- Richard Ier d'Angleterre
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Richard Ier Richard Cœur de LionTitre Roi des Anglais et seigneur d'Irlande 6 juillet 1189 – 6 avril 1199
9 ans, 9 mois et 0 jourCouronnement 3 septembre 1189[1] en l'Abbaye de Westminster Prédécesseur Henri II Successeur Jean Duc des normands 6 juillet 1189 – 6 avril 1199 Prédécesseur Henri II Successeur Jean Duc des aquitains 1169 – 1196 Prédécesseur Aliénor et Henri II Successeur Otton de Brunswick 1198 – 1199 Prédécesseur Otton de Brunswick Successeur Jean Biographie Dynastie Plantagenêt Date de naissance 5 septembre 1157 Lieu de naissance Palais Beaumont, Oxford (Angleterre) Date de décès 6 avril 1199 (à 41 ans) Lieu de décès Châlus, Limousin (France) Père Henri II d'Angleterre Mère Aliénor d'Aquitaine Conjoint Bérangère de Navarre Héritier Arthur Ier de Bretagne (1189-1199)
Monarques de Grande-Bretagne modifier Richard Ier d'Angleterre[2] dit Cœur de Lion (8 septembre 1157, palais de Beaumont, Oxford – 6 avril 1199, château de Châlus Chabrol). De 1189 à 1199, il fut roi d'Angleterre, duc de Normandie, duc d'Aquitaine, comte de Poitiers, comte du Maine et comte d'Anjou.
Fils d’Henri II d'Angleterre et d’Aliénor d'Aquitaine, Richard est élevé dans le duché d'Aquitaine à la cour de sa mère, ce qui lui vaut dans sa jeunesse le surnom de Poitevin. Il devient comte de Poitiers et duc d’Aquitaine à onze ans. Après la mort subite de son frère aîné le roi Henri le Jeune en 1183, il devient héritier de la couronne d’Angleterre, mais aussi de l’Anjou, de la Normandie et du Maine (voir l’article Richard Cœur de Lion, ascendance sur trois degrés).
Pendant son règne qui dure une dizaine d’années, il ne séjourne que quelques mois dans le royaume d’Angleterre. Il utilise toutes ses ressources pour partir à la troisième croisade, puis pour défendre ses territoires français contre le roi de France, Philippe Auguste, auquel il s’était pourtant auparavant allié contre son propre père. Ces territoires, pour lesquels il a prêté allégeance au roi Philippe, constituent la plus grande partie de son héritage Plantagenêt.
Les Anglais l’appellent Richard Ier, les Français Richard Cœur de Lion ou Oc e No[3],[4], et les Sarrasins, Melek-Ric ou Malek al-Inkitar (roi d'Angleterre)[5].
En son temps, il est considéré comme un héros, et est souvent décrit comme tel dans la littérature. Il est aussi un poète et un écrivain célèbre à son époque, notamment pour ses compositions en limousin[6].Sommaire
Biographie
Famille et enfance
Richard est né le 8 septembre 1157[F 1], probablement au palais de Beaumont, en Angleterre[G 1]. Troisième fils d’Henri II d’Angleterre (l’aîné, appelé Guillaume, né en 1153, est mort à l’âge de trois ans), Richard n’est pas destiné à lui succéder. Il est cependant le fils préféré de sa mère et, lorsque ses parents se séparent, il devient son héritier à la couronne d’Aquitaine en 1168, puis au titre de comte de Poitiers.
Richard se révolte contre son père Henri II
Comme les autres enfants légitimes d’Henri II, il montre peu de respect pour son père et manque de clairvoyance à long terme ainsi que du sens des responsabilités.
En 1170, son frère Henri le Jeune est couronné roi d’Angleterre, avant la mort de son père. Il est ainsi dénommé pour le différencier de son père, puisqu’il ne règne pas encore.
