Trotskiste

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Trotskisme

Le trotskisme (l'orthographe « trotskysme » étant incorrecte mais également utilisée) peut faire référence :

Sommaire

Idées générales

Les trotskistes, à la suite de Trotsky, se réclament du communisme révolutionnaire, et des idées de Marx, d'Engels, de Lénine, et bien sûr de Trotsky. Ils s'accordent donc à considérer que la société est fondamentalement divisée en deux grands camps opposés, la bourgeoisie et le prolétariat, ainsi que l'écrivaient Marx et Engels dans Le Manifeste du Parti communiste. Ils conçoivent donc la lutte du prolétariat comme une lutte internationale, visant à la destruction de la puissance économique et politique de la bourgeoisie.

Se revendiquant de l'héritage de Lénine et de la Révolution russe d'octobre 1917, ils se refusent à voir dans la dégénérescence bureaucratique du premier « État ouvrier » une conséquence d'un caractère « autoritaire » du communisme ou des méthodes des bolcheviks, processus qu'ils analysent, au contraire, comme le résultat de l'isolement de la Révolution russe dans un pays pauvre et arriéré.

Aux idées développées par Marx, Engels et Lénine, concernant la division de la société en classes, l'origine de l'enrichissement de la bourgeoisie dans l'exploitation du travail humain ou encore le rôle du prolétariat dans la transformation de la société, les trotskistes partagent des idées spécifiques à leur courant :

  • L'idée de Révolution permanente, développée par Trotsky après la Révolution russe de 1905 ;
  • Une analyse de la montée du stalinisme comme représentant politique d'une couche sociale parasitaire, la bureaucratie, confisquant à son profit une part croissante des richesses produites en URSS ;
  • Conformément aux idées de Marx et Lénine, l'opposition à l'idée développée par Staline de la possibilité de construire « le socialisme dans un seul pays », et la nécessité d'une révolution mondiale ;
  • Dans les années 1930, la nécessité de l'union de tous les partis ouvriers, par delà leurs divergences, et la constitution de « fronts uniques » afin de lutter contre le danger mortel que constitue alors le fascisme ;
  • La défense de l'URSS, malgré la dégénérescence bureaucratique, contre les pays capitalistes (point qui n'est en fait pas partagé par tous les trotskistes, notamment les « third camp »).

Le trotskisme critique le nationalisme soviétique (l'abandon de la perspective de la révolution mondiale au profit de la conception stalinienne de « socialisme dans un seul pays »).

Les organisations trotskistes se réclament du communisme révolutionnaire et veulent mettre fin au capitalisme. Le trotskisme tient pour responsable des guerres, de l'exploitation et de la misère la domination bourgeoise et capitaliste du monde. Les trotskistes se veulent pour la paix, qui ne pourrait avoir lieu que par la révolution socialiste mondiale, c'est-à-dire la prise de possession par la population laborieuse des moyens de production, à des fins de réponses aux besoins de l'humanité et non de profit et d'expansion. Pour parvenir à ce but, les trotskistes s'attachent à construire un parti démocratique et révolutionnaire. C'est le programme de transition de Léon Trotsky : organisation de conseils d'usines, de soviets, réformes agraires (la terre à ceux qui la cultivent), échelle mobile des salaires et des prix, etc.

Ainsi, malgré l'avènement de la dictature stalinienne en URSS, les trotskistes considèrent encore les idées marxistes révolutionnaires comme la clé pour comprendre et changer un monde capitaliste qui s'avère incapable de résoudre les problèmes basiques de la planète (famine, guerre, environnement...).

Les nombreux écrits de Trotsky sur la manière dont doivent travailler les révolutionnaires pour pouvoir à la fois se battre aux côtés des non-révolutionnaires afin de gagner des améliorations dans la vie des travailleurs et des opprimés, tout en mettant en place les conditions pour un renversement par les masses du système capitaliste, ont servi de base aux stratégies des trotskistes depuis le début.

