Rapport minoritaire (film)

Rapport minoritaire (film)

Minority Report

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Minority Report
Image associée au film

Réalisation Steven Spielberg
Acteurs principaux Tom Cruise
Colin Farrell
Max von Sydow
Samantha Morton
Kathryn Morris
Scénario Scott Frank
Jon Cohen
d'après la nouvelle Rapport minoritaire de Philip K. Dick
Musique John Williams
Photographie Janusz Kaminski
Montage Michael Kahn
Production Jan de Bont
Bonnie Curtis
Gerald R. Molen
Walter F. Parkes
Budget 102 millions de dollars américains[1]
Format Son : Dolby Digital DTS
Projection : 2.35 : 1 Cinémascope
Production : 35mm
Durée 145 minutes[2]
Sortie Drapeau des États-Unis 21 juin 2002
Drapeau de la France 2 octobre 2002
Langue(s) originale(s) Anglais
Pays d’origine États-Unis États-Unis

Minority Report (Rapport minoritaire en français) est un film de science-fiction américain réalisé par Steven Spielberg, sorti sur les écrans en 2002.

Adaptation cinématographique de la nouvelle éponyme de Philip K. Dick, Minority Report place le spectateur dans un futur proche cyberpunk, une dystopie dont le cadre est le Washington de 2054 où des êtres humains mutants, les précogs, peuvent prédire les crimes à venir grâce à leur don de préscience.

Sommaire

Le film

Présentation générale

Accroche

En 2054, la ville de Washington a réussi à éradiquer la criminalité. Grâce aux visions du futur fournies par trois individus précognitifs, les agents de Précrime peuvent écrouer les criminels juste avant qu’ils n'aient commis leurs méfaits. Mais un jour, l’agent John Anderton reçoit des précogs une vision le concernant : dans moins de 36 heures, il aura assassiné un homme qu’il ne connaît pas encore et pour une raison qu’il ignore. Choqué, il prend alors la fuite, poursuivi par ses propres coéquipiers qui ont pour mission de l’arrêter conformément au système...

Résumé

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

Le film se déroule à Washington en 2054. Il s'ouvre sur John Anderton, agent de l'organisation gouvernementale Précrime. Son équipe est en train de tenter d'appréhender un suspect. Dans cette séquence, on découvre qu'à cette époque on parvient à prédire les crimes à l'aide de précogs (abréviation de précognitifs, « qui ont la capacité de voir l'avenir ») : trois humains en état de stase, préservés au cœur du siège de Précrime, fournissent l'heure du méfait, le nom de l'agresseur et le nom de la victime. Tous les autres aspects du crime ne peuvent être obtenus qu'en décryptant de maigres indices dans les images relayées par les précogs. Celles-ci sont des visions de l'avenir entourant le moment du crime et sont transférées dans un système informatique grâce auquel Anderton manipule les images à travers une interface de réalité virtuelle. Ainsi, il cherche où ont lieu les crimes et d'autres informations utiles avant d'intervenir.

Durant ces manipulations, Anderton est observé par Danny Witwer, un agent du Ministère de la Justice envoyé pour évaluer le système car les Américains vont bientôt être consultés par référendum pour étendre à tout le pays le programme Précrime, uniquement utilisé à Washington.

Après l'intervention et le placement en état de stase du pré-criminel, Anderton retourne dans son appartement et y regarde des vidéos holographiques de son fils de six ans. Il devient évident, dans l'esprit du spectateur, que celui-ci est décédé et que l'agent est maintenant divorcé.

Le matin suivant, Witwer visite la salle où les trois précogs reposent dans un bassin rempli d'une substance translucide. Un technicien lui explique que celle-ci aide à relayer les images que les précogs produisent. Anderton, en retrait, est apostrophé par l'un des précogs, Agatha, qui émerge de l'eau et lui montre des images d'une femme en train d'être assassinée. Intrigué de ne jamais avoir vu ces images, Anderton enquête. Il visionne les enregistrements.

Les images des deux autres précogs sont enregistrées, celles-ci ne montrent pas de meurtre. Celles d'Agatha, qui est a priori la plus fiable du trio, ont disparu. Anderton prévient alors le responsable de la cellule anti-criminelle de Washington, Lamar Burgess, qui n'apparaît pas concerné. L'agent retourne donc à son travail.

