LODI 1796

LODI 1796

Campagne d'Italie (1796-1797)

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Campagne d'Italie
Italian campaigns 1796.JPG
Informations générales
Date 1796-1797
Lieu Italie
Issue Victoire française
Belligérants
Drapeau français République française Drapeau : Empire d'Autriche Archiduché d'Autriche
Royaume de Sardaigne Royaume de Sardaigne
Commandants
Bonaparte
Masséna
Augereau
Laharpe
Joubert
Argenteau
Von Beaulieu
Alvinczy
Provera
Luigi Colli
Von Wurmser
Forces en présence
Initialement :
30 000 hommes
Initialement :
70 000 hommes
Guerres de la Révolution française
Batailles
Guerre de la Coalition

Verdun — Thionville — Valmy — Lille — 1er Mayence — Jemappes — Namur — Neerwinden — Famars — 2e Mayence — 1er Arlon — Hondschoote — Méribel — Wattignies — Kaiserslautern — 2e Arlon — Tourcoing — Tournai — Ouessant (navale) — Fleurus — Calvi — Sprimont — Luxembourg — Helder — Gênes (navale) — Hyères (navale) — 3e Mayence — Groix (navale) — Irlande (1796) — Droits de l'Homme (navale) — Cap Saint-Vincent (navale) — Santa Cruz de Tenerife (navale) — Camperdown (navale)


Guerre du Roussillon
Mas Deu — Peyrestortes — Trouillas — Toulon — Boulou — Bastan — Sierra Negra


Campagne d'Italie
Loano — Montenotte — Millesimo — Dego — Mondovi — Pont de Lodi — Mantoue — Castiglione — Rovereto — Bassano — Pont d'Arcole — Rivoli — Tyrol — Pâques véronaises

La campagne dItalie est un épisode des guerres de la Révolution et de lEmpire. En 1795 (an III), le Directoire décida que les armées des généraux Jourdan et Moreau iraient combattre les Autrichiens sur le Main et le Danube, tandis que Napoléon Bonaparte, nommé général en chef de larmée dItalie le 2 mars 1796 (12 ventôse an IV), attaquerait les Austro-Sardes dans la vallée du . L'armée d'Italie ne devait, en fait, servir que de diversion pour que l'Autriche se mobilise en Italie. Cette armée devant être faite pour une offensive factice, elle fut mal équipée et mal nourrie, et ne devait recevoir aucun renfort.

La campagne dItalie, dirigée par le jeune général Bonaparte, révéla son génie militaire au cours dune campagne il vainc successivement cinq armées piémontaise et autrichiennes. En un an (de 1796 à 1797), il conquiert lItalie et met tellement à mal lEmpire dAutriche que celui-ci doit abandonner non seulement lItalie, mais aussi la rive gauche du Rhin, les Autrichiens sont pourtant victorieux. Les victoires de Bonaparte poussent le royaume de Piémont-Sardaigne, puis lAutriche à se retirer de la première coalition, qui est ainsi dissoute.

Pour la distinguer de la campagne également victorieuse de 1800, menée également par Bonaparte, on lappelle aussi première campagne dItalie.

Sommaire

Le commandement de Bonaparte

La campagne d'Italie est un moment clef de la montée du général Bonaparte. Bonaparte prit son commandement de larmée dItalie, à Nice, le 27 mars 1796 (7 germinal an IV). Elle comprenait 30 000 hommes. Le propre général est reçu avec défiance par la troupe qui ne le connaît que comme l'auteur d'une fusillade contre la foule lors de l'écrasement de l'insurrection royaliste le 5 octobre 1795 (13 vendémiaire an IV). Les officiers sont jaloux d'être commandés par un si jeune général. De même, les 4 généraux de division en place Augereau, Sérurier, Laharpe et Masséna n'acceptaient pas d'être commandés par un général corse ayant pour seule expérience militaire majeure la fusillade du 13 vendémaire an IV. Dès son arrivée, il sut trouver les mots qui galvanisèrent les troupes mal nourries et mal vêtues de la France révolutionnaire ruinée. Commencée au col de Cadibone, qui sépare les Alpes des Apennins, pour se terminer un an plus tard à l'autre extrémité des Alpes, la campagne allait être fulgurante.

La première campagne

La principale difficulté de la campagne consistait dans la disjonction des armées piémontaise et autrichienne avec, ensemble, 70 000 hommes ; la première, commandée par Giovanni Provera et Luigi Colli, et lautre par Von Beaulieu et Argenteau.

