- Sergueï-Alexandrovitch
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Serge Alexandrovitch de Russie
Sergueï Aleksandrovitch de Russie ('Сергей Александрович Романов) Naissance 10 mai 1857
Tsarskoïe SeloDécès 17 février 1905 (à 46 ans)
MoscouOrigine Russie Allégeance Russie impériale Arme régiment Garde Préobrajenski, La Svita (Suite de Sa Majesté Impériale) Grade Général, adjudant-général Service 1857 - 1905 Conflits Guerre russo-turque (1877-1878) Commandement 38 régiment d'infanterie de Tobolsk, 5ème régiment des grenadiers de Kievsky Distinctions Ordre de Saint-Georges Autres fonctions membre du Conseil d'État, gouverneur général de Moscou, gouverneur du district militaire de Moscou Famille Père : d'Alexandre II de Russie - Mère : Marie de Hesse et du Rhin (Maria Alexandrovna)
- Épouse : Elizaveta Fiodorovna
Image : Grand-duc Sergguei Aleksandrovitch de Russie Le grand-duc Serge Alexandrovitch (Sergei Aleksandrovitch Romanov, en russe Сергей Александрович Романов) (né le 10 mai 1857 à Tsarskoïe Selo et mort le 17 février 1905) à Moscou.
Il fut un membre de la famille impériale de Russie, grand-duc de Russie, membre du Conseil d'Empire, général de corps d'armée, maire de Moscou, gouverneur général de Moscou lors de la tragédie du champ de Kodynka a terni sa réputation, commandant de la région militaire de Moscou.
Famille
Il est le cinquième fils et le septième enfant de l’empereur Alexandre II de Russie et de la princesse Maria Aleksandrovna.
Mariage
Serge Alexandrovitch de Russie épousa en 1884 la princesse Elisabeth de Hesse-Darmstadt dite « Ella », fille du grand-duc Louis IV de Hesse et de la princesse Alice du Royaume-Uni, et sœur aînée de la princesse Alix qui épousa en 1894 l'Empereur Nicolas II. Le couple n'eut pas d'enfant et d'aucuns prétendent que le grand-duc était homosexuel[réf. nécessaire]Citant comme exemple l'anecdote d'après les Mémoires du ministre des Affaires étrangères, le comte Vladimir Nikolaïevitch Lamsdorf[1] : « Leur vie de famille n'a pu fonctionner, même si Élisabeth Fiodorovna le cacha soigneusement en le taisant même à ses parents de Darmstadt. La raison à cela, Sergueï Aleksadrovitch avait une attirance spéciale pour le sexe opposé », le sociologue, psychologue et sexologue Igor Semionovitch Kon (1928-) fit valoir que le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie mena un style de vie ouvertement homosexuel. Quant à Frédéric Mitterrand, dans son ouvrage Les Aigles Foudroyés il le définit comme un être atteint de névrose, et de nature perverse. Ce mariage ne fut jamais consommé[réf. nécessaire], ils vécurent comme frère et sœur.[2] Selon l'historienne britannique Virginia Cowles, le grand-duc Sergueï aurait été également porté sur le sadisme[3]
Biographie
Le grand-duc Sergueï Alexandrovitch de Russie naquit dans l'aile Zoubov du Palais Catherine (Екатерининский дворец - Ekaterininsky Dvorets) à Tsarkoïe Selo (situé à 32 kilomètres de Saint-Petersbourg.
Enfance
Le grand-duc Sergueï Alexandrovitch de Russie vécut les premières années de sa vie en compagnie de son inséparable frère cadet, le grand-duc Pavel Aleksandrovitch de Russie et de sa sœur Maria Aleksandrovna de Russie à Livadia, résidence d'été de la famille en Crimée, à Tsarkoïe Selo et au Palais d'Hiver à Saint-Petersbourg. A l'époque de sa naissance, sa mère, la tsarine Maria Aleksandrovna était de santé fragile. Bien que l'impératrice fut une mère peu affectueuse, sauf à l'égard de son unique fille, en raison d'une santé déclinante, ses trois plus jeunes enfants Pavel Aleksandrovitch, Sergueï Aleksandrovitch et Maria Aleksandrovna bénéficièrent de toute son attention. Les deux frères et la sœur formèrent une communauté fermée au sein de la famille, dés leur plus jeune âge, un étroit lien fraternel se forma entre eux.
Au fil des ans, la santé de Maria Aleksadrovna déclina, afin de fuir le rude climat russe, l'impératrice et ses trois jeunes enfants passèrent de longues périodes à l'étranger, à Darmstadt et Jugenheim, les hivers dans le sud de la France[4] où la tragédie frappa la famille impériale de Russie. En avril 1865, peu avant le huitième anniversaire du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie, son frère aîné et son parrain, le tsarévitch Nikolaï Aleksandrovitch de Russie décéda de la tuberculose à Nice[5] Enfant, le grand-duc Sergueï fut un petit garçon timide, studieux et introverti. Sous l'influence de sa mère, une personne également très réservée, il devint très pieux.
