- Méthamphétamine
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Méthamphétamine
Structure de la méthamphétamineGénéral Nom IUPAC (S) (+)-N-méthyl-1-phényl-
propane-2-amineSynonymes - 2-Méthylamino-1-phénylpropane
- Pervitine
- Methedrine
- Isophen
- d-Desoxyephedrine
- Anadrex
No CAS , (HCl) No EINECS , (HCl) Code ATC N06 DrugBank PubChem SMILES InChI Apparence Cristaux transparents Propriétés chimiques Formule brute C10H15N [Isomères] Masse molaire[2] 149,2328 ± 0,0093 g·mol-1
C 80,48 %, H 10,13 %, N 9,39 %,pKa 9,87[1] Précautions Directive 67/548/EEC
TPhrases R : 25, Phrases S : 45, Écotoxicologie DL50 6,3 mg·kg-1 (HCL, Souris, i.v.)[3]
10,93 mg·kg-1 (HCL, Rats, s.c.)[3]Données pharmacocinétiques Métabolisme hépatique Demi-vie d’élim. 4-12 heures Excrétion rénale Caractère psychotrope Catégorie Stimulant Mode de consommation - Inhalation : fumée
- Ingestion
- Injection
Autres dénominations - Crystal meth, Crystal, Meth
- Ice
- Tina
- Pervitin® (DE)
- Desoxyn® (USA)
- Pilule thaï
- P (en Nouvelle-Zélande)
- Strawberry Quick
- Yaa baa, yaba, yaaba
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. La méthamphétamine est une drogue synthétique psycho-stimulante qui provoque une euphorie, une forte stimulation mentale et qui est hautement addictive lorsque prise au-delà des dosages médicinaux.
Pure, elle se présente sous une forme solide, cristalline (d'où sa dénomination de crystal), incolore et inodore qui peut rappeler du verre cassé ou de la glace (d'où sa dénomination de ice)[4].
Aux États-Unis, elle est aussi appelée meth, crystal meth, crystal, ice ou encore Tina. En Thaïlande, c’est yaa baa, le « médicament qui rend fou » où elle est présentée sous forme de cachets colorés et sucrés. Elle et son dérivé hydrochloré ont par ailleurs de très nombreuses dénominations[5].
Elle a été commercialisée sous diverses formes dont le Desoxyn.
La forme hydrochlorée de la méthamphétamine est appelée Pervitin® ou pervitine.
Autres noms (Canada) : 222, beurre d'arachides, chalk, crank, crystal, crystal meth, glass, hawaiian salt, high speed, chicken feed, ice, jib, koolaid, kryptonite, meth, peach, pinotte, rock candy, sketch, soiks, speed, spooch, stove top, tina, tweak, zip[6].
Sommaire
Historique
La méthamphétamine a été synthétisée pour la première fois en 1919 au Japon par le chimiste Akira Ogata.
La forme HCl a été synthétisée, brevetée en 1937 et commercialisée dès 1938 par la société pharmaceutique allemande Temmler (de) sous la marque Pervitin®.
Comme les amphétamines, elle a largement été utilisée sur les soldats lors de la Seconde Guerre mondiale[4].
Comme d'autres drogues, elle fut testée sur des araignées dès les années 1950. Celles qui y furent exposées, même à de faibles doses, produisirent des toiles tout à fait anormales[7],[8],[9],[10]. Plus la toxicité du produit est élevée, plus l'araignée laisse de trous dans sa toile[11].
Elle fut un temps commercialisée comme un médicament aux États-Unis, pour divers problèmes médicaux allant de l'obésité à la dépression. Mais depuis 1970, elle est classée comme stupéfiant.
La forme cristalline, donc fumable, proviendrait d'Hawaii vers 1988 [réf. nécessaire].
Sa consommation s'est développée en provenance de Corée et des Philippines sur la côte ouest des États-Unis vers 1985[4], puis la côte est, au cours des années 1990.
Au début des années 2000, elle a fait son apparition sur le marché des drogues britanniques. Aujourd'hui, elle est fabriquée à partir de divers médicaments. On la trouve fréquemment dans les anciens pays communistes d'Europe.
Usage militaire
La méthamphétamine a été souvent donnée aux troupes combattantes et aux pilotes en temps de guerre par leur gouvernement. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle était d'usage chez la plupart des belligérants, notamment en Allemagne et chez ses alliés sous le nom de Pervitine[12].
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande a distribué de la pervitine dans ses divisions à tous les niveaux. Elle est utilisée sous le nom de « Panzerschokolade », « tablettes Stuka » ou encore « pilules Hermann Göring ». Le but recherché est de diminuer l'anxiété et d'augmenter puissance et concentration chez les soldats et les pilotes. Entre avril et juin 1940, la Wehrmacht et la Luftwaffe auraient utilisé plus de 35 millions de comprimés de pervitine[13]. Cette drogue de guerre aurait participé grandement à l'efficacité de la blitzkrieg[14]. Cependant dès mi-1941 le médicament n'était plus en vente libre, mais disponible uniquement sur ordonnance. Cela en a réduit l'utilisation de manière significative.
