Alessandro Farnese (1545-1592)

Alessandro Farnese (1545-1592)

Alexandre Farnèse (1545-1592)

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Alexandre Farnèse
Portrait d'Otto van Veen (ca 1585)

Alexandre Farnèse, en italien Alessandro Farnese (Rome, 28 août 1545 - Abbaye Saint-Vaast à Arras, 2 décembre 1592), est un noble italien de la Renaissance. Troisième duc de Parme et de Plaisance, quatrième duc de Castro, et gouverneur des Pays-Bas espagnols, il est l'un des plus grands condottieres du XVIe siècle, ses victoires ont contribué à donner l'aspect géopolitique de l'Europe moderne.

Sommaire

Biographie

L'enfance

Alexandre Farnèse est le fils d'Octave Farnèse (1524-1586), duc de Camerino, préfet de Rome, Parme, Plaisance, Castro et Ronciglione, petit-fils du pape Paul III (1468-1534-1549) et de Marguerite de Parme (1522-1586), elle-même fille naturelle puis légitimée de Charles Quint (1500-1558).

Il est baptisé avec son frère jumeau Carlo, mort prématurément, dans l'église Sant' Eustachio en présence de 19 cardinaux et du pape Paul III. Le parrain est l'empereur Charles Quint et la marraine est Éléonore de Habsbourg, sœur de ce dernier, et reine de France en tant qu'épouse de François Ier .
Alexandre passe les première années de vie à Parme où, de 1551 à 1552, il est le témoin de la guerre entre les armées françaises et du duché contre celles du pape et des impériaux. Durant la guerre de Parme, il peut admirer la ténacité et l'habileté militaire de son père et voir à l'œuvre le commissaire à la guerre et à l'artillerie du duché Francesco De Marchi (1504-1576), grand expert en fortifications et technologies militaires.

Pendant la période passée à Parme, il reçoit une excellente éducation; à l'âge de 10 ans, il est capable d'écrire une lettre en latin à son oncle le cardinal Alexandre Farnèse (1520-1589). Alexandre est un garçon précoce; ses précepteurs sont Giuliano Ardinghelli, commandeur de l'Ordre de Malte, Francesco Paciotto et le Salomone, qui lui enseignent les matières scientifiques pendant que Francesco Luisino d'Udine lui enseigne les lettres.

À la cour d'Espagne

Après la guerre de Parme, Octave suit une politique toujours plus pro-espagnole, reniant l'amitié française. Comme conséquence du traité de Gand du 15 septembre 1556 signé par Philippe II d'Espagne (1527-1598) et le duc Octave, Alexandre est invité, aussi comme otage, à la cour d'Espagne qui se trouve à Bruxelles, où il se rend en décembre accompagné de sa mère, demi-sœur de Philippe. L'accueil par son oncle est chaleureux et Alexandre en conquiert vite l'estime.

Le 21 septembre 1558, Charles Quint meurt; ainsi Philippe doit rentrer en Espagne laissant Marguerite gouverner la Flandre, mais emmenant avec lui Alexandre.

À la cour de Madrid, Alexandre fait la connaissance d'un autre fils naturel puis légitime de Charles Quint, Don Juan d'Autriche (1545-1578). Bien qu'ils soient oncle et neveux, entre Alexandre et Don Juan, qui ont le même âge, nait une forte amitié qui les lie toute la vie. À la cour d'Espagne, Alexandre est initié aux principes des sciences politiques et est éduqué à respecter l'autorité légitime et la religion. Il suit les cours de philosophie et de sciences exactes à l'université de Alcalá de Henares.

Le mariage, le retour à Parme et la bataille de Lépante

Alexandre Farnèse

Alexandre reste en Espagne pendant presque six ans. Entre-temps, son père veut le marier à une Médicis ou à une Este mais Philippe II est opposé à ce mariage entre Italiens, il décide donc de le marier à une de ses filles mais à son tour sa mère, Marguerite de Parme s'y oppose. Le choix se porte sur Marie de Portugal (1541-1577), fille ainée de l'infant Eduardo d'Avis et petit-fils de Jean III de Portugal.

