Écoles normales supérieures (France)

Écoles normales supérieures (France)

École normale supérieure (France)

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En France, une école normale supérieure ou ENS est une école de la fonction publique assurant la formation de chercheurs et d'enseignants[1] dans les disciplines littéraires, scientifiques et technologiques. Leur appellation les différencie des anciennes écoles normales d'instituteurs, aujourd'hui rebaptisées Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM).

Lorsque le terme est utilisé sans précision, il s’agit généralement de l’École normale supérieure, rue d'Ulm à Paris. Aussi appelée Normale Sup' ou Ulm, c'est la plus ancienne des ENS dans le monde.

Il existe actuellement en France trois autres écoles appelées Normale Sup' : l’École normale supérieure de Cachan (couramment appelée Cachan), l’École normale supérieure de Lyon (couramment appelée Lyon) et l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud de Lyon (couramment appelée ENS lettres et sciences humaines ou ENS-LSH, et installée à Lyon), ces deux dernières étant issues du déménagement des ENS de l'enseignement primaire de Saint-Cloud et de Fontenay-aux-Roses.

L'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, dite ENS-LSH depuis son déménagement à Lyon, et École normale supérieure de Lyon sont distantes d'une centaine de mètres.

La plus grande des ENS en termes d'effectifs est l'École normale supérieure de Cachan. Aussi appelée Normale Sup' Cachan ou Cachan, elle est la seule des quatre écoles normales supérieures à exercer ses missions à la fois dans les disciplines technologiques, scientifiques, littéraires et de gestion. Depuis la création des "sections normales" (ancêtres de l'ENS Cachan) en 1891, l'École normale supérieure de Cachan n'a cessé d'affirmer sa spécificité dans la notion de « science pratique », à savoir la mobilisation des disciplines dans l'action, l'organisation, la poursuite d'applications concrètes et le souci d'innovation - par opposition à la "science pure" motivée par la seule quête du savoir. L'ENS Cachan est un des acteurs majeurs du Projet Campus sur le Plateau de Saclay déclaré Opération d'Intérêt National.

L’École normale supérieure rue d'Ulm est actuellement classée deuxième établissement d'Europe continentale par le Times Higher Education Supplement[2] et première grande école française par le classement de l'université Jiao-Tong de Shanghai où, en 2008, elle occupe le 73ème rang mondial. [3].{Dans ce classement, elle occupe le troisième rang des universités/écoles françaises, précédée par les Universités de Paris 6 et Paris 11.} L'École normale supérieure de Lyon a été classée en 2008 premier établissement français en Sciences Dures (sciences fondamentales) par l'Institut Montaigne, sur la base de ses équipes de laboratoires de recherche de niveau international[4].

Considérées comme appartenant aux grandes écoles les plus sélectives, les ENS françaises sont placées sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur.


Vue de la cour aux Ernests, École normale supérieure, rue d'Ulm à Paris
École normale supérieure de Cachan : bâtiment d'Alembert

Sommaire

Histoire

De l'École normale à la rue d'Ulm

La première école, l’École normale de l’an III, est créée — sur l’impulsion de Dominique Joseph Garat, qui en fut l’initiateur, de Joseph Lakanal et du Comité d'instruction publique — le 30 octobre 1794 (9 brumaire an III) à Paris par la Convention qui décrète que

(article 1er) Il sera établi à Paris une École normale, où seront appelés, de toutes les parties de la République, des citoyens déjà instruits dans les sciences utiles, pour apprendre, sous les professeurs les plus habiles dans tous les genres, l’art d’enseigner.

L'école, prévue pour près de 1500 élèves[5], (contre environ 700 élèves-normaliens par année, de nos jours, pour l'ensemble des quatre Écoles normales supérieures) s'installe dans un amphithéâtre du Muséum national d'histoire naturelle, trop petit pour accueillir toute la promotion.

Rapidement fermée, elle réunit néanmoins des professeurs particulièrement brillants, marqués par l'esprit des Lumières, tels que les scientifiques Monge, Vandermonde, Daubenton et Berthollet ou les écrivains et philosophes Bernardin de Saint-Pierre et Volney.

Elle fut refondée par Napoléon en 1808 sous la forme d'un "pensionnat normal". Considéré comme un foyer de l'esprit libéral, il fut supprimé par Frayssinous en 1822.

