- Louis IX de France
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Louis IX Saint Louis imaginé par Le GrecoTitre Roi de France 8 novembre 1226 – 25 août 1270
43 ans, 9 mois et 17 joursCouronnement 29 novembre 1226,
en la cathédrale de ReimsPrédécesseur Louis VIII Successeur Philippe III Biographie Dynastie Capétiens Date de naissance 25 avril 1214 Lieu de naissance Poissy (France) Date de décès 25 août 1270 (à 56 ans) Père Louis VIII de France Mère Blanche de Castille Conjoint Marguerite de Provence Enfants Blanche de France
Isabelle de France
Louis de France
Philippe III
Jean de France
Jean-Tristan de France
Pierre de France
Blanche de France
Marguerite de France
Robert de France
Agnès de FranceRésidence Paris
Vincennes
Rois de France modifier Louis IX de France[1], plus connu sous le nom de Saint Louis[2] depuis sa canonisation par l'Église catholique romaine en 1297, est né le 25 avril 1214 à Poissy[3] et mort le 25 août 1270 à Tunis pendant la huitième croisade. Il fut roi de France de 1226 à 1270, neuvième de la dynastie des Capétiens directs.
Il est le fils de Louis VIII (1187-1226), dit Louis le Lion, roi de France, et de Blanche de Castille (1188-1252). Il est aussi le frère aîné de Robert Ier d'Artois, comte d'Artois et de Charles Ier de Sicile (1227-1285), comte d'Anjou, qui fonda la seconde dynastie angevine.
Il développa notamment la justice royale où le roi apparaît alors comme « le justicier suprême ».
Sommaire
Roi, diplomate, juriste
Quatrième fils né en 1214 du roi Louis VIII, Louis IX ne peut régner qu'en raison de la mort précoce de ses trois frères aînés dont Philippe né en 1209 et mort en 1218. Il n'a pas atteint la majorité lorsque survient le décès de son père en 1226.
Dans son testament, Louis VIII confie la régence à Blanche de Castille. Le pouvoir passe « entre les mains d’un enfant, d’une femme et d’un vieillard », Barthélemy de Roye, grand chambrier à la cour depuis 20 ans (Chronique de Tours).
Le royaume entre dans une période d'agitation, la révolte est organisée par Philippe Hurepel, oncle de Louis IX, fils légitimé de Philippe Auguste, par la maison de Dreux et par le duc de Bretagne Pierre Mauclerc. Matant la rébellion et les barons agités, la régente Blanche de Castille, achève la conquête du Languedoc initiée par Louis VIII en contraignant le comte Raymond VII de Toulouse à donner sa fille Jeanne en mariage à Alphonse, frère de Louis IX.
Louis IX n'a que douze ans quand il est sacré roi le 29 novembre 1226 à Reims par l'évêque de Soissons, Jacques de Bazoches. La régence est assurée par sa mère, Blanche de Castille, avec le titre de « baillistre ». En 1234, elle organise le mariage, qui aura lieu à Sens, de Louis IX avec Marguerite, la fille du comte Raimond Bérenger IV de Provence espérant ainsi agréger le comté de Provence au royaume de France, puisque le comte de Provence a quatre filles. Blanche de Castille garda assez longtemps une grande influence sur le pouvoir, au-delà de la majorité du roi, réputé majeur[4] le 25 avril 1235.
Louis IX prend effectivement le pouvoir à partir de 1241. Il investit son frère Alphonse du comté de Poitiers afin de contraindre la noblesse poitevine à rendre hommage. La soumission de la rébellion de Hugues X de Lusignan lui permet d'asseoir son autorité en une campagne courte (28 avril 1242 au 21 juillet 1242) et dans le même temps de pousser son avantage jusqu'à Saintes pour y déloger le roi Henri III d'Angleterre qui a décidé de rompre la trêve de 1238, et d'aider le comte de Lusignan.