Le caractère secret de certaines grandes organisations trotskistes est un héritage du sort qu'ils ont connu en URSS. Chassés dans les goulags par la bureaucratie stalinienne, puis rappelés au front lors de la guerre (bataille de Stalingrad en particulier), ils furent longtemps les victimes des staliniens à travers le monde, contraints de s'organiser dans l'anonymat (d'où les pseudonymes d'une certaine génération de militants par exemple). Pour certains groupes, il s'agit également d'une représentation médiatique à la fois faible et, quand elle est présente, parfois calomnieuse.

Histoire du courant trotskiste

Le terme de « trotskisme » était initialement utilisé par ses adversaires staliniens pour laisser entendre que les idées défendues par Léon Trotsky, dans les années 1920 seraient opposées à celles de Lénine. Dans les années 1930, avec les procès de Moscou et les grandes purges qui décimeront les rangs trotskistes en URSS, le terme « trotskiste » ne sera plus employé dans la propagande stalinienne sans le préfixe « hitléro- », l'« hitléro-trotskisme » laissant entendre une collusion entre l'opposition de gauche et le fascisme.

La naissance de l’opposition de gauche

Lénine qui n'avait pas désigné de successeur, mais laissé des notes (notes connues sous le nom de « Testament de Lénine ») concernant les personnalités les plus en vue du parti communiste russe, avait deux jugements opposés sur Léon Trotsky qu'il a exprimé à des moments différents. « Montrez moi un autre homme capable de faire ce qu'il a fait » disait-il pour faire l'éloge du formidable talent de chef de Trotsky illustré dans l'organisation de l'Armée rouge pendant la lutte contre les « Blancs ». Cependant Lénine disait : « Trotsky est avec nous, mais il n'est pas des nôtres ; il y a quelque chose de mauvais en lui, du Lassalle[1] ». Cette rivalité entre les deux hommes remonte à leur exil en France où ils se heurtent sur des questions idéologiques ; notamment sur la « dictature du parti » et la « dictature démocratique », qui est au centre de la théorie de révolution permanente de Trotsky.

Mais Léon Trotsky se heurte rapidement à une coalition (troïka) composée de Zinoviev, Kamenev et Staline. Dès 1924 c'est le début d'une campagne de calomnies et d'injures contre Trotsky et ses partisans. Peu à peu Staline évince ses partenaires en pratiquant dans l'ombre une politique qui les discrédite à chaque faux pas, lui permettant ainsi de se poser en maître de l'orthodoxie. Ensuite c'est avec Boukharine qu'il prend les destinées du pays en mains. C'est avec celui-ci qu'il défend une vision « pragmatique » de modernisation à « pas de tortue » cumulant ainsi les retards en s'opposant à la politique d'industrialisation urgente préconisée par l'aile gauche du parti (Trotsky). Par la suite Staline et Boukharine défendent l'idée de l'instauration du « socialisme dans un seul pays », véritable marche en arrière par rapport au programme de fondation de l'Internationale communiste. Face aux démissions et aux compromis multiples de toute une frange de dirigeants du parti, le courant de Trotsky se renforce et fait figure d'intransigeance, de garantie de continuité de la révolution. Il prône la « révolution permanente et mondiale » et critique, dès 1923, la bureaucratisation du parti communiste, et affirme la nécessité d'un cours démocratique au sein du parti communiste.

En octobre 1923, nait l’opposition de gauche, qui revendique plus de démocratie dans le parti, et un plan économique d’industrialisation. La situation économique reste dramatique, les ouvriers manquent de tout et sont logés dans des dortoirs, des enfants vagabonds, des chômeurs, des paysans misérables cherchent du travail dans les villes, alors que l’industrie ne se développe que très lentement. Mais l’échec de la révolution allemande, en décourageant bien des militants, renforce la bureaucratie, qui serre les rangs derrière Staline. En effet, en devenant un parti de gouvernement, le parti communiste a changé, il compte moins de 10 % d’ouvriers, alors que plus des deux tiers de ses membres sont salariés par les appareils dirigeants du parti ou de l’État.

