- Bataille Navale De Guadalcanal
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Bataille navale de Guadalcanal
Pour les articles homonymes, voir Guadalcanal (homonymie).Bataille navale de Guadalcanal
Ecrasement de deux avions japonais pendant la bataille navale de Guadalcanal, 12 novembre 1942 Informations générales Date 13 au 15 novembre 1942 Lieu Guadalcanal, îles Salomon Issue Victoire Alliée Belligérants États-Unis
Australie
Nouvelle-ZélandeEmpire du Japon Commandants Amiral William F. Halsey
contre amiral Daniel J. Callaghan
contre amiral Willis A. LeeAmiral Isoroku Yamamoto
contre amiral Hiroaki Abe
vice amiral Nobutake KondoForces en présence 2 cuirassés
5 croiseurs
8 destroyers2 cuirassés
4 croiseurs
16 destroyersPertes 2 croiseurs
7 destroyers
2 000 hommes2 cuirassés
3 destroyers
11 bâtiments de transport
10 000 hommesSeconde Guerre mondiale - Pacifique Batailles Campagne des îles Salomon
Guadalcanal – Savo – Salomon orientales – Cap Espérance – Îles Santa Cruz – Carlson's patrol - Guadalcanal (navale) – Tassafaronga – Île de Rennell – Détroit de Blackett – Nouvelle-Géorgie – Golfe de Kula – Kolombangara – Golfe de Vella – Vella Lavella – Horaniu – Vella Lavella (navale) – Bougainville – Baie de l'Impératrice Augusta – Cap Saint-George
Guerre en Asie et dans le Pacifique
Campagnes d'Afrique et du Moyen-Orient
Campagnes de Méditerranée et d'Europe du Sud
La bataille navale de Guadalcanal est une bataille navale de la Guerre dans le Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale, qui a eu lieu du 13 au 15 novembre 1942 près de Guadalcanal.
Cette bataille, qui a opposé la marine impériale japonaise et la marine américaine, s'inscrit dans la suite d'affrontements de la Campagne des îles Salomon qui opposèrent les forces japonaises et alliées pour le contrôle des eaux de Guadalcanal duquel dépendait la capacité de débarquer des troupes nouvelles sur l'île et de gagner la bataille terrestre de Guadalcanal.
Au cours d'une série d'affrontements pendant les trois jours que la bataille dura, les belligérants perdirent plusieurs bâtiments dans le fond de ferraille. Quoique les Américains perdirent plus de navires, les Japonais avaient perdu notamment deux cuirassés et une série de transports de troupes et de ravitaillement qui était destinés aux troupes japonaises sur Guadalcanal.
Cette bataille marque la fin des efforts japonais pour contre-attaquer sérieusement à Guadalcanal.
Sommaire
Contexte
La dernière tentative de l'amiral Isoroku Yamamoto de débarquer des troupes à Guadalcanal pour réduire les Américains présents sur place et capturer l'aérodrome de Henderson s'était soldée par un échec lors de la bataille des îles Santa Cruz le 26 octobre, malgré les importantes pertes américaines lors de cette bataille.
Décidé à faire encore une tentative, Yamamoto ne disposait plus que du Junyo en termes de porte-avions. Même si en face de lui ne se trouvait plus que l'Enterprise (quoique celui-ci était en réparation après les dégâts subis lors de la bataille des îles Santa Cruz), les eaux de Guadalcanal étaient trop dangereuses de jour du fait de l'aviation de Henderson.
Yamamoto assembla donc un puissant Tokyo Express dont il donna le commandement au contre amiral Hiroaki Abe. Accompagné des cuirassés Hiei et Kirishima, le convoi prit la voie habituelle du Tokyo Express le long de la rainure.
Les cuirassés étaient armés d'obus à fragmentation pour le bombardement des côtes, les obus pouvant se fragmenter en 470 munitions incendiaires individuelles qui auraient un effet dévastateur sur l'aérodrome de Henderson.
Yamamoto avait émis ses ordres le 8 novembre et, grâce aux décodeurs américains, ceux-ci parvinrent en clair au COMSOPAC, le vice Amiral William F. Halsey, le 9 novembre à Nouméa. Halsey, avec son agressivité coutumière, décida que la meilleure défense était une bonne offensive. Il donna l'ordre au contre amiral Richmond Turner d'organiser celle-ci.
Au matin du 12 novembre, la flotte américaine gagna la course lorsque 8 transporteurs accompagnés de leur escorte, arrivèrent dans les eaux de Guadalcanal. Les Japonais répliquèrent par une attaque aérienne massive d'avions venant de leur base de Rabaul.
