Hotchkiss H39

Hotchkiss H39

Hotchkiss H35

Pix.gif Hotchkiss 35H modifié 39 Mil Land Vehicle Icon.svg
Hotchkiss-H-39-latrun-2.jpg
Hotchkiss H39 en Israël
Caractéristiques générales
Équipage 2
Longueur 4,22 m
Largeur 2,14 m
Hauteur 1,85 m
Masse au combat 12,1 tonnes
Blindage et armement
Blindage 40 mm maximum
Armement principal canon SA38 de 37 mm
Armement secondaire 1 mitrailleuse Reibel de 7,5 mm
Mobilité
Moteur Hotchkiss 1938 à six cylindres en ligne
refroidissement par liquide
120 chevaux à 2800 tours/min (88,3 kW)
Suspension boggies à ressorts horizontaux
Vitesse sur route 36 km/h
Puissance massique 9,92 ch/tonne
Autonomie

Le Hotchkiss H35 ou Char léger modèle 1935 H est un char léger français, des années 1930. Il en a été tiré une version mieux motorisée, le Hotchkiss H-39 en 1939.

Sommaire

Développement

En 1926, l'armée française établit un programme pour un char d'accompagnement d'infanterie d'une masse inférieure à treize tonnes, pour prendre la relève du Renault FT-17. Ce char devait équiper des bataillons autonomes, chargés de soutenir les divisions d'infanterie ; devant être employé en nombre, il se devait d'être léger et peu coûteux, or le seul char qui fut conçu pour répondre aux spécifications, le Renault D1, n’était ni l'un, ni l'autre. En 1933, la société Hotchkiss présenta alors une maquette, affirmant qu'il lui était possible de produire un char de six tonnes, avec un blindage de trente millimètres. Un nouveau programme fut donc établi, demandant un char de six tonnes, doté d'un blindage de trente millimètres sur tous les angles, et armé d'un canon de 37 millimètres SA-18, en tourelle. Trois prototypes furent commandés à Hotchkiss, mais d'autres sociétés furent conviées à présenter leur modèle, Renault avec le Renault R35, et la FCM, avec son FCM36. Entre temps, le 21 juin 1934, le blindage fut porté à quarante millimètres et la masse à dix tonnes.

Le 18 janvier 1935, Hotchkiss présenta son prototype à la Commission d’Expérience du Matériel Automobile, à Vincennes. Il fut ensuite essayé à Mourmelon, jusqu'au 4 mars, où le deuxième prit sa place jusqu'au 6 juin. Ces deux chars présentés sans tourelle, simplement armés d'une mitrailleuse, furent rejetés le 27 juin, car ils ne répondaient pas à la nouvelle spécification de blindage de 1934. Le type fut cependant lui accepté, sous réserve que les modifications nécessaires soit effectuées. Le 19 août, le troisième prototype, pourvu lui d'une tourelle APX en acier coulé, fut présenté, et après des essais jusqu'au 20 septembre, fut accepté. Le 6 novembre, une première commande de deux-cents exemplaires fut passée, le premier devant être livré au 12 septembre 1936. Avant cette date, deux autres ordres avaient été passés, respectivement de 92 et 108 véhicules.

Les premiers chars de série furent testés sur le terrain, jusqu'au 4 décembre 1936. Ces manœuvres montrèrent que le Hotchkiss était très difficile à diriger en tout-terrain, en particulier il virait assez mal, ce qui le rendait dangereux pour l'infanterie qu'il accompagnait. La direction de l'infanterie, donnant sa préférence au char de Renault, décida donc de ne confirmer que les cent premiers exemplaires, pour équiper seulement deux bataillons : les 13e et 28e bataillons de chars de combat. Les trois exemplaires restants furent alors offerts à la cavalerie, qui les accepta car elle n'avait pas de budget pour des chars, et de plus avait moins besoin de qualités tout-terrains, car elle combattait plus sur route et avec de l'infanterie portée. Le Hotchkiss H35 avait aussi un petit avantage de vitesse pure sur le Renault, avec 28 km/h contre 20. Cependant dans la pratique, du fait de l'infériorité de sa transmission, sa vitesse moyenne était plutôt inférieure.

