- Chronologie de la révolution allemande de 1918
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On désigne par les termes de Révolution allemande une série d'événements, dont de nombreuses actions communistes, qui se sont produits en 1918 et 1919 et qui ont conduit à la chute de l'Empire allemand. Après une période intermédiaire, une démocratie parlementaire, la République de Weimar est mise en place. On peut fixer son début au 30 octobre 1918 lorsque des marins de Kiel refusèrent d'appareiller et sa fin au 11 août 1919 lorsque la Constitution de la République de Weimar fut adoptée.
On appelle parfois « Révolution allemande » uniquement les événements de novembre 1918 (en allemand, on parle de Novemberrevolution), ou à l'inverse l'ensemble du processus de 1918 à 1924.
Sommaire
Chronologie
1918
- 28 janvier-3 février : Grève générale des ouvriers allemands pour « la conclusion rapide d’une paix sans annexion », pour la levée de l’état de siège (en place depuis le début de la guerre), pour la libération des prisonniers politiques, et pour la démocratisation des institutions. La grève dure 6 jours et regroupe jusqu’à un million de travailleurs.
Berlin
- 15-17 avril : Grèves.
- 1er octobre : La Ligue spartakiste (Spartakusbund) appelle à la révolution et à la formation de « conseils ouvriers ».
- 3 octobre : Le prince-héritier Maximilien de Bade, 51 ans, connu pour ses idées libérales, devient chancelier de l'empire. Entrée de parlementaires du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) et du Zentrum dans le gouvernement impérial.
- 25 octobre : Depuis la tribune du Reichstag, le député Otto Rühle (Ligue spartakiste) appelle à « l’abdication de l’empereur » et à la « révolution socialiste ».
Kiel
- 30 octobre : À Kiel, les marins de deux navires de guerre refusent d'appareiller. L'expédition ne peut pas avoir lieu.
- 31 octobre : 400 marins mutins de Kiel sont emprisonnés.
- 1-3 novembre : Manifestations de marins à Kiel pour la libération des mutins.
- 4 novembre : Des conseils d'ouvriers et de soldats regroupent 20 000 révoltés à Kiel : ils demandent la libération des 400 marins et l'abdication de l'empereur Guillaume II.
- 5 novembre : Grève générale à Kiel. Le drapeau rouge flotte sur la ville.
Extension de la Révolution
- 6 novembre : Grève générale à Hambourg. Création de conseils d'ouvriers et de soldats à Hambourg et Brême.
- La ligue spartakiste, l'USPD et le SPD demandent l'armistice et l'abdication de Guillaume II.
- 7 novembre : Soulèvements et création de conseils d'ouvriers et de soldats à Munich, Cologne, Hanovre, Brunswick, etc.
- L'émeute chasse la famille régnante, les Wittelsbach, de Munich.
- 8 novembre : Rosa Luxemburg (ligue spartakiste) est libérée de la prison de Breslau. À Berlin, l'USPD annonce le début d'une grève générale pour le lendemain. Soulèvements et création de conseils d'ouvriers et de soldats à Leipzig, Francfort, Dresde…
- Le conseil ouvrier de Munich proclame la république, et Kurt Eisner (USPD) est élu président du conseil.
- 9 novembre : La révolution gagne Berlin : la plupart des soldats se joignent aux manifestants.
- Création de conseils d'ouvriers et de soldats à Stuttgart[1].
- Face à la menace et aux atermoiements de Guillaume II, Max de Baden annonce de son propre chef l'abdication du Kaiser alors qu'il n'en est rien. Après quoi, il démissionne et transmet son poste de chancelier à Friedrich Ebert (SPD). Le grand-duc Louis V de Hesse-Darmstadt est renversé par le soviet.
- À 14 heures, Philipp Scheidemann (SPD) proclame la République allemande d'une fenêtre du palais du Reichstag.
- À 16 heures, Karl Liebknecht (ligue spartakiste) proclame la République socialiste libre d'Allemagne d'un balcon du château de Berlin.
- La ligue spartakiste crée le quotidien Die Rote Fahne (Le Drapeau rouge).
- 10 novembre : Guillaume II quitte le quartier général de Spa en Belgique et se réfugie aux Pays-Bas.
- Le SPD et le USPD proclament la création d'un conseil de commissaires du peuple, composé de trois SPD et trois USPD. La Ligue spartakiste dénonce la continuité avec le régime précédent, et refuse de faire partie de ce conseil.
- 11 novembre : Le nouveau pouvoir signe l'armistice de 1918.
- Fin des opérations militaires de la Première Guerre mondiale. La Moselle et l'Alsace redeviennent de facto françaises.
- 13 novembre : Les rois Frédéric-Auguste III de Saxe et Louis III de Bavière renoncent à l'exercice du pouvoir.
