- Eerste Nederduytsche Academie
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Eerste Nederduytsche Academie, la première académie néerlandaise, fondée par Samuel Coster à Amsterdam, fut à la fois une chambre de rhétorique et un institut d'enseignement supérieur[1].
Sommaire
Bref historique
1617-1619
Le 1er août 1617 fut posée la première pierre d'une construction en bois, achevée dans un délai de deux mois, et devant abriter l'académie sur un terrain sis au Keizersgracht, propriété de Lambert Lambertsz., membre de la chambre de rhétorique de l’Eglantier (L’Églantier)[2].
Les fondateurs de cette institution, née d'une sécession amicale[3] suite à des divergences d'opinion au sein de la « Vieille chambre » de rhétorique, De Eglantier, voulurent monter de meilleurs spectacles que ceux que cette dernière société put offrir à cette époque. Un autre objectif, qui fut peut-être plus important encore, était de dispenser l'enseignement supérieur en langue vernaculaire, le néerlandais. Bredero et Hooft étaient grands partisans de Samuel Coster[1]. Les fondateurs de l'institut ont dû avoir en tête l'Académie de Platon et l'Académie de Florence, créée à l'instar de la précédente. Le programme est suggéré dans le jeu de Suffridus Sixtinus intitulé Apollo over de inwijdinghe van de Neerlantsche Academia (Apollon sur l'inauguration de l'académie néerlandaise), dans lequel apparurent : Clio (muse de l'histoire), Euterpe (muse de l'arithmétique et de la géométrie), Terpsichore (muse de la danse et fondement de la véritable sagesse ; « rechte wijsheyts gront ») et Uranie (muse de l'astrologie et l'astronomie), la poésie, la danse et la musique appartenant aux activités de l'Académie. En 1618, dans le jeu annuel, on présente ses excuses pour n'avoir pu remplir toutes les promesses, et au programme s'ajoutent les figures allégoriques de Thémis (déesse, ici représentant les droits) et Esculape (dieu de la médecine)[4].
L'académie, portant comme devise le mot « zèle » (Ijver) et dont le blason représentait une ruche sous un églantier[1], fut inaugurée le 23 septembre 1617 par la représentation de la pièce de Sixtinus et par la tragédie Vande moordt begaen aen Wilhelm van Orangien (Meurtre commis sur Guillaume d'Orange), de Gijsbert van Hoghendorp[1].
L'académie disposait, dès sa fondation[5], d'un imprimeur privilégié qui n'obtint jamais un monopole[6], Nicolaes Biestkens, de qui elle eut besoin pour l'impression d'affiches, de programmes, d'invitations et, éventuellement, de discours, ainsi qui pour de poèmes de circonstance, de chansons de Nouvel An et de pièces de théâtre[5]. Biestkens non seulement imprimait pour l'Académie et les « académiciens » la plus grande partie de leurs ouvrages mais, de plus, tenait une librairie tout près de leur bâtiment[7].
Contrairement à d'autres établissements d'enseignement supérieur, cet institut fut un établissement privé, ne bénéficiant d'aucun subside pour les salaires des professeurs ni d'infrastructure mise à la disposition par les autorités, les étudiants n'étant pas exempts de toutes sortes de taxes et l'Académie n'ayant aucune compétence juridique[8].
L'Académie de Coster différait entièrement de l'Université de Leyde, un lieu d'apprentissage de l'église du Christ (« kweekhof voor de kercke Christi ») où la crainte de Dieu fut le principe de toute sagesse, et où, initialement, les étudiants durent même prêter serment à la religion ; c'était aussi le lieu où Johannes Walæus donna des conférences sur l'éthique d'Aristote afin de munir les jeunes hommes chrétiens au préalable contre la lecture, toutefois nécessaire, des classiques. L'orientation spirituelle de Coster et des siens fut classique, voire païenne : ils estimèrent que la science l'emporte sur la foi. Ainsi, Coster souhaitait, en 1619, « que la science utilise son zèle pour édifier la bourgeoisie par amour »[4].
