, 1 772 hommes[9]
1945 : 144 officiers, 2 195 hommes[9]
1947 : USS North Carolina : 135 officiers, 1 639 hommes[9]
1947 : USS Washington : 146 officiers, 1 843 hommes[9]La classe North Carolina était une classe composée de deux cuirassés rapides, l'USS North Carolina et l'United States Navy. La question était de savoir si ces navires devaient être assez rapides pour pouvoir rivaliser avec les navires japonais de la classe Kongō dont la vitesse était de 48 km/h ou s'ils devaient sacrifier la vitesse en faveur d'un armement et d'un blindage plus important. Le Second Traité naval de Londres imposait que le déplacement des cuirassés ne devait pas dépasser 35 000 t et cela signifiait que tous les objectifs ne pouvaient pas être atteints en respectant les limites. La marine américaine considéra plus de 50 propositions avant d'en choisir une.
À la fin de la longue période de conception, le comité général de l'United States Navy se prononça en faveur du dessin "XVI-C" qui prévoyait une vitesse de 56 km/h et une batterie principale de neufs canons de canons de 356 mm/50 calibres. Le comité considérait qu'un tel navire pourrait remplir une multitude de rôles car il avait une protection suffisante pour servir en tant que navire de ligne et une vitesse suffisante pour pouvoir escorter les porte-avions ou attaquer les navires de commerce. Cependant le secrétaire à la marine autorisa une version modifiée d'un autre dessin, le "XVI", qui avait été initialement rejeté par le comité. Ce dernier prévoyait une vitesse de 50 km/h avec douze canons de 356 mm disposés en trois tourelles quadruples et une protection contre des canons de même calibre. En rupture complète avec les traditions de conception américaines, le "XVI" acceptait une vitesse et une protection inférieure en échange d'une puissance de feu maximale. Après le début de la construction, les États-Unis inquiets par le refus japonais de se conformer aux restrictions d'artillerie prévues par le Second Traité naval de Londres firent jouer la "clause de non respect" du traité et remplacèrent les douze canons de 356 mm par neuf canons de 406 mm/45 calibres.
L'USS North Carolina et l'USS Washington servirent dans un grand nombre de rôle durant la Seconde Guerre mondiale principalement dans le théâtre du Pacifique. L'USS North Carolina servit fréquemment dans l'escorte des rapides groupes aéronavales et conduisit des bombardements côtiers. En 1942, durant la bataille navale de Guadalcanal, l'USS Washington endommagea gravement le cuirassé japonais sabordé le jour suivant. Il servit également dans l'escorte des porte-avions mais en février 1943, il heurta le cuirassé sister-ship pour la bataille de la mer des Philippines. Après la guerre, les deux navires participèrent à l'Opération Magic Carpet, le rapatriement des soldats déployés dans les théâtres d'opération d'Europe et du Pacifique. Les navires furent ensuite mis en réserve jusqu'au début des années 1960 lorsque l'USS North Carolina fut vendu à l'état de Caroline du Nord où il fut transformé en navire-musée tandis que l'USS Washington était démoli.
Sommaire
Contexte
Après la fin de la Première Guerre mondiale, de nombreuses marines continuèrent leurs programmes de construction initiés durant le conflit. Le programme américain de 1916 prévoyait la construction de six croiseurs de bataille de la classe Lexington et de cinq cuirassés de la classe South Dakota ; en décembre 1918, il fut proposé par le gouvernement du président Woodrow Wilson que dix cuirassés et six croiseurs de bataille supplémentaires seraient construits. En 1919-1920, le comité proposa la construction de navires plus petits mais toujours significatifs en plus du plan de 1916 : deux cuirassés et un croiseur de bataille étaient prévus pour l'année comptable 1921 et trois cuirassés, un croiseur de bataille, quatre porte-avions et treize destroyers entre 1922 et 1924. Le Royaume-Uni planifiait la construction de huit navires capitaux : quatre cuirassés de la classe N3 dont la première quille fut posée en 1921 et quatre croiseurs de bataille de la classe G3 dont la construction devait commencer en 1922. L'Empire du Japon s'était lancé en 1920 dans la réalisation de la flotte huit-huit avec les classes Nagato, Tosa, Amagi, Kii et Numéro 13. Deux navires devaient être lancés chaque année jusqu'en 1928[10].
Les couts colossaux de ces programmes entrainèrent de nombreuses demandes pour une conférence de désarmement. Le 8 juillet 1921, le Secrétaire d'État des États-Unis Charles Evans Hughes invita les délégations des principales puissances maritimes, la France, l'Italie, le Japon et le Royaume-Uni à Washington, D.C. pour débattre d'un arrêt de la course aux armements. La conférence déboucha sur le traité de Washington de 1922 qui limitait le déplacement à 35 000 t et le calibre de l'artillerie principale à 406 mm. De plus, les nations signataires s'engageaient à ne pas construire de nouveaux navires capitaux durant dix ans et à ne pas remplacer les navires de moins de 20 ans[11],[12].
Le Second Traité naval de Londres signé en 1936 qui supplantait le traité de 1922 en conservait la plupart des dispositions tout en réduisant le calibre maximal à 356 mm. Ces traités influencèrent fortement la conception de la classe North Carolina comme le prouve la longue période de réflexion qui devait permettre de réaliser le meilleur navire possible tout en restant en dessous de la limite des 35 000 t[13].
