Mouvements altermondialistes

Mouvements altermondialistes

Altermondialisme

Le mouvement altermondialiste, ou altermondialisme, est un mouvement social composé d'acteurs très divers qui proposent pour l'essentiel un ensemble de valeurs « sociales » et soucieuses de l'environnement comme moteur de la mondialisation et du développement humain, en opposition à ce qu'ils analysent comme les « logiques économiques de la mondialisation néolibérale ».

Assez hétérogène, le mouvement se rassemble autour du slogan « Un autre monde est possible » ou plus récemment, « D'autres mondes sont possibles »[1], mais oscille entre un réformisme (par exemple à travers la revendication d'une Taxe Tobin[2] par Attac) et un « imaginaire de la rupture ».

Néanmoins, on distingue des prises de position et des revendications communes à de nombreuses organisations concernant :

Ces thèmes se retrouvent d'une part dans un certain nombre d'ouvrages, de films ou encore de médias[8], d'autre part dans des textes de diverses organisations du mouvement altermondialiste : plate-forme proposée par ATTAC, manifestes ou rapports élaborés durant les forums sociaux mondiaux, dont le manifeste de Porto Alegre, des textes de l'Organisation des Nations unies de déclarations de droit et d'autonomie dont les altermondialistes « réformateurs » veulent l'application concrète[9] (voir aussi la partie Propositions).

Sommaire

Historique et structure

Article détaillé : Chronologie de l'altermondialisme.

Le mouvement a pris racine petit à petit tout au long du XXe siècle. Il commence à prendre de l'ampleur au début des années 1980 dans les pays du sud avec la lutte contre la dette du tiers monde, l'OMC et les plans d'ajustement structurels du FMI ; mais il reste alors inaperçu en Occident. Il apparaît en Europe, aux États-Unis et en Corée à partir de 1994, dans le cadre d'une critique du chômage, de politiques entraînant la précarisation du travail et la remise en cause de la protection sociale.[réf. nécessaire]

Les manifestations de Seattle en 1999 sont les premières manifestations médiatisées altermondialistes[réf. nécessaire]. Elles sont suivies par un premier Forum social mondial, alternatif au Forum économique mondial de Davos, et par le rassemblement de Gênes en 2001 (avec la mort d'un manifestant par balle lors d'affrontements avec la police italienne) contre le sommet du G8. Les Forums sociaux mondiaux ont lieu chaque année soit à Porto Alegre (de 2001 à 2003), à Mumbai en 2004 ou encore polycentrique. En novembre 2002 s'est également tenu le premier Forum social européen à Florence, au cours duquel 450 000 à 1 million de personnes ont défilé contre la guerre en Irak et « pour un autre monde ». En tant que lieux d'échanges et évènements médiatiques, les forums sociaux sont les espaces et les moments privilégiés du mouvement. Il s'est développé durant les dernières années plusieurs forum sociaux mondiaux, continentaux et locaux.

La ville d'Atlanta a accueilli le premier Forum social des États-Unis du 27 juin au 1er juillet 2007, à l'initiative du Forum social[10].

Composition

Le mouvement altermondialiste résulte de la convergence et de la multiplicité de mouvements. Il regroupe des personnes d'horizons très divers. Pour cette raison, cette mouvance est appelée parfois « le mouvement des mouvements »[11].

Attac à Cologne

Cette diversité se reflète dans le grand nombre d'organisations se revendiquant altermondialistes. Le point de vue altermondialiste connaît également un écho parmi certains dirigeants des PMA, ainsi que certains l'ont exprimé dans la déclaration de Dhaka ou dans leur appartenance au mouvement des non-alignés.

Convergence d'une multiplicité de mouvements et d'associations, la mouvance altermondialiste n'a pas d'organisation en elle-même. Elle constitue un réseau au fonctionnement « horizontal ». Les associations réunies au sein du mouvement peuvent d'ailleurs être organisées suivant ce modèle (ainsi dans l'Union syndicale Solidaires en France), mais certaines organisations comme ATTAC France reproduisent dans leur structure une hiérarchie pyramidale en octroyant un pouvoir décisionnel important à une minorité, comme le collège des fondateurs d'ATTAC.

Le mouvement est également organisé dans des réseaux internationaux (cf. la structure des mouvements ATTAC, ou Indymedia), notamment à travers des forums mondiaux, tel le Forum social mondial de Porto Alegre, afin d'y développer des synergies internationales entre les différents mouvements.

Orientations

Le terme anti-mondialisation a été le premier utilisé par les journalistes pour désigner le mouvement contestataire. En 1999, le terme « altermondialisme » ou « altermondialisation », d'origine belge, fut introduit dans la francophonie pour mettre en avant le caractère favorable d'une partie du mouvement à une forme de mondialisation qui serait différente de la mondialisation actuelle[12]. Le terme lui-même est la reprise du slogan « Un autre monde est possible ».