Ce but fut atteint par une manœuvre savante et inattendue : Napoléon Bonaparte fond dabord avec toutes ses forces sur Argenteau qui commandait le centre de larmée ennemie situé à Montenotte le 12 avril (23 germinal) (victoire des généraux Masséna et Laharpe sur Argenteau), et le rejette sur Dego et Sassello.

Article détaillé : Bataille de Millesimo.

Pour les séparer, il culbuta l'armée adverse à la Bataille de Millesimo le 13 (24 Germinal) (victoire de Augereau sur le corps de Provera).

Beaulieu, apprenant les désastres du centre, se retire avec précipitation sur Acqui. Provera est fait prisonnier à Cosseria ; les Piémontais, défaits à Montezemolo et à Mondovi le 22 avril (3 Floréal) (victoire de Bonaparte sur le baron Luigi Colli), chassés de Ceva, fuient sur la route de Turin.

Ces divers combats qui durèrent six jours, eurent pour résultats la prise de quarante pièces de canon, la mise hors de combat de 12 000 Autrichiens, la possession des forteresses de Coni, de Ceva, de Tortone, dAlexandrie : loccupation presque totale du Piémont, évacué par les Autrichiens ; ce qui mit le roi de Sardaigne dans la nécessité de demander la paix au gouvernement de la République française. Les Sardes, effrayés, demandèrent un armistice le 26 avril (7 Floréal) (armistice de Cherasco).

La seconde campagne

Dans la campagne suivante, le général victorieux, maître de son armée, conçoit le projet de faire la conquête de la Lombardie [1]

Par le traité de paix conclu à Turin avec la cour de Sardaigne, le général français avait eu la précaution de se faire céder le «pont de Valence» (Las Cases cite ainsi la commune de Valenza), prévoyant que loccupation de ce poste attirerait lattention de lennemi et lui ferait prendre le change, tandis quil irait de son côté forcer le passage du sur un autre point. Se rejetant ensuite sur les Autrichiens, Bonaparte passa le vers la ville de Plaisance pour entamer la campagne contre Beaulieu en Lombardie. Le duc de Parme déposa les armes le 9 mai (20 Floréal).

Article détaillé : Bataille du pont de Lodi.

De , il marche rapidement sur Lodi : un pont long et étroit jeté sur lAdda, qui baigne les murs de la place, est franchi malgré le feu meurtrier de la mitraille des Autrichiens qui défendaient ce passage difficile et dangereux. Napoléon repoussa les Autrichiens au pont de Lodi le 10 mai (21 Floréal) (victoire sur Beaulieu).

Lodi est enlevé, et loccupation de cette place assure à larmée victorieuse la conquête de la haute Italie.

Objectif Mantoue

Mais le projet de porter la guerre en Allemagne par le Tyrol, qui est toujours lidée dominante de Bonaparte ne peut seffectuer avec sécurité tant que la forteresse redoutable de Mantoue sera au pouvoir de lennemi. La phase suivante de la guerre va se dérouler autour de Mantoue.

Le général fait ses dispositions pour exécuter les plans quil a combinés, et dont la réussite lui parait si certaine quil écrit au directeur Carnot [2]

Cependant le Directoire, surpris autant peut-être de laudace de son général que jaloux de ses victoires, et prévoyant la haute destinée que ses succès semblaient lui promettre, prit la détermination de ne plus le laisser seul arbitre de la guerre et de la paix : ainsi donc, tout en le félicitant sur sa conquête du Piémont, il le remerciait avec affectation davoir abandonné au commissaire civil, Christophe Saliceti, le soin de traiter des préliminaires pour la paix, laissant entrevoir le mécontentement que lui avaient causé les armistices quil sétait permis de conclure lui-même avec les généraux piémontais et le duc de Parme.

Bonaparte apprit en même temps quon avait le projet de diviser le commandement de larmée dItalie entre lui et le général François Christophe Kellermann. Cette nouvelle laffecta singulièrement. Il écrit au Directoire[3] mais écrivit également confidentiellement au directeur Carnot[4].

La prise de Milan

Sur ces entrefaites, André Masséna sempare de Milan, et Bonaparte y fait son entrée solennelle le lendemain ; et ce jour même, est signé à Paris, un traité de paix par lequel le Duché de Savoie, Tende, le comté de Nice et autres places, sont enlevées au roi de Sardaigne et passent sous la domination de la France.

