- De Egelantier
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De Egelantier (variantes orthographiques : Egelantier et Eglentier) est une des chambres de rhétorique d'Amsterdam. Son origine remonte au moins à la fin du XVe siècle. Elle fut fusionnée avec une autre chambre de rhétorique amstellodamoise en 1632.
Sommaire
Bref historique
Introduction
Cette chambre de rhétorique, qui devint l'une des plus célèbres dans les Pays-Bas septentrionaux, surgit à Amsterdam en 1517 ou en 1518, peut-être en tant que société reconstituée[1] dans le sillage d'associations plus anciennes. Son insigne consistait en une églantine rose, fleurissante (la rose sauvage était un symbole de l'amour), sous la forme d'une croix à laquelle était suspendue la figure du Christ[2] ; sa devise était : « En amour, florissant » (In Liefde Bloeiende). L'un des dirigeants les plus importants de la chambre était Hendrik Laurenszoon Spiegel. D'autres membres éminents furent Laurens Reael, Roemer Visscher, Dirck Volkertszoon Coornhert, Pieter Corneliszoon Hooft et Gerbrand Adriaenszoon Bredero[3], et encore Reynst, Rendorp, Samuel Coster, Albert van der Burch, Hendrik de Keyser et Theodore Rodenburg[4].
XVe – XVIe siècle
Avant l’Altération d’Amsterdam
La majeure partie de ce qu'on connaît aujourd'hui au sujet du fonctionnement de ce genre de sociétés, provient des archives de la ville et de la guilde. La chambre De Egelantier est documentée à partir des années 1490 : il s’agit des plus anciennes traces d’activités rhétoriciennes à Amsterdam. Ainsi, on trouve des données sur la participation de la chambre à une compétition à Malines[5]. Et une chambre amstellodamoise du même nom participa en 1496 au concours du landjuweel à Anvers[6]. Lors de la Joyeuse Entrée de Philippe le Beau, en 1497, des rhétoriciens amstellodamois jouèrent des « esbatements » et des tableaux vivants (« batementen en stomme figuren »). Si, dans une lamentation imprimée en 1634, Treurklacht van Liefd'Bloeyende (Plainte de l'amour florissant), il est suggéré que cette société poétique et dramatique avait été opérationnelle depuis 130 ans - donc à partir de 1504 -[5], en 1518 elle est mentionnée comme la « vieille » société dramatique de la ville[3], recevant une subvention annuelle de la ville[1],[7], ce qui mène à croire que la chambre, qui avait reçu, un an auparavant, des statuts ainsi qu'un blason offert par Charles Quint[7], mais qui fut apparemment déjà actif à la fin du XVe siècle, avait été reconstituée sous l'une ou l'autre forme[5]. En 1520, les rhétoriciens participèrent à plusieurs festivités de la ville et produisirent une pièce sur l'histoire de Pyrame et Thisbé. En 1526-1527, les registres de la chambre des comptes du Comté font état de lettres du bailli (schout), du bourgmestre et de l'administration d'Amsterdam concernant certains jeux, blasphématoires et dérisoires à l'égard du Saint-Sacrement de la Sainte Église et d'autres institutions vénérables, montés devant l'hôtel de ville et dans d'autres maisons par certains rhétoriciens. En 1527 eut lieu un concours entre rhétoriciens à Amsterdam.
En 1533, les autorités de la ville interdirent aux rhétoriciens amstellodamois de jouer des esbatements sans l'accord et la censure préalable des dites autorités[7]. La société a été populaire pendant la deuxième moitié du XVIe siècle et de nombreux artistes de grand renom s'y sont affiliés, bien qu'elle ne reçoive que peu de patronage de la ville, même pas lors de la Joyeuse Entrée, en 1549, de Charles Quint, de qui la chambre avait reçu son blason[6] en 1518[8]. Les chercheurs ont expliqué cela par la nature réformiste des pièces et des poèmes produits durant cette période, rendant dangereux tout patronage politique.