La pluralité des orientations politiques au sein du mouvement est difficile à synthétiser. Il est possible de décrire un certain nombre d'orientations spécifiques au sein du mouvement :

  • Les communistes et marxistes. Les communistes se sont liés au mouvement altermondialistes sur des bases anticapitalistes et s'opposent traditionnellement à la mondialisation économique capitaliste, qui serait celle de la classe bourgeoise, et prônent la mondialisation de l'action des peuples (ou du prolétariat) selon un modèle social et solidaire. Tous les communistes ne se sentent pourtant pas altermondialistes : en France, si des partis comme le PCF ou le NPA se rapprochent de la mouvance, d'autres, comme par exemple Lutte ouvrière, s'en éloignent...[réf. nécessaire]
  • Les anarchistes, opposés au capitalisme et à l'autorité, sont présents dans les grandes manifestations altermondialistes. Certains sont présents dans les black blocs bien que ceux-ci ne soit pas exclusivement constitués d'anarchistes.
  • Les antilibéraux qui critiquant le modèle du libre-échange (cf. critiques du libéralisme économique) veulent réformer en profondeur les principes de la logique économique, sur la base de critères sociaux et moraux. Certains proposent de taxer les flux de capitaux spéculatifs (taxe Tobin).
  • Les souverainistes ou nationalistes qui, ayant pour but déclaré de protéger la nation du « néo-libéralisme » des marchés et de l'insécurité sociale qui en découlerait (chômage, « dumping social », délocalisations), prônent des mesures protectionnistes d'intérêt national ou régional en matière d'économie. Cette dernière catégorie est clairement antimondialiste.
  • Les écologistes qui veulent préserver l'environnement (face à ce qu'ils estiment être les dangers de la société industrielle).
  • Les objecteurs de croissance qui s'opposent au développement de la consommation comme modèle social.
  • Une partie de l'extrême droite française se revendique de l'altermondialisme, comme le journal Flash, proche du Front National , avec des auteurs comme Alain Soral[13].
  • Les localistes qui privilégient ce qui est local sans toutefois se fixer de limites frontalières, entendant favoriser ainsi la démocratie participative, la cohésion sociale et la production de proximité, donc l'emploi local et la préservation de l'environnement via une moindre empreinte écologique liée au transport de marchandises.

La plupart des tendances s'accordent sur un compromis que l'on retrouve aussi dans la tendance modérée, celle des « réformateurs modérés » qui sont partisans du libre-échange mais souhaitent que le marché soit régulé selon des impératifs sociaux et environnementaux, par exemple le principe de souveraineté alimentaire.[réf. nécessaire]

Positions

Positions présentées comme altermondialistes

La pensée altermondialiste veut, d'une part, faire prendre conscience de ce qu'elle considère comme les méfaits d'une forme de mondialisation trop centrée sur l'économie, et, d'autre part, proposer des réformes ou du moins des alternatives selon la formule "un autre monde est possible". Cependant, si la diversité du mouvement s'avère efficace en tant que front de contestation, son manque d'homogénéité empêche le mouvement de produire un programme politique clair et de canaliser ses partisans dans une voie unique. Cependant, une orientation commune se dégage sur des thèmes généraux comme la lutte pour le développement durable, la souveraineté alimentaire et les droits fondamentaux comprenant la paix voire la démocratie. L'altermondialisme se veut un moteur de lutte sociale. Il a désigné comme son principal adversaire idéologique le « néolibéralisme. »

L’idée de base des altermondialistes consiste à considérer que le processus de mondialisation économique, s’il n’est pas encadré politiquement, conduit à une augmentation des inégalités dans le monde : d’une part entre la population mondiale la plus riche et la plus pauvre, d’autre part entre les pays du Nord, principalement l'Amérique du Nord et l'Europe, et une majorité des pays du Sud dont l'Afrique subsaharienne et les PMA. Ce dernier point peut toutefois être contesté par l’analyse du P.I.B. par pays sur les 50 dernières années[14], un indicateur que les altermondialistes contestent en général.

Certains altermondialistes sont par ailleurs préoccupés par l'effet de serre, les OGM (voir Lutte anti-OGM), la pollution qui est engendrée par l'activité industrielle ou encore les armes chimiques et nucléaires.

D'autres accusent les grandes compagnies transcontinentales et les organes financiers et commerciaux internationaux de favoriser, directement ou indirectement, des intérêts privés plutôt que l'intérêt général par la recherche de profits au détriment des facteurs sociaux et écologiques (voir externalité négative et les difficultés à appliquer le protocole de Kyoto ou la Bourse du carbone).

Critiques

Critique du marché mondial

Les altermondialistes considèrent que la mondialisation par le marché n'est pas un synonyme de progrès humain, celle-ci ne profitant, selon eux, pas équitablement à tous.

Les altermondialistes dénoncent particulièrement les inégalités croissante entre la proportion des plus riches et des plus pauvres de la planète. Estimant qu'elles ont augmenté depuis 1960, ils attribuent cette hausse à la mondialisation plutôt qu'aux causes internes à ces pays. Selon le rapport 2001 du PNUD, 1% des plus riches mondiaux disposent d'un revenu cumulé égal à celui des 57% les plus pauvres. De plus, pour 45 des 77 pays disposant d'une statistique sur l'inégalité de revenu, celle-ci a cru à l'intérieur des pays entre 1960 et 1990, renforçant les inégalités intra-nationales. Ces chiffres sont cependant contestés : ainsi, l'économiste espagnol Xavier Sala-i-Martin, spécialiste d'économie du développement, écrit dans ses travaux universitaires que les inégalités économiques et la pauvreté ont diminué au niveau mondial depuis les années 1970 pour les pays qui se sont ouverts au commerce international, alors que les pays ayant des stratégies autocentrées ont vu leur revenu moyen diminuer. Il ajoute que, selon ses calculs, les inégalités entre pays ont augmenté dans les années 1960 et 1970, avant de diminuer progressivement[15].