En 1173, Richard rejoint ses frères Geoffroy II de Bretagne époux de Constance de Bretagne et Henri le Jeune dans leur révolte contre leur père. Déjà dotés de fiefs par leur père, ils espèrent le remplacer effectivement au pouvoir, poussés en cela par leur mère. Henri II envahit l’Aquitaine deux fois, et à dix-sept ans, Richard est le dernier de ses fils à lui tenir tête.[réf. nécessaire] Finalement, il refuse un combat face-à-face, et lui demande son pardon. En 1174, Richard renouvelle ses vœux de soumission à son père[7].
Après son échec, Richard s’occupe à mater les nobles mécontents d’Aquitaine, spécialement en Gascogne. Richard fonde Marmande en 1182 s’y installe et construit de nombreux châteaux forts dans les environs (Soumensac). Il se fait une affreuse réputation de cruauté, avec de nombreuses accusations de viols et de meurtres. Les rebelles espèrent détrôner Richard et appellent ses frères à l’aide. Henri II a peur que cette guerre entre ses trois fils ne conduise à la destruction de son royaume, et il lance son armée à son aide. Le 11 juin 1183, Henri le Jeune meurt, et son père Henri II est toujours sur son trône.
Richard a une raison majeure de s’opposer à son père. Ce dernier a pris comme maîtresse la princesse Alix, fille du roi Louis VII, alors qu’elle lui était promise. Cela rend aux yeux de l’Église le mariage avec Richard techniquement impossible. Mais Henri, voulant éviter un incident diplomatique, ne confesse pas son erreur de conduite. Quant à Richard, il ne renonce au mariage qu’en 1191.
La troisième croisade
Article détaillé : Troisième croisade.Richard se prépare à partir en croisade
Très absent de son royaume d’Angleterre, Richard préfère se consacrer à ses possessions françaises et à la croisade en Terre sainte. Il a grandi sur le continent et n’a même jamais appris l'anglais[8]. Peu après son accession au trône, il décide de se joindre à la troisième croisade, inspiré par la perte de Jérusalem, prise par Saladin. Mais, craignant que le roi de France, Philippe Auguste, n’usurpe ses territoires en son absence, il le persuade de se joindre à lui [réf. nécessaire]. Les deux rois prennent la croix le même jour.
Richard est accusé de faire peu pour l’Angleterre, se contentant d’épuiser les ressources du royaume en empruntant à des juifs pour financer ses expéditions en Terre sainte. Il relève également les taxes, et dépense la majeure partie du trésor de son père. Il rassemble et emprunte autant d’argent qu’il le peut, libérant par exemple le roi d’Écosse de son hommage en échange de dix mille marcs, et vendant nombre de charges officielles et autres droits sur des terres.
En 1190, Richard part finalement pour la troisième croisade avec son ami le seigneur de Sablé et futur Grand-Maitre templier, Robert de Sablé (qui passa dix-neuf ans à sa cour)[9]. Ils partent avec Philippe Auguste depuis le port de Marseille, laissant Hugues, évêque de Durham et Guillaume de Mandeville comme régents. Guillaume de Mandeville meurt rapidement et est remplacé par Guillaume Longchamp. Mécontent de cette décision, le frère de Richard, Jean, se met à manigancer contre Guillaume.
Par ailleurs, c’est grâce aux réformes importantes de son père en matière de législation et de justice qu’il lui est possible de quitter l’Angleterre pendant toute cette période.
Pendant l'été 1190, Richard décide de débarquer près de Naples tandis que Philippe Auguste gagne directement Messine le 16 septembre[10]. De la région de Naples, il gagne Messine par voie de terre en passant par Amalfi, Salerne et Mileto, où il est agressé par des paysans. Selon Roger de Hoveden, Richard s'était écarté de sa suite et avait molesté un paysan[11]. Aussitôt, tous les habitants du village l'attaquèrent et il ne dut sa survie qu'à la rapidité de sa fuite.