En 1546, la chambre participa à un concours à Gouda[9]. On connaît des moralités du XVIe siècle écrites par des membres de la chambre : Menschelijcke Broosheit (Vulnérabilité humaine) de 1551, et, de la même période Van Moortdadigh werk en manhatighe tanden (Des œuvres meurtrières et des dents hargneux), montrant une scène de guerre[4]. Le 28 juillet 1561, la chambre remporta cinq prix à Rotterdam, et en 1616 quatre à Vlaardingen[10].
Après l’Altération d’Amsterdam
Dans le courant de la révolte néerlandaise, les chambres de rhétorique se virent prohibées par le gouverneur espagnol des Pays-Bas, le duc d'Albe, mais en 1578 la chambre de l’Egelantier fut rétablie à la suite de l'Altération d'Amsterdam, par laquelle le gouvernement catholique de la ville fut renversé[11]. À partir de cette année, et jusqu'en 1601, la chambre, dont Spiegel est à cette époque le facteur (c'est-à-dire, le dramaturge ou poète en titre), publiera régulièrement des chansons de Nouvel An[12]. Après la prise d'Anvers par Alexandre Farnèse en 1585, entraînant le déclin de la chambre de rhétorique De Violieren, l’Egelantier devint la chambre la plus prestigieuse des anciens Pays-Bas : cinq bourgmestres[13] et huit échevins comptaient parmi les membres en 1581[4],[14].
Un des plus grands mérites de cette chambre réside dans le soin porté à la purification de la langue et à sa structure, jadis d'autant plus nécessaires puisque le néerlandais pullulait de mots bâtards. Spiegel écrivit, en collaboration avec Coornhert et Roemer Visscher, quatre ouvrages sur les nouveaux principes de la langue, notamment sur la grammaire en 1584, la dialectique en 1585 et la rhétorique en 1587[4],[15]. En cette dernière année, évoluée d'une société poétique vers une compagnie de théâtre, la chambre prit en charge les deux représentations dramatiques données au Damsluis et dans la Oude Doelenstraat à l'occasion de l'entrée du comte de Leicester[16].
L'afflux de nombreux poètes doués originaires des Pays-Bas méridionaux non seulement fit croître le nombre de membres de la chambre d’Egelantier, mais causa également la création de chambres concurrentes comme ’t Wit Lavendel (La lavande blanche), créée en 1598[17] (où Joost van den Vondel était actif, parmi d'autres)[18], après quoi la chambre de l’Egelantier reçut le sobriquet de « la vieille chambre ».
XVIIe siècle
Des recueils de chansons rassemblant des œuvres produites par les membres de cette chambre, furent, entre autres, publiés en 1602, Den Nieuwen Lusthof (Le nouveau jardin de plaisance), en 1610, Den Bloemhof (Le jardin de fleurs), et en 1615 Apollo (Apollon)[4].
Si les relations avec la chambre brabançonne d'Amsterdam, ’t Wit Lavendel, furent optimales[4], après 1610 il y eut des difficultés internes au sein de l’Eglantier[3]. En 1613, Bredero écrivit une lettre, publiée en 1615 et adressée à un autre membre de la société, le peintre de verre Visscher, dans laquelle il se plaignit du déclin de la chambre[19]. Vers la même époque, il s'insurgea contre les comédiens étrangers, en particulier ceux venus d'Angleterre : « On est des rhétoriciens, pas des comédiens » (« Wy syn rederijckers en gheen gheckmakers »)[20]. En 1617, Samuel Coster et un groupe de membres firent sécession et fondèrent la chambre de rhétorique Duytsche Académie[3].
