Sexualité dans le judaïsme

Sexualité dans le judaïsme

La sexualité (hébreu moderne : מיניות (miniout) ; classique : ביאה (bia) « accouplement » ; euphémiquement : תשמיש המיטה (tashmish hamita), « usage du lit ») est considérée dans le judaïsme comme lun des besoins naturels fondamentaux, permettant la perpétuation de lespèce[1] et les bonnes relations conjugales[2].

Elle est, comme lensemble des besoins naturels, réglementée afin dêtre réalisée dans la sainteté. La Torah en codifie la pratique à laune des critères de pureté et dimpureté (en particulier menstruelle) et interdit nombre de pratiques sexuelles jugées incestueuses ou contre-nature. Elle fait aussi lobjet de longs développements dans la littérature rabbinique (et en particulier dans la tradition ésotérique), tant dans sa nature profonde que dans sa législation pratique, y compris au niveau social et vestimentaire.

Sommaire

La sexualité dans les sources juives

La sexualité dans la littérature biblique

La Bible mêle au long de ses 24 Livres injonctions et récits relatifs à la sexualité. Le devoir de « croître et multiplier », donné à lensemble des créatures, apparaît dès le récit de la Création[1].

Le Livre de la Genèse relate ensuite de nombreux récits la sexualité joue un rôle prédominant :

  • lunion des « fils de Dieu » avec les « filles de lhomme », en prélude au Déluge ;
  • lacte de Cham envers son père, Noé, prélude à la malédiction de Cham ;
  • le récit dAbraham en Égypte, Saraï est convoitée par le pharaon ;
  • lunion incestueuse des filles de Lot avec leur père ;
  • la naissance miraculeuse dIsaac ;
  • le serviteur dAbraham et Rebecca ;
  • les femmes et concubines de Jacob ;
  • lunion de Ruben avec Bilha ;
  • le viol de Dina ;
  • la mort dEr et Onan, suivie de lhistoire de Juda et Tamar ;
  • les mésaventures de Joseph avec la femme de Pôtiphar.

Nombre de ces récits ont pour but de stigmatiser des conduites réprouvables comme lhomosexualité, linceste, les relations sous imprégnation alccolique, le viol et le gaspillage de la semence. Dautres mettent en valeur certains comportements comme la pudeur. Ces vertus sont récompensées par des unions heureuses et la naissance des patriarches de la nation israélite.

Contraception

Dans le judaïsme traditionnel, la contraception n'est toléré que dans certains cas et pour une durée définie[3]. En effet, le contrôle des naissances va à l'encontre de deux fondements du judaïsme:

  • l'obligation de concevoir[4]
  • linterdiction d'onanisme( hébreu : זרע לבטלה, Zera Levatala)[5].

Cependant, le devoir de pirya verivya ne concernant pas la femme, la contraception féminine est généralement permise par la loi juive[6]. Ce type de contraception, orale ou mécanique, déjà permise par les Amoraim [7] nécessite tout de même l'accord d'un rabbin compétent avant d'y avoir recours[8].



D'autres courants, notamment le mouvement Massorti et le Judaïsme réformé sont plus permissifs[9],[3].

Homosexualité

Lhomosexualité est interdite dans le judaïsme. La Torah a même écrit un terme spécial lorsquelle parle de lhomosexualité ; « abomination » (Lévitique, 18, 22 ; 20, 13). La Torah a interdit beaucoup de relations, entre autres celle avec lanimal, mais la seule appelée abomination est la relation unisexe (cepedant, le verset désigné comme interdisant l'homosexualité semble ne concerner que les hommes[10]).

Masturbation

Masturbation masculine

Le judaïsme a donné au fur et à mesure de son développement de limportance à la masturbation masculine et plus spécialement à une perte vaine de semence. Déjà la Torah décrit dans la Genèse 38, 9-10 la mort de Onan, fils de Juda, causée par son refus de coucher avec sa femme Tamar (qui était lex femme de son frère mort) pour donner une descendance à son frère. La Torah explique que Onan gaspilla sa semence à terre, chose qui ne plut pas à Dieu qui le tua.

Le judaïsme voit dans la semence un potentiel de vie, donc un homme qui nutilise pas sa semence à bon escient est en quelques sortes un assassin. Il tue un potentiel de vie.

Il faut élargir ce qui a été dit en rajoutant que le judaïsme veut que la semence serve à quelque chose : ou à enfanter, ou à maintenir des rapports entre un homme et sa femme. Ainsi, même si seulement un spermatozoïde sur des millions va développer un fœtus, même si la femme est enceinte et que le rapport sexuel nemmènera à aucun nouvel être, même si la femme nest plus en âge ou en état denfanteretc., lhomme à le devoir de faire passer de sa semence à sa femme (de maintenir une fréquence en ce qui concerne leur rapport sexuels).

À lépoque du Talmud, certains ont dit que la masturbation masculine est une interdiction contenue dans linterdiction de « tu ne feras pas dadultère » ou « et vous vous garderez de toute mauvaise chose ». Certains ont même catalogué cette faute dans les mauvaises mœurs.

La Kabbale voit dans la masturbation masculine une faute impardonnable (bien que lon explique cette chose comme étant une dissuasion de faire cette faute à lhomme, en plus que le principe du repentir est un fondement du judaïsme), et explique que de la semence que lhomme éjacule en vain engendre avec Lilith des anges maléfiques.

Afin déloigner lhomme de cette grave faute, lhomme devra éviter toute érection du pénis. Pour cela, aucun homme naura le droit de toucher ses organes génitaux si ce nest à fin de miction, et ce dans les règles suivantes : un homme célibataire naura même pas le droit de toucher son pénis (à moins de lattraper par le gland et non par le haut du pénis), de peur de le réchauffer (lhomme marié ayant la possibilité de satisfaction sexuelle), mais il lui sera permis de toucher son scrotum (Choulhan Aroukh 3, 14- 16 et Michna Beroura).

Même la pollution nocturne est considérée comme étant une faute ; les sages dIsraël enseigne que sa source est en fait les pensées sexuelles qua lhomme durant la journée, donc elle est le signe de mauvaises pensées, étant elles-mêmes de graves fautes.

Masturbation féminine

Le judaïsme est bien plus modéré en ce qui concerne la masturbation féminine, jusquà la permettre, bien que certains décisionnaires laient interdite.

Bibliographie

  • Judaïsme et sexualité, Joseph Sitruk et Daniel Sibony, LEsprit du Temps.ISBN 2913062741
  • Lamour dans la tradition juive, Claude Riveline, publication du Consistoire de Paris

Notes et références

  1. a et b Genèse 1:28.
  2. Exode 21:10.
  3. a et b Procreation and Contraception By Rabbi Ronald H. Isaacs
  4. Mishna Yevamot 6:6
  5. Even Haeezer, chapitre 23:5
  6. Even Haeezer, 5,12
  7. Shabbat 109b‑110b, Yevamot 12b
  8. Even Haeezer 5:11
  9. La contraception et lavortement sur le site Massorati
  10. Lévitique 18:22, d'après wikisource : Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. Cest une abomination.



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