- Château d'Abondant
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Château d'Abondant Période ou style Louis XIII Type château Architecte Jean Mansart de Jouy (en partie) Début construction première moitié du XVIIe siècle Fin construction 1750 Destination initiale maison de campagne Protection Monument historique (1928) Coordonnées Pays France Région Centre Département Eure-et-Loir Commune française Abondant Géolocalisation sur la carte : France
modifier Le château d'Abondant est un château français du XVIIe siècle de style Louis XIII situé dans l'actuelle commune d'Abondant dans l'actuel département d'Eure-et-Loir et la région Centre.
Sommaire
Histoire
Le premier propriétaire dont le nom nous est parvenu est Pierre de Bigot, seigneur de Fay. En 1485, Guillaume de La Guiry est mentionné comme seigneur de Fay et d’Abondant, puis en 1560, Jean de Mangot, porte-enseigne de cinquante hommes d’armes des ordonnances du Roi. La terre passe ensuite à son fils, Louis de Mangot, qui la possédait encore en 1618.
Dans le premier quart du XVIIe siècle, Joachim de Bellangreville (†1621), Grand prévôt de France, fait l'acquisition de la seigneurie d'Abondant. Sa veuve, Marie de La Noue, petite-fille du célèbre capitaine François de La Noue dit « Bras de fer », l'échange avec soulte en 1645 contre la terre moins importante de Montguichet près de Gagny, avec Jacques du Bouchet de Sourches, abbé de Saint-Martin de Trouart. C'est vers cette époque qu'est construit le château actuel.
Le château d'Abondant reste alors pendant plusieurs siècles dans la descendance de la famille du Bouchet de Sourches. En 1699, il passe à Louis François du Bouchet de Sourches (1645-1716), Grand prévôt de France, gouverneur du Maine et du Perche en 1670, et célèbre mémorialiste.
Son petit-fils, Louis II du Bouchet de Sourches (1711-1788), Grand prévôt de France, lieutenant général des armées du Roi, qui fera par ailleurs construire à partir de 1756 par l'architecte du Roi Gabriel de Lestrade le château de Sourches à Saint-Symphorien (Sarthe), transforme le château en faisant appel entre 1747 et 1750 à l'architecte parisien Jean Mansart de Jouy, petit-fils du Premier architecte du Roi Jules Hardouin-Mansart. Il fait élever des pavillons aux deux extrémités, et construire le bâtiment des cuisines. Appartiennent à cette campagne de travaux l'escalier d'honneur, pourvu d'une magnifique rampe de ferronnerie et le « salon de Pékin », aujourd'hui au musée du Louvre (V. ci-dessous).
Louis II du Bouchet de Sourches épouse en premières noces la fille du maréchal de Biron, et en secondes noces, Marguerite Henriette de Maillebois, fille du maréchal de Maillebois. Son fils issu de ce second mariage, Louis François du Bouchet de Sourches, est connu comme le marquis de Tourzel, du nom d’une terre héritée de sa grand-tante, Marie Marguerite de Tourzel (1688-1752), connue comme la comtesse de Rupelmonde. Il épouse Louise Élisabeth Félicité de Croy d’Havré le 8 avril 1764 et est nommé Grand prévôt de France en survivance de son père en 1771. Le couple partage son temps entre Paris, les diverses résidences de la cour et le château d'Abondant. Le marquis de Tourzel est tué en 1786 dans un accident de chasse, sa veuve ne se remarie pas et se consacre à l'éducation de ses enfants.
En 1789, à la suite du départ en émigration de la duchesse de Polignac, Marie-Antoinette la nomme gouvernante des enfants de France. Elle accompagne la famille royale lors de la fuite à Varennes, est incarcérée avec elle dans la Tour du Temple, avant d'être emprisonnée à La Force. Elle échappe miraculeusement à la mort et, en 1816, sous la Restauration, est faite duchesse de Tourzel par Louis XVIII. Elle meurt en 1832 non sans avoir publié d'intéressants Mémoires.
Après l'extinction en ligne directe masculine de la branche de Tourzel en 1845, le château passe à la maison de Pérusse des Cars dans laquelle il demeure jusqu'au début du XXe siècle.
En 1902, Claire Manca de Vallombrosa, comtesse Lafond, petite-fille du 2e duc des Cars Amédée François Régis de Pérusse des Cars, décide de vendre le château, malgré la désapprobation de son cousin le 4e duc des Cars, Louis Albert Philibert Augustin de Pérusse des Cars. Elle fait alors remonter les boiseries du salon de Pékin dans son hôtel particulier parisien. Le duc des Cars fait transférer les restes des membres de la famille inhumés dans l’église d’Abondant au cimetière de Saint-Symphorien près de son château de Sourches, dans la Sarthe.
Le château d'Abondant est acquis d'abord par l'industriel américain Franklin Singer. C'est probablement lui qui fait dessiner des jardins à la française par le célèbre paysagiste Achille Duchêne. Celui-ci crée un parterre de broderie en buis taillés et graviers colorés, dans un vaste boulingrin en demi-cercle. Au-delà s’étendait un tapis vert, prolongé par une longue perspective qui rejoignait les percées de la forêt de Dreux.
