Querrieux

Querrieux

Querrieu

Querrieu
Carte de localisation de Querrieu
Pays France France
Région Picardie
Département Somme
Arrondissement Amiens
Canton Villers-Bocage
Code Insee 80650
Code postal 80115
Maire
Mandat en cours
Francine Briault
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes du Bocage et de l'Hallue
Latitude
Longitude
49° 56′ 22″ Nord
       2° 25′ 53″ Est
/ 49.9394444444, 2.43138888889
Altitude 32 m (mini) – 104 m (maxi)
Superficie 10,03 km²
Population sans
doubles comptes
692 hab.
(2006)
Densité 69 hab./km²

Querrieu est une commune française, située dans le département de la Somme et la région Picardie.

Sommaire

Géographie

Le territoire de Querrieu a la forme d'un trapèze irrégulier dont l'une des bases serait la rivière Hallue, coulant dans une tourbière formant une vallée qui la sépare du territoire de Pont-Noyelles. Du nord au sud, les marais de cette vallée, prennent les noms de : marais Madame, Grand marais et marais du Houillon.

Peupleraie de la vallée de l'Hallue entre Pont-Noyelles et Querrieu
Vue aérienne du village

Le territoire est limité à l'ouest et au nord par une ceinture de bois : bois de Querrieu, bois d'Allonville et bois de Saint-Gratien. Le plateau crayeux qui le constitue, est creusé par une série de dépressions formant des vallées sèches, dont le centre de rayonnement est le village. Une de ces dépressions, la plus importante, venant de Rainneville, au nord-ouest, aboutit au marais Madame . Une autre provient du bois de Querrieu, et aboutit au marais du Houillon.

Le territoire est bordé par les six communes de Saint-Gratien et de Fréchencourt au nord, de Pont-Noyelles à l'est, de Bussy-les-Daours et Camon au sud, d'Allonville à l'ouest.

Il est traversé d'ouest en est, par l'ancienne route nationale 29, devenue la route départementale D 929, allant d'Amiens à Albert, et du nord au sud par la route départementale D 30, allant de Villers-Bocage à Corbie ; un embranchement sur cette dernière mène à Fréchencourt. Un chemin venant d'Allonville se joint à la route D 929 au centre du village. Un chemin étroit et sinueux, conduit à Bussy-les-Daours en suivant la lisière du marais communal à petite distance.

La route D 929 traverse la rivière Hallue au pont de l'Île. En 2005, une voie de contournement par le nord de l'agglomération a été réalisée. Elle a nécessité la construction de plusieurs ouvrages d'art, dont un viaduc pour la traversée de la vallée de l'Hallue.

Plan des villages de Querrieu et de Pont-Noyelles en 1767

Histoire

Origines

La présence humaine à l'époque néolithique, est attestée à Querrieu par la quantité considérable d'outils tels que haches, grattoirs, racloirs, couteaux, percuteurs, perçoirs, ramassés à la partie Nord-Ouest du territoire, faisant penser à l'existence d'un atelier important. À la limite Nord du village, des fragments de tuiles à gros rebords, des tessons et des poteries datant de l'époque gallo-romaine, ont été découverts.

En 1853, en contrebas du clocher de l'église actuelle, deux sarcophages estimés dater de l'époque mérovingienne, ont été mis au jour. Ils étaient formés d'une auge en pierre avec un couvercle brisé. Les objets contenus étaient des fragments d'épées en fer, larges et pesantes, un fer de javelot, des vases en forme d'urne.

À la période franque, le sol est défriché et des exploitations sont crées par les nouveaux seigneurs. Les noms de Boussencourt et de Gombercourt, apparaissent dans des chartes du IXesiècle. Le premier document mentionnant le nom de Cherriu, est une charte datant de 1102.

L'orthographe du nom de l'agglomération a évolué au cours des siècles : Cherriu en 1102, Carus Rivus en 1145, Kerriu en 1147, Kerriacum en 1164, Kirieu en 1219, Kierreux en 1300, Querieu en 1445, Querrieux en 1757. L'orthographe définitive : Querrieu, est adoptée en 1875.

Seigneurie de Querrieu

Anciens seigneurs

Fevin de Querrieu. Son nom figure dans un acte de donation de 1106 à la léproserie de Corbie
Sceau de Bernard de Querrieu, seigneur de Querrieu en 1238
Bernard de Bertangles. Au mois de juin 1186, il fut désigné parmi les plus vieux seigneurs de l'Amiénois pour fixer les limites des comtés de Corbie et de Boves, après le traité de Boves de 1185, qui incorporait Querrieu dans le domaine royal,
Foulques de Querrieu. Au mois d'avril 1204, il abandonna ce qui lui appartenait de la dîme de Querrieu et d'Allonville, à l'église d'Amiens
Bernard II de Querrieu, époux de Béatrix. Il organisa la seigneurie en passant de nombreuses chartes de 1228 à 1268,
Gérard de Querrieu, fils de Bernard et de Béatrix, chevalier. Il épousa Esmengarde de Conty vers 1282. En 1284, il céda l'avouerie de Pont à l'abbaye de Saint-Vaast,
Wales de Bertangles. Il épousa Agnès, soeur et héritière de feu Gérard de Querrieu. En 1318, il accorda le libre usage des marais, aux habitants de Pont,
Sceau de Wales de Bertangles, seigneur de Querrieu, en 1292
Jean de Querrieu, chevalier. En 1342, il fut présent à la montre d'Arras, avec un chevalier et huit écuyers. Il figura au sacre de Charles V en 1364,
Isaac de Querrieu, frère de Wales, chevalier. Il servit avec sa compagnie sous Raoul de Rayneval, sire de Pierrepont, pannetier de France. Le 1er mai 1369,il figurait en qualité de chevalier à la revue de Saint-Riquier[1].

Famille de Longroy

Jacques de Longroy. Vers 1373, la terre de Querrieu passa à Jacques de Longroy, par suite de son mariage avec Marie de Querrieu, fille d'Isaac. (voir : Personnalités liées à la commune)
Guyotte de Longroy, fille de Jacques. Dame de Querrieu. Elle épousa Jean II de Craon, qui fut gravement blessé à Azincourt et mourut en 1420[2].

Famille de Brimeu

Au début du XVe siècle siècle, la seigneurie passa en la possession de la famille de Brimeu.

Jehan de Brimeu, seigneur d'Humbercourt et de Querrieu, chevalier de la Toison d'or. Il épousa Marie de Mailly. (voir : Personnalités liées à la commune)
Guy de Brimeu, seigneur d'Humbercourt et de Querrieu, chevalier de la Toison d'or. Il épousa Anthoine de Rambures en 1462. (voir : Personnalités liées à la commune)
Adrien de Brimeu, seigneur d'Humbercourt et de Querrieu, comte de Mesghem. Mort à Marignan en 1515, où il commandait une avant-garde de l'armée française.
Eustache de Brimeu, seigneur d'Humbercourt et de Querrieu, par héritage d'Adrien. Il épousa Barbe de Hillery, fille de François, baron de Hillery et de Marguerite d'Autriche, fille naturelle de l'empereur Maximilien.
Charles de Brimeu, fils d'Eustache, chevalier de la Toison d'or. Il mourut sans alliance en 1556.
Georges de Brimeu, frère de Charles, seigneur d'Humbercourt et de Querrieu, chevalier, comte de Mesghem. Il épousa Anne de Walhauserin, veuve du comte de Silen.
Marie de Brimeu, fille de Georges, comtesse de Mesghem, dame de Humbercourt, Querrieu et autres lieux. Elle épousa en premières noces Lancelot de Berlincourt, et en secondes noces Charles de Croÿ[2].

Familles de Saint-Fuscien et de Saveuse

Marie de Saint-Fuscien, riche héritière, possédant les terres de Coisy, Renneville, Querrieu et Bougainville, épousa vers 1530 Imbert de Saveuse, chevalier, seigneur de Lozinghem, Marquion, Vraigne, conseiller et maître des requêtes de l'hôtel du roi, bailli d'Amiens.
Louis de Saveuse, hérita en 1561, des seigneuries de Coisy, Lezinghem et Querrieu. Il épousa Madeleine de Bery d'Esserteaux.
Gabrielle de Saveuse, dame de Querrieu. Elle épousa en secondes noces le 14 janvier 1596, Robert de Gaudechart, seigneur du Fayel, de l'Espine, de Frenoy et de Bachivilliers
François Ier de Gaudechart, né en 1608, seigneur de Querrieu, chevalier. Il prit part aux guerres contre les protestants à La Rochelle et au Languedoc, puis à celles de Flandre et d'Italie. En 1641, il épousa Françoise de Conty, fille d'Antoine de Conty, seigneur de Rocquencourt[2].

Marquisat

Pour récompenser François de Gaudechart, seigneur de Querrieu, de ses services, Louis XIV a érigé en sa faveur la terre de Querrieu en marquisat par lettres patentes du mois d'avril 1652, enregistrées au Parlement de Paris le 5 septembre 1653. Ses descendants, titulaires successifs du titre de marquis de Querrieu, ont été :

François Paul de Gaudechart, qui a épousé en 1672 Françoise René de Pommereuil,
Pierre François Ier de Gaudechart, qui a épousé en 1688 Marie Geneviève du Perron de Béneville,
Pierre François II de Gaudechart, qui a épousé en 1726 Anne Françoise Perrin de Flancourt ; leur fille : Anne-Françoise, épouse en 1751 son cousin Jean-Baptiste Adolphe de Gaudechart, seigneur d'Hémévillers.
Raphaël Jean-Baptiste de Gaudechart, qui a épousé en 1756 Alexandrine Marie Louise Lefournier de Wargemont, marquise douairière jusqu'en 1786,
Louis François de Gaudechart, ayant retrouvé son titre à la Restauration après l'avoir perdu en 1789, a épousé en 1812 Clémentine Charlotte Henriette, princesse de Rohan-Rochefort,
Charles Adolphe Raoul de Gaudechart, qui a épousé Louise Nathalie Polixène de Geoffroy du Rouret, resté sans descendance[2].

Propriétés de la seigneurie en 1789

État de la Généralité d'Amiens, département de Doullens, pour les six derniers mois de 1789 :

  • château, jardins, enclos et moulin à eau, sur 20 journaux,
  • 16 journaux de prés,
  • 135 journaux de bois,
  • 150 journaux de terres labourables[3].

Combat d'Henri IV contre les Espagnols

Après la prise d'Amiens par les Espagnols le 11 mars 1597, le roi Henri IV assiège la ville.

Henri IV devant Amiens
Henri IV devant Amiens en avril 1597

Le 29 août, informé de l'approche d'une troupe espagnole de quatre compagnies d'arquebusiers et trois cents chevaux, protégeant un convoi de vivres, Henri IV part de grand matin de son camp au nord d'Amiens, en compagnie de Biron, de Lagrange-Montigny, du comte d'Auvergne et s'avance à leur rencontre. Vers neuf heures du matin, en avant d'une escorte de cinquante gens d'armes, il aperçoit les éclaireurs ennemis sortant du bois de Querrieu ; il lance son cheval à toute bride et les charge à la tête de sa petite troupe de carabins et de gentilshommes ; les Espagnols, surpris, croient en la présence de forces supérieures et s'enfuient. Le choc a lieu à l'ouest du bois de Querrieu[4]. Henri IV poursuit ses adversaires qui lui abandonnent deux cornettes, deux cents chevaux et nombre de prisonniers. Au soir de la bataille, le roi écrit à Gabrielle d'Estrées (qu'il nomme :Ma soeur) : "Ma soeur, Vous aurès les premières nouvelles de l'heureux succès que Dieu m'a donné aujourdhuy. Il estoit venu mille ch evaulx des ennemys conduis par tous les vieux capitaines pour recognoistre le logis de leur armée et le moyen de secourir Amiens. Avec deux cens chevaulx et cent cinquante carabins, je les ai défaits, n'ayant perdu que deux arquebusiers à cheval. Il y a trois cens ennemys morts et plus de deux cornettes prises... Il est mynuict et ne fais que venir. Faites part à très bon serviteur de ces bonnes nouvelles. Je vous baise cent mille fois les mains." [5] [6].