L'ordonnance du 9 mars 1826 crée une École préparatoire, dans les locaux du collège Louis-le-Grand, puis du collège du Plessis à partir de 1828. À la faveur de la révolution de Juillet (1830), l'École préparatoire prend, par arrêté de Louis-Philippe, le nom d'« École normale » par référence à l'École normale de l'an III.

À l'occasion de l'instauration d'écoles normales primaires en 1845, l'École normale est rebaptisée École normale supérieure. C'est seulement en 1847 que l'École normale supérieure s'installe dans de nouveaux locaux, rue d'Ulm, dans le Ve arrondissement de Paris, tel que cela avait été décidé par la loi du 24 avril 1841.

Uniforme normalien.jpg

Les normaliens ont abandonné l'uniforme en 1849, ce dernier étant devenu inusité.

De la rue d'Ulm aux nouvelles ENS

De nouvelles écoles normales supérieures sont créées dans la lignée des réformes de Jules Ferry et de la loi Camille Sée (ouvrant aux filles l'enseignement secondaire public). Le 26 juillet 1881, en même temps que l'agrégation féminine, l’École normale supérieure de jeunes filles (ENSJF) de Sèvres est créée (qui déménagea à Paris, dans des locaux situés boulevard Jourdan, en 1940). Le 13 juillet 1880 et le 22 décembre 1882 sont fondées les écoles normales supérieures de l'enseignement primaire, à Fontenay-aux-Roses pour les jeunes filles et à Saint-Cloud pour les garçons. Elles sont destinées à former les professeurs des écoles normales d'instituteurs.

En 1904, l'École normale supérieure perd son autonomie et est réunie à l'Université de Paris.

Enfin, en 1891, les premières "sections normales" voient le jour. Elles sont annexées à différentes grandes écoles et ont pour but de former les maîtres de l’enseignement technique et des écoles spéciales, notamment : à l'École pratique du Havre, pour préparer au professorat dans les écoles pratiques de commerce et d'industrie de jeunes filles (décret du 11 juin 1891); à l'École des Arts et Métiers de Châlons-sur-Marne pour les écoles pratiques d'industrie (décret du 15 juin 1899); à l'École des Hautes Etudes Commerciales (HEC), pour la formation des professeurs de commerce et de langues étrangères des écoles pratiques de commerce (décret 21 juillet 1894) [6] [7] [8]. En 1912, un décret du 26 octobre regroupe à Paris les quatre sections normales (Châlons-sur-Marne, Paris, Lyon et Le Havre) sous le nom d’École normale de l'enseignement technique. Cette nouvelle école s’installe dans les locaux de l’École nationale supérieure d'arts et métiers. En 1932, elle est reconnue comme École normale supérieure de l'enseignement technique (ENSET), simultanément à la création des sections d’Art, de Lettres et de Langues en plus des domaines techniques. En 1956, l’ENSET s’installe sur le campus de Cachan au sud de Paris, construit par les architectes Roger-Henri Expert puis André Remondet qu’elle ne quitte plus (construction commencée en 1937 mais achevée uniquement en 1955).

En 1954, l'École normale supérieure de la rue d'Ulm recupère son autonomie en obtenant la personnalité civile et l'autonomie financière.

En 1985, suite aux lois de décentralisation, les écoles normales supérieures sont réorganisées et organisées selon un statut commun. Sous l'impulsion de la directrice de l'ENSJF, Josiane Serre, l'ENS (rue d'Ulm) et l'ENS de Sèvres fusionnent : il en résulte l'actuelle École normale supérieure (dont les bâtiments principaux sont toujours à Paris, rue d'Ulm, mais qui dispose également des anciens locaux de l'ENSJF, sur le boulevard Jourdan et à Montrouge). Les ENS de Fontenay et Saint-Cloud fusionnent également, mais se scindent peu après en deux : les sciences sont déménagées à Lyon en 1987 et forment l'ENS Lyon tandis que les lettres restent en région parisienne avant de déménager à leur tour à Lyon (en 2000, tout en restant séparées de l'ENS Lyon) pour former l'ENS de Fontenay-Saint-Cloud (ENS LSH). Quant à l'École normale supérieure de l'enseignement technique ou ENSET, elle devient l'École normale supérieure de Cachan ou ENS Cachan.