Loin de représenter une lutte entre deux hommes, cette lutte est pour les trotskistes la lutte entre des forces sociales. Pour les trotskistes, la bureaucratie, née de la guerre civile et devenant incontrôlée et incontrôlable, constitue peu à peu une couche privilégiée au sein même de l'État ouvrier, et trouve en Staline un représentant défendant ses intérêts particuliers, distincts de celui de l'ensemble de la population laborieuse soviétique.

Dans les analyses trotskistes, avec la démoralisation consécutive aux échecs des révolutions allemande (1923) puis chinoise (1927), la bureaucratie peut affirmer son pouvoir et même rompre avec les idées de Marx et de Lénine, tout en continuant à se réclamer du communisme dans une phraséologie relevant de plus en plus de la langue de bois. Elle le fera en liquidant physiquement toute opposition de gauche, notamment le courant incarné par Léon Trotsky, envoyant ses militants peupler les premiers Goulags (créés dès 1918 par lénine, bien que l'organisation du Goulag ait été fondé le 15 avril 1919), puis éliminant ses dirigeants dans les Procès de Moscou (1936).

Staline contre Trotsky

En 1927, Tchang Kaï-chek, que Staline avait promu membre d’honneur de l’Internationale Communiste, écrase dans le sang la grève des ouvriers de Shanghai. L’opposition de gauche dénonce la politique de Staline en Chine, qui a conduit le Parti communiste chinois à se laisser désarmer et massacrer. La lutte dans le Parti bolchevique se fait de plus en plus âpre, des commandos staliniens dispersent les réunions et les cortèges de l’opposition.

Le bureau politique applique à Trotsky l’article du code pénal contre les « menées révolutionnaires », et le 15 janvier 1928, l’exile à Alma-Ata. Les opposants sont arrêtés, 2 000 militants de Moscou sont internés, 200 étudiants trotskistes chinois sont déportés en Sibérie, où ils mourront tous. Au fil des années, la chasse au trotskisme suit une courbe ascendante, et des milliers de communistes, trotskistes ou non, périront dans les camps. La Pravda du 5 juin 1936 donne le ton ; « D'une main ferme, nous continuerons à anéantir les ennemis du peuple, les monstres et les furies trotskistes, quel que soit leur habile camouflage »[2].

En 1936, a lieu le premier procès de Moscou, dans lequel les accusés (Zinoviev, Kamenev…) « avouent » être des agents de la Gestapo et avoir préparé des attentats en URSS. Les 16 accusés sont condamnés à mort, sur le réquisitoire du procureur Vychinsky, ancien menchevik devenu stalinien, qui proclame ; « Il faut fusiller ces chiens enragés »[3]. Dans les Procès de Moscou, c'est toute l'ancienne direction du Parti bolchevique qui est éliminée. Il s'agit pour Staline d'éliminer tous les témoins de la période révolutionnaire, et de donner des gages de bonne volonté.

À l’étranger également, les agents du NKVD assassinent systématiquement les partisans de Trotsky, tuant, en France, le Tchécoslovaque Klement, le Polonais Reiss et Léon Sedov (le fils de Trotsky), et en Espagne, le leader du P.O.U.M. Andres Nin, l'Autrichien Kurt Landau, le Tchèque Erwin Wolf, et l'Allemand Moulin.

Les calomnies contre les trotskistes

Tout au long du combat du stalinisme contre le trotskisme, la presse stalinienne aura recours à l’injure et à la calomnie. En 1929, la Pravda titre sur « Mister Trotsky au service de la bourgeoisie britannique[4] ». Lors des procès de Moscou, Vychinski parle des « bandits trotskistes, vulgaires mouchards et espions » ; affirme que « le trotskisme contre-révolutionnaire est devenu depuis longtemps déjà le pire détachement d’avant-garde du fascisme international », « converti en une des succursales des SS et de la Gestapo », « entièrement mis à la disposition des services d’espionnage étrangers »[5].

