- Andre Marchand
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André Marchand
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Portail de la PeintureAndré Marchand (Aix-en-Provence, 10 février 1907 - 29 décembre 1997) est un peintre français de la nouvelle École de Paris.
Sommaire
Biographie
Marchand est né quelques mois après la mort de Cézanne. A onze ans, il perd sa mère et en gardera une blessure inguérissable. Il fait ses études secondaires chez les Jésuites d’Aix où son père est professeur de mathématiques et commence à peindre à quatorze ans, prenant la Montagne Sainte-Victoire pour modèle de ses premières aquarelles.
En 1926, André Marchand rompt avec son père puis vient à Paris où il ne connaît personne. Pour gagner sa vie, il travaille comme manœuvre dans une entreprise de bâtiment. Au cours de quatre années difficiles, il ne fréquente pas l’École des Beaux-Arts mais inlassablement le Louvre. Il retrouve l'aixois Darius Milhaud et se lie, par ailleurs, à Francis Gruber et à Pierre Tal Coat. Il commence en 1932 à exposer au Salon d'automne, puis au Salon des Indépendants et gravite autour du groupe «Forces Nouvelles». Après un voyage en Algérie, en 1933, à Biskra, aux portes du désert, qui lui fait une forte impression, il travaille quelques années sur les bords de la Méditerranée, à Toulon, Hyères puis Saint-Rémy-de-Provence. À l’arrivée du Front Populaire, le peintre Signac l’envoie au « Congrès des intellectuels communistes » qui se tient à Moscou pour y représenter la jeune peinture française. Il compose alors les décors et costumes de la "Suite provençale", ballet de Darius Milhaud, et de "Mireille" pour Rouché à l'Opéra Comique.
En 1937, André Marchand reçoit, pour La jeune fille et le paralytique, le prix Paul Guillaume, destiné à distinguer le talent d’un jeune peintre. Cette toile fait partie d’une série d'œuvres monochromes où des personnages hiératiques, sans rapport entre eux, sont disposés devant des paysages quasi-désertiques, dans une atmosphère proche de la peinture métaphysique de Chirico. Marchand travaille en 1939 dans les Pyrénées lorsqu'il est mobilisé et affecté en Champagne au Quartier général du général Gamelin. Il doit ensuite traverser en juin 1940 la France à pied et, mitraillé par des chasseurs bombardiers, échappe de peu à la mort. Quand il relève la tête, il est ébloui à la vue d’un champ de coquelicots. Mais la couleur n’envahit sa palette que peu à peu. Démobilisé et replié à Aix-en-Provence, il compense, par exemple, le rouge vif d’un ciel par la présence de trois grandes Parques noires. Braque en félicitera Marchand : « Vous avez le sens de la lumière noire ».
André Marchand participe, avec Beaudin, Berçot, Bertholle, Bores, Coutaud, Desnoyer, Gischia, Lapicque, Lasne, Lucien Lautrec, Legueult, Le Moal, Manessier, Pignon, Suzanne Roger, Singier, Tal Coat et Charles Walch à l'exposition Vingt jeunes peintres de tradition française organisée en 1941 à Paris par Bazaine. Installé à Paris rue Campagne première, il est en 1943 l'un des fondateurs du Salon de Mai qui s'ouvre pour la première fois en 1945 et y participera durant vingt ans.
En 1942 Louis Carré expose André Marchand qui séjourne à Saulieu durant l'hiver 1943, réalisant ses premières toiles de neige, et travaille dans la forêt de Fontainebleau. Aimé Maeght lui propose en 1944 un atelier à Vence puis dans le Vieux Cannes, lui commande cinquante lithographies pour Provence noire et lui offre en 1946 la chance d’être le premier artiste à ouvrir sa galerie de la rue de Téhéran, pari risqué car Marchand est encore inconnu du grand public, mais gagné : ses Arlésiennes remportent un vif succès et les expositions de Marchand se succèdent dans le monde entier. Aussitôt, Aimé Maeght lui propose de faire une seconde exposition l’année suivante. Mais le public parisien, qui l’avait considéré comme un peintre de la Provence au soleil implacable, semble désorienté devant les nouvelles toiles qui figurent un monde végétal complexe où la lumière ne peut que s’infiltrer. En 1946 l’artiste s’est en effet fixé en Bourgogne au cœur de la végétation foisonnante d’une forêt primaire. L’exposition est un échec.
Ébranlé par ce désaveu, Marchand cherche à se ressourcer sur sa terre natale en Provence. Jacques Latour, le conservateur du musée Réattu d’Arles, lui offre d'y installer son atelier. À partir de 1949 Marchand trouve la plupart de ses motifs en Camargue où il observe sans cesse les taureaux et les vols de flamands. En 1950 il peint en Toscane et en Ombrie puis s'engage dans la série de ses Vies silencieuses (natures mortes. Alors que des expositions rétrospectives de son œuvre sont présentées en Hollande et en Belgique, ses toiles connaissent un succès international. Leur cote est équivalente à celles de Dufy et de Chagall. Aussi est-il difficile de comprendre dans quelles circonstances un artiste mondialement connu ait pu ensuite disparaître de la scène médiatique.
Marchand est-il victime de son mauvais caractère ? Il se montre, en effet, tellement exigeant pour la mise en place de ses expositions que certains galeristes le trouvent infréquentable. Lui-même fuit tout contact avec ses admirateurs pour ne pas gaspiller son temps qu’il consacre entièrement à ses recherches picturales. De même, il refuse d’être professeur aux Beaux-Arts, d’être membre de l’Institut et de recevoir la Légion d’honneur. Pour pallier cet isolement, ses proches entretiennent à travers le monde un réseau de collectionneurs de ses tableaux, ce qui lui évite l’épreuve de nouvelles expositions mais l’éloigne toujours plus du public et des media.