Dés l'année 1870, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie et son jeune frère demeurèrent en Russie afin de poursuivre leurs études. Comme tous les membres masculins de la famille Romanov, les deux jeunes gens étaient destinés à une carrière militaire. Mais le tuteur de Sergueï Aleksandrovitch, l'amiral Arseniev encouragea les capacités du grand-duc dans les domaines de la linguistique, artistiques et musicales. Il parlait couramment plusieurs langues, il maîtrisait si bien l'italien qu'il put lire Dante dans la langue originale. Son intérêt pour l'art et la culture italienne s'intensifia, doué pour la peinture, il possédait également une bonne oreille musicale et joua de la flûte dans un orchestre amateur. Il aimait réciter des drames, il possédait une grande connaissance de l'Histoire ancienne, de la culture et des traditions de la Russie. Il aimait lire Léon Tolstoï et Dostoïevski dont le grand-duc avait lu et admiré les œuvres.
Carrière militaire
Dés sa naissance, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie fut nommé colonel en chef du 38ème régiment d'infanterie de Tobolsk, il devint également colonel du second bataillon de la Garde et vers la fin de sa vie, il fut nommé colonel du 5ème régiment de grenadiers de Kievsky[6] A son vingtième anniversaire, le 27 avril 1877, il prêta solennellement allégeance au tsar[7] Un voyage éducatif avait été prévu pour le grand-duc mais il fut retardé en raison de la Guerre russo-turque de 1877-1878. Avec son père et ses frères, il prit part à ce conflit, le tsarévitch Aleksandr Aleksandrovitch de Russie, le grand-duc Vladimir Aleksandrovitch de Russie et la grand-duc Alexeï Aleksandrovitch de Russie. Il passa la plus grande partie de la guerre dans le sud de la Roumanie, il servit comme poruchik (grade de l'armée impériale de Russie équivalent à celui de lieutenant) dans la Garde impériale placée sous les ordres du tsarévitch.[8] Il fut promu colonel et le 12 octobre 1877, après la bataille de Meyk, pour son courage et sa bravoure au combat face à l'ennemi au cours d'une opération de reconnaissance à Kara Loma près de Koshev, le tsar lui décerna l'Ordre de Saint-Georges. En décembre 1877, le grand-duc et son père furent de retour dans la capitale de la Russie impériale.
Entre-temps, Alexandre II de Russie avait fondé une nouvelle famille avec sa maîtresse, la princesse Ekaterina Mikhaïlovna Dolgoroukova. Frappé par la rupture de l'harmonie familiale, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie demeura avec sa mère.[9] L'impératrice Maria Aleksandrovna décéda le 8 juin 1880. Le 6 juillet 1880, moins d'un mois après le décès de son épouse, le tsar Alexandre II de Russie épousa sa maîtresse. Lors de l'assassinat de son grand-père, le 1er mars 1881, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie séjournait en Italie avec l'amiral Arseniev et son jeune frère Pavel Aleksandtovitch de Russie. Trois mois plus tard, en juin 1881, toujours accompagné de son jeune frère mais également de son cousin le grand-duc Konstantin Konstantinovitch de Russie, Sergueï Aleksandrovitch visita la Palestine, il visita Jérusalem et les Lieux Saints : il participa à la création d'une association consacrée à l'entretien des lieux de culte orthodoxe en Terre Sainte et l'offrande de services aux pélerins russes, il en devint le président. On pense que ce poste lui donna plus de joie que n'importe laquelle de ses fonctions.[10]
A partir de 1882, la carrière militaire et les manœuvres à Krasnoïe Selo du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie lui firent passer la majeure partie de son temps à Saint-Petersbourg.[11] Le 15 janvier 1882, son frère Alexandre III de Russie le nomma commandant du 1er bataillon du régiment de la Garde Préobrajenski, un régiment d'élite fondé par Pierre Ier de Russie, avec le grade de colonel. Sept ans plus tard, le grand-duc fut promu au grade de major général. Le 26 février 1891, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie fut élevé au grade d'adjudant général de la Svita (Suite de Sa Majesté Impériale). La même année, son frère lui confia le poste de gouverneur général de Moscou.[12]
Le grand-duc de Russie
A vingt-six ans, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie était un homme réservé, intelligent, bon et raffiné,[13] d'une grande érudition, de taille élancée accentuée par le port d'un corset, porté à la manière des officiers prussiens.[14] Sa barbe et ses cheveux étaient soigneusement entretenus. Le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie avait un splendide visage. Quand Consuelo Vanderbilt, duchesse de Malborough rencontra le jeune grand-duc à Moscou, elle le considéra comme « l'un des hommes les plus beaux que je n'ai jamais vu » Son beau-frère, Ernest Louis de Hesse-Darmstadt le décrivit comme « grand et blond, aux traits fins et de beaux yeux verts clairs ». Très géné, il se tenait très raide avec un regard dur dans les yeux.[15]
Le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie se tenait très droit, il avait pour habitude tourner l'une de ses bagues serties autour de son doigt. Il garda ce maintien rigide, beaucoup de personnes prirent sa réserve pour de l'orgueil, mais peu le connaissait vraiment. Profondément pieux, il devint un grand connaisseur en antiquités russes et des trésors artistiques, il s'intéressa à l'archéologie, parfois, il assista et présida des congrès d'archéologie.
Défiant toutes les critiques, sa timidité et sa réserve n'empêchèrent pas le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie de désapprouver le laxisme de la haute société russe. Il eut beaucoup de mal à faire face à l'opposition et perdit son sang-froid assez facilement. Dans sa maison, il exigea la propreté, l'ordre et la discipline, il exigea d'être obéi. Sa nièce, la reine de Roumanie, Marie de Saxe-Cobourg-Gotha se souvenait de lui comme : « sec et nerveux, bref en parole, impatient, il n'appréciait pas la bonne humeur plutôt négligente de ses frères aînés. Mais pour nous tous qui l'aimions, on le trouvait irrésistible, car dur il pouvait l'être. Peu d'entre nous chérisse sa mémoire, mais moi je le fais ». De nombreux membres de sa famille dont son neveu, le grand-duc Kirill Vladimirovitch de Russie, la princesse Marie de Grèce et le prince Gavriil Konstantinovitch de Russie se souvinrent tendrement de lui.