Un meurtre va avoir lieu dans trente-six heures. Anderton récupère le nom du meurtrier, qui n'est autre que le sien. Sachant qu'il va évidemment être capturé, il s'enfuit. Il parvient à semer l'équipe de Witwer dans une usine de voitures et à se réfugier dans la maison d'Iris Hindeman, pionnière de Précrime avec Lamar. La vieille dame lui révèle qu'il arrive qu'un précog ait une vision de l'avenir différente de celle de ses camarades mais que, par souci de fiabilité, le système exclut alors la vision discordante. Toutefois, une trace de cette vision demeure présente dans l'esprit d'Agatha, la plus forte des précogs. Mis au courant de ce secret jusqu'ici connu des seuls Lamar et Iris, Anderton voit alors sa seule chance de prouver son innocence dans la récupération d'un éventuel “rapport minoritaire” afférent à la prédiction le concernant, rapport qui aurait été ignoré par le système.

En 2054, il est difficile de se déplacer incognito car toutes les personnes sont soumises à des scanners rétiniens (pour la personnalisation des messages publicitaires audios par exemple). Pour échapper à toute identification, Anderton va se faire transplanter de nouveaux yeux chez un chirurgien informel. Alors qu'il dort pour récupérer de l'opération le temps que ses greffes prennent, l'agent rêve d'un souvenir : on apprend alors que son fils a été kidnappé. Il se réveille et découvre que des agents de Précrime sont en train de fouiller le bâtiment où il se trouve. En quête de ses fugitifs, l'équipe sur place déploie des spyders, de petites araignées robotiques chargées de scanner les yeux des badauds et des habitants. Parvenues à Anderton, celles-ci cherchent à l'identifier mais, du fait de l'opération chirurgicale, ne le reconnaissent pas.

Anderton se rend ensuite à Précrime où il arrive à pénétrer, en plaçant devant les multiples scanners d'identification rétinienne ses anciens yeux qu'il a conservés. Parvenu au cœur du bâtiment, il sort Agatha de son bassin, déconnectant ainsi le réseau trial de précogs qui fait fonctionner Précrime. Il s'échappe en embarquant avec lui la précognitive, et va trouver un des ses amis hacker qui scanne la mémoire d'Agatha : Anderton accède ainsi à la vision du meurtre qu'il est censé commettre. Toutefois, la vision est identique à celle qui avait été sélectionnée par le système : il n'existe pas de “rapport minoritaire” pour son cas.

Anderton part donc à la recherche de sa potentielle victime, Leo Crow, qui est absent de son appartement. En fouillant ce dernier, Anderton trouve des quantités de photos d'enfants éparpillées et, parmi elles, certaines de son fils. L'idée qu'il n'y a pas de “rapport minoritaire” pour son crime s'affirme : il a toujours prémédité la mort du kidnappeur de son fils si jamais il le trouvait, et Leo Crow s'avère être celui-ci. Il décide donc de le tuer.

Sommé par Agatha de réfléchir, Anderton reconsidère son envie de meurtre et décide simplement d'arrêter Crow. Il lui annonce ses droits Miranda. C'est alors que Crow annonce que s'il n'est pas tué, sa famille n'aura rien. Anderton comprend que tout cela était donc une mise en scène. Crow parvient à accrocher le pistolet d'Anderton et se suicide par police interposée en appuyant sur la main de l'agent. Anderton et Agatha quittent alors l'appartement.

Witwer et l'unité Précrime arrivent sur les lieux et étudient la scène du crime. Witwer analyse les photos répandues et devient très sceptique : les cas d'orgie de preuves comme celle-ci sont très peu probables. Il va donc voir Lamar Burgess et l'entretient de ses doutes. Il lui montre les rapports concernant le meurtre de la femme : le “rapport minoritaire” d'Agatha et le rapport majoritaire des deux autres précogs. Il y a des différences qui tendent à prouver que les deux visions ne datent pas du même moment : le meurtre étant commis près d'un lac, on peut remarquer que d'une version à l'autre, les ondulations de l'eau ne vont pas dans le même sens. À cet instant, Burgess tue Witwer, sans raisons apparentes. Le Précrime n'a pas pu prédire ce meurtre en l'absence d'Agatha.