Conception
"A"-"M"
Le comité général commença la conception d'une nouvelle classe de cuirassés en mai-juillet 1935. Trois propositions furent faites : "A" prévoyait un navire de 32 670 t armé de neuf canons de 356 mm disposés en trois tourelles triples toutes situées à l'avant de la passerelle capable de naviguer à la vitesse de 56 km/h et de résister à des obus de 356 mm ; "B" et "C" feraient plus de 37 000 t, seraient capables d'atteindre les 56,5 km/h et armés avec des canons de 356 mm ; la principale différence entre les deux reposait sur la batterie principale car la "B" était équipé de douze canons de 356 mm en tourelles triples tandis que la "C" comprenait huit canons de 406 mm en tourelles doubles. La proposition "A" était la seule à respecter la limite de 35 000 t imposée par le traité de Washington et réaffirmée par le second traité de Londres. Lorsque le Bureau of Ordance introduisit un obus "super-lourd" de 406 mm, les navires furent redésignés ("A1", "B1" et "C1") car leur protection était renforcée pour y résister. Cependant cela entraina des problèmes de déplacement, la "A1" était uniquement 510 t sous la limite des 35 000 t tandis que les deux autres approchaient les 40 000 t[14].
Même si les trois propositions initiales étaient toutes des cuirassés rapides, le comité général n'était pas un partisan acharné de ce type de navire. Il demanda son avis au Naval War College pour savoir si la nouvelle classe devait être un navire conventionnel équipé de huit ou neuf canons de 406 mm capable d'atteindre les 43 km/h ou si elle devait ressembler aux propositions "A", "B" ou "C"[15].
Cinq nouvelles propositions furent soumises à la fin septembre, "D" à "H" ; leurs caractéristiques variaient entre 43 et 56,5 km/h, huit ou neuf canons de 356 ou de 406 mm et un déplacement compris entre 32 000 et 41 100 t. "D" et "E" étaient des cuirassés rapides équipés de canons de 406 mm et d'une protection contre des obus du même calibre mais leur déplacement dépassait les 35 000 t. "F" était une tentative radicale de construire un hybride de cuirassé et de porte-avion avec trois catapultes montées à l'avant et huit canons de 356 mm à l'arrière. Cette proposition aurait eu les faveurs du président Franklin D. Roosevelt mais comme les appareils lancés étaient nécessairement des hydravions et que ces derniers étaient significativement inférieurs aux avions lancés depuis la terre ferme ou depuis des porte-avions, la proposition fut abandonnée. "G" et "H" étaient des cuirassés assez lents avec une vitesse de 43 km/h et neuf canons de 356 mm. La proposition "H" était particulièrement bien appréciée par le "Bureau of Construction and Repair". Cependant, le comité général demandait maintenant un "navire rapide et multitâche", ce que "G" et "H" n'étaient pas[16].
Ces études démontraient les difficultés que rencontraient les concepteurs. Avec un déplacement de 35 000 t, il existait deux choix principaux : un navire similaire au "A1" qui était rapide (56 km/h) mais moins armé et protégé que les cuirassés contemporains ou un navire plus lent mais armé de canons plus lourds même si la protection contre les obus de 406 mm était très difficile. Les concepteurs proposèrent cinq nouveaux dessins en octobre : "J", "J1", "K", "L" et "M" fondés soit sur "A" avec une protection renforcée ou "B" avec des dimensions réduites ; tous prévoyaient des canons de 356 mm et une vitesse de 56 km/h. Quatre tourelles étaient prévues sur les deux premiers dessins mais il était pressenti que cela serait trop lourd et nécessiterait une protection très insuffisante pour compenser. "K" était une évolution de "A1" avec une ceinture principale de 380 mm et un pont blindé de 133 mm. Si le "K" était apprécié au sein de la marine, son déplacement approchait des 35 000 t ce qui réduisait les possibilités d'évolution du dessin. Les propositions "L" et "M" prévoyaient douze canons montés en tourelles quadruples semblables à celles utilisées par le Dunkerque français ; la seule différence était que le "M" sauvait 200 t en ayant une tourelle à l'arrière au lieu de trois à l'avant. Des réductions de blindage furent acceptées pour s'assurer que le dessin restait en dessous des limites du traité mais même ainsi les deux en étaient très près et le "L" était 46 t au delà[17].
De nombreux officiers américains soutenaient la construction de trois ou quatre croiseurs de bataille pour l'escorte des porte-avions et contrer les navires japonais de la classe Kongō. Parmi les partisans de cette proposition figuraient le Secrétaire à la Marine des États-Unis et Chief of Naval Operations William H. Standley, le président du Naval War College William S. Pye et une petite majorité d'officiers supérieurs. Par conséquent, le comité général choisit le dessin "K" pour servir de base au futur navire[18].
Au moins 35 dessins furent proposées. Toutes numérotées avec des nombres romains et les cinq premières furent soumises le 15 novembre 1935. Elles étaient les premières à employer des réductions de masse "sur papier" en ne comptant pas certains éléments qui n'étaient pas spécifiquement définis dans la définition de déplacement standard. Ainsi même s'il y avait des magasins de 100 obus par canons et 100 obus supplémentaires, le poids des obus n'était pas compté dans les limites de déplacement imposées par le traité[19].
"I"-"XVI-D"
Les propositions "I" jusqu'à "XVI-D" variaient pour tout sauf pour la vitesse et le déplacement. Si la "II" prévoyait un déplacement de 36 317 t, la plupart se conformaient à la limite des 35 000 t et seules cinq propositions prévoyaient une vitesse maximale inférieure à 50 km/h dont une seule inférieure à 49,1 km/h, la "VII" avec 41 km/h. Celle-ci revenait à une vitesse plus faible pour favoriser la puissance de feu (douze canons de 356 mm en tourelles triples) et la protection ainsi la propulsion ne développait que 50 000 hp et la longueur était d'uniquement 200 m. La plupart des propositions prévoyaient une longueur de 220 ou 221 m bien que la longueur de six était comprise entre 200 et 210 m. Les huit premières propositions ("I"-"IV-C") emportaient neuf canons de 356 mm mais plusieurs autres combinaisons furent proposées comme huit canons de 356 mm en deux tourelles quadruples (la "V" prévoyait même deux tourelles quadruples de 406 mm) ou huit canons de 356 mm en quatre tourelles doubles à l'avant du navire ("VIA" et "VIB")[20].