La mariage est célébré dans les Pays-Bas méridionaux le 11 novembre 1566. En 1567 les époux s'installent à Parme. Cette même année nait Marguerite, deux ans après l'héritier au trône ducal Ranuce. Alexandre supporte mal cette vie oisive à laquelle il est contraint et pour occuper son temps, il fait de l'équitation, de l'escrime et étudie l'art militaire.

Pendant qu'Alexandre se languit à Parme, le danger turc se fait toujours plus pressant. En juillet 1570, les Ottomans envahissent Chypre, conquérant rapidement Nicosie, mais se heurtant à la forteresse vénitienne de Famagouste. Atteint par ces évènements, le pape Pie V (1566-1572) en appelle à la chrétienté entière pour la création d'une ligue destinée à combattre la flotte turque qui devenait peu à peut maitresse de la Méditerranée.

Le 20 mai 1571, un accord est conclu, Don Juan d'Autriche, oncle et ami d'Alexandre devient le commandant suprême de la flotte et il le veut immédiatement à ses cotés. Pour Alexandre c'est une opportunité à ne pas laisser échapper, il rassemble autour de lui les familles parmesanes et plaisantines et part avec un petit contingent rejoindre les troupes de Don Juan à Gênes le 26 juillet 1571.

Le contingent parmesan est formé de 24 gentilshommes et 300 soldats. À cause de la diversité de la flotte chrétienne, rapidement débutent de nombreuses difficultés accentuées par le fait que les amiraux sont obligés d'obéir à un commandant âgé de 24 ans sans expérience maritime.

Le 1er octobre, la situation explose, Alexandre réussit à calmer la colère de son oncle et à rétablir l'ordre entre les amiraux, les flottes espagnoles et vénitiennes étant prête à en découdre entre elles. Par cette intervention, Alexandre reçoit les éloges du pape. Le 7 octobre, six jours après ces évènements, la flotte chrétienne et celle turque combattent dans les eaux du golfe de Lépante, en Grèce. La bataille est très violente et Alexandre s'y distingue encore une fois par son courage et son habileté militaire. L'issue de la bataille est favorable à la Sainte-Ligue, bien que la flotte turque soit plus nombreuse. 15 000 esclaves chrétiens employés comme rameurs sont libérés. Cette bataille met fin à l'expansionnisme turc.

Au retour de Lépante, Alexandre retourne à sa vie tranquille à Parme. En 1573, naît Odoardo, futur cardinal.
Le 8 juin 1577, Marie de Portugal meurt; cette mort rompt le dernier lien qui unit Alexandre au duché.

Les Pays-Bas espagnols

1577 est l'année de l'arrivée d'Alexandre dans les Pays-Bas espagnols sur invitation de Philippe II et à la demande de Don Juan. Le 15 décembre, il traverse les Alpes pour ne plus revenir en Italie.

L'Espagne, malgré la légitimité de ses prétentions, risque d'être chassée par la fraction protestante emmenée par le prince Guillaume Ier d'Orange-Nassau (1533-1584) soutenue par l'Angleterre, en raison de la médiocre administration du gouverneur Ferdinand Alvare de Tolède, duc d'Albe.

La première préoccupation d'Alexandre est celle de réorganiser l'armée, opération bénéfique dès le 31 janvier 1578 lorsque les troupes espagnoles battent les Orangistes à proximité de Gembloux. Après cette bataille, le sort de la guerre est en faveur des forces impériales, les Orangistes étant contraints de demander l'aide du catholique François de France, duc d'Anjou (1554-1584). À l'âge de 32 ans, le 1er octobre 1578, Don Juan d'Autriche meurt; ainsi Philippe II, tenant Alexandre pour un des plus habiles et fidèles collaborateurs, le nomme gouverneur général des Flandres et de la Bourgogne et capitaine général de l'armée.