Siège de Corbie, 1636

Deux armées impériales envahissent la Picardie et assiégent Corbie qui capitule le 15 août 1636.

Gaston d'Orléans
Gaston de France, duc d'Orléans, peint en 1634 par Antoine Van Dyck

Le siège de Corbie par l'armée royale commence le 15 septembre et le 12 novembre la place est aux mains du roi Louis XIII. Au cours du siège, le camp de Gaston d'Orléans est établi à Querrieu ; les premiers hôpitaux de campagne sont installés à Querrieu et à Bussy.

Guerre franco-allemande de 1870

Amiens est occupée par les Prussiens en novembre 1870. Le 16 décembre, l'armée française du Nord, commandée par le général Faidherbe, prend position sur les hauteurs qui bordent la rive gauche de l'Hallue.

Le général Manteuffel prend le commandement de l'armée prussienne le 20 décembre et, le même jour, lance une reconnaissance forte d'un escadron de cavalerie et d'un bataillon, soit environ 2 000 hommes, en direction de Querrieu. Arrivée aux lisières Est du bois, à deux kilomètres en avant de Querrieu, elle se heurte à un avant-poste français et un combat s'engage. Trois compagnies françaises du 43e de Ligne, parties de Bussy-lès-Daours, contre-attaquent sur le flanc droit de l'ennemi qui se replie sur la Ferme des Alençons puis sur Amiens. Dans cet affrontement, les Prussiens perdent 3 officiers et 69 hommes sont tués ou blessés, les Français ont 7 morts et 20 blessés. Ce jour-là, un cultivateur au chemin d'Allonville à la sortie du village, requis par un capitaine des chasseurs à pied de Vincennes, ramène dans sa charrette des blessés et des morts français et prussiens qui se sont entretués dans le Bois de l'Equignat. Sept cadavres français et douze prussiens sont alignés dans la cour sur le tas de fumier recouvert de paille fraîche, où ils gèlent rapidement.

Le 23 décembre, le général Manteuffel donne l'ordre d'attaquer à 8 heures sur un front de 12 kilomètres de Daours à Contay, sur un sol enneigé, par une température glaciale, aggravée par un vent soufflant du nord. À neuf heures du matin, les Prussiens occupent le bois de Querrieu, puis le village. Cent cinquante soldats français sont pris et enfermés dans l'église. Des canons prussiens sont mis en batterie sur les hauteurs du village de Querrieu, en bordure de la route d'Amiens, et tirent sur les positions françaises de Pont-Noyelles. Ces dernières ripostent et des obus tombent sur des maisons du village. Dans l'après-midi, 42 pièces sont mises en batterie entre Querrieu et Bussy. Vers 15 h 30, les Prussiens attaquent en masse. Ils progressent dans Pont-Noyelles, mais sont stoppés à la limite Est du village. Le lendemain, les Français font mouvement vers Albert et Bapaume.

Dans le cimetière communal de Querrieu, les restes de soldats français et prussiens ont été regroupés dans deux tombes collectives. Le nombre et les noms de ces morts ne sont pas connus.

Édouard David, poète picard, a fait de cette bataille une farce dans l'esprit caustique de Lafleur, mais qui se termine par une apothéose patriotique et revancharde: "L'bataille ed Tcherriu". Cette pièce en trois actes, a figuré au répertoire du théâtre de marionnettes des Bouffes Picardes de 1884 à 1911. ( Lafleur et les théâtres amiénois de cabotins)

En voici quelques courts extraits :

- Ch'est mi, ch'est Lafleur, n'mé fouaite point d'mo, jé n'sus mi méchant ! (c'est moi, c'est Lafleur, ne me faites pas de mal, je ne suis pas méchant !)

Lafleur s'adresse à Blaise, son compère :

- Nom des boés ! Ch'est cho la dgerre, o s'berzille sans s'vir, mais ch'est qu'o r'rchuvroait sein prêt, sans savouèr tch'ech-qui vo l'invoéye! (Nom des bois ! C'est cela la guerre, on se massacre sans se voir, mais c'est qu'on recevrait bien un mauvais coup, sans savoir qui est-ce qui vous l'envoie !)

Première Guerre mondiale

Juillet 1916, bataille de la Somme

En 1916, le Quartier Général de la 4ème armée britannique sous le commandement du général Rawlinson[7], occupe le château de Querrieu.

Général Rawlinson
Le général Rawlinson devant le château de Querrieu
Général Douglas Haig
Général Douglas Haig

Le 1er juillet, le général Douglas Haig, commandant en chef des forces britanniques en France, est sur place. A 7 heures 30, l'ordre est donné de sortir des tranchées, après une formidable préparation d'artillerie qui ne parvient pas à détruire l'artillerie allemande non repérable derrière des collines, et d'une portée insuffisante pour atteindre la seconde ligne de défenses, retranchée trois kilomètres en arrière de la première. C'est le début de la bataille la plus meurtrière pour l'infanterie britannique.

Durant plusieurs semaines, c'est un va et vient de personnalités civiles et militaires, du général Foch à Lord Balfour premier ministre de Sa Majesté.

Le 10 août, tout l'État-Major est réuni à Querrieu autour de George V qui décore des officiers français, dont les généraux Fayolle et Balfourier. Le souverain était accompagné de son fils, le jeune Prince de Galles, futur roi Edouard VIII du Royaume-Uni, puis duc de Windsor après moins d'un an de règne.

Printemps 1918, offensive allemande

Au printemps 1918, les Allemands lancent une offensive en direction d'Amiens. De nombreuses troupes britanniques cantonnent dans le village et sur tout le territoire, les habitants ayant été évacués vers les villages voisins. Le 31 mai, le général John Monash prend le commandement du Corps australien et s'installe avec son Etat-Major au château de Saint-Gratien.

    Collection de cent quatre (104) photographies des unités australiennes cantonnées à Querrieu (groupes, exercices    
    militaires, loisirs), disponible sur : Official History of Australia in the war 1914-1918, Volume XII,
    Search "Querrieu" within the collections. 
    (voir lien externe : Australian War Memorial 1914-1918)
 
Le général John MOnash et son Etat Major
C.W.W.Bean
Charles W. W. Bean en 1935

En mai 1918, dans le bas de Burton Street (rue Pellion), la grande maison de l'exploitant d'une brasserie (brewery) située de l'autre côté de la rivière Hallue, est devenue le quartier général des correspondants de guerre australiens, dont Charles W. W. Bean[8], qui deviendra l'auteur de l'Histoire officielle de l'Australie dans la guerre 1914-1918. Les dépendances de la maison sont occupées par une compagnie du 21e bataillon d'infanterie australien, qui prend le nom de "Querrieu Brewery Company. L'un des correspondants de guerre (C. W. W. Bean lui-même ?) décrit le déroulement d'une journée pour les hommes de la compagnie (logement, repas, exercices militaires, loisirs... :

    Texte intégral, en anglais : Official History of Australia in the war 1914-1918, 
    volume VI, chapter I, pages 8 à 18.
   (voir lien externe : Australian War Memorial 1914-1918) 

Le 4 juillet à 3 heures 30 du matin, le général Monash lance une attaque combinant artillerie, chars, infanterie et aviation sur Le Hamel, position dominant les lignes allemandes vers Villers-Bretonneux. Le 21e bataillon prend trois tranchées aux allemands. Pendant cette attaque la "Querrieu brewery company" forme la gauche du bataillon.

Le 20 juillet, devant le château de Querrieu, après un défilé des troupes, le général Monash remet des distinctions et médailles à la 4ème Division d'infanterie qui s'est distinguée à la prise du Hamel, mais en y en perdant 24 officiers et 480 hommes.


Une batterie d'artillerie lourde britannique installée à la limite nord du village, tire sur les positions allemandes en direction de Villers-Bretonneux.

Artillerie lourde australienne, canon de 8 pouces
Australian Imperial Force, artillerie lourde, canons de 8 pouces opérationnels sur le front de l'ouest à partir de 1917

L'artillerie allemande riposte et des obus détruisent des maisons, des bâtiments agricoles et endommagent gravement l'église. La contre-offensive britannique déclenchée début juillet, éloigne la ligne de front et, en août, les habitants peuvent rentrer chez eux.

Le 27 mars 1918, la 2nd Australian Tunnelling Company (compagnie de pionniers) a été envoyée à Querrieu pour y cantonner. Une de ses premières actions a été de créer un cimetière, dans lequel huit de ses hommes seront inhumés du 9 avril au 13 juin. Le cimetière a été fermé en août ; il contient les tombes de 103 soldats australiens et britanniques[9].

cimetière militaire
Le cimetière militaire dédicacé par le Rev. Pitt Owen le 19 mars 1918

Seconde Guerre mondiale

août 1944

En début de l'après-midi du 26 août, deux vagues d'avions lâchent leurs bombes sur le bois de Querrieu, faisant sauter le gros dépôt de munitions installé par les Allemands. Le lendemain, les munitions légères entreposées dans le parc du château sont immergées dans les étangs. Dans la nuit du lundi au mardi 29 août, de grandes lumières blanches, visibles d'Amiens, apparaissent au dessus du bois de Querrieu, de puissantes détonations sont entendues, c'est ce qui reste du dépôt de munitions et d'une rampe de lancement pour V1, que les Allemands font exploser.

Le 31 août, vers 14 heures, des half-tracks britanniques, venant de Daours et Pont-Noyelles, entrent dans le village. Sans s'y arrêter ils continuent vers Amiens, jusqu'au pont Beauvillé qui, protégé par des résistants, n'a pas été détruit.

Après avoir mis leurs canons antiaériens hors d'usage, les derniers soldats allemands s'enfuient vers Fréchencourt.

Administration

Canton de Querrieux (1790-1802)

Le département de la Somme, né le 15 janvier 1790, est divisé en soixante-douze cantons, dont celui de Querrieux. Le canton comprend les communes de Allonville, Bussy-les-Daours, Camon, Cardonnette, Daours, Franvillers, Fréchencourt, La Houssoye, Lamotte-Brebière, Pont-Noyelles, Querrieux, Rivery, Saint-Gratien et Vecquemont.

Les élections à l'Assemblée du canton de Querrieux ont lieu tous les ans[10].

Le canton de Querrieux, est dissous par arrêté consulaire du 17 brumaire de l'an X.

Justice de paix

Dans le canton de Querrieux les juges de paix et assesseurs, sont élus annuellement.

Les peines applicables doivent être graduées selon les circonstances "sans néanmoins qu'elles puissent en aucun cas être aux dépens dans une amende d'une valeur d'une journée de travail ou d'un jour d'emprisonnement ni au delà de la valeur de trois jours de travail ou de trois jours d'emprisonnement"[11].

