- Robert de Montesquiou
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Le comte Robert de Montesquiou-Fézensac, plus communément appelé Robert de Montesquiou, est un homme de lettres et un dandy né à Paris le 7 mars 1855 et mort à Menton (Alpes-Maritimes) le 11 décembre 1921.
La fascination exercée par son personnage sur ses contemporains en a fait le modèle de nombreux héros de romans : des Esseintes dans À Rebours (1884) de Huysmans, le comte de Muzaret dans Monsieur de Phocas (1901) de Jean Lorrain et, surtout, le baron de Charlus dans À la recherche du temps perdu de Marcel Proust.
Sommaire
Biographie
Marie Joseph Robert Anatole de Montesquiou-Fézensac, quatrième et dernier enfant du comte Thierry de Montesquiou-Fézensac (1824-1904) et de la comtesse, née Pauline Duroux, est issu d’une illustre lignée originaire de Gascogne, qui compte parmi ses ancêtres Blaise de Montluc et d’Artagnan.
En 1885, Montesquiou rencontra Gabriel Yturri (1864-1905), d’origine argentine, qui devint son secrétaire, son compagnon et peut-être son amant (il lui accordera avec munificence une particule superfétatoire). Le comte de Montesquiou, malgré certaines rumeurs l’accusant de tendances homosexuelles (répandues notamment par le Journal d’Edmond de Goncourt), a très probablement mené une vie chaste, évitant soigneusement de donner la moindre prise au scandale.
L’abbé Mugnier évoque ainsi cette amitié :
« Robert de Montesquiou (...) vient d’achever un livre à la mémoire de son ami Gabriel Yturri et m’invite à venir chez lui entendre la lecture d’un chapitre. C’est l’être qu’il a le plus aimé. » ( Journal, 23 juin 1908, op.cit., p.171 ) (...) il m’a demandé de dire une messe tous les mois, le 12, pour son ami. Il me conduira à Versailles au beau monument funèbre qu’il lui a consacré » ( idem., 4 septembre 1909 ).
Après la mort d'Yturri à la suite d'un diabète, celui-ci fut remplacé comme secrétaire, en 1908, par Henri Pinard, dont Montesquiou fit le légataire des quelques biens qui lui restaient à sa mort en 1921.
Montesquiou a, de son vivant, été violemment décrié. Forain l'appelait méchamment « Grotesquiou » et Pierre Louÿs lui a consacré un poème très acide, Le comte R... de M...[1]. Mais il a aussi suscité des admirations passionnées et a toujours été entouré d'une cour de disciples admirateurs — à l'instar de Marcel Proust ou du pianiste Léon Delafosse — et d'amis fidèles : d'abord sa cousine, la comtesse Greffulhe, le marquis et la marquise de Casa Fuerte, la princesse Bibesco, la princesse de Léon, Judith Gautier, Gustave Moreau, James Abbott McNeill Whistler, Antonio de La Gandara, Georges Hoentschel, et même, pendant un temps, Octave Mirbeau. Gabriele D'Annunzio était un de ses amis notamment pendant la période que le grand poète italien passa à Arcachon. Les deux amis avaient une vision très semblable de la vie et une communauté d’intérêts. Il fréquentait le salon littéraire de Geneviève Bizet où il croisait Henri Meilhac, Paul Bourget, dandy comme lui et romancier, ou Joseph Reinach.Il a soutenu l'avant-garde de son époque : Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine en poésie ; Claude Debussy ou Gabriel Fauré en musique ; Paul Helleu et Léon Bakst en peinture.
L’hôtel particulier du comte de Montesquiou, que ses parents firent édifier pour lui et son frère en 1858 par l'architecte Joseph-Michel Le Soufaché, existe toujours aujourd’hui au 1, boulevard de La Tour-Maubourg à Paris (il est actuellement occupé par le centre culturel de Chine). Quant au château de la famille Montesquiou-Fézensac, il a été détruit par un incendie [Quand ?], dont les causes restent inexpliquées.
Le 29 octobre 1908, Montesquiou acquit du milliardaire Pârsî Ratanji Jamsetji Tata un autre « Palais Rose », celui du Vésinet, copie assez fidèle du Grand Trianon de Versailles, en plus petit. Séduit dès sa première visite, il se serait aussitôt écrié : « Si cette maison, qui n'est pas à vendre, et que d'ailleurs mes moyens modestes ne semblent guère me mettre en état d'acquérir, si cette maison improbable, impossible, et pourtant réelle, n'est pas à moi demain, je meurs ! »[2]. Il l'habita jusqu'en 1921 et la laissa à son dernier secrétaire Henri Pinard ; celui-ci la vendit à Luisa Amann, marquise Casati, muse de nombre d'artistes de la première moitié du XXe siècle qui, ruinée, l'abandonna à ses créanciers en 1932.Montesquiou repose dans une tombe anonyme du cimetière des Gonards à Versailles, à côté de celle de Gabriel Yturri.