La situation en Flandre n'est pas des meilleures; la modération d'Alexandre s'oppose aux excès calvinistes qui transforment la guerre d'indépendance en guerre de religion. Grâce à ses qualités, il devient un élément de rassemblement entre les catholiques et les protestants modérés qui apprécient sa loyauté, sa modération et la discipline de ses troupes qui ne se laissent jamais aller aux saccages et à des destructions contrairement aux troupes orangistes et françaises.

Le 17 mai 1579, avec la signature du traité d'Arras, les provinces catholiques reconnaissent Alexandre Farnèse comme gouverneur, elles renoncent à leurs aspirations d’indépendances en échange de plus grandes garanties au terme des hostilités. Ce succès diplomatique est suivi, le 29 juin de la conquête de Maastricht. Les deux années qui suivent voit la nomination de Marguerite d’Autriche comme gouverneur de la Flandre, nomination qui n’est pas appréciée par Alexandre qui considère qu’elle porte atteinte à son prestige et qu’elle est dangereuse pour sa politique de pacification du pays. Philippe II la révoque le 13 décembre 1581. Entre-temps, le duc d’Anjou cherche en permanence à conquérir la région mais est régulièrement repoussé par Alexandre.

Le 13 juillet 1584, Guillaume d'Orange, le chef charismatique des protestants est tué.

À partir de ce moment, Alexandre enchaîne des succès ininterrompus, [1] le 17 septembre 1584, il conquiert Gand et en mars 1585 Bruxelles et Nimègue. Le 17 août 1585, Anvers tombe ce qui nécessite, pour la bloquer, la construction coté mer, d’un pont long de 720 mètres.

Pour ces opérations, Alexandre reçoit les insignes de l’ordre de la Toison d'or et la restitution formelle de la ville de Plaisance jusqu’alors aux mains des Espagnols qui acceptent ainsi de lui rendre l’intégralité du territoire de son duché.

Au cours des années qui suivent, Alexandre s'emploie à préparer la guerre contre l’Angleterre qui n’aura pas lieu en raison de l’anéantissement de la flotte espagnole (Invincible Armada) en 1588.

Le duché de Parme et les dernières gloires

A la mort de son père Octave, en 1586, Alexandre devient duc de Parme, mais il ne gouverna jamais son duché, nommant son fils Ranuce(1569-1622), âgé de dix-sept ans, régent.

Au cours des dernières années de sa vie, Alexandre prend part à la guerre de religion qui se déroule en France à la demande de Philippe II.

En septembre 1590, il part avec 13 000 hommes, rejoint le duc de Mayenne et libère Paris assiégé par l'armée royale commandé par Henri IV (1553-1610). Il le pousse à lever le siège, mais ne risque pas l’affrontement. Il se contente de prendre Lagny, Saint-Maur, Charenton et Corbeil, et ainsi de ravitailler la capitale affamée[2]. Il se retire ensuite en Flandre où il combat Maurice de Nassau (1567-1625), fils et successeur de Guillaume.

Deux ans plus tard, le 20 avril 1592, il marche au secours de Rouen, également assiégée par Henri IV, avec 18 000 hommes. Le roi de France le refoule au-delà de la Somme avec seulement 7 000 cavaliers. Il parvient néanmoins à dégager la ville, mais lors des combats devant Caudebec, le 25 avril, il est blessé au bras [3]. Malgré la pression des troupes d’Henri IV, Alexandre, par une grande manœuvre, permet à son armée de s’échapper[4]. Il rentre en Flandre, puis après s’être rétabli, se déclare prêt à reprendre les opérations en France, mais à la cour de Madrid, en raison de la jalousie qu'il suscite, on l’accuse de manquer de loyauté envers le monarque qui lui retire la charge de gouverneur.