Il est donc peu étonnant que les prédicateurs calvinistes de l'époque, n'approuvant pas l'initiative, exhortassent le conseil municipal (Vroedschap) à fermer l'institut ; les pièces ne leur convinrent pas, ni d'ailleurs le fait que les deux premiers professeurs furent des mennonites ; il s'agissait de Sybrandt Hansz. Cardinael (professeur d'arithmétique[1] et logique[4]) et Jan Theunisz (professeur d'hébreu)[8]. Les attaques continuèrent même après que l'institut fut forcé de cesser la pratique des sciences en 1619[1], une mesure qui avait mené Coster à une mise en scène dans laquelle les muses paraissent la bouche verrouillée[9].
1619-1635
Lorsque la composition du vroedschap fut modifiée, en 1622, la situation se redressa tout à fait : les prédicateurs les plus ardents, comme Smout, furent même bannis par les autorités municipales en 1630[9]. Toutefois, encore en 1631, Vondel suscitera de vives réactions auprès des calvinistes avec Vraghe van d'Amsterdamsche Academi aan alle poëten en dichters (Question des académiciens amstellodamois à tous les poètes)[1]. Au bout du compte, l'école « d'exercices » (Oeffenschool) qu'avait envisagée l'Académie, fut fondée tout de même[1] : le 8 janvier 1632[10], malgré l'opposition explicite de l'Université de Leyde et des républicains suisses[9] ; la ville prit l'initiative de créer une école « illustre » (Illustre School[1] ou Athenæum Illustre) comme école préparatoire pour l'Académie[9], mais où l'on ne dispensait toutefois pas l'enseignement dans la langue maternelle[1]. Caspar Barlæus, limogé à Leyde pour cause de son arminianisme, et Vossius, également mis au pied du mur à Leyde, seront nommés professeurs. Cette École Illustre, qui fut à l'origine de l'Université d'Amsterdam, peut être considérée comme la continuation, sous une autre forme, de l'Académie de Coster[9].
En 1635, l'Académie et la chambre de rhétorique De Eglantier fusionnèrent, à la demande de l'orphelinat et de l'hospice de personnes âgées (Oude-Mannenhuis) dans la chambre amstellodamoise (Amsterdamsche Kamer)[1].
Le point fort de l'académie résidait surtout dans la comédie et la farce :
- Coster : Teeuwis de boer (Teeuwis, le paysan) et Tiisken vander Schilden
- Bredero : Lucelle, De klucht van de Koe (La farce de la Vache), De Klucht van Symen sonder Soeticheyt (La farce de Symen sans suavité), De Klucht van den Molenaer (La farce du meunier), Het Moortje (Le petit Maure), Spaansche Brabander (Le brabançon espagnol)
- Hooft : Warenar[11].
Sources
- (nl)J. Brouwer in G.A. van Es en G.S. Overdiep, Geschiedenis van de letterkunde der Nederlanden. Deel 4, Teulings' Uitgevers-maatschappij L.C.G. Malmberg/Standaard Boekhandel, Bois-le-Duc/Bruxelles, s.l. [ 1948 ], p. 254-266
- (nl)P.J. Koopman, Nicolaes Biestkens en de Nederduytsche Academie in De zeventiende eeuw. Jaargang 8, Uitgeverij Verloren, Hilversum, 1992, p. 123-128
- (nl)K. ter Laan, Letterkundig woordenboek voor Noord en Zuid, G.B. van Goor Zonen's Uitgeversmaatschappij, La Haye/Djakarta, 1952 (second tirage), p. 366-367
- (nl)Jan te Winkel, De ontwikkelingsgang der Nederlandsche letterkunde III. Geschiedenis der Nederlandsche letterkunde van de Republiek der Vereenigde Nederlanden (1). Les héritiers F. Bohn, Haarlem, 1923, seconde impression
Références
Catégories :- Amsterdam
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