Carnaval De Nice

Carnaval De Nice

Carnaval de Nice

Des « grosses têtes » accompagnant un corso du carnaval en 2009.

Le carnaval de Nice est le premier carnaval de France. Il se déroule chaque hiver à Nice, au mois de février durant deux semaines, et accueille plus de 1 200 000 visiteurs. Il constitue la fête emblématique du calendrier événementiel niçois parmi les quelques 850 événements culturels, festifs ou sportifs qui s'y déroulent chaque année.

Sommaire

Origine

Le mot « carnaval » dévoile son sens par deux pistes étymologiques. La plus usitée est : carne levare levamen (« enlève la chair »). Celle-ci est directement en rapport avec le catholicisme et la période où l'on festoie une dernière fois avant les quarante jours du Carême à Pâques. L'autre définition est, quant à elle, païenne : carrus navalis (« char naval ») propre aux barques sur lesquelles Dionysos, dieu venu de la mer, pénétrait dans les îles grecques. Cette dernière est la plus ancienne, car le carnaval, se situant en hiver, était ritualisé pour faire revenir le printemps et donc la nouvelle année. Les hommes primitifs se paraient de peaux de bête, ce qui explique les nombreux costumes d'animaux, de plantes, de fruits, de légumes et autres en rapport avec la nature, encore présents aujourd’hui.

Historique

Le corso carnavalesque

Le premier écrit le relatant date de 1294 par le comte de Provence, Charles II duc d’Anjou qui « vient passer les fêtes de carnaval, dans sa bonne ville de Nice ». Aux XIVe et XVe siècles, le carnaval est avant tout une fête populaire. À la Renaissance, les grands bals et mascarades carnavalesques étaient menés dans les rues étroites de la cité alors qu'au XVIIIe siècle, l'influence du carnaval vénitien favorise les bals masqués.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Nice devient la « capitale de la villégiature hivernale ». Le corso carnavalesque se déroule principalement sur « le Cours », haut lieu de la vie mondaine. En 1871, le chaos parisien engendré par la Commune fit peur aux riches hivernants appartenant à la noblesse. Afin de promouvoir la ville de Nice et de montrer la sérénité qui y règne, un comité des fêtes fut créé en 1873. Celui-ci érigea le carnaval en véritable spectacle, puis organisa des concours de défilés de chars, mascarades et cavalcades pour le Mardi Gras. Deux grands artistes niçois, Alexis Mossa et son fils Gustav-Adolf Mossa, furent tour à tour ou ensemble « Ymagiers du Roy ». Ils sont les véritables pères spirituels de Sa Majesté Carnaval et sa Cour. Alexis Mossa créa les premiers albums de carnaval qui serviront de modèle au carnaval de la Nouvelle-Orléans. Il réalisera le premier char de Sa Majesté Carnaval en 1882 et lui adjoindra Madame Carnaval en 1893. L'influence symboliste de Gustav-Adolf Mossa affleure et lui inspire des personnages issus des cultures gréco-latines et populaires qui dépeignent, au gré de sa fantaisie, les événements locaux ou internationaux. Dramaturge et scénographe d'un univers à la fois satirique et merveilleux, d'une grande richesse et variété, il donne à l'art carnavalesque ses lettres de noblesse et fait de Nice une cité majeure dans le monde de la fête.

Le 14 février 1882, le traditionnel pantin de paille et de chiffon qui restait immobile sur la place de la Préfecture se transforma en un pantin royal défilant comme ses homologues. En 1892 apparut, pour la première fois à Nice, sous le nom de « confetti de Paris », le confetti moderne, en papier, qui avait été lancé l'année précédente au carnaval de Paris. Jusqu'à 1892, seul avait été utilisé au carnaval de Nice, le confetti en plâtre, appelé également « confetti italien ». Utilisé, parallèlement au confetti en papier, il sera finalement interdit à Nice, en 1955.

Le carnaval n'a pas échappé aux événements de l'histoire. Les première et seconde guerres mondiales ont, bien évidemment, joué les trouble-fêtes en empêchant le roi de sortir. En 1914 et 1939, les carnavals qui avaient pour thème « Persée dur Pégase » et « Roi de la Joie et du Rire » se sont déroulés normalement, tandis qu'en 1915 et 1940, le carnaval a été annulé. Le thème laissait paraître alors une curieuse ironie en étant respectivement « Roi des Fous » et « Sire de la Folie ». Cette prémonition s'est de nouveau réalisée en 1991 en annonçant un roi qui n'est jamais sorti, un autre « Roi des Fous » et cela en raison des risques d’attentats dus à la guerre du Golfe.

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Depuis un demi-siècle, des manifestations traditionnelles accompagnent le carnaval. À cette période fut créé le bain du carnaval devenu le « Carnastring » et plus tard, d'autres activités comme la course des garçons de café (« Carnacourse »), et la « Carnasocca » (dégustation du plat traditionnel niçois, la socca). Un comité se réunit depuis une trentaine d'années, sous la présidence d'une personnalité afin d'élire la reine du carnaval et ses dauphines. La reine qui ouvrira chaque bataille de fleur sur son char aura alors la charge de représenter cette fête lors de voyages officiels.

