Fanfare des Beaux-Arts

Fanfare des Beaux-Arts
La fanfare de carabins « Les Plaies mobiles » fait une manche place du Châtelet à Paris le 14 avril 2010. Il s'agit d'une des deux fanfares genre Beaux-Arts d'étudiants en médecine de la région parisienne. L'autre est celle des « Makabés » du Kremlin-Bicêtre.

La Fanfare des Beaux-Arts dite aussi : « Fanfare Bôzarts » ou « Fanfare Débôzar » est un genre de joyeuse société festive et carnavalesque estudiantine française.

Ce genre s'est exporté. On trouve aujourd'hui des fanfares des Beaux-Arts par exemple en Belgique ou à Maastricht aux Pays-Bas.

On appelle les membres des fanfares des Beaux-Arts ou genre Beaux-Arts des fanfarons.

Il existe également des fanfares des Beaux-Arts formées d'anciens étudiants.

Elles sont appelées familièrement et amicalement dans le milieu fanfaron des « fanfares de vieux cons ».

Sommaire

La première fanfare des Beaux-Arts de Paris en 1889-1892

La bannière des Beaux-Arts suivie par la fanfare des Beaux-Arts de Paris en tête d'un monôme dans la cour d'honneur de l'école en 1889[1].

À l'origine et sans doute depuis toujours, on chante dans les ateliers de l'École des Beaux-Arts de Paris. Ces groupes chantants forment des goguettes qui, comme d'autres, n'ont pas de noms. Le nombre réduit d'étudiants qui les composent préserve leur caractère familial.

En 1883, un nouvel instrument de musique dont on joue en chantant dedans et fabriqué en carton est inventé par le Français Bigot : le bigotphone[2]. Les bigotphones affectent des formes fantaisies ou d'instruments à vent classiques. Les goguettes s'en emparent rapidement. Et en 1885 naît la première société bigotphonique, fanfare composée de bigotphones[3].

La même année, lors d'un concours de construction à l'atelier d'architecture de Monsieur André, l'élève angevin Defaye introduit aux Beaux-Arts la chanson : Le Pompier. Reprise par la voix tonitruante de l'architecte Plankaert lors d'un concours Rougevin, elle devient l'hymne des Beaux-Arts.

En 1889, en son honneur, les étudiants des Beaux-Arts créent la parade carnavalesque de chars de la Balade du Rougevin. En tête, marche la fanfare des Beaux-Arts qui joue l'hymne. Mais comment est cette fanfare ?

La même année, dans un livre sur l'École des Beaux-Arts de Paris, apparaît la plus ancienne description connue de cet ensemble musical[1]. Il est muni de bigotphones. Les actuelles fanfares des Beaux-Arts ont pour ancêtre une société bigotphonique :

Chez les architectes qui sont épris par le métier du décoratif et du solennel, la pompe est plus grandiose encore[4].
On fixe une chaise sur une planche; l'élève qui a remporté le grand prix (de Rome) s'assied sur la chaise :
— Une ! deux ! trois !
Quatre vigoureux gaillards enlèvent la planche, l'installent sur leurs épaules, et voilà le vainqueur sur le pavois, ni plus ni moins qu'un chef de tribus franques; une couronne de feuillage orne son front ; en guise de sceptre, il brandit un grand rouleau de papier, d'où pend un énorme sceau de cire rouge.
On se met en marche.
En tête du cortège, se balance une haute bannière rouge, ornée d'une oie en toile blanche, l'oie du Capitole ; au-dessus du volatile sacré tremblent des médailles de carton de différents modules, blanches ou dorées, et pareilles à celles qu'arborent les orphéons.
Derrière la bannière, la fanfare, plusieurs rangs d'instruments en carton, plus ou moins étranges, saxophones ventrus qu'on tient à deux mains, trombones à coulisse ou à pistons, altos et bugles. Tout cela gémit, grince, siffle, rugit sur des rythmes divers, sans souci du chef, qui bat la mesure consciencieusement.
Après la fanfare, vient le pavois ; les élèves ferment la marche, costumes de ville ou costumes d'atelier.
Organisée dans la première cour, la procession descend la rue Bonaparte, suit le quai et s'arrête devant le portique de l'Institut[5] ; le chef de la fanfare monte sur les marches, non sans caresser au passage les lions de bronze qui sommeillent; il tourne le dos à la porte, et, après un signe de la main, se met à battre la mesure :
— Largo ! crie-t-il. Forte ! Piano Crescendo ! Rinforzando !... Pianissimo ! Amoroso ! Appassionato ! Allegro ! Presto !

