- Basse-Bretagne
-
La Basse-Bretagne, Breizh Izel en breton, désigne par opposition à la Haute-Bretagne toute la partie occidentale de la Bretagne où est traditionnellement parlée la langue bretonne, d'où son autre nom de Bretagne bretonnante.
Sommaire
Histoire
Le nom
Si l'on se réfère aux exemples d'autres régions à relief important (Alpes par exemple) les qualificatifs de « Bas » et « Haut » se réfèrent à l'altitude des régions. Or l'altitude de la Basse-Bretagne est plus élevée que celle de la Haute-Bretagne.
En vieux français, « haut » voulait dire « proche de la capitale provinciale » et « bas » signifie « éloigné de la même capitale » comme l'illustre l'exemple des deux Normandies : la Haute-Normandie correspond à la région proche de Rouen alors que la Basse-Normandie est la partie la plus éloignée de la capitale provinciale. Il en va de même pour Basse-Lorraine/Haute-Lorraine, Bas-Poitou/Haut-Poitou), etc... En géographie, l'adjectif « bas » n'est pas porteur de connotation péjorative, mais il peut avoir cette connotation en français moderne : c'est pourquoi les habitants des départements des Basses-Pyrénées et des Basses-Alpes ont voulu changer les noms en Pyrénées-Atlantiques et Alpes-de-Haute-Provence. De nos jours ce qualificatif est souvent omis (ou remplacé : Université de Bretagne occidentale, Télé Bretagne Ouest (Tébéo)…)[1]
Une autre explication existe. Au Moyen Âge, la chrétienté avait une place très importante en Europe. Aussi, les cartes étaient généralement orientées vers Jérusalem, capitale de la chrétienté. Par conséquent, sur les cartes anciennes, la Bretagne de langue rurale française apparaissait en haut et la Bretagne de langue rurale bretonne apparaissait en bas.[réf. nécessaire]
Le terme breton « Breizh Izel » est mentionné dans de nombreuses chansons bretonnes du XIXe et XXe siècle. Il est également repris par dans la station de radio régionale France Bleu Breizh Izel, car ce mot n'a aucun sens péjoratif en breton. En français par contre, le terme « bas-breton » a régulièrement été utilisé pour exprimer le dédain envers un Breton et sa langue.
La limite entre Basse et Haute-Bretagne
Article détaillé : Frontière linguistique bretonne.La Basse et la Haute-Bretagne n'ont pas d'existence officielle, il n'y a donc pas de limite administrative. Étant basée sur la Frontière linguistique bretonne, elle a suivi l'évolution des aires géographiques du gallo et du breton jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.
L'existence de deux Bretagnes linguistiquement distinctes est attestée de bonne heure. Au XVe siècle, la chancellerie pontificale, qui demandait au clergé de parler la langue de ses ouailles, distingue la Brittania gallicana et la Brittannia britonizans.
Alfred de Courcy souligne, dans Le Breton, en 1840, les radicales différences entre les deux Bretagnes : « La langue constitue la différence la plus notable ; une ligne tracée de l'embouchure de la Vilaine à Châtelaudren séparerait assez bien les deux parties de la province : en deçà de cette ligne, on n'entend parler que le français ou un patois bâtard[2] ; mais le paysan de la Basse-Bretagne a conservé l'antique idiome, et les Celtes, ses pères, ne reconnaitraient qu'en lui leurs traits et leur sang. »
De nos jours, on considère que la Basse-Bretagne correspond à l'intégralité du département du Finistère et à une grande partie ouest des départements des Côtes-d'Armor et du Morbihan ; la Haute-Bretagne, quant à elle, regroupe principalement les départements d'Ille-et-Vilaine et de Loire-Atlantique, ainsi que la partie orientale des Côtes-d'Armor et du Morbihan.
Ces limites sont toutefois à relativiser : elles ont toujours été floues et très poreuses. Rennes et surtout Nantes par exemple, bien que gallèses, ont connu une forte influence bretonnante au Moyen Âge, tandis qu'à Vannes et Brest, en pays bretonnant, on a toujours parlé breton et français. De même, Saint-Brieuc, en Haute-Bretagne, a longtemps été considéré comme une enclave bretonnante en pays gallo.
Le cas particulier de Nantes, excentrée et théâtre d'importants flux de populations diverses depuis la traite négrière au XVIIe siècle jusqu'à l'industrialisation (chantiers navals de Saint-Nazaire), constitue encore une autre entorse à la distinction entre Haute- et Basse-Bretagne.
Évolution de la limite Basse / Haute-Bretagne
Au IXe siècle, les langues d'oïl (picard, britto-roman...) subissent une évolution qui transforme les -ac en é ou -ay... En élaborant une recherche toponymique entre les différentes communes, qui se superpose d'ailleurs avec les noms de communes commençant en tre-, on peut définir la limite breton-gallo de l'époque. Elle est d'ailleurs très à l'est... Près de Nantes et de Rennes. Une commune d'Ille-et-Vilaine, près de Saint-Malo se nomme par exemple Pleugueneuc : ce nom fait référence à l'évidence au "plou" qui signifie paroisse en langue bretonne et de Guéhénoc du nom de son fondateur.
En 1554, du point de vue maritime selon Jean Fonteneau, marin de La Rochelle, la limite joignait Saint-Brieuc au Croisic[3].
En 1806, a été établi une recherche de la limite dans les départements des Côtes-du-Nord et du Morbihan par Charles Coquebert de Montbret et cela à la demande de l'empereur Napoléon. Des communes comme Pénestin, Camoël, Péaule, Questembert, Plumelec, Saint Caradec, Plouagat, Saint-Martin-des-Prés, Saint-Mayeux y sont notées comme faisant parties de la Basse-Bretagne.
Notes et références
- Loire) est ainsi devenue Loire-Atlantique. Même l'expression « nord », un des points cardinaux, peut prendre cette connotation péjorative, les Côtes-du-Nord sont ainsi devenues Côtes-d'Armor, mais moins à cause de l'aspect négatif de « nord » que pour la confusion franco-française : le « nord » faisait référence à celui de la Bretagne, alors que le Nord est une région française. Il en va de même d'ailleurs pour d'autres toponymes : la Loire-inférieure (simple allusion au fait qu'il s'agissait de la partie aval du cours de la
- gallo qui, à l'époque, était perçu comme une déformation du français. le
- « De Croisil à Saint-Brieuc, la Basse Bretagne est nation de gens sur soy et n'ont d'amitié à autres nulles nations. Sont gens de grand penne et travail. »
Voir aussi
Liens externes
- Annuaire de sites sur la Bretagne
- Carte de 1695, présentant la limite
- À la recherche de la frontière : présentation du livre de Fañch Broudic (ISBN 2-906373-44-3)
Wikimedia Foundation. 2010.