Ils pointent également que entre 1990 et 2000, malgré l'accroissement des forces productives, illustré par le doublement du PNB mondial, le nombre des victimes de la faim n'a pas évolué[réf. nécessaire] significativement (+/- 9 millions de morts chaque année, soit près de 25000 par jour selon les chiffres du PAM). Sur le plus long terme, on est passé d'1,5 millards de personnes souffrant de la faim dans les années 1950 sur une population de 2,5 milliards, à environ 800 millions en 2006[16].

Est également critiquée la libéralisation des flux financiers et monétaires mondiaux qui a, selon eux, un effet déstabilisateur sur les économies locales et des conséquences humaines néfastes. Ils attribuent par exemple la crise économique argentine et la crise économique asiatique du sud-est à la fin des années 1990 à cette libéralisation. De plus, les paradis fiscaux sont une des cibles des altermondialistes. Pareillement, la « spéculation » est régulièrement critiquée par le mouvement altermondialiste alors qu'à l'inverse elle est considérée par la majorité des économistes comme nécessaire à l'activité économique et à la constitution d'un marché efficient.

Position vis-à-vis des États et des organismes internationaux

Les altermondialistes considèrent que l'économie n'est pas régie par des lois économiques naturelles et immuables mais est le fruit de politiques conscientes des gouvernements qui concèderaient de plus en plus leur pouvoir au marché (voir Consensus de Washington).

De leur point de vue, le marché réduirait l'homme et la nature à sa valeur marchande. Ils voient comme contrepoids des instances externes aux marchés, comme les États, certaines organisations internationales ou, sans trop de précision sur sa représentation, la société civile. Bien que se disant favorables au développement d'organisations internationales, ils s'attaquent à celles qui cherchent à privatiser ou à réduire l'accès aux services publics, ainsi qu'à celles qui visent à libéraliser l'économie.

L'organisation ATTAC résume le souhait des altermondialistes de modifier les règles des grandes institutions internationales comme suit :

« Une réforme radicale des institutions financières internationales, fondée sur une remise en cause de l’organisation actuelle des pouvoirs au sein du système financier international, constitue une condition politique préalable à la construction d’un mondialisme alternatif fondé sur le pouvoir des peuples et sur une nouvelle conception du développement durable. »

Les altermondialistes souhaitent une plus grande démocratisation des institutions supranationales, non démocratiquement élues au suffrage universel direct, comme l'OMC, FMI, la Banque mondiale ou le G8 (voir également : Banque centrale européenne). Le manque de transparence de ces organisations est aussi souvent critiqué par le mouvement altermondialiste.

Critique de l'OMC

Manifestation anti-OMC à Jakarta

Tout d'abord, le mandat de l'OMC de réduire les obstacles au libre-échange est critiqué comme étant défavorable à certains pays du sud, particulièrement concernant l'agriculture. Ainsi le rapport de la plateforme d'ONG françaises Coordination Sud intitulé « La protection des marchés agricoles. Un outil de développement »[17] conclut que « associée à des mesures de soutien à la production » et « pendant une période de temps donnée », « la mise en place de mesures de protection (des marchés agricoles) apparaît clairement comme une condition nécessaire pour parvenir à développer la production locale et renforcer l’autosuffisance ».

Néanmoins, la Politique agricole commune, qui subventionne les exportations agricoles des pays riches et qui est dénoncée par les pays du sud comme concurrence déloyale, fait débat au sein du mouvement altermondialiste.[réf. nécessaire]

Les négociations en huis clos sont également pointées du doigt, ainsi que le système de négociation per se, géré par des comités techniques non élus démocratiquement et accusés de dissimuler des lobbies d'intérêt privés. D'autre part, la domination des pays industrialisés dans le commerce mondial est pointée comme raison de l'impossibilité pour les pays pauvres et les groupes minoritaires de s'opposer aux décisions de l'OMC. Ainsi, l'ONG Oxfam dénonce le fait que selon elle les intérêts des pays développés prennent le pas sur le développement dans les négociations commerciales[18].

Les altermondialistes, rejoint en cela par des auteurs et experts de tout bord, appellent à plus de démocratie, plus de transparence et un nouveau rapport de forces plus favorables aux pays en développement et aux politiques locales.

En outre, la gouvernance de l'OMC, basée principalement sur les ministres du Commerce des pays adhérents, est critiquée pour son manque de préoccupation dans les domaines sociaux et environnementaux qui sont pourtant influencés par ses décisions.

Les accords concernant la propriété intellectuelle comme les ADPIC sont également dénoncés lorsqu'ils sont relatifs aux biens « vitaux » (aliments, médicaments, eau) ou aux organismes vivants. Sont en particulier visés les OGM et le prix élevé de certains médicaments comme ceux contre le SIDA. Certains groupes[réf. nécessaire] ont par exemple développé le concept alternatif de brevet positif pour y remédier. Les altermondialistes sont généralement favorables aux logiciels libres.

Critique du FMI

Pour les altermondialistes, les politiques menées par le FMI ont contribué de façon dramatique à des échecs économiques, sociaux et politiques dans un grand nombre de situations : notamment la crise économique asiatique de 1997, les transitions des économies russes et est-européennes à l'économie de marché, les réformes sud-américaines et la gestion des pays africains.

Ces critiques des interventions du FMI sont en fait très répandues et développées par des économistes de tous bords[19], dont des défenseurs de la mondialisation. Sont mis en avant l'absence d'adaptations des politiques du FMI aux situations particulières, l'absence de recul quant à l'hypothèse de l'autorégulation du marché, ou encore le dévouement de l'institution aux intérêt de certains acteurs du marché financier.