Les deux trompes en tête du cortège, visibles sur l'illustration de ce texte, sont des bigophones géants, à la forme inspirée d'instruments antiques et sans doute fabriqués par les étudiants eux-mêmes. À cette époque, la peinture d'Histoire, enseignée à l'École des Beaux-Arts, représente le sommet de l'enseignement pictural. Ces trompes en sont l'expression visible dans la fête.

En 1891, la fanfare des Beaux-Arts jouant Le Pompier, escorte le char du lavoir des Beaux-Arts et triomphe au premier cortège central des lavoirs organisé pour la Mi-Carême au Carnaval de Paris. Le char du lavoir des Beaux-Arts, orné d'un immense crocodile, œuvre de Binet et Mahieux, est photographié place du Château-d'Eau et reçoit une médaille d'or. Ensuite, les facétieux étudiants des Beaux-Arts « rendent la liberté » au crocodile en l'immergeant dans la Seine, sous les yeux des jolies blanchisseuses du bateau-lavoir ancré quai Malaquais, face à l'École des Beaux-Arts.

En 1892, au premier bal des Quat'z'Arts, comme d'autres sociétés bigotphoniques, la fanfare des Beaux-Arts apparaît mixte. On y trouve deux instruments classiques : Bigot joue de la clarinette et Chassaigne du tambour. Jean-Paul Alaux, dans son Historique de l'air du Pompier, paru à Paris en 1926 et reproduit en 1987 dans le livret des 60 ans de la Grande Masse des Beaux-Arts, ne mentionne pas les instruments en carton. Il parle de Bigot et Chassaigne, des élèves musiciens de l'École des Beaux-Arts et du chef de l'orchestre : Tronchet. À l'époque, certains ensembles formés seulement de bigophones ou mixtes étaient simplement appelés fanfares, sans autres précisions.

Par la suite, dans les fanfares des Beaux-Arts, et à un moment qui n'est pas connu précisément, les bigotphones seront entièrement supplantés par des instruments classiques à vent et à peau.

1888 – Date de naissance de la première fanfare des Beaux-Arts

La première société bigotphonique a été créée par Bigot en 1885. La seconde, la Société des Typo-Cartophones, composée d'ouvriers typographes, est née en 1886. Des dizaines d'autres ont suivi. Il y en avait une trentaine en région parisienne en 1898[3].

La première fanfare des Beaux-Arts a accompagné le cortège de la première Balade du Rougevin en 1889[6].

En supposant qu'il a fallu à cette fanfare un minimum d'entraînement préalable, elle est très probablement née en 1888. Cela signifie que la tradition des Fanfares des Beaux-Arts a aujourd'hui plus de 120 ans. En évaluant à six ans la durée des études aux Beaux-Arts, cela correspond à plus de 20 générations d'étudiants.

1888 est aussi pour une autre raison une date très importante dans l'histoire des traditions festives étudiantes françaises : c'est l'année de la fondation de la société festive et carnavalesque de la Faluche, qui existe toujours.

Une histoire méconnue

L'origine de la Fanfare des Beaux-Arts est ancienne. Elle existe depuis très longtemps dans l'École des Beaux-Arts de Paris et sa forme et son répertoire ont évolué, avant de devenir la fanfare dite des Beaux-Arts telle que nous la connaissons aujourd'hui. En 1889, est attestée l'existence d'une formation jouant lors d'un monôme de l'École des Beaux-Arts et au défilé en l'honneur du lauréat du prix de Rome. Il s'agit d'une société bigophonique jouant sur des bigotphones, instruments en carton inventés par le Français Bigot en 1883.

Cette première fanfare des Beaux-Arts plonge ses racines dans la tradition chantante, qui est présente dans les ateliers de l'école certainement depuis ses origines : l'Académie royale de peinture et de sculpture fondée en 1648. A cette époque avait déjà commencé à Paris la tradition des goguettes, avec le Concert des Enfants de Bacchus, société chantante parisienne active en 1630 et ancêtre de la célèbre goguette du Caveau fondée en 1729.