Réputé pour sa piété, Louis IX se taille, grâce aux croisades, une réputation de roi diplomate et juriste dans toute l'Europe. Les royaumes font appel à sa sagesse dans les affaires complexes. Ainsi, il arbitre la succession du comté de Hainaut par le « Dit de Péronne » du 24 septembre 1256.
Par le traité de Corbeil du 11 mai 1258, Louis IX abandonne sa suzeraineté sur la Catalogne, la Cerdagne et le Roussillon. En échange, Jacques Ier d'Aragon renonce à ses droits sur la Provence et le Languedoc. Pour sceller ce traité, Louis IX marie sa fille Blanche avec l'infant de Castille, Ferdinand de la Cerda, et Jacques Ier d'Aragon maria sa fille l'infante Isabelle avec le fils de Louis IX, le futur Philippe III.
Le traité de Paris du 28 mai 1258, ratifié le 4 décembre 1259, restitue au royaume d'Angleterre la suzeraineté sur le Limousin, le Périgord, la Guyenne, le Quercy, l'Agenais et une partie de la Saintonge au sud de la Charente, tandis que pour sa part, Henri III d'Angleterre renonce à la Normandie, au Maine, à l'Anjou et au Poitou, en même temps qu'il accepte de rendre l'hommage pour la Guyenne. Plus tard, lorsque le roi Henri III d'Angleterre connaît des difficultés avec ses barons révoltés, il fait appel à l'arbitrage de Louis IX qui rend en sa faveur le Dit d'Amiens du 23 janvier 1264[5].
Louis IX ne ménagea pas sa peine dans les affaires intérieures, le temps qu'il ne passa pas en dehors du royaume. Il voulut laisser un royaume pacifié et soumis à un pouvoir juste. En conséquence, il dépêcha en 1247 des enquêteurs royaux pour l'instruire de l'état du pays à charge pour eux de réprimer directement dans les domaines de la justice, de l'administration, de la fiscalité et de l'armée. Il fit surveiller baillis et prévôts de manière à ce que les droits de chacun soient respectés, y compris par les officiers royaux.
Il édicta également une série de mesures de moralisation publique contre les mauvais sénéchaux et baillis. De plus, des mesures visant à réévaluer la monnaie entre 1263 et 1266 lui valurent une popularité certaine.
Il reprend également la « Quarantaine-le-roi[6] », instituée par Philippe Auguste, une ordonnance qui préfigure les négociations diplomatiques avant les hostilités. L'ordonnance qu'il renouvelle en 1245 permet l'ouverture de négociations avant toute guerre privée, ordalie, duel judiciaire, jugement de Dieu et substitue à certaines coutumes médiévales des formes de justice plus modernes. Ainsi, les justiciables pouvaient dorénavant en appeler au roi dont les décisions judiciaires surpassaient celles de ses vassaux. Le roi Louis IX a de la sorte cassé de nombreuses sentences. Ce n'est que par la suite, dans une ordonnance en 1258, que Louis IX interdit définitivement le duel judiciaire, mais cette décision n'est pas appliquée par ses vassaux.
Le chroniqueur Jean de Joinville, son principal biographe et l'un des principaux témoins lors de son procès de canonisation, rapporte dans sa Vie de Saint Louis que Louis IX rendait la justice sous son chêne à Vincennes : « Il advint maintes fois qu’en été, il allait s’asseoir au bois de Vincennes après sa messe, s’adossait à un chêne et nous faisait asseoir autour de lui. Et tous ceux qui avaient un problème venaient lui parler sans en être empêchés par un huissier ou quelqu’un d’autre. »
L’influence de l’Église
Élevé par sa mère qui lui apporte les principes d'une piété rigoureuse ainsi qu'une foi inébranlable, Louis IX veut faire de la France, une nation chrétienne que d'aucuns, au XIXe siècle, appelleront la « fille aînée de l'Église » et de Paris un haut lieu de la chrétienté. Le 26 avril 1248, Louis IX y inaugure la Sainte-Chapelle dans l'île de la Cité. Cette chapelle construite de 1243 à 1248 représente l'apogée de l'art gothique. Elle était destinée à abriter les Saintes reliques de Jésus rapportées en France par le roi depuis Constantinople :
- la Sainte Couronne d'épines de Jésus ;
- un fragment de la Sainte Croix ;
- diverses reliques de la Passion.
