- Louis VI de France
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Louis VI Gisant de Louis VITitre Roi des Francs 29 juillet 1108 – 1er août 1137
29 ans, 0 mois et 2 joursCouronnement 3 août 1108,
en la cathédrale d'OrléansPrédécesseur Philippe Ier Successeur Louis VII Biographie Dynastie Capétiens Date de naissance 1081 Date de décès 1er août 1137 (à 56 ans) Lieu de décès Béthisy-Saint-Pierre (France) Père Philippe Ier de France Mère Berthe de Hollande Conjoint Adèle de Savoie Enfants Philippe de France
Louis VII
Henri de France
Hugues de France
Robert de France
Constance de France
Philippe de France
Pierre de Francemodifier Louis VI de France, dit le Gros ou le Batailleur[1], né en 1081, mort le 1er août 1137 au château royal de Béthisy-Saint-Pierre[2]. Roi des Francs de juillet 1108 à 1137, il est le cinquième roi de la dynastie dite des Capétiens directs.
Sommaire
Biographie
Enfance
Il est le fils de Philippe Ier (1052-1108), roi des Francs et de sa première épouse Berthe de Hollande[3].
Après avoir répudié Berthe en 1092[4] et malgré les protestations du clergé, son père se remarie la même année[5] avec Bertrade de Montfort, comtesse d'Anjou. De cette deuxième union naissent quatre enfants, dont deux fils. Louis, jeune prince issu du premier mariage de son père, est élevé avec Suger, futur abbé de Saint-Denis, qui devient son ami proche, puis son conseiller.
Au service de son père
En 1092, son père l'investit du comté de Vexin et des villes de Mantes et de Pontoise. Il vit éloigné de la cour, sa mère ayant été répudiée et son père remarié à Bertrade de Montfort.
En 1097, à la tête de l'armée royale, il prend part à la guerre, défendant le Vexin contre Guillaume le Roux roi d'Angleterre.
Après avoir été adoubé chevalier le 24 mai 1098 à Abbeville, par Gui Ier comte de Ponthieu, Louis est associé au trône puis combat le duc de Normandie et les sires châtelains du domaine royal qui se montrent souvent rebelles à l'autorité royale.
Enfin son père, devenu impotent, incapable de gouverner et de combattre, se réconcilie avec lui. C'est dans le courant de l'année 1101[6] ou 1103[7], qu'il lui confie le gouvernement effectif du royaume en qualité de « rex designatus » (roi désigné) ; cette même année, il l'investit aussi du comté de Vermandois.
Roi des Francs
Accession au trône
Le 29 juillet 1108, son père meurt à Melun, et suivant sa dernière volonté, est inhumé en l'église abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire. Dès l'enterrement terminé, Louis, se doutant que son demi-frère, Philippe de Montlhéry, risque de l'empêcher d'accéder à Reims, se hâte de rejoindre Orléans située à quelques kilomètres de Saint-Benoît, afin de se faire sacrer au plus vite. Une raison supplémentaire de ne pas se rendre à Reims était que l'actuel archevêque de Reims, Raoul le Vert avait été soutenu par le pape Pascal II mais n'avait pas été reconnu par feu Philippe Ier qui lui préférait Gervais de Rethel[8].
Le sacre a lieu le 3 août 1108 dans la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, il reçoit « l’onction très sainte » de la main de Daimbert, l’archevêque de Sens. L'archevêque de Reims, Raoul le Vert envoya des messagers pour contester la validité du sacre, mais il était trop tard.
Règne
Louis VI encourage les mouvements communaux, associations professionnelles sociales ou religieuses. Dès 1110, il octroie aux habitants des villes divers avantages fiscaux et le droit de s'administrer sous la direction d'un maire. En 1111, il lutte contre le brigandage perpétré par certains seigneurs, tels que Hugues du Puiset, à l'intérieur du domaine royal.
Dès 1108, il se rendait tous les ans à Saint-Julien-du-Sault et au couvent des Echarlis près de Villefranche (Saint-Phal) afin d'y prendre les eaux minérales de la source et fit de nombreuses donations à l'abbaye[9].
Le dimanche des Rameaux 1115, il est présent à Amiens, pour soutenir l'évêque et les habitants de cette ville dans leur conflit avec le célèbre Thomas de Marle, lequel est intervenu militairement à la demande de son père Enguerrand de Boves, comte d'Amiens et seigneur de Coucy. Ce dernier refuse de reconnaître l'octroi d'une charte accordant des privilèges aux habitants de la commune[10]. Arrivé avec une armée pour aider les bourgeois à faire le siège du Castillon (forteresse dominant la ville d'Amiens, à partir de laquelle le père et le fils partaient en « expéditions punitives »), Louis VI reçoit une flèche dans son haubert, puis part sans vaincre les assiégés réfugiés dans la tour réputée imprenable qui ne tombe que deux années plus tard.