Elle est surmontée de la statue de l'Ange du Silence, l'index de la main droite sur les lèvres et les orbites vides, statue provenant du château de Vitry-sur-Seine, achetée par Montesquiou.
Œuvres
Montesquiou a publié de nombreuses œuvres littéraires: 18 volumes de poésie, 22 œuvres critiques, 2 romans, 2 biographies. Ses trois volumes de souvenirs ont été imprimés après son décès pour des raisons judiciaires. Sa poésie — qu'il jugeait la partie la plus importante de son œuvre — est généralement jugée précieuse et affectée ; elle est à tout le moins inégale. En revanche, Montesquiou critique fut, selon la formule de Marcel Proust, le « professeur de beauté » de toute une génération.
Parmi les mots de ce collectionneur d'art, surnommé le « Prince Hortensia », sa fleur favorite, on cite souvent : « L'infidélité des objets, c'est de survivre à ceux qui les ont aimés. »
Poésie
- Les Chauves-Souris, Clairs obscurs (Richard, édition privée, ornée de dessins de Whistler, Antonio de La Gandara, Jean-Louis Forain et Yamamoto: 1892)
- Le Chef des odeurs suaves, Floréal extrait (Richard, 1893; 1894 réimpression ornée de 1 dessin par Breughel)
- Le Parcours du rêve au souvenir (Charpentier et Fasquelle, 1895)
- Les Hortensias bleus (Charpentier et Fasquelle, 1896 - couverture ornée d'un dessin de Paul César Helleu)
- Les Perles rouges : 93 sonnets historiques (Charpentier et Fasquelle, 1899; 2ème édition illustrée de 4 eaux-fortes d' Albert Besnard)
- Les Paons (Charpentier et Fasquelle, 1901 - couverture illustrée d'un dessin par René Lalique)
- Prières de tous : Huit dizaines d'un chapelet rythmique (Maison du Livre, 1902, édition originale, illustrée de dessins de Madeleine Lemaire)
- Calendrier Robert de Montesquiou pour 1903 (couverture illustrée d'un portrait de Montesquiou avec chauves souris dorées, et orné à chaque page d'un vol de chauves-souris, tiré en or ou en bleu)
- Calendrier Robert de Montesquiou 1904 (édition originale illustrée de dessins)
- Passiflora (L'Abbaye, 1907 - couverture illustrée d'un dessin par Montesquiou)
- Les Paroles diaprées, cent dédicaces (Richard, 1910)
- Les Paroles diaprées, nouvelle série de dédicaces (Richard, 1912)
- Les Offrandes blessées : élégies guerrières (Sansot, 1915 - 3ème édition ornée d'un frontispice d'Ingres)
- Nouvelles Offrandes blessées (Maison du Livre, 1915- édition originale, ornée d'un frontispice par Henri Gervex)
- Offrande coloniale (1915)
- Sabliers et lacrymatoires : élégies guerrières et humaines (Sansot, 1917 - édition originale, ornée d'un frontispice reprod. de Rodin)
- Un moment du pleur éternel : offrandes innommées (Sansot, 1919 - édition originale, ornée d un frontispice d'Aubrey Beardsley)
- Les Quarante Bergères : portraits satiriques... (Librairie de France, 1925 - édition originale, ornée d'un frontispice d'Aubrey Beardsley et de lettrines gravées sur bois par Llano-Florez)
Essais
- Félicité : étude sur la poésie de Marceline Desbordes-Valmore, suivie d'un essai de classification de ses motifs d'inspiration (Lemerre, 1894 - édition originale ornée d'un portrait de Mme. Valmore d'après Devéria)
- Roseaux pensants (Charpentier et Fasquelle, 1897)
- Apollon aux lanternes (Albert Lanier, 1898)
- Autels privilégiés (Charpentier et Fasquelle, 1898)
- Alice et Aline, une peinture de Théodore Chassériau (Charpentier et Fasquelle, 1898)
- Musée rétrospectif de la classe 90 (parfumerie - matières premières, matériel, procédés et produits): a l'Exposition universelle internationale de 1900, a Paris), Belin Frères, 1900)