Description

Vue latérale montrant, entre autres, les ressorts horizontaux en haut des boggies.

Le Hotchkiss H35 est un petit véhicule de 4,22 m de long, 1,95 m de large et 2,15 m de haut. Sa caisse est constituée de six parties en acier coulé, qui sont boulonnées ensemble. On a ainsi le plancher moteur et celui du compartiment de combat qui forment le bas du véhicule, et quatre pièces pour le dessus : une à l’avant, une à l’arrière et deux latérales. L'emploi d’acier coulé permet d'avoir un blindage incliné évitant les pièges à obus, et de maximiser les chances de déflexion d'un projectile. Bien que bonne pour l'époque, la protection ne satisfaisait pas les responsables de l'infanterie, l'épaisseur maximale étant de 34 millimètres, contre les 40 demandés, de plus il y avait beaucoup de problèmes concernant la qualité de celui-ci, entre autres du fait de l’importante sous-traitance. D'abord trop mou, l'acier fut ensuite durci, mais devint friable et chargé de bulles, bulles qui constituaient autant de points faibles.

L'équipage était constitué de deux hommes. Le conducteur s’asseyait à l'avant droit de la caisse, derrière une large trappe à deux battants coulés. La conduite est difficile : le char n'ayant pas le différentiel de son concurrent de Renault, il répondait de façon imprévisible à tout changement de direction ; les freins trop faibles, particulièrement en descente, n'amélioraient pas vraiment la situation. Autre difficulté, le cinquième rapport de la boîte de vitesse était très dur à engager, si bien qu'on atteignait rarement les 28 km/h de la vitesse théorique. Le char était aussi sous-motorisé avec seulement 78 chevaux pour ses 11 370 kg, soit 8,8 chevaux par tonne. Ce déficit de puissance et la conduite forcément brusque du pilote nuisaient fortement à la fiabilité mécanique : de ce fait, les pannes était fréquentes. Le char avait cependant certaines qualités : la suspension était constituée de trois bogies ressemblant à ceux du R35, mais employant des ressorts horizontaux plutôt que des cylindres de caoutchouc, et son réservoir de 180 litres lui donnait une autonomie de 129 kilomètres ou 8 heures en tout-terrain.

Vue arrière montrant la trappe sur laquelle le chef de char était obligé de se hisser pour l'observation

Le chef de char, lui, prenait place seul dans une tourelle APX-R, sûrement le plus gros défaut du char, mais commun à tous les chars légers français de l'époque. En effet, le chef de véhicule se retrouve seul pour servir et approvisionner l'armement, observer le champ de bataille, repérer les objectifs potentiels, et diriger le pilote. Vu le nombre de tâches à accomplir, il était heureux que la radio ne soit pas installée sur ces véhicules. Pour remplir ces tâches, le chef de char ne disposait que d'une coupole d'observation, dépourvue de trappe d'accès, cette dernière étant située sur l'arrière de la tourelle. Quand il voulait observer correctement les alentours, il devait donc s'asseoir dans celle-ci, pour regarder par dessus la tourelle. Il était alors très exposé et loin de son armement.

Autre défaut important du char, son canon SA-18 (SA pour semi-automatique en référence à sa culasse), une pièce de 37 mm datant de la Première Guerre mondiale, à la vitesse initiale très faible, était incapable de pénétrer plus de 23 millimètres de blindage, ce qui la rendait impropre au combat contre les autres chars. Par la suite, la chambre du canon fut quelquefois réalésée, dans les unités de cavalerie, pour pouvoir utiliser des munitions spéciales avec une charge propulsive accrue, donnant une vitesse initiale d'environ six-cents mètres par seconde, et une perforation de près de trente millimètres.

L'emport de munitions était de cent obus antichars : obus de rupture modèle 1892/1924 (de type APHE : perforant explosif), ou modèle 1935 (de type APCR : sous calibré et explosifs) et de deux mille quatre-cents cartouches de mitrailleuse.