La première fanfare des Beaux-Arts, avec ses bigotphones et instruments de musique classique est une formation bruyante qui intervient régulièrement dans les monômes, la rue en général, les soirées de l’École des Beaux-Arts, et même parfois plus tard dans la nuit.

Ses grands moments sont, à l'école, la Balade du Rougevin et le Bal des Quat'z'Arts dont elle accompagne le défilé allégorique des ateliers pour la première fois au premier bal en 1892.

L'histoire de la fanfare ou les fanfares des Beaux-Arts de 1892 à la fin des années 1940 reste à écrire.

Il en existe certainement des éléments écrits ou dessinés conservés dans les livres, articles et archives, notamment celles de la Grande Masse des Beaux-Arts.

Cette histoire, qui n'est pas que parisienne et concerne également la province et la Belgique, est aujourd'hui méconnue, comme l'histoire festive en général. Combien de Parisiens savent aujourd'hui que le confetti est lancé mondialement au Carnaval de Paris en 1891 et se vend à ses débuts au verre ou au kilo ? Que les serpentins ou spirales sont inventés au Carnaval de Paris en 1892, font initialement 50 à 200 mètres de long et rendent les arbres des Grands Boulevards « tout chevelus et multicolores » au moment du Carnaval ? Comme l'écrit La Patrie, le 2 mars 1897 : « Les arbres des boulevards sont, d'ailleurs, tout chevelus et l'effet était des plus pittoresques de tous ces rubans multicolores enroulés autour des branches, flottant à la brise. » Combien de Belges ou Français savent aujourd'hui ce qu'est un bigotphone ?

Extension et caractéristiques des fanfares des Beaux-Arts

Carnaval de Paris 2003 : des fanfarons des Arts déco et d'Olivier de Serres participants à la Promenade du Bœuf Gras place Gambetta.

Il existe aujourd'hui en France des dizaines de fanfares dites des Beaux-Arts dont une trentaine en région parisienne. C’est d’abord au sein de l’École des Beaux-Arts de Paris qu’elles ont exprimé leur dynamisme musical.

Aujourd’hui, elles sont célèbres à Paris et en France et perpétuent un état d’esprit synonyme de joie de vivre, de rires et de fêtes.

À l’origine de ce que l’on nomme aujourd'hui les « nouvelles » fanfares, les Fanfares des Beaux-Arts évoluent sans cesse, trouvant leur place dans le paysage musical contemporain en conservant leur forte personnalité et l’amour de la musique partagée comme une bouffée d’oxygène.

Leur esprit et leur habitude de se déguiser, les rattachent aux traditions carnavalesques, mais surtout à l'image du quartier étudiant de Saint-Germain des Prés à Paris et des ateliers d'Architecture de l'École des Beaux-Arts d'où elles sont originaires, mais aussi des nouvelles Écoles d'Architecture, des Arts déco, des Arts et Métiers ... « Il ne peut y avoir d'atelier vivant sans fanfare[7] ! »

Elles sont un des principaux charmes de Paris et d'autres villes françaises où on peut les entendre (Poitiers, Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Nîmes, Brest, etc). C'est aussi une tradition et un style musical et artistique spécifiquement français. Par exemple, il n'existe pas chez les étudiants portugais ou espagnols d'équivalent des Fanfares des Beaux-Arts. Leur tradition musicale festive ce sont les Tunas, groupes chantants costumés et accompagnés de guitares ou autres instruments à cordes et aussi parfois accordéon.

Dans l'histoire des fanfares de l'École des Beaux-Arts de Paris, on relève en 1949 la création de la Fanfare de l’Atelier Madelain.

Témoignage d'Honoré Champion :