Il existe donc maintenant quatre écoles faisant partie du groupe des écoles normales supérieures sur le territoire français :

Les ENS à l'étranger

École Normale Supérieure de Pise (Italie)

Sur le territoire italien, Napoléon Ier a fondé l'ENS ou Scuola Normale Superiore de Pise (SNS), le 18 octobre 1810, « succursale » de l'École de Paris en Toscane, « pays qui a rendu des services essentiels aux sciences et aux arts ». Cette école, qui a survécu au Risorgimento, fut longtemps la seule grande école d'Italie. Elle a formé de très nombreux Prix Nobel et Présidents de la République italienne. Une convention la relie à sa sœur parisienne depuis 1988 et les échanges sont très nombreux entre les deux écoles, ainsi qu'avec les autres ENS françaises.

La Scuola superiore Sant'Anna de Pise et le Collège Eötvös de Budapest sont également construits directement sur le modèle de l'École de la rue d'Ulm et entretiennent des liens étroits avec elle[9] ainsi qu'avec les 3 autres ENS françaises. La Scuola superiore Sant'Anna de Pise provient d'ailleurs de la fusion en 1967 de la Scuola per le Scienze Applicate A. Pacinotti (fondée en 1951) et du prestigieux Collegio Medico-Giuridico entièrement transféré par la Scuola Normale Superiore à la Scuola superiore Sant'Anna de Pise.[10]

De par les disciplines qui y sont prises en compte, la Scuola superiore Sant'Anna de Pise est plus semblable à l’ENS Cachan qu’à la rue d'Ulm. La Scuola Normale Superiore de Pise en revanche ressemble davantage à l'ENS Ulm[11]. Il existe donc une certaine symétrie entre la vie des deux ENS parisiennes et celle des deux ENS pisantines : d'un côté les sciences pures et les lettres (ENS Ulm et SNS) et de l'autre les sciences appliquées, l'ingénierie, le droit et la gestion (ENS Cachan et SSSA).

Il existe par ailleurs de nombreuses ENS au Viêt Nam (Hanoï, Nha Trang et Tiền Giang), au Maghreb (Fès, Meknes, Tunis, Rabat, Casablanca, Marrakech, Tétouan, Bouzaréah, Constantine et Oran), en Afrique subsaharienne (Nouakchott, Bangui, Parakou, Libreville, Yaoundé, Dakar, Koudougou, Ndjamena et Niamey), à Madagascar (Tananarive) et en Haïti (Port-au-Prince), le plus souvent intégrées à des universités. Le présence du modèle académique des ENS est ici liée à l'implantation coloniale française. Certaines de ces ENS sont membres de l'Agence universitaire de la Francophonie.

Le modèle chinois des « universités normales » se rapproche de celui des ENS. L'Université normale de Chine de l'est (ECNU) a ainsi signé un partenariat avec les quatre écoles normales supérieures françaises, qui ont ouvert à cette occasion une antenne à Shanghai. Des universités normales chargées de la formation de professeurs existent par exemple à Canton (Chine du sud), à Pékin et à Nankin.

Missions et débouchés

La mission d'origine était de former des enseignants pour les différents degrés du système scolaire public français :

  • professeurs agrégés de l'enseignement du second degré pour la rue d'Ulm,
  • professeurs agrégés de l'enseignement féminin du second degré pour Sèvres,
  • maîtres des écoles normales d'instituteurs et inspecteurs de l'enseignement primaire pour Saint-Cloud et Fontenay-aux-Roses,
  • maîtres des écoles nationales professionnelles et des écoles spéciales pour l'ENSET de Cachan.

Dès le XIXe siècle cependant, la rue d'Ulm a eu pour mission principale de former des universitaires par la recherche. Les autres ENS ont été alignées progressivement sur son modèle et ont perdu ainsi la spécificité de leurs débouchés, Saint-Cloud et Fontenay-aux-Roses à la fin des années 1960 (avec notamment l'autorisation de préparer au concours d'agrégation) et Cachan en 1985.

Aujourd'hui, l'enseignement n'est plus l'unique débouché des ENS, et une partie des normaliens ne présente plus l'agrégation : les statuts actuels prévoient que les écoles normales supérieures '« préparent, par une formation culturelle et scientifique de haut niveau, des élèves se destinant à la recherche scientifique fondamentale ou appliquée, à l'enseignement universitaire et dans les classes préparatoires aux grandes écoles ainsi qu'à l'enseignement secondaire et, plus généralement, au service des administrations de l'État et des collectivités territoriales, de leurs établissements publics ou des entreprises. »'

L'importance relative de ces différents débouchés varie d'une ENS à l'autre et d'une discipline à l'autre.

