Elisabeth Schwarzkopf

Elisabeth Schwarzkopf
Elisabeth Schwarzkopf
Elisabeth Schwarzkopf lors des Semaines musicales de Lucerne vers 1948
Elisabeth Schwarzkopf lors des Semaines musicales de Lucerne vers 1948

Nom de naissance Olga Maria Friederike Schwarzkopf
Naissance 9 décembre 1915
Jarocin, Posnanie,
Flag of Prussia 1892-1918.svg Royaume de Prusse,
Drapeau: Empire allemand Empire allemand
Décès 3 août 2006 (à 90 ans)
Schruns, Drapeau d'Autriche Autriche
Activité principale Artiste lyrique
Années d'activité 1938 - 1979
Collaborations Wilhelm Furtwängler, Karl Böhm, Herbert von Karajan, Dietrich Fischer-Dieskau, Maria Callas, Christa Ludwig, George Szell, Irmgard Seefried, Gerald Moore...
Formation Hochschule für Musik de Berlin
Maîtres Maria Ivogün
Conjoint Walter Legge

Dame Elisabeth Schwarzkopf est une soprano allemande, naturalisée anglaise, née le 9 décembre 1915 à Jarocin, ville de l'ancienne province prussienne de Posnanie, actuellement en Pologne, et décédée le 3 août 2006 à Schruns, en Autriche. Elle fut l'une des grandes sopranos du XXe siècle.

Sommaire

Biographie

Jeunesse

Olga Maria Friederike Schwarzkopf naît le 9 décembre 1915 à Jarocin, près de Poznan. Son père, Friedrich, est un instituteur prussien à la mentalité rigide qui lui fait don de son intransigeance et de sa passion pour la langue allemande. Sa mère, née Elisabeth Fröhlich, la gratifie d’une oreille musicale très sûre, d’une volonté de fer, et de son prénom.

Dès l’âge de 10 ans, Elisabeth déchiffre parfaitement les partitions, s’accompagne elle-même au piano et chante souvent dans des concerts amateurs, ce qui lui permet de tenir le rôle-titre de l’Orphée et Eurydice de Gluck dans la production de fin d’année de son école de Magdebourg, en 1928.

Studieuse, appliquée, elle est facilement reçue à la Hochschule für Musik de Berlin en 1934 où son premier professeur, une certaine Lula Mysz-Gmeiner, décide qu’elle a une tessiture de mezzo-soprano. Sa mère proteste fermement, et obtient qu’Elisabeth soit acceptée dans la classe du Professeur Egonolf comme soprano colorature. C’est le 15 avril 1938 qu’elle fait ses débuts comme l’une des filles-fleurs de Klingsor dans Parsifal, de Richard Wagner, sous la baguette de Karl Böhm, puis comme l’un des trois pages de La Flûte enchantée de Mozart.

Période 1933 - 1945

Elle n'a pas encore 18 ans lorsque Adolf Hitler arrive au pouvoir en Allemagne. Comme bon nombre de jeunes artistes, elle s’inscrit, dès 1935, au syndicat des étudiants nazis. En 1938, elle demande son adhésion au Parti national-socialiste, mais elle soutiendra plus tard ne pas en avoir reçu la carte[1] — cette initiative lui vaudra d'être surnommée « la diva nazie » par le quotidien américain The New York Times. Mais si on lui offre des rôles plus importants — que ce soit dans l’opérette aussi bien que dans les productions de Richard Strauss —, c’est aussi parce que son talent est déjà exceptionnel.

Richard Strauss la recommande à sa cantatrice fétiche, Maria Ivogün, qui la prend comme élève. En 1942, le chef d’orchestre Karl Böhm l’invite à Vienne, où elle touche un public de connaisseurs dans ses interprétations de lieder, accompagnée par le pianiste Michael Raucheisen, avec qui elle réalise ses premiers enregistrements.

En septembre 1941, elle fait entrer La Chauve-Souris de Johann Strauss II au répertoire de l'Opéra de Paris devant un public de sympathisants de l'armée d'occupation. Ce début de carrière est interrompu brutalement par un début de tuberculose qu’elle doit soigner pendant deux ans dans un sanatorium des Monts Tatras, dans le sud de la Pologne, où le Gauleiter Hans Frank lui fait une cour assidue.