Les escadrilles de Henderson répliquèrent aussitôt, et en huit minutes de combat, 11 bombardiers et un chasseur japonais étaient abattus, contre 3 chasseurs américains. Un destroyer, le Buchanan, fut touché, ainsi que le croiseur lourd San Francisco. Les Américains purent alors débarquer sans encombre le 182e Régiment d'Infanterie ainsi que du ravitaillement pour les troupes à terre.
Au cours de l'après-midi, tandis que l'escadre de Abe descendait le détroit de Nouvelle-Géorgie, le temps se gâta, et lorsque Abe arriva le 13 novembre vers 1h00 à hauteur du fonds de ferraille entre Guadalcanal et Savo, il pleuvait à verse.
12 au 13 novembre 1942
Tandis que le convoi américain quittait les Salomon, le contre amiral Turner avait détaché de celui-ci une force, le Task Group 67.4, constituée de deux croiseurs lourds (San Francisco, Portland), trois croiseurs légers (Atlanta, Helena, Juneau) et huit destroyers, afin d'attendre l'escadre japonaise.
Afin de diriger l'escadre, Turner devait choisir entre le contre amiral Norman Scott et le contre amiral Daniel J. Callaghan. Scott avait une expérience au combat que Callaghan n'avait pas, puisqu'il avait commandé l'escadre qui avait gagné la bataille du Cap Espérance. Pourtant, Callaghan était plus ancien que Scott et reçut donc le commandement du Task Group à bord du San Francisco, tandis que Scott, à bord de l'Atlanta, servirait en tant que surnuméraire.
Tandis que Abe se positionnait par rapport à Guadalcanal pour bombarder l'île et l'aérodrome, Callaghan se rapprochait de lui venant du sud-est.
L'escadre de Callaghan était sur une ligne, précédée par quatre destroyers. Suivaient les croiseurs, le San Francisco en premier, et le reste des destroyers.
Quoique Callaghan ne communiqua pas à ses navire la tactique qu'il comptait employer, il semble qu'il voulait barrer le T à l'escadre japonaise. Quoi qu'il en soit, le radar de piètre qualité dont il disposait à bord du Sans Francisco ne lui permettait d'évaluer ni la course, ni la vitesse, ni la position exacte de l'escadre japonaise vers laquelle il se dirigeait à toute vapeur.
Le temps était tellement mauvais que les forces en présence ne se rendirent compte de la présence l'une de l'autre que lorsqu'elles se croisèrent à 1h48. A environ 2 000 mètres l'une de l'autre, l'engagement fut une mêlée brève, désorganisée et meurtrière au cours de laquelle de sérieux dommages furent subis de part et d'autre. Un des officiers l'ayant vécue l'a comparée à une "bagarre de bistrot après que les lumières se soient éteintes".
Le premier échange eut lieu entre le cuirasser léger Atlanta et un destroyer japonais. Légèrement touché, ce dernier lança des torpilles qui endommagèrent gravement l'Atlanta.
Les premiers bateaux de la ligne de Callaghan étaient quasiment en contact avec les bateaux japonais. Un premier destroyer, le Cushing, tira sur le puissant Hiei six torpilles qui manquèrent leur but. Dans les instants qui suivirent, le Cushing fut touché par une salve des canons de 14 pouces du Hiei et dut être abandonné.
Le second destroyer, le Laffey fut littéralement désintégré après avoir réussi à causer des dommages mineurs aux superstructures du Hiei (blessant Abe et tuant son second).
Le troisième, le Sterett, subit de graves dommages mais réussit à couler un destroyer japonais.
Le croiseur amiral, le San Francisco, qui tentait de tirer sur le Hiei, atteignit accidentellement l'Atlanta déjà endommagé, détruisant ses superstructures et tuant le contre amiral Scott. Devant ce chaos, les ordres de Callaghan se résumèrent à "Donnez leur l'enfer, nous voulons les gros". Le Hiei atteignit alors le San Francisco avec plusieurs bordées, le réduisant à l'état d'épave dérivante et tuant le contre amiral Callaghan et la quasi-totalité de son état-major.
Le croiseur Portland, quant à lui, reçut une torpille qui bloqua son gouvernail. Ingouvernable, il se mit à tournoyer à tribord.
D'autres destroyers, japonais et américains furent coulés ou endommagés, cependant que le Hiei recevait une pluie d'obus de petits calibres qui ne pouvaient percer son blindage principal mais causaient des dommages importants dans ses superstructures. Au moins un obus de 8 pouces du San Francisco avait cependant causé une voie d'eau importante et son gouvernail était faussé.
