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Antimoine
L'antimoine est un élément chimique de la famille des pnictogènes, de symbole Sb (par abréviation du latin stibi ou stibium, du grec ancien στίϐι) et de numéro atomique 51.
C'est un métalloïde de couleur métallique. Il ne ternit pas à l'air à température ambiante et conduit mal la chaleur et l'électricité. L'antimoine est présent dans de nombreux minéraux, souvent allié au plomb, sous forme d'oxyde ou de sulfure.
Sommaire
Histoire
L'antimoine est un élément natif ; il est connu depuis le IVe millénaire av. J.-C., notamment des Babyloniens.
Ce nom vient du grec anti + monos : « pas seul » (cet élément a toujours été trouvé avec d'autres métaux). On retrouve ensuite au Moyen Âge le nom latin antimonium, cet élément étant bien connu des alchimistes de l'époque. Une légende explique l'origine de ce nom par une succession de décès survenus au Moyen Âge parmi les moines effectuant des travaux de recherche sur ce corps ou auxquels l'alchimiste Basile Valentin l'administrait.
À noter l'utilisation du mot grec stimmi qui désignait, dans l'Antiquité, un sulfure d'antimoine noir connu maintenant sous le nom de « stibine ». Les femmes utilisaient alors ce minerai comme fard à cils. C'est Pline l'Ancien qui aurait ainsi baptisé ce minerai du nom latin de stibium (à l'origine du symbole Sb).
Plus récemment, les chimistes du XVIIIe siècle nommaient Mercure de vie, ou Poudre d'Algaroth le beurre d'antimoine précipité par l'eau[1].
Minerais
L’antimoine se trouve le plus facilement sous forme de sulfure combiné ou non avec d’autres métaux (plomb, cuivre, argent). C'est souvent un sous-produit de la métallurgie du plomb. Plus rarement on le trouve sous forme d’oxyde.
Sulfures
- La stibine ou antimonite (Sb2S3) est la forme la plus fréquente. Son nom provient du grec stibi qui signifie noir d’antimoine. Elle est de couleur gris acier, d’une densité d = 4,6.
- La berthiérite (FeSb2S4). Son nom lui a été donné en hommage à Pierre Berthier qui en fut le découvreur en 1827 à Chazelles dans le Puy-de-Dôme en France. Sa densité est également d = 4,6.
La berthiérite se confond assez facilement avec la stibine. Pour les distinguer, il faut faire une attaque à l'hydroxyde de potassium (KOH). La stibine réagit plus facilement que la berthiérite en produisant un enduit jaune.
Il existe une nombreuse famille de sulfosels d’antimoine contenant divers éléments métalliques comme le plomb, l’argent, le zinc, le cuivre, etc. C’est le plomb qui est le plus fréquemment représenté. On peut citer par exemple :
- avec des cations plomb :
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- jamesonite (Pb4FeSb6S14)
- semseyite (Pb9Sb8S14)
- boulangerite (Pb5Sb4S11)
- plagionite (Pb5Sb8S11)
- avec des cations cuivre :
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- bournonite (CuPbSbS3)
- tétraédrite ( (Cu, Fe,Ag, Zn) 12Sb4S13.
- Chalcostibite CuSbS2
- autres cations :
- ullmannite NiSbS
- allémontite AsSb (avec As ou Sb)
- dyscrasite Ag3Sb
- pyrargyrite Ag3SbS3
Oxydes
Les oxydes sont généralement colorés.
- De couleur blanche ou grise :
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- sénarmontite (Sb2O3 cubique)
- valentinite (Sb2O3) orthorhombique).
- de couleur jaune :
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- stibiconite(Sb3O6(OH) )
- de couleur rouge :
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- kermésite (Sb2S2O). Son nom provient du persan « qurmizq » qui signifie rouge foncé.
- livingstonite HgSb4O8
Utilisation (et histoire)
Dans l'Antiquité, l'antimoine était utilisé comme médicament et composant des premiers cosmétiques (le mascara).
Le 30 juin 1658, Louis XIV est victime d'une grave intoxication alimentaire lors de la prise de Bergues dans le Nord. Le lundi 8 juillet, on lui donne les derniers sacrements et on commence à préparer la succession mais Guénaut, le médecin d'Anne d'Autriche, lui donne un émétique à base d'antimoine et de vin qui guérit « miraculeusement » le roi.
Ses composés ont été utilisés pour guérir des maladies cutanées et parasitaires.