La version "XVI" du 20 aout 1936 était un navire de 218 m naviguant à la vitesse de 50 km/h mais le Bureau of Ordnance était réticent du fait de plusieurs problèmes. Des essais de modèles réduits montrèrent qu'à haute vitesse, les vagues générées par la forme de la coque laissaient apparaitre des portions de la coque non-blindées dont les magasins. De plus, le Bureau observa que les obus atteignant les parties basses du navire voire la coque immergée étaient un sérieux problème en cas d'engagement à une distance comprise entre 19 et 28 km. De même, le Bureau considérait que la formule utilisée pour calculer les effets des bombes larguées par avions n'était pas réaliste et que les protections contre celles-ci pourraient ne pas être suffisantes. Les solutions à ces problèmes étaient toutes impossibles à mettre en œuvre ; l'ajout de blindage supplémentaire autour des magasins pourrait neutraliser l'efficacité du système anti-torpille et entrainerait le dépassement de la limite des 35 000 t. Le comité général détesta cet concept et déclara qu'il ne s'agissait pas d'un "véritable cuirassé" du fait de ses problèmes de protection et de vitesse[21].
Pour résoudre ces problèmes, une nouvelle série de propositions, "XVI-B"-"XVI-D" fut soumise en octobre 1936. Elles étaient toutes des modifications du concept "XVI" d'une longueur de 218 m avec douze canons de 356 mm répartis en trois tourelles quadruples, une ceinture principale de 284,5 mm inclinée à 10° et un pont blindé d'une épaisseur variant de 129,5 à 142,2 mm. Dans la version suivante, la longueur fut fixée à 221 m pour une plus grande vitesse mais cela signifiait que seuls onze canons de 356 mm pouvaient être installés avec une ceinture principale réduite à 260 mm. Alternativement, un canon pouvait être échangé contre une ceinture de 342,9 mm et un autre contre une vitesse de 55,5 km/h et la proposition devint le concept "XVI-C". Le comité appréciait fortement ce dessin car il offrait assez de protection pour qu'il puisse survivre au sein d'une ligne de bataille et une vitesse suffisante pour qu'il puisse opérer dans l'escorte des porte-avions et l'assaut de convois[22].
Cependant, l'un des membres du comité, l'amiral Joseph M. Reeves, qui avait été l'un des principaux développeurs de la stratégie des porte-avions américains, n'appréciait pas le "XVI-C" car il considérait qu'il n'était pas assez rapide pour opérer efficacement avec les rapides porte-avions naviguant à 61 km/h et qu'il n'était pas assez puissant par rapport à son cout. Il proposa alors le développement d'un "XVI" rejeté en ajoutant des protections supplémentaires sur les magasins pour les protéger des obus tirés à une distance supérieure à 17,6 km. Après d'autres modifications, Reeves présenta le projet à l'amiral William H. Standley, Chief of Naval Operations qui approuva le "XVI" et sa version modifiée contre l'avis du comité général qui proposait la construction du "XVI-C". Le seul ajout de Stanley aux caractéristiques était une provision pour l'installation de tourelles triples de 406 mm à la place des tourelles quadruples de 356 mm si la "clause de non-respect" du Second Traité naval de Londres était invoquée[23],[24],[25].
La "clause de non-respect"
Le second traité de Londres précisait que les navires ne pouvaient pas emporter des canons d'un calibre supérieur à 356 mm mais une "clause de non-respect" avait été imposée par les négociateurs américains dans le cas où l'un des signataires du traité de Washington de 1922 ne se conformait pas à cette limite. Cette provision autorisait les signataires du second traité de Londres, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis à faire passer la limite de 356 mm à 406 mm si le Japon ou l'Italie refusaient de signer le traité avant le 1er avril 1937. Lors de la conception de la classe North Carolina, les concepteurs se concentrèrent sur l'artillerie de 356 mm mais la disposition ajoutée par Stanley imposait qu'un passage de 356 mm à 406 mm devait être possible même après que la quille eut été posée. Le Japon rejeta formellement la limite de 356 mm le 27 mars 1937 ce qui signifiait que la "clause de non respect" pouvait être invoquée. Il y avait encore cependant des obstacles à surmonter, Roosevelt subissait d'importantes pressions politiques pour qu'il refuse l'installation de canons de 406 mm[27][N 2] :
« Je ne souhaite pas que les États-Unis soient la première nation maritime à adopter les canons de 406 mm. ... Du fait de l'importance internationale des États-Unis dans le respect des principes imposés par les traités de Washington et de Londres, il me semble que les deux nouveaux cuirassés doivent envisager les canons de 356 mm [28] »
L'amiral Reeves se prononça fortement en faveur d'un armement supérieur. Dans une lettre de deux pages adressée au secrétaire à la marine Claude A. Swanson et indirectement à Roosevelt, Reeves avançait que la plus grande puissance des canons de 406 mm était d'une importance capitale et rappelait le précédent de la bataille du Jutland lors de la Première Guerre mondiale où certains cuirassés avaient résisté à dix ou vingt obus tandis que d'autres avaient été pulvérisés en trois ou sept impacts car les obus avaient été capables de percer les protection des magasins et des tourelles. Reeves avança également que des canons plus imposants permettraient l'utilisation de la "méthode de tir indirecte" en cours de développement où les avions seraient utilisés pour orienter les tirs d'artillerie afin qu'ils puissent toucher des cibles derrière l'horizon. De même comme les nouveaux navires construits par les puissances étrangères seraient équipés d'une protection plus importante, Reeves considérait que les canons de 356 mm ne seraient pas capables de percer cette épaisseur supplémentaire de blindage[29].
Dans une ultime tentative, le secrétaire d'état de Roosevelt Cordell Hull envoya le 4 juin un télégramme à l'ambassadeur au Japon, Joseph Grew, indiquant que les États-Unis accepteraient de rester avec des canons de 356 mm si le Japon faisait de même. Les Japonais répondirent qu'ils ne pouvaient accepter à moins que le nombre des cuirassés ne soit également limité ; ils voulaient que le Royaume-Uni et les États-Unis acceptent d'avoir autant de navires que le Japon mais cette condition fut rejetée. Le 24 juin, les deux navires de la classe North Carolina furent commandés avec des canons de 356 mm mais le 10 juillet, Roosevelt imposa le passage à des canons de 406 mm[30][N 3].