Anderton s'est réfugié dans la maison de son ex-femme Lara et il comprend pourquoi il est l'objet de manipulations : la femme dont il a vu le meurtre n'est autre que la mère d'Agatha. Celle-ci tentait de récupérer sa fille, utilisée comme précog ; on l'a donc assassinée pour le bien du programme.

La police intervient et arrête Anderton. Plus tard, Lara s'entretient avec Burgess au sujet de la femme et comprend que c'est lui qui en a été le meurtrier. Elle va donc libérer Anderton, placé en stase. Ils se rendent à une conférence donnée par Burgess et le confrontent à son crime. Burgess sort son pistolet et menace Anderton avant de se suicider pour le bien du programme.

Dans la séquence finale, Anderton explique que l'expérience Précrime est arrêtée et que tous les précriminels ont été libérés sans conditions. Les précogs ont été mis au secret et vivent une vie normale. Anderton s'est réconcilié avec Lara qui est enceinte...

Fiche technique

Sauf mention contraire, cette fiche est établie à partir du générique du film.

Distribution

La distribution des rôles initialement prévue a été en partie revue à la suite des retards pris par le tournage du film[7],[8].

Rôles principaux
  • Tom Cruise : John Anderton, officier de Précrime, trentenaire divorcé. Il est à la tête de l'unité Précrime de Washington. Il est émotionnellement affecté par la disparition de son fils.

C'est Tom Cruise, tombé amoureux de la nouvelle, qui aura l'idée du projet Minority Report et d'y convier Steven Spielberg[9]. Cela marque la première collaboration des deux hommes qui avaient prévu de travailler ensemble dès leur première rencontre en 1983, à l'époque de Risky Business[9]. Ils se retrouveront dans La Guerre des mondes. L'acteur a effectué la plupart de ses cascades lui-même, fort de son expérience sur Mission : Impossible II même si le réalisateur est parvenu à l'empêcher d'en faire certaines[9].

  • Colin Farrell : Ed Witwer, envoyé du ministère de la Justice qui observe et évalue le projet Précrime.

Avant que Colin Farrell ne fasse partie du projet, c'est Matt Damon, puis Yorick van Wageningen, qui devaient interpréter Ed Witwer.

  • Max von Sydow : Lamar Burgess, directeur de la cellule anti-criminelle de Washington, supérieur d'Anderton.

Dans la distribution initiale, c'est Ian McKellen qui devait interpréter le directeur Burgess.

  • Samantha Morton : Agatha, précog ayant les pouvoirs psychiques les plus puissants.

Samantha Morton remplaça au pied levé Jenna Elfman qui dut se retirer du film à cause des retards pris par celui-ci. Cette dernière avait déjà remplacé Cate Blanchett.

  • Kathryn Morris : Lara Clarke Anderton, ex-femme d'Anderton et mère de leur enfant disparu.
Rôles secondaires

Il était initialement prévu que Meryl Streep soit l'actrice du rôle dévolu à Lois Smith.

  • Steve Harris : Jad, officier aidant Anderton à interpréter les visions des précogs.
  • Neal McDonough : Gordon "Fletch" Fletcher, officier de Précrime, collègue d'Anderton.
  • Jessica Harper : Anne Lively, la victime du "rapport minoritaire".
  • Tim Blake Nelson : Gidenon.
  • Joel Gretsch : Donald Doobin.
  • Daniel London : Wally.
  • Ashley Crow : Sarah Marks.
  • Arye Gross : Howard Marks.
  • Patrick Kilpatrick : Jeff Knott.
  • Jessica Capshaw : Evanna.
  • Anna Maria Horsford : Casey.
  • Tyler Patrick Jones : Sean Anderton, le fils de John et Lara.
  • Dominic Scott Kay : Sean Anderton jeune.
  • Caroline Lagerfelt : Greta van Eyck.
  • Nancy Linehan Charles : Celeste Burgess, la femme de Lamar Burgess.
  • William Mapother : l'employé à l'entrée de l'immeuble de Crow.

William Mapother est le cousin de Tom Cruise.