En août 1124, l’empereur germanique Henri V voulant aider son beau-père Henri Ier d'Angleterre dans le conflit qui l'oppose à Louis VI pour la succession dans le duché de Normandie, envahit la France et avance avec une puissante armée jusqu'à Reims. Face à la menace germanique et pour la première fois en France, Louis VI fait appel à l’ost. Dans un même élan patriotique, tous ses grands vassaux répondent présent : son cousin, le comte de Vermandois Raoul le Borgne, le duc Hugues II de Bourgogne, le duc Guillaume IX d’Aquitaine, le comte Charles Ier de Flandre, le duc Conan III de Bretagne, le comte Foulque V d'Anjou, le comte de Champagne Hugues de Troyes, le comte Guillaume II de Nevers et même le comte de Blois, Thibaud IV. Après avoir été chercher l'oriflamme à Saint-Denis, Louis VI se retrouve à la tête d’une immense armée mais l’affrontement, que tout le monde pensait pourtant inévitable, ne se fait pas. Henri V, certainement impressionné par une telle mobilisation et prétextant des troubles dans sa capitale de Worms, se retire sur Metz le 14 août sans combattre.
Succession
La succession était destinée à son fils Philippe, couronné roi associé le 14 avril 1129, mais sa mort accidentelle en 1131 amène le cadet, Louis le Jeune, destiné à une carrière écclésiastique et non éduqué à la fonction royale, à devenir l'héritier. Il est donc couronné roi associé à son tour le 25 octobre 1131.
En mai 1137, il conclut la paix avec Étienne de Blois roi d'Angleterre et reçut l'hommage d'Eustache fils de ce dernier, pour la Normandie. Ayant noué des rapports amicaux avec Guillaume X, duc d'Aquitaine, celui-ci avant de mourir, donna sa fille et héritière au fils aîné du roi et lui confia sa terre, recevant ses envoyés début juin 1137, "permettant" par là à la dynastie capétienne de reprendre de l'influence dans la France méridionale, par la possession de cet immense fief.
Décès
Alors qu'il rentre d'une expédition punitive contre le seigneur pillard de Saint-Brisson-sur-Loire, près de Gien, Louis le Gros tombe soudainement malade au château de Béthisy-Saint-Pierre situé dans la vallée de l'Autonne, en forêt de Compiègne, entre Senlis et Compiègne. Il y trépasse le 1er août 1137 d'une dysenterie causée par l'excès de bonne chère, qui l'avait rendu obèse et fut inhumé en l'église de l'abbaye royale de Saint-Denis. Son fils Louis, âgé de 17 ans et couronné depuis 6 ans, lui succède sans contestation.
Un moyen-relief en pierre calcaire représentant un roi en pied, en position repliée, portant la maquette d'une église qu'il offre à saint Vincent se trouve sur un autel liturgique roman, dans la petite église d'Avenas, commune du Haut-Beaujolais située dans le département du Rhône. Exécuté entre 1118 et 1124 par le "Maître d'Avenas", dont le nom est resté inconnu à ce jour, ce magnifique bas-relief montre un roi, couronné, déjà bedonnant. Une inscription latine, sur la même pierre, le qualifie de "REX LVDOVICVS PIVS" (Roi, Louis le Pieux). Certains disent que ce roi serait Louis VI, d'autres disent qu'il correspond plutôt à Louis Le Pieux ou encore à Louis VII[11],[12],[13].
Unions et descendance
En 1104, Louis VI est fiancé à Lucienne de Rochefort[14], fille de Gui Ier (mort en 1108), comte de Rochefort. Henri d'Arbois de Jubainville, célèbre archiviste paléographe, dit dans son livre[15] que le mariage n'était pas encore consommé qu'il fut cassé par le pape lors du concile de Troyes le 23 mai 1107[16]. La femme « délaissée » se remaria d'ailleurs aussitôt avec Guichard III de Beaujeu.
Entre le 25 et le 30 mars 1115 (sûrement le 28 qui est un dimanche), selon le médiéviste, Andrew W. Lewis[17], Louis VI épouse à Paris, Adèle de Savoie (v. 1100-1154), fille d'Humbert II de Savoie (mort en 1103), comte de Maurienne, et de Gisèle de Bourgogne (v. 1070-apr. 1133), fille de Guillaume Ier de Bourgogne, surnommé le Grand ou Tête Hardie. De cette seconde union sont issus sept fils et deux filles :
- Philippe (1116 - † 1131) (à ne pas confondre avec son frère cadet du même nom), mort des suites d'une chute de cheval.