Spécifications
Armement
Les deux cuirassés de la classe North Carolina étaient principalement armés avec neuf canons de 406 mm/45 et vingt canons de 127 mm/38. Leur armement léger était composé d'un nombre varié de canons de 28 mm/75, de mitrailleuses de 12,7 mm, de Bofors 40 mm et d'Oerlikon 20 mm[35].
Artillerie principale
Les canons de 406 mm/45 Mark 6 installés sur les navires de la classe North Carolina et de la antiblindage de 1 200 kg développé par le Bureau of Ordnance avec une vitesse initiale de 701 m/s. La durée de vie du canon, exprimée en nombre de coups tirés, avant que ce dernier ne doive être réalésé ou remplacé était de 395 mais ce nombre passait à 2 860 si des obus d'exercice étaient utilisés. Les tourelles pouvaient tourner de 150° de chaque côté du navire à la vitesse de 4° par seconde. Les canons pouvaient être élevés selon un angle maximal de 45° ; les tourelles 1 et 3 pouvaient s'abaisser de 2° sous l'horizontale mais du fait de sa position surélevée, l'angle minimum de la tourelle 2 était de 0°[36].
Chaque canon mesurait 18 700 mm de long mais n'était rayé que sur 15 670 mm. La portée maximale avec l'obus antiblindage était obtenue avec une élévation de 45° et atteignait les 33,7 km. Avec la même élévation, un obus plus léger hautement explosif de 860 kg pouvait être envoyé à 36,7 km. Les canons pesaient chacun 87 230 kg sans la culasse ; les tourelles pesaient 1 410 000 kg[36].
Le canon Mark 6 avait un léger avantage sur le canon de même calibre Mark 7 installés sur la future classe Iowa. L'obus tiré par le Mark 6 était généralement plus lent que celui tiré par le Mark 7 ce qui signifiait qu'il avait une trajectoire plus raide lors de sa retombée. À 32 km, ce dernier tombait sur le navire selon un angle de 45.2° tandis que l'obus tiré par le Mark 7 n'arrivait que selon un angle de 36°[36].
Artillerie secondaire
Les deux cuirassés de la classe North Carolina emportaient dix tourelles doubles de canons de 127 mm/38 Mark 28. Initialement conçus pour équiper les destroyers construits dans les années 1930, ces canons se révélèrent si performants qu'ils furent installés sur une grande variété de navires américains pendant la Seconde Guerre mondiale dont tous les navires capitaux et un grand nombre de plus petits navires construits entre 1934 et 1945. Ils étaient considérés comme "très fiables, robustes et précis" par le Bureau of Ordnance de l'US Navy[37].
Le canon de 127 mm/38 pouvait être à la fois utilisé contre des cibles navales et contre l'aviation. Ses capacités anti-aériennes étaient satisfaisantes et des essais d'artillerie réalisés en 1941 à bord de l'USS North Carolina montrèrent que le canon pouvait abattre des appareils volants à 3,8 km d'altitude, deux fois plus haut que la portée du canon de 127 mm/25 conçus spécialement pour un rôle anti-aérien[37].
Chaque canon de 127 mm/38 pesait 1 800 kg sans la culasse mais l'ensemble avec la tourelle pesait 70 894 kg. Le canon mesurait 5 680 mm de long dont 3 990 mm étaient rayés. Les obus étaient tirés à une vitesse comprise entre 762 et 792 m/s. Environ 4 800 obus pouvaient être tirés avant que le canon ne doive être remplacé. Les élévations minimales et maximales étaient respectivement de -15° et de 85°. Les canons pouvaient être levés et abaissés à la vitesse de 15° par seconde. Les tourelles à l'avant et à l'arrière pouvaient tourner sur 300° tandis que les autres étaient limitées à 180° du fait de la superstructure. La rotation se faisait à environ 25° par seconde[37].
Artillerie légère
L'artillerie légère de la classe North Carolina était composée d'un nombre varié de canons de 28 mm/75, de mitrailleuses de 12,7 mm, de Bofors 40 mm et d'Oerlikon 20 mm. Le dessin initial prévoyait uniquement quatre tourelles quadruples de canons de 28 mm/75 et douze calibre 50 mais ce nombre fut largement augmenté durant la guerre[38].
Sur les deux navires, deux nouvelles tourelles quadruples de 28 mm/75 furent ajoutés à la place des projecteurs situés au milieu du navire. Après le torpillage de l'USS North Carolina en 1942, ces tourelles furent supprimées et dix tourelles quadruples de canons de 40 mm furent installés. Il y en avait quatorze en juin 1943 et une quinzième fut montée sur le troisième mât en novembre. L'USS Washington conserva ses six montures quadruples de 28 mm jusqu'au milieu de l'année 1943 lorsque dix tourelles quadruples de canons de 40 mm les remplacèrent. En aout, il en avait quinze et les deux navires conservèrent ce nombre jusqu'à la fin de la guerre[38].
Les mitrailleuses de 12,7 mm n'avaient pas la portée ou la puissance nécessaire pour affronter les appareils modernes et devaient être remplacés par un nombre équivalent de canons de 20 mm mais rien ne fut fait immédiatement. De fait, l'USS North Carolina et l'USS Washington emportaient des canons de 20 mm et des mitrailleuses de 12,7 mm durant la plus grande partie de l'année 1942. En avril, l'USS North Carolina en avait respectivement quarante et douze tandis que l'USS Washington en avait vingt et douze. Deux mois plus tard, le nombre de canons de 20 mm restait le même mais douze mitrailleuses de 12,7 mm avaient été ajoutés. En septembre, l'USS Washington reçut vingt canons de 20 mm en plus mais cinq d'entre eux et toutes les mitrailleuses furent retirées pour laisser la place à deux montures quadruples de 28 mm. Lors de ses réparations après son torpillage, l'USS North Carolina reçut six nouveaux canons de 20 mm et toutes ses mitrailleuses furent retirées. L'USS Washington avait 64 canons de 20 mm en avril 1943 et l'USS North Carolina en avait 53 en mars 1944. En avril 1945, l'USS North Carolina disposait de 56 canons de 20 mm tandis que l'USS North Carolina en avait 75[39].