Il avait des opinions politique ultra-conservatrices mêlées de piété et de nationalisme. Il appuya les syndicat|syndicats gouvernementaux (Zoubatovisme) et l'organisation monarchiste. Il a été un antisémite convaincu et un farouche opposant au mouvement révolutionnaire. À l'époque où il était gouverneur de Moscou, des bruits terrifiants circulèrent à son encontre. La rumeur disait qu'il aurait torturé lui-même les détenus, et y aurait pris grand plaisir.
Mariage
En 1881, des rumeurs circulèrent à propos d'un éventuel mariage entre la princesse Clotilde Mathilde de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg (1860-1932), la seconde fille de Frédéric VIII de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg. Alexandre II de Russie eut l'espoir qu'un de ses fils épouserait une princesse de Hesse[16] comme lui, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie demanda finalement à épouser la princesse Elisabeth de Hesse-Darmstadt, la seconde fille du grand-duc Louis IV de Hesse et d'Alice de Saxe-Cobourg-Gotha. « Ella » comme elle fut appelée par ses proches était la sœur aînée du grand-duc Ernest-Louis de Hesse-Darmstadt et de la future impératrice de Russie et future épouse de Nicolas II de Russie Alix de Hesse et du Rhin. Le grand-duc et la princesse de Hesse étaient cousins germains. Les deux familles hésitèrent, tout d'abord, Élisabeth de Hesse-Darmstadt refusa l'offre de mariage[17], La reine Victoria du Royaume-Uni, la grand-mère d'« Ella » nourrissait des sentiments anti-russes, elle s'opposa à l'union du grand-duc et de sa petite-fille orpheline de mère. Néammoins, les sœurs de la princesse allemande exercèrent une pression sur Élisabeth en vue d'un mariage politique. Toutefois, il lui fut laissé le libre choix.[18] Le couple séjourna ensemble pendant quelque temps à Wolfgasten à Darmstadt, en septembre 1883, la princesse Élisabeth de Hesse-Darmstadt accepta d'épouser le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie.[19] Leur fiançailles furent annoncés publiquement le 26 février 1884 puis le grand-duc revint à Darmstadt rendre visite à sa jeune fiancée.[20] Le mariage fut célébré au Palais d'Hiver à Saint-Petersbourg le 15 juin 1884. Après le mariage et la conversion à la foi orthodoxe russe, la princesse Élisabeth de Hesse-Darmstadt devint la grande-duchesse Élizaveta Fiodorovna[21]
Le jeune couple passa sa lune de miel à Ilinskoïe, résidence d'été d'une superficie de 2400 acres ((9,7 km 2) à quarante miles à l'ouest de Moscou, cette propriété était située sur la rive gauche de la Moskva, à quatre-vingt-dix minutes en train de Moscou. La grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie avait hérité de sa mère cette résidence. De retour dans la capitale, le couple s'installa dans une demeure située dans l'angle au sud-est du canal de Fontaka et de la perspective Nevski, un court trajet en voiture séparait les appartements du Palais d'Hiver.[22] Le manoir Biélosselsky Belozerzky fut acquis par le grand-duc pour s'y établir avec sa jeune épouse, par la suite le grand-duc le nomma Palais Sergueïevsky.[23] Le grand-duc et son épouse possédèrent également une villa à Peterhof, bien également hérité de la défunte impératrice Maria Aleksandrovna.[24] Chaque année, en août, le couple se rendait dans leur résidence d'été d'Ilinskoïe, leurs invités occupaient des datchas construites à divers endroits du parc : sur la rive opposée de la Moskva, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie avait construit une grande maison à trois étages faite de pierres et de briques, avec un système de chauffage.
Le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie et son épouse furent très proches du tsar Alexandre III de Russie et de son épouse Maria Fiodorovna. L'empereur eut plus confiance en lui qu'en ses autres frères. En 1886, le tsar le nomma commandant du régiment des gardes Preobrajensky, il lui confia également la tâche d'introduire le tsarévitch Nikolaï Aleksandrovitch de Russie dans l'armée. En 1887, lors du jubilé de la reine Victoria Ire du Royaume-Uni, Le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie et son épouse réprésentèrent la Russie impériale. En 1888, à l'occasion de la consécration de l'église Sainte-Marie-Madeleine construite à Jérusalem en mémoire de l'impératrice Maria Aleksandrovna, le couple se rendit en Terre Sainte. En 1892, après six ans de mariage, le grand-duc déjà certain de ne pas avoir de descendance, laissa un testament dans lequel il lègua ses biens à son frère Pavel Aleksandrovitch de Russie et à ses enfants.
Gouverneur de Moscou
Avec l'augmentation de toutes sortes d'éléments radicaux, en particulier dans le milieu estudiantin de Moscou, Alexandre III de Russie adopta une politique répressive : pour cela l'empereur choisit une personne partageant ses idées pour administrer l'ancienne capitale et la deuxième ville de la Russie impériale. Au printemps de 1891, le tsar nomma son frère cadet, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie gouverneur général de Moscou.[25] Bien que ce fut un grand honneur, le grand-duc accepta ce poste avec réticence, il avait espéré conserver plus longtemps son commandement au régiment Preobrajensky : au sein de celui-ci, il bénéficiait d'une grande popularité, en outre, le grand-duc et son épouse appréciaient leur vie tranquille à Saint-Petersbourg.
