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Séquelle de guerre
L'expression « séquelles de guerre » désigne les impacts différés, aux échelles locales ou globales, dans l'espace ou dans le temps des actions de guerre. Cette notion diffère de celle de dommages de guerre qui ne couvre et concerne qu'une partie de ces séquelles.
Ces séquelles sont de natures variées mais on peut distinguer trois grandes catégories.
Sommaire
Séquelles économiques
Elles ont été parmi les premières à faire l'objet d'évaluations, notamment après l'invention du PIB, mais sont en réalité difficiles à quantifier.
Les guerres semblent doper les économies mais si elles enrichissent les secteurs de l'armement et de la production utile aux armées, elles ruinent d'autres secteurs, accélèrent le recours aux ressources non renouvelables, et endettent durablement les États.
Les industries stratégiques, l'accès aux ressources énergétiques et les infrastructures font par ailleurs, quand elles ne peuvent être récupérées à l'ennemi, l'objet de destructions systématiques, souvent coûteuses et polluantes dont les coûts sociaux-environnementaux sont d'évaluation délicate et récente, sous l'impulsion de l'ONU et d'ONG notamment.Séquelles médicales et sociopsychologiques
On peut distinguer des séquelles de court terme avec les effets de choc et divers troubles comportementaux de guerre observés par exemple dans les tranchées de 14-18 ou après la guerre du Golfe, des effets de moyen et long termes avec les séquelles médicales ou les traumatismes sociopsychologiques qui peuvent persister sur plusieurs générations, notamment après les viols, la torture, les génocides et autres formes de massacres, les déplacements de populations et de réfugiés.
Depuis quelques décennies on évoque les intoxications à long ou très long terme, dues par exemple aux actions du plomb ou du mercure sur le cerveau (cf. par exemple Guerre 14-18, avec La zone rouge et en particulier les secteurs de la Meuse et de Verdun), ou encore aux effets délétères et mutagènes de l'ypérite ou encore des dioxines (cf. Usage de défoliants et de Napalm au Viêt Nam) ou de radionucléides (depuis la bombe atomique et l'usage d'uranium appauvri).
Les vrais coûts en termes de santé d'une guerre comme celle de 14-18 n'ont jamais été chiffrés ni estimés, et du point de vue du risque environnemental et sanitaire, les toxines non bio-dégradables ou très lentement dégradables (molécules organiques des armes chimiques) rejetés dans l'environnement l'ont été en telle quantité, que certains ont pu dire que la guerre 14-18 n'est pas finie.
Article connexe : Amnésie sélective de guerre.Séquelles environnementales
Ce sont principalement les impacts plus ou moins durables, directs (actes de guerre) et indirects (accidents induits, non fonctionnement des systèmes d'épuration, de contrôle des pollutions, etc.), sur l'eau, l'air, les sols, les écosystèmes.
Un des problèmes moins connus, mais graves car souvent décalés dans le temps.. est celui de la pollution induite par les munitions (munitions « conventionnelles » ou « chimiques » non-explosées, perdues, stockées ou immergées).
Il est permis de penser que la dispersion en 1914-1918 dans l'environnement et notamment dans l'atmosphère de gigantesques quantités de plomb, mercure, arsenic et gaz de combat, associée aux difficiles conditions de vie, d'hygiène et d'alimentation ait aussi pu contribuer à une diminution de l'immunité et indirectement aux épidémies de Tuberculose, choléra et de grippe espagnole qui ont fait encore plus de morts que les combats eux-mêmes. Le plomb est aussi connu pour développer l'agressivité et affecter la fonction cognitive chez les victimes d'intoxication saturnine aiguë. Il semble que le mercure et d'autres métaux lourds puissent aussi développer des effets de ce type ou affecter certaines fonctions locomotrices et de l'attention ou de la mémoire. Ce phénomène pourrait-il rétrospectivement expliquer une part des syndromes développés par de nombreux soldats (parfois fusillés ou punis à tort pour des simulations qui n'en étaient peut-être pas) de la confusion et de la violence des guerres et crises qui ont agité l'Europe et le monde à cette époque ? Il ne semble pas y avoir de rendu public d'études faites sur ces thèmes.Autre exemple de séquelle presque oubliée : le 9 mai 1918, dans la gare d’Attre (Belgique), une explosion a détruit une partie de 365 wagons chargés de munitions. 2/3 de ces munitions étaient des obus chimiques. Des obus ayant été projetés tout autour du lieu de l'explosion. il a fallu 8 mois, et jusqu’à 800 hommes, pour nettoyer le site. On sait par les archives que 114 870 munitions dont chimiques, et environ 14 000 fusées ont été ainsi récupérées et enfouies en six lieux différents (Schoen 1936). Ces munitions ont ensuite été éliminées par les services de déminage de 1950 à 1954 et en 2006[1], mais il ne semble pas y avoir eu d'études visant à vérifier l'absence de séquelles de pollution sur les anciens sites d’enfouissement.