- 18 novembre : Dans un article de Die Rote Fahne, Rosa Luxemburg demande l'abrogation de la peine de mort[2].
- 22 novembre : abdication du grand-duc Frédéric II de Bade.
- 25 novembre : Conférence des gouvernements régionaux. La plupart soutiennent le conseil et Ebert, mais le président du conseil de Brunswick, Auguste Merges (ligue spartakiste), demande le transfert du pouvoir aux conseils ouvriers.
- 28 novembre : à Berlin, des affiches appellent à tuer Karl Liebknecht. Rosa Luxemburg fait l'objet d'attaques antisémites dans la presse de droite.
- 30 novembre : abdication du roi Guillaume II de Wurtemberg.
Décembre 1918
- 6 décembre : Le Conseil des commissaires du peuple convoque des élections pour une assemblée constituante le 15 février 1919.
- Pour la première fois en Allemagne, les femmes ont le droit de vote.
- 8 décembre : 150 000 manifestants à Berlin à l'appel de la ligue spartakiste.
- 12 décembre : Création des Freikorps (corps francs), troupes paramilitaires réactionnaires.
- 16-21 décembre : Congrès des conseils d’ouvriers et de soldats du Reich. Le SPD y a la majorité absolue.
- Le Congrès « donne » le pouvoir au Conseil des commissaires du peuple. Il adopte la révocation de tous les officiers de l'armée, et l'élection de nouveaux officiers par les soldats (cette mesure ne sera pas appliquée).
- 23-25 décembre : « Noël sanglant » (de:Weihnachtskämpfe). Révolte de la Volksmarinedivision (de:Volksmarinedivision). 3 000 marins venus de Kiel à Berlin s'insurgent après que le chancelier Friedrich Ebert ait décidé d'arrêter de leur verser leur solde dans le but de neutraliser la menace révolutionnaire. Les insurgés font prisonnier Otto Wels et prennent le palais de la Chancellerie le 23. Le 24, l'armée contre-attaque et tire. 68 personnes sont blessées ou tuées parmi les marins. Des ouvriers, avertis par le bruit des armes à feu, accourent et la troupe doit se retirer.
- 27 décembre : Crise au sein du conseil des commissaires : désaccord entre le SPD et l'USPD sur la politique à suivre.
- 29 décembre : Les trois commissaires USPD démissionnent, en désaccord notamment avec la répression sanglante de manifestations. Ils sont remplacés par trois SPD.
- Ouverture du congrès de fondation du Parti communiste d'Allemagne (Kommunistische Partei Deutschlands {KPD), autour de la Ligue spartakiste.
- 30 décembre : Le congrès du KPD adopte le programme proposé par Rosa Luxemburg : « tout le pouvoir aux conseils ouvriers, pour la « République socialiste unitaire d'Allemagne » ».
- 31 décembre : Contre l'avis de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, le congrès se prononce pour le boycott des élections à la Constituante.
1919
Janvier 1919
Article détaillé : Révolte spartakiste de Berlin .- 1er janvier : Fin du congrès du KPD.
- Élection de la centrale de coordination du KPD de 12 membres (dont Kate Duncker, Hugo Eberlein, Paul Frolich, Leo Jogiches, Paul Levi, Karl Liebknecht, Rosa Luxemburg).
- 4 janvier : Le préfet de police de Berlin, Emil Eichhorn (USPD), en place depuis le 9 novembre, est destitué par le gouvernement Ebert.
- Appel unitaire USPD et KPD à manifester le lendemain contre la destitution de'Emil Eichhorn.
- 5 janvier : Puissante manifestation dans Berlin qui marque le début de la révolte de janvier.
- Une commission révolutionnaire est élue, dirigée par Georg Ledebour (USPD) et Karl Liebknecht (KPD), ayant pour but de remplacer le conseil des commissaires.
- Appel à la grève générale.
- 6 janvier : Manifestations et combats dans Berlin.
- 7 janvier : Grèves à Hambourg et Brunswick.
- L'armée tire sur les manifestants à Munich.
- 9 janvier : Combats à Berlin et Spandau.
- L'armée tire sur les manifestants à Dresde.
- 10 janvier : L'armée tire sur les manifestants à Stuttgart.
- Les dirigeants du KPD à Nuremberg sont emprisonnés.
- Proclamation de la République des Conseils à Brême.
- 11 janvier : Georg Ledebour (USPD) et Ernest Meyer (KPD) sont arrêtés à Berlin. Rosa Luxemburg entre en clandestinité.
- Grève à Leipzig.
- 14 janvier : Les révoltés sont vaincus à Berlin[3].
- 15 janvier : Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont arrêtés, puis assassinés par les corps francs, sur ordre de Gustav Noske (SPD).
- 16 janvier : Le journal du KPD est interdit.
- 19 janvier : Élections à l’Assemblée nationale constituante allemande. Boycott du KPD. Le SPD remporte la majorité relative.
