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Histoire des sciences et techniques en Chine
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Histoire des sciencesChronologie Chronologie des sciences Chronologie de l'astronomie Sciences de l'Antiquité Sciences au Moyen Âge s. - s. s. - s. s. - s. Thématiques Sciences grecques Sciences chinoises Sciences indiennes Sciences islamiques Histoire... de l'astronomie des mathématiques de la biologie de la médecine de la physique de l'électricité de la zoologie & botanique de l'écologie des sciences du langage Voir aussi Science Histoire des sciences (discipline) Philosophie des sciences Épistémologie Sociologie des sciences Histoire des techniques Méta Projet L'histoire des sciences et des techniques en Chine est l'occasion de découvrir l'autre grande contribution d'une civilisation non occidentale à un développement précoce des sciences, et que son retard pris à l'époque de la renaissance en Europe a laissé oubliée de l'Occident.
Durant l'antiquité, indépendamment des philosophes grecs, les penseurs chinois ont contribué à des progrès significatifs dans de nombreux domaines.
Le premier exemple d’outil de calcul complexe est l’abaque, qui connut diverses formes, jusqu’au boulier toujours utilisé en Chine.
L'astronomie chinoise s'est développée sur plusieurs siècles et s'est longtemps montré en avance sur celle du monde occidental. Un très grand nombre d'observations antérieures à la fin du Moyen Âge sont sans comparaison avec ce qui se faisait dans le monde occidental. Une des finalités du développement de l'astronomie était de nature divinatoire. Les premières observations de comètes, d'éclipses solaires et de supernovae furent faites en Chine[1].
En physique, les travaux sur le magnétisme permirent aux chinois de mesurer avec précision la déclinaison d'une boussole.
En médecine, l'acupuncture et l'usage des plantes médicinales fut précoce et développé. Les alchimistes taoistes ont été des pionniers. Shennong est réputé avoir goûté de nombreuses substances pour tester leurs vertus médicinales, suite à quoi il a écrit une des premières pharmacopées incluant 365 remèdes issus de minéraux, plantes, animaux.
Les chinois inventèrent de nombreux systèmes techniques, comme la brouette, l'horloge mécanique etc.
Sommaire
Des débuts précoces
La Chine connaît tout d'abord une période néolithique d'agriculture du millet (dans la culture de Yangshao) et du riz avec un fort développement de l'irrigation. L'élevage concerne les espèces de porc, chien et poulet.
Royaumes combattants
Cette époque est féconde sur le plan scientifique. Les Chinois découvrent ce que l'on nomme habituellement le théorème de Pythagore (que les Babyloniens connaissaient quinze siècle avant l'ère chrétienne. Ils identifient la comète de Halley et comprennent la périodicité des éclipses.
Ils inventent la fonte de fer, que l'Europe ne connaîtra qu'au XVIIIe siècle[2]. Durant la période des Royaumes combattants, apparaît l'arbalète.
Sous les Han
Sous les Han occidentaux, les socs d’araire en fonte, apparus sous les royaumes combattants, se répandent. La traction animale se développe grâce au harnachement de garot[3], plus efficace que le collier à sangle de gorge[4]. Les systèmes d’irrigation sont étendus dès le règne de Gaozu, et le système de rotation des cultures amélioré.
La première représentation connue d’un gouvernail est un modèle de bateau découvert dans une tombe chinoise du Ier siècle av. J.-C.
En -104, est promulgué le calendrier Taichu (1), premier véritable calendrier chinois. En mathématiques, les chinois inventent, vers le IIe siècle av. J.-C., la numération à bâtons. Il s'agit d'une notation positionnelle à base 10 comportant dix-huit symboles, avec un vide pour représenter le zéro, c'est à dire la dizaine, centaine, etc. dans ce système de numérotation (comme nous le faisons, à la suite des Indiens et des Arabes). En raison de son usage très approprié au calcul, beaucoup de mathématiciens chinois de l'époque adoptèrent cette numération pour leurs travaux.
En 132, Zhang Heng (張衡) invente le premier sismographe pour la mesure des tremblements de terre et est la première personne en Chine à construire un globe céleste rotatif. Il invente aussi l'odomètre.
La médecine progresse sous les Han orientaux avec Zhang Zhongjing et Hua Tuo, à qui l'on doit en particulier la première anesthésie générale.