Statuts et organisation administrative

Les écoles normales supérieures constituent une catégorie particulière d'établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPCSP). Elles jouissent de la personnalité morale de droit public. Elles sont soumises aux dispositions de l'article L. 716-1 du Code de l'éducation ; leurs statuts sont fixés par décrets en Conseil d'État.

Les ENS ont a leur tête un directeur, assisté d'un ou plusieurs directeurs adjoints, et de directeurs des études ou de la formation. Le directeur est nommé par un décret pris en Conseil des ministres, sur la proposition d'un comité d'experts. Elles sont administrées par un conseil d'administration et un conseil scientifique, chacun étant composé pour moitié de membres élus par les élèves et les différents personnels de l'École et pour moitié — y compris le président — de membres nommés par le ministre chargé de l'enseignement supérieur.

Les élèves acquièrent depuis une loi de 1948[12] la qualité de fonctionnaires stagiaires et reçoivent donc un traitement pendant la durée de leurs études (actuellement quatre ans) : le concours d'entrée est donc un concours de recrutement de la fonction publique ; en contrepartie, les élèves signent un engagement décennal par lequel ils s'engagent à travailler pendant dix ans (à compter de leur entrée à l'école) pour le compte de l'État, de ses collectivités, ou d'entreprises publiques. Il faut néanmoins préciser que tous les étudiants à l'ENS ne sont pas élèves normaliens, et il existe beaucoup d'autres statuts possibles.

Concours d’entrée et formation

médaillon de la porte principale, École normale supérieure, rue d'Ulm à Paris

Le recrutement principal des élèves normaliens se fait depuis les classes préparatoires aux grandes écoles par un concours annuel qui s'inscrit dans le système général de concours des grandes écoles. L'ENS (rue d'Ulm) et l'ENS de Lyon recrutent également des étudiants ayant suivi leurs deux premières années d'études à l'université via le second concours (même si les places sont très peu nombreuses, voire inexistantes certaines années). L'ENS de Cachan propose enfin un concours de recrutement ouvert aux étudiants titulaires d'un M1 (ancienne maîtrise). Les élèves normaliens ne représentent cependant qu'environ une moitié à deux tiers de la promotion d'une ENS, certains étudiants sont recrutés sur dossier et sont appelés auditeurs ; d'autres effectuent un master ; les ENS accueillent également des étudiants étrangers avec différents statuts possibles (soit dans le cadre d'échanges bilatéraux, soit sur une sélection internationale).

Une fois entrés, les élèves disposent d'une large liberté de cursus, qui est cependant variable selon les ENS (choix d'option au concours non déterminant à la rue d'Ulm, déterminant partout ailleurs). Cette liberté est partout encadrée par un contrat d'études négocié annuellement entre l'élève, son tuteur pédagogique, un département de l'École, et la direction des études.

La scolarité des élèves dure quatre années. Cela correspond typiquement au temps de passer une licence, un master, l'agrégation et souvent de débuter une thèse de doctorat pour ceux qui s'engagent dans la recherche.

Les disciplines représentées par les ENS couvrent un spectre très large, notamment :

  • mathématiques fondamentales et appliquées rue d'Ulm, à Lyon et à Cachan,
  • sciences expérimentales rue d'Ulm, à Lyon et à Cachan,
  • sciences de l'homme rue d'Ulm et à LSH,
  • langues et sciences sociales rue d'Ulm, à LSH et à Cachan,
  • technologies, design, sport, gestion et ingénierie à Cachan.

Les Inter-ENS sportives

Faisant partie des traditionnelles rencontres normaliennes, ces compétitions sportives en équipes rassemblent, chaque année, les normaliens des campus d'Ulm, de Cachan, de Ker Lann, de Lyon et de LSH. Les différentes équipes s'affrontent dans divers sports afin d'avoir la fierté de ramener dans leur école le trophée "Cachan Ulm Lyon"[13].