- 20 janvier : Les meurtres de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont connus.
- Grèves de protestation pendant trois jours, 8 jours de deuil à Eisenach.
- L'état de siège est proclamé à Hambourg.
- 24 janvier : La police tire sur des chômeurs à Berlin.
- 29 janvier : Décès de Franz Mehring (KPD), biographe de Karl Marx.
Février 1919
- 11 février : Friedrich Ebert (SPD) est élu président de la république par l'assemblée.
- 13 février : Formation du gouvernement : majorité de ministres SPD trois catholiques (avec lesquels le SPD a fait alliance).
- 17 février : Grève générale dans la Ruhr.
- 21 février : Assassinat de Kurt Eisner (USPD) à Munich par un jeune aristocrate.
- 22 février : L'état de siège est proclamé à Munich.
- 26 février : Grève générale à Leipzig jusqu'au 10 mars.
Mars 1919
- 1er-3 mars : Combats dans Halle : 55 morts.
- 3 mars : Grève générale à Berlin. Les grévistes exigent le pouvoir aux conseils ouvriers, et la libération des prisonniers politiques (dont Georg Ledebour - USPD). L'état de siège est proclamé (il dure jusqu'au 5 décembre).
- 5 mars : Combats dans Berlin.
- 8 mars : La révolte de Berlin est écrasée par l'armée.
- 10 mars : Leo Jogiches (KPD) est arrêté et assassiné en prison.
- 12-15 mars: Répression à Berlin : 1 200 révolutionnaires sont fusillés.
- 31 mars : Grève générale dans la Ruhr jusqu'au 28 avril.
Avril 1919
- 3 avril : Grève à Breslau.
- 7 avril : Proclamation de la République des conseils de Bavière, dirigée d'abord par des anarchistes, comme Gustav Landauer et Erich Mühsam, puis par des militants KPD dont le plus connu est Eugen Leviné. L'armée attaque la Bavière.
- 19 avril : Renouvellement du comité exécutif des conseils ouvriers du Grand-Berlin l'USPD obtient 47 % des suffrages, le SPD 25 %, le KPD 16 %.
Mai 1919
- 1er-4 mai : L'armée reprend Munich. Fin de la république des Conseils de Munich. Gustav Landauer l'un de ses dirigeants emblématiques est assassiné, des centaines d'ouvriers révolutionnaires sont de même sommairement jugés et fusillés.
Juin 1919
- 6 juin : Eugen Leviné, membre fondateur du KPD, est fusillé en raison de son rôle au sein de la république des Conseils à Munich.
- 27 juin : Suppression du droit de grève pour les cheminots.
Août 1919
- 11 août : Adoption de la constitution de Weimar.
- 18 septembre : Grève des métallurgistes à Berlin.
- 20 octobre : congrès du KPD. La « gauche », anti-parlementaire et anti-syndicale, est exclue ; elle formera en 1920 le KAPD.
- 7 novembre : Hugo Haase (USPD) est assassiné.
- 5 décembre : Fin de l'état de siège à Berlin.
- 12 décembre : L'interdiction du journal du KPD est levée.
Notes et références
- soviet à Strasbourg et à Metz du 9 au 22 novembre 1918. Création d'un
- « Un Devoir d'honneur » en ligne, article de Rosa Luxemburg écrit le 18 novembre 1918
- « L'ordre règne à Berlin » en ligne, article de Rosa Luxemburg écrit le 14 janvier 1919
Annexe
Bibliographie
- Alfred Wahl, L'Allemagne de 1918 à 1945, Cursus, éd. Armand Colin
- (de) Hans Mommsen, Aufstieg und Untergang der Republik von Weimar, Ullstein, 1989
- Hörst Möller, La République de Weimar, Tallandier
- Erich Mühsam, La société contre l'Etat, suivi de La République des conseils de Bavière, La Digitale/Spartacus, 1999.
- Paul Frolich, Rosa Luxemburg, L'Harmattan
- André et Dori Prudhommeaux, Spartacus et la Commune de Berlin 1918-1919, éditions Spartacus, 1977
- Pierre Broué, Révolution en Allemagne (1917-1923)], Éditions de Minuit, 1971.
Articles connexes
Liens externes
- La Révolution allemande : Documents (octobre 1918 - janvier 1919), sélection chronologique de textes de référence
- « Que veut la Ligue Spartakiste ? », programme du Parti Communiste d'Allemagne (décembre 1918)
- « Une révolution qui traine en longueur », texte de Léon Trotsky sur les difficultés de la révolution allemande, 17 avril 1919
- « Le mouvement des Conseils ouvriers en Allemagne », par Henk Canne-Meijer
- Révolution en Allemagne (1917-1923)
- (en) Chris Harman, The lost revolution, Bookmarks, 1982 - traduction sur Internet La révolution perdue
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