- Alfred Stevens (extrait de la Gazette des Beaux-Arts, 1900)
- Pays de aromate (Floury, 1900)
- L'Inextricable Graveur : Rodolphe Bresdin (Richard, 1904)
- Professionnelles Beautés (Juven, 1905)
- Altesses sérénissimes (Juven, 1907)
- Assemblée de notables (Juven, 1908)
- Saints d'Israël (Maison du livre, 1910)
- Brelan de dames : essai d'après trois femmes auteurs (Fontemoing et Cie, 1912)
- Têtes d'expression (Emile-Paul Frères, 1912)
- Paul Helleu, peintre et graveur (Floury, 1913)
- Têtes couronnées (Sansot, 1916)
- Majeurs et mineurs (Sansot, 1917)
- Diptyque de Flandre, triptyque de France (Sansot, 1921)
- Les Délices de Capharnaüm (Émile-Paul Frères, 1921)
- Élus et Appelés (Émile-Paul Frères, 1921)
- Le Mort remontant (Émile-Paul Frères, 1922)
Romans
- La Petite Mademoiselle (Albin-Michel, 1911)
- La Trépidation (Emile-Paul Frères, 1922)
Biographies
- Le Chancelier des fleurs : douze stations d'amitié (Maison du livre, 1907)
- La Divine Comtesse : Étude d'après Madame de La Castiglione (Goupil, 1913)
- L'Agonie de Paul Verlaine, 1890 - 1896 (M. Escoffier, 1923)
Théâtre
Mémoires
- Les Pas effacés, 3 vol. (Émile-Paul Frères, 1923), Réed. Editions du Sandre, 2007, 3 vol.
Iconographie (liste partielle)
- la Collection Frick de New York conserve, entre autres œuvres de Whilster, le portrait de Montesquiou intitulé : "Arrangement noir et or, le comte Robert de Montesquiou-Fezensac" (1891-1892) ;
- un autre portrait du comte, d'Antonio de La Gandara (vers 1887-1888 ?), moins connu que celui de Boldini de 1897 (musée d'Orsay, Paris), reproduit ci-joint et sur la couverture de l'ouvrage "Masculin singulier", ouvrage sur le dandysme de Marylène Delbourg-Delphis (Hachette, 1985), est exposé au musée des Beaux-Arts de Tours : il est représenté de profil, tenant un énorme bijou en forme de scarabée (legs Hersent-Luzarche, château d'Azay-le-Ferron, 1952).
- une photographie par Nadar datée du 6 février 1895 (archives photographiques Paris, SPADEM) a été exposée dans l'exposition "Le monde de Proust" (C.N.M.H.S. Hôtel de Sully, Paris, avril-mai 1991) ;
- un portrait de lui assis, la tête soutenue par sa main droite gantée, par Laszlo, daté de 1905, est visible sur le site Internet consacré par la "JSS GALLERY" à ce peintre.
- Albert Besnard l'a représenté sur une eau-forte en 1899 (N° 126 au catalogue de Louis Godefroy de l'œuvre gravé du peintre, Paris, 1926). Un premier état en est visible au musée municipal de Gray (Haute-Saône).
Bibliographie
- Robert de Montesquiou et Marcel Proust, Professeur de beauté, textes réunis et préfacés par Jean-David Jumeau-Lafond, Paris, éditions de La Bibliothèque 1999.
- Abbé Mugnier, Journal 1879-1939 (coll. "Le Temps Retrouvé", Le Mercure de France 1986) ;
- Gabriel Badea-Päun, « Entre mondanité et mécénat – les avatars d’une relation, Robert de Montesquiou et Antonio de La Gandara » (La Revue de la Bibliothèque Nationale, N° 25/2007 - « La presse du XXe siècle », p. 54-62) ;
- Patrick Chaleyssin, Robert de Montesquiou, mécène et dandy (Somogy, 1992) ;
- Philippe Jullian, Robert de Montesquiou, un prince 1900 (Librairie académique Perrin, 1987);
- Edgar Munhall, Whistler et Montesquiou, Le Papillon et la Chauve-souris - The Frick Collection (Flammarion, 1995) ;
- (it) Tom Antongini, "D'Annunzio aneddotico" (Mondadori, Milan, 1935).
Notes
- V. p. 340 de l'édition de ses Poésies, Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1988.
- Site de la Société d'Histoire du Vésinet : Le Palais Rose
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