- Louis VII le Jeune (1120- † 1180), roi de France ;
- Henri (vers 1122 - † 1175), évêque de Beauvais (vers 1149-1161) puis archevêque-duc de Reims (1162-1175) ;
- Hugues (vers 1122, mort jeune) ;
- Robert Ier de Dreux (vers 1125 - † 1188), dit Robert le Grand, comte de Dreux (1152-1184), comte du Perche ;
- Pierre Ier de Courtenay (vers 1126 - † entre 1180 et 1183, marié vers 1152 avec Élisabeth de Courtenay (vers 1135 - † après 1205), dame de Courtenay ;
- Constance de France (vers 1128 - † 1180), épouse (1) en 1140 Eustache IV dit Eustache de Blois, comte de Boulogne - sans postérité connue ; épouse (2) en 1154 Raymond V (1134 - † 1194), comte de Toulouse ;
- Philippe (vers 1132/1133 - † 1161)[18], à ne pas confondre avec son frère aîné du même nom. Sans alliance ni postérité. Nommé évêque de Paris, il refusa le poste et resta archidiacre.
- une fille morte jeune, inhumée à Saint-Victor de Paris.
Avec une certaine maîtresse prénommée Marie, fille de Renaud de Breuillet de Dourdan, Louis VI est le père d'une fille :
- Isabelle (vers 1101/1104 - † après 1175), dame de Liancourt-Saint-Pierre, épouse Guillaume Ier de Chaumont (en Vexin)[19],fils de Osmond Ier de Chaumont, seigneur de Chaumont-Quitry.
Bilan du règne
Exerçant un pouvoir sans partage, entouré de conseillers comme Yves de Chartres, Étienne de Garlande et surtout Suger, il défendit la paix et le bon droit, protégea les faibles et l'Église, compléta l'œuvre paternelle d'accroissement du domaine royal en intégrant les terres des familles de Rochefort, de la Ferté-Alais et de Montlhéry, le comté de Corbeil et légua à son fils Louis VII, un domaine à peu près pacifié. Comme roi et individu, il se conduisit en chrétien qualifié parfois de rex catholicus et christianissimus, se disant lui-même « propre fils de l'Église romaine[20] ». Il fut le premier souverain à toucher les écrouelles de façon habituelle. Il résida à Paris beaucoup plus qu'aucun de ses prédécesseurs.
C’est à partir des règnes de Louis VI et de Louis VII, conseillés par l’abbé Suger, que la royauté commence à exercer un rôle national, en répondant à l’appel de ses sujets. La justice du roi va se mettre à régler les conflits entre différents vassaux, confirmer des chartes communales aux bourgeois des villes et garantir des propriétés d’abbaye.
Louis VI le Gros au cinéma
- Louis VI a été dépeint, de manière caricaturale, dans quelques scènes du film à vocation comique les Visiteurs (1993, de Jean-Marie Poiré), sous les traits de l'acteur Didier Pain.
Notes et références
- Académie des inscriptions et belles-lettres Histoire littéraire de la France 1841 p. 656
- Généalogie de Louis VI Medieval Lands,
- Philippe Delorme Aliénor d'Aquitaine : épouse de Louis VII, mère de Richard Coeur de Lion 2001, p. 86
- Ivan Gobry,La civilisation médiévale, Tallandier, 1999, p. 82
- Un beau divorce au Moyen Âge : Bertrade de Montfort 1924, p. 62 Alphonse Jouet
- « His father transferred effective governing power to him in 1101 » Medieval Lands, op. cit.
- Éric Bournazel, Louis VI le Gros Fayard, 2007,
- L'art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes... p. 402 Nicolas Viton de Saint-Allais,
- Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, Perriquet éditeur Auxerre 1852
- Histoire locale : Amiens et la Picardie - Les mouvements communaux
- Corpus des inscriptions de la France médiévale, 1974, p. 64 Centre national de la recherche scientifique,
- L'Architecture romane dans l'ancien diocèse de Mäcon, 2008, p. 197 Jean Virey,
- André Pelletier, Grande encyclopédie de Lyon et des communes du Rhône - Arrondissement de Villefranche, 1983, p. 187
- Lucienne de Rochefort sur le site de la Fondation pour la généalogie médiévale
- Histoire des ducs et des comtes de Champagne (1860) Pages 177 et 178
- Un faux de Louis VI relatif à Liancourt (Oise) par Jean Dufour, p. 40
- La date du mariage de Louis VI et d'Adelaïde de Maurienne
- Philippe 8ème enfant de Louis VI le Gros sur le site Foundation for Medieval Genealogy
- Généalogie de Guillaume de Chaumont, page 4
- Achille Luchaire, Les premiers Capétiens, 987-1137, Mégariotis, 1979, p. 327
Voir aussi
Précédé par Louis VI de France Suivi par Philippe Ier de France roi de France Louis VII Catégories :- Capétien direct
- Comte de Vexin
- Roi de France du Moyen Âge
- Naissance en 1081
- Décès en 1137
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