En 1994 le carnaval de Nice eut pour thème « Le roi des Arts » et fit intervenir pour la première fois les artistes de l'« École de Nice » : Arman, Ben, Patrick Moya, Claude Gilli, Jean-Claude Farhi, etc. En 2000, un tournant s'effectua en faisant appel à Sergueï, dessinateur au journal Le Monde qui dessina les chars des corsi et des batailles de fleurs. La même année, l'Éducation nationale et l'OCCE œuvrèrent avec l'office du tourisme et des congrès de Nice sur une action pédagogique ayant pour thème le carnaval. Ainsi, mille écoliers (deux mille en l'an 2000) suivirent le roi en danse et en chanson. S'ensuivit en 2002, année du passage à l'euro, le « Roi de l'Euroland ». Un appel fut lancé aux dessinateurs des plus grands journaux internationaux pour devenir ymagiers le temps d'un carnaval. Ainsi, le carnaval reste une tribune d'expression sur les maux actuels de notre société.

De 2005 à 2008, toutes les manifestations ont eu lieu sur la promenade des Anglais en raison des travaux et du passage du tramway. Ce changement de millénaire a également entraîné une amélioration des chars qui inclut désormais des technologies et des matériaux nouveaux ainsi que la collaboration de sculpteurs. En 2009, le carnaval fit son retour sur la place Masséna[1]. Un écran géant et les traditionnelles tribunes furent installés pour l'occasion sur la place[1].

La bataille de fleurs

Un char de la bataille de fleurs en 2009.

Alphonse Karr est à l'origine de la première bataille de fleurs en 1876. Cet écrivain français d'origine allemande, passionné par les fleurs et résidant à Nice, souhaitait un spectacle où les gens pourraient se jeter d'odorants bouquets au visage. Ainsi en 1876, Andriot Saëtone créa la première bataille de fleurs sur la promenade des Anglais.

La bataille de fleurs se déroule pendant la période de carnaval. Elle est le complément des caricatures et autres figures grotesques des corsi et se présente sous la forme d'une parade de vingt chars fleuris où de jeunes femmes et désormais jeunes hommes lancent des fleurs aux spectateurs. Des troupes musicales ou d’art de rue, venues des quatre coins du monde, prennent place entre les chars comme pour le corso carnavalesque.

Lors de ces batailles, 90 % des fleurs lancées comme le mimosa, le lys ou les marguerites, poussent sur les collines de la région. Les producteurs locaux plantent à l'automne les variétés qui constitueront le décor végétal du char, fruit de la collaboration avec les fleuristes. Entre quarante et cinquante heures de travail par char est nécessaire. Ce travail est d'autant plus difficile que le piquage se fait au dernier moment pour garantir la fraîcheur des fleurs. De nos jours, la bataille entre spectateurs n'a plus lieu, elle est devenue un lancé d'environ 100 000 fleurs de char au public, afin de mettre en avant la beauté des costumes et des chars fleuris.

Depuis 2005, le thème des batailles de fleurs s'accorde à celui des corsi carnavalesques. Un ou plusieurs plasticiens est alors en charge de l’identité visuelle des chars. La réalisation proprement dite est quant à elle, assurée par « l'Amical des fleuristes réalisateurs de bataille de fleurs de la ville de Nice ». Les costumes sont confectionnés dans un atelier de création spécialement dédié aux batailles de fleurs.

Les arts de rue

Les troupes d'arts de rue ont fait de Nice une référence en la matière. Venant des quatre coins de la France et du monde entier, quinze nations enrichissent les cortèges. Chaque groupe apporte son univers, partageant ainsi leur culture et leur imaginaire ou encore s'approprie le thème de l’année.

Le roi du carnaval

Le roi du carnaval de Nice en 2006.

Avant le début du carnaval, Sa Majesté Carnaval arrive le vendredi soir sur la place Masséna afin d'annoncer l'ouverture de cette période de fête en prenant les clés de la ville. Le roi y trônera pendant toute la durée du carnaval. Le dernier soir du carnaval, il défile seul une dernière fois, avant d’être brûlé sur un bûcher en mer ou parfois sur la grève. Un feu d'artifice sonorisé inspiré du thème est alors tiré sur la baie des Anges.

Confection d'un char

Le char du roi du carnaval 2007 représentant Jacques Chirac.

Le premier maillon dans la chaîne de fabrication est l'Office du tourisme et des congrès de Nice qui appelle à candidature pour la création de vingt dessins dans l'esprit du thème choisi. Depuis 2000, les dessinateurs de presse sont les Ymagiers et proposent les dessins des chars. Le directeur exécutif et le directeur artistique sélectionnent les meilleures propositions de chars. Depuis la loi Sapin, l’appel d’offre est d'usage. Cette loi de 1993 a contraint les très nombreux carnavaliers à se regrouper en société, passant d'une centaine de familles à quatre ou cinq. S'ensuit alors un tirage au sort pour définir quels carnavaliers feront quels chars.