La critique du FMI n'est donc pas du tout propre au mouvement altermondialiste. Ainsi, paradoxalement, si les altermondialistes voient dans le FMI une instance du « néo-libéralisme », nombre de libéraux peuvent contester l'existence même du FMI, dont l'objet est la régulation étatique du marché, donc en contradiction avec le principe de l'autorégulation.

Enfin, les altermondialistes critiquent le mode de fonctionnement du FMI, dans lequel les voix sont pondérées par la participation financière, et préconise un mode de décision démocratique.

Critiques des grandes firmes multinationales

L'altermondialisme s'oppose aux grandes multinationales comme Monsanto (producteur de semences génétiquement modifiées, ou OGM), qui ont tenté d'interdire l'étiquetage sur les produits. La figure emblématique de cette lutte est José Bové. Plus généralement, les altermondialistes s'opposent à tous les brevets sur le code génétique (ADN), au motif qu'on ne saurait breveter les êtres vivants (au sens de l'appropriation du vivant à des fins mercantiles).

Ils s'opposent aussi aux multinationales pharmaceutiques (Roche, Pfizer, etc.), qui, par leurs brevets et le prix de vente de leur médicament, empêcheraient les pays pauvres d'avoir accès aux soins. Les médicaments Diflucan® ou Triflucan® notamment de Pfizer permettraient de sauver des dizaines de millions de personnes malades du SIDA en Afrique[20].

Ils dénoncent certaines multinationales qui, grâce à la libéralisation des échanges et aux avantages liés aux zones franches industrielles, délocalisent et sous-traitent à bon marché en violant les droits humains[21] ou en provoquant des désastres écologiques. Par exemple, Shell est accusé de refuser d’assainir le site du plus grand déversement souterrain d’hydrocarbures en zone urbaine, à Durban, en Afrique du Sud, où plus d’un million de litres de pétrole auraient été répandus.

Les politiques de délocalisations sont selon eux négatives à la fois pour les pays développés (car menaçant la stabilité et le volume de l'emploi, la sécurité sociale ou le minimum salarial) et pour les pays du Sud (car favorisant le dumping social et l'exploitation par le Nord plutôt que le développement local des pays du Sud).

Propositions

Les propositions concernant les droits de l'homme et de l'environnement sont également présentes chez beaucoup d'entre eux. En particulier, la question de la durée est posée par une grande partie du mouvement : à quoi sert de se développer en exploitant de plus en plus intensivement des ressources qui ne se renouvellent pas et dont l'épuisement est prévisible si ce n'est à « aller plus vite dans le mur » ? Le concept de développement durable est souvent employé, questionné et mis en débat en le comparant avec le concept de décroissance soutenable.

Les altermondialistes aspirent également à plus de démocratie mais les propositions concrètes sont très éparses, allant de la réforme des organisations internationales à l'instauration d'un parlement mondial par une mondialisation démocratique, une sorte de Nations Unies élues au suffrage universel, selon certains[Qui ?].

Les altermondialistes soutiennent souvent des idées réformatrices dans le domaine économique comme celles d'un allègement ou de l'annulation de la dette des pays pauvres, d'une taxation sur les transactions financières (taxe Tobin).

Plus précisément, une liste de propositions couramment avancées par les altermondialistes, dont particulièrement par le mouvement ATTAC[22], a été synthétisée dans le manifeste de Porto Alegre [4]. On distingue les :

Propositions liées à des réformes économiques :

  • Annuler la dette publique des pays du Sud. L'argumentaire altermondialiste consiste à dire qu'ils l'ont déjà remboursée plusieurs fois via les intérêts, qu'elles ont été souvent contractées par un gouvernement précédent non démocratique afin de maintenir son pouvoir ou qu'elles sont le pendant de la dette écologique ou coloniale.
  • Promouvoir le commerce équitable avec un nivellement par le haut des normes sociales telles que consignées dans les conventions de l'OIT. Reconnaître les droits économiques, sociaux et culturels énoncés à la conférence de Vienne de 1993[23]. En particulier, reconnaître le droit à la souveraineté et à la sécurité alimentaire, à l'emploi, à la protection sociale et à la retraite. Remarque : le syndicat confédération paysanne demande que l'agriculture soit exclue totalement des négociations de libéralisation.
  • Tirer un bilan exhaustif et indépendant des conséquences des décisions de l'OMC, du FMI et de la Banque mondiale.
  • Instaurer des taxes internationales sur les transactions financières, dont la taxe Tobin sur le marché des devises. D'autres variantes existent comme celles sur les investissements étrangers, sur les bénéfices consolidés des transnationales, sur les ventes d'armes ou sur les activités à forte émission de gaz à effet de serre.
  • Démanteler les paradis fiscaux afin de contrer les évasions fiscales et le crime financier.
  • Interdire toute forme de brevetage du vivant et de privatisation de biens communs de l'humanité, l'eau notamment.

Liées à la justice et à la paix :

  • Mettre en place un système international respecté de prévention et règlement des conflits (une sorte de Tribunal Pénal International ayant plus de pouvoirs).
  • Appliquer la charte des Droits de l'homme contre toute forme de discrimination, de sexisme et de racisme et condamner de manière égale les différents pays qui ne la respectent pas.

Liées au développement de la démocratie :

  • Garantir le droit à l'information par des législations mettant fin à la concentration des médias dans des groupes de communication géants, et garantissant l'autonomie des journalistes par rapport aux actionnaires.
  • Réformer et démocratiser en profondeur les organisations internationales régies par le consensus de Washington (FMI, Banque mondiale, OMC[24]) et y faire prévaloir les droits humains, économiques, sociaux et culturels, dans le prolongement de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Incorporer également ces organisations dans le système et les mécanismes de décision des Nations unies.