Polémiques actuelles sur l’avenir des ENS

En mars 2005, un projet de fusion entre l'ENS (rue d'Ulm) et l'ENS de Cachan est rendu public par Gabriel Ruget : le projet suscite une polémique, d'abord au sein même des ENS puis, à l'occasion de la campagne de renouvellement des directions, dans la presse nationale. Les partisans de la fusion mettaient en avant la nécessité d'augmenter la visibilité internationale des établissements et de réaliser des économies d'échelle, tandis que certains de ses détracteurs accusaient la direction de vouloir transformer l'ENS en une « super-université » sans tenir compte de ses spécificités, tandis que d'autres mettaient en avant des difficultés pratiques insurmontables ou la diminution de la part des humanités. Ce débat s'ajoute à une polémique concernant la dotation financière globale des ENS, alors même que la Cour des comptes rendait un rapport public sur la gestion de la recherche dans les universités : à Ulm, notamment, des frais de fonctionnement et d'investissement accrus (dus, notamment, à la nécessité de renouveler des équipements vétustes, des travaux sur la restauration, l'informatisation des catalogues de la Bibliothèque générale) en particulier sur la période 20022004 n'ont pas été suivis d'une augmentation de la dotation par le ministère de tutelle, mettant l'école face à des difficultés importantes de trésorerie.

Quelques normaliens célèbres

Un normalien est un élève (ou ancien élève) d'une des écoles normales supérieures.

Voilà quelques listes (non-exhaustives) de célèbres normaliens :

  • Normaliens (rue d'Ulm)
  • Normaliens de l'enseignement technique et de Cachan (cachanais)
  • Normaliens de l'enseignement primaire, de Fontenay-aux-Roses (fontenaysiennes), Saint-Cloud (cloutiers), Lyon et Fontenay-Saint-Cloud (LSH)

Les personnalités suivantes, sans avoir été élèves d'une ENS au sens strict (généralement parce qu'elles n'étaient pas françaises), y ont étudié :

Les personnalités suivantes ont enseigné dans une ENS ou en ont dirigé une :

Les critiques et leur portée

Comme les autres grandes écoles, les écoles normales supérieures ont été critiquées par un certain nombre d'ouvrages à partir des années 1980. Pierre Bourdieu (lui-même ancien élève de l'ENS de la rue d'Ulm) a ainsi considéré que le recrutement des grandes écoles était socialement trop sélectif et servait avant tout à permettre la reproduction des élites[14]. L'essayiste Pierre Veltz a récemment accusé globalement les grandes écoles d'être des « machines à sélection », fermées socialement, franco-centrées et peu innovantes[15].

D'autres font valoir la singularité des écoles normales dans l'enseignement supérieur français : dépourvues de classement de sortie[16], très largement tournées vers la recherche fondamentale et appliquée[17], elles se placent à la charnière des grandes écoles et des universités et sont considérées comme telles par la Commission Philip destinée à rapprocher les deux composantes de l'enseignement supérieur français[18] La reconnaissance internationale des ENS a été récemment renforcée par l'ouverture d'une antenne commune à Shanghai, le développement des recrutements [19] et des échanges internationaux. Plusieurs classement internationaux[20] ont constamment placé les ENS parmi les meilleurs établissement européens et français.

Contrairement à d'autres institutions, elles recrutent leurs élèves sur des critères purement académiques. Seules les capacités scientifiques du candidat doivent être évaluées. L'anonymat total, y compris lors des épreuves orales, la double correction systématique et l'absence d'épreuves de type « entretien de personnalité », socialement très sélectives, doivent favoriser la plus grande égalité entre les candidats lors des concours d'entrée, qui sont des concours de recrutement de la fonction publique. Il faut aussi noter que seules des préparations publiques aux concours des ENS existent[21]. Ces choix forts, issus des origines révolutionnaires et républicaines des ENS, n'empêchent pas que, comme dans les autres filières très sélectives[22], la majorité des élèves soit issue des classes favorisées[23]. Diverses démarches, comme la réforme des CPGE littéraires ou les programmes Talens (Entrer en prépa, entrer à l'ENS, c'est possible) et Tremplin, tentent d'y apporter une première réponse.