Électronique
L'USS North Carolina et l'USS Washington furent conçus avant le radar et étaient initialement équipés de nombreux systèmes de contrôle de tir et de systèmes de télémétrie optique. Ces derniers furent conservés jusqu'à la fin de l'année 1944 lorsqu'ils furent remplacés par un radar microondes Mark 27 et un radar de contrôle de tir Mark 3 pour l'artillerie principale. Les télémètres furent supprimés entre la fin de l'année 1941 et le milieu de l'année 1942 et remplacés par de nouveaux canons de 20 mm. De plus les deux navires étaient à l'origine équipés avec deux contrôleurs de tir Mark 38, un radar CXAM de détection aérienne, deux Mark 3 et trois Mark 4 pour le contrôle de l'artillerie secondaire[8].
En novembre 1942, l'USS North Carolina reçut un nouveau radar Mark 4 et un radar SG de détection de surface. En avril 1944, les deux navires étaient équipés de la configuration standard des cuirassés avec des radars SK et SG (pour la détection de surface et aérienne), un SG de secours et des Mark 8 pour diriger l'artillerie principale. Une antenne parabolique SK-2 remplaça le radar SK obsolète et les Mark 12 et 22 supplantèrent les Mark 4 en septembre 1944[8].
Les deux navires subirent de profondes modifications vers la fin ou après la guerre ; l'USS North Carolina possédait un radar de surface SP, un radar de détection aérienne SK-2, un système de contrôle de l'artillerie principale Mark 38 soutenu par des radars Mark 13 et 27, un système de contrôle de l'artillerie secondaire Mark 37 soutenu par des radars Mark 12, 22 et 32, un système de contrôle de l'artillerie légère Mark 57 avec un radar Mark 34 et un brouilleur de radar TDY[8][40].
Propulsion
Les navires de la classe North Carolina étaient équipés de quatre turbines General Electric et de huit chaudières Babcock & Wilcox. Les chaudières de l'USS North Carolina fournissaient de la vapeur à la pression de 39,7 bar et à la température de 454 °C[N 4]. Pour atteindre la demande de 50 km/h, les systèmes de propulsion étaient initialement conçus pour délivrer 115 000 hp mais les nouvelles technologies utilisées accrurent cette puissance à 121 000 hp. Malgré cette amélioration, la vitesse maximale du navire n'augmenta pas car les modifications furent ajoutés tardivement dans la processus de construction. Les turbines déjà installées ne pouvaient pas exploiter le surplus de pression et de température et le rendement n'augmenta pas dans les proportions prévues. Lorsque le navire culait les moteurs développaient 32 000 hp[4],[41].
Le système de propulsion était divisé en quatre salles des machines toutes situées dans l'axe du navire. Chaque salle comprenait une turbine et deux chaudières sans séparation entre les deux. Cela était fait pour éviter le risque de chavirage dans l'éventualité où l'une des salles des machines seraient gravement inondée. Les premières et troisièmes salles des machines étaient disposées avec la turbine sur tribord et les chaudières à bâbord et cette disposition était inversée pour les deux autres salles. Les navires possédaient quatre hélices équipées de quatre pales ; La paire d'hélice extérieure avait un diamètre de 4,674 m et la paire intérieure 5,067 m. Les deux salles des machines les plus à l'avant actionnaient la paire d'hélices externe tandis que les deux autres salles fournissaient l'énergie à la paire interne. La direction était contrôlée par deux gouvernails[4],[41].
Au moment de leur lancement, les navires avaient une vitesse maximale de 52 km/h mais l'ajout d'autres équipements comme l'artillerie anti-aérienne fit baisser cette vitesse à 49,6 km/h en 1945. L'augmentation de poids réduisit également le rayon d'action des navires. En 1941, ceux-ci pouvaient parcourir 32 320 km à la vitesse de 28 km/h ; en 1945, le rayon d'action était passé à 30 220 km. À 46 km/h, le rayon d'action était beaucoup plus faible, 10 640 km[4].
L'énergie électrique était fournie par huit générateurs. Quatre étaient des turbo-générateurs spécialement conçus pour l'usage maritime qui fournissaient chacun 1 250 kW. Les quatre autres étaient des générateurs diesel fournissant chacun 850 kW. Deux petits générateurs diesel de secours de 200 kW étaient prévus si les générateurs principaux étaient endommagés. La puissance totale était de 8 400 kW, sans compter les générateurs de secours, sous la forme d'un courant alternatif de 450 volts[4].
Protection
Les cuirassés de la classe North Carolina incorporaient un blindage "tout-ou-rien" qui représentait 41% du déplacement total. La partie blindée s'étendait de dessous les canons de la première tourelle avant jusque sous les canons de la tourelle arrière. La ceinture principale avait une épaisseur de 300 mm et était renforcée par 19 mm d'un acier spécialement traité. L'épaisseur se réduisait à 150 mm dans les parties basses de la ceinture. Les cuirassés possédaient trois ponts blindés ; le pont principal mesurait 37 mm d'épaisseur, le second 130 mm et le troisième 13 mm. Le premier pont avait pour mission de faire exploser les projectiles tandis que le second pont protégeait les parties sensibles du navire. Le troisième pont devait arrêter les éclats qui auraient traversé le second pont et servait de base à la cloison anti-torpille. Le château était relié à la superstructure blindée par des tubes de communications protégés par 360 mm de blindage. La protection du château allait de 410 mm sur les flancs à 370 mm sur l'avant et l'arrière. L'épaisseur sur le toit était de 180 mm et celle du fond était de 99 mm[42],[43].