Administration municipale (1792-1798)

  • Adrien Dervois, élu le 19 décembre 1792.
  • Amable Degouy, (1793-1795) commissaire des citoyens administrateurs révolutionnaires.
  • Gervais Daullé (1794)
  • Vast Vasseur (1795) agent national de la commune.
  • Jacques Lengellé (1796) commissaire du Directoire exécutif.
  • Pierre Minotte (1798) agent municipal.

Administration municipale (1798 ...)

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
1798 1801 Honoré Rigaut Notaire
1801 1808 Pierre Marsille Officier de santé
1808 1816 Jean-François Deleval Brasseur
1816 1825 Léonor Renard - Agriculteur
1825 1831 Jean-Baptiste Picard Agriculteur
1831 1833 Louis Rigaut Notaire
1833 1841 Deleval Brasseur
1841 1848 Jean-Baptiste Picard Agriculteur
1848 1854 François Rigaut Notaire
1854 1857 François Léonor Renard Agriculteur
1857 1870 Louis Gadoux Agriculteur
1870 1877 Louis Manot Clerc de notaire
1877 1878 Raoul De Gaudechart Propriétaire
1878 1882 Théodore Deleval Brasseur
1882 1888 Hippolyte Pilliot Médecin militaire
1888 1889 Moïse Crétal Notaire
1889 1896 Vital Bouffez Agriculteur
1896 1900 Pierre Domon Agriculteur
1900 1919 Léon Chrétien Brasseur
1919 1941 Georges Patte Bonnetier
1941 1953 Eugène Bouffez Agriculteur
1953 1971 Daniel Parent Agriculteur
1971 1989 Henri Bignon Industriel
1989 2001 Gilbert Descamps Agriculteur
2001 Francine Briault Enseignante
Réélue pour le mandat 2008-2014[12]

Enseignement

Première école de garçons

L'enseignement semble avoir été dispensé à partir de 1665, probablement dans l'église. Le premier clerc lai, cumulait ses fonctions avec celle de procureur fiscal de la seigneurie.

Cet enseignement dans les paroisses a été ordonné par une Déclaration royale du 14 mai 1724, enregistrée au Parlement le 31 du même mois. : Voulons qu'il soit établi autant qu'il sera possible, des maîtres et des maîtresses d'écoles dans toutes les paroisses où il n'y en a point, pour instruire tous les enfants de l'un et de l'autre sexe, des principaux mystères et devoirs de la Religion Apostolique et Romaine, les conduire à la messe tous les jours ouvriers, autant qu'il sera possible, leur donner les instructions dont ils ont besoin sur ce sujet et avoir soin qu'ils assistent au Service divin les dimanches et les fêtes, comme aussi pour y apprendre à lire et même à écrire à ceux qui pourront en avoir besoin...

La première école a été construite en 1778. Elle était adossée au chœur de l'église. C'était une construction basse, couverte de chaume. Elle fut utilisée jusqu'en 1859, après sa restauration en 1803.

Avant la Révolution, les clercs qui assuraient l'enseignement exerçaient d'autres fonctions : greffiers de la paroisse ou de la seigneurie, leurs noms et qualités se retrouvent dans les registres paroissiaux. L'un d'eux, Eustache Poiré, est l'auteur d'un processionnal noté et illustré : Processionnal à l'usage du diocèse d'Amiens, où sont contenus ce qui se chante pendant toute l'année, tant feste que dimanche, fait par moy Pierre Eustache Poiré, à Querrieu, 1752[13].

L'efficacité de l'enseignement apparaît avec les vingt-quatre signatures dénotant une bonne expérience de l'écriture, au bas du cahier de doléances établi le 15 mars 1789.

École de filles

En novembre 1839, à l'initiative d'Antoine Petigny, curé de la paroisse, une école de filles a été ouverte à Querrieu par la Congrégation de la Sainte-Famille d'Amiens. La maison d'école et le mobilier appartenaient à monsieur Petigny qui versait, en outre, un traitement de deux cents francs pour la sœur d'école, la commune donnant, quant à elle, vingt-cinq francs.

Cette école fut fermée en 1845, après que le maire eut remercié la Congrégation de ses services par une lettre de quelques lignes.

Mai, en 1850, le nouveau maire adressa à la Congrégation de la Sainte-Famille, la demande d'une sœur d'école, ce qui lui fut accordé.

La maison à usage d'école publique et de logement pour la sœur, fut louée pour un montant de cent francs. La municipalité fournit le mobilier de l'école. Avec bien des réparations et des améliorations, cette école fut utilisée jusqu'en 1886.

En 1882, l'enseignement religieux fut supprimé dans les écoles publiques ; les crucifix furent enlevés dans ces écoles. Dans la nuit du dimanche 20 août de cette année, Célinie Baude, sœur d'école à Querrieu depuis dix-sept ans, décéda subitement par rupture d'anévrisme, après avoir fait la distribution des prix dans la journée. Jusqu'en 1892, les sœurs exerceront au titre d'institutrice, avant d'être remplacées par une institutrice laïque.

Une nouvelle école est construite en 1886. C'est un bâtiment en briques, comportant une cave et un étage carré ; il est couvert par un toit d'ardoise orné d'épis de faîtage ; la façade est couronnée par un fronton triangulaire reposant sur une corniche en briques à denticules. Un décor est sculpté sur les linteaux des fenêtres du rez de chaussée et sur l'horloge (étoile, fleurs). L'élévation postérieure est aujourd'hui cachée par des constructions récentes[14].

Marais communaux

Consistance des marais

Au XVIIIe siècle, les marais bordant la rivière Hallue entre les terroirs de Querrieu et Pont-Noyelles, avaient une étendue de 271 journaux[15]. La partie s'étendant vers Fréchencourt comprenait 85 journaux et celle située vers Bussy[16], 186 journaux. Ces deux marais étaient séparés par l'ancien chemin bordé de parcelles privatives à usage de jardinage, qui du pont de l'Île conduisait au hameau de Noyelles[17].

Vallée de l'Hallue de Querrieu à Bussy-lès-Daours

Parties en présence

De temps immémoriaux, les riverains de Querrieu et de Pont [18] avaient l'usage du pâturage et du fauchage de l'herbe à foin, dans ces prairies marécageuses.

À partir de l'époque féodale, les droits de seigneurie sur ces biens communaux ont été exercés par le seigneur de Querrieu.

Le seigneur abbé de l'abbaye de Saint-Vaast d'Arras, qui avait la seigneurie foncière sur de larges parties des terres labourables de Pont, défendait les droits des habitants de Pont ; possédant également des terres sur le terroir de Querrieu, il était, pour l'ensemble, représenté par sa Maison de Pont-Querrieu.

Accords seigneuriaux, chartes 1289, 1318

L'objectif constant de la seigneurie de Querrieu, a été d'obtenir la propriété foncière sur l'ensemble des marais communaux.

Une charte datée du mois d'août 1289, concède l'usage des marais de Querrieu aux habitants dudit lieu, cette concession étant, en fait, un acte d'appropriation [19]

En avril 1315, le seigneur de Pucheviller, prononce un arbitrage entre l'abbé de Saint-Vaast d'Arras et Walon, seigneur de Querrieu, autorisant ce dernier à faire paître des bêtes dans les marais et vendre l'herbe à faucher à la faucille, tant aux habitants de Querrieu que de Pont.

Cet arbitrage n'est pas du goût de la mère de Walon, qui prétend interdire l'usage des marais aux habitants de Pont. En octobre 1318, Walon est amené à restituer aux habitants de Pont l'usage de "ses marais", tant vers Fréchencourt que vers Bussy.

Triage des marais communaux

Ordonnance royale de 1669

En 1669, pour mettre fin à des siècles de chicanes sur l'utilisation des biens communaux, une Ordonnance royale des Eaux et Forêts, article 4, titre XXV, stipule que : ’’Le tiers des bois, prés, landes, pâtures, étant de la concession gratuite des seigneurs, pourra être distrait et séparé au profit desdits seigneurs en cas qu'ils le demandent et que les deux autres tiers suffisent aux besoins de la communauté’’

Cette Ordonnance permet ainsi au seigneur d'obtenir la propriété d'un tiers des biens communaux. Les villageois vont tirer parti de cette Ordonnance pour réclamer la propriété des deux autres tiers, alors que le seigneur prétend être le propriétaire du tout et ne devoir aux villageois que l'usage des deux tiers.

Découverte d'un important gisement de tourbe, 1744

En 1739 et 1740, les deux paroisses de Querrieu et Pont, subissent une terrible épidémie de peste, suivie d'une grande sécheresse et en sortent appauvries. Elles ne sont plus capables de financer des travaux devenus indispensables à chacune de leurs églises[20].

Par délibération en date du 15 avril 1742[21], les habitants de Pont et Querrieu arrêtent de demander à Mgr Chauvelin, Intendant de Picardie, la permission de mettre quarante journaux de leurs marais communs à usage de foin, baillés à ferme par adjudication, pour employement le prix de la jouissance au payement des réparations à leurs églises.

Les habitants des deux villages, ayant délibéré sans en avoir référé à la marquise de Querrieu[22], provoquent une réclamation de la part de cette dernière qui fait valoir ses droits à la possession des biens à distraire ; toutefois, dans un but de charité, elle consent à la mise en adjudication demandée.

Le 26 juillet 1742, la jouissance est attribuée à Paul Joly, Trésorier des Ponts et Chaussées de la Généralité de Picardie et négociant à Amiens.

Lorsque Paul Joly fait creuser les fossés de délimitation de sa parcelle, de la tourbe de bonne qualité est apparue.

Le 19 novembre 1744, les habitants, corps et communautés de Pont et Querrieu, adressent à Mgr Chauvelin une requête en vue d'annuler l'adjudication, considérant qu'ils avaient été lésés sur la valeur de la parcelle.

Après six mois de procédure, l'adjudication est annulée. Le sieur Joly doit être remboursé des sommes déboursées, jouissance de deux ans déduite.

Revendication de l'abbaye de Saint-Vaast, 1764

À la suite de la découverte des réserves importantes de tourbe, le seigneur de Querrieu fait en 1761, une demande de triage des marais.

C'est alors que, le 5 juin 1764, l'abbaye de Saint-Vaast intervient pour réclamer la seigneurie et la propriété des marais sis au nord de la rivière et la co-propriété avec les habitants de Querrieu de ceux qui sont au sud[23].

Un arrêt du 7 mai 1778, déclare les religieux non recevables dans leur demande. Ceux-ci font appel au Parlement de Paris qui, le 25 mai 1784, rend un arrêt définitif les déboutant et maintenant le marquis dans ses droits, c'est-à-dire dans la seigneurie des marais sis des deux côtés de la rivière.

Tourbage entrepris par les habitants, 1784

Le 22 octobre 1784, un arrêté de l'Intendance de Picardie[24] permet à toute personne, sans exception, de fabriquer du charbon de tourbe, à condition de respecter les dimensions et mesures déterminées par arrêt du Conseil d'État du Roi du 3 avril 1753.

Usant de cette permission, les habitants de Querrieu et de Pont, demandent l'autorisation de tourber dans leurs marais communs. L'autorisation qui leur est donnée par l'Intendance de Picardie, déclenche une violente opposition du marquis de Querrieu[25].