Peu de jours après, le Directoire, cédant aux raisons et aux instances de Bonaparte, lui abandonne sans partage la conduite des affaires dItalie.

De ce moment date la haute influence que cet homme extraordinaire va exercer sur les affaires, tant civiles que militaires de Milan, quil occupe en souverain. Il poursuit lexécution des clauses qui sont convenues avec le Piémont, conclut des traités avec Rome, Naples et le duché de Parme ; il comprime en personne les mouvements de la Lombardie, qui vient de se révolter et il contient dans leur neutralité les États de Gênes et de Venise. Il sait bien que ces républiques sont fort mal disposées pour la France mais il juge sagement que le temps de les faire sexpliquer plus ouvertement nest pas encore venu.

Enfin, le château de Milan, qui avait résisté jusque-, tombe dans les mains françaises, et le vainqueur en tire 150 pièces de canon quil fait diriger sur Mantoue. Dautres équipages de siège pris à Bologne, Ferrare, le fort d'Urbin, sont conduits par ses ordres vers le même point. Beaulieu, avant de quitter lItalie, avait eu le temps de jeter 13 000 hommes dans la place, et 30 000 Autrichiens, détachés de larmée du Rhin, accouraient pour la secourir.

Enfin, Wurmser est à la tête de 60 000 hommes pour faire lever le siège, et Bonaparte nen a pas 40 000 à lui opposer ; sa position était fort embarrassante, ayant à combattre, dun côté, contre une armée dun tiers plus forte que la sienne ; et, de lautre, à contenir une forte garnison, et garder en outre, tous les passages du fleuve, depuis Brescia jusquà Vérone et Legnano.

La bataille des 5 jours

Le général en chef autrichien commet la faute grave de diviser ses forces en deux corps : 35 000 hommes sous ses ordres marchent droit sur Mantoue par la vallée de lAdige, tandis que Quasdanovich marche avec 25 000 hommes sur Brescia.

Bonaparte profite habilement de la faute de ses adversaires : il quitte brusquement le siège de Mantoue (début du siège le 18 juillet 1796) (30 Messidor an IV), et laisse devant la place sa grosse artillerie, concentre ses troupes à Roverbella, tombe sur Quasdanowich, le bat successivement à Salò et Lonato (3 août - 16 Thermidor), et le force à se réfugier dans les montagnes du Tyrol. Cet heureux succès obtenu, il court sur Wurmser, le bat complètement à la Bataille de Castiglione (5 août - 18 Thermidor), passe le Mincio en sa présence et le rejette dans le pays de Trente.

Article détaillé : Bataille de Castiglione.

Ces divers combats, qui durèrent de puis le 1er jusquau 5 août (14 - 18 Thermidor), et que, pour cela, les Français appelèrent la bataille des cinq jours, coûtèrent à lAutriche plus de 20 000 hommes et 50 pièces de canon.

Bonaparte, après ses avantages, se met à la poursuite de Quasdanowich, latteint, le bat à Serra-Valla, Ponte-San-Marco, Roveredo, et dans les gorges de Calliano.

Cependant Wurmser avait repris le chemin de Mantoue, et son armée filait par les gorges de Brenta. Bonaparte, qui a prévu ce mouvement, abandonne le Tyrol et va se montrer aux Autrichiens à Bassano del Grappa (8 septembre - 22 Fructidor), aux gorges de Primolano, au fort de Cavalo.

Wurmser à Mantoue

Néanmoins Wurmser, séparé encore une fois du corps de Gnosdanovich, trouve enfin le moyen dentrer dans Mantoue. Cette place, dont la garnison vient de recevoir un renfort si considérable, semble pouvoir soutenir victorieusement les attaques des assiégeants, dautant plus quune nouvelle armée arrivait pour la secourir. LAutriche, victorieuse sur le Rhin, résolut de reprendre à tout prix les possessions quelle avait perdues en Italie et de faire lever le siège de Mantoue.

Une nouvelle armée autrichienne surgit, commandée par Alvinczy, général expérimenté : elle est chargée daller faire cette conquête à la tête de 45 000 hommes. Ce général commet la même faute que Wurmser : il partage ses forces : il laisse 15 000 hommes à Davidovitch, avec ordre de descendre les vallées de lAdige, et lui-même se dirige sur Mantoue, par le Véronnais, avec 30 000 hommes.