À la même époque, dans le Zhejiang, la porcelaine apparait[5], elle n'est pas une invention en tant que telle mais plutôt une amélioration progressive des techniques du feu et de l'usage du kaolin. Le secret de sa fabrication ne sera percé qu'au XVIIe siècle en Europe.
Dynasties du Nord et du Sud
À la fin de la période des Trois Royaumes de Chine, en 263, Liu Hui commente et complète Les Neuf Chapitres sur l'art mathématique qui recense le savoir mathématique chinois. Il invente le principe de Cavalieri plus de 1000 ans avant ce dernier.
Sous les dynasties du Nord et du Sud, le mathématicien et astronome Zu Chongzhi (429—500) développe le calendrier Daming introduit en 465 et dérive deux approximations de π, 355/113 et 22/7, il faut attendre mille ans avant que l'humanité produise un meilleur résultat[6].
Les premières armes à feu apparaissent en Chine au Ve siècle avec les lances à feu (Huo Sang), espèce de lance-flammes, à l’efficacité pratique restreinte sur un champ de bataille mais utile pour ses qualités incendiaires et présentant une efficacité psychologique certaine sur des novices.
Sous la dynastie Song
L'enrichissement du pays et surtout l'insuffisance de la production de cuivre[7] pousse le gouvernement Song à introduire la monnaie papier en 1024[8]. Cette richesse profite aux sciences. Le mathématicien Shen Kuo (1031 - 1095) introduit la fonction sinus. Dans son livre Mengxi Bitan (1088), Shen est le premier à décrire le compas à aiguille magnétique qui sera utilisé pour la navigation. Shen Kuo a fait des versions améliorées de la sphère armillaire, du Gnomon, du télescope et a inventé la clepsydre. En tant que géologue, il élabore une théorie sur la formation de la Terre, la géomorphologie, en se fondant sur la présence de fossiles marins à terre, ses connaissances sur l'érosion du sol et l'observation des dépôts de limon[9].
Pi Cheng (990-1051) invente l'impression typographique[10].
Su Song (1020—1101) est le concepteur d'une horloge astronomique à force hydraulique qui utilise l'échappement d'horlogerie[11]. Son mécanisme d'échappement avait déjà été inventé par moine bouddhiste Yi Xing pour exploiter une sphère armillaire hydraulique mais la tour horloge possède la plus ancienne transmission à chaîne connue, appelée tian ti ou « échelle céleste », comme on peut le voir dans son traité d'horlogerie Xiangfayao Xinyi[12]. Su Song utilise, dans les cartes qu'il publie, la projection de Mercator près de cinq cents ans avant qu'elle soit utilisée en Europe.
Vers la fin cette période féconde, en 1247, Qin Jiushao publie le théorème des restes chinois, utilisé en algèbre modulaire. Son traité contient, pour la première fois en Chine, le signe zéro.
Sous les Mongols
Guo Shoujing (郭守敬, 1231-1316) intègre l'observatoire de Kubilai Khan où il travaille sur les améliorations à apporter au gnomon. Il calcule la durée de l'année, la fixant à 365,2425 jours, une valeur identique à celle définie par le calendrier grégorien, conçu trois siècles plus tard.
Yang Hui (vers 1238-1298) publie un traité sur ce que nous connaissons comme le triangle de Pascal et en attribue la paternité au mathématicien chinois du XIe siècle, Jia Xian. Ce triangle permet de présenter les coefficients des différents termes dans la formule du binome et, selon V.J. Katz, il était utilisé pour généraliser à des degrés supérieurs à deux la méthode d'extraction de racine[13]. Zhu Shijie (1270-1330) publie Miroir précieux des quatre éléments en 1303, ce livre porte l'algèbre chinoise à son niveau le plus haut. Il inclut une explication de sa méthode des quatre éléments, qui sont utilisés pour signifier quatre quantités inconnues dans une seule équation algébrique. Zhu y explique comment trouver la racine carrée d'un chiffre et y expose le fan fa, aujourd'hui connu sous le nom de la méthode de Horner.