Réalisations

  • Ils attribuent l'annulation d'une partie de la dette des pays les plus pauvres à ces pressions sur les gouvernements et les organisations comme le Club de Paris qui prennent habituellement en leur nom ces mesures en cas d’insolvabilité. Ils en donnent pour exemple l'aide supplémentaire accordée à l'Afrique lors du sommet du G8 en 2005. De plus, les altermondialistes ont mené des campagnes de pressions internationales dans les années 1990.
  • La revendication historique d'une taxation de certains capitaux patine ; la plus grande avancée a consisté en une initiative législative du Parlement européen, repoussée dès avant la première lecture grâce aux pressions de Tony Blair sur les députés travaillistes anglais, mais aussi aux abstentions ou votes contre des députés de LO/LCR[25].
  • Le rejet du référendum sur la Constitution européenne en France est en partie dû aux critiques altermondialistes, mais plus généralement des partis et mouvements politiques non-gouvernementaux. Ce résultat, supposé « satisfaisant » par les altermondialistes, lui vaut en revanche l'hostilité d'une partie des partis de gauche social-démocrates français (PS) et européens (SPD en Allemagne, Parti travailliste au Royaume-Uni notamment), ainsi que de la droite européenne modérée, ce que les altermondialistes interprètent comme une pensée unique pro-Union européenne libérale, nonobstant que leur courant de pensée soit loin d'être le seul à s'y opposer (conservateurs britanniques, souverainistes en France et ailleurs, droite religieuse en Espagne, en Bavière ou en Pologne, libéraux notamment anglais…).
  • Certaines boîtes à idées altermondialistes (comme le Comité pour l'annulation de la dette du tiers monde) s'accordent à penser que les décisions de transformer des plans drastiques du FMI en FPRC (« facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance »), ou encore l'émergence de l'« initiative pour les pays fortement endettés » ont été favorisées par les pressions altermondialistes.
  • les actions des institutions financières internationales qualifiées par les altermondialistes de « néolibérales » feraient désormais l'objet de davantage de critiques.
  • Les altermondialistes considèrent que leurs actions et leur pression ont été en partie à l’origine de certaines avancées (telles que la mise à disposition à prix réduit des médicaments anti-sida).

Critique de l'altermondialisme

Le mouvement a été fortement critiqué sur plusieurs fronts par des politiciens, des sociologues ou des économistes. Ils reprochent au mouvement une mauvaise analyse des indicateurs économiques et dénoncent également le fait que, au-delà d'un discours humaniste, la motivation réelle de certains activistes réside dans le repli national.

Critique de l'analyse économique

Certains détracteurs du mouvement affirment que, à l'inverse des affirmations des altermondialistes, c'est l'ouverture commerciale et l'économie de marché qui permet la prospérité de tous. Et de citer le cas de l'échec des modèles de développement autrocentré et le succès de pays anciennement sous-développés ou peu développés par l'ouverture au commerce international : Japon, Corée du Sud, Chine, Inde, Taïwan, Nouvelle Zélande, etc. Cependant, les altermondialistes ne remettent pas en cause les échanges commerciaux mais jugent simplement inéquitable le mode de fonctionnement actuel du commerce international.

Les altermondialistes dénoncent par ailleurs l’écart croissant des richesses entre pays pauvres et pays riches. Toutefois les pays pauvres ont connu une croissance économique supérieure à celle des pays riches tout au long des 50 dernières années marquées par cette mondialisation, alors qu’elle avait été largement inférieure jusque-là. En outre, les critiques de l'altermondialisme estiment que les différences de développement peuvent s'expliquer par d'autres facteurs qu'une exploitation des pays pauvres : dégradation des termes de l'échange par la spécialisation sur des produits à faible valeur ajoutée, problèmes internes aux pays du tiers monde qui ne connaissent pas l'état de droit et manquent de libre marché. Ils soutiennent également que les différentes crises en Argentine ou dans les pays asiatiques peuvent être expliquées en partie par les déséquilibres internes des politiques économiques menées par ces pays, bien plus que par la spéculation. Ainsi, le journaliste Philippe Manière, dans L'aveuglement français, écrit que le spéculateur ne peut gagner que s'il y a des faiblesses déjà existantes dans l'économie du pays, faiblesses qu'il ne fait que révéler. Autrement formulé, l'action du spéculateur (sur les monnaies dans l'exemple cité) n'est pas un déséquilibre du marché mais au contraire un rééquilibrage du cours à sa juste valeur. Et Manière de rappeler que Soros perdit presque autant d'argent en misant à tort contre le franc en 1992 qu'il n'en gagna en misant à raison contre la livre[26].

Effets sur l’environnement des restrictions à la mondialisation

Certains altermondialistes sont partisans de la décroissance afin de protéger les ressources naturelles de la planète et limiter le réchauffement climatique[27]. Selon certains économistes, la croissance économique serait nocive pour l'environnement dans les premiers stades du développement, mais à partir d'un certain seuil de revenu par habitant (déjà atteint par les pays développé) elle deviendrait de plus en plus profitable (voir Courbe de Kuznets).[Qui ?] Cette idée repose sur le principe que l'environnement est donc un bien dit « supérieur » qui est davantage susceptible d'intéresser les riches, que des pauvres qui pensent avant tout à se nourrir. L'élévation du PIB permet par ailleurs de disposer de ressources accrues permettant des politiques environnementales[28]. L'idée de décroissance afin de protéger l'environnement est donc remise en question par certains analystes.