Dans ce moment, le général français, affaibli par les combats et les garnisons quil a laisser dans les forteresses quil a prises, ne peut disposer que de 33 000 hommes ; mais, par la hardiesse de ses mouvements, par les savantes dispositions quil sait prendre à propos, il supplée avantageusement à linsuffisance de ses moyens.

Les Français perdirent du terrain face à Alvinczy à Bassano (9 novembre - 19 Brumaire an V) et face à Davidovitch à Calliano (12 novembre - 22 Brumaire).

Au moment lon sy attend le moins, il abandonne le blocus, place 3 000 hommes à Vérone, se porte rapidement sur Ronco, jette un pont sur lAdige, le traverse avec larmée, et prend le chemin dArcole, lieu devenu célèbre à jamais par laction meurtrière que les deux armées se livrèrent dans ses environs. [5]

Arcole

Article détaillé : bataille du pont d'Arcole.

Les Français prendront leur revanche à San Massimo all'Adige hameau de Vérone (victoire de Caldiero) et à la bataille du pont d'Arcole (15 au 17 novembre - 25 au 27 brumaire).

Désespérant de réussir sur ce point, il prend la résolution de retourner à Ronco et dérobe sa marche à Alvinzi. Il fait allumer des feux sur la chaussée dArcole, et, le lendemain, il se trouve libre de livrer bataille à celui des trois corps autrichiens quil lui plaira ; il choisit le plus fort, celui dAlvinzi, quil repousse au delà de Vicence, après lui avoir tué 5 000 hommes, fait 8 000 prisonniers, et pris 30 pièces de canon.

Le général Joubert, quant à lui, vainc Davidovitch le 19 novembre (29 brumaire) à Campara, et l'oblige à se réfugier dans le Tyrol. Wurmser qui commande le troisième corps, na que le temps de rentrer dans Mantoue, il se voit de nouveau bloqué par Sérurier.

Rivoli

Article détaillé : Bataille de Rivoli.

Cependant les Autrichiens, ne désespèrent pas, malgré leurs nombreuses défaites, de faire tourner la fortune en leur faveur. Alvinzi et Provera descendent tout à coup du Tyrol à la tête dune armée nouvelle et nombreuse. Provera se dirige sur Mantoue avec 12 000 hommes ; Alvinzi, avec le gros de larmée, se met à la poursuite de Joubert, qui se retire sur Rivoli : Bonaparte, qui navait que 20 000 hommes disponibles pour livrer bataille, donne ordre à Joubert de tenir ferme à Rivoli, et il va attendre lennemi derrière cette position.

Le général autrichien, trop confiant dans la supériorité de son armée, en détache une partie sous les ordres du général Lusignan, et il sengage avec le gros de ses forces dans les vallées de lAdige et de la Carona, dont le plateau de Rivoli est le nœud.

Il sempare de ce plateau, sur lequel il place 2 000 hommes ; mais au moment il se croit maître de la division Joubert, il se voit coupé ; le plateau de Rivoli est pris, et ceux qui le gardaient mettent bas les armes. Enfin la colonne de Lusignan vient attaquer larmée française sur ses derrières : elle est prise presque en entier par Masséna avec son général.

Le 16 janvier (27 Nivôse), Bonaparte gagna sur Provera aux portes de Mantoue. Wurmser est repoussé dans Mantoue, et dix-sept jours après, ayant vu détruire sous ses murs les restes de la quatrième armée autrichienne, il se voit dans la nécessité de capituler le 17 janvier (28 Nivôse). Ces succès de Bonaparte sont encore rehaussés par les revers subis à la même époque par Jean-Baptiste Jourdan et Jean Victor Marie Moreau, ainsi que par les millions envoyés d'Italie au Directoire.

Bilan de la Campagne d'Italie

Napoléon autour de Borodino en 1797. Peinture de Vassili Verechtchaguine.

Les batailles de Rivoli et de la Favorite, et la prise de Mantoue, coûtèrent, en trois jours, à lAutriche, 45 000 hommes tués ou faits prisonniers et 600 bouches à feu.

Le général en chef, pour punir le pays davoir enfreint larmistice de Bologne, lui impose le traité de Tolentino.

En moins de douze mois, à lâge de 28 ans, Bonaparte a détruit quatre armées autrichiennes, donné à la France une partie du Piémont, fondé deux républiques en Lombardie, conquis toute lItalie, depuis le Tyrol jusquau Tibre, signé des traités avec les souverains du Piémont, de Parme, de Naples, de Rome.

