Sémelay

Sémelay

46° 51′ 09″ N 3° 51′ 07″ E / 46.8525, 3.85194444444

Sémelay
L'église de Sémelay
L'église de Sémelay
Administration
Pays France
Région Bourgogne
Département Nièvre
Arrondissement Château-Chinon(Ville)
Canton Luzy
Code commune 58276
Code postal 58360
Maire
Mandat en cours
Guy Laffaye
2008-2014
Intercommunalité aucune
Démographie
Population 262 hab. (2008)
Densité 7,8 hab./km²
Gentilé Simelagois
Géographie
Coordonnées 46° 51′ 09″ Nord
       3° 51′ 07″ Est
/ 46.8525, 3.85194444444
Altitudes mini. 227 m — maxi. 530 m
Superficie 33,53 km2

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Voir la carte administrative

Sémelay est une commune française, située dans le département de la Nièvre et la région Bourgogne.

Ses habitants sont appelés les Simelagois.

Sommaire

Géographie

Localisation

Carte du Morvan

Sémelay se situe dans sud-ouest du Morvan, au sud-est du département de la Nièvre, entre les communes de Saint-Honoré-les-Bains8 km) et Luzy14 km). Le village se situe presque dans une petite vallée et il est entouré de collines boisées[1]. Le bourg est situé à 294 mètres d'altitude. Le territoire communal est très accidenté et possède quelques vignobles.

Sémelay est aussi situé sur les rives de l'Alène, et est composé des bois de Vauvray, de Berluchet et de Sémelay.

Climat

Le climat y est de type continental

Ville Ensoleillement Pluie Neige Orage Brouillard
Paris 1 797 h/an 642 mm/an 15 j/an 19 j/an 13 j/an
Nice 2 694 h/an 767 mm/an 1 j/an 31 j/an 1 j/an
Strasbourg 1 637 h/an 610 mm/an 30 j/an 29 j/an 65 j/an
Semelay 1 764 h/an[2] 800,6 mm/an[3] 20 j/an[4] 26 j/an[5] 60 j/an[6]
Moyenne nationale 1 973 h/an 770 mm/an 14 j/an 22 j/an 40 j/an

Accès

Histoire

Étymologie

Le nom de Sémelay proviendrait de Simuliacum ou Semelayum, peut-être le nom d'une famille gallo-romaine vivant là. Simullai était une place forte du système défensif des Romains dans le pays éduen. Une autre théorie voudrait que le nom provienne de Sémélé, mère de Bacchus, le dieu du vin chez les Romains, qui aurait eu un temple en ce lieu[7].Une fouille opérée en 1830, qui permit la découverte d'une enceinte carrée, de restes de mosaïque et de nombreux squelettes à peu de distance de l'église donne quelque crédit à cette hypothèse.

Antiquité et Moyen Âge

La butte du Pont Jallery aurait été occupée par l'homme dès la Préhistoire (civilisation de La Tène). Des traces de gravures au burin représentant des signes géométriques ainsi que des figures zoomorphiques se trouvent à 300 mètres au nord-est du hameau des Renauds[8].

Plusieurs traces d'habitat gallo-romain ont été trouvées à Semelay, aux Lassas, à Millery, à Vauvray, au bourg, etc... Le castrum gallo-romain de Montécot permettait de surveiller les passages dans la vallée de l'Alène et fut remplacé au Moyen Âge par une motte féodale où s'éleva un donjon de 30 m sur 20 m qui fut détruit sur ordre de Richelieu. La seigneurie de Montécot disposait du "droit de toute justice" (c'est-à-dire de haute justice, de moyenne justice et de basse justice). On voit encore les ruines du château. La tour en ruines fut utilisée comme sommet de triangulation lors de l'élaboration de la carte de Cassini au XVIIIe siècle. Une autre motte féodale, dénommée « Place Froide », existe en face, sur l'autre versant de la vallée de l'Alène[8]. Les terres de Sémelay étaient alors inféodées aux comtes de Nevers, la paroisse dépendait du diocèse d'Autun et de l'archiprêtré de Luzy. Montécot était une étape sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle.

Le manoir du Plessy ("Plessis") disposait lui aussi du "droit de toute justice" ; il possédait deux tours et un donjon. Ces deux seigneuries relevaient en fief du duché de Nevers et en arrière-fief du comté de Larochemillay.

Sémelay en 1368 aurait été le théâtre d'une victoire des Bourguignons, sous le règne du duc de Bourgogne Philippe Le Hardi, face aux bandes gasconnes au service du roi de France Charles V[9] qui sévissaient dans la région[10].