La croisade passe par la Sicile
En septembre 1190, Richard et Philippe sont en Sicile. En 1189, le roi Guillaume II de Sicile est mort. Son héritière, sa tante Constance, future reine Constance Ire de Sicile, est mariée à l’empereur Henri VI. Mais immédiatement après la mort de Guillaume, son cousin Tancrède de Lecce se rebelle, prend le contrôle de l’île, et début 1190, est couronné roi de Sicile. Il est préféré par le peuple, et par le pape, mais il est en conflit avec les nobles de l’île. L’arrivée de Richard accentue les difficultés. Tancrède a emprisonné la veuve de Guillaume, la reine Jeanne, la sœur de Richard, et ne lui donne pas l’argent qu'elle a hérité selon la volonté du défunt. Richard réclame la libération de sa sœur, et que lui soit remis son héritage. Pendant ce temps, la présence de deux armées étrangères cause des troubles parmi la population, exaspérée notamment par le comportement des soldats envers les femmes[12]. En octobre, la population de Messine se révolte, demandant que les étrangers quittent l’île. Une rixe éclate le 3 octobre entre des soldats et des habitants de la ville, « ramas de Grecs et de ribauds, gens issus de sarrasins » qui conspuaient les pèlerins tout en les traitant de « chiens puants »[13]. Richard attaque Messine et la prend le 4 octobre 1190. Après l’avoir pillée et brûlée, Richard y établit son camp. Il y reste jusqu’en mars 1191, quand Tancrède accepte finalement de signer un traité. Celui-ci est signé, toujours en mars, par Richard, Philippe et Tancrède. En voici les termes :
- Jeanne doit être libérée, recevoir sa part d’héritage ainsi que la dot que son père avait donnée à feu Guillaume,
- Richard et Philippe reconnaissent Tancrède comme légalement roi de Sicile et souhaitent conserver la paix entre leurs royaumes,
- Richard proclame officiellement son neveu Arthur de Bretagne, le fils de Geoffroy et de Constance de Bretagne, comme son héritier, et Tancrède promet de marier dans le futur une de ses filles à Arthur, quand il sera majeur (Arthur a alors quatre ans).
Ayant signé le traité, Richard et Philippe reprennent la mer. Le traité ébranle les relations entre l’Angleterre et le Saint-Empire romain germanique, et cause la révolte de Jean sans Terre, qui espère être proclamé héritier à la place de son neveu. Bien que sa révolte échoue, Jean continue dès lors de comploter contre son frère.
Durant avril, Richard s'arrête sur l’île byzantine de Rhodes pour éviter une tempête. Il la quitte en mai, mais une nouvelle tempête amène sa flotte à Chypre.
Richard passe par Chypre
Richard essuie une tempête et trois de ses navires s'échouent sur la côte chypriote. L'attitude hostile du prince Isaac Doukas Comnène qui régnait sur Chypre après s'être détaché de l'empire byzantin en 1184, provoque, le 6 mai 1191, le débarquement de la flotte de Richard dans le port de Lemesos (maintenant Limassol). Il tente de s'entendre avec le grec pour le ravitaillement d'Acre, mais devant la perfidie de ce dernier (Isaac était en fait de mèche avec Saladin), Richard entreprend la conquête de l'île. Les quelques catholiques romains de l’île se joignent à Richard, ainsi que les nobles de l’île, en révolte contre les sept années subies sous le joug tyrannique d’Isaac.
Après avoir été défait à Kolossi (à l'ouest de Limassol), Isaac réorganise sa défense sur la route menant à la capitale Nicosie (à Trémithoussia). C'est là que fut livrée la bataille décisive (21 mai 1191). Isaac est vaincu et fait prisonnier par Richard. Richard devient le nouveau maître de Chypre. Il pille l’île, et massacre ceux qui tentent de lui résister. Pendant ce temps, la promise de Richard, Bérangère de Navarre, première-née du roi Sanche VI de Navarre, l’a enfin rejoint sur sa route vers la Terre sainte. Leur mariage est célébré à Limassol, le 12 mai 1191. La sœur de Richard, Jeanne, l’a suivi de Sicile, et assiste à la cérémonie.
Le mariage ne produit pas d’héritier, et les opinions divergent sur l’entente entre les époux. La malheureuse Bérangère a autant de mal que son mari pour son voyage de retour, et ne revoit l’Angleterre qu’après la mort de Richard.
