- Abbaye de Sablonceaux
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Abbaye de Sablonceaux Présentation Culte Catholicisme Type Abbaye Début de la construction XIIe siècle Fin des travaux XVIIIe siècle Style(s) dominant(s) Roman, Gothique Protection Monument historique 1907 Géographie Pays France Région Poitou-Charentes Département Charente-Maritime Ville Sablonceaux Coordonnées modifier L'abbaye de Sablonceaux est une abbaye augustinienne fondée en 1136 par le duc d'Aquitaine et comte de Poitou Guillaume X de Poitiers. Elle est située à Sablonceaux, une commune située dans le département de la Charente-Maritime.
Longtemps laissée à l'abandon, patiemment restaurée depuis 1962, elle connaît une nouvelle vie depuis la réinstallation en son sein d'une communauté religieuse, la Communauté du Chemin Neuf.
Sommaire
Histoire
Fondation
Elle fut fondée aux environs de l'an 1136, quand Guillaume X de Poitiers, duc d'Aquitaine et comte de Poitou, offrit quelques unes de ses possessions à l'église pour se faire pardonner de son soutien à l'antipape Anaclet II. Convaincu de son erreur par Bernard de Clairvaux, lequel avait mandaté auprès de Guillaume l'un de ses amis, l'ermite Geoffroy de Lauroux, il fonda deux abbayes : l'une en terre poitevine, à Fontenay-le-Comte ; l'autre en terre saintongeaise, dans un endroit isolé entouré d'une immense forêt, la forêt de Baconais : Sablonceaux[1].
Geoffroy de Lauroux en devint le premier abbé. Cependant, il n'aura guère le temps de fréquenter l'abbaye, du fait de sa nomination comme évêque de Bordeaux, c'est-à-dire primat d'Aquitaine.
L'abbaye, placée sous la règle de Saint-Augustin (abbaye augustinienne) prospèra rapidement, du fait de la double protection du duc d'Aquitaine et de l'évêque de Bordeaux. Les travaux de l'église abbatiale semblent avoir déjà été en cours en 1160. Celle-ci sera aussi imposante que dépouillée, comprenant une nef à file de coupoles et une abside romane. Le 17 mars 1189, le duc de Brunswick, gouverneur de l'Aquitaine au nom de son oncle Richard cœur de Lion, roi d'Angleterre, fit de grandes libéralités aux religieux de Sablonceaux[2]. Ceux-ci devinrent par ailleurs de puissants propriétaires fonciers, gérant forêts, exploitations agricoles, et surtout marais salants.
Au XIIIe siècle, l'abbaye possèdait plusieurs dépendances, allant des paroisses de l'Ilatte et de Monsanson aux terres agricoles de Berthegille, Sommiers, Malleville, en passant par les marais salants de L'Aubat et de Malaigre. Dîmes et prélèvements permirent l'agrandissement des bâtiments abbatiaux.
Le temps des troubles
Cependant, les rivalités franco-anglaises vinrent fortement perturber cette partie de la Saintonge. L'anarchie s'installa et des bandes armées mirent à sac le pays. Durant cette période, l'abbaye fut pillée, et l'église abbatiale considérablement endommagée. Au XIVe siècle, les religieux rebâtirent le chœur, remplaçant l'abside romane par un chevet plat d'inspiration cistercienne. Le clocher primitif, bâti à la croisée du transept, fut remplacé par la tour gothique actuelle, laquelle s'élève sur le croisillon sud.
Le calme retrouvé au XVe siècle fut de bien courte durée. Lors des guerres de religion, Sablonceaux devint l'un des bastions catholiques d'une région largement ouverte aux idées réformées. Lorsque survinrent les premiers combats, notamment lors du siège de Pons, l'abbé de Sablonceaux mobilisa ses vassaux et gens d'armes contre les troupes protestantes. Cependant, en 1568, les troupes protestantes prirent l'abbaye, la pillèrent et l'incendièrent une première fois. Une seconde attaque intervint bien plus tard, en 1622. L'utilisation par le chef protestant Soubise de trois pièces d'artillerie causa d'importants dégâts. Plusieurs siècles après, en 1840, on retrouvera encore des boulets issus de cette bataille dans les combles de l'église abbatiale[3].
De même, l'église paroissiale du village, dédiée à Saint-André, est totalement détruite à cette même époque. Une fois le calme revenu, les chanoines de l'abbaye cédèrent aux paroissiens la chapelle nord du transept, en attendant la reconstruction de l'église du village. Celle-ci n'intervint jamais.
La reconstruction
En 1633, l'abbaye passa sous le contrôle de l'abbaye de Chancelade, située en Périgord.