Dans son rôle de gouverneur de la principauté de Moscou, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie était seul responsable de ses actes devant l'empereur.[26] Le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie partageait les convictions intransigeantes de son frère aîné pour un gouvernenement fort et nationaliste.[27] Sa priorité fut l'expulsion de 20 000 juifs de la ville de la Moscou.[28] Elle débuta quatre semaines avant l'arrivée du grand-duc, après la publication du ministre de l'Intérieur Ivan Nikolaïevitch Dournovo, par un oukase impérial, les juifs de basse extraction sociale (artisans, petits commerçants,etc...) seront dans l'obligation de quitter la ville de Moscou. Le 29 mars, premier jour de la Pâques juive, la population juive de la ville prirent connaissance du nouveau décret les expulsant de la ville.[29] En trois phases soigneusement planifiées sur douze mois, les juifs de Moscou furent expulsés. Les premiers à quitter la ville furent les célibataires, sans enfants, ceux résidant dans la ville depuis moins de trois ans.[30] Puis vint le tour des apprentis, les familles de quatre enfants et ceux résidant depuis moins de six ans à Moscou.[31] Les derniers expulsés furent les vieux colons avec familles nombreuses et de nombreux employés dont certains avaient vécu plus de quarante ans à Moscou.[32] Les jeunes femmes juives désirant demeurer à Moscou en reçurent l'autorisation mais furent enregistrées comme prostituées. Au cours de l'expulsion, les maisons furent entourées par des troupes de Cosaques tandis que les policiers saccagèrent toutes les maisons. En janvier 1892, à une température de 30° en dessous de zéro, des juifs de tout âge et des deux sexes furent entassés dans la gare de Brest, tous en lambeaux, possédant peu de biens, ils préfèrèrent rester plutôt que d'être déportés. Par une pétition, les commissaires de police demandèrent au grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie de cesser les expulsions jusqu'à l'amélioration des conditions météorologiques, le gouverneur de Moscou accepta mais cet ordre ne fut publié qu'après la fin des expulsions.[33] Certains juifs furent déplacés vers le régions méridionales et occidentales de l'Empire russe, mais nombreux furent ceux qui prirent la décision d'émigrer. En résumé, la ville de Moscou perdit 100 000 millions de roubles dans le commerce et la fabrication, 25 000 russes employés dans des entreprises juives perdirent leur emploi, quant à l'industrie de la soie, l'une des industries les plus productives de la ville disparut complètement.[34]
Pour répondre aux besoins des étudiants, le grand-duc Sergueï Alekandrovitch de Russie fit construire de nouveaux dortoirs à Moscou, dans le même temps, dans les universités, dans le cadre de la politique nationale afin d'empêcher les complots et éradiquer toutes idées révolutionnaires, il imposa des restrictions aux étudiants et aux professeurs.[35] Malgré l'approbation des milieux conservateurs, ces mesures restrictives le rendirent très impopulaire auprès de l'intelligentsia de Moscou.[36] Dans sa lutte contre la fraude et l'application des strictes mesures de la police, par sa maladresse et son manque de tact, le grand-duc s'attira le mépris de la noblesse moscovite et des commerçants. Néammoins, extrêmement conscencieux dans l'exercice de ses fonctions, il améliora sensiblement les conditions de vie dans la ville. « Même à la campagne où il était censé se reposer, se souvenait sa nièce, il recevait constamment du courrier de Moscou et accordé audience ». Il accordé beaucoup d'attention aux détails, s'occupant personnellement des détails des punitions concernant la corruption et la fraude qui auraient pu être facilement laissé aux subalternes. Parfois, il se rendait en ville incognito afin de vérifier la situation par lui-même.[37] Dans sa vie privée, le grand-ducc et son épouse se péoccupèrent de la pauvreté dans la campagne environnante de Moscou, ils s'entretinrent sur le moyen d'améliorer la situation.[38]
Les organisations caritatives bénéficièrent toujours de la plus grande attention du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie, il en devint soit président ou dirigenant de plus dizaines d'entre elles[39] Il fut par exemple : Président de la Société Moscovite pour les soins, l'éducation et la formation des enfants aveugles, la Société pour les enfants abandonnés et sans foyer, les adolescents condamnés, du Département de Moscou de la protection nationale russe de la santé.[40] En outre, il dirigea plusieurs confréries très diverses comme les Universités de Moscou et de Saint-Petersbourg, le fond d'aide des peintres, l'organisation des soins pour les acteurs âgés, de l'Académie des Arts et des Sciences, de la Société archéologique de Moscou, de la Société d'Agriculture, de la Société musicale de Moscou, du Musée historique de Moscou et de l'Académie théologique de Moscou.[41]
En 1892, à l'initiative du grand-duc, une galerie de portrait des anciens gouverneurs généraux de Moscou vit le jour.
La Tragédie de Khodynka
Alexandre III de Russie décéda le 1er novembre 1894, son fils aîné, Nicolas II de Russie monta sur le trône impérial de Russie. Le nouveau tsar avait jadis servi sous les ordres de son oncle dans le régiment Preobrajenski, des liens très étroits unissaient le neveu et l'oncle, cette relation devint plus forte lors du mariage de Nicolas II de Russie avec la princesse Alexandra Fiodorovna, sœur cadette de l'épouse du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie, une union à laquelle Elizaveta Fiodorovna contribuèrent à promouvoir.