Chacun de ces types de séquelles prend une importance croissante depuis la Première Guerre mondiale, avec le développement technologique et des capacités d'intervention militaire et notamment avec l'invention des armes chimiques, des armes bactériologiques ou de la bombe atomique ou encore par exemple avec l'usage de munitions à uranium appauvri.
Au Vietnam (de 1962 à 1970) ce sont 70 millions de litres de défoliant (agent orange fabriqué par Monsanto) ont détruit la forêt et sont soupçonnés dencore causer de nombreux cancers et de malformations congénitales[2].
Au Kosovo (en 1999) environ 550 sites industriels bombardés par l’Otan ont perdu dans l'environnement une grande quantité de produits chimiques et 80.000 tonnes de pétrole.
Les armes à uranium appauvri utilisées en Irak ou Europe de l'Est ont depuis 15 ans irradié de vastes territoires et un grand nombre de civils et militaires.
En 23 ans de guerre en Afghanistan, environ 95% des forêts ont été détruites, et dans ce pays comme en Afrique, les conflits ont fortement augmenté la pression de chasse de survie (viande de brousse en Afrique), de cultures illicites (drogue dont la vente à l'étranger finance les conflits), toujours au détriment de l'environnement et des populations locales. L'assistance humanitaire elle-même induit parfois des dégâts environnementaux, ainsi que les camps de réfugiés notait en 2008 Silja Halle, chargée de communication du service « Gestion post-conflit et désastre » créé par le PNUE en 1999. Par exemple, en 6 mois, ce sont 300 kilomètres carrés (km²) de forêt du parc national de Virunga qui ont été fortement dégradés par les soldats hutus et les réfugiés rwandais des camps autour de la ville de Goma (RDC)[3].
L'instabilité politique est mise à profit par certains pour surexploiter certaines ressources de pays pays en guerre, ou par exemple les utiliser comme dépotoirs. Claude-Marie Vadrot cite par exemple la Somalie où « les côtes et les terres sont devenues le dépotoir mondial de déchets toxiques, ce qui permet à des navires affrétés par des sociétés écran de balancer des conteneurs sur les côtes »[4].
Les mines et sous-munitions et munitions non explosées continuent à tuer la faune sauvage et à empêcher la remise en culture des terres agricoles, par exemple au sud du Liban, reportant la pression agricole vers les milieux naturels épargnés qui sont alors défrichés ou surexploités.
La résilience
Elle est dans tous les cas délicate et longue, quand elle est possible, pour l'environnement (Résilience écologique), comme pour les individus et sociétés.
La notion de soutien psychologique aux victimes et d'aide à une justice qui fasse s'exprimer et se reconnaître les bourreaux et les victimes, par le biais de tribunaux internationaux éventuellement montre une évolution dans la volonté et les moyens de trouver des résolutions non-violentes aux conflits (ex. : Afrique du Sud, Rwanda..).Les séquelles environnementales des guerres sont devenues si graves et durables que certains proposent d'ajouter L’« écocide », en tant que « crime écologique » à la liste des crimes de guerre de la convention de Genève.
Voir aussi
Liens internes
- Première Guerre mondiale
- Monuments aux morts pacifistes
- Monument aux morts
- Pollution induite par les munitions
- Liste de catastrophes militaires
- Devoir de mémoire
- Zone rouge (séquelles de guerre)
- Munition immergée
- Munition non explosée
- Histoire de la Meuse
- Forêt de guerre
- Polémologie
- Reconstruction
- Reconstruction en France et en Belgique après la Première Guerre mondiale
- Dommages de guerre
- Traité de Versailles (voir § « Les réparations »)
- Gueules cassées
Liens externes
Concernant les séquelles des guerres mondiales, par immersion de munitions chimiques et/ou conventionnelles en mer.
- (en) Rapport OSPAR sur les munitions immergées - (carte en page 9 pour l'UE et la zone OSPAR) Titre : « Overview of Past Dumping at Sea of Chemical Weapons and Munitions in the OSPAR Maritime Area » / Version 2005 - (ou en format compressé)
- (en) Rapport OSPAR / Evaluation 1998 – 2006 (voir page Page 62 et suivantes)
- (en) article deM. R. Mulford, à propos des séquelles environnementales de la première guerre mondiale (1997)
Références
- ↑ Hardesty J D, « Belgian EOD cleans up ammo site ». In : The Meteor-Heraut, 24-15, 2006, p. 1-3.
- ↑ «Guerre et environnement», organisé jeudi 6 mars par WWF et la sénatrice Verts du Nord, Marie-Christine Blandin.
- ↑ Source : Union mondiale pour la nature (UICN), lors du colloque «Guerre et environnement», du jeudi 6 mars au Sénat à Paris
- ↑ Claude-Marie Vadrot, GUERRE ET ENVIRONNEMENT - Panorama Des Paysages Et Des Ecosystemes Bouleverses, Delachaux et Niestlé
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