- Grenade anti-sous-marine
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Une grenade anti sous-marine (anglais : depth charge) est une charge anti sous-marine destinée à exploser près d'une cible pour la couler. La plupart de ces grenades sont réglées pour se déclencher à une profondeur prédéterminée. Certaines ont même été conçues pour utiliser des ogives nucléaires. Ces armes peuvent être déployées par les navires, par les sous-marins et par les avions.
Sommaire
Historique
Le concept de « mine larguée » a été discuté dès 1910. En 1911, une tentative est faite en faisant exploser 2 charges sous-marines au voisinage du sous-marin Holland n°2. Cet essai montre qu'une explosion sous-marine peut être une grave menace pour un submersible. Reste cependant à trouver le moyen de placer la charge suffisamment près de la cible. L'idée est réalisée quand l'Amirauté britannique demande sa mise en production en 1914.
La Première Guerre mondiale
L'arme est dessinée à l'école de torpillage de la Royal Navy, nommée HMS Vernon à Portsmouth.
Le premier modèle[1], le type D n'est disponible qu'en 1919. En forme de barrique, il existe en deux tailles, l'une de 140 kg et l'autre de 55 kg. Selon sa vitesse, un navire trop lent, utilisant la charge la plus lourde, risquant de subir les effets de l'explosion, le navire qui utilise cette arme sera doté de l'un ou l'autre modèle. L'explosif utilisé est le TNT.
La charge est mise à feu par un « pistolet » actionné par la pression de l'eau. La résistance de la « gâchette » est préréglée. Les profondeurs à choisir pour l'explosion sont de 12 ou 24 mètres.
Les premiers navires chargés de la lutte anti-sous-marine emportent deux charges, qui sont larguées par la poupe.
Le premier succès est enregistré la 22 mars 1916, quand le U-68 est coulé au large de Kerry (Irlande) par le Q-ship Farnborough.
Les Allemands découvrent l'existence de cette nouvelle arme après les attaques infructueuses des U-67 (15 avril 1916) et U-69 le 20 avril 1916. Cette même année, seuls UC-19 et UB-29 seront victimes de grenadages[2].
Le nombre de grenades embarquées passe de 2 à 4 en juin 1917, à 6 en août, et à 30-40 en 1918. Des mises à feu améliorées vont permettre d'atteindre des profondeurs de 200 mètres, par paliers de 15 mètres. À la fin de la guerre, on arrivera à une profondeur moyenne d'opération de près de 91 mètres.
Le temps que la grenade atteigne ces profondeurs plus importantes permet même aux navires les plus lents d'utiliser les grenades les plus lourdes, sans risque pour lui-même. La grenade de 55 kg disparaît en conséquence. En 1917 sont larguées de 100 à 300 grenades par mois. En 1918, pendant les six derniers mois de la guerre, ce sera une moyenne mensuelle de 1 745 grenades utilisées[3].
L'efficacité de cet engin attire l'attention des États-Unis. Ceux-ci demandent la communication de l'ensemble des plans britanniques. Les ayant reçus, le Commander Fullinwider du Bureau of Naval Ordnance et l'ingénieur Minkler y apportent quelques modifications et font breveter le résultat[4].
La Seconde Guerre mondiale
En 1939, la grenade type D est renommée mark VII par les Britanniques. Elle plonge à une vitesse de 2,1 à 3 mètres par seconde, pour une profondeur atteinte de 76 mètres.
Fin 1940, la grenade reçoit un lest de 68 kg pour augmenter sa vitesse de descente à 5,1 m/s. Elle contient maintenant 132 kg d'Amatol. Le système de mise à feu autorise une profondeur maximum de 900 pieds.
Il n'est pas nécessaire de toucher directement la cible, l'eau se comprimant très mal, les ondes de choc des explosions se propagent à bonne distance sans perdre de leur force.
La charge explosive est jugée capable de déchirer une coque épaisse de 2,2 cm d'acier en éclatant dans un rayon de 6 mètres de sa cible. À 12 mètres de distance, les dégâts devraient obliger le sous-marin à faire surface. En 1942, le remplacement de l'Amatol par du Torpex (ou Minol) porte ces distances à respectivement 7,9 et 15,8 mètres[5].
Un autre modèle est la Mark X britannique. D'un poids de 1 383 kg, elle est lancée d'un tube lance-torpille classique (533 mm) ; elle coule à une vitesse de 6,4 m/s. La puissance de l'explosion impose au navire lanceur une vitesse minimum de 11 nœuds pour éviter tout dégât[5].
Le modèle américain Mark 9, profilé en forme de goutte d'eau, entre en service au printemps 1943. La charge est de 91 kg de Torpex ; sa vitesse de descente est de 4,4 m/s, elle peut atteindre 600 mètres de profondeur.
Les versions suivantes permettront d'atteindre 305 mètres ; la vitesse passant à 6,9 m/s grâce à un nouveau profilage et un poids accru[6].
Si l'explosion de grenades sous-marines modèle standard de 270 kg à proximité était nerveusement éprouvante pour l'équipage d'un sous-marin, la coque ne risquait rien si l'explosion se produisait en dehors d'un rayon de 5 mètres. Il fallait compter sur la malchance pour que le navire ennemi place une de ses grenades à une distance suffisamment proche. De plus, le sous-marin pouvait manœuvrer et se trouver hors de la zone visée par les grenades.
La plupart des sous-marins coulés par grenadage le furent par accumulation de petits dégâts plutôt que par une seule charge bien placée. Nombreux furent les U-Boot à survivre à des heures de grenadages, comme U-427 qui, en avril 1945, résiste au tir de 678 grenades (dont nombre éclatèrent à grande distance, visée imprécise ou simplement pour contraindre le sous-marin à rester discret).[réf. nécessaire]
Lanceurs
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