« Le jeudy XXIIIe du mois de novembre ensuyvant, aucuns chevaliers et escuiers [écuyers] de la duchié de Bourgoingne [Bourgogne], jusques au nombre de L [50] combatants ou environ, se combatirent à gens de compaigne, qui eztoient partiz de la forteresse de Lez en Beaujeulaiz [en fait Lay en Forez] et avoient chevauchié par la duchié de Bourgoingne, les suyrent jusques à une ville appelée Semelay, et là se combatirent à eulx et les desconfirent. Et furent des diz de compaigne mors jusques au nombre de XI ou XII et environ XL pris, et les autres s'en fouyrent[11]. »

Un site clunisien

En 1076, l'église de Sémelay est décrite « ecclesiam in villa quae dicitur Simullai » dans une bulle du pape Grégoire VII. Mais le prieuré bénédictin, fondé au XIe siècle par la puissante maison de Châtillon-en-Bazois, semble avoir décliné très vite : en 1263, il est réduit à un prieur assisté d'un moine et il fusionne vers 1275 avec le prieuré de Saint-André à Luzy.

Entre le XVIe siècle et la Révolution française, l'église est partagée en deux : l'abbé de Cluny, prieur, perçoit les dîmes et se réserve l'usage du chœur, du transept et du clocher ; les paroissiens ont droit à la nef et aux bas-côtés[12]. En 1701, le cardinal de Bouillon est prieur de Sémelay, Luzy et Saint-Avrée[7].

Époque moderne

En 1667 à Sémelay on déclare : « Il y a 400 communiants qui ne veulent pas mettre hors de l'église leurs arches et leurs coffres, usants de menaces »[13].

Révolution française

André Thuillier a décrit Sémelay pendant la Révolution française entre 1793 et 1795 dans Économie et société nivernaises au début du XIXe siècle[14]. C'est une description d'un village du Morvan sous la Convention, grâce au registre des délibérations de la commune de Semelay de 1793 à 1795, village très isolé, où l'on respecte strictement les ordres de l'administration, sans révolte, mais sans passion, où les mêmes hommes entourés de l'estime générale restent en place et où, au fond, rien ne change[15].

Le XIXe siècle

Les réquisitions et l'occupation wurtembergeoise en 1815

Le colonel du Martray, d'après les notes laissées par son grand-père qui vivait au château du Martray en Sémelay en 1815 a décrit cette occupation et ces réquisitions : en juillet 1815, à la suite de la défaite de Napoléon Ier qui met fin à la période des Cent-Jours, Sémelay est occupé à deux reprises par des troupes wurtembergeoises (lesquelles occupaient principalement, avec les troupes autrichiennes, Luzy) qui logent chez l'habitant (par exemple lors de la deuxième occupation 1 officier et 60 hommes à partir du 28 août et jusqu'au 2 octobre 1815). En 35 jours d'occupation, le détachement wurtembergeois avait exigé 2 616 livres de pain, 1328 livres de viande, etc ...

Les habitants doivent aussi obéir aux réquisitions des troupes d'occupation : le maire de Sémelay dût faire envoyer à Luzy pour approvisionner les troupes autrichiennes et wurtembergeoises des vivres, en particulier de nombreuses tourtes de pain, de la paille, du vin rouge, des bœufs, du foin, de l'avoine, etc... L'acheminement était difficile car la route de Luzy à Sémelay était à l'époque une mauvaise piste de 13 km praticable seulement par les chars à bœufs. La valeur des denrées fournies fut estimée en tout à 1861 francs, somme énorme pour l'époque (le budget communal annuel de la commune était alors de 400 francs)[16].

Sémelay et la Petite Église

Des « anticoncordataires » (refusant le Concordat de 1801), membres de la Petite Église, surnommés "Blancs" en Bourgogne, se réunirent régulièrement à Semelay pendant une bonne partie du XIXe siècle[17].

L'Église de Sémelay en 1891 (photographie de Médéric Mieusement)

Le XXe siècle

L'expulsion des Sœurs et la révocation du maire (1903)

En 1903, le comte de Chargères, maire, et son adjoint, Doussot, sont suspendus[18] puis révoqués par le gouvernement[19] pour s'être opposés à l'expulsion des congrégations religieuses, ce qui avait entraîné des troubles à Semelay où les paroissiens avaient, maire en tête, défendus les Sœurs de la Providence de Portrieux qui avaient un établissement dans la commune pratiquant l'instruction primaire et les soins aux malades[20].

