- Convois de l'arctique
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Convois arctiques
Les convois arctiques sont des convois maritimes de la Seconde Guerre mondiale qui reliaient le Royaume-Uni et les États-Unis aux ports arctiques de l'Union soviétique, Arkhangelsk et Mourmansk. 78 convois ont navigué entre août 1941 et mai 1945, avec deux interludes de juillet à septembre 1942, et de mars à novembre 1943. Environ 1 400 cargos ont livré du matériel vital à l'URSS selon les termes du programme Lend-Lease. Les pertes s'élèvent pour les Alliés à 85 navires marchands et 16 navires de la Royal Navy (2 croiseurs, 6 destroyers et 8 escorteurs de moindre tonnage), et pour les Allemands à un croiseur de bataille, trois destroyers et au moins 30 sous-marins de la Kriegsmarine, sans compter un nombre considérable d'avions.
Sommaire
Organisation des convois
Après le premier convoi qui n'avait pas de numéro, mais simplement le nom de code de Dervish, les convois arctiques ont navigué en deux séries: les premières séries PQ (à l'aller) et QP (au retour) courent de septembre 1941 à septembre 1942. Ces convois navigaient deux fois par mois, mais sont interrompus à l'été 1942 après le désastre du PQ17, et encore une fois à l'automne après le dernier convoi de la série, le PQ18.
La deuxième série, JW (à l'aller) et RA (au retour) navigue de décembre 1942 jusqu'à la fin des hostilités, avec deux interruptions majeures pendant les étés 1943 et 1944.
Les convois partaient d'Islande (en général depuis Hvalfjörður), passaient au nord de l'île Jan Mayen, et arrivaient à Arkhangelsk lorsque l'état des glaces le permettait pendant les mois d'été ; dans le cas contraire, le convoi se détournait vers le Sud et arrivait à Mourmansk. Après septembre 1942, les convois s'assemblent et partent depuis le Loch Ewe, en Écosse.
Les convois aller et retour étaient prévus pour naviguer simultanément. Une escorte littorale accompagnait les navires marchands au port et restaient dans la région, pendant d'une force de haute mer comprenant des unités lourdes protégeaient contre des raids de navires de surface de l'Axe, comme le Tirpitz. Ces unités accompagnaient le convoi de l'aller jusqu'à un point donné, où elles faisaient jonction avec le convoi de retour qu'elles raccompagnaient jusque dans la zone de la défense littorale.
La route maritime, qui contournait la Norvège occupée pour joindre les ports soviétiques, était particulièrement dangereuse à cause de la proximité des bases de l'aviation, de la marine de surface et des sous-marins allemands, mais aussi à cause de la météo : brouillard, courants, thermoclines obhérant l'efficacité de l'ASDIC, glaces flottantes, et danger du trafic maritime dense dans l'obscurité la nuit, et la menace des attaques le jour.
Convois notables
- Dervish, assemblé à Hvalfjörður le 21 août 1941, et arrivé à Arkhangelsk dix jours plus tard. C'était un relativement petit convoi, comprenant seulement 6 navires marchands: les cargos Lancastrian Prince, New Westminster City, Esneh, Trehata, le vieux Llanstephan Castle, le ravitailleur d'escadre Aldersdale et le cargo hollandais Alchiba. Le convoi était sous l'autorité du capitaine de vaisseau JCK Dowding, de la réserve de la Royal Navy. L'escorte se composait des dragueurs de mine océaniques HMS Halcyon, Salamander et Harrier, des destroyers HMS Electra, Active et Impulsive, et des chasseurs de sous-marins auxiliaires (chalutiers armés) HMS Hamlet, Macbeth et Ophelia. Témoignage de la maîtrise de la propagande de Churchill, Llanstephan Castle embarquait deux journalistes et l'artiste Félix Topolski.
- Le 30 mai 1942, les navires survivants du PQ16 arrivent à Mourmansk, sauf 8 navires qui accostent à Arkhangelsk. Le convoi emporte une telle quantité de matériel que les Allemands redoublent d'effort pour intercepter les convois suivants. Les transporteur de colis lourds du PQ17, comprenant Empire Elgar, restent à Arkhangelsk et Moltovosk pour décharger des convois pendant 14 mois.
- En juillet 1942, le PQ17 endure les pertes des plus sévères qu'aucun convoi n'encaisse de toute la Seconde Guerre mondiale: harcelé par les avions et les sous-marins allemands, le convoi reçoit l'ordre de se disperser après qu'un groupe de bataille comprenant le Tirpitz prend la mer pour l'intercepter. Seuls 11 des 35 navires marchands percent la nasse des bombardiers et des U-Boat. L'aventure inspire à Alistair Maclean son premier roman, H. M. S. Ulysses.
