Jean-Francois de La Harpe

Jean-Francois de La Harpe

Jean-François de La Harpe

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Jean-François de La Harpe
Portrait en médaillon de Jean-François de La Harpe
Portrait en médaillon de Jean-François de La Harpe

Activité(s) Écrivain, Dramaturge, Poète, Critique
Naissance 20 novembre 1739
Paris, France
Décès 11 février 1803
Paris, France
Langue d'écriture Français
Distinctions Prix de l'Académie français (1766, 1767, 1771)
Œuvres principales
  • Cours de littérature (1799)
Compléments
  • Fauteuil 21 de l'Académie français (1776-1803)


Jean-François de La Harpe, le 20 novembre 1739 à Paris il est mort le 11 février 1803, est un écrivain et critique français d'origine suisse. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (11ème division).

Sommaire

Biographie

Les nombreux détracteurs de La Harpe affirmèrent quil était un enfant trouvé qui devait son nom à la rue de Paris on lavait découvert. Lui-même déclara en 1790, dans une lettre adressée au Mercure de France, quil était issu dune famille noble du canton de Vaud (Suisse), connue depuis le XIVe siècle. Christopher Todd a pu établir que son père, Jean-François de La Harpe, était bien un officier suisse, ancien capitaine dartillerie tombé dans le dénuement et dont la mort en 1749 plongea les siens dans une affreuse misère.

Jean-François de La Harpe fut alors pris en charge par les Sœurs de la Charité de la paroisse Saint-André-des-Arts. Une bourse lui permit dentrer au collège d'Harcourt. Il y obtint deux années consécutives le prix de rhétorique et se distingue au Concours général il remporte le premier prix de discours latin en 1756 et 1757 et le premier prix de discours français en 1757. Des vers composés contre certains de ses maîtres décole lui valurent à retardement, en 1760, quelques semaines demprisonnement. En 1764, il épousa la fille dun cafetier, mais ce mariage ne fut pas heureux et les époux se séparèrent bientôt.

Dès 1759, il publia des Héroïdes dont lanticléricalisme fut remarqué par Fréron, qui le dénonça, mais aussi par Voltaire, qui accorda sa protection à leur auteur quil tenait en haute estime, lui permettant même de corriger ses vers. Celui-ci fit un séjour à Ferney, il déroba le manuscrit du deuxième chant de la Guerre de Genève quil publia en 1767, année il fut reçu à lAcadémie de Rouen.

Cet incident, qui fit un certain bruit, narrêta pas lascension de La Harpe. En 1771, son Éloge de Fénelon, couronné par lAcadémie française, donna lieu à lintervention de larchevêque de Paris et du Roi et au rétablissement du visa des docteurs en théologie. LAcadémie ressentit durement cet épisode, et La Harpe y manqua plusieurs fois son entrée. Voltaire, loin de lui tenir rigueur de son larcin (mais peut-être avaient-ils manigancé laffaire ensemble) mit tout son poids pour pousser sa candidature, que repoussaient le maréchal-duc de Richelieu et lavocat général Séguier, qui allèrent jusquà mettre leur démission dans la balance. Mais, Malesherbes sétant assuré que le Roi ne mettrait pas son veto à cette élection, La Harpe finit par être élu le 13 mai 1776, à trente-sept ans, au fauteuil que le malheureux Colardeau navait pas eu le temps doccuper.

En 1779, La Harpe remporta, sous le voile de lanonymat, avant dy renoncer, le prix déloquence de lAcadémie pour son Éloge de Voltaire. À lAcadémie, il abandonna D'Alembert, qui avait pourtant bataillé pour son élection, et se rallia au parti de Buffon, votant pour Bailly contre Condorcet, qui fut élu. Il adopta le parti des piccinistes contre les gluckistes. Enseignant la littérature au Lycée, rédacteur au Mercure de France, La Harpe jouissait alors dune situation très enviable. Il correspondait régulièrement avec le tsar Paul Ier, qui linvita plusieurs fois à sa table lorsquil visita la France.