Selon la tradition, les cérémonies du couronnement du nouvel empereur et de sa femme eurent lieu à Moscou. En qualité de gouverneur général de la ville, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie eut à charge de superviser les préparatifs. A cette occasion, le grand-duc introduisit une nouveauté dans la ville, l'électricité. Les festivités du couronnement touchant à leur fin, selon la coutume, chaque tsar nouvellement couronné offrait des présents au peuple. Le champ de Khokynka situé dans la périphérie de Moscou était un endroit approprié pour la distribution. Ce choix fut très controversé, ce champ habituellement utilisé comme terrain d'entraînement militaire était silloné de trous et de fossés, mais le grand-duc Sergueï Aleksadrovitch de Russie approuva cette idée. Malgré l'attente d'une foule de près d'un demi-million de personnes en provenance de toute la Russie, seul un régiment de Cosaques et un petit détachement de policiers furent envoyés pour maintenir l'ordre.
A l'aube du 18 mai 1896, Les familles commençèrent à se rassembler devant la fragile barrière de bois protégeant le champ et observèrent les wagons chargés de bière et les cadeaux très recherchés du nouveau tsar (mouchoirs, gâteaux, pots en céramiques)[42] Vers 6 heures du matin, une rumeur circula dans la foule, les petites cabanes de bois étaient ouvertes, la distribution des souvenirs du couronnement avait débuté.[43] Comme un seul homme, une masse énorme d'individus se précipita sur le terrain et se dirigiea vers les petites maisonnettes de bois[44] renversant les femmes, les enfants et les hommes plaçaient près de la clôture, personne ne se doutait du drame qui se jouait, les victimes glissèrent ou tombèrent dans les fossés où ils furent écrasés, d'autres furent étouffés par la foule.[45] Les forces de police peu nombreuses restèrent impuissantes, à leur arrivée, les Cosaques furent incapables d'arrêter la catastrophe. Mille trois cents personnes rendues méconnaissables par d'affreuses mutilations furent tuées, le double furent gravement blessées. [46]
Le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie ne fut pas impliqué directement dans le choix du champ de Khodynka, mais, malgré tout, il fut blâmé pour son manque de prévoyance et comme gouverneur général de la ville, il fut désigné comme le principal responsable de la tragédie. Néammoins, il n'assuma pas sa part de responsabilité dans le drame, il en rejeta la faute sur les autres, et plus particulièrement sur le comte Vorontzov-Dachkov, directeur du Ministère de la Cour impériale avec qui il eut quelques différends sur la gestion des festivités du couronnement.[47] et le colonel Vlasovsky, chef de la police de la ville.[48] Aux yeux de l'opinion publique, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie eut lui-même beaucoup de tort, il ne se rendit pas sur les lieux de la tragédie ni aux funérailles des victimes.
La tragédie du champ de Khodynka provoqua un désaccord majeur au sein de la famille impériale. Certains membre de la famille dirigés par le grand-duc Nikolaï Mikhaïlovitch de Russie et ses frères pensaient que les cérémonies auraient du être annulées. Sergueï Aleksandrovitch de Russie et ses frères estimèrent qu'un évènement historique tel qu'un couronnnement ne pouvait être pertubé ou entâché par une période de deuil : la foule ayant parcouru de longues distances ne devait pas être déçue dans leur attente et les évènements programmés pour les hauts dignitaires étrangers ne devaient pas être annulés. La démission du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie divisa également la famille impériale. Le grand-duc Nikolaï Mikhaïlovitch de Russie et ses frères appelaient à sa démission, les frères du gouverneur général de Moscou, le grand-duc Vladimir Aleksandrovitch de Russie et le grand-duc Alexeï Aleksandrovitch de Russie serrèrent les rangs, ils menaçèrent de quitter la Cour impériale et la vie publique si Sergueï Aleksandrovitch de Russie devenait le bouc-émissaire de la tragédie.[49]
Finalement, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie présenta sa démission, le comte Vorontzov-Dachkov s'y refusa. Le tsar ne fut pas favorable à une enquête approfondie, le chef de la police fut démis de ses fonctions, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie conserva son poste de gouverneur général. La nuit de la tragédie, pour des raisons diplomatiques, Nicolas II de Russie participa à un bal donné en l'honneur des Français, cela fut perçu comme un manque de sympathie envers les victimes.
Article détaillé : Le drame du champ de Khodynka.Vie privée
En 1894, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie devint membre du Conseil d'Empire. En 1896, il fut élevé au grade de lieutenant-général de corps d'armée et nommé commandant du district militaire de Moscou. Le grand-duc se consacra à la politique de son neveu, Nicolas II de Russie, le tsar le considéra comme un contrepoids utile à certains de ses ministres et à des fonctionnaires et un allié en cas de désaccord[50] En 1896, lorsque les troubles éclatèrent dans les universités, pour son action rapide et celles des autorités à rétablir l'ordre, Nicolas II de Russie montra de la reconnaissance à l'égard de son oncle.
