Parti social-démocrate allemand

Parti social-démocrate allemand

Parti social-démocrate d'Allemagne

Sozialdemokratische Partei Deutschlands
Logotype du Parti social-démocrate
Président Franz Müntefering
Fondation 23 mai 1863 (ADAV)
7 août 1869 (SDAP)
Siège Willy Brandt-Haus
Wilhelmstraße 141
10963 Berlin
Vice-présidents Frank-Walter Steinmeier, Peer Steinbrück, Andrea Nahles
Secrétaire général Hubertus Heil
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Président de groupe
Bundestag Peter Struck
Parlement européen Bernhard Rapkay
Adhérents 539 861 (fin 2007) [1]
Idéologie Social-démocratie, Socialisme démocratique, Social-libéralisme
Affiliation européenne Parti socialiste européen
Affiliation internationale Internationale socialiste
Couleur(s) Rouge
Site internet www.spd.de
Voir aussi :

Politique de l’Allemagne
Partis politiques allemands
Coalition en Allemagne

Le Parti social-démocrate d’Allemagne (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD) est le plus vieux parti d'Allemagne. C'est le seul des grands partis actuels de la République fédérale d'Allemagne qui existait sous une forme comparable avant la Seconde Guerre mondiale.

Sommaire

Historique

Période pré-républicaine

Le parti fondé sous le nom de SAP (Sozialistische Arbeiterpartei, Parti ouvrier socialiste) en 1875 est un produit de la fusion de deux groupes plus anciens, l'ADAV (Allgemeiner Deutscher Arbeiterverein, Association générale allemande des travailleurs), fondé en 1863 par Ferdinand Lassalle, et le SDAP (Sozialdemokratische Arbeiterpartei, Parti travailliste social-démocrate) d'August Bebel et Wilhelm Liebknecht, fondé en 1869 et proche de Karl Marx. Les sociaux-démocrates participent dès 1871 à toutes les élections au parlement allemand, le Reichstag. Commençant avec deux députés en 1871, ils deviennent le premier parti d'Allemagne en 1912 avec 34,8% des voix et 110 sièges. En 1890 le parti prend son nom actuel de SPD. Le SPD est par ailleurs le principal parti de la Deuxième Internationale.
Le dirigeant le plus marquant des sociaux-démocrates allemands et du SPD après sa création est August Bebel, militant ouvrier marxiste et artisan.
Dans ses premières années, le SPD est proche des syndicats et gagne ainsi de l'influence parmi les ouvriers. De 1878 à 1890, le gouvernement de Bismarck instaure les Sozialistengesetze (Lois des socialistes) : le SAP est interdit, les sociaux-démocrates persécutés, ce qui conduit à une radicalisation du parti qui continue à exister dans la clandestinité. Une caractéristique du SPD depuis ses origines est la contradiction entre un programme officiel de gauche, longtemps marxiste, et une politique pratique beaucoup moins radicale. Les années 1890 sont marquées par un long débat sur la question de savoir si une réelle amélioration de la situation des travailleurs peut être atteinte uniquement par une révolution socialiste ou également par des réformes dans le cadre d'un état démocratique (Revisionismusdebatte).

Lors de la Première Guerre mondiale, le groupe SPD du Reichstag vote les crédits de guerre, ce qui pousse certains membres du parti à critiquer ce qu'ils considèrent comme une trahison des principes du SPD. Cette décision du SPD le 4 août 1914 de se rallier à la guerre, est décrite par Rosa Luxemburg comme « une déroute politique et morale allant jusqu’à l’anéantissement, un effondrement inouï ». Cette contestation aboutit à des exclusions massives (dont celles de Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Hugo Haase, Karl Kautsky, Paul Levi, Otto Rühle, Clara Zetkin, etc), et à l'apparition de mouvements dissidents : l'USPD (Unabhängige SPD, SPD indépendant) et le Spartakusbund (Ligue Spartakiste, ancêtre du KPD).

Sous la république de Weimar

Au début de la révolution allemande le SPD et l'USPD s'allient pour placer le chef du SPD, Friedrich Ebert, au poste de président. Avec le parti libéral DDP et le parti catholique Zentrum, le SPD est l'un des partis fondateurs de la République de Weimar en 1919. Après l'échec du parti et de ses partenaires bourgeois aux élections de 1920, le SPD ne participe plus aux gouvernements que de manière anecdotique.

La montée du KPD (Kommunistische Partei Deutschlands, Parti communiste d'Allemagne) ne tarde pas à limiter l'influence du SPD. De plus, une partie de la gauche du SPD est exclue en 1931 et fonde le Parti socialiste ouvrier d'Allemagne (SAPD). En 1933, le SPD ne recueille plus que 18,3 % des voix, à comparer aux 37,9 % qu'il obtenait en 1919.

