- Bataille de Madagascar
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Craignant que l’Inde se retrouve isolée, les forces britanniques mènent, le 5 mai 1942, l’opération Ironclad, appelée également bataille de Madagascar ou bataille de Diego-Suarez. C’est une invasion amphibie de la colonie française de Madagascar, à Diego-Suarez, commandée par le gouverneur général vichyste Armand Annet en place depuis avril 1941.
Sommaire
Préambule
Au début de l'année 1942, les dirigeants des forces alliées pensent que les ports de Madagascar pourraient être utilisés par les Japonais.
Par ailleurs, les Allemands surveillent de près si le gouvernement de Vichy fait son possible pour maintenir le pays dans la neutralité.
Après la conquête de l'Asie du Sud-Est (à l'est de la Birmanie à la fin de février 1942), le haut commandement japonais déplace son axe d’effort vers l’Ouest. Les sous-marins de la flotte impériale japonaise se déplacent librement dans l'ensemble de l'océan Indien. Du 31 mars au 10 avril 1942, les Japonais mènent des raids sur les ports britanniques dans l'océan Indien en particulier sur Colombo, Trincomalee et Batticaloa situés sur l'île de Ceylan.
Ce raid conduit les Britanniques à déménager dans une nouvelle base, plus lointaine: Kilindini, proche de Mombasa, au Kenya. De ce fait le passage de la flotte britannique ouvre aux Japonais un nouvel angle d'attaque.
Si elles utilisent les bases de Madagascar, les forces navales japonaises menaceront les lignes de communication alliées dans une région qui s'étend du Pacifique à la France, au Moyen-Orient et à l'Atlantique sud, affectant également le ravitaillement de la 8e armée et de la flotte britannique de l'Est, dans les océans Indien et Pacifique.
Le états-majors britanniques décident de lancer un assaut amphibie sur Madagascar. Le plan est connu sous le nom de « opération Ironclad ». Les forces alliées s’appuient principalement sur la British Army et la Royal Navy. Elles sont commandées par le major-général Robert Sturges des Royal Marines.
Les forces alliées navales sont composées de plus de 50 navires, établis à partir de la Force H, de la British Home Fleet et de la flotte britannique de l'Est, commandée par l'amiral Edward Neville Syfret.
La flotte comprenait l'Illustrious, son navire-jumeau l'Indomitable et le vieux Ramillies afin de couvrir le débarquement.
L’opération Ironclad
Dans la nuit du 4 mai 1942, une puissante escadre, commandée par le contre-amiral Syfret, à bord du cuirassé Ramillies, appuyée par les porte-avions Illustrious et Indomitable, aux ordres du contre-amiral Boyd, arriva au large de la baie du Courrier face à Diego-Suarez.
Le 5 mai 1942, à 5h10, des explosions de bombes et de torpilles détruisirent les quelques bâtiments de guerre français, qui se trouvaient dans le port de Diego-Suarez. Tous les avions et les navires de la base furent détruits, à l'exception de l'aviso colonial d'Entrecasteaux.
Certains avions lâchaient des tracts réclamant la reddition immédiate et inconditionnelle de l'île.
Les troupes britanniques ont débarqué dans la baie d’Ambararata et dans la baie Courrier, juste à l'ouest du grand port de Diego-Suarez, à la pointe nord de Madagascar. La garnison, sous le commandement du général Guillemet et du capitaine de vaisseau Maerten, d'environ 4 000 hommes, dont 800 Européens, réussit à contenir les assaillants durant toute la journée.
Le général Sturges, commandant des troupes de débarquement, demanda au HMS Ramilllies d'éliminer le d'Entrecasteaux dont le tir précis empêchait le progression à terre. Devant le surnombre l'aviso dû s'échouer, mais les canonniers continuèrent à riposter.
Pendant ce temps, une attaque de diversion était organisée à l'est. Sous le couvert de la nuit, le destroyer Anthony se glissa à l'intérieur du port et y débarqua un détachement de marines du Ramillies. Ceux-ci s'infiltrèrent en arrière des lignes et s'emparèrent de plusieurs points stratégiques.