Louis IX fut également crédité pour avoir commandité la Bible de Maciejowski[7].
Pour conduire ses sujets au salut, le roi de France interdit les jeux d'argent, le prêt à intérêt, la prostitution[N 1] et punit le blasphème. Il prend des mesures contre les juifs :
- En mars 1240, il organise à la demande du pape Grégoire IX le « procès du Talmud », pour statuer sur l'accusation de juifs convertis au christianisme, selon lesquels le Talmud contient un certain nombre d'invectives contre Jésus-Christ et contre la Sainte Vierge. La controverse sur le sujet se tient à Paris, sous la présidence de Blanche de Castille. Le rabbin Yehiel de Paris représente les juifs. Eudes de Châteauroux, proviseur de la Sorbonne, et l'abbé Nicolas Donin, juif apostat à l'origine de la dénonciation (il avait été excommunié par Rabbi Yehiel en 1225), concluent que le reproche est fondé. Le roi fait alors brûler vingt-quatre charrettes de traités talmudiques à Paris[8],[9],[10],[11].
- En 1254, il bannit de France les juifs qui refusent de se convertir au catholicisme. Ce décret fut annulé quelques années plus tard en échange d'un versement d'argent au trésor royal.
- En 1269, il impose aux juifs de porter des signes vestimentaires distinctifs[12]. Pour les hommes, un rond d'étoffe jaune, la rouelle, sur la poitrine et un bonnet spécial pour les femmes. La couleur jaune est le symbole de la couleur de l'or représentant le péché d'avarice. En mettant en garde la population, ces signes permettent de les différencier et d'empêcher ainsi les mariages mixtes.
D'après l'historien Jean Richard, Louis IX, fidèle à la mission d'évangélisation, garde l'espoir de les convertir et les protège de toute exaction[réf. incomplète][13].
Les croisades
En 1244, Louis IX tombe gravement malade de la dysenterie et fait le vœu de partir en croisade au cas où il guérirait. Rétabli, il prépare son départ vers les royaumes chrétiens d'Orient en difficulté.
L'organisation de la croisade dure quatre années, qui verront la construction du port d'Aigues-Mortes à l'initiative de Charles Ier de Sicile frère du roi, et futur roi de Naples et de Sicile. La ville ne se remettra jamais du coût exorbitant des aménagements requis pour cette croisade et poursuivra Charles d'Anjou en justice.
Le 12 juin 1248, il se saisit de l'oriflamme capétienne en la basilique de Saint-Denis et part accompagné de son épouse la reine Marguerite de Provence, du comte Robert d'Artois et de Charles d'Anjou, ses frères. Robert d'Artois trouvera la mort à la bataille de Mansourah.Septième croisade
Article détaillé : Septième croisade.Partie du port d'Aigues-Mortes que Louis IX avait fait construire, la septième croisade se dirige vers l'Égypte. En mai 1249, les croisés font escale à Chypre avant de se diriger vers Damiette avec 1 800 navires[14]. La ville est prise le 8 juin.
L'armée des croisés se dirige ensuite vers Le Caire mais subit les attaques incessantes de l'émir Fakhr-ad-Din Yusuf. De février à avril 1250, les croisés font le siège de la citadelle de Mansourah. Le scorbut et la dysenterie déciment les soldats et forcent le roi à battre en retraite. Un sergent félon du nom de Marcel fait alors courir le bruit que le roi s'est rendu[15].
La plupart des soldats et Louis IX sont faits prisonniers le 6 avril 1250 à la bataille de Fariskur.Pendant sa captivité, le roi charge Marguerite de Provence de la conduite de la croisade. Un mois plus tard, en mai 1250, le roi et l'ensemble des prisonniers sont libérés contre une forte rançon payée par l’ordre du Temple.