- La bataille de la Mer de Barents : en décembre 1942, les forces de surface allemandes, comprenant les croiseur lourd Admiral Hipper et le cuirassé de poche Lützow, prennent la mer pour intercepter le JW51B. Elles sont repoussées par une force combinée de croiseurs et de destroyers.
- La bataille du Cap Nord: en décembre 1943, le JW55B se fait attaquer par le Scharnhorst. Le HMS Duke of York et ses escorteurs l'engagent et le coulent pendant une bataille de nuit.
Impact stratégique
Les convois arctiques bouleversent les dispositifs navals des deux camps durant la bataille de l'Atlantique, affectant les autres théâtres de la guerre. Des raids de destroyers sur les installations côtière allemandes et le raid de commando sur Vaagso incitent Hitler à penser qu'une nouvelle invasion britannique de la Norvège se prépare. Additionné au besoin évident d'intercepter les convois de ravitaillement de l'URSS, cela le mène à détourner ses plus grands navires de guerre vers la Norvège, notamment le Tirpitz. L'opération Cerberus allemande est entreprise dans cette perspective.
Comme « flotte de fait », le Tirpitz et les autres grands navires de guerre allemands suffisent à lier les mains de la Royal Navy en maintenant dans la région des navires qui auraient pu autrement renforcer les forces en lutte contre les Japonais dans l'océan Indien.
Les succès des Gneisenau et Scharnhorst pendant l'opération Berlin du début du 1941 font la démonstration du potentiel allemand. Toutefois, à mesure que la couverture aérienne alliée s'étend à tout l'Atlantique Nord, que les équipements de radio-triangulation se perfectionnent, que le radar centimétrique entre en service, et que les convois reçoivent la protection de porte-avions d'escorte, les possibilités d'attaquer les convois s'amenuisent.
Excepté une tentative avortée de bloquer le PQ12 en mars 1942 et le raid sur Spitsbergen en september 1943, le Tirpitz passe toute la guerre dans les fjords norvégiens, harcelé par les Britanniques, et se fait finalement couler par la RAF le 12 novembre dans le fjord de Tromsø. Les autres grands navires de la Kriegsmarine n'atteignent jamais la Norvège (c'est le sort du Gneisenau), sont refoulés, ou se font couler par des forces supérieures (c'est le sort du Scharnhorst). En particulier, pendant la bataille de la Mer de Barents, qui constitue un attaque ratée contre le JW51B, une force concentration allemande ne parvient pas à défaire une escorte britannique composée de croiseurs et de destroyers, à la fureur de Hitler; cela induit un changement d'accent des forces de surface vers les forces sous-marines. Certains grands navires sont physiquement démantelés et leur armement utilisé pour la défense côtière.
Léningrad assiégée devient l'une des destinations importante des convois. Les ravitaillements de nourriture contribuent à la survie de la population, et les munitions à la défense de la ville. À partir de 1941, ces ravitaillements atteignent la ville par trains, par barges, et par camions. Ils sont la cible de bombardements aériens et des tentatives du détachement naval K, qui ne parvient à détruire qu'une seule barge pendant toute la durée de ses opérations. À l'insistance de Staline, et alors que les Soviétiques ont depuis longtemps retourné la situation, les convois continuent pour leur valeur symbolique jusqu'à la fin de la guerre.
Rôle du renseignement
Les renseignements « ULTRA » obtenus par le cassage du code Enigma à Bletchley Park jouent un rôle important dans le succès des convois. Si l'action préventive n'est pas toujours possible, les renseignements aident la Royal Navy à être sur le pied de guerre aux moments opportuns. L'interception et la destruction du Scharnhorst sont rendus possibles en partie grâce à ULTRA.
Culture populaire
Cinéma
- Convoi vers la Russie, 1943
Dans la littérature
Plusieurs romans importants décrivent les convois arctiques: HMS Ulysses, publié en 1946 par Alistair MacLean, et The Captain publié en 1967 par Jan de Hartog. En 1973, Valentin Pikul publie Réquiem pour le convoi PQ17 (Реквием каравану PQ-17).
Liens externes
- MOD veterans' agency
- German account of Rösselsprung
- Soviet account on the war in Arctic and the convoys (par l'amiral Nikolaï Kouznetsov)
- Naval History.net
- The Quiet Courage of Chief Steward Horace Carswell DSM, MM, BEM during Convoy PQ.17
- Coxswain Sid Kerslake of armed trawler "Northern Gem" and the Russian Convoys
- Convoy PQ.17, a primary source diary and supporting material by Jack Bowman, ERA aboard HMS La Malouine.
- Lend-Lease, Northern Convoys from the Voice of Russia website
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