Sous le Troisième Reich

Le SPD était le seul parti dont les députés (du moins ceux ayant pu accéder au Parlement, certains députés étant déjà en fuite ou en prison) avaient voté contre la loi des pleins pouvoirs le 23 mars 1933 (les communistes du KPD étaient déjà emprisonnés ou exécutés). Comme tous les autres partis allemands (à l'exception du parti unique NSDAP), le SPD est interdit par le gouvernement nazi dès l'été 1933. De nombreux membres sont emprisonnés ou envoyés en camps de concentration. Le parti se reconstitue en exil dans un premier temps à Prague, d'où il est chassé en 1938 par l'invasion de la Tchécoslovaquie suite aux accords de Munich. Les sociaux-démocrates allemands se réinstallent en France, pays qu'ils doivent à son tour fuir pour Londres en 1940 suite à la défaite militaire française. Quelques jours après le début de la Seconde Guerre mondiale, le SPD en exil à Paris avait affirmé son soutien aux Alliés et à la suppression par la voie militaire du gouvernement nazi.

De nombreux militants du SPD ont été actifs dans la résistance allemande au nazisme, et la répression les a durement atteint.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale

Allemagne

Armoiries de l'Allemagne
Cet article fait partie de la série sur la
politique de l'Allemagne,
sous-série sur la politique.

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Après la guerre, le SPD est reconstitué dans chacune des zones d'occupation. Dans la zone soviétique (future RDA), le SPD fusionne avec le KPD pour former le SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, Parti socialiste unifié d'Allemagne). Beaucoup de sociaux-démocrates d'Allemagne de l'Est seront victimes du régime stalinien, inféodé à Moscou.

D'abord hostile à l'économie de marché, le SPD de l'Ouest finit par l'accepter avec le programme de Bad Godesberg, élaboré lors du congrès du même nom en 1959. En 1966 le parti forme une Grande Coalition avec les partis chrétiens (CDU et CSU) sous le chancelier Kurt Georg Kiesinger (CDU). Après les législatives de 1969, le SPD change de partenaires et forme une Coalition social-libérale avec le parti libéral FDP. Le chancelier Willy Brandt (SPD) cherche à améliorer les relations avec les pays du bloc de l'Est (Ostpolitik), une démarche vivement combattue par l'opposition conservatrice. Brandt démissionne en 1974 après qu’il s’était avéré qu'un de ses collaborateurs les plus proches, Günter Guillaume, était un agent de la RDA. Son successeur Helmut Schmidt continue la coalition jusqu'en 1982, date à laquelle le FDP change de camp. Une longue période d'opposition commence pour le SPD. En 1983 les Verts (Grüne) font leur entrée dans le jeu politique en obtenant leurs premiers sièges au Bundestag. Ce parti est le premier concurrent de gauche du SPD depuis les années 50 ; il crée cependant la possibilité d'une « majorité à gauche du centre » (Willy Brandt).

En 1989, le SDP (Sozialdemokratische Partei, Parti social-démocrate) est créé en RDA, puis fusionne rapidement avec le SPD peu avant la réunification.

En 1998, la vision de Brandt devient réalité : Gerhard Schröder est élu chancelier avec le soutien d'une coalition SPD-Verts. Le président du parti Oskar Lafontaine est nommé ministre des finances. Le conflit entre la Realpolitik du chancelier et les positions keynésianistes plus marquées à gauche de son ministre/chef-de-parti est inévitable et aboutit à la démission de Lafontaine de toutes ses fonctions en mars 1999. Ayant perdu la majorité dans la 'deuxième chambre' du parlement (Bundesrat) un mois plus tôt, le gouvernement est dans l'obligation de s'entendre avec l'opposition dans la plupart des sujets majeurs ce qui lui rend la situation difficile.

Avec la publication en 2003 du programme de réformes libérales du chancelier Schröder (l'Agenda 2010), et imposé contre de fortes résistances jusqu'à la fin de 2004, le SPD est traversé par une violente crise interne; le conflit entre les différents courants du SPD (gauche et modérés, sans frontières claires) s'accroit fortement. Le gouvernement impose ces réformes au parti et à son groupe parlementaire suite à une forte pression du chancelier (menace de démission qui aurait probablement conduit à la victoire de la droite aux élections anticipées). Grâce à la discipline traditionnelle du parti, seule une poignée de députés du SPD a déclaré publiquement son opposition. La quasi-totalité de la direction a soutenu les réformes, seuls quelques politiciens de moindre importance comme Heiko Maas, chef de la section du parti dans la Sarre, s'y étant opposé. Néanmoins, l'Agenda 2010 a fortement divisé les militants, de même que les syndicats, alliés traditionnels du SPD. Le résultat a été la formation d'un mouvement des sociaux-démocrates et syndicalistes déçus, la WASG (Alternative électorale travail et justice sociale).

Le parti essuie par la suite de lourds revers électoraux aux élections régionales face à ses rivaux, conservateurs de la CDU sur sa droite, PDS et WASG sur sa gauche (bien que ces derniers n'obtiennent que des résultats médiocres), et perd plusieurs centaines de milliers de militants. Le nombre des adhérents, proche d'un million dans les années 1970, passe à moins de 600.000 en 2005.