Bien que, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie fut considéré comme réactionnaire au cours de son gouvernement, Selon son beau-frère, le grand-duc Louis V de Hesse, il désira et chercha des améliorations, cela eut pour résultat de rendre furieux les conservateurs, il bloqua les réformes révolutionnaires cela provoqua la colère des radicaux, le grand-duc les considéra comme peu pratique en outre la Russie n'était pas prête à les recevoir.[51] [52]
Le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie fut une personnalité énigmatique, ses manières rudes le firent apparaître comme une personne arrogante et désagréable. Timide de nature, il craignit les contacts personnels, la courtoisie exigeant une poignée de main, il résolut le problème en portant un gant blanc. Puritain et sans humour, au moins en public, il considéra avec un total mépris l'opinion public, il sembla être mal à l'aise avec les autres mais également avec lui-même. Il devint vite une cible pour les opposants au régime et fut l'objet de ragots à la Cour. Son cousin, le grand-duc Aleksandr Mikhaïlovitch de Russie laissa une description très dommageable pour le grand-duc Sergueï : « Que voulez-vous, je ne trouve pas un aspect agréable à son caractère... Obstiné, arrogant, désagréable, il étalait ses nombreuses affaires excentriques devant la nation entière, aux ennemis du régime fournissant une matière sans fin pour la diffamation et la calomnie ».[53] Ultérieurement, des écrivains l'accusèrent de sadisme.[54] [55]
Toutefois beaucoup de questions se posent sur la vie privée du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie. Les conjectures sur la nature de ses relations avec son épouse foisonnèrent. Les documents concernant le mariage du grand-duc sont inexistants, ses papiers personnels, y compris sa correspondance avec son épouse ont disparu, les preuves conservées aux archives d'État de Moscou sont sujettes à l'interprétation. Selon certains, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie était homosexuel[56] [57][58] et ce, en totale contradiction avec sa foi et son rang social. Selon d'autres, le mariage fut heureux, mais à sa manière. Inhabituel pour un couple impérial, ils dormirent dans le même lit[59] Le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie fut dans l'obligation de lutter contre ces rumeurs de discorde, son épouse, Elizaveta Fiodorovna dévoua sa vie à son mari et à sa mémoire après son assassinat.
Ce mariage resta stérile, mais le grand-duc Dmitri Pavlovitch de Russie, sa sœur la grande-duchesse Maria Pavlovna de Russie (fils de son frère le grand-duc Pavel Aleksandrovitch de Russie et de sa défunte épouse Alexandra de Grèce) passèrent leurs vacances de Noël et d'été avec leur oncle et leur tante. A leur domicile, le couple fit aménager une salle de jeux et des chambres pour les jeunes enfants. En 1902, sans l'autorisation du tsar, le grand-duc Pavel Aleksandrovitch de Russie épousa morganatiquement Olga Valerianovna Karnovic. Le grand-duc Serguï Aleksandrovitch de Russie demanda et obtint la garde des enfants de son frère exilé.[60] En qualité de père adoptif, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie fut strict et exigeant, mais dévoué et affectueux envers les enfants. Toutefois, le grand-duc Dmitri Pavlovitch et sa sœur Maria Pavlovna blâmèrent leur oncle et leur tante, les accusant de la séparation forcée avec leur père qui les avait abandonné.[61] Le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie fut préoccupé par chaque détail de leur éducation.
A la fin de l'année 1904, la Russie subit la désastreuse Guerre russo-japonaise de 1904-1905, l'empire fut plongé dans une grande tourmente. Le mécontentement et les manifestations se multiplièrent tout comme la pression du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie pour maintenir l'ordre.[62] Ce dernier pensa que seule une grande sévérité pourrait mettre un terme à l'agitation révolutionnaire, mais dans le sillage du désordre civil Nicolas II de Russie fut dans l'obligation de faire des concessions. Le grand-duc ne soutint pas la politique de sécurité du tsar, ni ses tergiversations ni ses faux-fuyants. Désabusé par cette situation, il décida que s'était le bon moment pour se retirer de la vie publique, il informa le tsar que des temps nouveaux demandaient des nouveaux visages.[63] Après treize ans de service, le 1er janvier 1905, il démissionna de son poste de gouverneur militaire de Moscou mais conserva ses fonctions de commandant du district militaire de Moscou.[64]
L'assassinat du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie
Après sa démission, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie, son épouse et ses deux enfants adoptés s'installèrent au Palais Neskuchnoïe, mais peu après, à la hâte, au Palais Nikolaïevsky où ils bénéficièrent de la sécurité à l'intérieur du Kremlin. Ce changement impromptu provoqué par la menace de nouveaux troubles dans la ville fut accompli à la faveur de l'obscurité. Conscient qu'il représentait une cible vulnérable pour les terroristes révolutionnaires, il suivit les conseils de sécurité proposés par ses détectives. Il fit tout son possible pour protéger son épouse, ses enfants et ses serviteurs. Le couple s'aventura rarement à l'extérieur du palais, préférant rester à leur domicile avec des amis proches. Concernant sa propre sécurité, comme son grand-père Alexandre II de Russie, il adopta une attitude fataliste. Comme Le tsar assassiné en 1801, le grand-duc avait la conviction que si c'était la volonté de Dieu aucune protection ne pourrait le sauver. La seule précaution fut de prévenir ses proches pour ne pas mettre leurs vies en danger.
