- Berry
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Le Berry (ou Berri[1]) est une province historique de la France de l'Ancien Régime, ayant pour capitale Bourges, mais dont toute structure administrative disparaît définitivement avec la Révolution française. Il constitue l'un des plus vieux terroirs agricoles de la France et doit son unité plus à l'histoire qu'à la géographie. Ses habitants sont les Berrichons, et ils se relient aujourd'hui par quelques éléments culturels qui sont propres à cette région, et s'expriment notamment dans des spécialités gastronomiques.
Sommaire
Histoire
Avant la conquête romaine, les Bituriges Cubi dont le Berry tire son nom étaient établis au sud de la Loire sur un territoire qui correspond à peu près à la moitié sud du département de l'Indre, au Cher et une partie du Limousin. La frontière qui les séparait des Carnutes correspondait à la ville de Vierzon, et l'Allier à l'Est marquait la frontière avec le territoire des Eduens. Au Sud, se trouvait le peuple des Boiens installés par les Romains sur une partie du territoire des Eduens, et dont les contours du territoire correspondaient à l'actuel Bourbonnais exception faite de Saint-Amand-Montrond. La capitale des Bituriges Cubi était Avariko ou Avaricum (Bourges).
L'ancien territoire des Bituriges Cubi connut un sort variable à la fin de l'Empire romain.
Intégré au duché d'Aquitaine, il est démantelé par Pépin Ier qui en confie un fief allant de la Brenne à Boischaut à l'administration de Remistan[2], fils d'Eudes d'Aquitaine et oncle du duc d'Aquitaine Waïfre. Puis au traité de Verdun il fait partie du royaume de Charles le Chauve qui devait devenir le royaume de France, partagé un temps entre les duchés d'Aquitaine et les comtés d'Anjou et de Blois, l'histoire du Berry fut très rapidement intimement liée à l'histoire de la monarchie capétienne et de la France, soit par son rattachement au domaine personnel du roi soit par son don en apanage aux enfants de celui-ci.
En effet, dès 1100, la vicomté de Bourges est achetée et réunie au domaine royal, le rattachement complet au domaine royal s'achevant sous Philippe Auguste au début du 13e siècle.
Le Berry est érigé en duché en 1360, que le roi de France Jean II le Bon confie en apanage à son fils Jean Ier de Berry (1340-1416).
Le duché de Berry revient dans le domaine royal à la mort du Duc Jean, en 1416. puis le duché passe entre les mains de deux fils du roi Charles VI : D'abord à Jean puis à Charles, le futur Charles VII.
Le duché de Berry est de nouveau concédé à Jeanne de France, fille de Louis XI en 1498. Le titre de duc de Berry sera ensuite épisodiquement donné à plusieurs princes de la famille royale, dont Louis XVI et le second fils du roi Charles X.
Le 31 décembre 1661, Philippe de Clérembault, comte de Palluau fut nommé gouverneur du Berry.
Les départements du Berry[3]
Le Berry, en tant que province disparait à la Révolution française.
Deux départements, le Cher et l'Indre en sont les héritiers, cependant les limites de ceux-ci ne coïncident pas exactement avec les limites de l'ancienne province aux contours d'autant plus incertains que les différentes juridictions d'ancien régime ne coïncidaient pas toujours entre elles non plus.
Après bien des débats, les limites, des nouveaux départements furent définies:
Le Cher correspond au Haut-Berry, mais inclut Saint-Amand-Montrond et ses alentours qui faisaient à cette époque partie du Bourbonnais et non du Berry. C'est au Moyen Âge que les Bourbon ont pris ce secteur au Berry.
L'Indre correspond au Bas-Berry, mais inclut une grande partie de la Brenne, qui faisait partie de la Touraine) et au Sud-Ouest quelques communes qui faisaient partie de la Marche.
À l'inverse, quelques parcelles de l'ancienne province sont incluses dans le Loiret et dans le Loir-et-Cher (villes de Selles-sur-Cher et Mennetou-sur-Cher).
La pointe méridionale de l'ancienne province était constituée de la majeure partie du canton de Boussac, actuellement dans le département de la Creuse.