L’économiste australien Kym Anderson a analysé les effets de la politique agricole de l’Union européenne dont le caractère est protectionniste. Il note que la libéralisation des échanges provoquerait selon lui un déplacement de la production vers les pays en développement. Là encore, les freins à la mondialisation apparaissent, pour certains, comme nuisible à l’environnement.

Bien sur on trouve des exemples où le libre-échange a contribué à des problèmes environnementaux. Le développement d’activité économique est en soit cause de problèmes environnementaux : les économistes dénoncent souvent les propositions restrictives de certaines ONG remettant en cause l’implantation de certaines activités dans les pays en développement. À ce propos Jagdish Bhagwati prend l’exemple de la polémique sur l’élevage de crevettes en Asie du Sud-Est, effet de la libéralisation du commerce ayant de graves conséquences écologiques[29] dans les régions où il est pratiqué. Il explique que « de nombreuses organisations non gouvernementales ont argué de ce fait pour dénoncer ce commerce et réclamer sa restriction. Mais cela revient à jeter le bébé avec l’eau du bain, car le commerce est un puissant levier de prospérité et donc aussi bénéfique pour la société »[30].

Critique des motivations du mouvement

Pour certains des opposants à l'altermondialisme, la priorité du mouvement, loin de vouloir faire avancer la mondialisation dans des domaines positifs, est surtout de promouvoir une théorie économique et sociale proche du socialisme, voire nationalisme.

C'est ainsi que certains discours généreux pourraient être de simples rationalisations, couvrant d'un vernis éthique la défense corporatiste de catégories sociales apparaissant excessivement protégées et subventionnées. Par exemple :

  • les agriculteurs des pays du Nord, chercheraient, en utilisant cette plate-forme, à conserver des barrières douanières empêchant aux agricultures du Sud d'exporter, une voie essentielle de leur développement.
  • les membres du mouvement qui dénoncent les importations du Sud « non éthiques » (cf. les produits chinois), chercheraient à restreindre la concurrence des travailleurs du Sud à des « niches » très limitées et simplement symboliques, comme le commerce équitable.

Pour l’économiste indien Jagdish Bhagwati, les revendications altermondialistes contre le libre-échange sont liées à la chute du communisme, seul rival idéologique du capitalisme. Cet épisode aurait créé un vide pour les « idéalistes dont la conscience sociale se nourrit de la conviction que le capitalisme est source d’injustice ». Ces individus risquent selon lui d’accroître en réalité les sources d’inégalité et leur réaction face au changement est source selon lui d’immobilisme. À titre d’exemple, la plupart se focalisent sur les aspects négatifs de la mondialisation bien qu’ils en soulignent certains aspects positifs et remettent en question d'autres points positifs (en termes d’emplois par exemple, la destruction de ceux de l’industrie n’est pas mise en rapport avec la création d’emploi dans d’autres secteurs).

Enfin, certains estiment que le rejet de la mondialisation traduit une peur des changements du monde. Le politologue français Zaki Laïdi, dans son ouvrage La Grande Perturbation analyse ainsi la mondialisation comme une nouvelle expression du changement social[31].

Effets sur le commerce international critiqué

La diffusion des idées altermondialistes contribue peut-être par ailleurs à permettre à certains gouvernements de mettre en place des politiques mercantilistes visant à défavoriser les pays en développement dans leur effort de rattrapage. On voit par exemple le gouvernement américain tenter de freiner les importations de produits étrangers au nom de la protection de l’environnement (Les pêcheurs mexicains seraient moins respectueux des dauphins que leurs homologues américains) ou la lutte contre la pauvreté (les États-Unis et l’Union européenne dénoncent les conditions de travail dans certains pays pauvres afin, selon certains, de trouver un prétexte à la protection de leur marché national[Qui ?]).

Sur la question des échanges mondiaux, les altermondialistes dénoncent la logique du libre-échange. Toutefois les principes du libre-échange sont couramment admis et approuvés par la très grande majorité des économistes, libéraux ou non, qui en soulignent les aspects positifs. Selon Paul Krugman[32], les confusions et la remise en cause du libre-échange auxquelles contribuent les revendications altermondialistes tendent à donner à l’opinion l’illusion d’un conflit commercial planétaire qui menacerait à terme le développement harmonieux des échanges mondiaux. Dans leur analyse de l’OMC, les altermondialistes sont accusés par certains de montrer une apparente incompréhension des principes du libre-échange car ils considèrent le libre-échange comme profitable uniquement lorsqu’il prend la forme de concessions réciproques.

Conséquences politiques

Les altermondialistes souhaitent par ailleurs refonder la logique économique sur des bases politiques, morales et sociales. Cette logique est celle qu’avait décrite Friedrich Hayek dans son analyse des régimes totalitaire avec son ouvrage La Route de la servitude en 1944 ou dans Droit, législation et liberté avec l'analyse du « mirage » de la « justice sociale » en 1978. Chercher à fonder l’activité économique sur une base morale ou sociale mène à un certain contrôle de l’État sur le travail des hommes et sur leurs consommations. Cette concentration de pouvoir dans les mains de certains, légitimée par des choix moraux et sociaux (arbitraires qu’ils soient démocratiques ou non) et propagés par la propagande, mène nécessairement au totalitarisme selon Hayek.