La construction elle-même débute en général en octobre. Il faut alors :

  • Échafauder l'ossature en fer (deux tonnes par char) et les différentes articulations hydrauliques motorisées sur une plate-forme de trois mètres sur douze, montée sur essieux, le tout atteignant près de huit mètres de haut.
  • Cette structure se voit appliquée des lattes de bois ou de grillage où sont accolées différentes couches de papiers rigides (mélange de cartes postales, papier journal, papier kraft, etc) avec une colle artisanale constituée d'eau chaude et de farine. Puis à partir de moules, deux méthodes sont employées. D’un côté, et selon la tradition, on réalise les bustes et les visages en résine ou en polystyrène, de l'autre, on utilise le polyester.
  • Puis vient le temps du maquillage où cinq tonnes de peinture sont utilisées. Et enfin les habits sont confectionnés à même les mannequins.
  • Au final, l'installation du système électrique, pour la motorisation et l'éclairage, est intégrée au char.
  • Le record pour la taille d'un char est détenu par le « Roi des mascarades » de 2009. Il mesure dix-sept mètres de haut et arrive camouflé derrière les masques des rois des anciennes éditions du carnaval[2]. En 2007, le « Roi de la très grande Mêlée » représentant Jacques Chirac atteignait les treize mètres de haut, dont près de six mètres pour la tête.

Mise en place

L'office du tourisme et des congrès de Nice organise le carnaval depuis 1996 remplaçant le Comité des fêtes qui en avait la charge depuis 1873. Le thème et les dates de l'année suivante sont annoncés le dernier jour du carnaval en cours. Gad Weil nommé directeur artistique en 1997 impulse le nouvel élan du carnaval de Nice.

Nouveautés en 2007

  • Gratuité des promenoirs,
  • Création d’une zone d'animations ludiques dans le jardin Albert 1er : funambules, maquilleurs et les cerfs-volants génèrent une aire festive,
  • Cent soixante carnavaleurs jouent les trublions de la fête.

Le carnaval en chiffres

Généralités

  • Deux semaines de festivités comprenant trois week-end.
  • 1 200 000 visiteurs.
  • Mille cinq cents personnes sont mobilisées pour chaque sortie de Sa Majesté Carnaval.
  • 150 000 spectateurs billet en main en 2006, pour une recette d’environ 1,5 millions d'euros.
  • Trente à trente-cinq millions d'euros de retombées économiques induites par la fréquentation touristique restauration, hébergement, transports, shopping, etc.

Parades

Un corso illuminé sur la place Masséna en 2009.
  • Vingt chars par an de douze mètres de long sur trois de large et entre huit et quatorze mètres de haut, dont quatre chars en tête de cortège qui sont toujours le Roi, la Reine, Carnavalon, et la Soufflerie, un char projetant des confetti.
  • Deux chars d'animation plus petits.
  • Trente carnavaliers environ.
  • Cent cinquante grosses têtes dont une trentaine en carton pâte. Leur poids varie de 1,5 à 12 kg. Cinq kilogrammes pour les grosses têtes faites en plastazote et un kilogramme pour les structures gonflables.
  • Soixante troupes.
  • Un tiers d'art de rue et de musique niçoises et régionales.
  • Un tiers de délégations musicales et troupes musicales venues du monde entier.
  • Quatre mille heures de travail réparties sur six mois.
  • Vingt tonnes de confetti.
  • Quinze pays.
  • Huit groupes de vingt carnavaleurs pour chaque territoire de Nice soit cent soixante carnavaleurs.

Bataille de Fleurs

  • Quatre à cinq mille tiges de fleurs fraîches.
  • 90 % de celles-ci sont issues de la production locale, mises en terre dès le mois de novembre.
  • Des chars de sept mètres de long sur deux mètres de larges et six mètres de haut.
  • Quarante-cinq heures de travail concentrées sur deux jours et demi.
  • Quatre cent pains de mousse.
  • Dix kilogrammes de fil de fer.
  • Douze mètres et demi de grillages de jardin.
  • Deux mannequins par char lançant environ vingt kilogrammes de mimosa et fleurs coupées.

Médias

  • Cent médias présents.
  • 190 accréditations de journalistes.
  • 17 % d'accréditations en presse quotidienne régionale.
  • Dix-neuf nationalités différentes.

Chronologie


Les thèmes

Chaque année un nouveau titre est choisi pour sa Majesté Roi du Carnaval qui devient le thème de la manifestation et l'inspiration des Ymagiers.


Annexes

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Références

  1. a  et b « J - 7 avant l'arrivée de Carnaval », Nice-Matin, 6 février 2009. Consulté le 21 février 2009.
  2. « Le 125e carnaval de Nice avance masqué », Europe 1.fr, 13 février 2009. Consulté le 21 février 2009.

Liens externes

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