« Près d'un millier de personnes ont conduit, sous une pluie diluvienne, jusqu'à la gare de Rémilly, en les acclamant, trois pauvres religieuses expulsées de Sémelay. La gare avait été occupée par quatre brigades de gendarmerie, auxquelles s'était joint le sous-préfet de Château-Chinon. À la vue de tous les gendarmes et du sous-préfet en tenue, les protestations prirent une autre forme : « Elles ne partiront pas ! Nous les remmèneront ! » cria la foule. Et ce fut fait : les religieuses furent hissées de force en voitures et reconduites en triomphe à Sémelay. Les Sœurs sont parties la semaine suivante[21]. »

En juillet 1903 est installé la première ligne téléphonique reliant Sémelay à Fours et Saint-Honoré-les-Bains[22].

Les guerres du XXe siècle

Le monument aux morts de Sémelay porte les noms de 65 habitants de la commune morts pour la France pendant la Première guerre mondiale[23].

Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
avant 1815 après 1815 Marie-Claude Bonneau du Martray   Maire lors de l'occupation wurtembergeoise
avant 1903 1903 Comte de Chargères   Révoqué par le gouvernement en 1903
juillet 1903   Louis Garruchet    
mars 2001 en cours Guy Laffaye   Agriculteur retraité
Toutes les données ne sont pas encore connues.

Population et société

Démographie

Le hameau des Montarons avait 115 habitants, celui du Bois-de-Mary 82 habitants et celui des Durands 72 habitants vers 1890[24].

Évolution de la population de Sémelay depuis 1793
Années 1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851 1856 1861 1866
Population 997 701 710 745 1 082 1 149 1 250 1 262 1 283 1 272 1 224 1 164
Années 1872 1876 1881 1886 1891 1896 1901 1906 1911 1921 1926 1931
Population 1 193 1 278 1 347 1 366 1 425 1 502 1 429 1 327 1 292 1 093 922 839
Années 1936 1946 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2008 -
Population 762 774 614 523 520 431 367 317 279 268 262 -
Notes, sources, ... De 1962 à 1999 : population sans double compte (recensement) ; depuis 2006 : population municipale légale.
Sources : INSEE[25] et Cassini[26]


Histogramme de l'évolution démographique depuis 1793 :

Sémelay est désormais presque 4 fois moins peuplé qu'en 1793 et presque 6 fois moins peuplé qu'en 1896. Si la commune a dans l'ensemble gagné des habitants tout au long du XIXe siècle, doublant sa population entre 1800 et 1896, date du maximum démographique, le déclin a été spectaculaire et quasi continu tout au long du XXe siècle, la commune perdant 1 240 habitants entre 1896 et 2008 (-82,6 % en 112 ans) et le déclin, toutefois ralenti, se poursuit dans la première décennie du XXIe siècle. Ce déclin est dû à un exode rural très important qui a persisté, le solde migratoire restant négatif jusqu'en 1999 mais toutefois devenu légèrement positif entre 1999 et 2008 (+0,6 % l'an). Cette émigration, de jeunes adultes essentiellement, a entraîné un vieillissement de la population (33,2 % de 65 ans et plus pour seulement 18 % de 0 à 19 ans en 2007) et un solde naturel négatif (-1,3 % l'an entre 1999 et 2008)[27].

Les résidences secondaires (103 en 2008) sont presque aussi nombreuses que les résidences principales (138 en 2008) et 3 maisons seulement ont été construites entre 1990 et 2004, ce qui illustre aussi le vieillissement du parc immobilier[28].

Personnalités liées à la commune

Monuments et lieux touristiques

Monuments laïques

  • Château du Plessis, érigé sur une ruine médiévale en 1863[30]
  • Maison forte de La Bussière, remanié au XVe siècle
  • Château du Martray refait à plusieurs reprises entre le XVIe siècle et le XIXe siècle. Il est depuis le XVIe siècle la propriété de la famille Bonneau du Martray[31] .

Monuments religieux

  • Le Prieuré Saint Pierre Saint Paul, relevant de l'abbaye de Cluny[12], devenu église paroissiale, date du XIIe siècle. La façade romane de l'église ainsi que la première travée de la nef et des bas-côtés disparurent lors d'un éboulement en 1781; la reconstruction de 1782 laissa donc l'église plus petite qu'antérieurement, même si une petite tour latérale fut rajoutée côté nord dans le courant du XIXe siècle. L'église est classée monument historique depuis 1889[32].
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L'église est intéressante surtout par ses 40 chapiteaux alliant visages intrigants et symboles végétaux, ses 40 bases de piliers ornementées de décors tous différents et ses 4 pilastres aux moulures variées[33]. Certaines des scènes représentées sont considérées comme "osées", surprenantes dans une église, comme une scène de sodomie, une autre scène représentant des porcs dévorant des victimes.