Les Mongols, vecteurs de la science chinoise vers l'Occident
De nombreux contacts ont lieu entre les Mongols et les Européens au XIIIe siècle, en particulier au travers de l'alliance franco-mongole. Les corps d'armées chinois sont experts dans l'art du siège et sont intégrés aux forces mongoles. En 1259-1260, le prince Bohémond VI d'Antioche et son beau-père, Héthoum Ier d'Arménie font alliance avec le Mongol Houlagou Khan contre les musulmans en Syrie, prenant Alep puis Damas[14]. Guillaume de Rubrouck, ambassadeur auprès des Mongols en 1254-1255, et ami personnel de Roger Bacon, est souvent cité comme le possible intermédiaire dans la transmission de la poudre à canon[15]. Le compas aurait été rapporté par le templier Pierre de Montaigu entre 1219 et 1223, suite à un voyage auprès des Mongols en Perse[16].
Les quatre grandes inventions de la Chine ancienne
Francis Bacon considérait que trois grandes inventions avaient changé le monde : la poudre à canon, le compas magnétique et l’imprimerie. Comme le relève Joseph Needham dans La Science chinoise et l’Occident, ces techniques sont toutes héritées de l'empire chinois. Les Chinois pour leur part, recensent quatre grandes inventions de la Chine ancienne, les trois soulignées par Bacon auxquelles ils ajoutent le papier.
Le papier porteur d'un message le plus ancien connu à ce jour, découvert en Chine, serait daté de -8[17], sous la dynastie Han de l'Ouest. Il s'agit d'un fragment de lettre dont le papier est fait à partir de fibres de lin, sur laquelle une vingtaine de sinogrammes anciens ont été déchiffrés. Mais l'invention du papier est plus ancienne et remonte au moins au règne de Han Wudi au deuxième siècle avant Jésus-Christ. On en a retrouvé dans des tombes servant d'emballage à de précieux miroirs de bronze.
En ce qui concerne l'imprimerie, la xylographie a été pratiquée dès le VIIIe siècle : un million de textes bouddhiques en chinois sont imprimés sur l'ordre de l'impératrice Koken entre 764 et 770. Les Chinois ont été les premiers à utiliser les caractères mobiles, l'inventeur chinois Pi Ching aurait employé dès 1041 des caractères mobiles en terre cuite.
En ce qui concerne la poudre, la première trace écrite attestée semble être le Wujing Zongyao (ou Wu ching tzung yao suivant les traducteurs) qui daterait des alentours de 1044. Cet ouvrage dont le titre peut se traduire par Principes généraux du Classique de la guerre donne une méthode de fabrication de grenades à poudre noire, dont l'effet principal semble encore être le bruit.
Les plus anciennes boussoles sont utilisées dès le XIe siècle, dans la géomancie. Le scientifique chinois Shen Kuo (1031-1095) de la Dynastie Song décrit la boussole magnétique comme instrument de navigation : il s’est donc écoulé un certain temps avant que l'invention trouve une application pratique, mais au XIe ou XIIe siècle le procédé devient commun.
La perte de vitesse par rapport à l'Occident
Selon Joseph Needham, c'est la culture et la philosophie chinoises qui ont été un frein au développement scientifique : « Ça n'est pas qu'il n'y a pas d'ordre dans la nature, pour les Chinois, mais plutôt que cet ordre ne provient pas des efforts rationnels de l'être humain pour codifier cet ordre céleste et éternel, irreprésentable dans un langage terrestre. Le taoïsme, en effet, perçoit cet effort comme naïf, par rapport à l'insondable complexité de l'univers tel que ses maitres le perçoivent. » Le sinologue John Fairbank, constate que l'Empereur et la caste mandarinale portent peu d’intérêt à la recherche scientifique. De Qin Shi Huang, premier empereur de la Chine unifiée à Mao Zedong, lançant « brûlons les livres et enterrons les lettrés » lors de la Révolution culturelle, les exemples abondent, dans l'histoire chinoise, d'une attitude franchement hostile des souverains autocratiques chinois envers la science et la culture. Mais, si la Chine a raté le train de la Révolution industrielle pour des causes ontologiques à sa culture et sa philosophie, comment a-t-elle pu être aussi en avance pendant si longtemps ?