Sa santé s’aggrave subitement et dans la nuit du 2 et du 3 décembre, il meurt à l'abbaye Saint-Vaast d'Arras.

Sa dépouille est habillée de la tenue des capucins et transférée à Parme avant d’être inhumée dans l’église des capucins aux côtés de sa femme. La mort lui épargna la nouvelle de la perte de sa charge de gouverneur.

Alexandre Farnèse emporta dans la tombe l'estime de son adversaire même, Henri IV. Il contribua par ses victoires à la séparation définitive de la Flandre des Pays-Bas calvinistes qui obtinrent finalement l’indépendance en 1648 et les provinces du sud qui restèrent dans l’orbite catholique des Habsbourg d'Espagne d’abord, puis des Habsbourg d'Autriche, même si amputées de nombreux territoires revenus à la France.

Descendance

Alexandre se marie, le 11 novembre 1565 à Bruxelles, avec l'infante Marie de Portugal (1538-1577), fille de Duarte, duc de Guimarães et frère d'Henri Ier de Portugal, et d'Isabelle de Portugal. Ils eurent trois enfants :

  • Édouard (1573-1626), cardinal ;
  • Margherita (1567-1643) qui deviendra nonne bénédictine après son mariage annulé avec Vincent Ier de Mantoue ;
  • Ranuce qui sera le 4e duc de Parme et de Plaisance, titré Ranuce Ier.

Il a de Catherine de Roquoi

  • Isabella Margherita (Luxembourg, 1578-Lisbonne, 1610)

Curiosité

En 1950, à la demande de Franco, le quatrième Tercio (régiment) de la légion espagnole est créé à Villa Sanjurjo (aujourd’hui Alhucemas), au Maroc et porte le nom d’Alexandre Farnèse (Alejandro de Farnesio en espagnol).

Stendhal s'est inspiré d'Alexandre Farnèse pour son personnage Fabrice del Dongo de La Chartreuse de Parme. Celui-ci est par ailleurs enfermé dans la prison de Parme qui est appelée la Tour Farnèse.

Notes

  1. les faits d'armes d’Alexandre Farnèse sont illustrés sur des tableaux du peintre génois Draghi, que les Farnèse utilisèrent pour décorer le salon de la Meridiana dans le palais qui est actuellement le siège du musée archéologique national de Naples.
  2. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 2-7242-0785-8 ), p. 373.
  3. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 2-7242-0785-8 ), p. 382.
  4. F. Puaux : Histoire de la réformation française, quatrième tome, Michel Lévy frères, éditeur, 1860, page 7, 8

Bibliographie

  • (it) Antonello Pietromarchi, Alessandro Farnese l'eroe italiano delle Fiandre, Gangemi, Roma 1998;
  • (it)Giovanni Tocci, Il Ducato di Parma e Piacenza, UTET Libreria, Torino 1987;
  • (it)Emilio Nasalli Rocca (1901-1972), I Farnese, TEA 1997.
  • (it)Edoardo del Vecchio, I Farnese, Istituto di Studi Romani Editore, 1972

Voir aussi

Liens internes

Ouvrages publiés

  • (fr) Léon van der Essen, Alexandre Farnèse, prince de Parme, gouverneur général des Pays-Bas, 1545-1592
  • I 1545-1578, Librairie nationale d'art et d'histoire, Bruxelles, 1933.
  • II 1578-1582, Libr. nationale d'art et d'histoire, Bruxelles, 1934.
  • III 1582-1584, Libr. nationale d'art et d'histoire, Bruxelles, 1934.
  • IV Le siège d'Anvers, 1584-1585, Nouvelle Société d'Éditions, Bruxelles, 1935.
  • V 1585-1592, Nouvelle Société d'Éditions, Bruxelles, 1937.

Liens externes

Sources

  • (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Alessandro Farnese ». 16.12.2007
  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.


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Don Juan d'Autriche Gouverneurs des Pays-Bas espagnols
1578-1592
Peter Ernst I von Mansfeld
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