Histoire de la Principaute de Liege

Histoire de la Principaute de Liege

Histoire de la Principauté de Liège

Blason de la principauté de Liège

Sommaire

La naissance d'une ville : l'assassinat de Saint Lambert

Les premières maisons de Liège (Leodium) furent probablement établies au pied du Publémont, le long de la Légia, affluent de la Meuse. On relate que Saint-Monulphe y aurait bâti un modeste oratoire autour duquel se seraient groupées quelques huttes.

L'évêque de Maastricht, Lambert qui possède une maison de campagne dans le petit village de Liège, une villa romaine réaménagée, est assassiné le 17 septembre d'une année inconnue (696, 700 ou 705), par les hommes d'un certain Dodon, administrateur des domaines royaux, sans doute entré en conflit avec l'Église.

Bien vite, la maison de Lambert devient miraculeuse, et est le but d'un important pèlerinage. En 714, son successeur, Saint Hubert, transfère de Maastricht à Liège les reliques de Lambert et lui consacre une église. En 722, l'évêque Hubert s'y installe ce fait étant à l'origine du rapide essor de la cité au détriment de Maastricht. Liège qui devient le nouveau centre du diocèse.

Vers 742, Charlemagne naît dans les environs de Liège (Herstal ou Jupille).

En 817, la Charte de Walcand, évêque de Liège, nous apprend que l'évêque possédait déjà des biens à Tongres, Maastricht, Huy, Dinant, Ciney et l'abbaye de Saint-Hubert.

En 820, les Normands ravagent pour la première fois la région.

En 843, au traité de Verdun, Liège est intégré à la Francie médiane.

Incendié en 881 par les Normands, le bourg ouvert de Liège sera également le théâtre de dévastations par les Hongrois

Liège dans l'Église impériale

Entre 923 et 925, la Lotharingie, dont dépendait Liège, fut rattachée définitivement à la Francie orientale, par l'entremise de l'aristocratie lotharingienne. Celle-ci représentait un danger tant pour l'Église de Liège qu'elle désirait contrôler que pour l'empereur.

Otton et son frère Brunon, archevêque de Cologne firent donc alliance avec l'épiscopat liégeois, afin de maintenir la Lotharingie dans le giron germanique. À part Baldéric Ier, les évêques (Hugues, Farabert, Rathier, Éracle et Notger) furent tous évêques par la volonté d'Otton ou de son frère.

En 936, Otton devient roi de Germanie. Il nomme lui-même les évêques et donne naissance à la période dite de l'église impériale. A Liège elle durera jusqu'en 1209.

Le jour de Noël 953, Liège connaît sa première émeute. L'aristocratie lotharingienne, menée par Régnier III de Hainaut et son frère Raoul, prend la ville. Ils installent Baldéric sur le siège épiscopal. L'évêque Rathier renonce à ses fonctions épiscopales en 955.

En 954, les Hongrois ravagent la région.

En 959, la Lotharingie est divisée : la Basse-Lotharingie ou Lothier et La Haute-Lotharingie ou Lorraine. Liège dépend donc du Lothier. Elle en est un des trois sièges épiscopaux, avec Cambrai et Utrecht.

C'est aussi en 959 qu'Éracle est élu évêque de Liège. Il réorganise les écoles liégeoises.

En 962, le roi de Germanie, Otton, se fait couronner empereur par le pape Jean XII. Le Saint Empire romain de la nation germanique est né.

En 971, Éracle, proche de Othon Ier, décède. Il est enterré dans le chœur de la collégiale Saint-Martin, dont il voulait faire la nouvelle cathédrale. En effet, il estimait que le centre de Liège et sa cathédrale étaient indéfendables.

Devenus des soutiens solides de l'Allemagne, les évêques de Liège et leur entourage se défendirent avec succès face aux révoltes des seigneurs lotharingiens cependant que le peuple ne partageait nullement leurs sentiments impérialistes. Afin de renforcer l'autorité des évêques, et en récompense des services rendus, l'empereur n'hésite pas à accroître leurs domaines et à compléter leur pouvoir spirituel du pouvoir temporel de prince leurs permettant d'administrer le diocèse avec une autorité seigneuriale.