Louis IX décide de prolonger son séjour dans ce qui reste des États latins d'Orient. Il renvoie Alphonse de Poitiers et Charles d'Anjou en France pour épauler Blanche de Castille restée seule pour gouverner le royaume. De 1250 à 1253, il consolide les forteresses d'Acre, de Césarée, de Jaffa et de Sidon.
N'apprenant qu'au début du printemps 1253 la nouvelle de la mort en novembre 1252 de sa mère, Blanche de Castille, Louis IX prend la décision de rentrer en France. Après avoir réglé plusieurs affaires en cours, les croisés rembarquent à Tyr le 24 avril 1254 pour le royaume de France. Lors de ce voyage, Louis IX devient peu à peu celui dont la mémoire collective a conservé le souvenir en tant que saint Louis.
Huitième croisade
Article détaillé : Huitième croisade.Louis IX espère convertir le sultan de Tunis au christianisme et le dresser contre le sultan d'Égypte. Les croisés s'emparent facilement de Carthage mais l'armée est victime d'une épidémie dite de peste (en réalité de dysenterie). Louis IX en meurt le 25 août 1270 sous les remparts de Tunis. Son corps est étendu sur un lit de cendres en signe d'humilité, et les bras en croix à l'image du Christ. Isabelle d'Aragon, épouse de Philippe III, meurt en Sicile sur le chemin du retour. Alphonse de Poitiers et son épouse Jeanne de Toulouse, meurent à trois jours d'intervalle en Italie.
Funérailles
À la mort du roi, décision est prise d'éviscérer le cadavre et de l'embaumer afin de le préserver jusqu'à son retour en France. À la demande de l'armée, une partie des restes du roi est enterrée en Tunisie, où une tombe de Louis IX peut encore être visitée aujourd'hui. Ses entrailles sont placées dans une urne confiée à la basilique de Monreale, près de Palerme. Comme on ne sait pas, à l'époque, embaumer correctement les cadavres pour pouvoir les conserver longtemps, on fait bouillir le reste du corps avec du vin aromatisé d'épices afin de séparer les os de la chair. Ses « ossements » sont ensuite rapportés par Philippe le Hardi à la basilique de Saint-Denis au terme d'un long périple passant par la Sicile, la péninsule italienne, puis le Lyonnais, la Bourgogne et la Champagne. En 1306, après la canonisation, ses restes sont transférés solennellement à la Sainte-Chapelle.
Tombeau et reliquaires
Louis IX avait demandé une sépulture très simple. Cependant, en 1282, le tombeau intermédiaire disparut et laissa la place à un riche tombeau d’or et d’argent qui devait ressembler, par sa taille et ses matériaux, à ceux de Philippe Auguste et de Louis VIII. Or, c’est entre mai 1282 et mars 1283 qu’une enquête publique sur les miracles de Louis IX est menée à Saint-Denis. La création de ce tombeau pourrait donc être liée au procès de canonisation du Roi.
Les reliques du souverain furent peu à peu retirées du monument pour être dispersées dans tout le royaume puis dans le monde chrétien. Les reliques de Saint-Denis disparurent pendant les guerres de religion : seul un doigt futt sauvé et conservé à Saint-Denis. Lors de la consécration de la cathédrale Saint-Louis de Carthage à la fin du XIXe siècle, les reliques conservées en Sicile sont apportées en Tunisie puis, lors de l'indépendance de la Tunisie, rapportées en France et déposées à la Sainte-Chapelle. Le crâne du saint roi restait cependant dans un somptueux reliquaire à la Sainte Chapelle, conservé dans le trésor jusqu’à la Révolution (1793).