L'attaque principale fut lancée au jour, le 6 mai, elle perça les défenses : au bout de quelques heures, la dernière batterie côtière se rendit.
Le sous-marin le Héros, rappelé de l'escorte d'un convoi par le commandant Maerten, atteignit la baie du Courrier mais y fut attaqué par la corvette Genista, puis par des appareils de l'Illustrious. Il coula à 5 heures, le 7 mai, vingt-sept membres de son équipage trouvèrent la mort. Un autre sous-marin, le Monge, fut détruit le lendemain, après avoir essayé de torpiller l’Indomitable.
Le 7 mai, après de violents combats, les forces françaises se retirent vers le sud, Diego-Suarez est prise par les Britanniques.
Attaque des sous-marins japonais
Les sous-marins japonais I-10, I-16 et I -20 sont arrivés le 29 mai, trois semaines après le débarquement[1].
L'avion de reconnaissance de l’I-10 a repéré le HMS Ramillies ancré dans le port de Diego-Suarez, l'avion ayant été repéré, le Ramillies s’est déplacé. Toutefois l’I-20 et l’I-16 ont lancé deux sous-marins de poche, dont l'un a réussi à entrer dans le port et a tiré deux torpilles, malgré les grenades anti-sous-marines lancées par deux corvettes.
Une torpille a gravement endommagé le Ramillies, tandis que la seconde a coulé le pétrolier britannique Fidélité, qui fut renfloué plus tard.
Le Ramillies, a été, par la suite, réparé à Durban et Plymouth.
Leur sous-marin de poche (M-20b) échoué, à Nosy Antalikely, le lieutenant Saburo Akieda et maître Masami Takemoto, se déplacent à l'intérieur des terres, près du Cap Amber, pour se cacher. Toutefois, repérés, quand ils ont acheté de la nourriture dans un village, ils ont été tués dans une fusillade avec les Royal Marines, trois jours plus tard.
Le deuxième sous-marin de poche a été perdu en mer et le corps de l'un des membres d'équipage a été retrouvé, le lendemain.
La bataille de Madagascar
François Darlan, alors chef du gouvernement de Vichy, ordonne de résister jusqu'au bout, y compris par des actions de guérilla. Les hostilités se poursuivent pendant plusieurs mois.
En remplacement des deux brigades de la 5e division d'infanterie britannique transférées en Inde, le 22 juin, la brigade de l’Afrique de l'Est (King's African Rifles), la Madagascar.
Le 10 septembre la Majunga, dans le nord-ouest, afin de relancer les opérations offensives alliées.
La progression britannique est lente à cause, des petites escarmouches avec les forces armées de Vichy, et des dizaines d'obstacles érigés sur les routes principales. Toutefois les forces françaises combattent si mollement que c’est sans trop d'opposition que les alliés capturent la capitale, Antananarivo, puis la ville de Ambalavao.
Le 18 octobre, Andriamanalina tombe.
Le 8 novembre 1942, le gouverneur général Armand Annet capitule près de Ihosy, dans le sud de l'île[2].
Les Allemands peuvent avoir l'impression que Madagascar a été bien défendue. Sur les 1 200 Français faits prisonniers, 900 se rallient à la France libre.
Forces en présence
Article détaillé : Ordre de bataille lors de la bataille de Madagascar.Pertes
Françaises
- 150 tués
- 500 blessés
Les navires français se trouvant dans la rade sont coulés :
- le croiseur auxiliaire Bougainville.
- le sous-marin Bévéziers.
- l’aviso colonial d'Entrecasteaux s’échoua.
- les sous-marins de classe Le Redoutable le Héros et Monge sont coulés au large.
Tous les avions sont détruits sur le terrain d'aviation, soit :
- 18 Morane-Saulnier MS.406 et
- 6 Potez 63.11
Ces combats entraînent la mort de l’aviateur Jean Assollant qui avait établi la première liaison aérienne entre les Etats-Unis et la France à bord de "l'Oiseau Canari".