  • Michael Dickman : Arthur, précog.
  • Matthew Dickman : Dashiell, précog.
  • Sarah Simmons : la secrétaire de Lamar Burgess.
Caméos

Plusieurs célébrités ont un caméo dans le film[8] :

  • Le réalisateur Cameron Crowe (avec qui Cruise vient de finir Vanilla Sky) : un passager dans le bus.
  • Le réalisateur Paul Thomas Anderson (avec qui Cruise a tourné Magnolia) : un homme dans le métro.
  • L'actrice Cameron Diaz (la partenaire de Cruise dans Vanilla Sky) : une femme dans le métro.
  • Le co-scénariste du film Scott Frank : un client de la salle de réalité virtuelle.

Production et scénario

Total Recall 2 ?

À l'origine[10], la nouvelle Rapport minoritaire de Philip K. Dick devait être adaptée de manière à devenir une suite du film Total Recall de Paul Verhoeven, qui était déjà une adaptation d'une nouvelle de l'auteur sans autre rapport avec celle-ci. Ce scénario devait être créé par les scénaristes Ronald Shusett, Gary Goldman et, arrivé plus tard sur le projet, Robert Goethals. De ce fait, l'histoire devait être délocalisée sur Mars où les précogs auraient été des personnes mutées par l'atmosphère martienne, problème central du premier film. Le personnage principal, John Anderton, aurait aussi été substitué à celui de Douglas Quaid, héros du premier film, joué par Arnold Schwarzenegger. Le projet a été annulé mais les scénaristes, toujours détenteurs des droits de la nouvelle, ont réécrit le scénario en ôtant toute référence à Total Recall. C'est a priori au moment où le scénariste Jon Cohen a été engagé, en 1997, que ce précédent scénario a été mis de côté et totalement réimaginé.

Le projet Cruise / Spielberg
Steven Spielberg, réalisateur et producteur

C'est en 1998 que Steven Spielberg et Tom Cruise rejoignent le projet Minority Report et annoncent qu'il s'agira d'une coproduction entre la 20th Century Fox, la compagnie de Spielberg (DreamWorks SKG), celle de Cruise (Cruise/Wagner Productions) et celle de Jan de Bont (Blue Tulip)[11]. La production est alors étalée sur plusieurs années. Le tournage était prévu une fois celui du film Mission: Impossible II avec Cruise achevé[11]. Mais les préparatifs du film n'ont pu être terminés à temps, ce qui a permis au scénariste Scott Frank, fraichement débarqué sur le projet, de retravailler le scénario[12].

L'ombre de grands réalisateurs

Puis, la mort de l'ami de Steven Spielberg, Stanley Kubrick, a contraint le réalisateur à finir le projet de ce dernier, A.I. : Intelligence Artificielle, reportant ainsi Minority Report[13]. Tom Cruise ayant travaillé sur le dernier film de ce dernier, Eyes Wide Shut, l'ombre de Kubrick ne pouvait pas ne pas planer sur le film. On peut ainsi voir dans le film[9] de nombreuses références au metteur en scène disparu :

  • Le plan suivant le premier meurtre est un plan de l'œil d'Agatha semblable à celui utilisé par Kubrick dans 2001, l'odyssée de l'espace après les explosions lumineuses.
  • Le personnage de Max von Sydow se nomme Lamar Burgess, comme Anthony Burgess, l'auteur du roman adapté par Kubrick Orange mécanique.
  • John Anderton est dépendant à la drogue et aime la musique classique, comme le héros du roman Alex DeLarge. Lors de son opération des yeux, il est maintenu par des attaches très proches de celles utilisées sur Alex dans Orange mécanique.

Dans le film, le scénario réserve aussi des hommages à deux autres réalisateurs[8] :

Le tournage commença finalement le 22 mars 2001[7] juste après que Cruise eut terminé le tournage de Vanilla Sky[8].

Sons et musique

La gestion des sons dans le film a été un vrai défi technique. Gary Rydstrom, le superviseur de ceux-ci, a dû par exemple faire appel à une équipe de chercheurs de l'Université de Cornell pour créer les bruits des spyders, restitution des sons inaudibles créés par les araignées[9]. En revanche, le son du maglev vient de sa machine à laver.[8]

Un album a été diffusé comprenant la bande originale du film, elle est composée par John Williams.

Article détaillé : Minority Report (bande originale).