Usage sportif
L'alpiniste autrichien Hermann Buhl a utilisé la pervitine sur les conseils du médecin de l'expédition pour sa première ascension du Nanga Parbat en 1953[15].
En octobre 2010, une enquête allemande a révélé que la victoire de la RFA lors de la coupe du monde de football de 1954 était volée car l'équipe allemande s'était dopée à la pervitine[16],[17],[18],[19].
Chimie
La méthamphétamine est un produit chimique appartenant au groupe des amphétamines. Elle diffère de l'amphétamine par l'ajout d’un groupement méthyl sur l'atome d'azote. L'atome de carbone en α de l'amine est chiral et donc la méthamphétamine consiste en deux énantiomères, R et S. Seul l'énantiomère S est utilisé comme drogue.
Synthèse
Les principaux précurseurs sont des décongestionnants nasaux vendus (avec des restrictions) en pharmacie : pseudoéphédrine, phénylpropanolamine (PPA) et éphédrine.
Ce produit pose des problèmes particuliers dans les pays consommateurs car sa synthèse est relativement aisée et peut être réalisée à partir de produits relativement courants même s'ils sont de plus en plus contrôlés[20]. Il se développe ainsi de nombreux petits laboratoires indépendants[21] produisant de petites quantités.
Plusieurs méthodes de synthèse existent, mais les principaux produits secondaires utilisés sont : le phosphore rouge, l'iode, le lithium, l'ammoniac anhydre, ainsi que des solvants, bases et acides (toluène, acide sulfurique, acide iodhydrique et chlorhydrique, soude et ammoniaque) entre autres.
La manipulation de ces produits chimiques reste malgré tout dangereuse, ce qui donna lieu à plusieurs accidents, aux États-Unis notamment[22] (explosions et intoxications), des produits comme la phosphine, un gaz très toxique pouvant se former lors de la réaction.
Un dérivé en est le 3,4-méthylène-dioxy-méthylamphétamine ou MDMA, plus connu sous le nom d'ecstasy.
Usage détourné et récréatif
« Drogue de travail », elle a servi aux routiers pour rester éveillés pendant leurs longs trajets. Elle est aussi utilisée pour le dopage[23]. Elle est répertoriée par la convention sur les substances psychotropes de 1971.
En 2005, le Canada a augmenté la peine maximum pour la production et la distribution de méthamphétamines de 10 ans à la prison à vie, la plaçant au même rang que la cocaïne et l'héroïne.
Effets et conséquences
Elle est le plus généralement fumée sous sa forme cristalline, et ingérée sous forme de pilules. Les usagers-injecteurs liquéfient les cristaux avec de l'eau pour pratiquer l'injection[4].
Effets recherchés :
- stimulation de la vigilance[4] ;
- absence de fatigue ;
- euphorie[4] ;
- stimulation de la libido, retard à l'éjaculation.
Effets secondaires :
- anxiété, agitation[4] ;
- diminution de la concentration[4] ;
- importante perte de poids ;
- Inflammation de la peau ("boutons du speed")
- léthargie ;
- bouche meth (en) (destruction sévère des dents).
Autres effets à long terme :
- hallucinations, délires ;
- paranoïa ;
- comportements violents ;
- dépression ;
- troubles du sommeil et de la circulation sanguine ;
- dérèglement du cycle menstruel chez les femmes.
Les effets durent de 8 à 24 heures[4] et elle se fait encore sentir dans le corps pendant au moins 3 jours. La plupart des toxicomanes qui consomment cette drogue deviennent dépendants dès les premières consommations.
L'usage prolongé et répété peut induire des troubles comportementaux (agressivité, troubles de l'adaptation), des épisodes psychotiques avec hallucinations et paranoïa[4].
À long terme, elle peut provoquer une dépression du système immunitaire et de l'asthme. Comme toutes les amines secondaires, elle est oxydée par le métabolisme en hydroxylamine, et favorise par conséquent la production de monoxyde d'azote[24], responsable de la régulation de la mort des cellules du système immunitaire[25], et fortement corrélé à l'asthme[26].
Un usage abusif et répété peut entraîner une dépendance[4]. Une dépendance psychologique apparaît rapidement; il n'est cependant pas prouvé qu'une unique consommation peut créer une dépendance[27].
Aspects économiques
En Océanie
Selon un chercheur néo-zélandais, dix pour cent de la production mondiale proviendrait d'Australie et de Nouvelle-Zélande, même si la majorité de la méthamphétamine est toujours produite en Asie[28] (chiffres de 2006).
En Asie
Au Myanmar d'après les ouvrages de Pierre-Arnaud Chouvy, 800 millions de pilules de méthamphétamine ont été produites en 2002, dont une partie non négligeable est consommée en Asie du Sud-Est même. Et ce, pour des laboratoires qui ont dû être implantés vers 1993.