La Harpe embrassa passionnément la cause de la Révolution lorsque celle-ci éclata. Il reprit en 1793 la rédaction du Mercure quil avait abandonnée, soccupant de la partie littéraire quand Mallet du Pan avait en charge la partie politique. Malgré son zèle pour les idées nouvelles, ou à cause de celui-ci, il fit un séjour de quatre mois à la prison du Luxembourg en 1794.

Il en ressortit converti (il avait occupé sa détention à traduire les psaumes) et gagné à des opinions beaucoup plus conservatrices. Il se mit à fréquenter avec ostentation les églises et, dans son cours du Lycée, ne cessa dattaquer violemment les Encyclopédistes. Ces opinions lui valurent dêtre proscrit après le 18 fructidor (1797). Il revint en France après le 18 brumaire, fut proscrit de nouveau en 1802 en raison de ses relations avec les milieux royalistes. Il se remaria, mais sa femme demanda le divorce au bout de quelques semaines. Il mourut le 11 février 1803, victime de lépidémie de grippe qui sévissait alors à Paris.

Œuvre littéraire

La Harpe a été un auteur dramatique abondant (mais non à succès), a composé des vers, de la prose, des compilations (une Histoire générale des voyages en 32 volumes) mais reste surtout connu comme pédagogue et critique littéraire.

Œuvres dramatiques

La Harpe a écrit de nombreuses pièces dont la plupart tombèrent et qui sont presque toutes complètement oubliées. Seules Warwick et Philoctète, imitée de Sophocle, eurent un certain succès.

Il faut faire une mention particulière de Mélanie, ou les Vœux forcés, que lauteur fit imprimer en 1770 mais qui ne fut jouée que le 7 décembre 1791 au Théâtre-Français. Elle reste, selon Jacques Truchet, « la plus curieuse de ses pièces et la plus représentative de lesprit du temps ». Le sujetles vœux forcéspouvait convenir à lanticléricalisme que La Harpe affichait lorsquil composa cette pièce mais beaucoup moins à la censure du temps, ce qui explique quelle ne fut jouée quaprès la Révolution. Bien que présentée sous la forme dune pièce en trois actes et en vers, Mélanie se rapproche du drame qui connaîtra la fortune quon sait à la fin du XVIIIe siècle.

Ce rapprochement est dautant plus piquant que La Harpe a toujours professé le plus grand mépris du drame, quil attaque violemment dans sa comédie Molière à la nouvelle salle, écrite pour défendre la Comédie-Française contre les théâtres concurrents.

Par ailleurs, sa Correspondance littéraire, adressée au grand-duc Paul de Russie, est truffée danecdotes théâtrales sur les acteurs et les pièces de son temps.

  • Le Comte de Warwick (créée au Théâtre français le 7 novembre 1763)
  • Timoléon (créée au Théâtre français le 1er août 1764)
  • Pharamond (1765)
  • Mélanie, ou les Vœux forcés (1770)
  • Olinde et Sophronie (1774)
  • Menzicoff, ou les Exilés (Fontainebleau, novembre 1775)
  • Les Barmécides (créée au Théâtre français le 11 juillet 1778. Elle na été représentée que onze fois[1]. Voltaire aurait dit à son auteur : « Mon ami, cela ne vaut rien, jamais la tragédie ne passera par ce chemin [2] »).
  • Les Muses rivales, ou lApothéose de Voltaire (comédie en 1 acte et en vers libres, créée au Théâtre français le 1er février 1779)
  • Jeanne de Naples (créée le 12 décembre 1781)
  • Molière à la nouvelle salle, ou les Audiences de Thalie (créée le 12 avril 1782), comédie en un acte et en vers
  • Philoctète (créée le 16 juin 1783)
  • Coriolan (créée le 2 mars 1784)
  • Virginie (créée le 11 juillet 1786)

Œuvres critiques

Le principal ouvrage de La Harpe est son Lycée ou Cours de littérature (paru en 1799), qui rassemble en 18 volumes les leçons quil avait données pendant douze ans au lycée. Cest un monument de la critique littéraire. Même si certaines parties sont faiblescelle sur les philosophes antiques notammenttout ce qui est dit sur lart dramatique, de Corneille à Voltaire, est admirablement pensé et raisonné, même si cest la pensée et le raisonnement dun puriste souvent pointilleux. Les passages concernant les auteurs contemporains, dans lesquels La Harpe attaque avec vigueur le parti philosophique, sont souvent dune grande drôlerie.

