- Théâtre de Van Campen
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Théâtre de Van Campen était le premier théâtre de la ville d'Amsterdam, situé au Keizersgracht 384[1], où s'est actuellement établi l'Hôtel The Dylan.
Sommaire
Historique
1637-1664
Il fut construit sur les terrains appartenant à deux hospices : la Burger-Weeshuis, l'orphelinat, et la Oude-Mannen-huis, un genre de maison de repos pour hommes âgés, à la retraite. Ces hospices bénéficièrent également des recettes[2]. Le théâtre, construit à partir de 1637, ne fut entièrement achevé qu'en 1639, bien que l'inauguration officielle eût déjà lieu en 1638. Le nouvel édifice remplaça la première académie néerlandaise (Eerste Nederduytsche Academie) de Samuel Coster, située au même endroit[3].
Cette académie avait été créée par Coster et le dramaturge Bredero en 1617, à l'instar du théâtre italien, avec comme objectif la diffusion et l'expansion de la science à travers des conférences dans la langue nationale[4], mais on y organisait aussi des concours d'escrime. Elle fut inaugurée par un prélude, Apollo (Apollon), de Suffridus Sixtinus, suivi de la tragédie Moord beghaan aan Willem, Prinse van Oranje (Meurtre commis sur Guillaume, Prince d'Orange) de Gijsbrecht van Hoghendorp, et, le lendemain, de Warenar met de Pot, une comédie de Hooft[5].
Coster et Bredero étaient membres de la chambre de rhétorique De Eglantier (L'Églantier) d'Amsterdam, qui portait la devise In Liefde Bloeyende (Florissant en amour)[6]. À la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, les rhétoriciens, grands amateurs de la poésie et de la rhétorique, furent à l'origine de l'art dramatique contemporain aux Pays-Bas.
Au cours de l'âge d'or prospère s'est posée, progressivement, la nécessité d'un théâtre permanent, faisant fonction également de salle de concert. La tentative de Jan Harmensz. Krul de créer une « chambre musicale » (Musyckkamer), en 1634, s'avéra un fiasco financier[7]. Inspiré du modèle fourni par le Théâtre olympique à Vicence[8], Jacob van Campen, alors un jeune talent, conçut un simple théâtre permanent en remplacement de l'Académie de Coster. Le premier théâtre en pierre à Amsterdam aurait dû ouvrir ses portes le 26 décembre 1637 pour y représenter la pièce Gijsbrecht van Aemstel de Vondel. Les reformés[9], ainsi que les régents issus de l’Eglantier ou l'ancienne « Vieille Chambre » de rhétorique[10], accusant Vondel de superstitions papales (« paapse superstitiën »)[9] tentèrent d'empêcher la première, prévue pour le lendemain de Noël, se plaignant en particulier de l'évocation d'une cérémonie catholique dans la pièce. Grâce à l'intervention du bourgmestre Cornelis de Graeff, le théâtre put être ouvert le 3 janvier 1638 par la représentation d'une Gijsbrecht légèrement modifiée[10]. À partir de 1643, des concerts spéciaux ont été destinés à un public payant.
Les compagnies étrangères n'étaient pas autorisées à jouer dans ce théâtre. Les hostilités pendant la Guerre de Quatre-Vingts Ans et l'anti-papisme allant de pair avec celles-ci, exercèrent, de façon ininterrompue, une influence sur le répertoire. Les pièces à contenu religieux ou d'envergure politique furent interdites. L'interdiction de jouer des pièces dramatiques bibliques signifie que la plupart des œuvres de Vondel ne purent être réalisées (encore en 1654, la première de Lucifer de Vondel fut à l'origine de fortes émotions)[11].
L'actrice célèbre Ariana Nozeman a été la première femme sur scène[12], jouant un rôle dans Onvergelijkelijke Ariane (L'incomparable Ariane) de J.J. Schippers, vraisemblablement le 19 avril 1655[13].
1664-1772
Le théâtre de Van Campen servit jusqu'en 1664. Bientôt, le théâtre s'avéra trop petit et non conforme à l'idéal baroque de l'époque. En outre, à cause de sa construction, il ne se prêtait que difficilement à des adaptations selon les besoins des pièces. La fermeture du théâtre coïncidait avec le déclenchement de la Deuxième Guerre anglo-néerlandaise en 1665[14],[15].
L'intérieur du théâtre fut presque entièrement démoli et un morceau du jardin fut impliqué dans les rénovations. La première pierre fut posée le 24 mars 1664 par Maria Vos, fille du dramaturge Jan Vos[16]. Le nouveau théâtre, ouvert en 1665, était deux fois plus grand que celui de Van Campen : l'ancien bâtiment eut une superficie de 18,5 par 20,5 mètres, le nouveau une de 18,5 à 44 mètres[15]. La scène avait été tournée d'un quart par rapport à l'ancien théâtre. Un des peintres les plus populaires de la seconde moitié du XVIIe siècle, Gérard de Lairesse, avait coopéré à l'embellissement de l'intérieur[17],[15].
