- Le Tronquay (Eure)
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Le Tronquay
Mairie-école du Tronquay et son monument aux morts.Administration Pays France Région Haute-Normandie Département Eure Arrondissement Andelys Canton Lyons-la-Forêt Code commune 27664 Code postal 27480 Maire
Mandat en coursMarcel Le Roy
2008-Intercommunalité Communauté de communes du canton de Lyons-la-Forêt Démographie Population 469 hab. (2006) Densité 25 hab./km² Géographie Coordonnées Altitudes mini. 85 m — maxi. 179 m Superficie 19,06 km2 Le Tronquay est une commune française, située dans le département de l'Eure et la région Haute-Normandie.
Sommaire
Géographie
C'est une petite commune située dans le pays de Lyons-Andelle à un peu plus de 100 km de Paris et 30 km de Rouen, dans la forêt de Lyons, la plus grande hêtraie d'Europe. Située sur le plateau limité par l'Andelle et la Lieure, le bourg se trouve à la limite Sud du territoire communal. La commune est occupée par deux zones importantes de forêt, l'une à l'Ouest, l'autre au centre-Nord.
Le Tronquay possède plusieurs lieu-dit et fermes :
- Les Célestins. Le fief de la Rosière prit le nom des Célestins au milieu du XVIe siècle, lorsque Jeanne Havart[1], épouse de Guillaume V de Bricqueville[2], le vendit aux Célestins de Rouen. A la disparition du couvent des Célestins en 1783, les biens furent réunis au Séminaire Saint-Nicaise de Rouen.
- Les Cornets
- La Grand Fray. Fief en 1579 de Philippe d'Alcrippe.
- La Motte. Élevée selon la tradition lors de la guerre de Cent Ans par les Anglais, elle se composait d'une butte et d'une fortification.
- Le Fresnay. Au XVIIIe siècle, le Fresnay appartenait en partie à M. de la Garenne.
- Les Landez
- Les Callouettes
- Les Brûlins. Ce nom semble indiquer qu'un incendie aurait détruit une partie de la forêt sur laquelle le nouveau fief allait être installé. L'existence du fief est attesté en 1588. Le propriétaire, Martin Anquetil, procureur du roi au Parlement, demande la construction d'un colombier à pied. A la fin du XVIe siècle, début XVIIe siècle, il passe à la famille Hallé. Milieu XVIIe siècle, il devient la propriété de Robert Dieupart, pour appartenir à M. de Limoges au XVIIIe siècle.
- Le Bâtiment. Le manoir est un logis du XVIIIe siècle et appartenant à cette époque à la famille de Limoges[3], dont deux membres furent abbés de l'Isle-Dieu.
- La Garenne. Triège[4] sis au Fresnay, propriété de Thomas d'Aussy, sieur de la Garenne, anobli en 1643. Le manoir appartient en 1753 à la famille Lefranc d'Assignies. La chapelle du XVIIe siècle est aujourd'hui détruite.
Toponymie
Le lieu est mentionné sous la forme latinisée Troncheium vers 1188.
La présence de l'article indique qu'il ne s'agit pas d'une formation très ancienne, romane en tout cas : on y reconnait le mot tronc, attesté pour la première fois chez Wace en 1155 (trunc), c'est-à-dire de façon quasiment contemporaine à « Tronquay ». Ce terme est issu du gallo-roman *TRUNCU qui remonte au latin truncus « tronc, souche »[6].
Le second élément est le suffixe masculin bien connu -ay (parfois graphié -ey ou -et) et qui « sert généralement à désigner un ensemble d'arbres appartenant à la même espèce » (cf. Le Quesnay, Le Saussay, etc.), sa forme féminine -aye a donné le suffixe moderne -aie (cf. chênaie, saulaie, etc.). Il remonte au gallo-roman -ETU / -ETA (latin classique -etus / -eta)
Il est parfois attesté avec la phonétique plutôt picarde de Tronquoy en 1321 (cartulaire de l'abbaye de l'Isle-Dieu) à Le Tronquoy en 1754 (dictionnaire des postes), -oy étant la forme correspondant à -ey / -ay en Picardie et en Wallonie (cf. Le Quesnoy, Le Sauchoy).
La commune est enfin dénommée officiellement en 1828 Tronquai-en-Lions[7].
La signification exacte du toponyme n'est pas claire « l'endroit où il y a des troncs d'arbre »[8], c'est-à-dire, peut-être, une « troncaie » au sens de futaie, même suffixe -aie[9].
Histoire
- D'après les recherches faites par un des curés du Tronquay, la commune a vu son origine à la fin du XIe, début XIIe siècle.