Suivent les éléctions fédérales de 2005, où cette fois-ci, ses rivaux à gauche WASG et PDS font liste commune sous le nom « Die Linke.PDS » (La Gauche.PDS), menés par l'ancien président du SPD, Oskar Lafontaine. Malgré les sondages qui prévoient une catastrophe pour le SPD, le parti limite les dégâts; bien que battu, il fait quasiment jeu égal avec la CDU (36,8 % des voix et 226 députés pour la CDU contre 36,2 % 222 députés pour le SPD). La CDU n'a par conséquant pas la majorité nécessaire pour former seule le gouvernement, alors que le SPD, au contraire pourrait mathématiquement former une coalition à gauche avec les verts (8,1 %, 51 députés) et Die Linke.PDS (8,7%, 54 députés) qui réussit une première percée aux élections, et notamment à l'ouest.

Le SPD refusant de s'allier à Die Linke préfère alors participer à une nouvelle Grande Coalition menée par la chancelière Angela Merkel (CDU), gouvernement de l'Allemagne de 2005 à 2009.

Après les élections, les principaux promoteurs de l'Agenda 2010, Gerhard Schröder et le ministre de l'économie et du travail, Wolfgang Clement, ont quitté le premier plan de la politique. Sous le nouveau président, Matthias Platzeck, plus conciliant que Schröder, le débat s'est calmé, mais après sa retraite, il restera à son successeur Kurt Beck la tâche de stabiliser le parti dont il est le neuvième président depuis 1987, alors qu'il n'y en avait eu que trois entre 1946 et 1987.

Dès lors, le SPD se retrouve dans la situation difficile de devoir gouverner avec la droite alors que le parti Die Linke peut s'établir comme le seul parti d'opposition de gauche. Un problème structurel pour le parti reste que son programme et son orientation officielle sont encore en grande partie ceux du congrès réformateur de Bad Godesberg de 1959 et des années 70, ce qui crée une division interne entre ceux qui souhaitent rester fidèle à ces idées et un courant favorable à une « modernisation » du parti vers des positions plus « centristes ». Pour contrer la montée en puissance de Die Linke, Beck oriente le SPD dans le sens d'une ligne politique plus ancrée à gauche, remettant en question les réformes entreprises sous l'égide de Schröder. Ce revirement fera long feu : dans le courant de l'année 2008 Beck est renversé par l'aile droite du parti, qui le remplace par Franz Müntefering et désigne Frank-Walter Steinmeier comme candidat à la chancellerie. Les deux hommes, proches de Schröder et membres du gouvernement de grande coalition ré-alignent le SPD sur ses positions centristes. Ce nouveau revirement stratégique est un échec : le parti s'effondre dans les sondages et obtient un résultat historiquement mauvais de 20,8 % des voix aux élections européennes de 2009 et d'autres résultats très médiocres lors de trois élections régionales organisées un mois avant les élections fédérales.

Ces défaites coïncidant avec une montée en puissance de Die Linke, le SPD entreprend un nouveau virage à gauche à quelques jours du scrutin fédéral, mais Steinmeier s'obstine à rejeter toute forme d'accord national avec Die Linke, et prône même la formation d'une coalition en feu tricolore fédérant le SPD, les verts et le FDP qui mène dans le même temps une campagne clairement libérale. La fin de non-recevoir adressée à Steinmeier par le leader libéral-démocrate Guido Westerwelle achève de ruiner les chances des sociaux-démocrates de se maintenir au pouvoir autrement qu'en maintenant en place la grande coalition sous domination chrétienne-démocrate.

Cette accumulation de difficultés et de contradictions sera à l'origine d'une défaite historique aux élections fédérales de 2009: avec seulement 23 % des voix, le SPD perd plus de onze points, un tiers de ses élus et réalise sa plus mauvaise performance depuis la chute du nazisme. Rejeté dans l'opposition, il semble entrer dans une crise durable.

Liste des congrès

Le bâtiment Willy Brandt à Berlin, siège du SPD.

Personnalités importantes

Présidents du SPD depuis 1946

Franz Müntefering, actuel président du SPD.

Chanceliers fédéraux sociaux-démocrates d’après-guerre

Présidents d'Allemagne SPD

Ministres actuels

En novembre 2007, la moitié des seize membres du cabinet Merkel est issue du SPD :

Ministre-présidents des Länder

Commissaire européen

Résultats aux législatives depuis 1871

(1871 - 1912: sièges / 1919 - 2005: pour cent)

An sièges An sièges An  % An  % An  % An  %
1871 2 1890 35 1919 37,9 1932/2 20,4 1969 42,7 1994 36,4
1874 9 1893 44 1920 21,6 1933 18,3 1972 45,8 1998 40,9
1877 12 1898 56 1924/1 20,5 1949 29,2 1976 42,6 2002 38,5
1878 9 1903 81 1924/2 26,0 1953 28,8 1980 42,9 2005 34,2
1881 12 1907 43 1928 29,8 1957 31,8 1983 38,2 2009 23,0
1884 24 1912 110 1930 24,5 1961 36,2 1987 37,0
1887 11 - - 1932/1 21,6 1965 39,3 1990 33,5

Voir aussi

Notes

Lien externe

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