- Mer Manche
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Manche (mer)
Pour les articles homonymes, voir Manche.Manche Superficie 75 000 km² Profondeur 172 m (max)
54 m[1] (moy)Type Mer épicontinentale Localisation Océan Atlantique Pays côtier(s) France
Royaume-UniLa Manche est une mer épicontinentale[2] de l'océan Atlantique, située dans le nord-ouest de l'Europe, et qui s'étend sur une superficie d'environ 75 000 km² ; longue de 500 kilomètres, large de 250 km (au maximum) et profonde de 172 mètres en son point le plus bas. La Manche orientale constitue avec le détroit du Pas de Calais l'une des zones maritimes les plus fréquentées du globe. Dans sa partie septentrionale (Pas de Calais), en raison des courants parmi les plus importants au monde, l'eau est très turbide, mais en restant oxygénée.
La dénomination anglaise est English Channel.
La dénomination bretonne est "Mor Breizh" (Mer de Bretagne) et anciennement "Is" (mot sans doute d'origine gauloise).
Sommaire
Origine et sens ancien du nom
Le bras de mer qui sépare la France et l'Angleterre a dit-on été nommé Manche britannique par métaphore avec le nom commun manche qui désigne la pièce de vêtement dans laquelle s'enfile le bras. Bien qu'en 1768, Bruzen de la Martinière répertorie dans son grand dictionnaire géographique, historique, et critique, plus de 15 Manches, l'usage va tout au long des siècles suivants restreindre le mot à la simple dénomination de la Manche britannique, les autres bras de mers étant appelés détroit et canal en fonction de leur taille[3].
Géographie
L'origine géologique de la Manche est encore mal comprise. Les données géophysiques récentes acquises grâce aux sondeurs multifaisceaux et aux données de féflexions sismiques de haute résolution ont permis de constituer des relevés de plus en plus détaillés des fonds (par le SHOM en France). On commence à mieux comprendre la nature sédimentaire des fosses, dont la fosse centrale de la Manche, qui pourrait avoir une origine tectonique et/ou avoir été creusée par le « fleuve Manche » durant les dernières phases glaciaires[4]. Ces fosses ont été utilisées pour l'immersion spéciale de munitions non explosées après les guerres mondiales (y compris des munitions chimiques)[5].
D'un point de vue géographique la manche n'a pas de frontière stricte avec l'océan mondial. Elle communique avec :
- la mer du Nord par le Pas de Calais à l'est ;
- l'océan Atlantique à l'ouest.
Les courants s'orientent globalement vers le nord en marée montante, et vers le sud après la « renverse des courants » à marée descendante, mais le bilan entre les deux mouvements contraires montre toutefois un différentiel en faveur d'un lent mouvement de la masse d'eau vers le nord.
L'entrée de la Manche de l'Atlantique est marquée par les Sorlingues au nord et Ouessant au sud. Au nord du Cotentin, la fosse des Casquets plonge à environ 160 m de profondeur.
Les pays qui bordent la Manche sont :
- le Royaume-Uni au Nord ;
- la France au Sud.
Régions françaises bordées par la Manche : Nord-Pas-de-Calais ; Picardie ; Haute-Normandie ; Basse-Normandie ; Bretagne.
Départements français bordés par la Manche : Pas-de-Calais ; Somme ; Seine-Maritime ; Calvados ; Manche ; Ille-et-Vilaine ; Côtes-d'Armor ; Finistère.
Comtés anglais bordés par la Manche : Cornouailles ; Devon ; Dorset ; Hampshire ; Sussex de l'Ouest ; East Sussex ; Kent.
Divisions unitaires anglaises bordées par la Manche : Île de Wight ; Bournemouth ; Brighton and Hove ; Plymouth ; Poole ; Portsmouth ; Southampton ; Sorlingues.
Sécurité maritime
Les courants et la densité du trafic, ainsi que le nombre élevé de navires transportant des produits dangereux font de de la partie nord de la Manche une zone où les dangers et risques pour la sécurité maritime et la sécurité civile sont nombreux et importants.
Toute la Manche (lieu du Débarquement du 6 juin 1944, et de la bataille de Normandie) est aussi concernée par les séquelles de guerre, avec des centaines d'épaves de navires et avions datant des deux guerres mondiales et de nombreux dépôts immergés de munitions conventionnelles et chimiques.
Dans le détroit, les courants parmi les plus violents au monde entretiennent un écosystème très particulier, parfois comparé à une gigantesque station d'épuration à lit fluidisé, ne pouvant toutefois absorber les excès de nitrates et phosphates que la mer y reçoit, ni les toxiques non biodégradables.
Bien que non spectaculaire, la biodiversité y est significative et sa productivité bien plus encore. C'est une zone importante de frayères et de nourrissage pour les poissons, mais qui subit les impacts d'une pêche ancienne et intensive, et en particulier du chalutage, en sus des pollutions importantes d'origine terrestre ou marine. C'est aussi un très important couloir de migration pour les oiseaux et certains poissons et mammifères marins.Environnement
Hors de la zone intertidale, il est longtemps resté presque inconnu.
