- Karel Broeckaert
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Karel Broeckaert Portrait d'époque de Karel BroeckaertActivités Auteur
Metteur en scène
Publiciste
PoèteNaissance 22 mai 1767
Gand
Pays-Bas autrichiensDécès 11 août 1826 (à 59 ans)
Alost
Royaume des Pays-BasLangue d'écriture néerlandais Mouvement Siècle des Lumières Genres Poésie
Genre spectarioralKarel Broeckaert, né à Gand, le 22 mai 1767, mort à Alost, le 11 août 1826, est un auteur, publiciste et poète flamand d'expression néerlandaise.
Biographie
On connaît peu, sinon rien, sur l'enfance de ce fils de Jacob Jan et Suzanna Petronella Jaspaert. Peu de temps après la première attaque des occupants français à Jemappes, le 6 novembre 1792, il publia dans sa ville natale un courant, initialement sous le titre Nieuws van Vader Roeland pendant van Père Duchène (Nouvelles de père Roland, pendant de Père Duchène), titre faisant allusion à son modèle : le journal ultra révolutionnaire Le Père Duchesne, d'Hébert à Paris. Après dix fascicules, ce titre fut changé en Dagelyks Nieuws van Klokke Roeland (Nouvelles quotidiennes de la Cloche Roland), avec comme devise : Als ik kleppe 't is brand, Als ik Luye 't is Victorie in 't land (Je bats quand il y a un incendie et je sonne quand la patrie est victorieuse). L'éditeur, alors âgé de vingt-cinq ans, a cherché à vulgariser les idées républicaines, de préférence en des lignes savoureuses : « […] cet enthousiasme de raconter, qui m'est inné […] », dit-il dans le quatrième fascicule. Il a arrêté l'entreprise à la veille de la Restauration autrichienne, après 70 fascicules (décembre 1792 - mars 1793[1].
Il prit une nouvelle initiative après le retour des Français, lorsque le Directoire fut installé à Paris. Son journal De Sysse-panne ofte den Estaminé der Ouderlingen (La saucière ou l'estaminet des anciens) parut, en principe, deux fois par semaine. Un millier de pages auraient vu le jour entre le 31 octobre 1795 et le 20 mai 1798. Le nom fait allusion à l'expression « iemand zijn saus - sijsse, en dialecte gantois - geven » ; en d'autres termes, dire quelqu'un la vérité en face. Le magazine a été présenté comme « une réponse aux écrits anonymes, calomnieux et injurieux, diffusés parmi le peuple » (Gazette van Gend, 12 novembre 1795)[2]. La véritable cible était, pendant les premiers mois, le magazine gantois Den Demokraet (Le démocrate)[1]. Ses rédacteurs propageaient des idées dans la ligne de la Convention nationale gauchiste. Broeckaert, par contre, défendit les idéaux du Directoire, un régime dans lequel seuls les riches furent en mesure de s'affirmer[3].
L'humour, des descriptions concises et un langage coloré et animé, sont les principales caractéristiques du style de Broeckaert[4]. Il est clair qu'il connut un certain nombre d'auteurs éclairés, tels que Voltaire, qu'il cite et dont il assimile les idées dans ses propres écrits[5]. En outre, il cite les philosophes français et anglais (Diderot, Raynal, Franklin, Adam Smith et Hobbes), et il se situe politiquement du côté des républicains, mais ses opinions demeurent modérées. Il défend la religion, tout en dénonçant la superstition et la dévotion populaire. Il se rallie au menu peuple, au tiers état, et désigne les habitants des Pays-Bas septentrionaux comme des compatriotes[4].
Dans la plupart des fascicules, un groupe de personnages fictifs discute les nouvelles du jour : le tolérant républicain Bitterman (en qui on a voulu voir l'incarnation des anciens Vonckistes), le jacobin radical Deugdelyk Herte (un nom de plume qui signifie Cœur Vertueux ; sans doute faisant allusion à un ancien partisan de l'empereur Joseph II), et leur antipode Gysken ; un homme représenté comme vieillot, naïf et parlant le patois, qui demeure fidèle au clergé et à l'Ancien Régime, et à qui il ne plut pas de voir subir son fils Tobias les influences jacobines. La cessation des activités, le 20 mai 1798, est, de toute vraisemblance, à mettre en relation avec un resserrement de la politique gouvernementale par rapport à la presse[3].