La machinerie de scène était certainement ce qu'il y avait de plus sensationnel. Il y avait des coulisses et des décors rapidement interchangeables, peints de motifs en perspective. Par des décors, des fermes, des machines et des trappes, contrebalancés par des poids, on put faire descendre des personnes ou toutes sortes d'objets du ciel ou les faire disparaître dans le sol. Il fut de coutume d'arrêter de temps à autre l'action dramatique durant la représentation en mettant en scène un « tableau vivant ». Avec un tel tableau vivant, souvent composé, de manière somptueuse, de personnages immobiles aux gestes expressifs, en alternance avec les textes, on accentuait les points culminants visuels[18],[19].
Un des acteurs remplit également un genre de fonction de concierge (kastelein) et était de ce fait responsable pour le nettoyage et l'entretien[20]. Plus tard seraient embauchés un maître d'orchestre, un maître de ballet, un machiniste et deux moucheurs de chandelles[21]. La chambre des régents a fonctionné comme une sorte de cour devant laquelle les joueurs durent paraître après avoir commis une faute. Les représentations durèrent longtemps. Pour maximiser l'utilisation de la lumière, on commençait l'après-midi à quatre heures. Souvent, le public fut régalé d'une tragédie, d'une farce ou d'un ballet, alors que l'orchestre jouait des divertissements pendant les pauses.
En raison de la menace étrangère et de la crise économique qui suivit, le théâtre fut fermé dans l'année désastreuse 1672, le Rampjaar. Cinq ans plus tard, le 25 décembre 1677, le théâtre rouvre ses portes[22] par une représentation d’Isis (LWV 54), opéra composé par Giovanni Battista Lulli[23]. Très vite, le théâtre subit la compétition de l'opéra italien de Théodore ou Dirck Strijcker, qui se situait entre le Molenpad et le Leidsegracht[24]. Strijcker rencontra l'opposition des régents du théâtre, mais aussi des ministres d'Amsterdam. En 1686, David Lingelbach, ancien barbier ou chirurgien, essaya de briser le monopole par une pièce proche du genre du Singspiel, représenté à l'opéra néerlandais (Nederduitsche Opera) à Buiksloot, hors de la juridiction de la ville[25].
Au XVIIIe siècle, de plus en plus on dansait pendant et après les spectacles. Si, au début, il s'agissait de danses effectuées par les acteurs, plus tard on fit appel à des danseurs spécialisés. En 1729, à nouveau, des problèmes surgirent au sujet du Gijsbrecht. On supprima de nombreux passages dans lesquels Dieu fut appelé, bien que quelques allusions à Marie fussent autorisées. Le théâtre dut fermer ses portes en mai 1747 à cause de la guerre avec la France et parce que les ministres réclamèrent, à nouveau, sa fermeture ; une mesure qui fut levée en 1749 lorsque, le 28 juillet, fut créée une pièce pastorale de Lucas Pater[26].
Le 7 mai 1772 par le maniement imprudent d'une lampe à l'huile[14], à la fin de la représentation par une compagnie flamande, une corde prit feu et, en quelques minutes le feu consuma la scène[24]. Le théâtre brûla entièrement et il y eut 18 décès. Les gravats furent tamisés pour récupérer l'or et les bijoux[27]. La propriété fut achetée le 18 août 1772 par l'office catholique romaine (Roomsch Katholijke oude-Armen-Kantoor) pour abriter des personnes âgées démunies[28].
Divers
En 1640, deux administrateurs catholiques furent nommés : Pieter Codde et Claes Cornelisz. Moeyaert. Entre 1665 à 1669, Lodewijk Meyer fut l'un des directeurs dans la période[29] où les morceaux de ses compagnons Andries Pels[30], comme lui membre du groupe Nil Volentibus Arduum, et Govert Bidloo[31] obtinrent également beaucoup d'attention[32]. Tobias van Domselaer a été régent du théâtre pendant 22 ans, dont 13 durant lesquels il partagea ce mandat avec Jan Vos qui, maintes fois réélu, occupera le poste pour 19 ans, de 1647 à 1667[33]. Le conseil d'administration du théâtre fut réduit à la moitié en 1691 pour ne garder que deux administrateurs. Par la suite, Joan Pluimer[34] et Pieter Bernagie se montrèrent des administrateurs importants[35].
Cornelis Troost, l'un des peintres hollandais les plus renommés de son époque, reçut une formation d'acteur et travailla entre 1719 et 1724 au nouveau théâtre d'Amsterdam (Nieuwe Amsterdamse Schouwburg)[36]. En 1774, le premier théâtre de la ville fut ouvert au Leidseplein. En 1786, la Comédie française fut ouverte[37] et en 1791 le théâtre allemand (Hoogduitsche Schouwburg) dans l’Amstelstraat[38].
