- Araire
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L’araire (du latin aratrum) est un instrument aratoire du IVe millénaire av. J.-C. qui apparut en Mésopotamie. Tracté par un animal, il scarifie le sol, l'arairage qu'il effectue est donc superficiel.
L’araire au départ était constitué d’une seule pièce de bois, il évolua et finit par avoir jusqu'à cinq pièces.
Le plus souvent en bois, l'araire est composé de trois parties essentielles :
- le mancheron, tenu par la main de l'homme, permet de guider l'araire.
- le sep (souvent appelé dental), pièce centrale qui entre en contact avec la terre, ouverte par la reille qui y est fixée.
- l'age, pièce généralement recourbée, relie l'araire au brancard ou au joug auquel sont attelées les bêtes de trait.
Sommaire
Typologie
Plusieurs typologies ont été proposées pour les araires.
Typologie des structures
Celle la plus couramment utilisée dans les ouvrages de vulgarisation actuelle, dérive de celle de Haudricourt et J-Brunhes (voir images ci-contres), qui permet un classement des araires en quatre principaux types.
Les araires Manche-Sep.
Dans ce type d'araire, le sep (partie portant le soc de l'araire) et le(s) mancheron(s) sont une seule pièce (monobloc, ou constitué de plusieurs parties assemblées).
L'age (partie servant à la traction) vient directement se raccorder au Manche-Sep.
Sur ces araires, le Manche-Sep se recourbe avant de rentrer en contact avec le sol. Cette forme permet de faciliter le maniement de l'araire en lui donnant un certain équilibre, qu'il n'aurait pas si l'araire ne reposait que sur le soc (ce qui se passerait si le manche-sep était droit).
Les araire quadrangulaires.
Les araires de ce type ont une structure constituée de quatre pièces principales, se raccordant en formant, plus ou moins, un parallélépipède.
Comparativement aux autres types, les araires quadrangulaires nécessitent un travail d'assemblage plus poussé. De ce fait, elles ont surtout été connues en France à partie de la fin du XIXe siècle et durant le XXe siècle.
Les araires Dentales.
Pour ces araires, l'age et le(s) mancheron(s) viennent se ficher dans le sep.
Ce type d'araire semble avoir été peu utilisée en France, si ce n'est en Corse. Des araires de ce type ont été commercialisées pour le travail de la vigne durant la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Fabriquées de manière industrielle, elles étaient parfois entièrement métalliques. Leur introduction peut être due à l'influence française en Afrique du Nord, territoire où elles étaient d'un usage courant.
Araire Chambige
Ce type d'araire est constitué d'un sep, sur lequel un age Chambige (tordue, cambré) est fixé. le(s) mancheron(s) vien(nen)t se fixer au niveau du raccord sep-age. Lorsqu'un seul mancheron est présent, il vient souvent s'encastrer dans une fente pratiquée dans l'age Une simple cale suffit généralement à le bloquer. Cette cale bloque généralement le mancheron et la reille (Soc à soie sur une araire).
Typologie des socs
Il existe de nombreux types de soc d'araires. Il faut déjà préciser que les premières araires n'était sans doute pas pourvues de soc. Dans ce cas, le bout du sep sert de soc.
Lorsqu'ils existent, il est possible de classer les socs de plusieurs manières.
Forme
- Sans aile (simple renfort du bout du sep). Ce sont en général de simples renforts du sep fixés par un œil ou une douille. Ce système semble le plus ancien et n'apporte rien, en termes de labourage, par rapport à une araire sans soc. (le bout du sep sert de soc dans ce cas.) En termes de durabilité c'est cependant un progrès majeur par rapport aux araire sans soc (usure du sep).
- Avec aile. Le soc peut être plus large que le sep. Dans ce cas il affecte souvent la forme d'un triangle allongé, dont la pointe est dirigé vers l'avant de l'araire. Lorsque le soc est fixé par soie (reil), cela lui donne un faux air de pointe de lance, très reconnaissable. Cette partie plus large permet d'élargir le sillon et, en penchant l'araire durant le labour, de retourner une partie de la terre du sillon. Cette manière de labourer à l'araire se rapproche du labour à la charrue. Cependant, le sillon reste toujours superficiel (la charrue est un dispositif labourant en profondeur) et seule une petite partie de la terre est retournée. Le résultat reste toujours très différent du résultat obtenu avec une charrue.