De même la dénonciation de la recherche des intérêts particuliers par les grands acteurs capitalistes de la mondialisation sous-entend qu’il pourrait exister un consensus sur l’intérêt général, qui justement, se manifesterait dans ce mouvement social et donc non représenté au plan politique. Cette idée que la plupart des acteurs de la mondialisation actuelle favorisent leurs intérêts tandis que les altermondialistes viennent offrir des propositions allant dans le sens de l’intérêt général peut être perçue comme démagogique et fausse en raison de l'impossibilité de définir cet « intérêt général ». Ainsi, l'économiste Milton Friedman écrivit il dans La Liberté du choix que « ceux qui croient agir en fonction de l'intérêt général sont en réalité conduits à favoriser des intérêts particuliers qui ne font pas partie de leurs intentions.»

De fait, on remarque que le langage altermondialiste s’enrichit régulièrement de concepts moralisateurs concernant les comportements, parmi lesquels celui de la « mal bouffe ». Les opposants à l'altermondialisme considèrent que le courant altermondialiste, bien que se revendiquant démocrate, apparaît remettre en cause les principes du libre choix et de la responsabilité individuelle.

Manipulation de l'opinion ?

Autre aspect qualifié de démagogique par les détracteurs, l’insistance, réelle ou supposée, de certains altermondialistes sur des phénomènes marginaux telles que les délocalisations. Celles-ci concernent selon la plupart des économistes des quantités tout à fait négligeables d’emplois au vu du chômage dans certains pays (inférieurs le plus souvent à 1% de la population active). Or ces délocalisations se font la plupart du temps en direction de pays riches et non des pays pauvres[33].

Enfin nombre d’économistes soulignent que les pays pauvres ne souffrent pas d’être exploités mais souffrent du protectionnisme des pays riches. Selon les libéraux, on retrouverait cet esprit dans certaines protestations, contre la directive Bolkenstein en Europe par exemple, qui selon les altermondialistes menacerait les conditions de travail des pays d’Europe occidentale. Les libéraux, qui défendent cette directive, dénoncent l'analyse qui consiste à faire de celle-ci un danger majeur alors qu’elle n’est, selon eux, susceptible de concerner que de rares activités du fait de la proximité nécessaire à la prestation de la plupart des services.

Un mouvement incohérent ?

Pour l'essayiste libertarien Johan Norberg, les altermondialistes trahissent le discours de liberté qu'ils entendent porter en prônant le protectionniste alors que le libre-échange devrait au contraire être leur revendication. Norberg s'en prend par ailleurs aux méthodes violentes de certains altermondialistes, en particulier lors de sommets du G7/G8. Le recours aux méthodes violentes, à l'affrontement physique et à la provocation ne caractérise pas un mouvement démocratique mais au contraire les ennemis de la démocratie : « ils ridiculisent l'idée de liberté. Dans [le] vocabulaire simpliste d'un adolescent, ce sont des fascistes »[34].

Boris Johnson, le maire de Londres aux convictions plutôt libérales, critique également le mouvement, tournant en dérision les enfants de classe moyenne qui le composent : aliénés, incohérents et en quête de cause. Il leur propose, s'il veulent réellement améliorer le sort des habitants des pays pauvres, de manifester en faveur de l'abolition des restrictions d'accès aux marchés des pays riches, de l'aboutissement du cycle de Doha, en un mot manifester en faveur du libre-échange[35].

Une force de proposition limitée

Au dela de sa critique du système actuel, le mouvement altermondialiste est critiqué pour son absence de propositions. Ainsi, dans La grande perturbation, ouvrage analysant la mondialisation, le politologue français Zaki Laïdi consacre considère que « la capacité de la mouvance altermondialiste à proposer des solutions alternatives reste extrêmement limitée »[36]

Le philosophe Pascal Bruckner affirme par ailleurs que « Ce n’est pas être insultant que de souligner la grande faiblesse théorique de la mouvance altermondialiste qui peine à dépasser le stade de la simple invective au moment où le système a plus besoin que jamais pour se régénérer d’un adversaire à sa mesure. »[37]

Médias, groupes de pression citoyens et autres structures

Les structures diversifiées constituant la mouvance altermondialisme sont organisées en réseau, où les médias qualifiés d'altermondialistes jouent un grand rôle. Parmi ces médias, on peut citer Le Monde diplomatique, Indymedia, Le Plan B, journal de l'association de critique des médias Acrimed, Bellaciao, ou encore Utopia.

Article détaillé : Médias de l'altermondialisme.

Les documents des structures onusiennes comme les rapports du PNUD jouent aussi un rôle important, comme l'étude critique des documents produits par des institutions contestées (FMI, OMC, Banque mondiale).

Internet est également un élément important dans l'internationalisation, la constitution des réseaux d'associations altermondialistes. Le mouvement altermondialiste utilise largement Internet pour la publication d'informations (plus rapidement que par les médias papier), ainsi que pour la mobilisation, l'organisation pratique.

Débats internes du mouvement

Le mouvement altermondialiste est confronté aujourd’hui à des débats d'orientation en son sein.

Certains de ses acteurs s’interrogent sur la place du mouvement dans l'ensemble des luttes sociales d'émancipation. L’altermondialisme doit-il jouer un rôle antagoniste du néo-libéralisme comme l’était le communisme face au capitalisme, ou bien doit-il être une force d’opposition et d’adaptation à l’intérieur du système actuel ?

D’autre part, la question de la représentation politique est posée. La plupart des organisations altermondialistes refusant de créer un parti, le mouvement s'est axé comme un contre-pouvoir, un mouvement social et fait appel à l'opinion publique, créant des groupes de pression et organisant des mouvements citoyens.