On est hélas peu renseigné sur l’aspect de ce qui fut le plus somptueux de tous les sépulcres réalisés à Saint-Denis. Cette réalisation devint célèbre dans toute la chrétienté et même au-delà par sa magnificence. L’historien dionysien Primat en donne la description suivante : « une merveilleuse tombe, de laquelle l’entailleure estoit d’œuvre d’or et d’argent et l’enoblirent de riche matiere faite et ordonee des meilleures œuvres excellentement que les meilleurs ouvriers du monde firent, si comme l’en cuide, et si comme il appert par-dessus a touz. »
Le tombeau continua de s’offrir à la vénération des fidèles et à l’admiration des visiteurs de marque jusqu’à la Guerre de Cent ans. Le tombeau d’or et d’argent de saint Louis disparut vers 1420, sans doute détruit puis fondu par les armées anglaises d’Henri V ou du duc de Bedford.
Canonisation
Considéré comme un saint de son vivant[16], Louis IX fait l'objet d'une vénération dès sa mort. Des miracles sont réputés avoir lieu sur le passage de sa dépouille et un service d'ordre doit être mis en place près de son tombeau pour canaliser la foule de ceux qui viennent implorer son intercession[16]. À la demande de plusieurs prélats français, Grégoire X en 1275 ouvre une enquête officieuse sur le défunt roi[16]. Une enquête publique est ouverte par Nicolas III en 1278, puis une autre par Martin IV en 1281 : malgré les suppliques régulières des prélats et des souverains français, les papes tiennent à mener un procès de canonisation dans les formes[16]. La procédure est également ralentie par la brièveté des pontificats successifs.
Enfin, après vingt-sept années d'enquêtes et dans l'espoir d'amadouer le roi de France Philippe IV le Bel, petit-fils de Louis IX, le pape Boniface VIII annonce la canonisation de Louis IX sous le nom de saint Louis de France[17],[18] par deux homélies prononcées à Orvieto les 4 et 11 août 1297. Elle est officialisée le 11 août par la bulle Gloria laus. Louis IX reste plus connu sous le nom de saint Louis[N 2] ou[19],[N 3] de Saint Louis[20],[21]. Il est le premier roi de France à avoir été canonisé, Dagobert II ayant été reconnu saint avant l'officialisation des procédures de canonisation.
Avec sainte Élisabeth de Hongrie, sa contemporaine, saint Louis est vénéré par les tertiaires franciscains comme leur patron à cause de son sens de la prière, de la justice et de son amour des pauvres[réf. insuffisante][22].
Descendance
Le 27 mai 1234, en la cathédrale de Sens, il épousa Marguerite de Provence (1221-1295), fille de Raimond-Bérenger IV (v. 1198-1245), comte de Provence, et de Béatrice de Savoie (1205-1266). Ils eurent onze enfants :
- Blanche de France (1240-1243), sans postérité ;
- Isabelle (1242-mai 1271) qui épousa en 1258 Thibaud de Champagne roi de Navarre, sans descendance ;
- Louis (24 février 1244-1260), prince héritier, sans postérité ;
- Philippe III le Hardi (1er mai 1245-5 octobre 1285), roi de France, d'où descendance ;
- Jean (1246-1246), sans postérité ;
- Jean-Tristan (1250-2 ou 3 août 1270) comte de Valois et de Nevers. En 1265, il épousa Yolande de Bourgogne (1248/49-1280), sans postérité ;
- Pierre (v.1255-1283) comte d'Alençon et de Perche. En 1272, il épousa Jeanne de Châtillon (v.1254-1291), descendance éteinte avant lui ;
- Blanche de France (1253-1320) qui épouse en 1268 Ferdinand de la Cerda (1255-1275) infant de Castille, d'où descendance ;
- Marguerite (1254-1272) qui épousa en 1270 Jean Ier duc de Brabant (1253-1294), d'où un fils mort-né ;
- Robert (1256-1317) comte de Clermont. Il épousa en 1272 Béatrice de Bourgogne, dame de Bourbon. Il fut le fondateur de la Maison capétienne de Bourbon, et l'aïeul direct par les mâles de Henri IV, roi de France.