Lorsque Rodenburg partit en 1619, Jan Harmensz. Krul reprit la direction de la vieille chambre. Sa comédie Diana (Diane) fut représentée par la chambre en 1623. Toutefois, il ne put arrêter le déclin[4]. Pas plus que deux ans après la fusion des chambres ’t Wit Lavendel et Duytsche Academie, en 1630[21], les bourgmestres d'Amsterdam prirent l'initiative, le 7 juillet 1632, d'unir cette nouvelle société à l’Egelantier dans une nouvelle chambre de rhétorique du nom d’Amsterdamsche Kamer, apparaissant dans les sources aussi sous le nom de De Vergulden Byekorf (La ruche dorée), Bloeyende Eglantier (L'Églantier fleurissant) et l’Academie (Académie), portant la devise : « Grâce à la ferveur de l'amour, florissante ». Les rhétoriciens ne marquèrent pas tous leur accord avec cette fusion, et l'un d'entre eux, Jan Harmensz. Krul, fonda par la suite, en mai 1634, la Musijckkamer, une chambre musicale[22] qui, toutefois, fit faillite un an plus tard, en 1635. L’Amsterdamsche Kamer fut conduite, dans ses premières années, par Willem Dircksz. Hooft, Steven Vennecool, Heereman Dircksz. Coorenkind, Johan Meurs et Meyndert Voskuyl. En 1637, le premier vrai théâtre à Amsterdam, construit par Jacob van Campen, fut fondé par la chambre de rhétorique. Peu de choses sont connues sur ce qui se passa ensuite avec la chambre de rhétorique. Il existe une liste des dirigeants de la chambre de 1664 (datant d'un an avant la construction du « nouveau théâtre »), sur laquelle figurent les noms de Cornelis Withenoon, Jan Vos, Tobias van Domselaer, Jacob van der Poel et Cornelis de Vries.
Sources
- (nl)Gustaaf Asaert, 1585: de val van Antwerpen en de uittocht van Vlamingen en Brabanders, Lannoo Uitgeverij, Tielt, 2004
- (nl)F. C. van Boheemen, Th. C. J. van der Heijden (réd.), Retoricaal memoriaal: bronnen voor de geschiedenis van de Hollandse rederijkerskamers van de middeleeuwen tot het begin van de achttiende eeuw, Eburon Uitgeverij B.V., 1999
- (nl)D.J. Balfoort, Het muziekleven in Nederland in de 17de en 18de eeuw, P.N. van Kampen & Zoon, Amsterdam, 1938
- (nl)Jan ten Brink, Schets eener geschiedenis der Nederlandsche letterkunde, Hugo Suringar, Leeuwarden, 1867, p. 180
- (nl)Casparus Commelin, Beschryvinge van Amsterdam: Zynde een Naukeurige vverhandelinge van desselfs eerste Oorspronk uyt den Huyse der Heeren van Amstel, en Amstellant, Haar Vergrooting, Rykdom, en Wyze van Regeeringe, tot den Jare 1691; Tweede Druk, Tweede Deel, Amsterdam, A. van Damme &c, 1726,
- (nl)Arjan van Dixhoorn, Lustige geesten: rederijkers in de Noordelijke Nederlanden (1480-1650), Amsterdam University Press, 2009
- (nl)K. ter Laan, Letterkundig woordenboek voor Noord en Zuid, G.B. van Goor Zonen's Uitgeversmaatschappij, La Haye/Jakarta, 1952, (seconde impression), p. 245
- (nl)G.D.J. Schotel, Geschiedenis der rederijkers in Nederland, Tweede Deel, J.C. Loman Jr., Amsterdam, 1864, p. 229-230
- (en)Marijke Spies, Rhetoric, rhetoricians, and poets: studies in Renaissance poetry and poetics, Amsterdam University Press, 1999
- (en)Gary Waite, On the stage and in the streets. Rhetorician drama, social conflict and religious upheaval in Amsterdam (1520-1566), in : Bart A.M. Ramakers (réd.), Lustige geesten: rederijkers in de Noordelijke Nederlanden (1480-1650), Amsterdam University Press, 2003
Références
- Van Boheemen & Van der Heijden 31
- Ter Brink 185
- Balfoort 77
- Ter Laan 245
- Van Boheemen & Van der Heijden 36
- Balfoort 76
- Van Boheemen & Van der Heijden 37
- Ter Brink 180
- Ramakers 164
- Schotel 230
- Spies 61
- Van Boheemen & Van der Heijden 42
- Commelin 659
- Van Boheemen & Van der Heijden 43-44
- Spies 62
- Van Boheemen & Van der Heijden 44
- Van Boheemen & Van der Heijden 48
- Asaert 180
- Van Boheemen & Van der Heijden 54
- Van Boheemen & Van der Heijden 57
- Balfoort 78
- Balfoort 79
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