Notger et la naissance d'une principauté épiscopale

Depuis la mort de Lambert de Maastricht, Liège a bien changée. Du modeste village qu'elle était, elle est devenue une cité florissante. Le clergé formé à Liège, cité cependant romane, se tourne évidemment vers l'empire germanique et éprouve une aversion pour le royaume de France bien mal organisé.Ses écoles sont renommées dans toute l'Europe, de nombreux étudiants brillants, originaires de diverses contrées, y sont formés.[1].

Le territoire de l'évêque s'est considérablement accru. Outre Liège, Amay, Ville-en-Hesbaye et Lustin; l'Église possède biens et droits à Tongres, Maastricht, Huy, Namur et Dinant. L'évêque possède aussi d'importants domaines : Pont-de-Loup, Marchienne-au-Pont, Arches (Charleville), Theux ; ainsi que de nombreuses abbayes et leurs dépendances : Saint-Hubert, Lobbes, Fosses, Hastière, Malines et Aldeneick. L'évêque de Liège exerce là son autorité temporelle sur ce qui sera toujours environ un tiers de son diocèse. Après 1559, le diocèse de Liège étant beaucoup plus petit, la part de la souveraineté temporelle que le Prince-évêque y exerce s'accroît fatalement.

Notger naît en Souabe vers 930. Issu de la noblesse il a effectué ses études à Saint-Gall, dont il aurait été prévôt. En 972, il est appelé sur le siège épiscopal de Liège. Il punit les agitateurs qui avaient sévi sous le règne d'Éracle.

Otton II succède à son père en 973.

L'évêque reçoit de l'empereur certains droits en 974 : celui de tonlieu, de marché et celui de gruits (faire de la matière à cervoise). En 978, Notger fait ériger la nouvelle cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert de Liège. Elle remplace la basilique édifiée par saint Hubert. Sa construction s'étend jusqu'en 1015

L'empereur confirme les droits et les possessions de l'évêque de Liège en 980. Il lui accorde la souveraineté sur Tongres, une partie de Huy, Fosses et Malines. Le prince-évêque obtient aussi un privilège d'immunité générale, sous la protection d'Otton II. Un véritable État liégeois est né.

Le 7 juillet 985, Otton III, à la demande de sa mère, concède à Notger le Comté de Huy. Il s'étendait de part et d'autre de la Meuse et comprenait la Hesbaye, le Condroz, et la Famenne. C'est la première fois qu'un comté entier est donné à un évêque. L'évêque devient comte et prince d'Empire. Liège devient donc une principauté ecclésiastique dirigée par un prince-évêque: la Principauté de Liège est née.

Notger recevra un second comté en 987 : le Brunengeruz (Tirlemont).

En 987, le prince-évêque, en compagnie de l'impératrice Théophano, mère d'Otton III et régente, prend et détruit le château de Chèvremont.

Vers l'an 1000, Liège est devenue un centre culturel de l'Europe occidentale, une Athènes du Nord, place que lui prend Paris deux siècles plus tard. Elle possède les écoles les plus renommées du monde chrétien.

Instrument puissant de la politique impérialiste, cet homme influent était en outre un conseiller intime de l'empereur. Notger meurt le 10 avril 1008. Il laisse une marque indélébile dans la ville de Liège : fondation de plusieurs collégiales et abbayes, fortifications, le palais épiscopal, la construction du quartier de l'Isle. On a coutume de dire « Liégeois, tu dois Notger au Christ et le reste à Notger ».

De Baldéric II à Otbert (1008-1119)

Baldéric II devient prince-évêque de Liège en 1008. Cet aristocrate originaire du diocèse fut chapelain d'Otton III et de Henri II. La même année, il agrandit les terres de la principauté de terres condrusiennes situées sur les hauteurs de Huy. Henri II lui fit aussi don du village de Jupille et ses dépendances à l'évêque de Verdun

En 1012, le prince fait fortifier le village de Hoegaarden, sur la Gette, non loin de Louvain, ce qui déclenche les hostilités du comte Lambert de Louvain. Les forces liégeoises sont écrasées à Hoegaarden le 10 octobre 1013. Le Brunengeruz passe sous suzeraineté de Louvain, ainsi que l'avouerie de Gembloux.