Patrimoine culturel

  • Le Moulin de Montécot sur l'Alène a cessé son activité avant 1960, mais reste un des plus beaux du Morvan.
  • Le château du Plessis, qui a remplacé une maison forte du XVIe siècle date de la fin du XIXe siècle.
  • Le château de Bussières, édifié sur un site gallo-romain, comporte un grand corps de logis quadrangulaire, avec un toit à quatre fortes pentes. Il possède une tour pentagonale et un bel escalier à vis.

Légende

  • La légende de la Pierre-de-Prabis, à la Bussière : ce récit évoque l'origine imaginaire d'un ancien dolmen disparu portant ce nom[34].

Notes et références

  1. Sémelay sur une carte topographique sur Géoportail
  2. MétéoFrance - ensoleillement de la station Nevers-Marzy
  3. MétéoFrance - pluviométrie de la station Nevers-Marzy
  4. MeteoCentre - carte des jours de neige - Decize
  5. MeteoCentre - carte des jours d'orage - Decize
  6. MeteoCentre - carte des jours de brouillard - Decize
  7. a et b Jacques-François Baudiau, Le Morvand, 1865, disponible sur Gallica
  8. a et b https://sites.google.com/site/montbeuvray/semelay(ni%C3%A8vre)
  9. Lebeuf, Mémoires, 1848, cité par Jacques-François Baudiau dans Le Morvand, 1865, disponible sur Gallica
  10. Maximilien Quantin, Notes tirées de l'ouvrage de M. E. Petit, intitulé Itinéraires de Philippe-le-Hardi et Jean-sans-peur, ducs de Bourgogne (1363-1419), 1890, disponible sur Gallica
  11. R. Lachenal, Chronique des règnes de Jean II et de Charles V : les grandes chroniques de France, tome 2, 1910, disponible sur Gallica
  12. a et b Le prieuré Saint-Pierre de Sémelay sur le site de la fédération des sites clunisiens
  13. Cité par Pierre Deffontaines dans Géographie et religion, Gallimard, 1948
  14. André Thuillier, Économie et société nivernaises au début du Modèle:Sè, Paris, Mouton, 1974
  15. Le Mouvement social : bulletin trimestriel de l'Institut français d'histoire sociale, octobre 1980, disponible sur Gallica
  16. Colonel du Martray, Les Alliés à Sémelay en 1815, Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts, 1883, disponible sur Gallica
  17. Congrès scientifique de France, 4 septembre 1876, disponible sur Gallica
  18. Bulletin des congrégations,31 mai 1903, disponible sur Gallica
  19. Journal Le Courrier de la Nièvre, n° du 31-05-1903, disponible sur Gallica
  20. Augustin Joseph Crosnier, Les congrégations religieuses dans le diocèse de Nevers. Volume 2, Congrégations de femmes, 1877, disponible sur Gallica
  21. Bulletin des congrégations, 10 mai 1903, disponible sur Gallica
  22. Journal Le Courrier de la Nièvre, n° du 5-07-1903, disponible sur Gallica
  23. Sémelay sur le site Mémorial GenWeb
  24. Paul Joanne, Dictionnaire géographique et administratif de la France et de ses colonies. 4, L-M, 1890, disponible sur Gallica
  25. Sémelay sur le site de l'Insee
  26. Sémelay sur le site de l'Ehess « Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui »
  27. Population de Sémelay sur le site de l'Insee
  28. Logements de Sémelay sur le site de l'Insee
  29. Baron Albert Du Casse, Souvenirs de Saint-Cyr et de l'école d'état-major, 1886, disponible sur Gallica
  30. http://semelay.free.fr/Semelay/index.html
  31. Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle. V. Blo-Bou. - 1906, disponible sur Gallica
  32. http://patrimoine-de-france.com/nievre/semelay/
  33. http://www.culture.fr/recherche/?typeSearch=collection&SearchableText=S%E9melay&portal_type=CLT_Site_Note#categorie_2
  34. Revue de folklore français, 1931, disponible sur Gallica

Voir aussi

Bibliographie

  • Edmond Bonneau du Martray, Semelay, église, prieuré et paroisse aux diocèses d'Autun et de Nevers, notice historique, avec développements sur le prieuré de Luzy

Articles connexes

Liens externes


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