Les tourelles principales étaient lourdement protégées : L'avant mesurait 410 mm d'épaisseur, les flancs 230 mm, l'arrière 300 mm et le toit 180 mm. 410 mm était l'épaisseur maximale que pouvait produire l'industrie sidérurgique au moment de la conception des navires. En 1939, il devint possible de créer des plaques de 457 mm mais elles ne furent pas installées car cela aurait retardé le lancement des navires de 6 à 8 mois. Les barbettes qui accueillaient les tourelles étaient également fortement protégées avec une épaisseur de blindage allant de 410 à 290 mm. Les canons de 127 mm étaient protégés par des plaques de 50 mm[44].
Les flancs du navire incorporaient cinq compartiments divisés par des cloisons anti-torpilles et un large saillant anti-torpilles placé le long de la partie blindée de la coque. Les deux compartiments extérieurs, celui au centre et le saillant restaient vides tandis que les troisième et quatrième compartiments étaient remplis d'eau. Le système complet était conçus pour pouvoir résister à des ogives de 320 kg de TNT. La protection sous-marine était assurée par un triple fond large de 1,75 m. La couche extérieure mesurait 0,91 m de large et était remplie de liquide tandis que la couche intérieure large de 70 mm était gardée vide. Le triple fond était également compartimenté pour éviter une inondation catastrophique si la coque extérieure était percée[45].
Service
Construction
Les deux navires, d'un cout unitaire de 50 millions de dollars, furent autorisés en janvier 1937. Cinq chantiers navals soumirent des offres pour la construction de l'un des deux navires. Trois étaient des entreprises privées : Bethlehem Shipbuilding, New York Shipbuilding et Newport News Shipbuilding. Les deux autres, New York Navy Yard et Philadelphia Naval Shipyard, étaient contrôlés par le gouvernement. Les chantiers privés firent des offres comprises entre 46 et 50 millions de dollars tandis que les chantiers publics descendirent jusqu'à 37 millions de dollars[46].
Les offres des compagnies privées étaient fortement influencée par les législations du New Deal. Le Vincent-Trammell Act limitait les profits possibles dans la construction navale à 10% tandis que le Walsh-Healey Public Contracts Act imposait un salaire minimum et des nouvelles conditions de travail pour les ouvriers. Ce dernier acte affecta grandement la capacité de la Navy à acquérir de l'acier car le texte de loi causait des frictions entre les dirigeants d'industrie, qui étaient opposés à la semaine de travail de 48 heures et les dispositions concernant le salaire minimum et leurs ouvriers. Ces derniers étaient également enlisés dans une guerre larvée entre le syndicat des ouvriers spécialisés, la Fédération américaine du travail et celui des ouvriers non spécialisés, le Congrès des organisations industrielles. Au milieu de ces luttes, la Navy avait du mal à obtenir 8 200 t d'acier pour construire six destroyers et trois sous-marins mais des quantités bien plus importantes étaient nécessaires pour les futurs cuirassés[47].
Ces problèmes associés avec des modifications de conception et des problèmes sociaux, comme une grève à la Federal Shipbuilding and Drydock Company qui construisait deux destroyers pour l'US Navy, firent passer le prix unitaire des cuirassés à 60 millions de dollars. En dépit de cette forte hausse du cout, le Bureau of Steam Engineering et le Bureau of Construction and Repair recommandèrent que les offres des deux chantiers navals publics soient acceptées. Cela fut confirmé car les offres des chantiers privés étaient considérés comme excessivement chères. Les noms North Carolina et Washington furent choisis le 3 mai 1937 et les contrats furent envoyés aux chantiers navals de New York et de Philadelphie le 24 juin 1937. Peu après cette annonce, le président Roosevelt fut la cible d'intenses pressions de la part des politiciens et des citoyens de Camden et du New Jersey dans une ultime tentative pour que l'USS North Carolina soit construit dans le chantier naval de Camden contrôlé par New York Shipbuilding ; un tel contrat permettrait de fournir du travail aux nombreux chômeurs de la région. Roosevelt refusa en avançant que la différence de prix était trop importante. À la place, le chantier de Camden reçut une commande de deux navires ravitailleurs en décembre 1937, l'USS Dixie et l'USS Prairie[46],[47].
La construction des cuirassés de la classe North Carolina fut ralentie par les problèmes matériels mentionnés ci-dessus, les changements dans les plans comme le remplacement des canons de 356 mm par les canons de 406 mm et le besoin de renforcer et d'agrandir la pente douce déjà présente dans le chantier naval. L'usage accru du soudage fut proposé pour renforcer les structures et réduire le poids total. Un gain de masse de 10% était espéré mais le soudage ne fut utilisé que sur environ 30% du navire du fait des couts associés à la technique[48].
USS North Carolina
La quille de l'USS North Carolina fut posée le 27 octobre 1937. Son lancement eut lieu le 13 juin 1940 et sa mise en service eut lieu le 9 avril 1941. Il était le premier cuirassé américain construit depuis ceux de la arbres propulseurs, un problèmes également rencontré sur l'USS Washington et d'autres navires comme le croiseur léger USS Atlanta. Plusieurs modèles d'hélices furent testés à bord de l'USS North Carolina dont des versions à quatre pales ou des versions modifiées de l'hélice originale à trois pales. Ces essais devant être réalisés en mer, le navire faisait de fréquents aller-retours entre le port de New York et l'océan Atlantique, ce qui lui valut le surnom de "The Showboat" (le navire de croisière)[48],[49],[50],[51].