Cette conquête allait avoir un impact très important sur l'Orient latin. D'un côté, l'île, pleine de ressources, allait constituer un centre de ravitaillement assuré pour l'Orient latin (et notamment pour Acre encore assiégée) et une escale sûre pour les armadas italiennes (maîtresses de la mer) et les autres croisades. D'un autre côté, elle allait participer au déclin de l'Orient latin en attirant les colons et barons syriens (entre les terres pleines de richesse de l'île et celles de la Palestine sans cesse exposées au danger, le choix fut évident pour nombre de chevaliers) d'autant plus que le clan des Lusignan (futurs maîtres de Chypre) n'hésitèrent pas à multiplier les offres de terres et autres baronnies.
La croisade en Terre sainte
Avant de partir pour Acre et pour seulement 25 000 marcs d'argent, Richard vend l'île de Chypre à son ami Robert de Sablé, le grand-maître de l'ordre du Temple. Les Templiers y installeront pendant quelques années leur première base en Orient avant de la vendre à Guy de Lusignan[14].
Richard, avec presque toute son armée, quitte Chypre pour la Terre sainte au début de juin. En son absence, Chypre doit être gouvernée par Richard Kamvill (plus tard donnée à Guy de Lusignan qui en deviendra le roi héréditaire).
Richard arrive à Acre en juin 1191 avec son ami le grand-maître de l'ordre du Temple Robert de Sablé, deux mois après Philippe Auguste. La ville, assiégée depuis deux ans par les Francs (eux-mêmes encerclés par l'armée de Saladin), commence à être à bout. L'arrivée du roi Richard et de ses troupes, à la fois fabuleux combattant et tacticien, amène la chute d'Acre en juillet 1191. C'est lors de cette prise qu'il va s'illustrer sombrement en massacrant 3 000 prisonniers musulmans, Saladin tardant à lui remettre la vraie croix, 2 500 prisonniers chrétiens ainsi qu'une rançon convenue (20 août 1191, après le départ de Philippe Auguste). Après cet acte de barbarie qui va renforcer le jihad et rendre entre autres les futures négociations très difficiles (notamment pour la restitution de Jérusalem), Richard part conquérir le littoral avec Robert de Sablé et ses Templiers, mais il reste le seul chef de toute l'armée franco-anglaise (le roi de France est parti avec sa propre maison, laissant toutes ses troupes sous la houlette du duc de Bourgogne). Richard a aussi tout fait pour imposer comme roi de Jérusalem Guy de Lusignan (celui-ci étant originaire du Poitou, et donc son vassal) au détriment de l'énergique Conrad de Montferrat (sauveur de Tyr en pleine débâcle franque). Ce dernier était soutenu ardemment par tous les barons syriens.
Lors de leur conquête du littoral sud, Richard et ses troupes ainsi que les Templiers mené par Robert de Sablé furent harcelés sans cesse par les troupes de Saladin. Les croisés ne tombèrent pas dans le piège de la poursuite et restèrent solides. Cependant, Saladin, ayant reçu ses renforts turcomans, engagea le combat aux environs d'Arsuf dans une position stratégique très favorable (les croisés étant encerclés, adossés à la mer). Mais Richard ne perdit pas son calme et tenta une habile manœuvre d'encerclement pour écraser totalement l'armée adverse. Un hospitalier et un chevalier anglais chargèrent pour la gloire, entraînant avec eux quelques autres chevaliers. Richard dut alors charger avec toute la cavalerie pour éviter une désorganisation possiblement fatale, et après de durs combats, la victoire fut pour Richard. Celle-ci ne fut pas complète cependant et ne conduisit qu'à disperser et repousser l'armée ennemie, Richard n'ayant pu réaliser le mouvement tournant qui lui aurait permis de vraiment remporter la bataille. Saladin détruisit alors les places fortes (Jaffa notamment) avant l'arrivée des croisés. Le littoral conquis et certaines places fortes reconstruites (Jaffa, Ascalon…), Richard partit vers Jérusalem en plein hiver, mais il renonça finalement au siège sous l'insistance notamment des barons syriens (la période était mauvaise et ces derniers savaient qu'ils ne pourraient tenir Jérusalem une fois tous les croisés repartis). Il revint par la suite à deux reprises. Mais avec son armée affaibli, tandis que celle de Saladin était toujours plus grande et plus forte, il renonça alors qu'il pensait toujours aveuglément que la ville était à sa portée de main. Richard reçu de graves nouvelles d'Angleterre et ne pensait qu'à rejoindre son royaume.
