- Histoire du canton de Neuchâtel
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Le nom de Neuchâtel semble apparaître pour la première fois en 1011 dans un acte de donation de Rodolphe III de Bourgogne. Mais les vestiges archéologiques trouvés au bord du lac de Neuchâtel montrent que l'homme a foulé ce sol depuis la préhistoire. Durant le deuxième millénaire, l'histoire de ce bout de terre est intimement liée à l'histoire de l'Europe. Le territoire appartient tour à tour aux Bourguignons puis aux Prussiens. En 1815, encore suzerains du roi de Prusse, les Neuchâtelois rejoignent la Confédération suisse et obtiennent finalement leur indépendance suite à la révolution de 1848.
Sommaire
Préhistoire
Entre -70000 et -35000, des traces de l'Homme de Néandertal ont été trouvées dans au moins deux grottes du canton : celle de Cotencher à Rochefort et celle des Plaints près de Couvet. Un Homme de Cro-Magnon a également été trouvé dans la grotte du Bichon près de La Chaux-de-Fonds. Ce dernier aurait été victime d'un accident de chasse, blessé mortellement par un ours. En 1926, un douanier a découvert un abri sous roche près du Locle où des Hommes vivaient vers le VIe siècle avant J.C. Paul Vouga a entrepris des fouilles dans cette station vers 1928. A cette période, les hommes semblaient fabriquer des objets de petites dimensions en silex. Ils vivaient dans des abris le long de la chaîne jurassienne ou dans des campements sur le plateau. Ils vivaient de la cueillette, la chasse et la pêche[1].
Reconstitution d'une maison de pêcheur avec embarcation au LaténiumVers -4500[2], les terres neuchâteloises sont habitées par la civilisation de Cortaillod dont les hommes commençaient à construire des villages. Ceux-ci cultivaient des céréales et façonnaient des poteries. A l'inverse de leurs prédécesseurs en terres neuchâteloises, ils sont plus sédentaires grâce à l'agriculture et à l'élevage d'animaux. De cette époque, on peut également observer des menhirs près de La Béroche ou des cupules et des dolmens, témoins de riches pratiques religieuses. Cette civilisation semble avoir prospéré pendant près de 3000 ans[1].
Vers -1700, les bords du lac sont colonisés par des hommes de l'âge de bronze. Vers l'an mil avant J.C., ces populations avaient bien colonisé les bords du lac en formant des villages vers Concise, Hauterive, Bevaix, Cortaillod et Auvernier. Ceux-ci comptaient jusqu'à 300 habitants et étaient entourés de palissades en bois. Les pilotis sont les vestiges restants des maisons de ces villages[3].
Finalement, des découvertes archéologiques exceptionnelles ont été faites lors de la correction des eaux du Jura (1868 - 1878) sur le site de La Tène (commune de Marin-Epagnier). Elles ont donné au second âge du fer le nom de La Tène (d'environ -450 à -15). A cette époque, les bords du lac étaient peuplés de celtes. On retrouve aujourd'hui des tumulus, vestiges de pratiques religieuses bien développées. L'endroit semble être un important péage sur la route entre le Rhône et le Rhin. Des ponts enjambaient La Thielle vers Marin-Epagnier et Cornaux[4].
Antiquité
Quelques sites archéologiques datant de la période romaine - également appelée helveto-romaine - ont été mis au jour dans la région neuchâteloise. Des vestiges existent sur le littoral, le plateau de Lignières ainsi que dans le Val-de-Ruz. La Vy d'Etraz, une route romaine, traversait le littoral d'est en ouest. Elle peut encore être observée par endroit, comme par exemple à Saint-Blaise. Une des grandes propriétés de la période romaine connue en Suisse est à Colombier, sous le château.
Vers le IIIe siècle, l'empire romain commence à perdre de sa puissance et à céder sous la pression des peuples germaniques. En l'an 401, les romains se retirent de la frontière le long du Rhin pour ne défendre plus que le Sud des Alpes[5].
Moyen Age
Il reste des traces des burgondes près de Serrières datant environ du VIe siècle.