Britanniques
pertes totales :
- 620 hommes au total (avec les morts de maladies) dont :
- 107 tués (30 tués dans les opérations à l’intérieur de l’île).
- 280 blessés (90 blessés dans les opérations à l’intérieur de l’île).
Polémique
Cette opération contre Diego-Suarez, fut ressentie par les Français libres comme un second Mers-el-Kébir.
Cela fait des mois que le général de Gaulle invite les Britanniques à l’aider à intervenir à Madagascar. Ils ont à chaque fois refusé pour agir seuls et sans le prévenir. Personne n’a jugé utile d’informer Charles de Gaulle de cette opération. Il l’apprend par un coup de téléphone d’un journaliste de l‘Associated Press, le 5 mai 1942 à 3 heures du matin.
Sa réaction, face à cette atteinte à la souveraineté nationale, est rapide, violente, extrême et sans appel. Pour lui, les Britanniques ne respectent pas les accords signés et abusent de la faiblesse momentanée pour évincer la France de ses colonies. Au petit matin, de Gaulle se rend au Carlton Garden où il a convoqué tout son état-major. Il leur signifie : « La France libre, c’est fini ! Engagez-vous dans l’armée canadienne, au moins vous combattrez les Allemands ».
Charles de Gaulle joue également la carte soviétique. Il reçoit Bogomolov, l’ambassadeur soviétique à Londres, puis rencontre Molotov qui l’assure du soutien de l’URSS à la France Libre. La constitution de l’escadrille Normandie Niemen, prévue auparavant, s’accélère.
Ces nouvelles sèment l’inquiétude à Downing Street et au Foreign Office. De Gaulle a réussi son bluff.
Toutefois, la crise dure encore trois mois. Les Britanniques gardent le contrôle de l'île jusqu'en janvier 1943, date à laquelle les Forces françaises libres, sous la direction du général Paul Legentilhomme, se voient enfin confier le pouvoir à Madagascar[3]. Legentilhomme est remplacé en mai par le gouverneur général Pierre de Saint Mart.
Bilan
L'impression donnée est que les Britanniques reconnaissent davantage la France de Vichy (comme ennemi dont on peut conquérir et occuper les territoires) que la France libre : les FFL ne sont pas impliquées, les Français qui se sont ralliés sur place ne sont pas utilisés, et une administration militaire britannique se met en place. Pendant toute la durée de l'opération, de Gaulle ne décolère pas.
Si l'on considère, comme le fait Robert Paxton, que l'opération de Madagascar est un coup d'essai pour tester la réaction de Vichy à une invasion alliée (comme ce sera le cas quelques mois plus tard en Afrique du Nord), force est de constater que ce schéma d'une "troisième France" administrée directement par les Alliés, est une préfiguration de la situation politique en Afrique française du Nord entre novembre 1942 et avril 1943. L'affrontement militaire entre Britanniques et Vichystes, puis les trois mois durant lesquels l'île échappe à tout contrôle français, atteignent durement le prestige de la France auprès des Malgaches[4].
Sources
Bibliographie
- Charles de Gaulle, Mémoires de guerre
- Divers sites internet cités en Liens externes
- Amiral Raymond Maggiar, Les Fusiliers Marins de Leclerc, France-empire, 1984
- (en) Eric T. Jennings, Vichy in the Tropics : Pétain’s National Revolution in Madagascar, Guadeloupe, and Indochina, 1940-44
Notes
- Shipwrecks of Madagascar, Eloquent Books, 2008, page 283 Pierre Van Den Boogaerde,
- Madagascar Surrenders html, Time Magazine
- Pierre Montagnon, La France coloniale, tome 2, Pygmalion-Gérard Watelet, 1990, pages 48-49, 176
- Pierre Montagnon, La France coloniale, tome 2, Pygmalion-Gérard Watelet, 1990, page 176
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Opération Ironclad: Invasion of Madagascar en anglais
- La Flotte convoitée de Anthony Heckstall-Smith
- http://histoire-sociale.univ-paris1.fr/Sem/MadagaVichy.pdf Vichy à Madagascar conjoncture, mutations, et Révolution nationale dans la Grande Île
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