L’Internationale Communiste de son côté affirme que « la lutte contre le trotskisme est aujourd’hui l’une des plus importantes tâches de tout le mouvement ouvrier international », et que « à l’heure actuelle, toutes les conditions pour écraser la vermine trotskiste existent ».

En France, le PCF et L'Humanité applaudissent à ces consignes. En 1935, L’Humanité exige la mise hors la loi des trotskistes en France, et ne parle désormais plus que des « hitléro-trotskistes au service de l'étranger ». Tous les partis communistes épurent leurs rangs, et tout militant critique peut se voir étiqueté de « trotskiste », exclu et diffamé, et souvent molesté. Il devient de plus en plus difficile pour les militants trotskistes de militer au sein du monde du travail, et en particulier dans les entreprises.

La création de la IVe Internationale

Le logo de la IVe Internationale

Au début des années 1930, face à la montée du nazisme en Allemagne, Trotsky appelle les militants des deux grands partis ouvriers allemands, socialistes et communistes, à réaliser un front unique de défense, seul selon lui capable d’empêcher le fascisme d’écraser les partis ouvriers et toute la société allemande. La position du parti communiste allemand qui assimile les socialistes à des « sociaux-fascistes », « frères jumeaux du fascisme » selon Staline, l’immobilise, et le conduit à se laisser écraser, pratiquement sans combattre. Trotsky en tire la conclusion que la IIIe Internationale n’est pas réformable, et que les marxistes révolutionnaires doivent désormais se regrouper sous un autre drapeau.

Ainsi, après des années de tentatives de redressement de la politique de la IIIe Internationale, Trotsky, expulsé d'URSS en 1929, fonde, en France, avec d'autres dirigeants de partis communistes ou socialistes en rupture avec la politique d'alignement sur Moscou, la IVe Internationale en 1938 dont ses membres seront désormais appelés trotskistes.

Le trotskisme après Trotsky

La tombe de Léon Trotsky au Mexique

Le 20 août 1940, Léon Trotsky est assassiné à coups de piolet dans sa résidence au Mexique, par un agent soviétique, du nom de Ramon Mercader (Jacson Mornard), qui a réussi à infiltrer son entourage.

La mort de Trotsky, mais surtout les événements de la deuxième guerre et le triomphe du stalinisme en 1945 (il dominera toute l'Europe de l'Est) causeront une crise du trotskisme. Trotsky avait pensé que le stalinisme ne pouvait pas survivre à la Seconde Guerre mondiale et que les quelques milliers de trotskistes pourraient rapidement gagner des millions à la cause révolutionnaire. Les deux thèses se sont révélées fausses, et les trotskistes ont tenté d'analyser pourquoi, et surtout doivent sortir de l'isolement où les a confiné la répression stalinienne.

Pour les ancêtres de Lutte Ouvrière, le problème vient du fait que dans l'isolement où ils se trouvent, les militants trotskistes, souvent d'origine petite-bourgeoise, ne font pas le choix de consacrer l'essentiel de leur activité et de leur énergie en direction de la classe ouvrière. C'est pour cela qu'ils construiront une organisation séparée, caractérisée par une discipline plus ferme (que certains qualifient de moralisme révolutionnaire ), et le refus de rechercher une « avant-garde politisée », notamment dans les mouvements nationalistes du tiers-monde .

D'autres, comme Natalia Sedova (la femme de Trotski), Grandizo Munis, le Groupe Communiste Internationaliste espagnol, le Parti Ouvrier Communiste italien ou les ancêtres de la tendance Socialisme international (qui grandira avant tout dans des pays de langue anglaise) affirmeront que l'analyse de Trotsky sur le stalinisme est incomplète, et verront dans les pays staliniens une nouvelle forme de capitalisme, le capitalisme d'État.

La Quatrième Internationale considèrera que les pays de l'Europe de l'Est, malgré le manque de soulèvement révolutionnaire et de pouvoir direct des travailleurs, constituaient quand même une forme sociale à défendre, plus progressiste que les pays de l'Occident. Ces différences continueront pendant l'ensemble des trente glorieuses.