Le grand guerrier et le grand politique marchent de front. Toute la France a les yeux sur Bonaparte et ne regarde que lui ; le Directoire, dont il a éclipsé la considération et le pouvoir, linvite plutôt quil ne lui commande, à poursuivre ses conquêtes et à marcher sur la capitale de lAutriche.

Propagande

Le général Bonaparte utilise à son profit le Courrier de larmée dItalie, le journal officiel de larmée dItalie, dont chaque armée de la Révolution était doté. Il crée ensuite grâce au butin deux autres journaux, La France vue de larmée dItalie et Le Journal de Bonaparte et des hommes vertueux.

La marche sur Vienne

Cette puissance, atterrée par la chute de Mantoue et se voyant menacée dans ses propres États, ordonne à larchiduc Charles daller, avec lélite de larmée quil commande, sur le Rhin, sopposer en Italie aux progrès de Bonaparte.

Celui-ci, apprenant la marche de son noble adversaire, fait mettre en mouvement une armée de 53 000 hommes, à laquelle sétaient réunies la division Delmas et la division Bernadotte[6]

Continuant sur sa lancée, le conquérant chercha à gagner Vienne. Bonaparte, à la tête dune division de 37 000 hommes, emporte Tarri. Il passa la Piave. Il envoie trois autres divisions forcer le passage du Tagliamento, défendu par larchiduc en personne : elles obtiennent lavantage. Elles passent le col de Tarvis sans que les Autrichiens de l'archiduc Charles puissent l'arrêter (mouvement du 1er au 21 mars - 11 Ventôse au 1er Germinal).

Elles poursuivent ce prince sur lIsonzo, et semparent de limportante forteresse de Palmanova ; et vingt jours plus tard, l'archiduc, ayant perdu le quart de son armée, est obligé de se retirer sur Saint-Weith et sur la Muhr.

Cependant, Bonaparte avait détaché 16 000 hommes sous la conduite du général Joubert, qui culbute les généraux Alexis Laudon et Kerpen et force tous les défilés du Tyrol, pendant que Bernadotte marchait sur Laybach.

Article détaillé : Expédition du Tyrol.

Enfin, le 31 mars (11 Germinal), un an après son départ de Nice, le vainqueur, arrivé à Klagenfurt, a la générosité doffrir la paix à lAutriche, qui, dabord, a linsolence de la refuser. Larmée républicaine se remet en marche. Masséna force les défilés de Neumarkt en Styrie, sempare de la position dHundsmark.

Les préliminaires de paix

Le moment approchait une grande bataille allait décider du sort de Bonaparte et de celui de la maison d'Autriche ; mais deux ennemis se rendirent au quartier général français, et le 7 avril (18 Germinal) un armistice est accordé à Indenburg, et le 15 (26 Germinal), les préliminaires de la paix sont convenus à Leoben. Les Français sont à cent kilomètres de Vienne lorsque des pourparlers de paix furent entamés avec Merveldt. [7]

La dépêche du 19 avril (30 Germinal), qui apprend au Directoire la signature des préliminaires, lui révèle aussi toute lindépendance de son général, et peut lui donner des craintes sur un avenir que sa politique inquiète et jalouse na pas deviné. [8]

Bonaparte ne demanda pas d'instructions au Directoire. Dès ses premières victoires, il montra son indépendance en faisant la loi en Lombardie.

L'insurrection vénitienne

Pendant que Bonaparte marchait sur Vienne par les défilés de la Carinthie, les nobles et le clergé vénitiens levaient des troupes pour lempêcher de rentrer en Italie ; et tandis quil stipulait à Léoben les conditions de la paix, le meurtre des Français commandé par le Sénat était prêché dans toutes les églises. Lors de la deuxième fête de Pâques, au son des cloches, tous les Français qui se trouvaient à Vérone et qui ne sétaient pas retranchés dans les forts, sont égorgés. Il sagit principalement de malades, laissés dans les hôpitaux par le général Balland. Cet épisode est connu sous le nom de Pâques véronaises.

Article détaillé : Pâques véronaises.