L'évêque de Lescar, Monseigneur de Maisonnoble, qui fut abbé commendataire de 1715 à 1763 initia à partir de 1723 une campagne de restauration de l'église et des bâtiments abbatiaux[3]. Le mobilier de l'église est rénové, accueillant un retable baroque. Un nouveau logis abbatial est édifié. En 1784, le dernier abbé commendataire, Marie-Nicolas de Bourgogne, vient prendre possession des lieux[4].
La déchéance
Durant l'époque révolutionnaire, l'abbaye est vendue comme bien national. Un commissaire de la marine de Rochefort, Charles Le Moine, en fait l'acquisition peu après, pour la somme de 39 320 livres. Il transforme l'abbaye en carrière de pierre, et pour ce faire fait démolir une partie des bâtiments conventuels. Le château abbatial est démantelé, de même qu'une partie de la nef de l'église, qui apparaît encore intacte sur une gravure de 1794. Celle-ci, à demi ruinée, est rendue au culte au début du XIXe siècle, puis fermée de nouveau en 1838 sur décision de l'évêque de La Rochelle et Saintes, à cause du danger qu'elle représente. Néanmoins, un prêtre prend ses fonctions en 1847 : Eusèbe Brager. Un presbytère est construit en 1856. Des réparations d'urgence, effectuées par la municipalité, ne suffisent pas à sécuriser l'édifice, qui menace de s'écrouler. Dans le même temps, des démarches auprès du Ministère de l'Intérieur sont entreprises par le maire de l'époque pour sauvegarder le bâtiment. L'église ne sera finalement classée aux monuments historiques qu'en 1907[5]. Des travaux d'urgence sont effectués par la commission des Beaux-Arts, mais le sanctuaire est toujours en péril.
De multiples reconversions
Les bâtiments conventuels sont finalement vendus à la municipalité par la famille Le Moine en 1912. Faute de crédits pour entretenir un bâtiment voué à la ruine, celle-ci revend l'abbaye (hormis l'église) au docteur Martz, qui en fera un centre de cures de santé. Cette reconversion inattendue n'empêche pas de nouveaux bâtiments de s'effondrer, dont le logis du prieur vers 1920. En 1925, une partie de la salle capitulaire connaît le même sort[3].
En 1940, l'abbaye, achetée par la famille Cornardeau, est transformée en orphelinat par Paule Cornardeau, surnommée « Maman Paule ». L'orphelinat accueille vingt enfants en 1941, il y en a presque une centaine en 1944. Après-guerre, l'abbaye accueillera une laiterie, où sera fabriqué notamment le camembert « Le vieux porche ».
La renaissance
A partir de 1962 commence le chantier de restauration de l'église, sous l'impulsion d'André Malraux, alors ministre de la Culture. Il faudra vingt ans pour remettre en état le sanctuaire[6].
En 1986, la famille Cornardeau choisit de vendre les bâtiments conventuels. Ceux-ci sont rachetés en 1987 par le diocèse de La Rochelle et Saintes. L'abbaye est ensuite confiée à la Communauté du Chemin Neuf avec une triple mission, en faire un centre spirituel, un centre d'accueil pour des retraites ainsi que pour les visiteurs et les touristes, enfin un centre artistique. L’abbaye a depuis retrouvé sa dimension religieuse avec les offices et l’eucharistie célébrés quotidiennement.
L'abbaye a ouvert un atelier de céramiques, une biscuiterie et un magasin de produits monastiques. C’est aussi un lieu culturel pour des expositions et des concerts.
Architecture
L'église Notre-Dame
Ce vaste sanctuaire bâti à partir du XIIe siècle se composait à l'origine d'une longue nef d'environ 60 mètres de long comprenant trois coupoles sur pendentifs, l'ensemble étant précédé d'un narthex. Partiellement détruite après la révolution, elle a perdu sa façade de style roman saintongeais et deux de ses coupoles, dont on peut voir des traces de part et d'autre de la façade.
L'édifice actuel est réduit à un plan en forme de croix grecque. La nef, formant une unique travée, accueille une vaste coupole, de même que la croisée du transept. Leur hauteur est de 18 mètres, leur diamètre, de 7 mètres 40[7]. Les deux bras du transept, voûtés en berceau brisé, accueillent des absidioles quadrangulaires voûtées d'ogives et ornées de baies gothiques.
Le croisillon sud supporte le clocher, reconstruit au XIVe siècle. Celui-ci, ayant succédé à un clocher roman bâti à la croisée du transept, est formé d'une puissante tour tapissée de deux étages d'arcatures, surmontée d'un étage octogonal cantonné de quatre pinacles. Prévu pour supporter une flèche de pierre, il demeure inachevé. Le croisillon nord servit pendant plusieurs siècles d'église paroissiale, après la destruction de l'église Saint-André, rasée pendant les guerres de religion[6]. Un campanile est toujours visible à l'extérieur du sanctuaire.