Cette dernière, qui semble avoir été créée en 1949, fut suivie peu après, en 1950 par la Fanfare de l'atelier Beaudouin, devenue en 1956 la Fanfare Léon Malaquais ; celle-ci enregistra 7 disques entre 1956 et 1962 chez Pathé. Elle se distingua en participant de façon très active au spectacle « Jour de Fête à l'Olympia » de Jacques Tati (58 représentations en mai et Juin 1961). Cette formation très importante, grossie des effectifs de la fanfare de l'atelier Leconte (Honoré Champion) et par celle de l'atelier Arretche (les petits Gromort) ainsi que par quelques électrons libres venant de divers ateliers (Lemaresquier, Zavaroni, Arsène Henry), comportait certains soirs à l'Olympia jusqu'à 35 musiciens. Contrairement à certaines légendes tenaces, la Fanfare Léon Malaquais avait atteint un niveau musical qui la faisait considérer comme une formation presque « professionnelle » par les autres fanfares de l'École des Beaux Arts et les inévitables jaloux. Son dernier disque « Tout ça n'vaut pas l'amour » donne une idée assez fidèle du tonus célèbre de cette formation. Elle a animé également les célèbres bals de 14 juillet qui avaient lieu sur le quai Malaquais en 1958, 59, 60, 61, 62 et 63. Rappelons que ces bals drainaient entre 5 000 et 10 000 personnes chaque soir. Cette fanfare, la plus célèbre de l'École, fusionnera avec Octave Callot de 1964 à 1968.

La fanfare Honoré Champion, construite à la hâte sur les ruines de l'ancienne fanfare de l'atelier Leconte en décembre 1957, gagna un concours de fanfares très relevé fin janvier 1958, et enregistra un disque unique « Bougrement Vôtre » le 21 mai 1958 chez Ducretet-Thomson. Elle fusionna avec Léon Malaquais en 1959 pour renaître de façon autonome en 1963, et fera beaucoup parler d'elle jusqu'en 1968. Très tonique, son style est très proche, et pour cause, de celui de la fanfare Léon Malaquais.

La fanfare Octave Callot, ancienne fanfare Madelain, était une petite formation d'une douzaine de musiciens qui jouaient dans un style plus raffiné, plus intimiste et nettement moins percutant que la fanfare Malaquais. Elle a enregistré 6 à 7 disques dans les années 50 et 60. Grossie par une dizaine d'anciens musiciens de chez Malaquais en novembre 1964, son style et son volume sonore y gagnèrent en vigueur, et on s'en rend bien compte dans le disque « Chansons Paillardes sur fond de cuivres », Volume 2, où les deux fanfares étaient à égalité d'effectifs et dans lequel on retrouve une énergie inhabituelle par rapport aux précédentes productions de cette fanfare.

Outre les bals du quai Malaquais cités ci-dessus, il convient de citer ceux organisés de 1962 à 1965 rue Jacques-Callot puis place de la Contrescarpe par la Grande Masse des Beaux-Arts ; puis de 1978 à 1981, avec le soutien de la Mairie de Paris, à Beaubourg, au Trocadéro, à la Madeleine et place de la République (organisation par Philippe Molle, ancien Grand Massier).

Le succès fut immédiat : indubitablement, la fanfare rehaussa le niveau des pots (apéritifs traditionnels organisés tous les vendredis soir dans les ateliers) de l'École des Beaux-Arts de Paris. Très vite les choses s’accélérèrent, et en quelques années, la Fanfare des Beaux-Arts acquit la renommée qu’on lui connaît aujourd’hui. Dans les années 1960, les maisons de disques (Pathé-Marconi, Véga, Vogue, Barclay...) se ruent sur ce succès et enregistrent les Fanfares des Beaux-Arts. Dès leur création, ces fanfares animent tous les endroits à la mode et font danser petits et grands dans toutes les soirées parisiennes et mondaines, les bistrots, les salons et autres ambassades, apportant fraîcheur, joie et gaîté pour le plaisir de tous.

Après avoir débuté dans les Bals des Quat'z'Arts à partir de 1892, les fanfarons (sic) (terme qui définit les membres des Fanfares des Beaux-Arts et non fanfaristes comme défini dans la langue française) (précisons tout de même que le terme fanfaron est apparu récemment et que c'était celui de fanfariste qui avait court dans les années 1950 et 1960) participeront aux férias du sud de la France et d’Espagne, aux carnavals belges et hollandais, aux fêtes de la bière allemandes… Aujourd’hui encore, à toutes ces manifestations, de Nîmes à Arles et Dax en passant par Vic-Fezensac, Béziers, Bayonne, et à l'étranger Pampelune, Maastricht, Breda, Dahlem et Munich… participe régulièrement une ou plusieurs fanfares des Beaux-Arts.