Cette vie solitaire le conduit en 1963 à se lancer dans une peinture semi abstraite pour rendre, par exemple, les assauts du Mistral sur la ville d’Arles. Un voyage au Mexique et au Guatemala en 1967 lui permet de retrouver son goût pour des compositions structurées aux couleurs vives. Pour rendre toute la variété des lumières qu’il trouve en 1957 à Belle-Île-en-Mer, Marchand, après une série de peintures réalisées entre 1959 et 1963, se sert de 1964 à 1972 de l’aquarelle dont il est considéré comme un maître. De même, dans ses Respirations marines il est parvenu à rendre les mouvements complexes de l’océan.
Marchand a-t-il été victime d’une blessure d’amour propre ? Il envisageait en effet d’installer sa fondation au musée Réattu où il avait travaillé. Apprenant ce projet, Picasso offrit à ce musée 56 dessins ce qui rendait impossible d’y installer la fondation. Marchand en fut profondément blessé. Et pourtant, André Marchand s’était révélé lui aussi un dessinateur exceptionnel que Matisse admirait. A 90 ans, quelques mois avant sa mort, il manifestait une vitalité étonnante qui l’incitait, chaque matin, à assurer la mise en forme de sa main en reproduisant les remous du Rhône.
André Marchand disait : « Un peintre fait toujours le même tableau et le jour de sa mort, il a l’impression qu’il n’est même pas commencé ». Il est mort le 29 décembre 1997.
L'œuvre
Les thèmes de prédilection de la peinture d'André Marchand sont les paysages de Provence, les forêts de Bourgogne (à partir de 1946), les taureaux et les flamants roses de Camargue, les hirondelles d'Arles et les mouettes des Saintes Maries (à partir de 1949), les architectures d'Arles, plus tard les rivages de Belle-Île-en-Mer mais aussi les « vies silencieuses » des natures mortes et les figures féminines des Baigneuses (1950), des Parisiennes et des Arlésiennes.
Alors que ses premiers tableaux comportaient un grand nombre de personnages, André Marchand s’est finalement consacré à la célébration de la nature sans références humaines. Son empathie pour la végétation était telle qu’il disait ressentir en lui le passage du vent dans les feuilles de l’arbre qu’il peignait.
Nombre de ses oeuvres figurent dans les plus importants musées du monde. En 2007 deux importantes expositions furent organisées à Marseille et Saint-Rémy de Provence. A la suite de donations, la collection du musée Estrine, musée de France à Saint-Rémy de Provence où Marchand avait eu l'occasion de séjourner, détient vingt-trois oeuvres, peintures et dessins de cet artiste réalisés entre 1933 et 1965. Les cinq ouvrages de bibliophilie illustrés par Marchand sont également réunis dans cette collection.
Illustration
- Armand Lunel, La maison de la femme peinte, Éditions du Rocher, Monaco, 1945
- Provence noire, Éditions Pierre à Feu, 1946
- André Gide, Les Nourritures terrestres, Éditions Grenier à sel, Paris, 1948
- Julien Green, Le Visionnaire, Éditions Grenier à sel, Paris, 1950
- Raymond Queneau, Petite cosmogonie portative, lithographies originales d'André Marchand, Les Francs Bibliophiles, Paris, 1954 accès aux illustrations du livre
- Saint-John Perse, Amers, Les Francs Bibliophiles, Paris, 1962
Bibliographie sélective
- André Marchand, peintre de la couleur, texte de Jean Bonnet, galerie Motte, Genève, 1953.
- G. P. Brabant, André Marchand, Éditions Braun, Paris, 1954 (22 p. et XVI illustrations).
- André Marchand, texte de Jacques Lassaigne, Galerie Charpentier, Paris, 1956.
- André Marchand, texte de Bernard Dorival, Musée Reattu, Arles, 1956.
- André Marchand, Chateau-Musée de Cagnes, Cagnes-sur-Mer, 1959.
- André Marchand, exposition rétrospective 1933-1963, texte de Bernard Dorival, Musée Réattu, Arles, 1963.
- André Marchand, galerie Jean-Claude Bellier, texte de Jacques Lassaigne, Paris, 1965.
- André Marchand, textes de Jacques Lassaigne et Bernard Dorival, galerie Emmanuel David, Paris, 1970.
- André Marchand, Structures en Méditerranée, Galerie Saint Germain, Paris, 1973.
- André Marchand, extraits de Bernard Dorival, Jean Bouret et André Marchand, Art France, Paris, 1979
- André Marchand, Oeuvres de 1980 à 1983, textes d'André Marchand et d'Odile Vivier-Marchand, Art France, Paris, 1983.
- André Marchand, Paintings from 1973 to 1983, texte d'Odile Vivier-Marchand, Art France / Danis-Stinson Gallery, Palm Desert, CA, 1984.
- André Marchand, Le chef-d'oeuvre inconnu, texte de Jean-Marie Magnan, catalogue d'exposition, Musée Estrine, Saint-Rémy de Provence, 2007.
Filmographie
- André Marchand, réalisation de Daniel Le Comte, 2007.
Quelques mois avant sa mort, André Marchand accepte d’être interviewé, passant en revue sa longue carrière parsemée de succès, d’échecs, de surprises et de rencontres avec les grands artistes de l’époque, Braque, Matisse, Bonnard qui l’apprécient et Picasso qui le jalouse.
Lien interne
Lien externe
- [1] Courte biographie en anglais
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