En 1014, la principauté reçoit le marquisat de Franchimont.

Le 12 avril 1015, les troupes du duc de Basse-Lotharingie, Godefoid III d'Eenam (ou de Verdun) et ses alliés liégeois écrasent celles de Lambert de Louvain et de son allié Robert II de Lomme, comte de Namur lors de la bataille de Florennes.

Les troupes du duc de Basse-Lotharingie et celles du prince-évêque de Liège sont écrasées par les troupes de Thierry III de Frise, lors de la bataille de Vlaardingen. Baldéric II meurt la même journée.

Le territoire de l'Église de Liège s'agrandit encore en 1040, quand le prince-évêque Nithard reçoit le comté de Hesbaye (la Hesbaye liégeoise, comprise entre la Meuse et le Geer, à l'Ouest de Liège).

Le 16 juin 1096, le Prince-évêque de Liège Otbert achète Couvin et toutes ses dépendances à Baudouin II de Hainaut pour financer son départ en croisade. Couvin devient ainsi une des 23 Bonnes Villes de la principauté de Liège.

La première charte des Libertés en Europe

Sceau du prince-évêque Théoduin figurant sur la charte de Huy- Avec l'aimable autorisation du musée communal de Huy

Sous le règne de l'évêque Théoduin, Huy était une ville prospère de marchands d'étain, de laiton et de cuir qui rayonnait sur toute l'Europe.

Sa collégiale ayant été incendiée en 1053 par le comte de Flandre, le prince-évêque voulut y bâtir une nouvelle mais, ne disposant pas des fonds nécessaires, il prit un accord avec les marchands qui lui abandonnèrent la moitié de leurs capitaux.

En contrepartie, Théoduin accorda en 1066 une charte aux bourgeois de Huy. Celle-ci précisait entre-autres qu'en cas de vacance épiscopale, les Hutois garderaient le château. Les serfs seraient dorénavant protégés contre les abus, la justice officielle remplacerait la vengeance, des accusations de dettes pourraient être contestées.

La charte de Huy est la première charte de franchise connue accordant une réelle autonomie à une ville.

De Frédéric de Namur à Albert de Cuyck (1119-1200)

La Principauté et les Pays-Bas autrichiens en 1350

En 1119, éclate une querelle lors de la succession d'Otbert. Deux candidats sont en lice : Frédéric de Namur, archidiacre de Brabant et grand-prévôt de Saint-Lambert, partisan du pape et Alexandre, partisan de Henri IV, l'empereur excommunié.

L'empereur Henri V attribue l'évêché à Alexandre, aidé par le duc de Basse-Lotharingie, Godefroid Ier de Louvain. L'archevêque de Cologne, Frédéric de Schwarzenbourg (1100-1131), partisan de Frédéric de Namur, excommunie Alexandre. Le 23 avril de l'année 1119, on élit, à Cologne, Frédéric de Namur. En cette même année, à Mouzon, une tentative de réconciliation échoue entre le pape Calixte II et l'empereur.

Le 26 octobre 1119, lors du concile de Reims, le pape consacre Frédéric de Namur. Henri V et Alexandre sont de nouveau excommuniés. Le même jour, celui-ci, aidé par Godefroid de Louvain, s'empare du château de Huy. Le nouveau prince-évêque reprend le château et repousse les armées du duc. Alexandre se soumet.

Le 27 mai 1121, Frédéric de Namur meurt, peut-être empoisonné. Alexandre réussit à se faire élire. Le 2 septembre, l'archevêque de Cologne convoque les deux camps en assemblée. Il force aussi Alexandre à renoncer à l'évêché de Liège.

Le 23 septembre 1122, on promulgue le Concordat de Worms, qui met fin à la Querelle des Investitures : le pape et l'empereur se sont réconciliés. L'empereur renonce à l'investiture des évêques par la crosse et par l'anneau, donc au pouvoir spirituel. Il laisse à l'Église le choix des évêques et des abbés. Le pape, lui, reconnaît à l'empereur le droit de présider les élections et de donner au nouveau prélat une investiture par le sceptre, c'est-à-dire le pouvoir temporel.