Guérie, c’est en 1944 qu’elle fait ses grands débuts à Vienne, en Rosine, du Barbier de Séville, en Blondine, de L’Enlèvement au Sérail, et en Zerbinetta d’Ariane à Naxos.

Après la défaite de l’Allemagne, son appartenance au parti nazi et ses liens avec Hans Frank et Joseph Goebbels, ministre de la propagande d’Hitler, lui valent de passer devant le tribunal de dénazification des artistes de Berlin. Ce tribunal l’acquitte, ainsi que bien d’autres artistes, comme par exemple son ami le chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler. C’est alors que commence une carrière internationale d’une incomparable qualité[2], sous la houlette d’un producteur et directeur artistique anglais, Walter Legge, qui lui fait réaliser ses premiers enregistrements et qu’elle épouse en 1953.

La carrière internationale

En 1946, à Vienne, elle chante les rôles de Mimi (La Bohême) et de Violetta (La Traviata) ; par la suite, c'est après avoir vu Maria Callas l'interpréter qu'elle renoncera à Violetta. À Londres, en 1947, elle est Donna Elvira (Don Giovanni de Mozart). La même année, elle est Susanne à Salzbourg (Les Noces de Figaro). Herbert von Karajan l’engage à la Scala de Milan où elle chante Mozart (La Flûte enchantée, Cosi fan Tutte), Wagner (Tannhäuser), Gounod (Faust), Richard Strauss (Le Chevalier à la rose), Debussy (Pelléas et Mélisande).

En 1950, elle est Marcelline dans Fidelio, sous la baguette de Wilhelm Furtwängler. Pendant la période 1950-54, elle chanta souvent avec le chef d'orchestre allemand: durant la célèbre Symphonie n° 9 de Beethoven pour la réouverture du festival de Bayreuth en 1951 ainsi que pour la 9ème de Beethoven de Lucerne en 1954. Elle participa aux Don Giovanni de Wilhelm Furtwängler aux festival de Salzbourg de 1953 et 1954. Le chef d'orchestre allemand l'accompagna aussi au piano, en 1953, dans les Lieders d'Hugo Wolf. La personnalité musicale de Wilhelm Furtwängler semble avoir beaucoup impréssionné Elisabeth Schwarzkopf car elle déclara, à la fin de sa vie, dans un interview qu'elle le tenait pour le plus grand chef d'orchestre avec qui elle avait chanté.


En 1951, elle crée, à Venise, le rôle d’Anne Trulove dans l’opéra The Rake's Progress (La Carrière d'un libertin) d'Igor Stravinski, sous la direction du compositeur. En 1952, avec Karajan, ce sont les débuts de la Maréchale (Le Chevalier à la rose) à la Scala de Milan. En 1953, pour le cinquantenaire de la mort de Verdi, elle chante le Requiem, sous la direction de Victor de Sabata. La même année, elle crée Le Triomphe d’Aphrodite de Carl Orff. En 1955, à San Francisco, elle est de nouveau la Maréchale. La même année, elle est Alice Ford dans le Falstaff de Verdi.

En 1957, sous la direction de Tullio Serafin, elle est Liù, (Turandot de Puccini) aux côtés de Maria Callas dans le rôle-titre, pour l'enregistrement studio de cet opéra. Elle ne fait sa première apparition au Metropolitan Opera de New York qu’en 1964, dans Le Chevalier à la Rose, car Rudolf Bing, le directeur du Met, reste longtemps opposé à la venue de certains artistes dont il conteste la « dénazification »[3]. De 1960 à 1967, elle se consacre surtout aux rôles mozartiens, Donna Elvira, la comtesse Almaviva, Fiordiligi, et à ses deux rôles fétiches des opéras de Richard Strauss : la Maréchale du Chevalier à la rose et la comtesse Madeleine de Capriccio. En 1967, elle interprète le Duo des chats de Rossini avec Victoria de los Ángeles.