- Agnès (1260-1327) qui épousa en 1273 Robert II duc de Bourgogne (1245/50-1306), et postérité.
Rayonnement
Le XIIIe siècle reste dans l'histoire comme le « siècle d'or de Saint Louis ». La France, centre des arts et de la vie intellectuelle grâce, entre autres, à La Sorbonne, y atteint son apogée aussi bien économiquement que politiquement. Louis IX commande la plus grande armée et dirige le plus grand royaume d'Europe. Sa réputation de sainteté et de justice est déjà bien établie de son vivant et on le choisit régulièrement comme arbitre pour régler les querelles entre grands d'Europe. Le roi est considéré comme le primus inter pares (le premier parmi ses pairs).
L'ordonnance de 1263 assure une bonne monnaie[23]. Il installe au Temple une commission financière chargée du contrôle des comptes royaux, renforçant la structure mise en place en 1190 par son grand-père Philippe Auguste, dessinant la future Cour des Comptes.
Le prévôt de Paris, Étienne Boileau organise et codifie en 1268 les métiers de la capitale en rédigeant le Livre des métiers.
Sous le règne de Louis IX sont construites les cathédrales d'Amiens, de Rouen, de Beauvais, d'Auxerre ainsi que la Sainte-Chapelle de Paris et la Sainte-Chapelle de Saint-Louis à Saint-Germain-en-Laye[24].
Postérité
De nombreuses villes, localités et sites géographiques à travers le monde ont été nommés en son honneur, comme Saint-Louis-de-France et le lac Saint-Louis au Québec, Saint-Louis dans le Missouri aux États-Unis. La ville de Saint-Louis du Sénégal est également dédiée à ce roi ainsi que la mission San Luis Rey de Francia (ville d'Oceanside) en Californie. Les villes de Saint-Louis du Nord et de Saint-Louis du Sud en Haïti lui doivent leur nom mais d'autres villes haïtiennes, Jérémie et Mirebalais, l'ont adopté comme saint patron. Il existe une église Saint-Louis-des-Français à Rome et une autre du même nom dans la ville espagnole de Séville, la cathédrale catholique de Plovdiv en Bulgarie et l'église Saint Louis de France dans le beau quartier de Turgeau à Port-au-Prince aux portes de Canapé-Vert (Haïti) doit également son nom au saint roi.
Autre interprétation
Plusieurs historiens et analystes ont une tout autre interprétation de la vie de Louis IX. L’architecte Eugène Viollet-le-Duc par exemple, avance l'hypothèse qu'il était un homme politique rusé et habile pour consolider son pouvoir et agrandir son royaume.[réf. nécessaire] À l’époque, les grands féodaux (barons, ducs), comme la dynastie des Coucy (voir Enguerrand III), opposaient une concurrence farouche au roi de France. Ils se querellaient constamment et manigançaient parfois contre la personne même du roi. Louis IX sut, en se montrant comme un saint, utiliser l'appât du gain de ses barons pour les inciter à participer aux croisades. Peu des grands féodaux qui y participèrent revinrent en France, et Louis IX put mettre la main sur leurs terres et leurs possessions. Ceux qui avaient survécu furent ruinés par l’expédition, si bien qu’il devinrent alors plus dépendants du roi pour leur sécurité.
Ses mesures contre les « péchés » démontrent une ferveur religieuse, mais elles démontrent aussi un fin esprit politique. Tout en se gagnant les faveurs de l’Église, il gagnait aussi la faveur des gens très pieux de l’époque. Il en gardait ainsi un meilleur contrôle sur son royaume, et une légitimité accrue.
Sa modernisation de l’administration, et son renforcement de la justice du roi étaient les dernières pièces de l'architecture politique qu’il s’était bâtie afin d’accroître ses pouvoirs et ceux de ses descendants sur le trône des Capétiens.
Louis IX réussit ainsi à poser les fondations d’un royaume de France, uni sous un roi de droit divin. Il y parvint par une subtile politique qui était beaucoup plus efficace que de se quereller avec ses vassaux et essayer de les soumettre par la force.
