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Consensus de Washington
Le consensus de Washington est une expression créée en 1989, par l’économiste John Williamson[1] pour résumer les mesures standard alors recommandées aux économies en difficulté, notamment celles d'Amérique latine, par les institutions financières internationales sises à Washington, DC que sont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international soutenues, en la matière, par le Département du Trésor américain.
Il est issu de l’idéologie de l’école de Chicago.
Sommaire
Solution-type à la crise de la dette de l’État
En Amérique latine, la « décennie perdue » des années 1980 avait été marquée par une profonde crise économique, une hyperinflation dévastatrice, la déstructuration sociale et des instabilités politiques. La crise de la dette extérieure, écartant le sous-continent des marchés financiers, le saigna à blanc, avec un transfert net (négatif) de ressources financières, de près de 25 milliards de dollars en moyenne annuelle, en direction du Nord[2].
Le « paquet » de réformes alors recommandées aux États surendettés comporte presque systématiquement, comme solution à cette crise de la dette accompagnée de récession et d'hyperinflation, une stricte discipline budgétaire (les déficits keynésiens ne sont plus considérés comme la panacée), et donc la diminution des dépenses publiques, la promotion des exportations (au détriment parfois du marché intérieur) et la libéralisation du commerce extérieur. Cette politique de libre-échangisme recommande systématiquement l’abolition des barrières à l'entrée sur le marché et libéralisation des investissements internationaux. Lors de la privatisation, recommandée, des monopoles ou participations de l'État (qu’il soit — idéologiquement — considéré comme un mauvais actionnaire ou — pragmatiquement — dans une optique de désendettement), les « fleurons » des économies en crise passent alors, libéralisation des marchés financiers oblige, sous contrôle étranger. La déréglementation, la protection de la propriété privée, la création d'un taux de change stable et compétitif, font aussi partie des solutions proposées pour relancer des économies souvent sclérosées par des administrations pléthoriques (et parfois corrompues). La relance, plutôt que par le déficit budgétaire (solution keynésienne « classique »), doit se faire par l’investissement privé et la consommation avec un « coup de pouce » fiscal et une baisse des taux de l'impôt direct.
Critiques et autocritique
Bénéficiant du contexte de crise idéologique globale lié à l'effondrement du communisme soviétique, ces propositions inspirées par le libéralisme économique ont été appliquées par de nombreux États (de façon sélective) avec des niveaux de réussite très divers.
Loin de représenter le consensus de tous les économistes, il contient des points rejetés par nombre d’entre eux, comme Jagdish Bhagwati ou le "prix Nobel" d’économie Joseph Stiglitz qui le critique durement dans son ouvrage La Grande Désillusion. Elle est également décriée par les altermondialistes. Alors que le contre-modèle communiste a pratiquement disparu, les voies alternatives au consensus ont du mal à percer. Des ébauches d'alternatives, que l'on pourrait qualifier de voie mixte entre les extrêmes du capitalisme sans régulation et du communisme, sont avancées par les post-keynésiens, et les altermondialistes.« De par le monde, dix pays à revenu intermédiaire ont connu, entre 1994 et 1999, de graves crises financières qui ont fait sombrer le niveau de vie et, parfois, causé la chute du gouvernement et aggravé le sort de millions de personnes. Les décideurs ont soudain été confrontés à la menace de la contagion financière, et les économistes ont remis en question le rythme et l’enchaînement des mesures de déréglementation et de libéralisation. »[3]
En 2007, dans son Rapport mondial sur le développement, la Banque mondiale, une des principales institutions à suivre le Consensus de Washington, reconnaît la nécessité de l’intervention de l’État[4].
Notes et références
- ↑ (en) John Williamson, « What Should the Bank Think about the Washington Consensus? », 1999, Peterson Institue. Consulté le 20 mai 2008
- ↑ Le « Consensus de Washington », Le Monde diplomatique. Consulté le 20 mai 2008
- ↑ Jeremy Clift, « Au-delà du consensus de Washington », 2003, Fond monétaire international. Consulté le 20 mai 2008
- ↑ La Fin du consensus de Washington, 21 avril 2007, ContreInfo.info
Voir aussi
- Consensus de Copenhague
- Consensus de Beijing - l'alternative de développement sur le modèle de la Chine.
Liens externes
- L'impact du consensus de Washington sur les pays en voie de développement : une évaluation empririque
- Le Consensus de Washington, application en Amerique latine
- Enterrer le consensus de Washington
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Catégorie : Théorie économique
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