Durant toute cette carrière dédiée au théâtre lyrique, elle reste fidèle aux lieder de langue allemande, de Mozart à Mahler, en passant par Schubert, Schumann, Hugo Wolf…, et donne de nombreux récitals. On notera en particulier tous ceux qu’elle a réalisés avec le pianiste Gerald Moore, ceux chantés avec les sopranos Irmgard Seefried ou Victoria de los Ángeles, la mezzo-soprano Christa Ludwig et le baryton Dietrich Fischer-Dieskau. Parmi ses récitals devenus légendaires : un récital Schubert en 1952 avec Edwin Fischer, un récital Wolf avec Wilhelm Furtwängler au piano en 1953, un récital Mozart en 1956 avec Walter Gieseking, les Quatre derniers Lieder de Richard Strauss avec George Szell en 1965, Des Knaben Wunderhorn de Mahler avec le même Szell en compagnie de Fischer-Dieskau en 1968…

À partir de 1971, elle ne chante plus sur les scènes lyriques. Le 19 mars 1979, son mari Walter Legge, qui vient de subir un infarctus, veut pourtant assister au récital qu’elle donne à Zurich, et il meurt trois jours plus tard. Schwarzkopf quitte alors définitivement la scène. Elle consacre à son mari un livre sous forme d’autobiographie, On and Off The Record, qui, curieusement mais avec son assentiment, est traduit en français par La Voix de mon maître. Elle se consacre désormais à l’enseignement et donne, de par le monde, des classes de maître mémorables, notamment à Paris, salle Gaveau. Faite « Dame Commander of the Most Excellent Order of the British Empire (DBE) » par la reine Élisabeth II en 1992, Elisabeth Schwarzkopf décède le 3 août 2006, à l'âge de 90 ans, dans la petite ville autrichienne de Schruns, dans le Vorarlberg, où elle vient de s’installer.

Juste après sa mort, une fausse rumeur refait surface, à savoir qu'elle serait la tante du général américain Norman Schwarzkopf. Cette légende a été publiée dans de nombreuses nécrologies[1],[4], alors que, fille unique, Elisabeth Schwarzkopf n'a pas pu avoir de neveu.

Citations

  • « Le son numérique rend toutes les voix beaucoup trop claires. Elles deviennent perçantes au point de nous faire mal, on croirait des lames de couteau. Mais la jeune génération ne connaît rien d'autre ; son oreille est faussée, pervertie. »

Bibliographie

  • Elisabeth Schwarzkopf, On and Off the Record. A Memoir of Walter Legge, Charles Scribner's Sons, New York, 1982, 2e éd. 1988
    — traduit de l'anglais par Janine Barry-Delongchamps, La Voix de mon maître : Walter Legge, Paris, Belfond, collection Voix, 1982, 1983 (312 p.), 1990 (ISBN 2-7144-1627-6), 1998, 2003.
  • Elisabeth Schwarzkopf et André Tubeuf, Les autres soirs, Mémoires[5], Paris, Tallandier, 2004 (ISBN 2-84734-068-8 et 978-2-84734-068-6).

Discographie

Sauf indication contraire, ces enregistrements ont été publiés par EMI.

Notes

  1. a et b Le Nouvel Observateur (avec AP) du 4 août 2006 : Elisabeth Schwarzkopf est morte en Autriche - article intégral [consulté la 13 juin 2010].
  2. François Lesueur, Hommage à Elisabeth schwarzkopf, Scènes Magazine, Genève, 1er novembre 2006 : article intégral [consulté le 14 juin 2010].
  3. Sir Rudolf Bing, "5000 nuits à L'Opéra" - traduit de l'américain par Henry Muller -, Paris, éditions Robert Laffont, 1972, 1975 (327 p.).
    À noter la différence que Sir Rudolf Bing fera entre le retour de Kirsten Flagstad, dont seul le mari collabora avec les nazis, et celui d'Elisabeth Schwarzkopf. Cela montre bien que cette dernière s'était, aux yeux de beaucoup, engagée trop loin dans l'Allemagne nazie. — Voir Schwarkopf, Elisabeth, dans : Fabian Gastellier, L'Opéra, sous la direction de Pierre Brunel, éditions Bordas, 1980.
  4. William J. Kole, « Famed Soprano Elisabeth Schwarzkopf Dies », Associated Press obituary via Forbes, 3 août 2006, et Tom Huizenga, « Soprano Schwarzkopf Dies at 90 » (link to audio), National Public Radio, 3 août 2006.
  5. Les autres soirs, sur le site de l'éditeur, Tallandier.

Liens externes

Article connexe

  • Femmes sous le Troisième Reich

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Elisabeth Schwarzkopf de Wikipédia en français (auteurs)

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