Les fanfares des Beaux-Arts des années 1960 à aujourd'hui

Concours des Fanfares des Beaux-Arts 2011 2.JPG
Concours des Fanfares des Beaux-Arts 2011 3.JPG
Concours national des fanfares des Beaux-Arts 2011 2.JPG

En 1961, la revue Discographie Française, alors la seule revue française d’actualité du disque, offre une pleine page pour parler des derniers disques 45 tours et 33 tours de la Fanfare des Beaux-Arts. Il y est précisé que les musiciens qui jouent trop bien sont chassés des Fanfares des Beaux-Arts :

... Il a même fallu écarter ces instrumentistes trop doués dont l’influence devenant pernicieuse à force d’élever le niveau général, ce qui est à l’opposé de l’idéal essentiel de la Fanfare (des Beaux-Arts) dont la devise se résume en trois mots : Faire du bruit[8]...

Ce concept est également fièrement résumé par l'expression fanfaronne : « jouer FFPP », qui signifie : « jouer faux, fort et pas en place ».

À l'inverse de ces propos, Philippe Molle, ancien Grand Massier de l'École des Beaux-Arts en 1962, écrit en 2011 que les fanfares Octave Callot et Léon Malaquais n'éliminaient pas les bons musiciens au début des années 1960. Octave Callot refusait même les mauvais et pour être admis chez Léon Malaquais il fallait satisfaire à au moins deux des trois qualités suivantes : assidu, bougre et bon musicien. Dans les années 1960, ces deux fanfares ont été dispensées de participer au concours annuel qui sélectionnait celles autorisées à jouer dans le cadre du Gala de l'École. Octave Callot et Léon Malaquais y étaient toujours invitées en raison de la bonne qualité de leurs prestations.

Les fanfares des Beaux-Arts portaient souvent au début des noms liés au quartier des Beaux-Arts ou à ses ateliers d'enseignement : Léon Malaquais[9], Octave Callot[10], Honoré Champion, Bonaparte Visconti[11], Archibal Buci, lauréate des concours de 1975 et 1979 en référence à la rue et l'atelier éponymes,Hercule Chimay en référence à l'hôtel particulier intégré dans l'Ecole, Charlots d'Éonet en province Fernand Boutonnet en référence à la rue du faubourg éponyme de Montpellier et où se tient chaque année en juin l'arc en ciel du faubourg. Singularité, la fanfare Othello qui s'est appropriée le prénom peu banal de Zavaroni avant de lui faire faux bond, laissant la fanfare de l'atelier rester Zava.. Puis les noms ont suivi leur époque en gardant cette esprit critique de déformation et de caricature : 7 Mercenaires (1er prix du concours national 1985 et 1989), Baleines modernes, Wolfgang Amadeus Bôzart (ou WAB), les trombones à tout faire[12], Graisse-moi La Coulisse, Irkâmes, Aaarghs, Kosmonot (prix du Four du Concours National 2002), Boula Matari Missié Tintin dite : les Boula Matari ou les Boula, Gut'ma'Frit (1er prix du concours national 2002 et 2005), Talku'Hot dite : les Talku, Monty Pistons, Muses Tanguent, Ladies Stylées...

Le goût de la déformation comique et du jeu de mots se retrouve dans les noms des fanfares des Beaux-Arts partout en France et en dehors du milieu propre de l'École des Beaux-Arts. C'est même devenu une caractéristique et une tradition. Ainsi on trouve à Paris la Fanfarniente, la fanfare de carabins les Plaies mobiles ou à Annecy la fanfare la Ripaille à Sons.

Les Fanfares des Beaux-Arts ne sont pas simplement des ensembles de cuivres. Ce sont d'abord et avant tout des groupes d'amis d'école qui décident de ne plus se quitter pour animer leurs études, puis qui continuent à faire vivre leur fanfare parfois longtemps après. Elle se forment en association à but non lucratif, ou sortes de sociétés festives d'étudiants (ou d'anciens étudiants ou d'amis musiciens des étudiants) qui ont une vocation d'animation musicale.

Les écoles d'ingénieurs sont un important vivier de fanfares Bôzarts: l'esprit d'école et la tendance à la fête, assez marqués dans ces institutions, favorise leur formation. La majorité des écoles ingénieurs (dont les promotions sont de taille suffisante) comportent une fanfare bôzarts : les cinq Écoles centrales (Paris, Lyon, Lille, Nantes, Marseille), l’École polytechnique, Supaéro, les INSA, les écoles des Mines (Paris, Saint-Étienne, Nancy, Albi), etc.