Après une série de tests dans la mer des Caraïbes et une participation à divers exercices militaires, l'USS North Carolina emprunta le canal de Panama pour rejoindre le théâtre d'opération du Pacifique. Il rejoignit la Task Force 16 et escorta le porte-avion USS Enterprise durant la bataille de Guadalcanal. La bataille des Salomon orientales commença lorsque les porte-avions japonais furent repérés le 24 aout 1942. Les avions américains coulèrent le porte-avion léger Ryūjō mais l'aéronavale japonaise des porte-avions Shokaku et Zuikaku attaqua la Task Force 16. L'USS North Carolina abattit entre 7 et 14 appareils sans subir de gros dégâts mais l'USS Enterprise reçut trois bombes et fut gravement endommagé[49].
L'USS North Carolina rejoignit ensuite l'USS Saratoga et l'escorta lors de la bataille de Guadalcanal. Même s'il évita une torpille le 6 septembre, le cuirassé fut touché le 15 septembre. Sur les six torpilles tirées par le sous-marin japonais I-15, trois touchèrent l'USS Wasp, une heurta le destroyer USS O'Brien, une rata sa cible et la dernière toucha l'USS North Carolina. L'ogive de 300 kg toucha le navire sur bâbord à 6,1 m sous la ligne de flottaison juste derrière la tourelle 1. La torpille créa un trou de 9,8 m par 5 permettant à 990 t d'eau d'entrer dans le navire. Pour compenser il fut décider d'inonder une autre partie du navire avec 490 t d'eau ce qui tua cinq marins et en blessa vingt autres. Bien que l'USS North Carolina puisse encore naviguer à 44 km/h après l'explosion, il dut ralentir à 33 km/h pour s'assurer que les réparations temporaires ne cèdent pas. Les dégâts structuraux sous la première tourelle la rendait incapable de tirer sauf en cas de besoin immédiat et le principal radar tomba en panne. Comme il s'agissait du premier cuirassé moderne américain à être touché par une torpille, cela attira l'attention de nombreux officiers de la marine. Le système de défense anti-torpille avait manqué de céder près de l'une des zones les plus sensibles du navire (un magasin) et cela fut exploité par ceux qui considéraient que trop de protection avait été sacrifiée lors de la conception des navires. Le comité général demanda donc l'installation d'un saillant anti-torpille sur les deux derniers navires de la classe Iowa, l'USS Illinois et l'USS Kentucky afin de protéger les magasins. Cependant, le nouveau Bureau of Ships s'y opposa et aucune modification ne fut faite[49],[52],[53],[54].
Après des réparations dans la base de Pearl Harbor, l'USS North Carolina servit dans l'escorte des porte-avions USS Enterprise et USS Saratoga pour le reste de l'année 1942 et la plus grande partie de l'année 1943 alors qu'ils fournissaient un support aériens dans les Salomons. Dans le même temps, il reçut de nouveaux systèmes de contrôle de tir en mars, avril et septembre 1943 à Pearl Harbor. En novembre, l'USS North Carolina escorta l'USS Enterprise lors des attaques sur Makin, Tarawa and Abemama. Au début du mois de décembre, il bombarda Nauru avant de rejoindre le porte-avion USS Bunker Hill au large de Kavieng en Nouvelle-Irlande[49],[55].
L'USS North Carolina rejoignit la Task Force 38 en janvier 1944 au sein de laquelle il devint le navire amiral de l'amiral Willis A. Lee et offrit un soutien aux assauts aériens sur Kwajalein, Namur, Truk, Saipan, Tinian, Guam, Palau, Woleai et Hollandia. En avril, le cuirassé bombarda les installations défensives de Ponape avant de rejoindre Pearl Harbor pour réparer un gouvernail endommagé. Après ces réparations, l'USS North Carolina rejoignit l'USS Enterprise le 6 juin lors de l'attaque des îles Mariannes[49],[55].
À la fin du mois de juin, l'USS North Carolina fut l'un des navires américains qui participa au soi-disant "tir aux pigeons des Mariannes" où les japonais subirent des pertes catastrophiques. Des problèmes avec les arbres propulseurs le forcèrent à rejoindre le Puget Sound Naval Shipyard dans l'État de Washington où il subit plusieurs modifications importantes. Il retourna au service actif en novembre et à sa tache d'escorteur alors qu'il fut touché par un typhon. L'USS North Carolina protégea les porte-avions alors qu'ils fournissaient un soutien aérien aux forces d'invasion à Leyte, Luçon et dans les Visayas. Un nouveau typhon coula trois destroyers mais l'USS North Carolina continua son escorte lorsque l'aéronavale américaine attaqua Formose, l'Indochine, la Chine, les îles Ryūkyū et Honshu en janvier et février 1945. Durant la bataille d'Iwo Jima, il fournit un soutien d'artillerie aux troupes de débarquement[49],[56].
Durant l'invasion d'Okinawa, l'USS North Carolina assura la défense des porte-avions et réalisa des bombardements côtiers. Il abattit trois kamikazes le 6 avril mais fut touché par un obus ami de 127 mm ; trois marins furent tués et 44 furent blessés. Le navire abattit un avion le 7 avril et deux autres le 17. Après de nouvelles modifications réalisées à Pearl Harbor entre le 9 mai et le 28 juin, l'USS North Carolina poursuivit son rôle d'escorteur et participa aux bombardements côtiers sur les îles principales japonaises. Le 17 juillet, il bombarda la région industrielle d'Hitachi dans la préfecture d'Ibaraki avec les cuirassés corps des Marines furent débarqués pour participer à l'occupation du Japon. Après la capitulation du Japon, ces hommes rembarquèrent et le navire se rendit à Okinawa. Dans le cadre de l'opération Magic Carpet, des soldats montèrent à bord du navire pour être rapatriés aux États-Unis. L'USS North Carolina traversa le canal de Panama le 8 octobre et arriva à Boston le 17. Après des modifications au New York Naval Yard, il participa à des exercices militaires au large de la Nouvelle-Angleterre avant de devenir un navire d'entrainement dans la mer des Caraïbes[49].