Outre la surpêche et l'arrivée d'espèces invasives, les chercheurs sont préoccupés par l'eutrophisation générale de la Manche et de la mer du nord (où on tente de modéliser l'impact des arrivées de nutriments d'origine humaine (engrais, eaux mal épurées, inondations, érosion des sols...) via le modèle ECOHAM1[6] (ECOlogical North Sea Model, HAMburg, Version 1; Moll, 1998), qui est un modèle 3D intégrant des paramètrages physique, chimique et biologique et le forçage par les radiations solaires
Dans le cadre d'un projet interreg CHARM, la Manche-Est a fait au début des années 2000 l'objet de cartographies regroupées dans un atlas des habitats de certaines espèces d'intérêt commercial et d'invertébrés (benthiques) caractéristiques d'habitats spécifiques. Cet atlas s'est attaché à aussi cartographier les lieux de vies des poissons selon leur âge, notamment pour les stades jeunes où les poissons sont les plus vulnérables[7]. Les invertébrés qui ont été étudiés ont été :- Abra alba ou syndesmie blanche (white furrow shell pour les anglophones)
- Branchiostoma lanceolatum ou amphioxus (lancelet pour les anglophones)
- Glycera spp ou glycère (glycera pour les anglophones)
- Ophelia borealis ou ophélie boréale (ophelia pour les anglophones)
- Ophiothrix fragilis ou ophiure fragile (common brittlestar pour les anglophones)
- Pisidia longicornis ou crabe porcelaine (long-clawed porcelain crab pour les anglophones)
- Polygordius lacteus ou polygordius (polygordius pour les anglophones)
- Psammechinus miliaris ou oursin vert (green sea urchin pour les anglophones)
- Spatangus purpureus ou spatangue pourpre (purple heart urchin pour les anglophones)
- Sthenelais boa ou sthénélais (scale worm pour les anglophones)
Plusieurs espèces de poisssons (de la larve à l'adulte) et organismes d'intérêt halieutique ont aussi été décrite par leur habitat dans l'atlas :
- Aspitrigla (Chelidonichthys) cuculus, grondin rouge de l’Atlantique de l’Est (East Atlantic red gurnard pour les anglophones)
- Clupea harengus ou hareng (Atlantic herring pour les anglophones)
- Gadus morhua ou morue commune ou cabillaud (Atlantic cod pour les anglophones)
- Limanda limanda1 ou limande (commune dab pour les anglophones)
- Loligo forbesi ou encornet veiné (veined squid pour les anglophones)
- Loligo vulgaris ou encornet (European squid pour les anglophones)
- Merlangius merlangus ou merlan (whiting pour les anglophones)
- Microstomus kitt ou limande sole (lemon sole pour les anglophones)
- Mullus surmuletus ou rouget barbet de roche (red mullet pour les anglophones)
- Platichthys flesus, ou flet (flounder pour les anglophones)
- Pleuronectes platessa, ou plie (commune plaice pour les anglophones)
- Raja clavata ou raie bouclée (thornback ray pour les anglophones)
- Scyliorhinus canicula ou petite roussette ou saumonette; (lesser-spotted dogfish ou small-spotted catshark pour les anglophones)
- Sepia officinalis ou seiche commune (common cuttlefish pour les anglophones)
- Solea solea ou sole commune (common sole pour les anglophones)
- Spondyliosoma cantharus ou griset (black seabream pour les anglophones)
Pêche
La Manche orientale, bien qu'exploitée par un nombre restreint (et en décroissance) de navires de pêche (chalutiers artisans de pêche côtière, bateaux de petite pêche), produit plus de 80 % des produits déclarés par les pays pêchant dans ce secteur, non sans impact écologique et sur la ressource.
Les principales espèces cibles sont la plie, le merlan, la morue et le rouget barbet qui tend à remonter vers le nord. La culture d'huîtres et de moules y est pratiquée, mais moins intensément qu'en Atlantique. Boulogne-sur-Mer, sur le littoral français, y est le premier port de pêche français en tonnage débarqué, et premier port européen pour le traitement des produits de la mer. C'est par ailleurs une ancienne ville industrielle.
Transport
Par son statut de bras de mer entre l'océan Atlantique et la mer du Nord, la Manche constitue la principale voie maritime entre l'océan Atlantique et l'Europe du Nord. En 2005, presque 20 % du trafic mondial des navires déclarés passe par la Manche. Le cabotage y a diminué, mais pourrait être relancé dans le cadre des « autoroutes maritimes » proposées comme alternative moins polluante au transport routier
Des ferrys relient la France et l'Angleterre depuis le XIXe siècle, et le 6 mai 1994 était inauguré le tunnel sous la Manche, permettant de relier par voie ferroviaire la Grande-Bretagne et l'Europe continentale, sans interrompre les liaisons maritimes entre certains ports de France et d'Angleterre.
Des traversées de ferry se font entre :
- Douvres - Calais
- Douvres - Boulogne-sur-Mer
- Douvres - Dunkerque
- Newhaven - Dieppe
- Newhaven - Le Havre
- Portsmouth - Ouistreham
- Portsmouth - Cherbourg
- Portsmouth - Le Havre
- Portsmouth - Saint-Malo
- Poole - Saint-Malo
- Poole - Cherbourg
- Weymouth - Saint-Malo
- Plymouth - Roscoff
- Rosslare (Irlande) - Cherbourg.