Dans le milieu médical existent également les Youri Gargariz, fanfare de la faculté de chirurgie dentaire de Montrouge, et des fanfares de médecine de France qui entretiennent des relations entre elles. Au nombre de celles-ci on peut citer Les Plaies mobiles de Paris et Les Makabés du Kremlin-Bicêtre, La Vaginale, de Tours, les Peilhasses de Nîmes, la banda Los Teoporos de Bordeaux, Les boules de feu de Reims, etc.

Le qualificatif « des Beaux-Arts » (qui peut s'écrire dans le « parler » des fanfarons, architectes ou des beaux-arts : « Débôzarts » ou « des Bôzarts »), utilisé ici, a plusieurs significations possible :

  • Il s'agit d'un genre musical particulier reconnaîssable entre tous: à la composition du groupe où dominent les cuivres à embouchures appuyés sur de solides sections de basses à vent et barytons arrières, à l'éxecution toujours très enlevée des morceaux, à l'absence totale de nuance, fortissimo de rigueur à tous les pupitres. Sur cette base, sont arrangés, parfois de façon savante et élégante des airs dansants appartenant au patrimoine populaire, tubes d'antan, succès de toujours comme Le Lion est mort ce soir, chanson rendue célèbre par Henri Salvador) et reprise par les Buci en 1981! Les fanfarons appellent ceux-ci les Saucissons. La connaissance de ces Saucissons permet à des fanfarons de fanfares différentes, qui se rencontrent, de jouer ensemble, c'est-à-dire de jouer en Touchon[réf. nécessaire] (terme bôzart pour dire : « faire un bœuf »), voire créer de nouvelles fanfares. Le terme « saucisson » désignait dans le temps un morceau à succès de l'année. Boris Vian, trompettiste, homme de lettres et ingénieur, trouvant le terme « saucisson » disgracieux inventa d'utiliser à sa place le mot « tube ». Les fanfarons des Beaux-Arts paraissent être les seuls à avoir conservé l'ancienne terminologie.
  • « Des Beaux-Arts » signifie aussi qu'on a affaire à des fanfares d'élèves ou anciens élèves des Beaux-Arts. En fait, ce sont aujourd'hui, officiellement, des étudiants d'Écoles d'Architecture. L'enseignement de l'Architecture a été partie prenante de l'École des Beaux-Arts jusqu'en 1968, dont elle composait 80% des étudiants, et en a été séparé définitivement en 1976. Les étudiants « d'archi » qui étaient donc les principaux animateurs de l'École des Beaux-Arts, l'ont quittée en emportant ses traditions, son « parler » et ses fanfares dites « des Beaux-Arts ».
  • « Des Beaux-Arts » peut enfin, avoir pour signification qu'on a affaire aux membres de l'association de la Grande Masse des Beaux-Arts (dite Grande Masse ou GMBA), qui regroupe les élèves, anciens élèves et fanfares des Écoles des Beaux-Arts et des Écoles d'Architecture. Cette association a été fondée en 1926, mais ses racines sont antérieures à 1892, et a été reconnue d'utilité publique dès 1932. Ses déterminations sont nombreuses (liens culturels, emploi, expositions, bourses pour étudiants, etc.) et très loin de concerner uniquement les fanfares dites « des Beaux-Arts »... Elle organise, tous les quatre ans, le Concours National des Fanfares des Beaux-Arts et est à l'origine du fameux Bal des Quat'z'Arts.

Formations et modes de représentation

Il n'y a pas de composition fixée pour les fanfares Bozârts, cependant on retrouve des similitudes entre elles, ne serait-ce que d'être formées principalement de vents et de percussions.

Dans l'immense majorité des cas, la basse est tenue par un soubassophone. La puissance sonore de cet instrument, la possibilité de le porter plus facilement qu'un tuba, et son apparence imposante qui joue un rôle d'« aimant à public » en font l'instrument idéal. Il est parfois secondé par un saxophone baryton ou basse. En percussion, on trouve généralement une grosse caisse et une caisse claire, équipée de cymbales (le tout étant portatif grâce à un harnais). Viennent également les basses : euphoniums ou saxhorns basses, barytons et ténors, qui enrichissent la polyphonie. Les trombones, trompettes et saxophones altos sont présents quasi systématiquement.