L'USS North Carolina fut démissionné à Bayonne (New Jersey) le 27 juin 1947, il resta dans la flotte de réserve jusqu'au 1er juin 1960 lorsqu'il fut rayé des cadres du Naval Vessel Register. Le cuirassé échappa au ferraillage lorsqu'il fut racheté par l'état de Caroline du Nord le 8 aout 1961 pour la somme de 250 000 $. Il fut transféré à Wilmington où il devint un navire musée et un mémorial dédié aux citoyens de l'état qui moururent lors de la Seconde Guerre mondiale. Il fut inscrit sur le National Register of Historic Places et désigné comme National Historic Landmark le 1er janvier 1986. Il est aujourd'hui entretenu par l'USS North Carolina Battleship Commission[2],[49],[58].
USS Washington
La construction de l'Philadelphia Naval Shipyard. Le navire fut lancé le 1er juin 1940 et commissionné le 15 mai 1941. Après sa mise en service, le navire rencontra les même problèmes de vibrations sur les arbres propulseurs que son sister-ship et ces derniers ne furent résolus qu'après de nombreux tests sur l'USS North Carolina[50],[59],[60].
Le cuirassé fut finalement capable d'assumer un rôle actif dans la guerre et le contre-amiral John W. Wilcox, Jr. choisit l'USS Washington comme navire amiral de la Task Force 39. Le 26 mars 1942, l'USS Washington, le porte-avions USS Wasp, les croiseurs lourds USS Wichita et Home Fleet britannique. Durant le voyage, Wilcox tomba à la mer ; il fut ensuite retrouvé visage dans l'eau par le destroyer USS Wilson mais son corps ne put être récupéré du fait du mauvais temps. On ne sait pas exactement ce qui s'était passé ; il se pourrait qu'il ait été emporté par une vague mais des rumeurs indiquait qu'il souffrait de problèmes cardiaques. La flotte rejoignit le principal port de la Home Fleet à Scapa Flow en Écosse le 4 avril[59],[60],[61].
L'USS Washington et les autres navires de la Task Force 39 participèrent à des exercices avec la Home Fleet jusqu'à la fin avril. Avec d'autres navires britanniques, la flotte américaine quitta les îles britanniques pour escorter les convois alliés à destination de l'URSS à travers l'océan Arctique. Lors de cette mission, le cuirassé britannique HMS King George V heurta accidentellement un destroyer et le coupa en deux. L'USS Washington qui se trouvait juste derrière le navire britannique passa dans la même zone et fut endommagé par l'explosion des grenades anti-sous-marines. Les dégâts à la coque étaient très légers, se limitant à la fuite d'un réservoir de carburant mais de nombreux systèmes furent endommagés dont plusieurs radars et des disjoncteurs. Les navires américains rallièrent ensuite le port islandais de Hvalfjörður jusqu'au 15 mai puis ils rejoignirent Scapa Flow le 3 juin. Le lendemain, l'USS Washington accueillit le commandant des forces navales en Europe, l'amiral Harold R. Stark qui installa un quartier-général provisoire sur le navire. Le 7 juin, le roi George VI du Royaume-Uni inspecta le cuirassé[59],[61],[62].
L'USS Washington quitta l'Europe pour les États-Unis le 14 juillet avec une escorte de quatre destroyers ; à son arrivée au chantier naval de New York le 23, il subit une révision complète qui dura un mois. Le 23 aout, le navire quitta la Nouvelle-Angleterre et arriva dans l'archipel des Tonga où il devint le navire amiral de l'amiral Willis A. Lee. Au cours des mois suivants, l'USS Washington fut assigné à l'escorte des navires de transport à destination de l'île de Guadalcanal. Le 13 novembre, trois formations navales japonaises en route pour l'île furent repérées et l'une d'elle chercha à bombarder l'aérodrome d'Henderson Field pendant que la nuit la protégeait de l'aviation. La première force de bombardement japonaise fut repoussée par une force américaine composée de croiseurs et de destroyers. Le 14 novembre, les Japonais organisèrent une nouvelle attaque pour neutraliser l'aérodrome. L'USS Washington, l'USS South Dakota et quatre destroyers furent envoyés pour intercepter la flotte japonaise durant la nuit. La force japonaise composée des cuirassés Kirishima et Hiei, de deux croiseurs lourds, de deux croiseurs légers et de neuf destroyers coula trois destroyers américains et endommagea gravement l'USS South Dakota. Cependant, l'USS Washington ne fut pas repéré et son artillerie dirigée par radar coula un destroyer et pilonna le Kirishima. L'USS Washington tira 75 obus de 406 mm et 107 de 127 mm durant l'engagement ; neuf obus de 406 mm touchèrent le Kirishima qui fut grièvement endommagé et dut être sabordé le lendemain matin. Peu après la bataille les Japonais commencèrent à évacuer Guadalcanal[59],[63],[64].
Jusqu'en avril 1943, l'USS Washington resta près de sa base en Nouvelle-Calédonie et fournit une protection aux convois et aux groupes de combat qui participaient à la Campagne des îles Salomon. À Pearl Harbor, il subit une série de modifications avant de retourner dans la zone de combat à la fin du mois de juillet. Entre aout et la fin du mois d'octobre, l'USS Washington opéra autour de Éfaté. Avec quatre cuirassés et six destroyers, l'USS Washington forma le Task Group 53.2 et participa à des exercices avec les porte-avions USS Essex et USS Independence. Le Task Group 53.2 se rendit ensuite dans les îles Gilbert pour fournir un soutien d'artillerie. Au début novembre, l'USS Washington navigua jusqu'à Makin pour protéger les navires présents puis il se rendit à Banaba pour se préparer au bombardement de Nauru avec son sister-ship, tous les cuirassés de la Noël, l'USS Washington, l'USS North Carolina et quatre destroyers quittèrent Étafé pour des exercices. À la fin du mois de janvier, le navire rejoignit le Task Group 50.1 pour escorter les porte-avions qui attaquaient Tarao et Kwajalein. L'USS Washington bombarda également Kwajalein le 30 janvier[59],[65].
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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Classe North Carolina de Wikipédia en français (auteurs)
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