Il finit par rembarquer le 9 octobre 1192, après avoir bâclé la paix avec Saladin (celui-ci, conscient des difficultés de Richard, tergiversait intelligemment) et mit à la tête d'Acre son neveu, le comte Henri II de Champagne (Conrad de Montferrat avait été assassiné par la secte des Assassins, et Guy de Lusignan dit Sa Simplesse, devenu trop embarrassant pour les croisés, fut nommé à la tête du Royaume de Chypre).
Capture et retour en Angleterre de Richard
Suite aux manœuvres de Philippe, le duc Léopold V de Babenberg capture Richard sur son chemin de retour, près de Vienne, à l’automne 1192. Richard l’a en effet publiquement insulté durant la croisade. Emprisonné à Dürnstein, il est ensuite livré à l’empereur Henri VI qui réclame une rançon de cent cinquante mille marcs d’argent, équivalant à deux années de recettes pour le royaume d’Angleterre, pour sa libération[15]. Bien que les conditions de sa captivité ne soient pas strictes, il est frustré par l’impossibilité de voyager librement. De cet emprisonnement est tirée la légende de Blondel.
L’empereur le libère en février 1194 contre un premier versement de cent mille marcs d’argent que sa mère, Aliénor d'Aquitaine, réussit à rassembler péniblement. L’empereur lui extorque également un serment d’allégeance de la couronne d’Angleterre à l’Empire. Il retourne alors en Angleterre.
Durant son absence, son frère Jean est proche de conquérir le trône. Mais Richard lui pardonne, et en fait même son héritier, après qu’en grandissant Arthur lui déplaise et dont il marie de force la mère au comte de Chester, l'un de ses rares soutiens en Angleterre.
Une fois de plus il se repent de ses péchés, à l’occasion d’un second couronnement, puis repart en Normandie combattre Philippe, qui poursuit la stratégie capétienne d’affaiblir l’empire Plantagenêt. Après son départ en mai 1194, il ne retourne pas en Angleterre.
Durant plusieurs années de guerre, il parvient à redresser la situation et à défendre efficacement la Normandie. Il fait construire à cet effet une série de châteaux dont le célèbre Château-Gaillard près des Andelys, sur la rive droite de la Seine, mais aussi la forteresse d’Arques-la-Bataille, ainsi que les châteaux de Radepont dans la vallée de l’Andelle ; Montfort-sur-Risle dans la vallée de la Risle ; Orival sur la Roche Fouet surplombant la Seine en amont de Rouen au-dessus d’Elbeuf et fait améliorer le château de Moulineaux surplombant la Seine en aval de Rouen. Cependant, le pape lui impose une trêve qui profite à Philippe Auguste.
Mort de Richard à Châlus
Article détaillé : Mort de Richard Cœur de Lion à Châlus.Le 26 mars 1199, Richard assiège le château de Châlus Chabrol[16],[17] possession du vicomte Adémar V de Limoges, dit Boson. Il est atteint par un carreau d'arbalète tiré par un chevalier de petite noblesse limousine, Pierre Basile. La flèche est retirée mais la gangrène gagne le corps du roi. Richard meurt le 6 avril 1199, onze jours après sa blessure. À sa demande, son corps est enterré près de celui de son père en l’abbaye de Fontevraud (située non loin de Saumur), son cœur repose dans la cathédrale de Rouen, capitale de la Normandie et ses entrailles en l'église (actuellement ruinée) du château de Châlus Chabrol. Philippe de Cognac, fils illégitime supposé de Richard Cœur de Lion, le vengera en assassinant Adémar[18].