Citations
- En 1252, au cours de la Septième croisade, et alors qu'il se trouve au port de Sidon et qu'il vient de perdre un navire représentant des sommes considérables, Louis IX déclare : « Ni cette perte, ni autre quelconque, ne saurait me séparer de la fidélité que je dois à mon Dieu[25],[26] ».
- Lors du mariage de son fils Philippe avec Isabelle d'Aragon, alors qu'il ne dormait pas et traitait les affaires du royaume, on lui reprocha de donner trop de temps à ses œuvres de piété. Il répliqua : « Les hommes sont étranges, on me fait un crime de mon assiduité à la prière ; on ne me dirait mot si j'employais les heures que j'y passe à jouer aux jeux de hasard, à courir la bête fauve, ou à chasser aux oiseaux[27] ».
- Toutefois, il se montrait fort belliqueux envers les juifs et les infidèles, c'est pourquoi il dira à ce sujet : « Si quiconque s'avise de médire de la foi chrétienne, il ne faut la défendre qu'avec l'épée, et on doit donner de l'épée dans le ventre autant qu'elle peut y entrer[28] ». Il faut rapprocher ces propos de la « découverte » faite à l'époque par les chrétiens, que les textes talmudiques contenaient des propos hostiles à Jésus et à Marie.
Notes
- enceinte de Philippe Auguste à l’époque). Elles s’installèrent dans des baraques en bois appelées bordes. D’où le nom de filles bordelières... et donc de bordel (le nom date de cette époque) En matière de prostitution, un édit de 1254, prône l'extradition pour les personnes exerçant officiellement ce métier. Il fut révoqué par un autre édit en 1256 précisant que les femmes prostituées devaient simplement exercer hors de la ville (l’
- Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, p. 157) « Saint : Ce mot s'écrit avec une minuscule quand il désigne le personnage lui-même. Exemple : saint Louis » (
- l’Intermédiaire des chercheurs et curieux (ICC) : question « Saint Louis écrit avec un « S » majuscule » posée en 1997 (1997/733) et ses tentatives de réponses en 1997 (1997/1165-1165), 1998 (1998/45-46) et 1999 (1999/1245-1246). Le sujet est une source de perplexité pour le public, voir par exemple
Sources
Références
- Généalogie du roi Louis IX sur le site Medieval Lands
- Il est d'usage d'écrire Saint Louis, avec une majuscule, contrairement à la règle générale qui veut qu'on écrive le mot saint avec une minuscule devant le nom d'un personnage : saint Pierre, saint Paul (cf. Difficultés de la Langue Française d'A. Thomas).
- De Wailly 1866
- Lecoy de la Marche 2001, p. 18
- Mousnier 1982, p. 102
- Quarantaine le roi, page 413
- Hartley - Maciejowski Bible
- Roger Peyrefitte, Les Juifs
- André Schwarz-Bart, Le Dernier des Justes
- Marek Halter, La Mémoire d'Abraham
- Simon Schwarzfuchs, « La vie interne des communautés juives du Nord de la France au temps de Rabbi Yéhiel et de ses collègues », dans Le Brûlement du Talmud à Paris 1242-1244, p. 23, Éditions du Cerf, 1999 (ISBN 2-204-06334-7)
- Philippe 1997, p. 47 et 48
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- Lullier 1867, p. 345
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- Louis Carolus-Barré, « Les enquêtes pour la canonisation de saint Louis — de Grégoire X à Boniface VIII — et la bulle Gloria laus, du 11 août 1297 » dans Revue d'histoire de l'Église de France, tome 57, no 158, 1971, p. 19-29.