Le style narratif et le dialogue sont inspirants : selon R.F. Lissens, on lit chez lui des « pages qui se distinguent par leur esprit vif, leur réalisme populaire dans la représentation, et le langage vivant, axé sur la didactique » ; des qualités par lesquelles ce journalisme a devancé ’t Jaer 30 de Guido Gezelle. Historiquement, le magazine de Broeckaert représentait plutôt un spécimen tardif de la famille des écrits « spectatorials » publiés avec grand succès en Angleterre et dans les Provinces-Unies, à l'instar de Richard Steele et Joseph Addison (noms qui apparaissent de temps à autre dans Sysse-panne)[3].
Environ un an et demi après la cessation commença une nouvelle série selon une formule, mise à jour : Briefwisseling tusschen Vader Gys en verscheyde andere geleerde Personnen van zynen tyd (1799-1800 ; Correspondance entre le père Gys et différents autres érudits de son temps). Cette initiative visait à lutter contre un nouveau magazine lancé par un autre écrivain gantois, Jacob Jan Antheunis : De Protocole Jakobs, Soone Johans, Soone Balthazars, die de Vryheyd der Gaulen, ende de goede uytvoering hunner Wetten lief heeft (Le Protocole de Jacques, fils de Jean, fils de Balthazar, qui désire la liberté des Gaulois et la juste application de leurs lois)[6].
Dans ce magazine, Antheunis attaqua de nombreux administrateurs locaux de l'époque passée du Directoire, et plus particulièrement Reinier du Bosch, qui lui était depuis le 11 août 1799 déposé en tant que représentant du Directoire auprès du gouvernement du département de l'Escaut sur la base d'accusations d'extorsion. Dans la polémique constante avec les journaux de « Vader Gys », Antheunis cite Karel Broeckaert en tant qu'auteur. On peut supposer qu'il ne s'est pas trompé tout le temps. Il n'épargne Broeckaert que peu : il fait allusion à une consommation abusive d'alcool et à un mauvais mariage. Il lui reproche surtout que, en étant la cause de l'apathie politique du grand public, il sert les intérêts d'hommes d'état corrompus. En outre, il se moque de sa langue parfois dialectique[6].
D'autres écrits périodiques diffamatoires ont été distribués à Gand, jusqu'à ce que le préfet du département, Faipoult, interdise, le 1 messidor VIII (20 juin 1800), la publication de tous les journaux, sauf un : la vieille Gazette van Gend (Gazette de Gand). Karel Broeckaert était déjà logé à Alost, où il avait été nommé greffier de la Justice de paix. S'il n'est pas exclu qu'il soit mis à l'écart par une promotion, il se peut tout de même qu'il s'agisse ici d'un signe d'approbation de ses efforts des dernières années. D'Alost, il envoya un message au Gazette van Gend dans lequel il niait toute implication dans la nouvelle série de la Sysse-panne, ajoutant qu'il passait pour l'auteur uniquement parce qu'il avait coopéré de temps à autre. Pour ce qui concerne la seconde série de la Syssepanne (1799-1800), la littérature spécialisée a plutôt voulu accorder un rôle de premier plan à un concitoyen et contemporain de Broeckaert : Jozef Bernard Cannaert[6],[7].
À Alost, Broeckaert devint un membre actif et metteur en scène de la chambre de rhétorique des Catharinistes. Il représentait cette chambre lors des concours de poésie, un phénomène qui connut une floraison exceptionnelle dans la décennie 1801-1810 dans les départements de la Lys et de l'Escaut. Il envoya ses écrits, entre autres, au concours de Wakken en 1806 (Het Zoenoffer van Christus ; le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ), de Bruges en 1808 (De Laster ; la calomnie) et d'Ostende en 1809 (De Wulpsheid : la lascivité). Ces poèmes répondirent, à la grande consternation de son créateur, dans une bien moindre mesure aux attentes des auditeurs que, par exemple, l'envoi de son concitoyen J.B.F. Hoffmans. À Hoffmans furent réservés des lauriers dans les trois compétitions susmentionnées, alors que Broeckaert n'en obtint à Bruges que grâce à la relation non désintéressée, de réciprocité, avec l'ecclésiastique brugeois J.B. Dienberghe. Ainsi, le poème épique sur la calomnie, imprimé sur 8 pages en 1809 à Alost, en est la preuve durable que ses talents littéraires furent dirigés vers autre chose que la poésie. Du reste, parmi les œuvres de circonstance rimées qu'on connaît de lui, un nombre de poèmes de Nouvel An méritent d'être mentionnés, dont Aesopus in Aelst pour l'année 1813, copié dans un cahier de poèmes de Broeckaert et de plusieurs de ses concitoyens[7].