Le 3 mai 1786, l'Intendant de Picardie déboute les habitants de Querrieu et de Pont de leur demande de tourbage.

Monsieur de Gaudechart obtient un tiers des marais, 1789

Ayant obtenu le rejet des prétentions territoriales de l'abbaye de Saint-Vaast sur les marais, la Dame de Querrieu[26], revendique la pleine propriété d'une partie de ces marais, afin d'en extraire la tourbe pour son profit personne, sans obligation d'usage envers les habitants, tout en gardant la propriété de la partie restante. Le triage autorisé par l'Ordonnance de 1669, ne visant que l'usage des biens communaux, elle convertit la demande initiale de triage en demande de cantonnement, formule juridique permettant de parvenir à une véritable appropriation.

Les marais sont arpentés et trouvés contenir deux cent soixante-six journaux et quarante verges[27], dont un tiers doit être attribué au marquis.

Pour s'assurer que les besoins de la communauté restent satisfaits, les habitants tentent d'obtenir que le triage soit fait au prorata du nombre de bêtes au pâturage. Aucun accord ne pouvant être obtenu, le marquis demande qu'il lui soit fait distraction d'un tiers des marais, ce qui lui est accordé.

Le 7 août 1786, le Parlement de Paris accorde à Louis François de Gaudechart devenu marquis et seigneur de Querrieu, la conversion de la demande de triage faite en 1761, en cantonnement. La Dame de Querrieu doit payer les frais d'annulation de la demande de triage et de sa demande de cantonnement, les autres parties étant condamnées aux dépens.

Pour l'application de ce jugement, compte tenu des tourbages déjà effectués et des plantations d'arbres, le Parlement de Paris ordonne une expertise le 19 décembre 1788. L'expertise est suivie d'Ordonnances du Bailliage d'Amiens en date du 14 mai[28] et du 4 septembre 1789, qui seront homologuées par Arrêt du 7 septembre 1789.

Abolition du droit de triage, 1790

Par décret de l'Assemblée nationale en date du 15 mars 1790, le droit de triage est aboli : ’’Pour rentrer en possession des portions de biens communaux dont elles ont été privées, les communautés sont tenues de se pourvoir devant les tribunaux...’’[29], ce dont les municipalités n'ont pas les moyens financiers !

Anticipant sur un jugement de cassation, les villageois envoient leurs vaches paître dans le marais Madame, faisant partie du cantonnement obtenu par le ci-devant marquis. Au printemps 1790, ce dernier fait défense aux ménagères de conduire leurs animaux dans cette partie du marais. Cette interdiction n'a aucun effet. Les gardes nationaux et trente soldats d'Amiens sont requis pour faire respecter la chose jugée. Les femmes ne se laissent pas intimider. Elles s'arment de fourches, de bâtons, de faux et déclarent qu'elles résisteront jusqu'à la mort, mais les officiers municipaux ont eu la bonne idée de faire venir les soldats sans armes. Devant cette situation menaçant de tourner à l'insurrection, le ci-devant marquis capitule et le marais reste à l'usage des habitants. Cette capitulation n'est que provisoire ; le 25 mai 1791, le Tribunal du District d'Amiens autorise le ci-devant seigneur de Querrieu à établir aux frais et dépens des communautés une garde militaire de trois hommes dans les villages de Querrieu et de Pont pour garder les prés et marais dudit ci-devant seigneur, en le garantissant des dommages qui pourraient y être causés[30], mais aucune garde militaire n'a été envoyée dans les marais.

Reprise des procès, 1792-1801

Le 28 février 1792, les conseillers généraux de Querrieu et de Pont ont été autorisés par l'Administration du département à demander la cassation de l'arrêté de triage. Pour financer cette procédure, les habitants demandent l'autorisation de tourber dans leurs marais communs. Le sieur Gaudechart s'y oppose, se fondant sur ce qu'il est propriétaire de ces marais soit-disant communaux, dont les habitants n'ont que l'usage d'y faire pâturer leurs bestiaux. L'Administration du département ne suit pas son argumentation et, le 7 prairial de l'an III, 26 mai 1795, autorise les habitants du canton de Querrieu à extraire la tourbe nécessaire à leur chauffage. L'arrêté est complété par la liste des ménages et des demi-ménages qui jouissent actuellement du tourbage gratuit. Sur ces listes, les communes de Pont-Noyelle et de Querrieu sont traitées comme une entité administrative comportant 277 feux et sont autorisées à extraire ensemble sur 133 verges de marais communs.

Le 18 pluviôse de l'an IV, 7 février 1796, les deux municipalités sont autorisées à emprunter respectivement des sommes de 1500 et 1200 livres, pour suivre la demande de cassation de l'arrêté de triage, au tribunal de Révision[31].

Les municipalités désignent un mandataire commun pour les représenter[32]. Le 19 germinal de l'an VI, 8 avril 1798, le Tribunal civil de la Somme rend un jugement au profit des municipalités de Querrieu et de Pont-Noyelle, annulant le partage des marais.

Le 28 floréal de l'an VI, François Louis Gaudechart réagit en faisant appel de ce jugement et les habitants de Querrieu et de Pont-Noyelle qui sont unis en commun quant à leurs biens communaux doivent encore demander l'autorisation de suivre l'appel et de réunir les fonds nécessaires[33].

Le 1er prairial de l'an VI, 19 mai 1798, les administrateurs du département de la Somme autorisent les habitants de Querrieu et de Pont-Noyelle à suivre l'appel dans le but de récupérer une propriété importante que la seule puissance féodale leur a arraché des mains.

C'est au tribunal de Rouen que l'appel doit être jugé. Le 15 prairial de l'an VII, 5 juin 1799, les municipalités s'unissent encore pour désigner des mandataires communs. Le tribunal de la Seine-Inférieure maintient les arrêts de 1788 et 1789 dans leur force et rétablit le sieur Gaudechart dans la possession et jouissance de tout ce qui lui a été abandonné au titre du cantonnement[34].

Au terme de quarante années de procès dans treize tribunaux desquels sont intervenus seize jugements en tous genres, les communes de Querrieu et de Pont sont endettées d'une somme de somme de 16000 francs ; elles en sont réduites à demander l'autorisation de vendre une partie des tourbes allouées pour le chauffage[35].

Le 25 pluviôse de l'an IX, 14 février 1801, les maires adressent au Préfet une nouvelle demande pour subvenir au paiement des frais que vient de leur occasionner la perte d'un procès commencé par leurs pères contre le ci-devant seigneur de Querrieu.

De 1795 à 1799, le Corps législatif avait tenté d'amender les lois sur le triage des biens communaux, mais le sujet était devenu tellement passionnel que, par loi de ventôse de l'an XII, Bonaparte avait préféré clore l'ère des partages[36].

Derniers procès, 1818-1822

Ne tenant aucun compte des demandes de triage et de cantonnement antérieures à la Révolution, et profitant de la disparition de la seigneurie de Saint-Vaast, François de Gaudechart avait, durant une vingtaine d'années, planté, élagué et abattu des arbres dans l'ensemble dont il se considérait toujours comme le seul propriétaire.

Le 30 novembre 1818, les Conseils de Querrieu et de Pont-Noyelle, délibérant en commun : ’’Sont d'avis que les communes doivent être autorisées à former demande contre monsieur le marquis de Querrieu : en déguerpissement de la jouissance des arbres, à ce que défense lui soit faite de planter à l'avenir dans les marais des comunes, et à être maintenues dans la propriété du fonds desdits marais’’.

Le 14 octobre 1819, le sieur Gaudechart demande au ministre de l'Intérieur que la commune de Querrieu ne soit pas autorisée à rouvrir un procès sur les marais. Néanmoins, le procès a lieu et le Tribunal civil d'Amiens rend son verdict le 23 juillet 1821, en son jugement N° 6 : ’’Le Tribunal statuant en premier ressort et comme en matière ordinaire, maintient les habitants de Querrieu et de Pont-Noyelle dans la propriété, possession et jouissance des deux tiers des marais de Querrieu et Pont, à eux attribués suivant Arrêts du Parlement de Paris des 19 décembre 1788 et du 7 septembre 1789, condamne en conséquence le seigneur de Querrieu à délaisser la propriété et jouissance tant desdites portions de marais que des arbres existant actuellement sur icelles, lui fait défense de planter à l'avenir sur ces portions de marais, le condamne à la restitution des fruits dont il a profité pendant son indue jouissance et aux dommages intérêts desdites communes, condamne enfin le seigneur et marquis de Querrieu aux dépens. Signé : Caumartin président’’.

Le marquis de Querrieu fait appel de ce jugement. Après les plaidoiries des 19 et 21 juin 1822, la sentence est rendue le 28 juin par la Chambre Civile de la Cour royale d'Amiens : ’’La Cour statuant sur l'appel interjeté par le marquis de Querrieu, du jugement rendu par le Tribunal Civil d'Amiens a mis et met l'appellation au néant, ordonne que le jugement dont il est appel sortire son plein et entier effet, condamne l'appelant en l'amende et aux frais de la cause d'appel dont distraction est faite’’.

Ces deux derniers procès mettent fin au litige opposant le marquisat de Querrieu aux habitants de Querrieu et de Pont, quant à la propriété des marais, les deux municipalités recevant en indivision la propriété de 77 ha 59 ares, monsieur de Gaudechart en recevant 33 ha. Dans la partie attribuée aux communes en indivision, l'extraction de la tourbe est gérée par une Direction des Tourbages de Pont-Querrieu. Les grandes entailles apparaissent. La production de tourbe augmente, en permettant son exportation. Il apparaît alors indispensable de rendre autonome la gestion de chaque commune et, pour y parvenir, d'attribuer à chacune d'elles des zones précises de tourbage.

Partage définitif entre les municipalités, 1843

La contribution foncière des marais communaux est payée par les deux communes au prorata du nombre de bêtes au pâturage. En 1830, ne pouvant se satisfaire de cette situation fluctuante, le Préfet demande aux deux municipalités de faire des propositions en vue d'effectuer le partage des marais indivis. Il faut attendre dix ans pour qu'elles parviennent à admettre l'idée d'une répartition au prorata du nombre de personnes à chauffer. C'est le nombre de feux qui est retenu.

Un lot de 44 hectares 68 ares est attribué à Querrieu pour 256 feux, et un lot de 32 hectares 91 ares est attribué à Pont-Noyelle pour 182 feux.

Les Délibérations prises à ce sujet, sont entérinées par Arrêté de monsieur le Préfet de la Somme le 8 mai 1840, homologué par Ordonnance royale du 4 novembre 1842. Le partage est authentifié le 30 janvier 1843 par maître Rigaut, notaire à Querrieu.

Démographie

Évolution démographique
1700 1724 1726 1760 1772 1789 1790 1792
370[37] 240 260 390 354 611 620 630
Évolution démographique
(Source : CASSINI[38] source=INSEE[39])
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
617 755 856 773 857 903 916 860 831
1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
815 830 823 806 921 848 776 694 662
1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
622 623 540 457 480 467 480 493 487
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 - -
457 508 544 583 643 687 692 - -

Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

Evolution démographique de 1700 à 2006

Hameaux

En 1899[40], cinq annexes sont recensées :

  • La Fabrique (nom de la Sucrerie), éloignée de 1 km du village ; 11 habitants.
  • La Faisanderie, éloignée de 2 km du village ; 10 habitants.
  • Le moulin, éloignée de 400 mètres du village ; 3 habitants.
  • Le Bois, éloignée du village de 2 km ; 3 habitants.
  • Le Houillon, éloignée du village de 700 mètres ; 2 habitants.