Culture
Article détaillé : Histoire de la Manche.Le 7 janvier 1785, un ballon à gaz piloté par Jean-Pierre Blanchard et John Jeffries traversa la Manche dans le sens Angleterre-France.
Matthew Webb effectua la première traversée de la Manche à la nage le 25 août 1875. Gertrude Ederle fut quant à elle la première femme à la traverser à la nage le 6 août 1926 en 14 heures, 39 minutes. Meilleure performance pour la traversée du canal réalisée par l'Américain Chad Hundeby en 1994 : 7 heures et 17 minutes
Le 25 juillet 1909, Louis Blériot fut le premier à traverser la Manche en avion.
Le département de la Manche a pris son nom de la mer, et les « îles de la Manche » est l'appellation autochtone en français de l'archipel qu'on appelle en France les « îles Anglo-Normandes » (Channel Islands en anglais).
Sites remarquables :
- les îles Anglo-Normandes
- le Mont-Saint-Michel et sa baie
- les plages du débarquement
- les falaises du pays de Caux
- la baie de Somme
- le site national des Deux Caps
- Détroit du Pas de Calais
Grandes dates de la traversée de la Manche
Article détaillé : Traversée de la Manche à la nage.- 1785 : Traversée de Douvres vers la France en ballon gonflé à l’hydrogène par le Français Jean-Pierre Blanchard et le physicien John Jeffries
- 1875 : Première traversée à la nage par Matthew Webb en 21 heures 45 de Douvres à Calais
- 1909 : Première traversée aéronautique par Louis Blériot en 38 minutes de Calais à Douvres à bord du Blériot XI
- 1926 : Gertrude Ederle est la première femme à traverser la manche à la nage entre le cap Griz Nez et Kingsdown en 14 heures 31.
- 1990 : le 1er décembre jonction du Tunnel sous la Manche
- 1996 : Première traversée par l’Eurostar
- 2005 : Record de traversée à la voile par L'Hydroptère en 34 minutes
- 2008 : en août, première traversée en Wakeboard par Karine Baillet en 2 heures 08
- 2008 : le 26 septembre, premier vol d’une aile volante par Yves Rossy, dit « Fusion man »
Notes et références
- ↑ Surface, volume et profondeur moyenne des mers et océans
- ↑ La Manche, Encyclopædia Universalis, La Manche est parfois aussi classé comme mer intracontinentale toutefois cette mer est bien connecté à l'océan Atlantique via la mer Celtique ce qui rend sa classification comme mer intracontinentale incertaine
- ↑ Voir pages 186 et 187 de Manche, ouvrage collectif publié aux Éditions Bonneton (ISBN 2-8625-3205-3)
- ↑ Comptes rendus de l'Académie des sciences. Série 2. Sciences de la terre et des planètes, 1995, vol. 321, no1, pp. 39-46 (25 ref.), ISSN:1251-8050
- ↑ (en) Overview of Past Dumping at Sea of Chemical Weapons and Munitions in the OSPAR Maritime Area - Rapport OSPAR sur les munitions immergées, version 2005 [pdf] (pour le télécharger en format compressé, cliquer sur ce lien)
- ↑ ECOHAM1, prière de visiter le site Internet http://www.ifm.unihamburg. de/~moll. A propos du modèle ECOlogical North Sea Model (Ecoham)
- ↑ Carpentier, A., Vaz, S., Martin, C. S., Coppin, F., Dauvin, J.- C., Desroy, N., Dewarumez, J.- M., Eastwood, P. D., Ernande, B., Harrop, S., Kemp, Z., Koubbi, P., Leader-Williams, N., Lefèbvre, A., Lemoine, M., Loots, C., Meaden, G. J., Ryan, N., Walkey, M., 2005. Eastern Channel Habitat Atlas for Marine Resource Management (CHARM), Atlas des Habitats des Ressources Marines de la Manche Orientale, INTERREG IIIA, 225 pp. Il est possible de télécharger ce document franco-anglais de 226 pages illustrées (assez lourd)
Bibliographie
- Claude Larsonneur, Robert Horn, Jean Paul Auffret, Pierre Hommeril and Andre Moal, « Géologie de la Partie Meridionale de la Manche Centrale », Philosophical Transactions of the Royal Society of London. Series A, Mathematical and Physical Sciences, Vol. 279, No. 1288, A Discussion on the Geology of the English Channel (Jul. 24, 1975), pp. 145-153 (29 pages) ; extrait.
Voir aussi
Liens externes
- (fr) Mer côtière à forte pression anthropique propice au développement d'une gestion intégrée : exemple du bassin oriental de la Manche (Atlantique Nord-est) - Vertigo, décembre 2006
- (fr) Vers une politique maritime de l’Union : une vision européenne des océans et des mers - Livre vert de l'Union européenne, 2006
- (fr) Biodiversité des algues marines et de la faune marine des côtes françaises: Manche et Atlantique - Marevita
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