À cette formation presque « de base » s'ajoutent potentiellement d'autres instruments, de même type (saxophones sopranos ou ténors, bugles, etc.) mais également de petits bois (flûte, piccolo, clarinette, hautbois...), parfois des banjos ou autres cordes... les possibilités sont infinies.

Les représentations de fanfare sont parfois des contrats organisés pour animer un événement de rue, une fête privée, etc. l'avantage étant le côté « passe-partout » de la fanfare, qui n'a aucun besoin logistique a part un endroit ou poser les boîtes d'instrument, et un coin de rue ou se mettre pour jouer. Mais dans la plupart des cas, il s'agit de manches (ou pétages), sans organisation préalable : la fanfare arrive, se pose sur un trottoir, une place, dans un parc... pose une boîte d'instrument afin de quêter de quoi entretenir les instruments, et joue.

Notes

  1. a et b Alexis Lemaistre L'École des Beaux-Arts dessinée et racontée, Firmin-Didot éditeur, Paris 1889, chapitre XII, « Le pavois. », pages 265 à 267. Copié à la bibliothèque de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris qui en possède une photocopie.
  2. Michel Brenet, Dictionnaire pratique et historique de la musique, Armand Colin éditeur, Paris 1926, page 38.
  3. a et b Jean Frollo, Paris qui chante, Le Petit Parisien, 18 janvier 1898, page 1, 3e colonne. Cet article est reproduit en entier sur la base Wikisource : Paris qui chante
  4. Cette précision concerne ici les étudiants en architecture de l'École des Beaux-Arts, comparés aux étudiants en peinture, gravure, sculpture, de la même école, qui fêtent, eux aussi, leur grand prix de Rome.
  5. L'Institut de France.
  6. Historique de l'air du Pompier de Jean-Paul Alaux, texte de juin 1926 reproduit en 1987 dans le livret des 60 ans de la Grande Masse des Beaux-Arts.
  7. René Beudin, Charrette au cul les nouvôs ! le parler des architectes, Horay éditeur, Paris 2006
  8. Discographie française, extrait de l’article : « de la musique au mètre cube », 15 mai 1961.
  9. En référence au quai Malaquais, qui longe l'École des Beaux-Arts.
  10. En référence à la rue Jacques Callot au 1 de laquelle se trouvaient des ateliers de l'école et où se trouve toujours officiellement le siège de la Grande Masse des Beaux-Arts.
  11. En référence à la rue Bonaparte et à la longue et étroite rue Visconti qui s'ouvre à proximité de l'entrée de l'École des Beaux-Arts, située 14 rue Bonaparte.
  12. Fanfare créée par Philippe Molle en 1972 et qui a subsisté jusqu'en 1985, 1er prix de la qualité musicale au concours des Bandas y Penas de Condon en 1975.

Sources

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Historique de l'air du Pompier de Jean-Paul Alaux, texte de juin 1926 reproduit en 1987 dans le livret des 60 ans de la Grande Masse des Beaux-Arts.
  • Dossiers Actualités Carnaval de la Bibliothèque historique de la ville de Paris.
  • Microfilms de quotidiens parisiens de mars 1891 à la bibliothèque du Centre Pompidou.
  • Tract illustré réalisé par Basile Pachkoff, diffusé au Quartier Latin en 1997 et 1998 avec le texte, la musique et l'historique du Pompier.
  • Adrien Lharidelle, Histoire édifiante et véridique de la Grande Fanfare Malaquais, publié sur le site Lulu.com en 2010.
  • Louis-René Blaire, Souvenirs cuivrés, publié sur le site Lulu.com en 2010.

Présentation des livres d'Adrien Lharidelle et Louis-René Blaire : « Deux ouvrages fort instructifs parus récemment, qui font un point précieux, sous des éclairages différents, sur cette époque qui a vu naître les grandes fanfares des Beaux-Arts. Précisons que les deux auteurs ont été des membres influents des fanfares Malaquais, Callot et Champion, et que leurs témoignages sont, à ce titre, instructifs, et remettent souvent les pendules à l'heure par rapport à certaines légendes approximatives et fantaisistes. »

Documentation

Articles connexes

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Fanfare des Beaux-Arts de Wikipédia en français (auteurs)

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