Le char léger modèle 35H modifié 39

Comme la cavalerie était demandeuse d’une vitesse supérieure, le montage d'un moteur plus puissant fut tenté à partir d'octobre 1936, donnant naissance à un prototype l'année suivante. La caisse fut agrandie pour loger le nouveau moteur de cent-vingt chevaux, forçant les ingénieurs à revoir en conséquence la suspension et les chenilles. La masse atteint alors 12,1 tonnes. Le nouveau modèle, bien plus rapide, était capable d'atteindre 36 km/h, mais il était aussi plus facile à conduire. Présenté à la Commission d’Expérimentation de l’Infanterie le 31 janvier, il est accepté comme char léger modèle 35H modifié 39, et une commande de deux-cents exemplaires est passée, étendue par la suite à neuf-cents. En 1940, trois-cent-cinquante d'entre eux furent modifiés pour embarquer le canon SA38, plus long et plus moderne, qui lui donnait une réelle capacité antichar. Les nouvelles chenilles rallongées, bien qu'améliorant la répartition de la pression au sol, retardèrent la production, car l'outillage d'usinage des patins des premières versions dut être changé. Malgré tout, toutes versions confondues, six-cent-quarante chars sont prêts en septembre 1939, et environ mille en mai 1940.

À l'entrée en guerre, les Alliés décidèrent de concentrer la production de chars légers sur un seul modèle : du fait de sa grande mobilité, c'est le Hotchkiss qui fut choisi. Il était prévu d’en équiper les nombreuses divisions blindées qui devaient être mises sur pied pour une hypothétique offensive décisive pendant l'été 1941. On espérait pousser la production à trois-cents exemplaires mensuels, et pour ce faire, les industries britannique et portugaise furent mises à contribution pour fournir des éléments de caisse coulés. En échange de leur aide, les Britanniques devaient recevoir neuf Renault B1bis par mois. Ces plans ambitieux sont rapidement oubliés avec la bataille de France, en mai 1940.

Usage opérationnel

Trois chars furent vendus à la Pologne qui combattirent en septembre 1939, au sein d'unités de circonstance. Quinze furent envoyés au sein de la 342e compagnie autonome de chars de combat, pour appuyer l'expédition de Narvik.

Au 10 mai 1940, 360 Hotchkiss équipaient huit bataillons de chars de combat : quatre d'active, les , , et BCC, et quatre de réserve en formation, les , , et . Six bataillons furent utilisés au sein des trois nouvelles divisions cuirassées de réserve, où ils appuyèrent les puissants chars B1. Dans la cavalerie, 450 étaient en service. Chaque division légère de cavalerie, en possédait quatorze, qui équipaient un escadron de son régiment d'automitrailleuses. Dans les divisions légères mécaniques, il complétait l'effectif insuffisant de Somua S35, il équipait deux escadrons sur quatre de chaque régiment d'automitrailleuses de combat, soit un total de quatre-vingts chars par division. La DLM, vit de plus ses trois escadrons d'automitrailleuses de reconnaissance équipés de Hotchkiss, plutôt que de Renault ZT. Autres unités à l'utiliser, les et groupes de reconnaissance de division d'infanterie, qui en utilisaient quinze fournis par le COMAM de Montlhéry.

Utilisé le plus souvent dans des unités mécanisées mobiles, le char Hotchkiss, malgré ses nombreux défauts, se comporta assez brillamment pendant la bataille de France, en particulier du fait de la valeur et de l'abnégation de ses équipages et, dans une moindre mesure, grâce à sa protection, qui en faisait un objectif difficile à détruire pour les panzers de 1940. On peut citer parmi les nombreux faits d'armes, le combat de Flavion, le 15 mai 1940, où les 150 chars de la 1re s'opposèrent aux 718 chars du 39e PanzerKorps du général Hoth, sans aucune aide, malmenant plusieurs unités allemandes, avant de céder sous le nombre, mais aussi le combat de Stonne de la DCR et de la 3e division d'infanterie motorisée, commencé le même jour, et qui se poursuivit jusqu'au 26 mai, coûtant à la 3e DCR la moitié de ses équipages de chars, mais elle empêcha toute progression d'abord des deux Panzerdivisions du 19e Panzerkorps, puis des trois divisions d'infanterie du 6e Armeekorps, infligeant de très lourdes pertes aux unités allemandes.