La 8e symphonie en si mineur, dite « L'Inachevée » D.759 (1822) de Franz Schubert, absente de cet album, est très présente dans le film. La bande originale en elle-même a été composée par John Williams qui a souvent collaboré avec Steven Spielberg. Elle a été orchestrée par John Neufeld et la performance vocale et de Déborah Dietrich. Elle s'inspire de l'œuvre de Bernard Herrmann[14]. Steven Spielberg pense que c'est la première composition de Williams pour un de ses films qui soit "en noir et blanc"[14]. Cette bande-son est profondément connotée "science-fiction", notamment avec le thème principal, dont les sons d'explosions font écho à ceux de Vangelis dans sa bande originale de Blade Runner[8], film également tiré de Philip K. Dick.

Analyse

Différences entre la nouvelle et le film

Dans la nouvelle, l'action se déroule à New York. Dans le film, c'est à Washington.
Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

On peut trouver de nombreuses différences entre la nouvelle et le film[15],[16],[17],[8] :

  • Le Précrime était une branche gouvernementale dans la nouvelle et il est devenu un département de police dans le film.
  • John Anderton, une cinquantaine d'année, créateur du Précrime est devenu le fringant Tom Cruise, trentenaire qui a rejoint le Précrime après le kidnapping de son fils. Il était plus vieux que sa femme, Lisa, alors que celui du film a le même âge que son ex-épouse, Lara.
  • Les précogs originaux se nommaient Mike, Donna et Jerry, avaient des malformations, un retard mental et étaient méprisés. Leurs prédictions étaient extrapolées à partir de leurs balbutiements. Dans l'adaptation, ils se nomment Agatha, Dashiell et Arthur, en hommage aux écrivains de romans policiers Agatha Christie, Dashiell Hammett et Arthur Conan Doyle. Ce sont des enfants de toxicomanes dont les mutations leur procurent des dons de précognition, enregistrés par une machine. Ils sont déifiés par les officiers du Précrime et sont plutôt intelligents.
  • Dans la nouvelle, Anderton échange son identité à l'aide d'une carte d'identité et de documents divers alors que dans le film, il doit subir une transplantation d'œil.
  • Le personnage de Witwer est censé être originaire du Maryland mais Spielberg a éludé cela à cause de l'accent de Colin Farrell.
  • À l'origine, la victime prédite d'Anderton est le général Leopold Kaplan, un opposant au projet, nostalgique de la puissance perdue de l'armée. Anderton tue Kaplan pour éviter la destruction de Précrime. Dans le film, Crow se suicide tout comme Burgess, le chef du projet Précrime, confronté à son crime par le rapport minoritaire, stoppant de ce fait le projet.
  • La fin de la nouvelle voit le départ de John et Lisa vers une colonie spatiale alors que le film marque leur réconciliation et l'attente d'un second enfant.

Thèmes et références

L'idéologie sécuritaire

Sous couvert du thème de la sécurité, Minority Report pose la question philosophique classique du libre-arbitre face au déterminisme[18] L'une des questions principales est donc : « le futur est-il écrit ou le libre-arbitre, les choix, peuvent-ils modifier celui-ci ?[19] ». Celle-ci est aussi discutée à travers la question de la justesse de la vision des précogs[19]. Agatha affirme que dès l'instant où Anderton connaît son avenir, il peut le changer. Le film montre aussi que c'est cette connaissance d'Anderton qui peut être la cause de la mort de Leo Crow. Dès lors, peut-on accuser quelqu'un du fait qu'il va commettre un meurtre si quelqu'un peut faire en sorte, à l'aide des précogs, de faire commettre un meurtre ? Le crime existerait-il si l'on ne tentait pas de l'empêcher ?[19] Le traitement de ce thème a entraîné des critiques à la fois positives, parfois même faisant de ce point le principal intérêt du film[20],[21], et négatives[22].

On peut également, comme Les Cahiers du cinéma, voir une interrogation sur le concept de « zéro tolérance » de l'ère post-Giuliani[23].