- dissymétrique. Ce sont des socs "à aile" dont les ailes sont dissymétriques. Une des ailes est beaucoup plus grande que l'autre, qui peut même être inexistante. L'usage de tels socs étant perdu aux périodes "modernes" son usage exact reste non expliqué. Une théorie est que cette forme aiderait à produire un labour asymétrique avec retournement partiel de la terre. Cette théorie ne convainc cependant pas la majorité des spécialistes.
Fixation
Il existe deux principaux types de fixations. Les systèmes par œil/douille ou les reils (fixation par soie). Ces modes de fixation, dans leurs nombreuses variantes, représentent la très grande majorité des fixations des socs d'araires. La forme et la fixation des socs dépendent des habitudes et moyens locaux. Ces variables conditionnent le travail que l'araire est capable de faire (profondeur de labour, travail en terrain dur).
- par œil ou par douille : Les socs à œil/ douille sont constitués d'une plaque métallique, dont les bords sont pliés pour former l’œil fixant le soc sur l'araire.
Le repli peut se refermer complètement et former une douille.
Le repli peut se refermer tout en restant ouvert à l'extrémité, formant ainsi un œil.
Plus surprenant, mais non moins courant, le repli peut ne pas se refermer. Dans ce cas, il forme une sorte de pince venant enserrer l'extrémité du sep. Ce dispositif est souvent nommé "œil ouvert". Des renforts (clous, rivets, bracelet métalliques etc.) peuvent renforcer la liaison soc-sep.- par soie
Les socs des araires sont souvent fixés par une soie (tige prolongeant la lame). Ce type de soc s'appelle un reil. Parmi les manières de fixer un reil sur une araire, 2 systèmes prédominent. Ce sont les reils fixés par des "bracelets" et les reils enfoncés dans l'une des pièces de l'araire et bloqués par un coin . Les araires "chambige' se prêtent particulièrement bien à ce second type de fixation.
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Araire champige a reil.gif
Un des types d'araire chambige à reil. L'age et le Sep (A) sont formé d'au moins 2 pièces de bois formant bloque. Le reil (C) et le mancheron(B) se logent dans un évidement de l'age. Ils sont bloqués par un coin de bois (D).
- autres
Histoire
L'araire est considéré à tort comme l'ancêtre de la charrue. En fait, ces deux instruments aratoires ont coexisté au fil des siècles, chacun ayant ses propres spécificités. Dans l'araire, tous les éléments sont symétriques par rapport à l'axe de l'age. L'araire effectue un travail en surface, rejetant sur les deux côtés la terre émiettée et déplacée par le soc. La charrue est pour sa part un instrument aux éléments dissymétriques : les pièces travaillantes sont situées sur le même côté de l'age. Avec la charrue, la terre est travaillée en profondeur, mais rejetée d'un seul côté. L'araire est l'instrument typique de l'assolement biennal, adapté aux sols légers et en pente du bassin méditerranéen, et ne nécessite qu’une bête de trait peu puissante (un âne). La charrue est plus adaptée aux terres lourdes des plaines du Nord, mais demande un attelage plus puissant pour être pleinement efficace (bœufs ou chevaux).
Autrement dit, l'araire permet un labour superficiel, tandis que la charrue est utilisée pour les labours profonds. Dans certaines régions aux sols caillouteux l'araire a été utilisé jusqu'au milieu du XXe siècle.
L'araire en égyptien hiéroglyphique
Le dernier idéogramme représente un araire schématisé avec deux mancherons.
Voir aussi
Liens externes
- Revue archéologique du centre de la France - Essai de classement typo-technologique des araires à partir des pièces métalliques découvertes en Gaule romaine en vue de leur reconstitution
- ARCHEAM (Cercle d'histoire et d'archéologie des alpes-Maritimes) - Les araires gravés du Mont Bégo : Une approche technologique et ethnologique
- Recherches sur les instruments du labour au Moyen Age - Bibliothèque de l'école des chartes. 1962, tome 120. - Via Persée
- Portail de l’agriculture et l’agronomie
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