Agriculture

Propriété terrienne

En 1789, les principaux propriétaires terriens sont : le marquis de Querrieu, l'abbaye de Saint-Vaast d'Arras, les établissements religieux d'Amiens, la fabrique paroissiale, le curé de la paroisse et une dizaine de bourgeois d'Amiens. Laboureurs et ménagers se partagent les propriétés restantes d'une superficie approximative de 500 journaux (200 hectares).

Les laboureurs sont des paysans qui possèdent et (ou) louent des terres et qui ont les moyens matériels de les cultiver (outillage et animaux de trait) Les ménagers "el tchott pratique" possèdent ou louent des terres, mais font exécuter les gros travaux par des laboureurs auxquels, en retour, ils apportent leur main d'œuvre ; ils exercent fréquemment une activité secondaire : artisanat, petit commerce ou travaux textiles à domicile.

Au cours de la période révolutionnaire et par l'utilisation des assignats les terres d'Église, déclarées biens nationaux, ont été vendues au profit de la Nation. En 1802, les 1990 journaux (800 hectares) de terres labourables du terroir, sont divisées en 1.087 parcelles réparties entre 165 propriétaires. En 1899, les 1003 hectares de la commune se répartissent en : 800 hectares de terres labourables, 120 hectares de bois, 5 hectares de prés, 5 hectares de jardins, 2 hectares de vergers, 2 hectares de terrains négligés, 9 hectares de plans d'eaux et rivière, 29 hectares de terrains non agricoles.

Cheptel

En 1866, le cheptel communal est de 123 chevaux, 39 ânes, 238 bovins, 950 moutons, 48 porcs, 23 chèvres et 158 ruches.

En 1899, il se compose de 150 chevaux dont 45 juments poulinières, 300 bovins dont 180 vaches laitières, 70 porcs, 20 chèvres, 750 moutons et 115 ruches.

Cultivateurs et ménagers à Querrieu de 1802 à 1998

Cultivateurs et ménagers

Au milieu du XIXe siècle, des ménagers vendent leurs terres pour aller vers la ville et ses emplois industriels. Cet exode provoque une diminution progressive de ce mode d'exploitation, qui finira par disparaître en 1936.

D'autres ménagers développent leurs exploitations et deviennent des cultivateurs dont le nombre croît jusqu'au début du XXe siècle, pour décroître ensuite rapidement avec la mécanisation des cultures, dont la rentabilité nécessite de disposer de superficies de plus en plus grandes.

Main d'œuvre agricole

Journaliers, domestiques et ouvriers agricoles constituent la main d'œuvre des agriculteurs. Les journaliers ne sont pas attachés à une exploitation ; ils peuvent travailler occasionnellement dans une autre activité : extraction de la tourbe, artisanat... Les domestiques, ou commis, sont logés dans les exploitations ; ils y effectuent les travaux quotidiens tels que : traite des vaches, alimentation et nettoyage des animaux et des étables... Les ouvriers agricoles sont attachés à une exploitation mais n'y résident généralement pas ; c'étaient le plus souvent des charretiers, aujourd'hui conducteurs d'engins [41].

Textile

Fabrication de bas au métier

Utilisant le métier inventé en 1589 par William Lee, la fabrication des bas s'est développée à Amiens avec des laines de haute qualité, imposées par la corporation des tisseurs

Métier à fabriquer les bas, inventé en 1589 par William Lee

.

Pour contourner ces règles et produire à moindre coût, une famille de faiseurs de bas au métier s'installe à Querrieu vers le milieu du XVIIIe siècle. La laine est issue de l'élevage local, le cardage, le peignage et la filature sont effectués par des artisans du village. En 1836, on dénombre 11 faiseurs de bas au métier.

Tricot

Machine à tricoter : Mule-jenny

Vers 1850, des ateliers de bonneterie, utilisant des machines à tricoter Mule-jenny d'origine anglaise, sont créés à Querrieu.

En 1881, quatre-vingt dix-huit tricoteurs ou tricoteuses en atelier ou à domicile sont recensés dans la commune.

Le dernier atelier ouvert en 1925, utilise des machines entraînées par des moteurs électriques. Il cesse toute activité en 1950.


Confection de vêtements

Un atelier de confection de vêtements est créé en juillet 1859. En 1966, il s'installe dans les bâtiments d'une ancienne grande exploitation agricole, au centre du village. En 1980, l'entreprise spécialisée dans la confection de vêtements de travail, emploie 138 personnes à l'atelier et 38 à domicile.

Actuellement, incorporée dans un groupe important, l'entreprise en est devenue la plate-forme logistique. Sur 7 000 m2 d'entrepôts, elle assure l'étiquetage, l'encodage et l'expédition des vêtements de travail et de loisirs produits dans les usines du groupe (365 000 articles au cours de l'année 2007)

Santé

Maladrerie

La maladrerie de Querrieu était placée sous le vocable de sainte Marie-Madeleine ; elle existait dès l'an 1182. Cet établissement occupait la pointe de terrain comprise entre la route d'Amiens et le chemin d'Allonville ; ce lieu est encore appelé Saint Ladre. Comme la plupart de ces fondations, la maladrerie de Querrieu disparut et ses biens furent donnés à la Fabrique de l'église de Querrieu[2].

Peste de 1739

Le 18 août 1739, un charron de Querrieu décède d'une forte fièvre. Ce décès est suivi de ceux de quatre enfants. "les volailles commencent à mourir, elles aussi. Leur chair devient violette et se putréfie rapidement". De cette date jusqu'en mars 1740, soixante dix-sept personnes de tous âges, décèdent sur une population d'environ trois cents habitants, la moyenne annuelle de 1745 à 1755 étant de quinze décès avec des écarts de plus ou moins cinq, avant de se stabiliser.

En 1742, du 21 mars au 11 avril, l'épidémie réapparaît avec la mort de cinq enfants et celle du curé René Dupré, puis c'est le retour à la normale.

La peste en 1739 et 1740
Mortalité à Querrieu au cours de l'épidémie de peste

Au plus fort de l'épidémie, non seulement la quasi-totalité des volailles est morte, mais aussi quantité d'autres animaux domestiques. Les pauvres qui ne possédaient que quelques animaux se trouvèrent ainsi complètement démunis. À la requête de maître René Dupré, le Parlement arrêta que les riches seraient contraints de donner pour les pauvres. À Querrieu, ces pauvres"tant petits que grands" étaient alors au nombre de quarante-six. Il fallait leur donner 15 sols par semaine, soit l'équivalent d'un pain de pamelle de huit livres. De février 1741 jusqu'au mois d'août de la même année, les fermiers ont payé moitié blé en nature, l'autre moitié en argent au prix de 3 livres 5 sols le septier.

L'épidémie ne s'est pas développée simultanément dans les villages voisins ; ainsi, à Rainneville, c'est en 1741 qu'elle a été la plus meurtrière avec soixante dix décès[42] [43].

Choléra de 1832

Venant d'Asie et d'Europe de l'Est, une épidémie de choléra s'est abattue sur l'Angleterre en février et mars de l'année 1832. Le 15 mars on la signale à Calais. Elle sévit à Querrieu de mai à décembre. Au cours de cette période la mortalité est de cinquante et une personnes, dont François Louis de Gaudechart, marquis de Querrieu, pour une population de neuf cents habitants, le nombre annuel moyen de décès entre 1823 et 1842, étant de vingt et un[44].

Services de santé actuels

  • Cabinet médical comprenant trois médecins généralistes,deux kinésithérapeutes-masseurs et un pédicure.
  • Pharmacie

Associations

Football

L'Association sportive Querrieu-Pont-Noyelles ASQPN, est créée en 1961. Au début de 2009, elle compte :

  • 43 seniors (Seniors A : Promotion de 1ère Division Groupe C)
  • 9 vétérans
  • 14 jeunes de 15 ans
  • 13 jeunes de 12 ans
  • 8 benjamins
  • 11 poussins
  • 8 débutants[45]

Terrains de sport et de loisirs

Football

Un terrain est créé en 1975 dans le marais communal de Querrieu. Depuis 1990, il est équipé de vestiaires et d'installations sanitaires. La gestion est assurée par les municipalités de Querrieu et de Pont-Noyelles.

Pont des Anglais
Pont sur l'Hallue, dit "Pont des Anglais" permettant d'accéder au terrain de football

Tennis

En 1989, deux courts sont créés à la sortie du village, chemin d'Allonville.

Golf

Propriété du Golf club d'Amiens, le terrain créé en 1925, est situé au sud du bois de Querrieu. D'abord limité à neuf trous, il en possède dix-huit sur un parcours de 6 114 mètres, depuis 1977. Le nouveau club house, adapté au nombre important d'adhérents (590) et joueurs passagers, comporte toutes commodités[46].

Camping municipal

Le terrain de camping, classé 2 étoiles avec Mention Loisirs est installé dans le marais communal. Il offre 100 places entourées de 15 hectares de plans d'eau, bordés d'une rivière[47].

Le Pont à vaches
Le pont dit "Pont à vaches", actuellement entrée principale du camping municipal

Lieux et monuments

Des monuments ou objets de Querrieu, sont classés ou inscrits aux Monuments historiques (France).

Église

L'église est dédiée à saint Gervais et saint Protais.

Architecture

L'église de Querrieu est située à la bordure d'un plateau crayeux, dominant la vallée de l'Hallue. Son origine ne peut être datée avec exactitude, mais nous savons qu'en 1280, les droits du Chapitre de l'église Saint-Firmin-le-Confesseur (d'Amiens) étaient reconnus par Hugues, curé de Querrieu, lequel payait audit chapitre 20 sols tournois. Cette église nous apparaît aujourd'hui de construction hétérogène, mais l'examen de son architecture permet d'apporter des indications sur les périodes de sa construction.

église de Querrieu
L'église de Querrieu. La nef et son raccordement sur la tour du clocher

En avant de la nef, le chœur est bordé de chaque côté par trois colonnes sans chapiteaux, identiques à celles de l'église Saint-Leu d'Amiens et reliées entre-elles par une double ogive à moulure prismatique. Ces arcades indiquent la présence de deux collatéraux dans le plan originel du chœur, incluant la tour du clocher. Colonnes et murailles supportent une charpente masquée par un plafond en bois ; cette structure étant trop faible pour supporter une voûte, il est vraisemblable qu'à l'origine, celle-ci était en bois de forme ogivale. L'architecture du chœur, telle que nous l'observons aujourd'hui, est donc de l'époque gothique, datant du XIIIe ou du début du XIVe siècle.

La simple observation de son raccordement avec le chœur et la tour du clocher montre que la construction de la nef actuelle leur est postérieure. Cette construction, sans style architectural bien défini, est surtout caractérisée par sa robustesse. Ses huit piliers carrés, de trois pieds de côté, reliés par des ogives basses, supportent de lourdes murailles. Reposant sur ces murailles, des entraits latéraux soutiennent le faîtage de la charpente par l'intermédiaire de poinçons verticaux. Les blasons de Guy de Brimeu et d'Anthoine de Rambures, son épouse, permettent de dater la construction de la nef : ces blasons sculptés sur deux piliers de la nef, ne peuvent être que ceux des fondateurs de l'église, seules images non religieuses autorisées ; Guy de Brimeu décapité à Gand en 1477, ayant épousé Anthoine de Rambures en 1462 et cette dernière étant décédée en 1517, ces sculptures ont donc été réalisées entre 1462 et 1517.

Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, une poutre de gloire avait séparé le chœur liturgique de la nef, comme en témoignent les entailles dans les deux piliers de l'arc triomphal.

À l'époque révolutionnaire, l'église a été utilisée en atelier de fabrication du salpêtre.

Au cours des siècles, de nombreux travaux de réparation ont permis à cet édifice de résister aux injures du temps et des hommes. Les derniers travaux, terminés en 1999, ont consisté essentiellement en un fort rejointoiement de l'ensemble des maçonneries.

Vitraux de l'église

Suite aux dégâts causés par les bombardements du printemps 1918, la quasi-totalité des vitraux a été remplacée.

Toutes les baies sont garnies de vitraux de couleur. À l'exception de la baie géminée du chœur et de la grande baie au-dessus du portail dont les tons sont verts et or, le rouge et le bleu dominent dans tous les autres. À l'exception encore, des deux petites baies de la façade ouest, tous les vitraux comportent la représentation de personnages, symboles religieux ou objets de culte.

La baie géminée centrale de l'abside est dédiée à Jésus Sauveur des Hommes (I H S). La baie de gauche est dédiée à saint François Borgia, elle porte les armoiries de la famille d'Alcantara et de la famille de Roodenbeke. La baie de droite est dédiée à saint Pierre d'Alcantara[48], elle porte les armoiries de la famille d'Alcantara [49] et de la famille de Broqueville.

Le vitrail de la grande baie au-dessus du portail, réalisée en 1934, représente le Christ-Roi, sceptre à la main soutenant le globe, suggérant la domination de droit ou de fait sur la société moderne ; les alpha et oméga nous indiquent sa puissance et l'étendue de son règne sur nous[50]. En bas et à gauche, figurent les armoiries de Pierre d'Alcantara et de la princesse Stéphanie Windish-Graetz [51] . En bas et à droite, figurent les armoiries de François d'Alcantara et de Marie-Noelle Van den Corput.

Les quatre baies du côté sud, sont garnies de vitraux offerts par des familles de paroissiens.

Le 24 août 1968, l'ensemble des vitraux existant à cette date, a été bénit par Mgr Stourm, évêque d'Amiens.

En 1999, de nouveaux vitraux ont été réalisés : vitrail de la petite baie au-dessus de la sacristie, représentant un chevalier en prière ; vitrail de la tour du clocher, côté nord, en verres géométriques colorés ; vitraux des deux petites baies encadrant le portail ouest, en verres géométriques colorés.

Reliques

Le 19 avril 1824, Jean-Baptiste Dumeige, menuisier à Amiens, découvrit les reliques des saints Gervais et Protais dans les décombres déposés dans la cour du presbytère de Saint-Rémi, où venait de mourir le curé de la paroisse. Il les disposa dans une chasse de sa fabrication[52].

En 1827, la guérison de sa fille qui avait perdu la parole et la raison, fut attribuée à la présence des reliques dans sa maison, et aux prières adressées aux saints Gervais et Protais.

Le curé de Querrieu, Antoine Petigny, ayant eu connaissance de ces reliques et ayant exprimé le désir de les avoir pour son église dédiée à ces saints martyrs, la famille Dumeige décida de les lui remettre, préférant qu'elles soient honorées par toute une paroisse que par une seule famille.

La translation des reliques fut effectuée le 25 août 1833.

Maître-autel

Cet autel, provenant de l'abbaye de Saint-Acheul, a été acquis en 1805, en remplacement de l'autel fourni en 1718 par l'abbé Jean-Baptiste Thierry, curé de Querrieu. L'autel, les gradins et le tabernacle forment un ensemble homogène en chêne peint. Un pélican nourrissant ses petits, occupe le centre de la face antérieure.

Inscrit Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1981[53].

Chaire à prêcher

Offerte en 1709, par l'abbé Jacques Postel, curé de Querrieu. Elle porte la devise "Hoc fac et Vives". La colombe du Saint-Esprit orne la face interne de l'abat-voix. Ce dernier est couronné par un fleuron.

Inscrite Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1981[54].

Fonts baptismaux

Le socle octogonal, la colonne et la cuve des fonts baptismaux, sont en calcaire et datent du XVIesiècle. h= 103 ; d= 30. Le couvercle néo-gothique en chêne avec décor en creux, date de 1860.

Inscrits Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1981[55]

Bénitier

En calcaire monolithe, taillé, poli. Dimensions : h= 27 ; d= 37 (plan circulaire). Encastré dans le pilier proche de l'entrée latérale. Origine probable : XVIesiècle.

Inscrit Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1981[56].

Statuaire

  • Saint Gervais et Saint Protais . Ensemble du maître-autel du XIXesiècle, dont elles sont aujourd'hui dissociées. Réalisées en bois taillé, peint polychrome. h= 150 ; la= 46 ; pr= 38. Les socles sont décorés de motifs ornementaux.Inscrits Monuments historiques au titre d'objets le 22 juin 1981[57].
  • Saint Ambroise et Saint Augustin. Statues en bois polychrome du XVIIIesiècle. h= 140. Classées Monuments historiques au titre d'objets le 20 septembre 1982[58].
  • Saint Roch. Provenant de l'autel Saint Roch, à l'avant du collatéral gauche, démonté en 1981. Classé Monument historique au titre d'objet le 20 septembre 1982[59].
  • Notre Dame du Bon Secours, ou Vierge du Calvaire. Statue du XVIesiècle, en bois polychrome, revers plat, h= 120 ; la= 28 ; pr=20, provenant probablement de la poutre de Gloire, dont l'emplacement est encore visible (deux trous creusés dans les colonnes à l'entrée du chœur) Actuellement placée au-dessus du bénitier. Inscrite Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1981[60]
  • Vierge de Pitié, Pietà. Monument en craie, peint polychrome, h=124 ; la= 78 ; pr= 40, provenant de l'autel de la Vierge, à l'avant du collatéral de droite, démonté en 1981. Classé Monument historique au titre d'objet, le 20 septembre 1982[61].
  • Vierge à l'enfant. Statue de procession en bois de pin, creuse à l'intérieur. h= 73 ; la= 23 ; pr= 19. Placée au-dessus des fonts baptismaux. Probablement dorée avant décapage. Il manque des éléments et d'autres sont rapportés. Statue produite en série au XIXesiècle.
  • Saint évêque. Statue du XIXesiècle, en bois taillé polychrome. h= 140 ; la= 42 ; pr= 26. Le saint est vêtu pontificalement. Il tient sa crosse de la main gauche. Son bras droit est levé, dans un geste de salut. Anciennement désignée sous le nom de saint Nicolas, car elle était accompagnée du groupe de trois enfants au baquet ; ils ont été enlevés en 1981, comme non authentiques, le personnage étant alors identifié comme étant Saint Firmin. Inscrit Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1891[62].

Dalles funéraires, obituaires

  • Andrieu Dupont. Le pilier de la nef faisant face à la chaire à prêcher, porte l'épitaphe du curé Andrieu Dupont, autour d'une croix perronnée réalisée en bas relief. Dimensions : h= 135 ; la= 68 ; pr= 9,5. Elle ne porte pas la date du décès mais seulement "ala de vie par mort lan mil cins cens et ...". Inscrit Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1981[63].
  • Gilles Le Testu. Plaque en calcaire, peinte en noir, portant en bas, un cadavre gravé au trait. Placée en remploi dans le mur gouttereau du collatéral sud. Dimensions : h= 65 ; la= 79. Elle porte : "...trepassa ledit Gille l'an mil V et VII le VIII io de novebre...". Inscrite Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1981[64].
  • Jean-Baptiste Delacourt, curé de Querrieu, décédé en 1785. La dalle est en pierre (monilithe), gravée et peinte en noir. Dimensions : L= 162 ; la= 79 ; pr= 9,5. Elle porte un crâne et deux tibias gravés en bas de la plaque. La dalle se trouvait devant la chapelle de la Vierge (ex. chapelle saint Nicolas, en avant du collatéral droit). Depuis 1981, elle est scellée sur le mur sud, près de la statue de la Vierge de Pitié. Inscrite Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1981[65].
  • Obituaire. Formé de trois planches de bois, fixées dans un cadre mouluré en bois peint en bleu. Dimensions : h= 135 ; la= 68 ; pr= 3. Il a été établi par Louis-François Renard, curé de la paroisse de Querrieu le 18 septembre 1784. Inscrit Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1981[66]. L'église possède un second obituaire, dressé en 1741 par messire René Dupré, curé de la paroisse de Querrieux (non inscrit MH).

Bannières de procession

  • Saints Gervais et Protais. Dimensions : h= 114 ; la= 69. Réalisée en damas de soie violette, elle ne porte qu'une seule inscription en l'honneur des deux saints, brodée sur l'œuvre. Inscrite Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1981[67].
  • Saint Gervais. Dimensions : h= 133 ; la= 97. Réalisée en damas de soie rose, elle porte, au centre, un saint debout tenant une palme. Inscrite Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1981[68].
  • Enfant Jésus. Dimensions : h= 105 ; la= 66. Réalisée en velours bleu avec frange et galons en fil d'or. Le médaillon central montre l'Enfant Jésus bénissant et tenant le globe. Portant l'inscription :"Laissez venir à moi les petits enfants". Inscrite Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1981[69].
  • Notre Dame de Lourdes. Dimensions h= 125 ; la= 73. Réalisée en cannelé (gros de Tours) de soie blanche moirée. Au centre, apparaît la Vierge de Lourdes, debout, priant, sur des rameaux d'aubépine. Inscrite Monument historique au titre d'objet le 22 juin 1981[70].

Chapelle Sainte-Croix

La chapelle Sainte-Croix est fondée par Bernard de Querrieu. La donation est confirmée par l'évêque d'Amiens en 1238[71] ; elle consiste en vingt-sept journaux de terre, dont la rente est affectée à la desserte d'une chapelle dans l'enceinte de la maison du donateur. Mises en vente au titre de biens nationaux, les terres resteront toutefois en possession du ci-devant seigneur[72].

Prieuré Saint-Gervais

Un lieu-dit "Fosse Saint-Gervais" ou "Moutier Saint-Gervais", situé en bordure du chemin de Querrieu à Fréchencourt (tronçon désaffecté depuis 2006) rappelle l'existence d'un prieuré à cet emplacement. Ce prieuré, relevant de l'abbaye de Saint-Vaast, aurait été abandonné et ruiné lors de la confiscation des biens de l'abbaye par l'autorité royale en 1595 (rendus à l'abbaye peu de temps après). Des vestiges de la construction étaient encore visibles pendant la première moitié du XXe siècle[73].


Château

À une époque indéterminée, mais vraisemblablement pour s'opposer aux invasions des Normands, une forteresse a été construite sur la rive droite de l'Hallue, en bordure de la chaussée allant d'Amiens à Bapaume. C'était un sombre et lourd bâtiment percé de rares et étroites ouvertures dans d'épaisses murailles de briques. De larges fossés et des étangs profonds défendaient l'approche de cette place forte à laquelle on accédait par des ponts-levis. Le rez-de-chaussée était revêtu d'une gresserie solide et de grosses tours couvertes en dômes défendaient le manoir fortifié[74]

Après l'érection de la seigneurie en marquisat en 1653, la forteresse est aménagée en résidence seigneuriale.