Si la détermination de la ligne de partage du Berry ainsi redéfini entre l'Indre et le Cher ne posa guère de problèmes, la désignation du chef-lieu de l'Indre fut l'objet d'âpres controverses, Issoudun revendiquant hautement la préfecture que finalement Châteauroux obtint en août 1790.
Les régions naturelles
Le Berry se compose de plusieurs régions naturelles, du Nord au Sud :
- une petite partie du Val de Loire, entre Gien et Sancerre;
- une petite partie de la Sologne, entre Vierzon et Aubigny-sur-Nère;
- le Pays-Fort, entre Sancerre et Aubigny-sur-Nère;
- le Sancerrois;
- la Champagne berrichonne (ou Septaine, principale région naturelle, autour de Châteauroux, Issoudun et Bourges;
- les Boischauts : le boischaut nord le haut de l'Indre (Levroux) et le boischaut sud parties bassesCher (Saint-Amand-Montrond) et de l'Indre (La Châtre) jusqu'à argenton sur creuse;
- une partie de la Brenne, au Sud-Ouest de Châteauroux, jusqu'à Saint-Benoît-du-Sault
Culture
Le parler du Berry
Le Berrichon ou les parlers berrichons se rattachent à la région du Berry et sont liés à la mouvance des dialectes et patois d’oïl.
Musique
La musique berrichonne traditionnelle est généralement calme et douce, ses chants traitent des sujets de la vie quotidienne rurale, le travail, l'amour, les guerres et les fêtes.
Les ensembles de musique sont constitués de la vielle et de la cornemuse, ou musette. Victimes de superstitions, les Maîtres Sonneurs de George Sand jouissent en général d'une réputation fort douteuse. Ils passent pour avoir des rapports avec les mauvais esprits et on croit même qu'ils ont conclu un pacte avec le Diable.
Les danses collectives du Berry sont par ordre d'apparition les branles, puis les bourrées, déclinées sous les formes carrées, droites, croisées ou en rond.
Costumes
Bien que le Berry ne présente pas d'uniformité dans ses costumes, on trouve plusieurs tenues de circonstance. Chaque région présente des spécificités, variant en ville selon la mode nationale. Communément, la biaude est blouse de travail du paysan qui portait aussi les guêtres et des bas blancs en coton. Le berger revêtait la limousine, grande cape de laine assez grossière généralement de couleur écru, parfois rayée de noir et rouge. Les hommes égayaient leur vêtement d'un mouchoir coloré.
Au quotidien et lors des grandes occasions, les femmes portaient diverses coiffes propres à chaque région. Celle de tous les jours était simple, blanche avec ou sans oreillons, tandis que celle des jours de fête était particulièrement raffinées. Elles comportaient des broderies sur fond de mousseline ou encore de tulle blanc. La coiffe de La Châtre était la plus spécifique, à cause de sa forme carrée très singulière.
Gastronomie du Berry
D'un point de vue historique, l'existence d'une gastronomie berrichonne propre est essentiellement subjective. La plupart des produits ci-dessous sont d'une création postérieure à la disparition historique du Berry. Ainsi, la pomme de terre n'est apparue dans ces régions qu'au milieu du XIXe siècle. D'autres plats sont généralement l'adaptation de recettes populaires qui concernent initialement d'autres terroirs, et il existe une grande diversité culinaire au sein des régions actuelles qui composèrent un jour le Berry historique.
Spécialités culinaires
Une des spécialités souvent considérée comme « typiquement berrichonne » est le pâté berrichon, appelé aussi pâté de Pâques, jour où il était traditionnellement servi. Variante du pâté en croûte, mais servi chaud, il a une farce de viande au lait et à la mie de pain, surmontée d'œufs durs, le tout emballé dans une pâte brisée ou feuilletée.
Le jau au sang (coq en barbouille) est un coq flambé et coupé en morceaux qui est cuit pendant une heure. Le sang cuit à feu doux, de la crème, un jaune d'œuf et le foie pilé sont ensuite ajoutés, donnant ainsi un poulet en sauce.