  • Commentaire sur Racine (1795-1796, publié en 1807)
  • De la Guerre déclarée par nos nouveaux tyrans à la raison, à la morale, aux lettres et aux arts (1796)
  • Réfutation du livre de lEsprit dHelvétius (1797)
  • Du Fanatisme dans la langue révolutionnaire, ou de la Persécution suscitée par les barbares du XVIIIe siècle contre la religion chrétienne et ses ministres (1797)
  • Le Lycée, ou cours de littérature, 18 vol. (1798-1804)

Œuvres diverses

  • LAlétophile ou lami de la Vérité (1758)
  • Héroïdes nouvelles, précédées dun essai sur lhéroïde en général (1759)
  • Le Philosophe des Alpes, La Gloire (1762: odes
  • La Délivrance de Salerne et la fondation du royaume des Deux-Siciles (1765: poème
  • Mélanges littéraires ou épîtres philosophiques (1765)
  • Le Poëte (épître, prix de lAcadémie française en 1766)
  • Éloge de Charles V (prix de lAcadémie française en 1767)
  • Des Malheurs de la guerre et des avantages de la paix (discours, prix de lAcadémie française en 1767)
  • La navigation (1768: ode
  • Éloge de Henri IV (1769)
  • Éloge de Fénelon (prix de lAcadémie française en 1771)
  • Éloge de Racine (1772)
  • Éloge de La Fontaine (1774)
  • Éloge de Catinat (1775)
  • Conseils à un jeune poète (1775)
  • Éloge de Voltaire (1780)
  • Tangu et Filine, poème érotique (1780)
  • Abrégé de lhistoire générale des voyages, 32 vol. (1780)
  • Le Pseautier en français, traduction nouvelle, avec des notes... précédée dun discours sur lesprit des Livres saints et le style des prophètes (1797)
  • Correspondance littéraire adressée au grand-duc de Russie, 4 vol. (1801-1807)
  • Le Camaldule (1802)
  • Réponse dun solitaire de La Trappe à la lettre de labbé de Rancé (1802)
  • Le Triomphe de la religion, ou le Roi martyr (1814: poème héroïque
  • Commentaire sur le théâtre de Voltaire (publié en 1814)
  • Prédiction de Cazotte, faite en 1788 (1817)
  • Le Salut public, ou la Vérité dite à la Convention
  • Acte de garantie pour la liberté individuelle, la sûreté du domicile, et la liberté de la presse
  • Oui ou Non
  • La liberté de la Presse, défendue par Laharpe, contre Chénier
  • De l'Etat des Lettres en Europe, depuis la fin du siècle qui a suivi celui d'Auguste, jusqu'au règne de Louis XIV
  • Les Ruines, ou Voyage en France

Notes

  1. Louis Mayeul Chaudon, Antoine François Delandine, Dictionnaire universel historique critique et bibliographique, volVIII, Mame, Paris, 1810 [présentation en ligne], « Harpe (Jean François de la) », p. 254-255 
  2. Denis Diderot, Correspondance littéraire, philosophique et critique de Grimm et de Diderot, volVIII, 1830 [présentation en ligne], « Avril 1774 », p. 316, note (1) 

Références

  • Émile Faguet, Histoire de la poésie française, tome IX, Paris, 1935
  • Gabriel Peignot, Recherches historiques, bibliographiques et littéraires sur La Harpe, 1820
  • (en) Christopher Todd, Voltaires disciple : Jean-François de La Harpe, Londres, 1972
  • Jacques Truchet, Théâtre du XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, bibl. de la Pléiade, 1974, vol. II, p. 1488-1492
  • Domenico Gabrielli 'Dictionnaire Historique du cimetière du Père-Lachaise XVIIIème et XIXème siècles' - Ed. de l'Amateur - 2002

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