Musique bretonne

Musique bretonne

La musique bretonne est l'expression musicale de la Bretagne. La culture celtique a inspiré les musiciens bretons qui, surtout depuis 1972, trouvent du succès au-delà des frontières de la Bretagne. Des influences de l'étranger, notamment des autres pays celtiques, ont enrichi la tradition du pays.

Pendant longtemps, la musique bretonne s'est partagée entre la musique festive (accompagnement des danses), la musique descriptive ou de circonstance (mélodies, gwerzioù, marches et chants de marins) et la musique religieuse (kantikou brezhoneg). La musique et le chant bretons sont marqués par les terroirs, et en partie, par la division linguistique en Haute-Bretagne (zone d'expression en gallo) et Basse-Bretagne (zone d'expression en breton).

Sommaire

Historique

En déclin depuis la fin de la 1re Guerre Mondiale, la musique bretonne a vécu un véritable renouveau dans la 2e moitié du XXe siècle. Parmi les nouveautés, on peut citer, dans un premier temps (années 1945 à 1965):

À partir de 1965, se développe une scène musicale ouvertement bretonne et souvent militante (Alan Stivell d'abord, puis au début des années 70, Tri Yann, Gilles Servat et bien d'autres) qui actualise des thèmes anciens par des sonorités d'aujourd'hui (utilisation systématique d'instruments amplifiés[1]), combine différentes musiques ("cross-over") et n'hésite pas à créer de nouvelles compositions (la Symphonie Celtique d'Alan Stivell, par exemple), favorisant la diffusion d'une musique bretonne élargie et diversifiée. Ce mouvement musical est largement soutenu et relayé localement par une multitude de petits groupes qui produisent une musique festive jouée dans les festoù-noz.

Musique traditionnelle et musique classique

Les instruments phares (biniou, bombarde)[2] utilisés en musique bretonne sont historiquement issus de vastes familles d'instruments semblables. Il s'agit d'instruments non tempérés. Aujourd'hui encore, pour un joueur habitué au tempérament dit égal, ces instruments, ne sonnent pas juste.

Vers la fin de la Renaissance, les instrumentistes européens ont progressivement adopté la gamme tempérée du solfège, ce qui n'est pas le cas des musiciens bretons et écossais.

Fabriqués localement par des personnes peu soucieuses de la normalisation tonale, les instruments traditionnels ont été très longs à s'y adapter, d'autant qu'on peut utiliser les quarts de ton.

De plus, du fait qu'il s'agit d'une mélodie essentiellement utilisée pour accompagner des danses et du fait des particularités des danses bretonnes (par exemple la subdivision ou petits pas de certaines gavottes), cette musique n'utilise pas toujours des temps de durées strictement semblables. C'est pourquoi il est difficile de noter les airs selon la notation de la musique classique qui ne peut donner une transcription parfaite de ces subtilités.

On peut faire le parallèle avec le chant en breton et notamment avec le kan ha diskan, qui, du fait de la nature tonale du breton alliée à l'utilisation de modes musicaux anciens, tranche avec le chant populaire courant en France, par exemple.

Dans beaucoup de régions et pays, les anciens instruments à vent traditionnels furent encore utilisés parallèlement au hautbois avant de disparaître à l'exception notable (mais pas seulement) de la bombarde qui a survécu en Bretagne, d'où certaines spécificités de la musique bretonne.

En effet, après avoir failli disparaître dans le milieu du vingtième siècle, le jeu de couple (bombarde et biniou kozh) a repris une vigueur considérable; les festou noz et les concours de sonneurs attirent beaucoup de participants et spectateurs[3]. Dans les années 1970, une intense activité de collectage d'airs de mélodie, de marche et de danse a été engagée à l'initiative des associations SKV (fondée par Georges Epinette) et Dastum[4], et a permis de sauver de nombreux airs.

Aujourd'hui, avec l'élargissement du contexte musical (groupes composés d'instruments variés, généralisation de l'amplification électrique, enregistrements en studio etc.), la gamme tempérée s'est généralisée. Cependant, certains musiciens modernes (Denez Prigent, Yann Fañch Kemener, Erik Marchand) restent attachés aux gammes non tempérées. De même, les pratiques locales maintiennent vivants les anciens modes musicaux.

Musique actuelle

Quand on parle de la musique bretonne contemporaine, le premier nom qui vient à l'esprit est Alan Stivell. À cela trois raisons : l'importance de l'œuvre elle-même, d'une part, la chronologie et la popularité par ailleurs. S'il ne fut pas le premier à réutiliser la matière musicale traditionnelle (cf. le travail musical dans les bagadoù avant - et avec - lui), Alan Stivell a radicalement modernisé la musique bretonne et celtique en introduisant l'emploi d'instruments amplifiés (guitare électrique, guitare basse, synthétiseurs etc.).