Avec Hoffmans, l'auteur précité, il était le secrétaire du concours bilingue de poésie sur le thème des Belges, organisé par la chambre des Catharinistes, le 15 novembre 1807. Les lauréats étaient Pieter Joost de Borchgrave de Wakken, en langue néerlandaise, et Philippe Lesbroussart, qui venait de déménager de Gand à Alost, en langue française. Ce bilinguisme ne serait pas[7] le résultat d'interférences de la part du régime napoléonien, comme cela a souvent été suggéré[8]. Le concours donnant lieu à l'établissement de contacts avec la Seconde Classe de l'Institut royal d'Amsterdam, Broeckaert espérait pouvoir collaborer avec des auteurs néerlandais à une histoire des chambres de rhétorique[4].
Pour des almanachs, il écrivit de la prose narrative : Jellen en Mietje, Het avondpartijtjen, Meester Nayer. La fameuse étude de mœurs Jellen en Mietje (écrite en 1811 et publiée en 1815) décrivant un flirt à Gand, est considérée comme la première nouvelle flamande et, probablement, une première esquisse d'un roman[5].
Dans ces années à Alost, Broeckaert ne réalise qu'une seule œuvre exceptionnelle : Dobbele Schapers Almanak, de 1816, comprenant des perles en prose qui rappellent l'époque des évocations, riches en couleurs et sons, de la vie populaire à Gand de la Sysse-panne[8]. En outre, à l'occasion de la restitution à la ville d'Alost, la même année, du retable de saint Roch de Pietro Paolo Rubens, enlevé de force par les occupants français dits révolutionnaires, il écrivit Wederkomst van het ontstolen tafereel (Retour du tableau volé)[9]. Entre-temps, l'auteur s'était séparé (Alost, le 9 messidor XI, c'est-à-dire le 28 juin 1803), de Barbara Francisca Gheerts, qui annonça le divorce « pour des raisons d'incompatibilité de nature et de caractère » dans la Gazette van Gend du 6, 9 et 16 thermidor (c'est-à-dire, le 25, le 28 juillet et le 4 août). Bien qu'il mourût relativement jeune, le 11 août 1826, Broeckaert survécut à sa femme ainsi qu'à une seconde épouse, Maria Carolina van Nuffel[8].
Sources
- (nl)G.J. van Bork & P.J. Verkruijsse (réd.), Broeckaert, Karel, De Nederlandse en Vlaamse auteurs van middeleeuwen tot heden met inbegrip van de Friese auteurs, De Haan, Weesp, 1985, p. 109
- (nl)J.G. Frederiks & F. Jos van den Branden, Karel Broeckaert, Biographisch woordenboek der Noord- en Zuidnederlandsche letterkunde, L.J. Veen, Amsterdam, 1888-1891, p. 116
- (nl)J. Huyghebaert, Jellen en Mietje (éd. J. Huyghebaert), Facultés Universitaires Saint-Louis, Bruxelles, 1992 (fac-similé de l'édition de 1816)
- (nl)Jozef Smeyers, Broeckaert, Karel, notice biographique sur le site Web de Literair Gent
Références
- Huyghebaert 1
- cité de : Huyghebaert 1 « […] eene beantwoordinge aen de naemlooze Smaed- en Schimpschriften, die dagelyks onder het Volk gestroyt worden […] » ;
- Huyghebaert 2
- Smeyers (literair.gent.be en ligne)
- Bork & Verkruijsse 109
- Huyghebaert 5
- Huyghebaert 6
- Huyghebaert 7
- Frederiks &Van den Branden 116
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