Le château de Querrieu ; aquarelle de Oswald Macqueron, faite d'après nature le 7 juin 1870

Après la mort de son époux en 1735, Anne-Françoise Perrin, marquise douairière, entreprend de transformer le bâtiment en une demeure plus agréable à vivre. Le nouveau château est composé d'un corps de logis formé d'un rez-de-chaussée surmonté d'un étage, encadré de deux tourelles en avant-corps construites sur les gros soubassements de deux anciennes tours, et prolongé de deux pavillons d'extrémités. La nouvelle construction est précédée d'une cour d'honneur entourée de murs et d'une grille. Des jardins à la française avec un grand bassin circulaire s'étendent à l'arrière.

Louis François de Gaudechart étant décédé en 1832, la princesse Clémentine-Charlotte de Rohan embellit le château et son environnement. Le corps de logis est élevé d'un étage et de combles. Le tout est couronné d'une balustrade de pierre. Par voies d'achats et d'échanges avec la municipalité et avec des particuliers, le parc entourant le château est considérablement agrandi ; une nouvelle muraille d'enceinte est construite et une large grille ouvre sur le village. Cette disposition subsiste de nos jours.

La plus grande partie des décors intérieurs date du XIXesiècle, en particulier les lambris des pièces de réception du rez-de-chaussée (salle à manger, grand salon, petit vestibule, petit salon) et des parquets en marqueterie.

Après la mort, le 17 mars 1878, de Raoul de Gaudechart dernier marquis de Querrieu, le château est devenu propriété de Marie-Thérèse de Gaudechart descendante directe de Robert de Gaudechart seigneur de Querrieu, épouse du comte Alvar d'Alcantara de noblesse belge. En 1920, le nom de Querrieu a été ajouté à celui d'Alcantara (Arrêté ministériel). De nos jours, le château est toujours habité par la famille d'Alcantara de Querrieu[75].

Inscrit Monuments historiques au titre d'ensemble, le 1er décembre 1993[76].

Cimetière

Le cimetière est créé en 1859, en remplacement de l'ancien qui s'étendait autour de l'église. Le monument central, donation de Raoul de Gaudechart dernier marquis de Querrieu, est composé d'une stèle en pierre flanquée de quatre dalles horizontales et surmontée d'un calvaire en fonte. Une chapelle funéraire fermée, en granit des Ardennes et autel de marbre blanc, y a été réalisée en 1894 par le marbrier Rembaux-Slotte d'Aulnoye, Nord. Sa façade ouest, encadrée par deux colonnes d'inspiration corinthienne, supporte un linteau où figure l'inscription familiale. Ce linteau est coiffé d'un fronton décoré de guirlandes, de palmes et d'une croix. Chacune des faces latérales porte un oculus quadrilobé de verres colorés. Le côté est, est ouvert depuis 1985, par une petite baie en simple verre cathédrale, remplaçant un vitrail en verres de couleur[77].

Moulin à eau

Des origines à la Révolution

Le moulin à moudre le blé, installé à Querrieu sur la rive droite de l'Hallue, est connu depuis le XIIIe siècle siècle par des chartes[78] réglant les rapports entre la seigneurie de Querrieu et celle du village voisin de Pont pour son utilisation, les redevances et obligations. Aux termes de ces chartes, la population roturière de Pont doit moudre son grain au moulin banal de Querrieu et il lui est interdit de vendre du pain dont la farine n'en sort pas. Jusqu'à la Révolution de 1789, les contestations et litiges ont été réglés par transactions ou par des procès entre les seigneuries.

En 1792, "le moulin à bled, tournant et travaillant" est loué par le représentant du ci-devant seigneur, moyennant 2 000 livres de redevance annuelle, mais ce bail est abandonné à l'expiration de la période de trois ans. Plusieurs meuniers vont se succéder sans bail, au moulin de Querrieu qui, n'ayant plus le monopole de la meunerie, est concurrencé par trois moulins à vent installés sur les hauteurs du village, dont le dernier ne sera démoli qu'en 1916.

Aucune réparation importante n'ayant été effectuée au cours de la période révolutionnaire, le moulin à eau sur l'Hallue est presque en ruine, lorsque en 1812 le propriétaire, ci-devant seigneur, encouragé par le renouveau de l'activité agricole, fait effectuer les travaux nécessaires à son fonctionnement[79].

Le moulin en 1812

Ensemble

Le moulin est un bâtiment en briques de dix mètres sur six, couvert en tuiles. L'ensemble qui abrite le mécanisme constitue la cage du moulin. Le cours de la rivière d'Hallue a été relevé pour créer une réserve d'eau nécessaire à l'entraînement de la roue. Le meunier dispose de vannes dites vannes de fond, permettant de dériver une partie des eaux vers la Sybirre.

Mécanismes

Des mécanismes sont entraînés par la roue(1) à l'intérieur de la cage du moulin.

Schéma de fonctionnement d'un ancien moulin à eau

L'arbre (2) entraîne un grand rouet (3), dont la couronne comporte quarante-huit alluchons ou dents latérales, dans lesquelles les fuseaux d'une lanterne (4) sont engrenés. La lanterne à dix fuseaux est solidaire d'un arbre (5) vertical en fer entraînant la meule courante. Le pivot inférieur de l'arbre tourne dans une crapaudine portée par un palier. L'arbre entraîne aussi un hérisson, petite roue dentée pouvant s'engrener dans les fuseaux d'une lanterne horizontale, solidaire de l'axe d'une bluterie tournante. L'engrènement est commandé par une bascule.

Le plancher des meules repose sur un beffroi fait de grosses poutres. Les meules sont au nombre de deux : une courante et une glissante. La meule courante composée de neuf pièces assemblées, est cerclée de fer ; elle comporte un œillard en son centre, dans lequel coule le grain à moudre. La meule glissante est composée d'un moyeu rond d'un seul morceau et de sept pièces autour, formant comme la précédente un ensemble cerclé de fer à deux clavettes.

Fonctionnement

Les meules sont alimentées en grain depuis le plancher supérieur où les sacs de blé sont hissés par un tire-sac, dont la poulie peut être engrénée sur le rouet. Le blé passe dans un tarare pour être débarrassé de la paille et de la poussière. Il s'écoule dans une trémie en forme de tronc de pyramide inversé. De la trémie, le grain tombe dans un auget placé au dessus de l'œillard de la meule courante. L'auget peut être levé par un câble actionné à la main.

La meule courante peut être levée au moyen d'une bascule. L'écartement des meules est obtenu par des vis de réglage agissant sur le palier de la crapaudine. Pendant le meulage, la farine et les gruaux s'échappent à la périphérie des meules, entourées d'une cuve démontable couverte par des couverceaux, et s'écoulent par une anche dans le bluteau mouvant. De ce bluteau, la farine tamisée tombe dans la huche. Cette première farine est utilisée pour faire le pain blanc et la pâtisserie. Les gruaux sont, soit remontés pour subir une nouvelle mouture, soit passés au bluteau tournant pour en trier les différentes qualités. La farine de seconde mouture sert à faire le pain bis, qui est le plus consommé.

Meuniers

En 1812, un bail est passé avec le meunier qui fait fonctionner le moulin sans bail depuis 1803 en effectuant les réparations courantes, pour un montant annuel de 2 221,88 francs, représentant 2 250 livres Tournois. Un nouveau bail est passé en 1818[80] avec le même meunier, le loyer étant porté à 2 466 francs, à payer à monsieur le marquis en son château, en bonnes espèces d'or ou d'argent et non en "papier monnoye", en quatre termes. De père en fils, les meuniers de Querrieu seront de la même famille, jusqu'à la cessation de la meunerie, peu avant 1914.

Sucrerie

Situation

En avril 1874, sur le terroir de Querrieu, une fabrique de sucre de betterave dénommée La Sucrerie a été installée à proximité du croisement des chemins de Fréchencourt, Saint-Gratien, Rainneville, Cardonnette, Allonville et du village de Querrieu.

Sucrerie de Querrieu
La Sucrerie de Querrieu vers 1880

Le site permet d'accéder directement aux producteurs de betteraves sucrières. Celles-ci sont réceptionnées et pesées sur place dans des bâtiments équipés de bascules, le transport étant effectué par l'entreprise avec des chariots à bœufs. Les produits finis : sucre, mélasse et pulpes sont transportés à la gare de chemin de fer de Corbie, à deux heures de route.

L'emplacement de l'usine a été également choisi pour permettre le pompage de grandes quantités d'eau dans une nappe phréatique à faible profondeur.

Pompage et rejet des eaux

Une locomobile de sept chevaux-vapeur, actionne des pompes sur deux puits. L'eau est utilisée au lavage des betteraves et au refroidissement de condenseurs. Elle est rejetée dans l'Hallue à une distance de 1 400 mètres par un fossé à ciel ouvert. Le rejet des eaux de lavage est important mais discontinu. Le débit des eaux de refroidissement est de 1 200 à 1 500 mètres cubes par jour.

Le 5 janvier 1875[81], le maire de Querrieu craignant une pollution avec des conséquences sur la faune et la flore aquatique, les activités économiques et la consommation animale, demande au Préfet que l'autorisation de déverser des eaux usées dans l'Hallue soit refusée. Les municipalités de Bussy et de Daours, s'associent aux plaintes de Querrieu.

En l'absence de preuves formelles de pollution et sur avis de la Commission Syndicale de l'Hallue, le Préfet autorise le déversement à titre provisoire, autorisation qui sera prorogée d'année en année.

Production

La production se décompose en trois phases :

Phase mécanique

Une machine à vapeur de trente-cinq chevaux-vapeur, commande par deux séries de transmissions un élévateur et un laveur de betteraves, l'atelier de râperie, des pompes à jus, à mélasse et à pulpes.

Après le lavage, les betteraves sont râpées dans un coupe-racines pour être transformées en cossettes. Les cossettes sont pressées pour obtenir un jus sucré chargé de sel et de mucilage. Le résidu du pressage est la pulpe.

Phase chimique

Du noir animal est introduit dans le jus porté à la température de 80°, pour en éliminer les matières colorantes. De la chaux, produite par un four installé à proximité des ateliers, est ajoutée pour neutraliser les acides. De l'acide sulfurique est introduit pour transformer l'excès de chaux en sulfates, formant l'écume et les dépôts terreux.

Le liquide décanté, est un sirop de sucre.

Phase physique

Le sirop passe dans une batterie de condenseurs où l'évaporation est activée par un refroidissement rapide provoqué par une importante circulation d'eau froide. Une autre machine à vapeur, actionne une soufflerie à air chaud produit par deux calorifères. L'ensemble peut évaporer 2 500 hectolitres de jus par jour.

L'évaporation du sirop, transforme celui-ci en égout cristallisable, façonné dans des moules en vue de sa commercialisation. Le dernier égout non cristallisable est la mélasse.

En 1876, la production a été de 800 tonnes de sucre, 500 tonnes de pulpes et 400 tonnes de mélasse.

Personnel

Un hameau a été créé à proximité de l'usine : un chalet pour le gérant, huit maisons ouvrières pour un contremaître, un surveillant, un comptable, deux chauffeurs, un cuiseur, un maçon et quatre ouvriers.