Entre futur proche et rétrofuturisme
Des experts du MIT ont aidé Steven Spielberg à créer un futur crédible

Minority Report est un film d'anticipation qui compose à la fois avec des éléments d'une dystopie et d'une utopie. Le film livre une vision du futur proche plus précisément décrit que dans la nouvelle dont il est adapté. Pour créer un futur proche crédible, Steven Spielberg, en 1999, invita quinze expert du Global Business Network, son président Peter Schwartz, le fondateur de Wired Kevin Kelly et le démographe et journaliste Joel Garreau[24] dans un hôtel de Santa Monica. Ils y ont fait un brainstorming pour réfléchir en détail à quoi ressemblerait le monde de 2054. Parmi les experts, on pouvait compter Steward Brand, Peter Calthrope, Douglas Coupland, le professeur au Media Lab du MIT Neil Gershenfeld, le chercheur en biomédecine de la DARPA Shaun Jones, l'un des inventeurs de la réalité virtuelle Jaron Lanier, le designer automobile Harald Belker (qui avait travaillé sur xXx et Armagedon)[25] et l'ancien doyen de l'école d'architecture du MIT William J. Mitchell[26],[8]. Le film aura d'ailleurs prédit quelques innovations technologiques apparus les années suivantes : avènement des interfaces tactiles, écrans publicitaires intelligents[27]...

Les discussions n'ont pas changé les éléments clefs dont les séquences d'action du film avaient besoin, mais ont néanmoins influencé les aspects utopiques du film. John Underkoffler, le conseiller scientifique et technologique du film, décrivit au final celui-ci comme "plus gris et plus ambigu" que ce qu'ils avaient prévu en 1999[28].

D'un point de vue stylistique, Minority Report peut faire penser à A.I. : Intelligence Artificielle, précédent film réalisé par Steven Spielberg, plus qu'à E.T. l'extra-terrestre, un autre de ses films de science-fiction référence[29]. Le film est volontairement suréclairé et durant la post-production, un procédé sans blanchiment (bleach bypass) a été utilisé[30]. Cela donne au film un aspect particulier, avec des couleurs vraiment désaturées. On dirait presque un film en noir et blanc du fait que les tons noirs et les ombres sont très marquées[30]. Le film possède 481 plans d'effets spéciaux, ce qui en fait le film le plus complexe de Steven Spielberg, selon Bonnie Curtis, qui n'avait pas atteint ce nombre depuis Rencontres du troisième type[9].

On lui prête pourtant parfois, malgré une apparence froide futuriste donné par ces couleurs, un aspect fin des années 1970, rétrofuturiste[31]. Selon Spielberg lui-même, la musique renvoie aux films noirs de l'époque d'Humphrey Bogart et de John Huston[14].

Autour du film

Box-office

Le film ayant coûté 102 millions de dollars[1], il a été un succès économique en salles avec ses 358 372 926 $ de recettes mondiales et sachant que les studios gagnent environ 55% de cette somme[32]. Voici un tableau résumant certains des résultats enregistrés au box-office par pays[33] :

Box-office mondial par pays du film Minority Report
Pays Box-office Pays Box-office Pays Box-office
Afrique du Sud Afrique du Sud 758 070 $ Espagne Espagne 10 929 188 $ Mexique Mexique 5 797 583 $
Allemagne Allemagne 16 996 596 $ États-Unis États-Unis 132 072 926 $ Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande 1 013 341 $
Argentine Argentine 758 070 $ Finlande Finlande 873 526 $ Norvège Norvège 1 714 528 $
Australie Australie 6 584 824 $ France France 18 777 372 $ Pays-Bas Pays-Bas 2 832 068 $
Autriche Autriche 1 791 958 $   en entrées[34] 3 458 797 Pologne Pologne 1 451 219 $
Brésil Brésil 3 414 895 $ Grèce Grèce 1 492 800 $ République tchèque République tchèque 641 507 $
Bulgarie Bulgarie 129 696 $ Hong Kong Hong Kong 2 904 285 $ Royaume-Uni Royaume-Uni 31 388 860 $
Corée du Sud Corée du Sud 19 701 400 $ Hongrie Hongrie 561 752 $ Russie Russie 2 804 778 $
Chili Chili 608 977 $ Italie Italie 10 061 730 $ Taïwan Taïwan 2 916 127 $
Égypte Égypte 165 435 $ Japon Japon 42 707 326 $ Turquie Turquie 1 350 961 $

Il a eu tout autant de succès sur le marché de la vidéo, avec au moins quatre millions de DVD vendus lors des premiers mois de diffusion[35].

Réception

Critiques

À sa sortie, le film fut généralement apprécié par les critiques presse et Internet[36].