Caractère, réputation et sexualité
Richard a de nombreuses qualités admirables, ainsi que beaucoup d’autres, moins brillantes. C’est un génie militaire, astucieux en politique de plusieurs façons, bien qu’incroyablement écervelé dans d’autres. Il est par ailleurs désireux de ne pas prêter le flanc à l’opinion publique. Il est à la fois capable de grande humilité et d’arrogance.
Il est très respecté par son plus grand rival militaire, Saladin, ainsi que par l’empereur Henri, mais il est également haï par nombre de ses anciens amis, en particulier le roi Philippe.
Il se soucie peu de sa propre sécurité : la blessure reçue lors du siège de Châlus, et qui a raison de lui, n’aurait pas eu lieu s’il avait été correctement protégé par une armure ; par la suite, son infection aurait pu être évitée. Un incident très similaire s’était déjà produit dix ans auparavant, lorsque, combattant contre son père, il avait rencontré, désarmé, Guillaume le Maréchal, et avait dû le supplier pour avoir la vie sauve.
Jean succède à Richard sur le trône d’Angleterre. Cependant les territoires continentaux le rejettent, au début, lui préférant leur neveu Arthur de Bretagne, fils de leur frère Geoffroy, dont les droits sont techniquement meilleurs que les siens.
La légende de Robin des Bois, d'abord située sous le règne d'Edouard II (vers 1322), se déplace pour se rattacher au règne de Richard Ier. Cependant, il n'y a pas de certitude historique sur Robin Hood, qui peut avoir vécu au XIIe ou XIIIe siècle ou XIVe siècle. C'est bien plus tard qu’on établit un lien entre les deux hommes, uniquement en affirmant que le but poursuivi par Robin est de restaurer Richard sur le trône alors que le prince Jean l’a usurpé.
L’amitié entre Philippe Auguste et Richard a parfois été assimilée à une relation homosexuelle. Cependant, dans son ouvrage Richard Cœur de Lion - Le roi-chevalier, l'historien Jean Flori n'adhère pas à cette thèse. Certains chroniqueurs du XIIe siècle, comme notamment Roger de Hoveden, parlent d'« amour » entre les deux rois et soulignent qu'ils partageaient le même lit. Pour Jean Flori, en conclure à une relation homosexuelle relève d'une interprétation trop « moderne » du terme « amour » et il ajoute que partager le même lit « n'avait pas alors la connotation sensuelle qu'on peut y déceler aujourd'hui »[19].
L’historien Jean Verdon considère lui qu’à défaut de pouvoir affirmer qu’il fut homosexuel, il est possible de conclure qu’il fut bisexuel[réf. nécessaire]. Sur la base des récits des pénitences de roi Richard en 1191 et 1195, Jean Flori conclut également à cette possibilité.
Ainsi, concernant la pénitence faite par Richard en Sicile sur le chemin de la croisade Eudes de Thorenc, l'un des chroniqueurs de Philippe Auguste rapporte : « « J’ai rapporté au roi comment Richard, dépouillé de ses vêtements, portant dans sa main trois fouets de verges légères liées ensemble, s’est prosterné devant tous les prélats et les archevêques réunis à Messine pour se faire pardonner l’abomination de sa vie et la faute des gens de Sodome à laquelle il s’est adonné. Il a renoncé à son péché, imploré une digne pénitence avec une telle humilité et une contrition de chœur que l’on a pu croire sans aucun doute que c’est l’œuvre de celui qui regarde la terre et qui la fait trembler »[réf. nécessaire].
Jean Flori fait aussi état des paroles d'un ermite rapportées par un chroniqueur présent en 1195 lors de sa deuxième pénitence : « Souviens toi de la destruction de Sodome et abstiens-toi des actes illicites, sinon surviendra sur toi le légitime châtiment de Dieu »[20] Mais rien ne permet de dire que ces pénitences concernent sa relation avec le roi de France.
Il eut avec une maîtresse inconnue un fils illégitime:
- Philippe de Cognac[21]. Il épouse Amélie de Cognac († 1199), fille d'Itier, seigneur de Cognac, Villebois et Jarnac. Il venge son père en assassinant en 1199 Adémar V de Limoges.