A 2h00, Abe donna l'ordre de la retraite. L'accord de Yamamoto arriva vers 3h30: le bombardement était annulé. A peu près au même moment, le capitaine Gilbert Hoover du croiseur léger Helena se rendit compte qu'il était l'officier survivant le plus haut en grade, et que c'était lui par conséquent qui commandait ce qui restait du Task Group. A 2h26, il ordonna lui aussi la retraite.
Pour les Américains, les résultats étaient terribles. Tous les croiseurs avaient été sévèrement endommagés. Deux d'entre eux finirent pas couler: l'Atlanta dût être sabordé, le Juneau étant torpillé et coulé le lendemain par un sous-marin japonais alors qu'il faisait route vers le sud. Quatre destroyers avaient été coulés et d'autres diversement endommagés. 1 439 marins américains, y compris deux contre amiraux, avaient perdu la vie.
Les japonais n'avaient perdu qu'un destroyer dans la bataille, mais à l'aube, trois bâtiments japonais peinaient à s'éloigner de Guadalcanal et furent des proies faciles. Le destroyer Amatsukaze fut attaqué par des bombardiers mais réussit à s'enfuir. Le destroyer Yudachi fut coulé par le destroyer américain Portland, tandis que le Hiei qui s'éloignait avec difficulté était attaqué à plusieurs reprises pas des Avengers de Henderson, des Dauntless de l'Enterprise encore endommagé et des Boeing B-17 venant d'Espiritu Santo. Finalement, le Hiei fut sabordé vers 18h30. C'était le premier cuirassé japonais coulé de la Guerre du Pacifique.
L'amiral Abe revendiqua une victoire, mais stratégiquement, il s'agissait d'une défaite aux yeux de Yamamoto, puisque l'objectif de la mission n'avait pas été atteint. Abe passa en cour martiale, et fut retiré du service.
S'il s'agissait d'une victoire stratégique pour les américains, celle-ci avait été acquise à un prix excessivement élevé. Callaghan étant mort, le premier responsable du désastre ne pouvait plus être inquiété.
13 au 14 novembre 1942
Un débarquement japonais sur Guadalcanal était prévu pour le 13 novembre, mais les 11 transports de troupe et 12 destroyers, commandés par le vice Amiral Gunichi Mikawa, qui devaient déposer 12 000 soldats japonais sur Guadalcanal, furent retardés afin de coordonner le débarquement avec une seconde tentative de bombardement de l'île le lendemain.
Rétrospectivement, Yamamoto commit là une lourde erreur : plus aucun navire américain ne se trouvait dans les parages, alors que Halsey tentait de rassembler une nouvelle Task Force. Deux croiseurs japonais détachés de l'escadre de Mikawa, le Suzuya et le Maya, bombardèrent d'ailleurs l'aérodrome de Henderson la nuit du 13 au 14 sans être le moins du monde inquiété. Ils causèrent d'importants dégâts, mais Henderson reste opérationnel.
L'amiral Halsey quant à lui commençait à manquer de navires. Il détacha donc les cuirassés rapides Washington et South Dakota du groupe de support de l'Enterprise, plus quatre destroyers, pour former la Task Force 64 sous le commandement de l'amiral Willis A. Lee.
Cette Task Force arriva dans les eaux de Guadalcanal le matin du 14 novembre, se postant prudemment à environ 150 kilomètres au sud de l'île, surveillant la zone au radar.
Pendant ce temps, les navire japonais survivants du premier engagement, dont le cuirassé Kirishima, auxquels s'étaient adjoints de nouveau bâtiments dont deux croiseurs lourds, le Atago et le Takao, sous les ordres du vice amiral Nobutake Kondo, s'approchaient de Guadalcanal avec 23 transports de troupe dont ceux de Mikawa.
Par ailleurs, l'Enterprise, encore en cours de réparation, s'était approché à environ 300 kilomètres de Guadalcanal afin d'offrir le support de ses escadrilles.
14 au 15 novembre 1942
Les avions de Henderson et de l'Enterprise décolèrent dès l'aube le 14 afin de tenter de repérer l'escadre de Kondo mais aussi pour poursuivre les deux croiseurs qui avaient bombardé Henderson la nuit d'avant.
A 9h30, ayant suivi la route des croiseurs, des Dauntless de l'Enterprise repérèrent l'escadre. Au cours d'une série de raid menés par les Dauntless, par des Avengers de Henderson et des Boeing B-17 venant d'Espiritu Santo, 14 des navires de transport sur 23 furent coulés. 450 hommes étaient morts, tandis que les survivants s'entassaient dans des destroyers transformés en transports de troupe.
Malgré le fait qu'il ne lui restait que 9 navires de transport, Kondo continua vers Guadalcanal.
Les deux camps semblaient clairement vouloir à toute force gagner la bataille pour les eaux de Guadalcanal.