Roger Ebert donne au film quatre étoiles (le maximum) et le liste comme meilleur film de 2002. Il le décrit comme un "triomphe, un film qui fonctionne à la fois sur nos esprits et nos émotions"[21]. D'un autre côté, Pete Travers, du magazine Rolling Stone trouve que le film est peu probant en termes de moralité[22] et Kenneth Turan du Los Angeles Times a eu du mal à suivre l'intrigue[37].

En France, la très grande majorité des critiques est conquise[23]. Gérard Delorme de Première trouve que c'est le film le plus excitant de Steven Spielberg depuis Jurassic Park et que la prestation des deux acteurs principaux est bonne. C'est "réussi" pour Télérama, "du grand art" pour Le Figaro, "essentiel" pour Mad Movies, "dynamique et inventif" pour Zurban. Libération note cependant une "vague insatisfaction finale".

Pour accentuer cette réputation, de nombreux sites web de référence dans le cinéma réunissent d'excellentes notes données par les internautes pour le film, comme sur Internet Movie Database ou Rotten Tomatoes[38].

Récompenses

Le film a été sélectionné pour de nombreuses récompenses mineures ou majeures et en a obtenu certaines[39] :

  • BAFTA 2003
    • Proposé au BAFTA des meilleurs effets spéciaux pour Scott Farrar, Michael Lantieri, Nathan McGuinness et Henry LaBounta
  • Festival du film d'Hollywood 2002
    • Meilleur film d'Hollywood de l'année
  • Prix de la critique :
    • Prix de la Broadcast Film Critics Association 2003
    • Prix de la Chicago Film Critics Association 2003
    • Prix de l'Online Film Critics Society 2003
      • Prix OFCS du meilleur second rôle féminin pour Samantha Morton
      • Proposé au prix OFCS du meilleur film
      • Proposé au prix OFCS du meilleur réalisateur pour Steven Spielberg
      • Proposé au prix OFCS du meilleur scénario adapté pour Scott Frank et Jon Cohen
      • Proposé au prix OFCS de la meilleure photographie pour Janusz Kaminski
      • Proposé au prix OFCS du meilleur montage pour Michael Kahn
      • Proposé au prix OFCS de la melleure direction artistique
      • Proposé au prix OFCS des meilleurs effets spéciaux pour Michael Lantieri
      • Proposé au prix OFCS du meilleur son pour Richard Hymns et Gary Rydstrom
    • Prix de la San Diego Film Critics Society 2002
      • Proposé au prix SDFCS du meilleur production design pour Alex McDowell
  • Prix d'associations de professionnels du cinéma
    • Prix de l'American Cinema Editors 2003
      • Proposé à l'Eddie du meilleur montage pour un film dramatique pour Michael Kahn
    • Prix d'excellence de la production de l'Art Directors Guild 2003
      • Proposé au Prix d'excellence de la production pour un film d'époque ou de fantasy pour Alex McDowell, Chris Gorak, Leslie McDonald, Ramsey Avery, Seth Reed, Harry E. Otto, Jason Weil, Jeffrey Mossa et Gerald Sullivan
    • Prix de la Casting Society of America 2003
      • Proposé à l'Artios du meilleur choix de casting pour un film dramatique pour Denise Chamian
    • Prix de la Motion Picture Sound Editors 2004
      • Proposé au Golden Reel des Dialogue & ADR pour un film américain pour Richard Hymns, Gary Rydstrom, Gwendolyn Yates Whittle, Ewa Sztompke, Richard Quinn et Tom Bellfort
      • Proposé au Golden Reel des effets sonores et foley pour un film américain pour Richard Hymns, Gary Rydstrom, Kyrsten Mate Comoglio, David C. Hughes, J.R. Grubbs, Jonathan Null et Lindakay Brown
    • Prix de la Visual Effects Society 2003
      • Prix VES de la meilleure composition pour un film pour Scott Frankel et Patrick Jarvis
      • Prix VES de la meilleure direction artistique des effets pour un film Alexander Laurant et Alex McDowell

Adaptations

Le film, lui-même adaptation de la nouvelle éponyme, a connu deux adaptations sous forme de jeu vidéo :

Article détaillé : Minority Report (jeu vidéo).
Article détaillé : Minority Report: Everybody Runs.