Traité de Campo-Formio

De tels attentats ne pouvaient rester impunis : laristocratie vénitienne est détruite, et le lion de Saint-Marc renversé, pour toujours, par celui qui sera nommé réellement le libérateur de lItalie. Le 16 vendémiaire an VI (7 octobre 1797), Bonaparte signa le traité de Campo-Formio par lequel l'Autriche donne à la République la possession des Pays-Bas autrichiens et renonce au Milanais, et s'engage à reconnaître à la France les territoires de la rive gauche du Rhin. La première coalition fut dissoute. Seule la Grande-Bretagne ne déposa pas les armes.

Congrès de Rastadt

Après la concession de ce traité, Bonaparte, vainqueur et pacificateur, reçut ordre daller présider au congrès de Rastadt la légation française. Il y signa, avec le comte de Cobentzel, la convention militaire relative à lévacuation respective des deux armées.

Le retour à Paris

Enfin, Bonaparte quitta Rastadt pour venir triompher à Paris ; il y fut reçu avec un enthousiasme extraordinaire. Le Directoire fut justement effrayé de cette puissance de gloire quil ne pouvait braver, ni récompenser dignement. Cependant, comme il ne pouvait se dispenser de sassocier dune manière quelconque au triomphe du vainqueur de lItalie, il se décida à lui donner, dans la cour du palais du Luxembourg, une fête extraordinaire ; la pompe quil déploya dans cette occasion ne trompa personne, ni celui qui en était lobjet, ni la portion éclairée des spectateurs.

Cette fête eut lieu le 20 frimaire (10 décembre 1797), en présence de presque tous les ambassadeurs des puissances armées. La vaste cour du Luxembourg offrait, entre autres ornements, les drapeaux conquis par larmée dItalie, groupés et formant comme un dais au-dessus des cinq directeurs ; ils étaient pour eux, ce que justifièrent les événements, lépée de Damoclès.

Bonaparte, en remettant solennellement au pouvoir exécutif le traité de Campo-Formio, prononça un discours [9]

Quelques jours après, le héros fut fêté avec non moins déclat par les Conseils, dans la grande galerie du Musée, et le département donna le nom de Victoire à la rue Chantereine, dans laquelle il avait sa maison. LInstitut le choisit pour remplacer Carnot, alors proscrit comme royaliste.

Les lettres, les arts sempressaient autour de lui ; le royaliste de Bonald lui offrit un de ses livres, et le républicain Jacques Louis David son pinceau. [10]

Livresse, exaltait toutes les têtes ; aux théâtres et dans tous les lieux publics, on nentendait que le cri de Vive Bonaparte !

L'armée d'Angleterre

Cependant, pour donner de laliment à son activité naturelle et un peu de repos à la reconnaissance chagrine du Directoire, Bonaparte partit pour aller inspecter son armée dite dAngleterre, dont il avait été nommé généralissime quelque temps auparavant. Après avoir parcouru les côtes du Nord, de la Normandie et de la Bretagne, il revint à Paris, rempli dun projet qui devait laffranchir de la méfiance du Directoire et de la nullité dun commandement dérisoire qui ne lui avait été donné que pour le tenir éloigné des affaires et dans linaction.

Ce projet avait pour but l'expédition d'Égypte ; lidée de cette expédition lui était venue au milieu de ses triomphes en Italie : il sen était ouvert, assure-t-on, au savant Gaspard Monge, lors de son séjour à Milan.[11]

À son retour de linspection des côtes de lOcéan, bien convaincu de la nullité du commandement quon lui avait donné sous le nom de général de larmée d'Angleterre, et comprenant fort bien quil serait presque impossible détendre la guerre sur le territoire de cette puissance, entourée qu'elle est de mers de tous côtés, il conseilla au Directoire de lattaquer dans ses possessions de lInde, contre lesquelles il serait long sans doute, mais aisé pourtant de mener une armée par terre. [12]