Cette production et le trafic qui en découle est situé près de la frontière avec la Thaïlande qui subit les effets de la consommation parmi ses habitants.
Racémate de méthamphétamine : le yaba (yaaba, yaa baa) aussi appelé « médicament qui rend fou » (crazy medecine) est la méthamphétamine produite dans le Triangle d'or, associée à de la caféine, et très populaire en Orient[4].
En Thaïlande, il est produit par une milice ethnique alliée à la junte militaire birmane (Armée unie de l'État de Wa)[4].
Il se présente sous forme de comprimés colorés et sucrés. Il se consomme généralement fumé dans une pipe.
Il peut, éventuellement (fatigue, parfois -rarement- "psychose amphétaminique"), provoquer de violentes hallucinations et un effet d'éveil important (trois, quatre jours sans dormir)[4].
L'usage prolongé et répété peut induire des troubles comportementaux (agressivité), pulmonaires et rénaux voire une paranoïa[4].
Notes et références
- (en) ChemIDplus, « Methamphetamine - RN: 537-46-2 » sur chem.sis.nlm.nih.gov, U.S. National Library of Medicine. Consulté le 23/07/2008.
- Atomic weights of the elements 2007 sur www.chem.qmul.ac.uk. Masse molaire calculée d’après
- (en) ChemIDplus, « Methamphetamine hydrochloride - RN: 51-57-0 » sur chem.sis.nlm.nih.gov, U.S. National Library of Medicine. Consulté le 23/07/2008.
- Michel Hautefeuille, Dan Véléa, Les drogues de synthèse, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2002 (ISBN 2-13-052059-6)
- 271075 PubChem : SID
- Méthamphétamine, Préoccupations liées à la santé Santé Canada, 24 février 2009
- From issue 1975 of New Scientist magazine, 29 April 1995, page 5
- Images de toiles faites par des araignées exposées à 3 toxines (marijuana, caféine, benzedrine)
- Peter N.Witt & Jerome S. Rovner, Spider Communication: Mechanisms and Ecological Significance, Princeton University Press -1982.
- Autres illustrations (toiles tissées par des araignées exposées à du LSD, de la mescaline, du hachich, de la caféine)
- Paul Hillard, spécialiste araignée au Natural History Museum de Londres : "It appears that one of the most telling measures of toxicity is a decrease, in comparison with a normal web, of the numbers of completed sides [of a web]; the greater the toxicity, the more sides the spider fails to complete"
- Soldats allemands dopés aux amphétamines l'avenir.net, 6 octobre 2010
- SID 271075 PubChem Substance Page on Methamphetamine
- Source armée allemande
- Karl M. Herrligkoffer: Nanga Parbat. Sieben Jahrzehnte Gipfelkampf in Sonnenglut und Eis. Ullstein Verlag, Berlin 1967, S. 100ff.
- Football : les champions du monde 1954 étaient dopés Nouvelobs.com, 26 octobre 2010
- Les «héros de Berne» étaient dopés L'Equipe, 26 octobre 2010
- Football : les champions du monde allemands de 1954 étaient dopés LeMonde.fr, 26 octobre 2010
- Football : la Coupe du Monde « volée » aux Hongrois en 1954 ! hulala.org, 27 octobre 2010
- Combat Methamphetamine Epidemic Act 2005 (Title VII of Public Law 109-177)
- Meth lab discovered in Stromsburg 08/11/04 - Grand Island Independent: News
- Cat.Inist
- Source dopage
- http://www.iupac.org/publications/pac/2000/7206/pdf/7206desaiah_1001.pdf
- Contrasting effects of NO and peroxynitrites on HSP70 expression and apoptosis in human monocytes; Adrie C & al. Am J Physiol Cell Physiol 279:452-460, 2000.
- Allergies
- Fiche de renseignements - La méthamphétamine », Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies, août 2005. Consulté le 12 janvier 2009 Anne-Élyse Deguire, «
- Production d'ice : l'Australie et la Nouvelle-Zélande en tête dans la région, Tahiti Presse, 21/8/06
Voir aussi
Bibliographie
- Pierre-Arnaud Chouvy et Joël Meissonnier, YAA BAA. Production, trafic, consommation de méthamphétamine en Asie du Sud-Est continentale, éditions L'Harmattan.- (ISBN 2-7475-3267-4)
- Uncle Fester, Secrets of Methamphetamine Manufacture.
Filmographie
- Spun, film de Jonas Akerlund, Etats-unis, 2002
- La Pilule de Göring. La fabuleuse histoire de la pervitine, film documentaire de Sönke et Bitar, Allemagne, 2010, 50'
- Breaking Bad, série, Etats-unis, 2008, 2009, 2010, 2011
Liens externes
- (fr) Article de P.-A. Chouvy (www.geopium.org) sur la production birmane
- (ang) Article de l'Observatoire européen des drogues (OEDT) sur la production et le trafic de méthamphétamine en Europe
- (ang) ChemSub Online : Méthamphétamine
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