- Composant d'alliages de plomb (dont il augmente la dureté) servant à la fabrication :
- de caractères d'imprimerie ;
- de plaques d'accumulateurs plomb-acide (5%) ;
- des alliages pour soudure plomb-antimoine-étain (environ 80 %, 15 % et 5 %) ;
- des « plombs » des cartouches de chasse.
- Composant d'alliages antifriction à base de plomb ou d'étain (voir Matériaux utilisables pour le frottement).
- sous forme d'oxyde Sb2O3, il diminue la propagation des flammes dans les matières plastiques.
- Des semi-conducteurs : InSb, GaSb utilisés
- pour la détection dans l'infrarouge
- pour les sondes à effet Hall (détection de champ magnétique)
- Les oxydes d'antimoine permettent de produire un verre blanc opaque.
- En pharmacie, il existe des pommades stibiées censées atténuer la douleur.
- Pour les feu d'artifices dans le domaine pyrotechnique pour donner un effet de scintillement. Ce composé est toxique dans toutes ses formes.
Production
Pays Tonnes % du total République populaire de Chine 126 000 81,5 Russie 12 000 7,8 Afrique du Sud 5 023 3,3 Tadjikistan 3 480 2,3 Bolivie 2 430 1,6 Total 5 pays 148 933 96,4 Total monde 154 538 100,0 Chiffres de 2003, métal contenu dans les minerais et concentrés, source : L'état du monde 2005
Précautions
L'antimoine et la plupart de ses composés sont toxiques. Vu la grande toxicité de l’antimoine, Santé Canada a émis une norme provisoire pour la concentration maximale acceptable pour l’eau potable qui est de 6 µg/L.[2]
Il existe deux fiches toxicologiques sur le site de l'INRS[3]:
Dosage
La quantité d’antimoine dans différents milieux est quantifiable par différentes méthodes analytiques. Pour dissocier l’antimoine de la matrice de son milieu, il faut, la plupart du temps, effectuer une digestion à l’aide d’un acide. Vue la grande toxicité de l’antimoine, l’INRS offre deux services de détection pour les composés d’antimoine dans le sang et l’urine soient l’ICP-MS ou la SAA-four de graphite.[6]
Bibliographie
- Hubert Brill, Jean-Jacques Perichaud, « Les gisements d'antimoine » dans Les richesses du sous-sol en Auvergne et Limousin, 1986, édité par la ville d'Aurillac, p. 165 à 178.
- Pierre-Christian Guiollard, La mine d'or et d'antimoine de la Lucette, auteur-éditeur, 1996.
Notes et références
- ↑ Source Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
- ↑ Page 2 - Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : documentation à l'appui : Antimoine
- ↑ Sécurité et santé au travail : INRS
- ↑ FT198
- ↑ FT 202
- ↑ Antimoine sanguin - INRS, l'Institut National de Recherche et de Sécurité
Lien externe
- Claire König, Tout savoir sur l'antimoine, futura-sciences, 2 février 2009.
- (en) Images d'antimoine sous différentes formes
s1 s2 g f1 f2 f3 f4 f5 f6 f7 f8 f9 f10 f11 f12 f13 f14 d1 d2 d3 d4 d5 d6 d7 d8 d9 d10 p1 p2 p3 p4 p5 p6 1 H He 2 Li Be B C N O F Ne 3 Na Mg Al Si P S Cl Ar 4 K Ca Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As Se Br Kr 5 Rb Sr Y Zr Nb Mo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn Sb Te I Xe 6 Cs Ba La Ce Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Yb Lu Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Tl Pb Bi Po At Rn 7 Fr Ra Ac Th Pa U Np Pu Am Cm Bk Cf Es Fm Md No Lr Rf Db Sg Bh Hs Mt Ds Rg Cn Uut Uuq Uup Uuh Uus Uuo 8 Uue Ubn * Ute Uqn Uqu Uqb Uqt Uqq Uqp Uqh Uqs Uqo Uqe Upn Upu Upb Upt Upq Upp Uph Ups Upo Upe Uhn Uhu Uhb Uht Uhq Uhp Uhh Uhs Uho ↓ g1 g2 g3 g4 g5 g6 g7 g8 g9 g10 g11 g12 g13 g14 g15 g16 g17 g18 * Ubu Ubb Ubt Ubq Ubp Ubh Ubs Ubo Ube Utn Utu Utb Utt Utq Utp Uth Uts Uto Métalloïdes Non-métaux Halogènes Gaz rares Métaux alcalins Métaux alcalino-terreux Métaux de transition Métaux pauvres Lanthanides Actinides Superactinides Éléments non classés - Portail de la chimie
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