Notes et références

  1. Pour la France, article 2 des décrets n° 87-695 à 87-698 du 26 août 1987 [1].
  2. Voir le site du THES : rang 1 pour la France, rang 8 pour l'Europe, y compris la Grande-Bretagne, rang 28 pour le monde.
  3. site de l'ARWU : rang 3 pour la France (après Paris-VI et Paris-XI), rang 22 pour l'Europe, y compris la Grande-Bretagne, rang 73 pour le monde.
  4. http://www.institutmontaigne.org/medias/documents/2008%2002%2011%20Classement%20des%20etablissements.pdf
  5. École normale. Règlements, programmes et rapports
  6. http://www.inrp.fr/she/fichiers_rtf_pdf/bode_%20chronologie_et.pdf
  7. ACTES DE L'ACADÉMIE NATIONALE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE BORDEAUX, 3e série, 64e année, p.113, 1902. http://www.archive.org/stream/actesdelacadmie09bordgoog/actesdelacadmie09bordgoog_djvu.txt
  8. Le graphisme technique: son histoire et son enseignement, Yves Deforge, p.246, 1981. http://books.google.com/books?id=6WLdVcEAX3kC&pg=PA246&lpg=PA246&dq=%22section+normale%22+%22lyon%22&source=bl&ots=HoVc8TcFqD&sig=HTfvoYXDCcf1QJyDnjULrJn6Mac&hl=fr&ei=nGiUSvm9D6ChjAeqy6ncDQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=3#v=onepage&q=%22section%20normale%22%20%22lyon%22&f=false
  9. Direction des relations internationales de l'ENS
  10. http://www.sssup.it/UploadDocs/3378_GIS_1.pdf
  11. http://www.sssup.it/UploadDocs/3620_Bismut.pdf
  12. Loi n° 48-1314 du 26 août 1948 attribuant aux élèves des écoles normales supérieures le traitement et les avantages afférents à la condition de fonctionnaire stagiaire et loi n° 54-304 du 20 mars 1954 accordant la qualité de fonctionnaire stagiaire à tous les élèves des écoles normales supérieures. Ces dispositions concernent les élèves français ou, depuis 1994, ressortissants d'un État membre de l'Union européenne.
  13. Fidèles à leurs canulars, les normaliens appellent avec humour leur trophée Inter-ENS le trophée du "CUL", des initiales des campus "Cachan Ulm Lyon"
  14. Pierre Bourdieu, La noblesse d'Etat. Grandes écoles et esprit de corps, Paris, Editions de Minuit, 1989.
  15. Pierre Veltz, Faut-il sauver les grandes écoles ? De la culture de la sélection à la culture de l'innovation, Paris, Seuil, 2007.
  16. L'absence d'épreuves terminales est un cas unique dans les grandes écoles françaises.
  17. La formation à la recherche par la recherche s'impose progressivement comme projet scientifique premier dans les ENS. Il y a aujourd'hui près de 70 UMR rattachées aux ENS.
  18. L'ensemble des directeurs et directrices des ENS est membre de la Commission. D'autre part, les ENS sont membres à la fois de la CGE et de la CPU, ce qui est très rare.
  19. sélection internationale rue d'Ulm par exemple
  20. THES, Shanghai
  21. À la différence des écoles de commerce et des IEP, auncune préparation privée hors contrat avec l'Etat ne prépare spécifiquement aux concours des ENS.
  22. Une comparaison des origines sociales des normaliens, des professeurs agrégés et des internes en médecine montre que la surreprésentation des classes favorisées n'est pas propre aux grandes écoles en général et aux ENS en particulier.
  23. Cette situation résulte en particulier de la surreprésentation des enfants d'enseignants de tous les degrés et de professions scientifiques parmi les élèves. On note aussi une surreprésentation des enfants de fonctionnaires, selon les statistiques de l'Intranet de l'ENS de la rue d'Ulm

Bibliographie

  • Pierre Bourdieu, La noblesse d'État. Grandes écoles et esprits de corps, Paris, Éditions de Minuit, 1989
  • Stéphane Israël, Les Études et la guerre. Les normaliens dans la tourmente (1939-1945), Rue d'Ulm - 15 mars 2005
  • Nicole Masson, L'École normale supérieure : les chemins de la liberté, Paris, Gallimard, 1994
  • Jean-François Sirinelli, Génération intellectuelle, Fayard, 1988 (rééd. Presses universitaires de France, 1994)
  • Jean-François Sirinelli, École normale supérieure : le livre du bicentenaire, Presses Universitaires de France, 1994
  • Étienne Guyon, L'École normale de l'an III — Tome 3 — Leçons de physique, de chimie, d'histoire naturelle, 650 pages, Éditeur : Rue d'Ulm, 2006 — ISBN 2-7288-0356-0
  • Vincent Moncorgé, Yvan Schneiderlin, La science en personnes, Vuibert, ENS Lyon, un livre d'images prises à l'ENS Lyon
  • Pierre Veltz, Faut-il sauver les grandes écoles ? De la culture de la sélection à la culture de l'innovation, Paris, Seuil, 2007

Voir aussi

Liens externes

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