Notes et références

  1. il est si certain des suites de cette expédition quil écrit de Cherasco au Directoire : « Demain je marche sur Beaulieu ; je loblige à repasser le  ; je le passe immédiatement après ; je mempare de toute la Lombardie, et, avant un mois, jespère être sur les montagnes du Tyrol ; de jirai joindre larmée du Rhin, et nous porterons de concert la guerre dans la Bavière »
  2. « Si laction des deux armées françaises qui combattent sur le Rhin nest point arrêtée par un armistice, il serait digne de la République daller signer le traité de paix avec les trois armées réunies au cœur de la Bavière ou de lAutriche étonnée. »
  3. « Jai fait la campagne sans consulter personne ; je neusse fait rien de bon sil eût fallu me concilier avec la manière de voir dun autre. Si vous mimposez des entraves de toute espèce, sil faut que je réfère de tous mes pas aux commissaires du gouvernement, sils ont le droit de changer mes mouvements, de môter ou de menvoyer des troupes, nattendez plus rien de bon. Si vous affaiblissez vos moyens en partageant vos forces, si vous rompez en Italie la pensée militaire, je vous le dis avec douleur, vous aurez perdu la plus belle occasion dimposer des lois en Italie. Chacun a sa manière de faire la guerre : le général Kellermann a plus dexpérience et la fera mieux que moi ; mais tous les deux ensemble, nous la ferons fort mal. Je sens quil faut beaucoup de courage pour vous écrire cette lettre ; il serait si facile de maccuser dambition et dorgueil »
  4. « Je crois que réunir Kellermann et moi en Italie, cest vouloir tout perdre : je ne puis servir volontiers avec un homme qui se croit le premier général de lEurope ; et, dailleurs, je crois quun mauvais général vaut mieux que deux bons. La guerre est comme le gouvernement, cest une affaire de tact. »
  5. Une chaussée étroite conduisait au port ; Bonaparte ordonne de marcher sur la chaussée et daller forcer le passage du pont ; mais sa colonne de grenadiers, prise en flanc par le feu de lennemi, sarrête ; Bonaparte descend de cheval, saisit un drapeau et le jette sur le pont en sécriant : Soldats ! nêtes-vous plus les braves de Lodi ? suivez-moi ! Le feu des Autrichiens devient si terrible que les troupes refusent davancer : lattaque neut point de succès.
  6. En arrivant à larmée de Bonaparte, ce dernier avait dit à ses soldats « Soldats de larmée du Rhin, songez que larmée dItalie nous regarde. »
  7. Cest à cette occasion que Bonaparte dit aux négociateurs autrichiens : « Votre gouvernement a envoyé contre moi quatre armées sans généraux, et cette fois un général sans armée. » Bel éloge des talents militaires du prince Charles.
  8. Voici quelques passages de cette importante dépêche : « Si je me fusse, au commencement de la campagne, obstiné à aller à Turin, je naurais jamais passé le  ; si je métais obstiné à aller à Rome, jaurais perdu Milan ; si je métais obstiné à aller à Vienne, peut-être aurais-je perdu la République. Dans la position des choses, les préliminaires de la paix, même avec lempereur, sont devenus une opération militaire. Cela sera un monument de la gloire de la République française, et un présage infaillible quelle peut, en deux campagnes, soumettre le continent de lEurope. Je nai pas, en Allemagne, une seule contribution ; il ny a pas eu une seule plainte contre nous. Jagirai de même en évacuant ; et, sans être prophète, je sens que le temps viendra nous tirerons parti de cette sage conduite. Quant à moi, je vous demande du repos. Jai justifié la confiance dont vous mavez investi ; je ne me suis jamais considéré, pour ainsi dire, dans toutes mes opérations, et je me suis aujourdhui lancé sur Vienne, ayant acquis plus de gloire quil nen faut pour être heureux, et ayant derrière moi les superbes plaines dItalie, comme javais fait au commencement de la campagne dernière, en cherchant du pain pour larmée, que la République ne pouvait plus nourrir. »
  9. dans lequel on remarqua cette phrase : « Lorsque le peuple français sera assis sur les meilleures lois organiques, lEurope entière deviendra libre. » Barras, chargé de lui répondre au nom de ses collègues, dit que la nature avait épuisé toutes ses richesses pour créer Bonaparte. Bonaparte, ajouta-t-il, a médité ses conquêtes avec la pensée de Socrate : il a réconcilié lhomme avec la guerre. Étrange galimatias dans la bouche dun homme qui se disait républicain par excellence.
  10. On rapporte une anecdote qui, si elle nest point complètement vraie, donne du moins une idée de linfluence que pouvait exercer sur lesprit de Bonaparte lenthousiasme extrême dont il était lobjet de la part de la nation tout entière ; la voici : David voulait le représenter à cheval sur le pont dArcole ou de Lodi ; Non, répondit-il, jy serais avec toute larmée ; représentez-moi de sang-froid sur un cheval fougueux.
  11. Pendant quil négociait la paix à Passariano, il adressa à lescadre de lamiral Brueys, stationnée dans lAdriatique, la proclamation suivante : « Camarades, dès que nous aurons pacifié le continent ; nous nous réunirons à vous pour conquérir la liberté des mers. Sans vous, nous ne pouvons porter la gloire du nom français que dans un petit coin du continent ; avec vous, nous traverserons les mers, et la gloire nationale verra les régions les plus éloignées. »
  12. Pour convaincre les Directeurs, il leur cita lexemple dAlexandre le Grand qui, parti dune province dEurope, avait conduit, à travers des peuples redoutables, ses armes victorieuses jusquaux bouches du Gange. La France, bien autrement puissante que lantique Macédoine, navait pas, disait-il, à craindre dêtre traitée de téméraire en imitant lexemple dAlexandre ; il lui était très facile de porter une armée en Égypte, de faire la conquête de ce pays, et de se rendre, par listhme de Suez en Asie, et de dans les contrées que les Anglais possèdent dans lInde.