Les ouvriers saisonniers peuvent prendre pension dans une auberge proche du hameau.

Cessation des activités

Éloignée de toute voie ferrée ou fluviale, et ayant à faire face aux protestations des communes dont les chemins sont défoncés par ses lourds chariots à la mauvaise saison[82] malgré le versement d'une subvention industrielle pour en faire réparer les dégâts, la Sucrerie ne peut accroître ses activités.

Concurrencée par des exploitations plus importantes, utilisant de nouvelles techniques de production plus rentables, la Société est déclarée en faillite le 27 septembre 1883 par le Tribunal de commerce d'Amiens.

Reprise par l'un des actionnaires, elle fonctionnera encore jusqu'en 1890, avant de cesser toute activité.

Monument aux morts de la Guerre 1914-1918

Le monument aux morts

En 1921, un monument aux soldats de Querrieu morts au cours de la guerre est érigé à l'entrée de la Place publique, au bord de la route. Le monument en granit des Ardennes, de forme pyramidale tronquée, d'une hauteur de quatre mètres et d'une largeur d'un mètre vingt à la base, est surmonté d'un coq doré[83].

Personnalités liées à la commune

Jacques de Longroy, seigneur de Querrieu

Jacques de Longroy, chevalier, était conseiller et chambellan des ducs de Bourgogne : Philippe-le-Hardi et Jean-sans-Peur, Lieutenant général de Picardie, seigneur de Longroy, Prouzel, Querrieu et Hallencourt. Il était devenu seigneur de Querrieu vers 1373, par suite de son mariage avec Marie de Querrieu, fille de Ysaac de Querrieu, chevalier.

Le 25 août 1415, il amena à la bataille d'Azincourt les milices communales du Boulonnais. Pour protéger la retraite du Dauphin de France, futur roi Charles VII, il fut investi du commandement de l'arrière-garde et fut tué dans la bataille.

Jehan de Brimeu, seigneur de Querrieu

Seigneur d'Humbercourt et de Querrieu, conseiller et chambellan du duc de Bourgogne, chevalier de la Toison d'or, épousa Marie de Mailly. En 1429, il prit part à des combats victorieux contre les français. La même année, il bouta dehors Saint-Denis les troupes du Dauphin qui venaient de s'en emparer. En 1432, il fut gouverneur de Saint-Valery pour les Anglais et les Bourguignons. En 1435, il accompagna Philippe le Bon duc de Bourgogne à Arras, lors de la signature du traité de paix avec Charles VII roi de France, et il fut chargé par le duc de réprimer l'insurrection qui avait éclaté à Amiens lorsqu'il prit possession de la ville ; Jean de Brimeu, aidé du sire de Saveuse, du sire de Croÿ et du comte d'Etampes eut vite fait de réduire au silence les fougueux amiénois. Il n'eut qu'un fils Guy, qui lui succéda en 1441.

Guy de Brimeu, seigneur de Querrieu

Guy de Brimeu, seigneur d'Humbercourt et de Querrieu, chevalier de l'Ordre de la Toison d'or. En mars 1462, il épouse Anthoine de Rambures fille de Jacques de Rambures et de Marie-Antoinette de Berghes. Il participe à de nombreuses actions militaires et diplomatiques au service de Charles le Téméraire. En 1452, il prend part à l'expédition organisée contre les Gantois révoltés. Attaché à la personne du comte de Charolais (futur duc de Bourgogne Charles le Téméraire), il entre avec lui à Paris en 1461, en qualité de capitaine de ses archers. Nommé avoué de Liège en 1466, il est rapidement obligé de se retirer à la suite d'une insurrection des Liégeois. Il fut fait prisonnier par les mêmes Liégeois l'année suivante et parvint à se racheter en payant une grosse somme d'argent à celui qui l'avait arrêté. En 1475, il livre à Louis XI le connétable de Saint-Pol, à qui il avait voué une haine mortelle. La même année, il est nommé conservateur de la trêve marchande pour le pays de Namur et de Liège.

Après la mort de Charles le Téméraire le 9 janvier 1477, Guy de Brimeu fut accusé de trahison au profit du roi de France, Louis XI. Il fut décapité à Gand le 3 avril 1477, malgré les supplications de sa grande amie, Marie de Bourgogne, fille et héritière de Charles le Téméraire. Marie de Bourgogne fit revenir le corps de Guy de Brimeu à Arras pour le faire enterrer dans l'église cathédrale où son tombeau était déjà érigé.

Son fils, Adrien de Brimeu, seigneur d'Humbercourt, Querrieu, comte de Mesghem, au service du roi François 1er, fut tué le 14 septembre 1515 à la bataille de Marignan.

Lieutenant Général Sir William Ridell Birdwood

Commandant du Corps australien sur le front ouest, le Lieutenant Général Sir William Ridell Birdwood[84], vient en repos au château de Querrieu après les combats meurtriers de Bullecourt les 11 avril et 3 mai 1917. Il y demeure jusqu'à sa nomination en juin au commandement de la 5ème armée britannique.

Voir aussi

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Notes et références

  1. Monographie du village de Querrieu, par Alfred Gosselin, Archives départementales de la Somme 3 REV 38 (Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, tome XXXVIII, 1916) (nombreuses références mentionnées dans l'ouvrage)
  2. a , b , c , d  et e Monographie du village de Querrieu, op. cit.
  3. Archives départementales de la Somme : C.2178
  4. Carte Cassini Lieu de la bataille
  5. Baron Albéric de Calonne, Histoire de la ville d'Amiens. Bibliothèque Louis Aragon d'Amiens : Pic 20554/1
  6. Maurice Rivoire, La Reprise d'Amiens. Bibliothèque Louis Aragon d'Amiens : Pic 21405/2
  7. Sir Henry Rawlinson(in english)
  8. Charles W. W. Bean, biographie
  9. British military cemetery
  10. Archives départementales de la Somme. L 340 et L 350
  11. Archives départementales de la Somme L 4400 à L 4414
  12. Liste des maires de la Somme sur http://www.somme.pref.gouv.fr, 27 janvier 2009. Consulté le 1er mars 2009
  13. Bibliothèque municipale d'Amiens, XVIIIe siècle. Mss. N° 170
  14. École de filles
  15. Journal : ancienne unité agraire équivalant à 42 ares 20 centiares
  16. Marais de Querrieu à Bussy. Archives départementales de la Somme : CinDoc photothèque Querrieu N° 12
  17. Archives départementales de la Somme, C 1198 et plan de 1784
  18. Ancienne dénomination restée d'usage courant. La dénomination moderne "Pont-Noyelles" ou "Pont-Noyelle" est employée à partir de la moitié du XVIIIe siècle
  19. Louis Ricouard : Les biens de l'abbaye de Saint-Vaast. Archives départementales de la Somme : a.423
  20. Éphémérides de Querrieu, "Mémoire des choses remarquables arrivées à Querrieu du temps des curés Jacques Postel, Jean-Baptiste Thierry et René Dupré" Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, tome 26, par C. Cardon
  21. Archives départementales de la Somme, C. 1042
  22. Anne Perrin de Flancourt, veuve de Pierre François II de Gaudechart, marquis de Querrieu, chevalier, seigneur de Rocquencourt et autres lieux, capitaine au régiment de mousquetaires de La Trémoille, cavalerie
  23. Archives départementales de la Somme : 99.O.3140
  24. Archives départementales de la Somme : C.1523
  25. Archives départementales de la Somme : C.1042
  26. Dame Alexandrine Lefournier de Wargemont, veuve de Raphaël Jean-Baptiste de Gaudechart, tutrice de François Louis de Gaudechart, enfant mineur
  27. Verge : ancienne unité agraire, valant 1/80 de journal
  28. Archives départementales de la Somme : 3U.2/444
  29. Archives départementales de la Somme : L.95
  30. Archives départementales de la Somme : L.87 et L.88
  31. Archives départementales de la Somme : L.98
  32. Archives départementales de la Somme : 3E 5036
  33. Archives départementales de la Somme : L.4402 et L.568
  34. Archives départementales de la Somme : 3E 5038
  35. Archives départementales de la Somme : 99.O.3139
  36. Nadine Vivier : Diplôme pour habilitation à la Direction de Recherches, Université de Paris I, 10 janvier 1998 (Ruralia 1998/2)
  37. Monographie du village de Querrieu, op. cit. (de 1700 à 1792)
  38. Notice communale Cassini (recensements de population - Tableau et diagramme d'évolution)
  39. INSEE :population depuis le recensement de 1962
  40. Monographie communale, par M. Lesage. Archives départementales de la Somme : 4° 100, tome 3
  41. Archives départementales de la Somme : dénombrements de population, archives communales et notariales de Querrieu
  42. Ephémérides de Querrieu, op. cit.
  43. Archives départementales de la Somme, Registre des sépultures de Querrieu : 2E 650
  44. Archives départementales de la Somme. Etat Civil 2E 650
  45. Association sportive Querrieu-Pont-Noyelles
  46. Golf club d'Amiens à Querrieu
  47. Querrieu sur le site de la Communauté de communes du Bocage et de l'Hallue
  48. Saint Pierre d'Alcantara
  49. les armoiries de la famille d'Alcantara comportent en leur centre un léopard d'azur (bleu) et un chêne de sinople
  50. Baie du Christ-Roi
  51. La princesse Stéphanie Windish-Graetz, est une arrière petite-fille de François-Joseph, empereur d'Autriche et d'Élisabeth de Bavière (Impératrice Sissi), ainsi que de Léopold II roi des Belges
  52. Historique de l'invention des reliques des saints Gervais et Protais et leur concession à l'église de Querrieu le 25 août 1833, par Jean-Baptiste Dumeige. Bibliothèque municipale d'Amiens, Pic 23 604
  53. Autel
  54. Chaire à prêcher
  55. Fonts baptismaux
  56. Bénitier
  57. Statue Saint Gervais et Saint Protais
  58. Statue Saint Ambroise et Saint Augustin
  59. Statue Saint Roch
  60. Statue Notre Dame du Bon Secours
  61. Statue Vierge de Pitié, Pietà
  62. Statue Saint évêque
  63. Pierre tombale d'Andrieu Dupont
  64. Plaque de Gilles Le Testu
  65. Dalle Jean-Baptiste Delacourt
  66. Obituaire de 1784
  67. Bannière Saints Gervais et Protais
  68. Bannière Saint Gervais seul
  69. Bannière Enfant Jésus
  70. Bannière Notre Dame de Lourdes
  71. Archives départementales de la Somme : G 297
  72. Archives départementales de la Somme : Q 90/52
  73. Monographie du village de Querrieu op. cit.
  74. Antoine Goze : Le château de Querrieu, 1862. Bibliothèque municipale Louis Aragon d'Amiens, Pic 3423
  75. Noblesse belge
  76. Château et dépendances
  77. Cimetière
  78. Louis Ricouard : Les biens de l'abbaye de Saint-Vaast. Archives départementales de la Somme a423 (chartes des années 1284,1289,1315,1318)
  79. Archives départementales de la Somme 3E 5071, acte 358
  80. Archives départementales de la Somme : 3E 5086, actes 369 et 371
  81. Archives départementales de la Somme : 99 O 3143
  82. Archives départementales de la Somme : 99 O 3074
  83. Memorial : morts pour la France de Querrieu
  84. Lieutenant general Sir William Birdwood (in english)

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