Pratiques

Programme de transition

Le programme de la IVe Internationale a été écrit par Trotsky en 1938, c'est un « programme de transition » vers le socialisme. Il s'agit de se démarquer de la social-démocratie qui avait un programme minimum et un programme maximum : le premier mettait en avant des réformes immédiates en faveur des travailleurs et l'autre parlait du socialisme, du communisme, etc. Trotsky considérait que le programme maximum trompait les travailleurs parce qu'il n'y avait aucun lien avec le programme minimum. Du coup, la social-démocratie n'appliquait que le programme minimum, et les travailleurs, tout en se revendiquant du programme maximum, luttaient pour la réalisation du programme minimum. La démarche de Trotsky consistait à faire un programme dont les travailleurs pourraient se revendiquer et qui les obligerait à rompre avec la propriété privée des moyens de production et la nécessité de faire des profits. Cela se traduit par exemple par : le contrôle ouvrier sur la production, l'échelle mobile des salaires et du temps de travail, la revendication de conseils d'usines et de quartier, la nationalisation sans remboursement ni indemnités des secteurs clés de l'économie (banques, grosses firmes, etc.). Ces mesures doivent favoriser le prolétariat dans son rapport de force avec la bourgeoisie et le rendre révolutionnaire : un lien serait créé entre les revendications économiques et l'objectif politique du socialisme.

L'isolement des trotskistes

Suivant les groupes et les époques les trotskistes ont pu apparaître sectaires, face à un isolement au sein même du monde du travail, à la répression étatique et patronale et à l'hostilité, parfois violente, des partis de gauche (PS et PC) mais prêts à travailler, suivant des objectifs déterminés et vitaux, dans de larges alliances (fronts uniques), ou même cas plus rare, à défendre leurs options dans d'autres formations (entrisme). Ils affichent une culture de la dissidence, du fait de leur isolement relatif, et furent de tout temps l'incubateur d'un grand nombre de groupuscules, de cénacles et de petits partis, et parfois aussi un vivier de nouveaux cadres, notamment pour le PS, résultat d'une politique d'entrisme tardive d'une partie de leurs organisations.

La question des élections chez les mouvements trotskistes

Les trotskistes voient l'échéance électorale dans un pays comme un problème pratique à résoudre, non comme une obligation démocratique, surtout dans des pays où ils considèrent la constitution comme « réactionnaire » et « anti-ouvrière ».

Quand ils pensent que la présentation de candidats leur permet d'apporter quelque chose aux combats de la population, alors ils participent aux élections et utilisent le débat démocratique pour débattre de leurs idées, critiquer le système qu'ils condamnent, et grossir le nombre de leurs militants. Ce dernier point, de construction d'un parti ouvrier, est peut-être le plus important aujourd'hui pour les trotskistes, car pour eux le mouvement ouvrier se doit d'avoir un parti indépendant du pouvoir en place, et de l'union la plus large possible, mais de pensée marxiste, et de volonté révolutionnaire.

C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, les partis d'origine trotskiste ne sont pas forcément entièrement, ou majoritairement, trotskistes. C'est aussi la raison pour laquelle les courants trotskistes peuvent paraître difficilement déchiffrables. Les critères changent d'un courant à l'autre, brouillant les cartes de compréhension du trotskisme comme idéologie unique.

La question du syndicalisme chez les mouvements trotskistes

Compte tenu de ses origines léninistes, la pensée trotskiste considère le syndicalisme comme une arme d'organisation nécessaire, mais non suffisante. Des grèves sporadiques dans tout le pays ne sont pas suffisantes, au moment révolutionnaire, il faut y ajouter un but politique, celui des ouvriers les plus formés, les plus politisés, ceux dont les idées sont les plus avancées. Pour eux seule une organisation politique, dont la révolution est la raison d'être, est en mesure d'influer ou d'assurer le développement et le succès d'un mouvement révolutionnaire. De lui donner le caractère nécessaire à sa réalisation.