Voir aussi

Source partielle

  • Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de lédition](Wikisource)
  • Cdt Henry Lachouque - Napoléon, 20 ans de campagnes - Arthaud - 1964
  • Emmanuel de Las Cases - Le Mémorial de Sainte-Hélène
  • Yves Amiot, La fureur de vaincre-Campagne d'Italie (1796-1797), Flammarion, 1996, Paris.


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  • Lodi — (pronounced LOW dee or LOW die) may refer to: Places In Canada: * Lodi, Ontario, a community in North Stormont, OntarioIn Italy: *Lodi, Italy, in the Province of Lodi of the Lombardy region **The Treaty of Lodi, 1454 between Italian city states… …   Wikipedia

  • Lodi — ist der Name folgender Orte und Gebiete: Lodi (Lombardei), Provinzhauptstadt in der Lombardei, Italien Provinz Lodi, Provinz in Italien Orte in den Vereinigten Staaten: Lodi (Arkansas) Lodi (Colorado) Lodi (Indiana) Lodi (Kalifornien) Lodi… …   Deutsch Wikipedia

  • Lodi (Lombardei) — Lodi …   Deutsch Wikipedia

  • Lodi — Lodi,   1) Hauptstadt der Provinz Lodi, in der Lombardei, Italien, 80 m über dem Meeresspiegel an der Adda, 42 400 Einwohner; Bischofssitz; landwirtschaftliche Fachschulen; städtisches Museum, Bibliotheken, Pinakothek; bedeutende… …   Universal-Lexikon

  • Lodi [1] — Lodi, 1) (L. Crema), Provinz in der Lombardei, grenzt im Norden an die Provinzen Bergamo, Cremona, Pavia u. Mailand u. wird im Süden durch. den Po von Parma geschieden; hat 21,71 QM. u. 216,800 Ew.; Flüsse: Po, Adda, Serio, Lambro; sehr eben u.… …   Pierer's Universal-Lexikon

  • Lodi — Lodi, Kreishauptstadt in der ital. Provinz Mailand, am rechten Ufer der Adda, an der Eisenbahnlinie Mailand Piacenza u. den Dampfstraßenbahnen nach Mailand, Pavia, Soncino, Bergamo u. Brescia, Bischofssitz, hat einen romanisch gotischen Dom aus… …   Meyers Großes Konversations-Lexikon

  • Lodi — Lodi, Stadt in der ital. Prov. Mailand, an der Adda, (1901) 27.811 E.; Majolikafabriken, Viehzucht (Parmesankäse), chem. und Seidenindustrie; hier 10. Mai 1796 Sieg Bonapartes über die Österreicher. – 6 km westl. L. Vecchio (spr. wekkĭo, Alt L.) …   Kleines Konversations-Lexikon

  • Lodi — Lodi, Hauptstadt der Provinz L. und Crema (auf 21.7 QM. 220000 E.) an der Adda, hat 21500 E., ist Bischofssitz, hat einen schönen Dom, Gymnasium, engl. Fräuleinstift, Fabrikation von Majoliken u. Seide; in der Umgegend wird der Parmesankäse… …   Herders Conversations-Lexikon

  • Lodi — [lō′dē] city in Lombardy, NW Italy: scene of Napoleon s defeat of the Austrians (1796): pop. 42,000 …   English World dictionary

  • Lodi — /law dee/ for 1; /loh duy/ for 2, 3, n. 1. a town in N Italy, SE of Milan: Napoleon s defeat of the Austrians 1796. 28,691. 2. a city in central California, near Sacramento. 35,221. 3. a city in NE New Jersey. 23,956. * * * ▪ California, United… …   Universalium

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