Le pâté de pommes de terre, connait de nombreuses versions. La recette aujourd'hui la plus répandue, également cuisinée en Limousin, consiste à couper des pommes de terre en lamelles plus ou moins fines et à en garnir une tourte en pâte feuilletée, dans laquelle on ajoutera de la crème, de l'ail et éventuellement quelques oignons et fines herbes. En ajoutant un peu de lard, cette recette prend le nom de truffiat. D'autres recettes, plus spécifique au Haut-Berry, garnissent la pâte de pommes de terres écrasées en une purée grossière (conservant une partie des pommes de terre en morceaux), assaisonnées d'ail et de fines herbes. Cette dernière version est en général préparée en forme de pâté ou de friand.
La galette aux pommes de terres, qui se consomme chaude, est également très répandue et consiste à ajouter à l'appareil d'une pâte feuilletée une quantité variable de purée lisse de pommes de terre. Plus la quantité ajoutée est élevée, moins la pâte lèvera à la cuisson, et plus le cœur de la galette sera moelleux. Certaines versions incorporent seulement, ou en plus de celle intégrée à la pâte, de la purée entre deux feuilles de pâte feuilletée.
Les œufs à la couille d'âne (ou en couille d'âne) sont des œufs en meurette préparés avec des échalotes et l'un des vins rouges berrichons.
La salade de chavignol chaud est également un plat typique du Sancerrois, qui consiste à présenter sur un lit de salade deux crottins (ou deux demi-crottins) brièvement rôtis au four sur une tranche de pain de campagne.
D'autres plats sont traditionnellement servis sur les tables « berrichonnes » :
- la langue de bœuf au gratin ;
- les beugnons (beignets), en particulier de fleurs d'acacias ou au miel ;
- les sanciaux ou chanciaux, ou « omelette à la farine », qui sont une sorte de crêpes épaisses, traditionnellement salées ou sucrées et aujourd'hui le plus souvent agrémentées de pommes (et de miel ou de sucre), que l'on cuit à la poêle pour obtenir une galette à la consistance intermédiaire entre une crêpe et un far breton ;
- les millats qui regroupent plusieurs recettes à base de cerises noires ;
- la soupe à l'oseille ou aux orties ;
- le poirat, tourte garnie de poires (simplement sucrées et généralement sans appareil) ;
- le citrouillat, ou pâté à la citrouille variante de celui aux pommes de terre ;
- les poires au vin ;
- les daguenettes, tranches de pommes séchées, servies comme desserts telles quelles ou réhydratées dans une sauce au vin rouge.
Fromages
Le Berry est surtout connu pour ses fromages au lait de chèvre, même s'il est aussi une terre d'élevage de vaches et que sont fabriqués localement plusieurs petits fromages de vaches de campagne, à la consistance proche d'un crottin de Chavignol. La fromagerie de Rians a fait la renommée du fromage frais de campagne en faisselle à travers toute la France. L'élevage de chèvres s'est surtout développé à partir de 1860, auparavant, la chèvre était considérée comme la vache du pauvre. Les principaux fromages berrichons sont :
- le crottin de chavignol ;
- le pouligny-saint-pierre ;
- le selles-sur-cher ;
- la pyramide de valencay ;
- le Sainte-maure-de-touraine, fromage à pâte molle et à moisissures superficielles grises ;
- la fromagée : préparation à base de fromage frais (de chèvre et/ou de vache) auquel sont ajoutés des herbes fraîches (en particulier cive et ciboulette), de l'échalote, du poivre et du sel. Elle peut être consommée avec des pommes de terre tièdes cuites à l'eau, ou en accompagnement d'une salade avec du pain.
Vins
Rattachés à la grande famille des vins de Loire, les vins berrichons sont surtout réputés pour les blancs, au premier rang desquels se place le sancerre :
- sancerre (AOC) ;
- menetou-salon (AOC) ;
- quincy (AOC) ;
- reuilly (AOC) ;
- valençay (AOC) ;
- châteaumeillant (AOC) ;
- coteaux-du-giennois (AOC) (partiellement en Berry).
Bières
Plusieurs brasseries sont implantées dans le Berry, on peut notamment citer :
- La Crécelle à Bourges ;
- Ouche Nanon à Croisy[4] ;
- L'atelier de la Bière à Issoudun ;
- La Sancerroise à Sancerre.