Sources
- (nl)Ben Albach, De schouwburg van Jacob van Campen, in Oud Holland 85, 1970, p. 85-109
- (nl)Ben Albach & Paul Blom, Uit in Amsterdam. Van schouwburgen en kermissen tussen 1780 en 1813, in La France aux Pays Bas, 1985, p. 125
- (nl)R.B. Evenhuis, Ook dat was Amsterdam, deel III, De kerk der hervorming in de tweede helft van de zeventiende eeuw: nabloei en inzinking, Ten Have, Amsterdam, 1967, p. 39
- (nl)J.H. Giskes, Venetiaanse muziek in zeventiende-eeuws Amsterdam, 1991, p. 185-6
- (nl)K. van der Haven, Achter de schermen van het stadstoneel. Theaterbedrijf en toneelpolemiek in Amsterdam en Hamburg 1675-1750, Walburg Pers, 2008, p. 33
- (nl)S.S. Hoogerhuis in G.J. van Bork & P.J. Verkruijsse (réd.), De Nederlandse en Vlaamse auteurs van middeleeuwen tot heden met inbegrip van de Friese auteurs. De Haan, Weesp, 1985, p. 450
- (nl)J.J. Mak in G.J. van Bork & P.J. Verkruijsse (réd.), De Nederlandse en Vlaamse auteurs van middeleeuwen tot heden met inbegrip van de Friese auteurs. De Haan, Weesp, 1985, p. 73
- (nl)E.C.J. Nieuweboer in G.J. van Bork & P.J. Verkruijsse (réd.), De Nederlandse en Vlaamse auteurs van middeleeuwen tot heden met inbegrip van de Friese auteurs. De Haan, Weesp, 1985, pp. 385-386, 611
- (nl)N.N., Historie van den Amsterdamschen Schouwburg, G. Warnars & P. den Hengst, Amsterdam, 1772
- (nl)N.N., Cornelis Troost, sur le site Internet du Rijksmuseum d'Amsterdam
- (fr)N.N., Nouveau Tableau statistique, historique, d'Amsterdam ou Conducteur général de l'étranger dans cette ville, Joh. Guykens, Amsterdam, 1837
- (nl)Malou Nozeman, 07/04/2009 - Bergh, Ariana van den in Digitaal Vrouwenlexicon van Nederland
- (nl)Andries Pels, Gebruik én misbruik des tooneels (éd. M.A. Schenkeveld-van der Dussen), Tjeenk Willink / Noorduijn, Culemborg, 1978
- (nl)Mieke B. Smits-Veldt, Het Nederlandse renaissance-toneel, HES Uitgevers, Utrecht, 1991
- (nl)Dr. C. Louise Thijssen-Schoute, Lodewijk Meyer en Diens Verhouding Tot Descartes en Spinoza, E.J.Brill, Leyde, 1954
- (nl)Cornelis van der Vijver, Geschiedkundige Beschrijving der Stad Amsterdam: sedert hare sedert hare wording tot op den tegenwoordigen tijd, vol. 2, Gebroeders Diederichs, Amsterdam, 1845
- (nl)Johannes van Vloten, Beknopte geschiedenis der Nederlandsche letteren, H.C.A. Campagne, Tiel, 1865, p. 330
- (nl)J.A.W., Pieter Bernagie in G. Frederiks & F. Jos. van den Branden, Biographisch woordenboek der Noord- en Zuidnederlandsche letterkunde, L.J. Veen, Amsterdam, 1888-1891, p. 60
- (nl)Jan te Winkel, De ontwikkelingsgang der Nederlandsche letterkunde IV, Geschiedenis der Nederlandsche letterkunde in de eerste eeuw der Europeesche staatsomwentelingen (2), De erven F. Bohn, Haarlem, 1924, seconde édition, pp. 232-233
- (nl)J.A. Worp, Geschiedenis van den Amsterdamschen schouwburg 1496-1772 (éd. J.F.M. Sterck), S.L. van Looy, Amsterdam, 1920
- (nl)J.A. Worp, Geschiedenis van het drama en van het tooneel in Nederland, deel 2, Wolters, Groningue, 1907
- (nl)Christian Nicolaas Wybrands, Het Amsterdamsche tooneel van 1617-1772, J.L.Beyers, Utrecht, 1873
Références
- Albach 85
- N.N. Historie van den Amsterdamschen Schouwburg 15
- Albach 86
- Smits-Veldt 77
- N.N. Historie van den Amsterdamschen Schouwburg 11-12
- Worp Amsterdamschen Schouwburg 31
- Albach 89
- Albach 95
- Pels 13
- Albach 90
- Nieuweboer 611
- Worp Drama en Tooneel 34
- Nozeman inghist.nl
- Albach 108
- Worp Amsterdamschen Schouwburg 128
- N.N. Historie van den Amsterdamschen Schouwburg 16
- Evenhuis 39
- Albach 101-103
- Worp Amsterdamschen Schouwburg 131
- N.N. Historie van den Amsterdamschen Schouwburg 28
- Worp Amsterdamschen Schouwburg 130
- Worp Amsterdamschen Schouwburg 172
- Haven 33
- Giskes185-6
- Worp Amsterdamschen Schouwburg 154
- Worp Amsterdamschen Schouwburg 192
- Wybrands 212
- Van der Vijver 45
- Nieuweboer 385
- Van Vloten 330
- Mak 73
- Thijssen-Schoute 2
- Te Winkel 232-233
- Hoogerhuis 450
- J.A.W. 60
- N.N. Rijksmuseum
- N.N. Tableau 141
- Worp Amsterdamschen Schouwburg 252
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