Jusqu'à l'an mil, on a peu de matériel concernant la région en particulier. On sait qu'en 998 les moines de Cluny fondent l'abbaye de Bevaix. Ces années voient aussi la création de la ville de Neuchâtel. En 1011, première apparition écrite du nom de Neuchâtel dans un acte de donation de Rodolphe III de Bourgogne à sa femme Irmengarde. Le territoire cantonal se retrouva ainsi vassal des Bourguignons jusqu'en 1032, année de la mort de Rodolphe III, dernier roi de Bourgogne. En 1034, la cité de Neuchâtel est assiégée par Eudes, comte de Blois et de Champagne[6] qui tente de récupérer le royaume de Rodolphe III.
Le dernier descendant direct des comtes de Neuchâtel, Jean de Fribourg, décède en 1457 sans successeur mâle, déclenchant une seconde guerre de succession.
Les Bade-Sausenberg
La Maison de Bade par sa branche de Bade-Sausenberg (dit "de Hocheberg"), issue elle-même de la branche Bade-Hochberg, regna sur le comté de Neuchâtel de 1458 à 1503.
En effet, Rodolphe de Hochberg, de la Maison de Bade, et Louis de Châlon, prince d'Orange, dit Louis le bon, se disputent l'autorité sur le comté de Neuchâtel au moment du décès de Jean de Fribourg. Le prince d'Orange considère que le comté doit lui revenir car celui-ci était allemand deux siècles plus tôt et qu'en l'absence d'hoirs[7] mâles il revient à son seigneur, d'autant plus que Jean de Fribourg avait épousé Marie de Châlon, sa sœur, en 1416. Rodolphe de Hochberg lui se revendique de la descendance directe (mais par une fille) du grand-père de Jean de Fribourg[8], du testament écrit par Jean de Fribourg et est soutenu par les bourgeois de la ville. En 1458 Rodolphe de Hochberg succède finalement à Jean de Fribourg[9].
Le fils de Rodolphe, Philippe de Hochberg, est le comte le plus riche de Neuchâtel. Il prend possession du comté en 1487. Il avait auparavant épousé Marie de Savoie (nièce de Louis XI)[10] et continua à lier des alliances durant tout son règne, en particulier avec Berne et Fribourg. Il conclut en particulier un accord avec son cousin Christophe de Baden par lequel ils se donnent réciproquement, à défaut d'enfants mâles, leurs seigneuries allemandes[11]. Philippe décède en 1503 et laisse une seule héritière, sa fille Jeanne.
Les seigneurs de cette maison qui ont régné sur le comté de neuchâtel ont été :
- 1458-1487 : Rodolphe de Hochberg.
- 1487-1503 : Philippe de Hochberg.
Au décès de Philippe de Hochberg, sa fille Jeanne de Hochberg se marie avec Louis d'Orléans.
Les Orléans-Longueville
Suite au mariage de Jeanne de Hochberg avec Louis d'Orléans, c'est les Orléans-Longueville qui régnèrent sur le comté de Neuchâtel entre 1504 et 1707 (si on excepte la période du Baillage commun). Ils furent la plupart du temps représenté par un gouverneurs dans leur comté.
Article détaillé : Liste des gouverneurs du territoire de Neuchâtel.Article détaillé : Liste des conseillers d'Etat du territoire de Neuchâtel.Les seigneurs en furent:
- 1504-1516 : Louis d'Orléans, mari de Jeanne de Hochberg.
- 1516-1543 : Jeanne de Hochberg, veuve de Louis.
- 1543-1551 : François d'Orléans, petit-fils de Jeanne, 8 ans, sous la tutelle de son grand-père maternel le duc Claude de Guise et du cardinal de Lorraine, Charles de Guise[12].
- 1551 : Crise de succession tranchée par le Tribunal des Trois-Etats[13].
- 1552-1557 : co-seigneurie entre Léonor d'Orléans, 11 ans, sous régence de Jaqueline de Rohan, sa mère et Jacques de Savoie, cousins de François[13].
- 1557-1573 : Léonor d'Orléans, 17 ans[14].
- 1573-1595 : Henri Ier, fils du précédant, 5 ans, sous régence de Marie de Bourbon, sa mère[14].
- 1595-1601 : Henri II d'Orléans, fils du précédant, 1 ans, sous régence de Marie de Bourbon, sa grand-mère, jusqu'à sa mort en 1601[15].
