- Bataille de Dakar
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La bataille de Dakar est un affrontement naval franco-anglo-français de la Seconde Guerre mondiale – également connu sous le nom de Opération Menace, qui opposa au large de Dakar et sur la presqu'île du Cap-Vert, près de Rufisque, du 23 au 25 septembre 1940, les Forces françaises libres du général de Gaulle et les forces Britanniques, d'une part, et les forces françaises, obéissant au Gouvernement de l'État Français dit de Vichy, dirigées par le gouverneur général Boisson, gouverneur général de l'Afrique occidentale française depuis le 26 juin 1940, de l'autre.
Elle se solda par un échec pour les Britanniques et les Français libres.
Sommaire
Contexte
En septembre 1940, trois mois après l'Appel du 18 Juin, deux mois après la bataille de Mers el-Kébir et l'attaque du Richelieu, par les Fairey Swordfish du porte-avions HMS Hermes, et un mois après le ralliement de l'essentiel de l'Afrique équatoriale française (AEF), le général de Gaulle et les Britanniques pensent pouvoir prendre le contrôle politique et militaire de l'Afrique occidentale française (AOF) qui obéit au Gouvernement de Vichy. Pour de Gaulle, ce serait un second espace de légitimité ; pour les Britanniques, la garantie d'une Afrique dégagée de la menace allemande tout en débarquant des troupes en Afrique. De son côté, le gouvernement de Vichy s'efforçait de rester neutre tout en cherchant à maintenir ses droits sur l'intégrité de l'Empire français.
Forces en présence
Article détaillé : Ordre de bataille lors de la Bataille de Dakar.Déroulement
Le 23 septembre 1940, à l'aube, trois bâtiments de guerre des Forces françaises libres, accompagnés par des navires britanniques (deux cuirassés, le porte-avions Ark Royal, plusieurs croiseurs et destroyers) constituant la Force M commandée par l'Amiral Cunningham[1], se présentent devant Dakar, la capitale de l'Afrique-Occidentale française, pour en demander le ralliement. La visibilité de l'armada alliée est gênée par le brouillard. Pierre Boisson, gouverneur général de l'A.O.F., résolument rangé derrière Pétain, refuse catégoriquement de se rallier, affirmant sa volonté de défendre Dakar « jusqu'au bout »[2].
Les 23-25 septembre 1940 au large du Sénégal, pour la première fois de la guerre, des Français se battent contre des Français. La présence du général de Gaulle, en mer, ne provoque pas les ralliements escomptés et aucune des trois opérations simultanées ne réussit. Le traumatisme de Mers El-Kébir est bien trop récent. Un commando débarqué est arrêté, une tentative de persuasion politique échoue et Georges Thierry d'Argenlieu, arrivé par mer pour parlementer avec un drapeau blanc, est accueilli par un tir de mitrailleuse : lui-même est sérieusement blessé, mais son embarcation parvient à s'échapper.
Dans la nuit du 23 au 24, un ultimatum anglais est alors adressé aux autorités françaises de Dakar leur enjoignant de livrer la place au général de Gaulle. Le texte, fort maladroit, accuse les forces de Dakar de vouloir livrer leurs moyens aux Allemands. Il provoque l’indignation des défenseurs. Le gouverneur général Boisson, commandant la place, répond: « La France m’a confié Dakar. Je défendrai Dakar jusqu’au bout ! » Les Britanniques entament alors une opération militaire mais cette fois, celle-ci échoue grâce à la présence de l'aviation française et aussi de celle de plusieurs croiseurs et contre-torpilleurs, ignorée des Anglais. En effet, le gouvernement de Vichy avait eu vent de ce projet d'attaque surprise et craignant un nouveau Mers-El-Kébir, avait envoyé quelques unités supplémentaires depuis Toulon[3],[4].
Conséquences
L'opération a constitué un tournant idéologique pour les gouvernements, bien plus qu'un affrontement important du point de vue des forces en présence, du nombre des victimes ou des unités militaires détruites ou endommagées. De cette action, Charles de Gaulle sort un temps isolé. Il est d'ailleurs politiquement menacé par l'amiral Muselier accusé à tort d'être à l'origine des fuites qui ont empêché le débarquement. Le jugement de Roosevelt en est durablement affecté[5]. Mais « l'affaire de Dakar » le pose pour Winston Churchill comme alternative crédible à la France de Vichy dans les colonies, après la réussite de l'opération de Leclerc sur l'AEF en août, et à la veille de l'affirmation des Forces françaises libres lors des événements du Liban et de la Syrie face aux Vichystes.
Un mois après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (8 novembre 1942), les autorités vichystes d'Afrique-Occidentale française, convaincues par l'amiral Darlan, finissent par signer le 7 décembre 1942 un accord avec les Alliés, qui remet ce territoire dans la guerre. Lors de la constitution du CFLN, Boisson démissionne ; il est remplacé le 1er juillet 1943 par le gaulliste Pierre Cournarie. Les haut-fonctionnaires vichystes sont progressivement écartés[6].
Notes et références
- Max Gallo , une histoire de la 2de guerre mondiale 1940, Pocket p 357
- Pierre Montagnon, La France coloniale, tome 2, Pygmalion-Gérard Watelet, 1990, pages 28-29
- Étienne Schlumberger, L'Honneur et les rebelles de la marine française.
- Pierre Montagnon, La France coloniale, tome 2, Pygmalion-Gérard Watelet, 1990, page 29
- De Gaulle et Roosevelt
- ISBN 2845861133). Christian Roche, Le Sénégal à la conquête de son indépendance: 1939-1960 : chronique de la vie politique et syndicale, de l'Empire français à l'indépendance, Karthala Éditions, 2001, 286 pages, p. 44 (
Annexes
Articles connexes
- Histoire du Sénégal
- Dakar
- Liste des batailles navales
- Histoire de l'Empire colonial français pendant la Seconde Guerre mondiale
Personnalités associées à l'événement
Liens externes
- Dakar septembre 1940 (site personnel détaillé)
- L’affaire de Dakar (site de la Fédération des amicales régimentaires et des anciens combattants)
Bibliographie
- Catherine Akpo-Vaché, L'AOF et la Seconde Guerre mondiale. La vie politique, septembre 1939-octobre 1945, Karthala, 1996, 330 p. (ISBN 2865376400)
- Jacques Bauche, « Opération "Menace" », Revue de la France Libre, n° 212, août-septembre-octobre 1975
- Robert Bourgi, Le Général de Gaulle et l'Afrique noire 1940-1969, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1980, 515 p. (ISBN 227501134X)
- Hervé Coutau-Bégarie et Claude Huan, Dakar, 1940 : la bataille fratricide, Paris, Economica, 2004, 256 p. (ISBN 2-7178-4877-0)
- Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Paris, Plon, 1954, tome 1, p. 96-111.
- Patrick Girard, De Gaulle, le mystère de Dakar, Calmann-Lévy, 2010, 374 p. (ISBN 9782702140741)
- Jean-Jacques Mordal, La bataille de Dakar, Ozanne, 1950
- Henri-Dominique Segretain, De Gaulle en échec, Dakar 1940, Poitiers, M. Fontaine, 1992, 470 p. (ISBN 2904237194)
- Général J. Watson, Échec à Dakar. Septembre 1940, Laffont, 1968, 266 p.
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