Le 15 février 1905, la famille assista à un concert au théâtre du Bolchoï pour des aides aux organismes de bienfaisance de la Croix Rouge de la grande-duchesse Elizaveta Fiodorovna.[65] Une organisation terroriste connaissant l'itinéraire avait prévu d'assassiner le grand-duc ce jour-là, mais l'un d'entre-eux aperçu les enfants dans la voiture, il se ravisa, il prit la décision de ne pas jeter le mouchoir, signal convenu pour le jet de la bombe par ses camarades. Leur but était d'assassiner le grand-duc, de ne pas tuer son épouse et ses enfants innocents de sang-froid, provoquant ainsi une vague d'indignation à travers l'Empire et ferait reculer la cause révolutionnaire pour des années.[66]
Le matin du 17 février 1905, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie était d'une humeur particulièrement bonne, il lui avait été remis une miniature du tsar Alexandre III de Russie dans un cadre de feuilles de laurier en or, comme marque personnelle de la faveur de son neveu Nicolas II de Russie.[67] Après avoir déjeuné avec son épouse au Palais Nikolaïevsky, le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie se rendit au palais du gouverneur général où il avait encore du travail à faire dans son bureau personnel.[68] Informé du danger, il se rendit malgré tout sans escorte, refusant d'être accompagné par son ordonnance Alexeï, car marié et père d'enfants en bas âge, il craignait pour sa vie.
Attentat d'Ivan Kalyayev
Le 15 février 1905, le poète et socialiste révolutionnaire Ivan Platonovitch Kalyayev ne put mettre son projet à exécution, la présence de l'épouse de Serge Alexandrovitch de Russie, de son neveu et de sa nièce lui firent abandonner momentanément son projet. Opiniâtre, fanatique, Ivan Kalyayev ne renonça pas à son entreprise, même au prix de sa vie.
L'arrivée du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie reconnaissable à sa voiture allemande tirée par deux chevaux, conduite par son cocher Andreï Rudinkine alerta le terroriste posté devant le Kremlin tenant une bombe enveloppée de journaux.
Juste avant 2 heures 45 en cet arpès-midi du 17 février 1905, la voiture du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie passa par la porte de la Tour Nikolskaïa et tourna au coin du monastère Tchoudov, place du Sénat. Puis à une distance ne dépassant pas quatre pieds et à environ une vingtaine de mètres de la Tour Nikolskaïa Ivan Platonovitch Kalyayev (1877-1905), un membre du parti des Combattants socialistes révolutionnaires fit un pas, jeta sa bombe chargée de nitroglycérine à l'intérieur de la voiture du grand-duc.[69] L'explosion désintégra la voiture, le grand-duc fut tué sur le coup, son corps fut littéralement déchiqueté, des morceaux du corps du grand-duc étaient éparpillés sur la neige rougie parmi les lambeaux de tissus brûlés, de fourrure et de cuir. Il en fut de même pour le pauvre cocher. Le corps du grand-duc fut mutilé par l'explosion, sa tête, la partie supérieure de sa poitrine, ses jambes, l'épaule gauche et le bras avaient été emportés et entièrement détruits.[70] De la tête du grand-duc, il ne resta plus que les os du front et autour des yeux.[71] Certains doigts du grand-duc, dont l'un toujours orné de la bague qu'il portait habituellement furent retrouvés quelques jours plus tard sur un toit d'un immeuble proche du lieu du drame.[72] [73] Lors de l'explosion, les chevaux avaient pris la fuite vers la Porte Nikolskaïa, entraînant avec eux les roues avant, le siège du conducteur et le cocher Andreï Rudikin gravement brûlé mais encore conscient, son dos était criblé des éclats de la bombe et de pierres. Il fut transporté à l'hôpital le plus proche, où il décéda trois plus tard.
Ivan Platonovitch Kalyayev, selon son propre témoignage, s'attendait à perdre la vie dans l'explosion. Il fut projeté sur les roues arrières de la voiture. Son visage était parsemé d'éclats et couvert de sang. Le révolutionnaire n'était pas à son premier attentat, le 28 juillet 1904, il était présent lorsque le terroriste Igor Sazonov lança sa bombe sur le ministre de l'Intérieur Viatcheslav Konstantinovitch Plehve.[74]
Lors de son arrestation, Ivan Kalyayev hurla dans la rue : « À bas le tsar. À bas le gouvernement ! Vive le parti socialiste révolutionnaire ! ».
Ivan Platonovitch Kalyayev fut condamné à mort et pendu le 23 mai 1905.[75]
Le macabre ramassage des restes du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie
Au bruit de l'explosion, l'épouse du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie, Elizaveta Fiodorovna accourut sur les lieux du drame, progressivement elle se rapprocha de l'épicentre. Elle trouva des morceaux de bois brûlés et des restes de tissu provenant des vêtements de son époux. A genoux dans le neige maculée de sang,[76] la grande-duchesse désemparée mais apparemment calme, donna ses instructions puis commença le macabre ramassage des restes de son époux. Le torse nu, une partie du crâne, un fragment d'os de la main, des doigts, un pied encore chasussé furent placés sur un brancard et recouverts d'un manteau de l'armée impériale. Elle prit également les médaillons portés autour du cou par le défunt grand-duc.
Les conséquences du tragique décès du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie sur son épouse
Veuve, Elisabeth de Hesse-Darmstadt porta des vêtements de deuil et devint végétarienne. Elle fonda le couvent Marfo-Mariinsky dont elle devint abbesse, en ce lieu, elle se consacra aux soins des pauvres.[77] Le 18 juillet 1918, elle fut assassinée par les Bolcheviks qui la jetèrent vivante au fond d'un puit de mine inondé. Avec elle se trouvait entre autres son neveu, le poète Vladimir Pavlovitch Paley. Leurs corps furent acheminés vers la Chine, puis dirigés vers Jérusalem. De nos jours, la grande-duchesse Elizaveta Fiodorovna repose en l'église Sainte Marie-Madeleine sur le Mont des Oliviers.[78]
L'assassinat du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie choquèrent les milieux conservateurs et monarchistes de la société russe. En revanche, les membres de l'intelligentsia se réjouirent de la mort du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie.