La question des alliances est constante. Les affinités sont grandes avec les mouvements anti-guerre et anti-fascistes. Certains altermondialistes, plus radicaux, sont alliés aux anti-capitalistes, d'autres aux anti-productivistes, d'autres encore pensent qu'il faut multiplier les exemples d'alterdéveloppement local. Certaines organisations sont également proches de la pensée néo-keynésienne.

La question des résultats obtenus se pose aussi ; en quelques années d'existence les avancées obtenues sur les grandes propositions altermondialistes (dette du tiers monde, taxe Tobin, droit à l'existence d'autres régulations que le marché, etc.) paraissent peu satisfaisantes. Certains pensent que ce mouvement a une force qui se décuplera si le monde libéral d’aujourd’hui aggrave les choses mais que ce mouvement tendra à disparaître si le monde libéral s’adapte à certaines demandes des altermondialistes (celles des réformistes).

Notes et références

  1. Slogan qui provient d'un vers de Paul Éluard : « Un autre monde est possible, mais il est dans celui-ci ».
  2. L'économiste James Tobin s'oppose au mouvement altermondialiste et s'est plaint du détournement de son nom et de sa proposition.
  3. Puisque d'une part les orientations politiques sont définies au préalable, et d'autre part qu'il y a des réformistes, des anarchistes, etc., avec toutefois des textes communs dont le manifeste de Porto Alegre plaide pour la démocratisation des instances internationales et l'intégration de la BM/FMI et de l'OMC dans l'Organisation des Nations unies ; ATTAC demande une démocratisation de l'OMC, le FMI, et la Commission européenne par des élections démocratiques (bien que les processus électifs ne soient encore clairement décidés); la marche mondiale des femmes demande la mise sur pied d'une organisation politique mondiale avec une parité entre pays pauvres et pays riches, et avec une vraie représentativité des femmes.
  4. Voir, par exemple, cette déclaration au Forum social mondial de 2002
  5. Les revendications des peuples indigènes de l'EZLN, pour l'autonomie paysanne de Vandana Shiva et sa lutte pour le développement des semences libres en Inde, et contre les graines payantes des semenciers comme Monsanto.
  6. Par exemple, soutien du Protocole de Kyoto.
  7. Voir la proposition 4 de la Marche mondiale des femmes. Ces exemples sont illustrés par les reportages de Michael Moore sur les conditions de travail en Asie du Sud-Est dans les compagnies travaillant pour les grandes firmes multinationales occidentales, comme Nike.
  8. Voir les articles Bibliographie de l'altermondialisation, Filmographie de l'altermondialisme et Médias de l'altermondialisme.
  9. Voir notamment les propositions de la Marche mondiale des femmes.
  10. « Atlanta accueille le premier Forum social étasunien », dans Courrier International du 26 juin 2007, [lire en ligne]
  11. Voir samizdat
  12. Antimondialisation#Essai de distinction anti / alter.
  13. L'extrême droite altermondialiste lance son journal
  14. OCDE, PIB per capita sur les 50 dernières années.
  15. Xavier Sala-i-Martin, The Disturbing « Rise » of Global Income Inequality, avril 2002
  16. La Faim et la Malnutrition dans le monde
  17. Publié le 23 février 2007 et disponible ici
  18. Communiqué Oxfam
  19. Voir par exemple Joseph E. Stiglitz dans son livre La Grande Désillusion (2002).
  20. Communiqué de presse de l'association Act Up du 13 mars 2000
  21. No Logo, de Naomi Klein.
  22. Par exemple socle de 8 séries de mesures [1]
  23. texte de la déclaration et du programme d'action de Vienne (ONU)
  24. Série de propositions du CNCD concernant la démocratisation de l'OMC [2]
  25. Voir [3]
  26. Philippe Manière, L'aveuglement français, Stock, p.157-161.
  27. Même avec la décroissance ou un arrêt total des activités anthropiques, le processus est enclenché : les gaz à effet de serre sont présents pour des années, des siècles.
  28. La description de ce phénomène constaté dans les pays riches, voire certains pays en voie de développement comme la Chine récemment, est permise par une courbe en U inversé (pollution en ordonnée et revenu par habitant en abscisse) le plus souvent intitulé « courbe environnementale de Kuznets ».
  29. Destruction des mangroves, effets similaires à la surpêche, plus de détails dans élevage de crevettes#Effets environnementaux dans l'article élevage de crevettes.
  30. Jagdish Bhagwati, Éloge du libre échange, Éditions d’Organisation, p. 69.
  31. Cyberscopie.com
  32. Paul Krugman, La Mondialisation n'est pas coupable, 1996.
  33. À titre d'exemple, selon l'INSEE, sur la période 1995-2001 « ce sont 13 500 emplois industriels qui auraient été « délocalisés » en moyenne chaque année, soit 0,35% du total de l’emploi industriel. Un peu plus de la moitié des emplois délocalisés l’auraient été à destination des pays développés, notamment des pays limitrophes de la France et des États-Unis. » L’Économie française, Comptes et dossiers 2005-2006, Rapport sur les comptes de la Nation de 2004, INSEE.
  34. Johan Norberg, In Defense of global capitalism, preface
  35. (en) Boris Johnson, « Here's a slogan for the G20 mob: What do we want? Free trade! », The Daily Telegraph, 23 mars 2009.
  36. La capacité de la mouvance altermondialiste à proposer des solutions alternatives reste extrêmement limitée - Interview avec Zaki Laïdi au sujet de son livre La grande perturbation
  37. Pascal Bruckner, préface de Bilan du Monde 2003, p.7

Annexes

Articles connexes

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Bibliographie

Filmographie

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