Dans De l'inégalité parmi les sociétés[18], Jared Diamond postule que c'est l'absence de frontières naturelles sur le territoire chinois, pour l'essentiel constitué d'une large plaine côtière et de deux immenses vallées fluviales, qui a conduit à un État centralisé sans compétition. Un unique souverain peut étouffer l'innovation. L’Europe au contraire, avec ses chaines de montagne (Alpes, Pyrénées, Carpathes, Tatras), ses immenses péninsules facilement défendables (Scandinavie, Grèce, Italie), ses iles (Angleterre, Irelande, Sicile) a donné naissance à des États plus petits, en constante compétition mutuelle mais suffisamment isolés pour se défendre ou se reconstituer en cas d'invasion. Si un souverain choisissait de ne pas suivre le progrès technique (surtout militaire, mais aussi économique), il prennait le risque de se voir supplanter par ses voisins. David Cosandey, dans son ouvrage Le Secret de l'Occident[19] abonde dans son sens en précisant le cas de la Chine et détaillant les moments où la science et les techniques se sont développées : toujours lorsque le pays a été divisé en États rivaux. C'est cette concurrence qui a entrainé le développement économique et aiguillonné les princes à soutenir les savants.
Retour au premier rang international
L'ouverture au monde promue par Deng Xiaoping dans les années 1980 permirent à la Chine, de regagner dans les années 2000 une place de leader dans les inventions et les technologies. Aujourd'hui la Chine est le premier producteur d'éléctronique, souvent sous-traitant pour des industriels d'autres pays. Mais elle commence également à créer de nouveaux produits nationaux compétitifs sur le plan international. Les inventeurs chinois gagnèrent 5 premiers prix, 4 deuxièmes prix et 6 troisièmes prix d'invention au concours Lépine de la Foire de Paris en 2006[20] Au niveau technologique, on peut citer par exemple le microprocesseur Loongson aux performances proches des processeurs les plus puissants d'aujourd'hui, les fusées Shenzhou qui permirent à la Chine d'être le 3e pays à envoyer des gens dans l'espace.
Le président Hu Jintao, annonce en octobre 2007, lors d'un rapport du 17e congrès du PCC que « Le concept scientifique de développement fait partie des théories du socialisme à la chinoise , l'innovation et les technologies sont donc remis un des principaux objectifs du parti communiste chinois[21].
Notes et références
- ↑ Ancient Chinese Astronomy
- ↑ voir l'article Haut-fourneau
- ↑ David Cosandey, Le Secret de l'Occident, p. 417
- ↑ L'Europe doit attendre le IXe siècle pour découvrir et adopter cette méthode de traction animale.
- ↑ Source : Chinese ceramics.
- ↑ Zu Chongzhi (429 - 500) et le nombre π de Radio Chine Internationale.
- ↑ La monnaie chinoise est en cuivre.
- ↑ David Cosandey, op.cit., p.453.
- ↑ Nathan Sivin, Science in Ancient China, Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, pages 23–24.
- ↑ John S. Bowman, Columbia Chronologies of Asian History and Culture, New York : Columbia University Press, 2000. Page 105.
- ↑ Joseph Needham, Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology, Caves Books Ltd, Taipei, 1986, p. 445.
- ↑ Joseph Needham, Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology, Caves Books Ltd, Taipei, 1986, p 111.
- ↑ V.J. Katz, A History Of Mathematics : An Introduction, 1992 source
- ↑ René Grousset, Histoire des Croisades, p581, (ISBN 226202569X)
- ↑ John M.Hobson, The Eastern Origins of Western Civilization, p186, (ISBN 0521547245)
- ↑ Source
- ↑ Trouvé en 2006 à Dunhuang, dans la province du Gansu, et a été daté en fonction d'autres documents écrits trouvés au même endroit de la fouille. [1]
- ↑ Jared Diamond, Guns, Germs, and Steel: The Fates of Human Societies, 1997.
- ↑ Le Secret de l'Occident. Vers une théorie générale du progrès scientifique, Flammarion, coll. Champs, Paris, 2007.
- ↑ Un Chinois obtient 4 premiers prix d'invention au concours Lépine à la Foire de Paris sur invention-europe.com
- ↑ (fr)Hu Jintao présente un rapport au 17e congrès du PCC sur le site de l'ambassade de Chine en France
Voir aussi
Bibliographie
- Joseph Needham, La Science chinoise et l'Occident, éditions du Seuil, collection points Sciences.
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