- 1601-1617 : Henri II d'Orléans, 6 ans, sous tutelle de Catherine de Gonzague, sa mère[16].
- 1617-1663 : Henri II d'Orléans, seul.
- 1663-1668 : co-seigneurie entre deux frères Jean-Louis Charles et Charles-Paris sous régence de leur mère Anne-Geneviève de Bourbon[17].
- 1668-1672 : Charles-Paris seul[17].
- 1672-1674 : Interrègne - Crise de tutelle entre Marie de Nemours et Anne-Geneviève de Bourbon, tranchée par le Tribunal des Trois-Etats en faveur de la seconde. Verdict confirmé par Louis XIV dans une sentence d'avril 1674[18].
- 1674-1679 : Jean-Louis Charles sous tutelle de sa mère Anne-Geneviève de Bourbon jusqu'à sa mort (1679).
- 1679-1682 : Jean-Louis Charles sous tutelle de sa demie-sœur Marie de Nemours[18].
- 1682-1694 : Jean-Louis Charles sous tutelle du prince de Condé et du duc de Bourbon[19].
- 1694 : Crise de succession entre Marie de Nemours et le prince de Conti, tranchée par le Tribunal des Trois-Etats[18].
- 1694-1707 : Marie de Nemours.
Procès de 1707
Lors du décès en 1707 de Marie de Nemours, c'est le tribunal des Trois-Etats qui doit désigner son successeur.
Article détaillé : Procès de 1707.Baillage commun
Les Confédérés mirent le compté sous leur tutelle entre 1512/1513 et 1529
Les Hohenzollern
Lors du décès en 1707 de Marie de Nemours, les Neuchâtelois se sont choisi comme suzerains les roi en Prusse de la Maison de Hohenzollern. Les raisons les plus souvent évoquées pour expliquer ce choix sont :
- De cette manière, les Neuchâtelois se sont assuré d'avoir un souverain qui respecterait leur confession.
- De plus, l'éloignement géographique par rapport à la Prusse leur permettrait une relative autonomie par rapport au roi.
Après avoir été perdu par le roi de Prusse au profit de Napoléon en 1805, la principauté de Neuchâtel adhère au pacte fédéral en 1815 et l'acte final du Congrès de Vienne reconnaît au roi de Prusse la qualité de prince de Neuchâtel, et à Neuchâtel, le statut de canton suisse.
Un premier acte de rébellion contre cette autorité intervient en 1831, mais ce n'est qu'avec la révolution du 1er mars 1848 que le canton s'intègre pleinement à la Suisse moderne et rompt les liens avec la monarchie prussienne.
Article détaillé : Liste des gouverneurs du territoire de Neuchâtel.Article détaillé : Liste des conseillers d'Etat du territoire de Neuchâtel.Les rois de Prusse qui régnèrent sur le comté (puis principauté) de Neuchâtel furent:
- 1707-1713 : Frédéric Ier de Prusse
- 1713-1740 : Frédéric-Guillaume Ier de Prusse
- 1740-1786 : Frédéric II de Prusse
- 1786-1797 : Frédéric-Guillaume II de Prusse
- 1797-1805 : Frédéric-Guillaume III de Prusse
- 1806-1815 : Intermède Berthier (voir plus bas)
- 1815-1840 : Frédéric-Guillaume III de Prusse
- 1840-1861 : Frédéric-Guillaume IV de Prusse
Berthier (1806-1814)
En 1806, Napoléon, après avoir obtenu Neuchâtel par un échange avec le roi de Prusse, remet la principauté au maréchal Louis-Alexandre Berthier.
Après 1848
La République est proclamée le 2 mars 1848. On relèvera l'épisode de l'Affaire de Neuchâtel en 1856.
La Réforme
Dès 1530, Guillaume Farel distilla la Réforme protestante dans le canton. Avec la révocation de l'édit de Nantes, Neuchâtel vit affluer nombre de huguenots. Le haut du canton commença à se peupler.
Sources
- Henry, Philippe, 2011, Histoire du canton de Neuchâtel; Tome 2: le temps de la monarchie; politique, religion et société de la Réforme. Éditions Alphil-Presses universitaires suisses. Neuchâtel. ISBN 978-2-940235-85-8.
- Evard, Maurice. 1998. Histoire du canton de Neuchâtel. Département de l'instruction publique et des affaires culturelles. Neuchâtel.