S'ajoutant à son talent artistique, il a utilisé pour la première fois les moyens modernes et professionnels de promotion et de diffusion, et fait connaître sa musique au grand public sur tous les continents, à commencer par le public breton, auparavant majoritairement ignorant ou fermé à la musique de la Bretagne.

D'autres groupes utilisant des rythmes et des arrangements de type "rock" et dépassant aussi le cadre de la popularité régionale : Red Cardell, Tri Yann, Stone Age, EV, Krêposuk, Armens, Merzhin,Matmatah,Tri Bleiz Die. D'autres groupes utilisent aussi l'électronique depuis de nombreuses années comme le chanteur avant-gardiste Denez Prigent, dont le chant Gortoz a ran a été utilisé par le réalisateur américain Ridley Scott pour la B.O. du film La Chute du faucon noir. Les années 2000 correspondent aussi à la découverte de nouveaux auteurs et compositeurs en langue bretonne, comme Dom DufF et Nolwenn Korbell, puis Gwennyn Louarn.

Les instruments

L'image qui vient immédiatement à l'esprit quand on parle de musique bretonne est celle d'un couple de sonneurs[5] ou celle d'un bagad, l'un et l'autre mettant en avant le biniou et la bombarde. Si ces instruments furent très populaires, surtout en Basse-Bretagne, où l'aire récente d'utilisation recouvre à peu près le terroir gavotte, ce ne sont nullement les seuls instruments utilisés. D'ailleurs, le biniou lui même est assez récent.

Autrefois, la harpe était utilisée, notamment à la cour des ducs de Bretagne. Mais elle a laissé peu de traces après l'époque ducale. Au début des années 1950, Alan Stivell et son père Georges Cochevelou, suivis par d'autres, ont œuvré pour sa réintroduction. Elle est maintenant bien établie et connue sous le nom de harpe celtique.

Au XIXe siècle, l'accordéon diatonique et la clarinette ont été introduits en Bretagne. Cette dernière a beaucoup plu par son ton chaleureux et parce qu'elle pouvait remplacer un chanteur dans le kan ha diskan. Comme dans les autres régions françaises, elle a souvent reçu un surnom, en breton elle porte un nom plus affectif que dépréciatif : treujenn gaol ("trognon de chou").

Bien d'autres instruments ont été et sont encore utilisés : veuze, vielle à roue, violon, Clarinette (treujenn-gaol), Saxophone, Flûte irlandaise, Dulcimer. Plus récemment est apparue la guitare, dont la vocation a d'abord été d'accompagner les chansons (cf. Glenmor) puis utilisée pour rythmer les danses, enfin instrument soliste grâce au talent de quelques guitaristes comme Bernard Benoit, Dan Ar Braz, Soïg Sibéril, Jean-Charles Guichen ou Nicolas Quéméner.

Références

  1. Guitare électrique, guitare basse, claviers électroniques, batterie de rock, etc.
  2. Musique Bretonne: Histoire des sonneurs de tradition, ouvrage collectif rédigé sous l'égide de la revue ArMen, Le Chasse-Marée / Armen, 1996, (ISBN 2-903708-67-3)
  3. Gourin, un demi-siècle de championnat, Revue Ar Soner, n°382, 4e trimestre 2006
  4. De SKV à Dastum, revue Musique Bretonne, n°200, Janvier/Février 2007
  5. Yves Castel, Sonerien daou ha daou (Méthode de biniou et de bombarde), Ed. Breizh Hor Bro, 1980

Bibliographie

  • (fr)(br)H. Corbes, Abrégé d’histoire de la musique bretonne, revue GWALARN, numéro 104-105, Juillet-Août 1937. Traduction en français du texte original sur le site de l’association Son ha ton ou sur Vitrifolk
  • Collectif, Musique bretonne, histoire des sonneurs de tradition, éditions Le Chasse-Marée / Ar Men, (ISBN 2903708673)
  • René Abjean, La musique bretonne, 1974, édit° Jos Le Doaré, Châteaulin, Finistère
  • Patrick Malrieu, Histoire de la chanson populaire bretonne, 1983, édit° Dastum
  • Goulc'hen Malrieu, Guide de la musique bretonne, 1993, édit° Dastum, Rennes
  • Roland Becker et Laure Le Gurun, La musique bretonne, 1994, édit° Coop Breizh. (ISBN 290992419X)
  • Yves Defrance, L'archipel des musiques bretonnes, 2000, éd. Actes Sud, Arles, 186 p. avec un disque compact. (ISBN 2742725237)

Voir aussi

Textes et techniques musicales

Événements

Musiciens, groupes de musique et interprètes contemporains

Liens externes


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