Après l'armistice, pas moins de 550 exemplaires furent récupérés par la Wehrmacht, qui les utilisa plutôt dans les unités chargées des tâches d'occupation ou à l'entraînement. Une unité indépendante, le 211e Panzerabteilung en fut néanmoins équipée, lors des premières phases de l'opération Barbarossa, en Finlande. Les Allemands réalisèrent par la suite une série de conversions en canons automoteurs et véhicules spécialisés. Les Français continuèrent d'utiliser le modèle, dans certaines unités disposées dans l’Empire colonial. Certains de ces chars, appartenant aux forces de sécurité en Syrie, furent revendus clandestinement après-guerre à la toute nouvelle armée israélienne, qui en fit usage pendant la guerre de 1948 et les conserva jusqu'en 1956.

Unités ayant utilisé le H35 en 1940 :

Cavalerie
Infanterie
  • Dans les Divisions cuirassées de réserve :
    • DCR, 25e et 26e Bataillons de chars de combat
    • DCR, 14e et 27e BCC
    • DCR, 42e BCC et 45e BCG
  • Les Bataillons de chars de combat attachés aux armées :
  • La 342e compagnie autonome de chars de combat - 15 chars

Variantes

La désignation d'usine du modèle 35H modifié 39, était char léger Hotchkiss modèle 38 série D, ce qui causa beaucoup de confusion, car bien que la désignation officielle soit toujours char léger modèle 35H, beaucoup commencèrent à l'appeler 38H ou 39H. Après guerre, on considéra longtemps, à tort, que la désignation du modèle avec le moteur de 120 chevaux avait été H38 et celle avec le canon SA38, H39.

  • Char léger modèle 1935 H désignation officielle du modèle avec moteur de 78 chevaux.
  • Char léger modèle 1935 H modifié 39 désignation officielle du modèle avec moteur de 120 chevaux.
  • Hotchkiss H35 désignation officieuse du Char léger modèle 1935 H.
  • Hotchkiss H38 désignation officieuse du Char léger modèle 1935 H modifié 39.
  • Hotchkiss H39 désignation officieuse du Char léger modèle 1935 H modifié 39 avec le canon SA38.
Emploi dans la Wehrmacht
  • Panzerkampfwagen 35H 734(f) désignation allemande du Char léger modèle 1935 H
  • Panzerkampfwagen 38H 735(f) désignation allemande du Char léger modèle 1935 H modifié 39
  • Artillerieschlepper 38H(f) conversion en ravitailleur d'artillerie, par suppression de la tourelle.
  • Panzerkampfwagen 35H(f) mit 28/32 cm Wurfrahmen véhicule lance-roquettes.
  • 7,5cm PaK40(Sf) auf Geschützwagen 39H(f) conversion en chasseur de chars, communément appelé SdKfz. 135 Marder I, 24 réalisés[1].
  • 10,5cm leFH18(Sf) auf Geschützwagen 39H(f) conversion en obusier automoteur de 105 mm, 48 réalisés.
  • Panzerbeobachtungswagen 38H (f) conversion en véhicule d'observation d'artillerie.

Chars équivalents en 1940

Voir aussi

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Bibliographie

  • Philip Trewhitt, Armored Fighting Vehicles. Brown Packaging Books, 1999 (ISBN 978-1840133387).
  • Pierre Touzin, Les véhicules blindés français, 1900-1944. EPA, 1979.
  • Jean-Gabriel Jeudy, Chars de France, E.T.A.I., 1997 (ISBN 978-2726883693).
  • E. Ramspacher Chars et blindés français Charles-Lavauzelle, 1979.

Liens externes

Notes et références

  1. Sur base Hotchkiss. D'autres Marder I proviennent de la conversion de la chenillette Lorraine 38L.


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