- Ouvrage collectif. 1989. Histoire du Pays de Neuchâtel, Tome 1, De la Préhistoire au Moyen Age. Éditions Gilles Attinger. Hauterive. ISBN 2-88256-036-2.
- Ouvrage collectif. 1991. Histoire du Pays de Neuchâtel, Tome 2, De la réforme à 1815. Éditions Gilles Attinger. Hauterive. ISBN 2-88256-053-2.
- Ouvrage collectif. 1993. Histoire du Pays de Neuchâtel, Tome 3, De 1815 à nos jours. Éditions Gilles Attinger. Hauterive. ISBN 2-88256-063-X.
- Cop, Raoul. 2006. Histoire de la Chaux-de-Fonds. Éditions G d’Encre. ISBN 2-940257-32-9.
Notes et références
- Le Néolithique dans le canton de Neuchâtel ». Consulté le 7.12.2008 Yannick Rub, «
- Cette datation ne semble pas faire l'unanimité. Certains citant -3900 alors que d'autres citent -3800. A contrôler donc...
- L'âge de bronze dans le canton de Neuchâtel ». Consulté le 7.12.2008 Yannick Rub, «
- L'âge de fer dans le canton de Neuchâtel ». Consulté le 7.12.2008 Yannick Rub, «
- L'antiquité dans le canton de Neuchâtel ». Consulté le 7.12.2008 Yannick Rub, «
- Mais également de Troyes si on en croit la page qui le concerne
- http://fr.wiktionary.org/wiki/hoir hoir: héritier. Voir aussi:
- Histoire de Neuchâtel et Valangin jusqu'à l'avènement de la Maison de Prusse, p. 513
- Histoire de Neuchâtel et Valangin jusqu'à l'avènement de la Maison de Prusse, pp. 173-177
- Histoire de Neuchâtel et Valangin jusqu'à l'avènement de la Maison de Prusse, p. 200
- Histoire de Neuchâtel et Valangin jusqu'à l'avènement de la Maison de Prusse, p. 236
- ISBN 978-2-940235-85-8, p.34. Henry, Philippe, 2011, Histoire du canton de Neuchâtel; Tome 2: le temps de la monarchie; politique, religion et société de la Réforme. Éditions Alphil-Presses universitaires suisses. Neuchâtel.
- ISBN 978-2-940235-85-8, p.35. Henry, Philippe, 2011, Histoire du canton de Neuchâtel; Tome 2: le temps de la monarchie; politique, religion et société de la Réforme. Éditions Alphil-Presses universitaires suisses. Neuchâtel.
- ISBN 978-2-940235-85-8, p.36. Henry, Philippe, 2011, Histoire du canton de Neuchâtel; Tome 2: le temps de la monarchie; politique, religion et société de la Réforme. Éditions Alphil-Presses universitaires suisses. Neuchâtel.
- ISBN 978-2-940235-85-8, p.36. Henry, Philippe, 2011, Histoire du canton de Neuchâtel; Tome 2: le temps de la monarchie; politique, religion et société de la Réforme. Éditions Alphil-Press es universitaires suisses. Neuchâtel.
- ISBN 978-2-940235-85-8, p.41. Henry, Philippe, 2011, Histoire du canton de Neuchâtel; Tome 2: le temps de la monarchie; politique, religion et société de la Réforme. Éditions Alphil-Press es universitaires suisses. Neuchâtel.
- ISBN 978-2-940235-85-8, p.37. Henry, Philippe, 2011, Histoire du canton de Neuchâtel; Tome 2: le temps de la monarchie; politique, religion et société de la Réforme. Éditions Alphil-Presses universitaires suisses. Neuchâtel.
- ISBN 978-2-940235-85-8, p.38. Henry, Philippe, 2011, Histoire du canton de Neuchâtel; Tome 2: le temps de la monarchie; politique, religion et société de la Réforme. Éditions Alphil-Presses universitaires suisses. Neuchâtel.
- ISBN 978-2-940235-85-8, p.41. Henry, Philippe, 2011, Histoire du canton de Neuchâtel; Tome 2: le temps de la monarchie; politique, religion et société de la Réforme. Éditions Alphil-Presses universitaires suisses. Neuchâtel.
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