- Autrefois, l'église du Tronquay relevait de l'abbaye de L'Isle-Dieu[10]. Une charte du XIIe siècle parle de l'« ancien et du nouveau territoire du Tronquay ». En 1206, Mathieu du Tronquay donna plusieurs pièces de terre à cette abbaye, qui possède le patronage de l'église. D'autres familles firent aussi des dons à cette abbaye et le roi Louis VIII de France donna un bois en 1226 où les religieux ont construit une grange[11], aujourd'hui détruite. Le fief du Tronquay appartient de 1411 à 1421 à la famille de Beauvais, puis à celle d'Estouteville en 1438.
La guerre de Cent Ans
- Pendant la guerre de Cent Ans, le Tronquay s’est trouvé sous occupation anglaise. C’est de cette époque que daterait la motte. Les habitants du Tronquay étaient devenus très malheureux, d’une part des soldats anglais, et d’autre part à cause de la rapacité des chanoines de Rouen, jamais satisfaits. Il y eut des protestations de la part de la population. Finalement, un arrangement a pu être trouvé.
Le privilège de Saint-Romain
- Les paroissiens du Tronquay se défendent en demandant que tout homme d’armes possède un ordre du roi par écrit s’il veut séjourner et loger avec ses troupes sur le territoire de la paroisse (1640)[12]. Le sieur de la Fontaine du Houx est passé outre cet ordre. Il s’installa le 23 avril 1642 dans le pays et pilla le presbytère et d’autres maisons, ainsi que l’église. Devant la demande des habitants de présenter l’autorisation du roi, le capitaine de la Fontaine du Houx lança ses soldats contre la foule. Beaucoup furent tués, des soldats aussi et leur capitaine. Le père de la Fontaine du Houx, le chevalier de Fours prit 18 ou 20 habitants en otage et les autres en résidence surveillée. Ceux qui ont pu fuir se sont réfugiés dans la forêt. Pendant deux ans, la situation stagne, quand les gens du Tronquay ont tournés leur regard vers l’église de Rouen et choisirent d’avoir recours au privilège de Saint-Romain. 15 habitants se constituèrent prisonniers dans la prison de Rouen. Après étude de leur cas, ils furent tous libérés, le privilège de Saint-Romain fonctionna en leur faveur (5 mai 1644 et 18 mai 1644) [13].
La séparation avec Les Hogues
- Le défrichement de la forêt se prolonge jusqu'au cours du XVIIIe siècle. À cette époque, c'est Monsieur de Belle-Isle qui devint seigneur et patron honoraire du Tronquay. Plus tard, le Tronquay devint propriété royale, puis du Comté d'Eu et du duc de Penthièvre, dernier seigneur du Tronquay.
- En 1787, Le Tronquay se scinda en deux : Le Tronquay et Les Hogues (pour des raisons d'éloignement). Au début du XXe siècle, il y avait plusieurs sabotiers ainsi que 15 cafés.
Aujourd'hui
- Ce petit village paisible garde deux écoles primaires (regroupement scolaire avec les communes environnantes), un garage et des artisans. La fête patronale Saint Ouen se fait tous les troisièmes dimanches de juin.
Administration
Liste des maires successifs Période Identité Étiquette Qualité Nicolas François Delarue Pierre Vincent Boissel L. Dubosc P. Damours Louis Dupuis Pierre Séverin Boullenger Jumelin Gobert Frédéric Morin François Bavant Louis Touchard Leroux mars 2001 en cours Marcel Le Roy UMP[14] docteur en médecine Toutes les données ne sont pas encore connues. Démographie
- 1786 = 3000
- 1787 = 1027[15]
Graphique de l'évolution de la population 1793-2006Lieux et monuments
- église paroissiale Saint Ouen (XIIe siècle-XVIe siècle-XVIIe siècle), en rangée de briques et de grès, sacristie en brique de 1776 ;
- plusieurs fermes-manoirs ;
- monument celtique dit de la Pierre Tournante[17] ;
- motte dite la Butte aux Anglais[18] (près du hameau de la Motte). Les Anglais avaient élevé une butte cernée par un fossé, pour servir de fortification et d'observatoire de la route reliant Rouen à Gournay.