Il peut paraître paradoxal que des courants du trotskisme réclament l'indépendance réciproque des partis et syndicats. Ce point de vue peut s'expliquer par leur combat contre la bureaucratie syndicale, et le stalinisme qui, pour eux, comprend l'influence des partis communistes sur les syndicats. Pour eux, quand les mouvements de grève d'ampleur sont l'arène d'âpres luttes de tendances politiques syndicales représentant tout l'éventail de la gauche, il est dès lors nécessaire, selon eux, d'y apparaître au moins selon les lignes directrices de sa politique. De plus les syndicats sont plus que de simples appareils entre les mains des partis politiques, ils sont avant tout des regroupements de travailleurs combatifs, plus ou moins déterminés. D'où, selon eux, l'intérêt d'une indépendance des syndicats vis-à-vis des partis, afin d'y faire valoir, démocratiquement leur politique.

La question de l'entrisme

L'objectif de Trotsky étant à la fois de pouvoir travailler avec des militants non-révolutionnaires dans les luttes quotidiennes, et de garantir l'indépendance des idées révolutionnaires, il prévoit l'entrée en groupe organisé dans des organisations réformistes. L'entrisme correspondait chez Trotsky à une adhésion collective et « à drapeau déployé » dans des partis réformistes ou « centristes » pour profiter des courants de radicalisation et quitter le terrain du propagandisme pour celui de l'action de masse. Il s'agissait d'opérations conjoncturelles, par exemple dans la SFIO en 1934-35. Plus tard, la Militant tendancy de Ted Grant a théorisé et pratiqué un entrisme à long terme (en l'occurrence dans le Parti travailliste britannique) dont l'objectif était de positionner le trotskisme comme un courant légitime dans le mouvement ouvrier. C'est l'orientation actuelle du groupe Le Militant, dans le PS,le PCF et le PG. Une autre organisation, La Riposte, prône la participation au PCF et le soutient électoralement. Le terme entrisme a été utilisé de manière impropre pour désigner les opérations de noyautage secret menées principalement en France par le courant lambertiste (OCI des années 1970-1980) et dont un élément célèbre en France sera Lionel Jospin (premier ministre 1997-2002) qui « trahira » ses mentors en 1987.

Le trotskisme dans le monde

Les mouvements communistes internationalistes connaissent en général une grave crise d'identité, mais les trotskistes demeurent présents et possèdent des sections organisées dans plus de 50 pays. En plus de la France, ils sont aussi très présents dans le Royaume-Uni, au Brésil, en Argentine, en Bolivie et en Afrique du Sud.

Quelques personnalités trotskistes

Notes et références

  1. Cité par Boris Souvarine dans Sur Lénine, Trotski et Staline, Éditions Allia, 1990, p. 21. Ferdinand Lassalle était un socialiste allemand entré en conflit avec Marx. Celui-ci critiquait sévèrement ses « fanfaronnades » et ses « vantardises ».
  2. Cité par Pierre Broué dans Le Parti bolchevique, Éditions de minuit, 1963, p. 361.
  3. Cité par Pierre Broué dans Le Parti bolchevique, op. cit., p. 363.
  4. Cité par Victor Serge dans Vie et mort de Trotsky, Amiot, Dumont, 1951, p. 270.
  5. Voir Jean-Jacques Marie, Trotsky, le trotskysme et la Quatrième Internationale, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1980, p. 83.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Daniel Bensaïd, Les Trotskysmes, coll. « Que sais-je ? », 2002.
  • Frédéric Charpier, Histoire de l’extrême gauche trotskiste. De 1929 à nos jours, Éditions n°1, 2002, 402 p.
  • Daniel Erouville, Qui sont les trotskystes (d'hier à aujourd'hui), L'Harmattan, 2004.
  • Jean-Jacques Marie, Le Trotskysme et les trotskystes, Armand Colin, 2002.
  • Christophe Nick, Les Trotskistes, Fayard, 2002, 380 p.

Liens externes

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