Autres spécialités et produits agricoles
- bonbons : Forestines de Bourges, Demoiselles de Montrond ;
- biscuits : croquets (notamment de Chârost) aux amandes ou aux noisettes, sablés, comme celui de Nançay qui est préparé avec du petit lait et que l'on agrémente parfois de pommes, poires...
- huiles de noix et de noisette ;
- Lentilles vertes du Berry (Label rouge et IGP) ;
- pommes de Saint-Martin-d'Auxigny ;
- la courge Sucrine du Berry[5] ;
- les poires Curé et Cuisse Dame du Berry[5] ;
- les cerises Muant, la Petite Noire et Marin du Berry[5] ;
- les Châtaignes du Berry[5] ;
- le Genouillet, cépage vitis vinifera du Berry[5] ;
- le kirsch du Blanc.
Les animaux de l'agriculture berrichonne
- La poule Noire du Berry.
- L'Âne grand noir du Berry.
- Le mouton Berrichon de l'Indre.
- Le mouton Berrichon du Cher.
- La Chèvre cou-clair du berry.
Architecture et monuments
- Le Berry, région rurale, recèle un patrimoine agricole important, qui rayonne sur ses régions frontalières avec les granges à auvent. Ces constructions avaient plusieurs rôles, celui de protéger les portes des intempéries et de créer une extension pour par exemple abriter hommes et matériel lors des orages. Les granges pyramidales sont quant à elles particulières au Nord du Cher, elles consistent en une charpente supportant une toiture descendant jusqu'au sol.
- Les églises berrichonnes sont principalement romanes et possèdent pour la plupart des fresques anciennes, ainsi qu'un caquetoire. On compte en Berry plusieurs clochers tors.
- Le Berry est traversé par le canal de Berry.
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Maisons à pans de bois à Bourges
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Palais Jacques-Cœur à Bourges
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Nef de l'abbaye de Noirlac
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Collégiale Saint-Etienne de la basilique Saint-Jacques-le-Majeur de Neuvy-Saint-Sépulchre
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Château des Stuarts à Aubigny-sur-Nère
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Maison à Henrichemont
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Château de Sagonne (Cher)
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Église de Saint-Outrille
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Clocher-Porche de Sainte-Solange
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Tympan de l'église de Chârost
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Anciennes usines de la Société française à Vierzon
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Église de Saint-Amand-Montrond
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Auvent berrichon à trois pans (Coust, Cher)
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Auvent berrichon à deux pans et colombages (Coust, Cher)
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Château de Meillant (Cher)
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Église de Châteaumeillant
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Amphithéâtre gallo-romain de Drevant
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Château de Valençay (Indre)
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Caquetoire (Nohant, Indre)
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Hôtel particulier au Blanc
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Le Tarmac à Déols
Bibliographie
- Les Berrichons le regard de Roger Pearron, Grandvaux (ISBN 978-2-909550-67-1)
- Aux pays du Berry, Catherine et Bernard Desjeux Grandvaux (ISBN 978-2-909550-66-4)
- R.BRAQUE et J.E.LOISEAU, 1994 - Pelouses et ourlets du Berry, Société Botanique du Centre-Ouest, numéro spécial n°12
Notes et références
- Nouveau Petit Larousse, 1968
- La chronique de Frédégaire
- Encyclopédie historique et anecdotique de la province de Berri, R. Marcel, Cercle généalogique du Haut Berry, 1994
- Site de la brasserie Ouche Nanon
- Union pour les Ressources Génétiques du Berry
Liens externes
- Berrypédia, encyclopédie libre consacrée au Berry
- BerryProvince.com : Site officiel pour la promotion du tourisme dans le Berry (Comité Départemental de Tourisme de l'Indre et Agence de Développement Touristique du Cher)
- La Borne mon village en Berry, patrimoine potier, dictionnaire berrichon
- Site officiel du Pays de George Sand en Berry
- Site officiel du Pays Berry Saint-Amandois
- Site officiel du Pays La Châtre en Berry
- Site de Farges-Allichamps, pages consacrées à l'histoire du Berry
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