Inhumation
Les restes du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie furent inhumés dans la crypte du monastère Chudov dans l'enceinte du Kremlin. Une croix de bronze commémorative dessinée par le peintre russe Viktor Mikhaïlovitch Vasnetsov (1848-1926) fut érigée sur le lieu où fut assassiné le grand-duc. Après la chute des Romanov, la croix fut détruite le 1er mai 1918, sur ordre de Lénine, elle fut le premier monument de la culture de la Russie impériale détruit .[79]
Découverte du cerceuil du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie
Le monastère Choudov fut démoli en 1928, à son emplacement fut construit le Présidium du Soviet suprême.
La crypte où reposait le grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie était située sous la cour d'un des bâtiments, cette dernière était utilisée comme parking. En 1990, des ouvriers du bâtiment du Kremlin découvrirent l'entrée de la crypte. Le cercueil fut examiné, une capote du régiment de Kiev, les décorations du grand-duc et une icône permirent de reconnaître les restes du grand-duc. Avant son décès, le grand-duc avait laissé des instructions écrites, il souhaitait être inhumé avec l'uniforme du régiment la Garde Préobrajenski, cela s'avéra impossible, son corps fut trop gravement mutilé. En 1995, le cercueil fut officiellement exhumé, après un service funèbre en la cathédrale de l'Archange au Kremlin,[80] il fut inhumé dans un caveau du monastère de Novospassky à Moscou le 7 septembre 1995.[81]
Commémoration du centième anniversaire du décès du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie
Le 17 février 2005, un service religieux commémorant le centième anniversaire du décès du grand-duc Sergueï Aleksandrovitch de Russie fut effectué au monastère de Novospassky. Après les prières, une gerbe fut déposée sur la tombe du grand-duc. La grande-duchesse Maria Vladimirovna de Russie assista à cette cérémonie commémorative. A l'extérieur, lors d'un défilé, l'hymne Dieu sauve le tsar fut joué.[82]
A noter
Ivan Kalyayev et la grande duchesse Elisabeth sont des protagonistes de la pièce d'Albert Camus, « Les Justes », dans laquelle il présente des révolutionnaires passionnés et humains agissant pour une cause juste, car pas seulement centrée sur leur propre intérêt
Généalogie
Serge Alexandrovitch de Russie appartient à la première branche de la Maison d'Oldenbourg-Russie (Holstein-Gottorp-Romanov), issue de la première branche de la Maison d'Holstein-Gottorp, elle-même issue de la première branche de la Maison d'Oldenbourg.
Notes et références
- ↑ www.neuronet.ru
- ↑ Saint-Martyr grande-duchesse Elisabeth
- ↑ Virginia Cowles Les Romanov, page 219
- ↑ Warwick Ella : Princesse Sainte et Martyre, page 87
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- ↑ www.st-nikolas.orthodoxy.ru
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- ↑ Charlotte Zeepavat Romanov Autumn page 134
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Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Grand Duke Sergei Alexandrovich of Russia ».
- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Sergej Aleksandrovič Romanov ».
- (ru) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en russe intitulé « Сергей Александрович ».
Voir aussi
Articles connexes
- Paul Ier de Russie (arrière-grand-père paternel)
- Sophie-Dorothée de Wurtemberg (arrière-grand-mère paternelle)
- Frédéric-Guillaume III de Prusse (arrière-grand-père paternel)
- Louis Ier de Hesse (arrière-grand-père maternel)
- Nicolas Ier de Russie (grand-père paternel)
- Charlotte de Prusse (grand-mère paternelle)
- Louis II de Hesse (grand-père maternel)
Bibliographie
- D.B. Grishin : Le sort tragique du grand-duc. - Moscou Vetche 2006, ISBN 5-9533-1471-X
- Grand-duc Alexandre Mikhaïlovitch de Russie : Il était une fois un grand-duc, Cassell, Londres, 1932
- David Chavchavadze : Les grands-ducs, Atlantique, 1989, ISBN 0938311115
- Virginia Cowles : Les Romanov, Harper et Row, 1971, ISBN 0060109084
- Greg King : La Cour du dernier tsar Wiley, 2006, ISBN 978-0471727637.
- Greg King : La dernière impératrice, Citadel Press Book, 1994, ISBN 0-8065-1761-1
- Bruce W. Lincoln : Les Romanov : Autocrates de toutes les Russie, Anchor, ISBN 0385279086.
- Andreï Maylunas et Sergueï Mironenko : Une passion de toujours : Nicolas et Alexandra, Doubleday, 1997, ISBN 0385486731.
- John van der Kiste : The Romanov 1858-1959 , Sutton Publishing, 1999, ISBN 0-7509-2275-3.
- Christopher Warwick : Ella : Princesse Sainte et Martyre , Wiley, 2007, ISBN 047087063X
- Charlotte Zeepvat : Romanov, Automne, Sutton Publishing, 2000, ISBN 0-7509-2739-9
Liens externes
- www.hrono.ru
- palomnic.org Vasili Selakev, Docteur en Histoire à l'Institut de l'Académie européennes des Sciences de Russie
- www.nsad.ru
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