Le 1er janvier 1123, après deux ans de vacance, le trône de Liège retrouve un prince-évêque : Albéron Ier, frère de Godefroid Ier de Louvain, duc de Basse-Lotharingie et comte de Louvain. Il n'est pas Liégeois, vu l'implication du clergé local dans la querelle, mais provient de Metz Il abolit le droit de mainmorte sur tout son domaine.

En 1124, Albéron instaure le culte de Marie-Madeleine. La même année apparaît l'avoué de Hesbaye, porte-étendard de l'armée épiscopale.

Albéron Ier décèdera le 1er janvier 1128.

En 1128, Alexandre Ier est élu. Il est issu de la noblesse hesbignonne. Après ses différents échecs (cf. supra), il est enfin élu canoniquement.

En 1128, le roi Lothaire II dépose le duc Godefroid Ier de Louvain. Il nomme son successeur : le comte Waleran II de Limbourg.

Le 7 août 1129, l'évêque, aidé par Waleran II de Limbourg, remporte à Wilderen la victoire sur Godefroid Ier de Louvain, son ancien allié et protecteur.

Le prince-évêque Alexandre Ier est accusé de simonie par le pape Innocent II en 1135, il sera déposé au concile de Pise

Le 22 mars 1135, Albéron II, originaire de Metz monte sur le siège épiscopal de Liège.

En 1139, Albéron II participe au concile de Latran (cf. IIe concile du Latran)

Entre 1140 et 1142, Renaud Ier de Bar et Henri l'Aveugle, comte de Luxembourg et de Namur, prennent, brûlent et pillent la ville liégeoise de Fosses (Fosses-la-Ville).

En 1141, le prince-évêque récupère Bouillon, perdue en 1134.

Albéron II meurt à Orte, en Italie le 22 mars 1145.

La Principauté en mutation : l'essor des communes et des métiers

Les principautés laïques se développent : les nobles du comté de Hainaut et du duché de Brabant deviennent puissants. Auparavant, l'ancienne voie romaine menant de Cologne à Boulogne-sur-Mer constituait la principale route de la région; elle est maintenant supplantée par une nouvelle voie qui de Maastricht, rejoint Gand et Bruges en passant par Tirlemont, Louvain et Gand, donnant ainsi au duc de Brabant une importance croissante.

La Principauté de Liège contrôle une grande partie de cette route, bloquant le développement du Brabant vers l'est.

Le 5 mars 1200, Hugues de Pierrepont, originaire de Laon est nommé prince-évêque.

En 1204, le duc Henri Ier de Brabant reçoit l'avouerie de Eersen : Maastricht devient ainsi une co-seigneurerie (Brabant-Liège).

La même année, la principauté reçoit le comté de Moha, qui ne sera réellement uni à Liège qu'en 1225.

Philippe de Souabe aurait confirmé la charte d'Albert de Cuyck le 3 juin 1208 : l'inviolabilité du domicile est garantie. Cette charte, dont l'authenticité est mise en question par plusieurs historiens aurait préfiguré une constitution.

En 1209, l'empereur Othon IV de Brunswick renonce à toute intervention dans les élections épiscopales.

En 1210, le pape Innocent III excommunie l'empereur, et menace de le déposer. Il sera remplacé par Frédéric II de Hohenstaufen. Le duc de Brabant s'agite, il réclame le comté de Moha, et veut faire payer les Liégeois.

Du 3 au 7 mai 1212, Henri Ier de Brabant, profitant de l'absence de la noblesse, saccage Liège et la Hesbaye. Il recommencera l'année suivante, brûlant Tourinnes, Waremme, Waleffe, et Tongres.

En 1213, le 13 octobre, Hugues de Pierrepont, aidé par les milices de Liège, Huy, Dinant, Fosses et Thuin, remporte la bataille de Steps. Les Liégeois et leurs alliés du comté de Looz vainquent les Brabançons. Le prince-évêque fait brûler Léau, Landen et Hannut, ainsi que les villages du territoire de Tirlemont.