En 1920, le lieutenant-colonel Henry Herman Harjes, banquier américain associé de J.P. Morgan & Co. en France, rachète le château d’Abondant où il crée un équipage de chasse à courre. La famille mène grand train et est très appréciée dans la région mais elle se voit durement frappée par le deuil. En 1923, lors d’une chasse durant laquelle la fille du colonel Harjes, Hope Dorothy, monte en amazone, son cheval se cabre, la cavalière tombe et son crâne va heurter une souche qui la blesse mortellement. En forêt de Dreux, une croix de granit gris gravée In memoriam Hope Dorothy Harjes - 5 juin 1898 - 3 janvier 1923 (toujours en place) a été érigée à l’endroit de l’accident. Trois ans plus tard, en août 1926, Henry Herman Harjes trouve lui aussi la mort lors d’un match de polo à Deauville[1]. Le château et les 11 hectares du parc sont vendus.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, propriété de Pannonica Rothschild et de son mari le commandant Jules de Koenigswarter, il abrite au printemps 1945 le Centre El Alamein de la Ire DFL des Forces françaises libres, dirigé par Roger Piedvache. En 1951, le domaine est transformé en établissement médico-social comptant jusqu'à 106 lits dont 104 médicalisés sous la forme de cure médicale, dans lequel sont accueillies des personnes âgées qui présentent des difficultés sociales et/ou avec des pathologies invalidantes. Il est géré par une association, propriétaire du domaine, réunissant des communes des environs d'Anet. Dans le cadre d'accords passés avec l'Organisation internationale pour les réfugiés et le Ministère des Affaires étrangères, l'association se consacre à l’accueil de vieillards réfugiés on apatrides, notamment des « Russes blancs » et, après 1954, des ressortissants du Sud-Est asiatique. Cette obligation d’accueillir des réfugiés apatrides a disparu en 1993.
Depuis 1999, le centre gérontologique reçoit ses pensionnaires dans de nouveaux locaux construits dans l’enceinte du parc du château ainsi que dans l'ancienne orangerie, réhabilitée.
Le château lui-même est transformé en une résidence hôtelière dénommée « Les Ducs d'Abondant ».
Architecture
La duchesse de Tourzel fit construire dans le parc du château d'Abondant un monument en souvenir du Dauphin Louis XVII. Elle aurait reçu au château la visite d'un dénommé Hervagant qui se présenta comme étant Louis XVII. Il ressemblait tellement à l'enfant du Temple et donnait des indications si troublantes que la duchesse de Tourzel finit par le croire. Il mourut à Bicêtre en 1812 et la duchesse le fit enterrer à Abondant. Une urne en pierre blanche de plus d’un mètre de haut avec deux anses représentant des têtes de bélier, toujours visible dans une charmille du parc d'Abondant appelée « le Jardin du Roi », pourrait être son monument funéraire. Ses restes auraient été transférés à Saint-Symphorien au début du XXe siècle en même temps que ceux des membres de la famille du Bouchet de Sourches.
Décoration intérieure
L'escalier d'honneur, pourvu d'une magnifique rampe de ferronnerie, a été créé par Mansart de Jouy entre 1747 et 1750.
Le « salon de Pékin », ainsi nommé en raison des dessus-de-porte de chinoiseries en grisaille peints par Jacques de Sève remonte à la même campagne de travaux. Les magnifiques lambris, peints et rechampis en chipolin vert d'eau, avaient été dessinés par Mansart de Jouy et furent exécutés par le menuisier François-Simon Houlié ; ils étaient assortis à un meuble livré par le menuisier Michel Cresson, dont les canapés au dossier chantourné épousaient le cadre inférieur du lambris. Vers 1903-1904, Claire de Vallombrosa, comtesse Lafond, descendante du marquis de Sourches, fit remonter le salon et son mobilier dans son hôtel parisien. Remontés à nouveau dans une autre demeure parisienne après la Seconde Guerre mondiale, ils furent donnés au musée du Louvre par les Laboratoires Lafon en 1989[2]. Sont présentés au Louvre non seulement les boiseries mais aussi la cheminée en marbre Sarrancolin, le lustre, les quatre consoles, les deux canapés et les deux bergères. Les sièges ont conservé leur garniture d’origine en tapisserie au petit point.
Protection
- Le château, y compris sa grille d'entrée en fer forgé (cad. F) fait l'objet d'une inscription sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 8 septembre 1928.
- Notice no PA00096950, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
Notes et références
- L'équipage Harjes (1922-1926) sur www.chassons.com (Portail de la Vènerie, consulté le 25 décembre 2009) Source :
- Notice Inv. OA 11234, V.
Voir aussi
Sources
- Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Éditions Mengès, 1995 (ISBN 2856203701)
- Jean-Marie Pérouse de Montclos (dir.), Le Guide du patrimoine. Centre, Val de Loire, Paris, Hachette, 1995 (ISBN 2-01-018538-2)
- Notice historique sur le château d'Abondant (consultée le 25 décembre 2009)
Articles connexes
Bibliographie
- Bruno Pons, « Le grand salon du château d'Abondant », Revue du Louvre, 1991
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