Liste des curés du Tronquay
- 1254 - Anfroid
- 1574 - François Cellier
- XVIe siècle - Le Mire
- 1640 - Élie Delamare
- 1672 - Antoine Le Danois
- 1687 - Tubeuf
- 1691 - André de Caumont[19]
- 1713 - Pierre Duval
- 1729 - Nicolas de Caumont
- 1786 - Gontier
- 1808 - Nicolas Robine
- 1860-1890 - Delarue[20]
- 1905-1950 - Abel Cluzeau[21]
Personnalités liées à la commune
- Pierre Guarin (Le Tronquay, 1678 - Saint-Germain-des-Prés, 1729), bénédictin hébraïsant;
- Nicolas Brémontier (Le Tronquay, 1738 - Paris, 1809), inspecteur général des ponts et chaussées. Il appliqua le premier en France, le moyen de fixer les sables mouvants par des plantations de pins maritimes. Une stèle est érigée en son honneur.
- Auguste-François-Joseph de Caze (Paris, 1783 - Le Tronquay, 1859). Ancien négociant, il entre à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen en 1833[22]. Il meurt dans sa maison de campagne le 20 octobre 1859[23].
- Eleonor Lebas (Lyons-la-Forêt, 1799 - Le Tronquay, 1872), notaire à Rouen. Il a été ancien adjoint au maire de Rouen et conseiller municipal du Tronquay.
Notes et références
- Service régional de l'inventaire de Haute-Normandie, Le Tronquay.
- dame d'Aussebosc, fille de Georges Havart, vicomte de Dreux, sénéchal héréditaire du Perche et de Antoinette d'Estouteville, de la ligne d'Estouteville
- Maison de Bricqueville
- Possessionnée à Vascoeuil, elle a donné les marquis de Saint-Saëns.
- Un triège défini une surface de forêt ou un lieu-dit [1].
- Géoportail (IGN), couche « Limites Administratives » activée
- étymologie de tronc
- Dictionnaire topographique de la France, noms de lieux anciens et modernes
- René Lepelley, Dictionnaire étymologique des noms de communes de Normandie, Éditions Charles Corlet/Presses Universitaires de Caen, 1993, ISBN 2-905461-80-2, p. 260.
- François de Beaurepaire, Les noms des communes et anciennes paroisses de l'Eure, éditions Picard 1981. p. 202.
- Jadis très influente ; c'est aujourd'hui une grande ferme entre Vascoeuil et Perruel. L'abbaye de l'Isle-Dieu nommait le curé de la paroisse.
- (fr)Le Tronquay (Eure) (Archive, Wikiwix, que faire ?) sur Quid. Consulté le 15 février 2010
- Des Andelys au Havre : illustrations de Normandie
- Liste des 15 habitants : Jacques Brémontier, 49 ans du Tronquay ; Jean Brémontier, 14 ans de Lorleau ; Étienne Anquetil, 46 ans, drapier au Tronquay ; François Lorgery, 45 ans, tonnelier ; Paul Mesnager, 42 ans, tisserand ; Pierre Oliefve, 40 ans, geôlier à Lyons ; Georges Delamare, 35 ans, laboureur ; Pierre Lorgery, 31 ans, sabotier ; Nicolas Boissel, 38 ans, batteur en granges ; Étienne Mabire, 25 ans, du Tronquay, avironnier à Rouen ; Noël Delamare, 36 ans, charron ; Louis Brémontier, 33 ans, tabellion ; Jean Drouet, 22 ans, laboureur ; Nicolas Brémontier, 24 ans ; Jean Picart, 44 ans, toilier.
- Annuaire des mairies de l'Eure
- juste après la séparation avec Les Hogues
- (fr)Le Tronquay sur le site de l'Insee sur Insee. Consulté le 15 février 2010
- Pierre à légende du département de l'Eure
- La Butte aux Anglais
- Armorial général de France (édit de novembre 1696) : généralité de Rouen. Tome 2 par G.-A. Prévost sous la dir. de C. d'Hozier. En 1689, il était prieur claustral de l'abbaye de l'Isle-Dieu.
- Sa tombe, l'une des dernières autour de l'église, se trouve derrière de transept nord.
- Il repose dans le cimetière, devant la croix.
- Entrée à l'Académie le 2 janvier 1833[2]
- Précis analytique des travaux de l'Académie
Voir aussi
Bibliographie
- Daniel Delattre, Emmanuel Delattre, L'Eure, les 675 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, 2000, 296 p. (OCLC 52820568)
- Commission régionale de Haute-Normandie. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Eure, canton: Lyons-la-Forêt. Paris: Imprimerie Nationale, 1976. 372 pages.
- P Duchemin. Notice historique sur Le Tronquay et Les Hogues. Gisors: Imprimerie Echo républicain, 1890. In-16, 120 pages.
- Auguste Le Prévost, Mémoires et notes de M. Auguste Le Prévost pour servir à l'histoire du département de l'Eure, Évreux: Imprimerie d'Auguste Hérissey, 1869.
Liens externes
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