Notes et références
- Richard Cœur de Lion et le Limousin, Éditions L'Harmattan, 1999, p. 72 Marguerite-Marie Ippolito,
- (en) Généalogie de Richard Cœur-de-lion sur le site Medieval Lands
- Jean Flori, Richard Cœur de Lion - Le roi chevalier, 1999, p. 49
- Bertran de Born, un chevalier troubadour, ami de sa mère. « Oui et non » pour sa tendance à changer rapidement d’humeur, surnom donné par
- Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, J'ai lu, 1984, 318 p. (ISBN 2-290-11916-4), partie V, chap. XI (« L'impossible rencontre »).
citation de Bahaeddin Ibn Chaddad, secrétaire particulier et biographe de Saladin, p.239
- Richard Cœur de Lion - Troubadours & Trouvères Les poèmes de Richard Cœur de Lion ont été interprétés et enregistrés par l'Ensemble Alla Francesca :
- Jean Flori, op. cit., p. 49
- Les 100 hommes qui ont fait le monde, Studyrama, 2005, p. 88 Sébastien Dussourd,
- Robert de Sable
- Amboise, L'Estoire de la guerre sainte, v. 372 et suiv.
- Gesta Henrici II et Gesta Regis Ricardi
- Amboise, L'Estoire de la guerre sainte
- Ibid.
- Robert de Sable (11??-1193)
- Aliénor d'Aquitaine, la reine mère
- Bulletin monumental, 1848, p. 427 et 428 Société française d'archéologie,
- Châlus, le film robin des bois fait jaser sur le site de FR3 Limousin, mai 2010. Consulté le 18 mai 2010
- Généalogie d'Adémar (Boson) IV de Limoges sur le site Medieval Lands qui cite en référence : Given-Wilson, C. and Curteis, A. (1988)The Royal Bastards of Medieval England (Routledge), p. 126
- Jean Flori, Richard Cœur de Lion - Le roi-chevalier, p. 455.
- Jean Flori, Richard Cœur de Lion - Le roi-chevalier, p. 457.
- Douglas Richardson, Plantagenet ancestry: a study in colonial and medieval families, Genealogical Pub. Co., Baltimore, 2004, 945 p., p. 6.
Annexes
Bibliographie
- Jean Flori, Richard Cœur de Lion - Le roi chevalier, Paris, Payot, Coll. « Biographies », 1999, 598 p. (ISBN 2-228-89272-6)
- p.1
- (en) John Gillingham, Richard I, London, Yale University Press, 2002 (1999), 400 p. (ISBN 0-300-09404-3)
- p.24
Liens internes
- Plantagenêt
- Armorial des Plantagenêts
- Souverains anglais
- Robin des bois
- Riccardo Primo, opéra de Haendel (1727)
Liens externes
- Les Blasons de Richard Ier d'Angleterre
- Huitième centenaire de la mort de Richard Cœur de Lion 1199 - 1999, ministère de la Culture et de la Communication
- Richard Cœur de Lion, Extraits des actes du Colloque international tenu à Caen du 6 au 9 avril 1999, publiés dans les Cahiers de la Direction des Archives du Calvados - N°43 - 2010.
Voir aussi
Précédé par Richard Ier d'Angleterre Suivi par Henri II Roi d'Angleterre 1189-1199 Jean Duc de Normandie 1189-1199 Comte du Maine 1183-1199 Comte d'Anjou 1189-1199 Arthur Ier de Bretagne Henri II et Aliénor Duc d'Aquitaine et Comte de Poitiers 1189-1196 et 1199 Jean Chronologie de la Première maison d'Anjou de 930 à 1204 930 942 958 987 1040 1060 1068 Foulques Ier Foulques II Geoffroy Ier Foulques Nerra Geoffroy Martel Geoffroy III 1068 1109 1129 1151 1189 1199 1204 Foulques le Réchin Foulques V Geoffroy V Henri II Richard Cœur de Lion Jean Sans Terre Portail Anjou • Histoire de l'Anjou • Comté d'Anjou
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