À noter que le sous-titre Everybody Runs était le slogan présent sur l'affiche américaine du film[40].

Annexes

Pour aller plus loin

Liens internes

Filmographie

Voici quatre documentaires courts présents sur le double DVD du film et qui permettent d'explorer un peu plus celui-ci. Ils sont réalisés et écrits par Laurent Bouzereau :

Liens externes

Références

(fr+en) Minority Report sur l’Internet Movie Database

Média

Notes et références

  1. a  et b (en) « Minority Report », Box Office Mojo.
  2. a , b  et c (en) « Minority Report - Main », IMDb.
  3. (en) « Minority Report - Full cast and crew » sur IMDb.
  4. (en) Minority Report - Company Credits, IMDb.
  5. a  et b (fr) « Minority Report - Fiche technique », AlloCiné.
  6. (en) « Minority Report - Release dates », IMDb.
  7. a  et b (en) « Minority Report (2002) », Yahoo! Movies.
  8. a , b , c , d , e , f , g  et h (en) « Trivia for Minority Report », IMDb.
  9. a , b , c , d , e  et f (fr) « Minority Report - Secrets de tournage », AlloCiné.
  10. Toutes les informations du paragraphe suivant viennent de : (en) « The Minority Report on ‘Minority Report’: A Conversation with Gary Goldman » de Jason Koornick, juillet 2002, philipkdickfans.com.
  11. a  et b (en) « D'Works, Fox do Spielberg-Cruise 'Report' », 11 décembre 1998, Variety.
  12. (en) « Chat with Scott Frank », 6 juin 2001, Screenwriters Utopia.
  13. (en) « Spielberg to wrap Kubrick project », 15 mars 2000, BBC.
  14. a , b  et c (en) « Minority Report soundtrack », filmtracks.net.
  15. (en) « The Duck Speaks: Minority Report », badmovieplanet.com.
  16. (en) « Comparison Paper on Minority Report: "From Story to Screen" », mason.gmu.edu.
  17. (en) « The Minority Report: In Print and On Screen » de James Landrith, jameslandrith.com.
  18. (en) « Minority Report » de Ignatz Ratskiwatski, iofilm.co.uk.
  19. a , b  et c (en) « Minority Report » de James Berardinelli, reelviews.net.
  20. (en) Rotten Tomatoes, Ratskiwatski, Berardinelli.
  21. a  et b (en) « Minority Report review » de Roger Ebert, 21 juin 2002, Chicago Sun-Times.
  22. a  et b (en) « Minority Report review » de Pete Travers, 18 juin 2002, Rolling Stone.
  23. a  et b (fr) « Minority Report - Critiques presse », AlloCiné.
  24. (en) « Washington As Seen in Hollywood's Crystal Ball » de Joel Garreau, 21 juin 2002, Washington Post.
  25. Il a designé la majorité des voitures même si Steven Spielberg a aussi travaillé avec Lexus.
  26. (en) « Spielberg in the Twilight Zone » de Lisa Kennedy, juin 2002, Wired.
  27. (fr) « Le communiqué des associations anti-pubs », Challenges.
  28. (en) « MIT grad directs Spielberg in the science of moviemaking » de Darren J. Clarke, 17 juin 2002, MIT.
  29. (en) « Minority Report », 31 mai 2002, thedailypage.com.
  30. a  et b (en) « Minority Report » de Colin Jacobson, dvdmg.com.
  31. (en) « Halting Crime In Advance Has Its Perils » d'Elvis Mitchell, The New York Times.
  32. (en) Box Office Mojo, note en bas des charts.
  33. (en) « Minority Report - International Box Office », Box Office Mojo.
  34. (fr) « Minority Report - Box-office », AlloCiné.
  35. (en) « Out Sells Feature Films, Video Games and Movies in 2002 », audiorevolution.com.
  36. En témoigne les 80% de critiques qui ont aimé le film (récensés ici : (en) « Minority Report (2002) », Metacritic).
  37. (en) « A Walk in the Dark » de Kenneth Turan, 21 juin 2002, Los Angeles Times.
  38. Au 16 mars 2008, 7,7/10 sur IMDb et « label Rotten Tomatoes ».
  39. (en) « Awards for Minority Report », IMDb.
  40. Affiche américaine du film
Bon article
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