- Minois 2005, p. 151
- Le Goff 1996
- Doppagne 1991, p. 94
- Petit Larousse illustré 2010
- Le Robert encyclopédique des noms propres 2010
- rue Marie-Rose Paris 14 feuillet de présentation de la chapelle des Franciscains de la
- Ordonnance et règlement sur le site de la Bibliothèque nationale de France
- Sainte-Chapelle de Saint-Germain-en-Laye
- Rohrbacher 1858, p. 39
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Bibliographie
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« — le roi Louis IX est désigné par saint Louis (Académie) ou Saint Louis (Code typographique et Larousse). La minuscule signale la sainteté, la majuscule fait référence au surnom (comme on aurait « Louis le Saint ») ; »
- Jean-Joseph Julaud, L'Histoire de France pour les nuls : Des origines à 1789, vol. 1, Éditions Générales First, 5 avril 2006, 492 p. (ISBN 2-7540-0180-8 et 978-2754001809)
- Natalis de Wailly, Mémoires sur la date et le lieu de Naissance de Saint Louis, vol. 27, Bibliothèque de l'École des chartes, 1866 [lire en ligne], p. 105-127
- Albert Lecoy de la Marche, La France sous Saint Louis et sous Philippe le Hardi, Adamant Media Corporation, 26 avril 2001 (réimpr. 2006), 258 p. (ISBN 0-543-93603-1 et 978-2860700177) [lire en ligne]
- Béatrice Philippe, Être juif dans la société française du Moyen Âge à nos jours, Éditions Complexe, 1997, 471 p. (ISBN 2-87027-672-9 et 978-2870276723) [lire en ligne]
- Georges Minois, Le culte des grands hommes, Éditions Louis Audibert, 14 octobre 2005, 569 p. (ISBN 978-2-84749-061-9)
- Le Petit Larousse illustré, édition 2010 (éditée en 2009) (ISBN 978-2-03-584079-0) : voir l’entrée intitulée « LOUIS IX ou SAINT LOUIS » et l’entrée intitulée « LOUIS (Saint) » renvoyant vers « LOUIS IX »
- Le Robert encyclopédique des noms propres, édition 2010 (éditée en 2009) (ISBN 978-2-84902-388-4) : voir l’entrée intitulée « LOUIS IX ou SAINT LOUIS »
- B. Hartley, « Maciejowski Bible ». Consulté le 17 avril 2009
Annexes
Lectures approfondies
- Georges Duby, Histoire de la France des Origines à nos Jours, Paris : Larousse, coll. In Extenso, 2003 (ISBN 2-03-575200-0)
- Jean de Joinville, Vie de Saint Louis à lire sur le site de la BNF J. Monfrin éditeur.
- David O'Connell, Les Propos de Saint Louis, collection Archives, Gallimard-Julliard, 1974.
- Jacques Le Goff, Éric Palazzo, Jean-Claude Bonne et Marie-Noël Colette, Le Sacre royal à l'époque de saint Louis, Gallimard, 2001
- Louis-Sébastien Le Nain de Tillemont, Vie de Saint Louis roi de France, J. de Gaulle (éd.), New York : Johnson reprint corporation, 1965 (1849).
- Hervé Pinoteau (textes) et Claude Le Gallo (illustrations), Saint Louis : son entourage et la symbolique chrétienne, Lathuile : éditions du Gui, 2005, 240 p. (ISBN 2-9517417-4-X)
- Gérard Sivéry, Louis IX, le roi saint, Tallandier Historia, 2002 (ISBN 2-235-02317-7)
- Louis Carolus Barré, Le Procès de Canonisation de Saint Louis (1272-1297), Collection de l'École Française de Rome, palais Farnèse, 1994 avec la collaboration du chamoine Henri Platelle
Articles connexes
- Cosse de genêts
- Louis IX de France, ascendance sur trois degrés
- Louis d'Anjou, petit-neveu du roi Louis IX, également canonisé et connu sous le nom de saint Louis d'Anjou ou saint Louis de Toulouse.
- Baptistère de saint Louis
Liens externes
- Livre des saintes paroles et des bons faiz nostre roy saint Looys par Jehans de Joinville.
- Généalogie de saint Louis
Catégories :- Capétien direct
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