Le croisillon nord abrite un retable du XVIIIe siècle, auparavant installé dans le chœur : il fut déplacé durant la campagne de restauration menée entre 1962 et 1983. Richement orné, il comporte en son centre un tableau représentant l'assomption de la vierge.
Le chevet, reconstruit dans le style gothique après la destruction de l'abside romane durant la guerre de cent-ans, est abondamment éclairé par une série de trois baies gothiques. Si l'ensemble du sanctuaire est relativement dépouillé, comme le voulait la tradition monastique, le chœur abrite deux clefs de voûtes sculptées. L'une représente Saint Jean-Baptiste et l'agneau de Dieu, l'autre montre l'assomption de Marie[8].
Sous le clocher, quelques chapiteaux présentent des figures végétales et humaines. Celles-ci sont néanmoins très discrètes, afin de ne pas détourner l'attention des moines de la prière.
Le logis abbatial
Le logis abbatial, reconstruit au XVIIIe siècle sous la direction de Monseigneur de Maisonnoble, quatrième abbé commendataire, se trouve à l'emplacement de l'ancien réfectoire. Bâti sur deux niveaux, il comporte au premier étage une galerie en arcades, donnant sur quatre vastes pièces[7]. Au rez de chaussée se trouvent une grande cuisine et trois salons. Au pied du bâtiment se trouve un noyer d'Amérique âgé d'environ 140 ans, considéré comme l'un des plus beaux arbres de Saintonge. Le logis abbatial a été classé monument historique en 1989.
La salle capitulaire
La salle capitulaire, récemment restaurée, a perdu ses voûtes en 1925. Elle a néanmoins conservée ses quatre baies romanes. Elle est surmontée de l'ancien dortoir des moines.
Le grenier à grain
Portail de Bourgogne
Cette porte de style baroque a été construite par le dernier abbé commendataire du lieu, Marie-Nicolas de Bourgogne. Elle porte la date de 1788. On peut y remarquer un détail insolite, témoignage de l'époque révolutionnaire : plusieurs écussons, prévus pour contenir les armoiries des abbés, ont été recouverts d'inscriptions telles que « La nation, la loy, le roy » en 1789. Le mot « roy » a été gratté ultérieurement[7].
Liste des abbés commendataires de Sablonceaux
- Mgr de Sourdis (1630-1645), archevêque de Bordeaux
- Mgr de Perefixe (1645-1671), archevêque de Paris
- Mgr de la Hoguette (1671-1715), archevêque de Sens
- Mgr de Maisonnoble (1715-1763), évêque de Lescar
- Abbé Duglas (1763-1784), vicaire général d'Auch
- Abbé Marie-Nicolas de Bourgogne (1784-1790), chanoine de la Cathédrale de Reims
Activités
- La Communauté du Chemin Neuf est une communauté catholique à vocation œcuménique née à Lyon en 1973. Elle est installée dans l'abbaye depuis le rachat de celle-ci par l'évêché de La Rochelle et Saintes. Toute l'année, ses membres, clercs et laïcs, prient et travaillent ensemble, accueillant les visiteurs de l'abbaye. Afin de faire vivre la communauté, un magasin de produits monastiques a été ouvert.
- Les offices religieux sont célébrés quatre fois par jour : office du matin à 7 heures 30 ( 8 heures 30 en été), eucharistie à 12 heures, adoration à 18 heures 30, office du soir à 19 heures. Les horaires sont différents le mardi.
- Les Estivales de Sablonceaux : pendant l'été, la Communauté du Chemin Neuf accueille le public les après-midi pour des visites guidées, et un spectacle son et lumière est proposé à la tombée de la nuit, certains jours de la semaine.
Notes et références
- Gallia christiana, Tome II, col. 1131.
- Gallia christiana, Tome II, Instrumenta, col. 477.
- inL'abbaye de Sablonceaux, par François de Lagarde
- inL'abbaye de Sablonceaux, par Pierre-Marie Tonnellier
- Abbaye de Sablonceaux, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
- in L'abbaye de Sablonceaux, par Pierre-Marie Tonnellier
- in Le patrimoine des communes de Charente-Maritime, éditions Flohic
- in L'abbaye de Sablonceaux, par François de Lagarde
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
Liens et documents externes
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- Monument de la Charente-Maritime
- Monument historique classé en 1907
- Monument historique classé en 1923
- Monument historique classé en 1989
- Monument historique inscrit en 1989
- Monument historique de la Charente-Maritime
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