L'après-midi du 14, l'amiral Lee ordonna à son escadre de faire mouvement en s'approchant de l'île prudemment, et atteignit l'île de Savo vers 20h00.
Le croiseur japonais Sendai fut le premier à apercevoir l'escadre américaine. Sur base de rapports erronés, Kondo pensa avoir affaire à deux croiseurs et des destroyers. Il scinda son escadre, envoyant une partie au sud avec le Sendai pour s'occuper des navires américains, tandis que lui-même faisait route vers Guadalcanal avec les transports restants. A 23h00, le Washington détecta les trois navires. 15 minutes plus tard, une première salve du Washington endommagea gravement le Sendai tandis que le South Dakota coulait un destroyer, le Shikinami.
Les destroyers de Lee attaquèrent ensuite ceux de Kondo et furent tous coulés, mais la force de frappe essentielle était sauve, et Lee, suivi par le second cuirassé, le South Dakota, fonça vers l'escadre restante de Kondo, et vers le cuirassé Kirishima.
Le South Dakota, qui avait des problèmes électriques, subit alors des tirs intensifs de la part de trois bâtiments japonais et, touché par 42 obus, fut gravement endommagé.
A ce moment, le Washington restait virtuellement le dernier rempart entre Kondo et Guadalcanal.
Manœuvrant habilement au milieu des épaves en feu, Le Washington réussit à se faufiler sans être repéré par les navires japonais qui concentraient leur attention sur le South Dakota. Il réussit à s'approcher suffisamment de Kondo et juste après minuit le 15 novembre, alors que le Kirishima faisait mouvement vers Guadalcanal, il trouva le Washington sur sa route. En 7 minutes, 75 obus de 16 pouces le transformèrent en une épave flottante. Le Kirishima et le destroyer Ayanami furent sabordés le matin suivant.
Tandis que le South Dakota, gravement endommagé, s'éloignait, Le Washington était maintenant poursuivi par le reste de l'escadre de Kondo. Cependant, Kondo ordonna rapidement que ses navires protègent les transports. Lee décida que sa mission était un succès et qu'il avait assez joué avec la chance, il décida de se retirer.
A 3h25, le Kirishima coulait au large de Savo, le deuxième cuirassé que le Japon perdait en deux jours.
A 4h30, quatre navires de transport réussirent à débarquer 2 000 hommes, mais leur matériel avait été détruit. Il y avait à présent 32 000 soldats japonais sur Guadalcanal.
Les destroyers américains Walke et Preston furent coulés, tandis que le Benham fut tellement endommagé qu'il fut finalement sabordé en route pour Nouméa.
En tout, les japonais avaient perdu un cuirassé, 5 croiseurs et 5 destroyers. Outre les 249 tués pendant la bataille, près de 9 000 hommes avaient péri dans les transports de troupe coulés. Les États-Unis avaient perdu 2 croiseurs légers et 6 destroyers.
Suites de la bataille
Les Japonais avaient envoyé un convoi de 12 000 hommes avec équipement complet à Guadalcanal. 2 000 furent débarqués avec 260 caisses de munition et 1 500 sacs de riz, soit 4 jours de réserve.
Kondo ne reçut pas d'éloges de Yamamoto, malgré ses prétentions d'avoir coulé deux cuirassés américains. Yamamoto décida alors de recommander d'abandonner Guadalcanal et de concentrer les forces vers l'ouest de l'archipel, en particulier Bougainville.
La bataille navale de Guadalcanal fut la dernière tentative japonaise de conserver Guadalcanal et de contester aux Américains les eaux de l'île. A partir de maintenant, le Tokyo Express roulerait en sens inverse, tandis que les Japonais tenteraient d'évacuer Guadalcanal en bon ordre. La résistance japonaise sur Guadalcanal prit définitivement fin le 9 février 1943.
Un rapport militaire japonais établi avant la bataille estimait que "le succès ou l'échec dans la reconquête de Guadalcanal et la bataille navale vitale que cette reconquête implique, constituent un carrefour de la guerre, l'un menant à la victoire, l'autre à la défaite".
On ne pouvait mieux dire. Effectivement, pour la première fois, l'Empire reculait. S'il y eut beaucoup de batailles décisives au cours de cette guerre, celle de Guadalcanal marquait un véritable tournant.
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Naval Battle of Guadalcanal ».
Voir aussi
- Les frères Sullivan, cinq marins issus d'une même fratrie qui périrent lors du naufrage de l'USS Juneau
Liens externes
- http://perso.wanadoo.fr/ww2/prem_guad.htm
- http://history1900s.about.com/library/prm/blforkintheroad1.htm
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