La même année, l'empereur Frédéric II renonce à intervenir dans les élections des évêques : c'est la fin du système de l'Église impériale.

Le 2 février 1214, le duc Henri Ier de Brabant et le prince-évêque signent un traité de paix.

En 1227, Hugues de Pierrepont refuse l'archevêché de Reims. Il rachète à l'archevêque de Reims les droits que celui-ci possédait en propre à Saint-Trond.

Le 29 août 1229, le duc de Brabant se rend à Waremme où il reconnaît la validité des droits de l'Église de Liège sur le comté de Moha. Le 12 avril, Hugues de Pierrepont meurt à Huy. Il sera inhumé dans la cathédrale. Le 24 mai 1229 Jean d'Eppes (ou d'Aps) lui succède. La même année est créée la première confédération des villes de Liège, Huy, Tongres, Fosses, Saint-Trond et Maastricht. Cette dernière est fortifiée cette année-là. Le 13 décembre, l'empereur Henri VI fait abolir cette fédération et fait reconnaître l'autorité du nouveau prince-évêque. Le 9 avril 1230, Henri VII confirme la charte d'Albert de Cuyck et le diplôme de Philippe de Souabe de 1208

[réf. nécessaire]

Les habitants de Hasselt reçoivent les mêmes droits que ceux de Liège en 1232.

En 1238, le chapitre cathédral confie l'inquisition aux dominicains. La même années, des hérétiques sont brûlés à Liège.

Jean d'Eppes meurt pendant le siège du Château de Poilvache, le 1er avril 1238

Le 22 juin, Guillaume de Savoie devient prince-évêque, il est le fils du comte de Savoie, Thomas Ier. Le chanoine Otton d'Erbstein conteste l'élection, aidé par l'empereur Frédéric II. Des troubles éclatent dans tout le pays. Le 29 mai 1239, Guillaume de Savoie se rend à Rome, où le pape Grégoire IX confirme son élection. Le 30 juin de la même année, la rupture entre l'empereur et le pape est complète. Grégoire IX excommunie et dépose Frédéric II.

Guillaume meurt le 29 mai 1239, sur le chemin du retour de Rome, probablement empoisonné. Il sera inhumé dans l'abbaye de Haute-Combe.

Le 30 octobre 1240, un nouveau prince-évêque est élu, il s'agit de l'évêque de Langres, Robert de Thourotte ou de Langres. Il n'a pas reçu les droits régaliens de l'empereur, celui-ci étant excommunié.

En 1245, le prince assiste au Concile de Lyon durant lequel Frédéric II est déposé par Innocent IV. Robert de Thourotte peut ainsi régner sans avoir reçu les droits régaliens.

En 1246, la Fête-Dieu est instaurée dans tout le diocèse de Liège, à la demande de sainte Julienne, prieure à la léproserie de l'hospice de Cornillon. Le 9 juin de la même année, la bulle d'Innocent IV confirme les institutions du diocèse. La cathédrale est gérée par le prince-évêque, 59 chanoines tréfonciers, 11 chanoines de Saint-Materne, 12 chanoines de la Petite Table, 2 chapelains impériaux et 2 chapelains épiscopaux.

Le 16 octobre, Robert de Thourotte meurt. Il sera inhumé dans l'abbaye de Clairvaux. Sa succession divise les chanoines, 112 candidats aspirent au pouvoir épiscopal. Le 27 septembre 1247, Henri de Gueldre est finalement élu. C'est un homme violent et débauché. La population l'appelle le « Grand Ribaud de la Cité ». Il célèbre de véritables orgies dans la ville de Liège. Mais c'est un homme de guerre, le pape Innocent IV le dispense de prendre les ordres. Un suffragant remplit alors les fonctions épiscopales.

Le 1er novembre, Henri de Gueldre reconnaît la souveraineté des laïques dans l'administration du temporel et celle du clergé dans les affaires ecclésiastiques.

En 1251(en octobre ou en novembre), la Fête-Dieu est célébrée pour la première fois en la basilique Saint-Martin de Liège.

Innocent IV, en 1252, accorde des indulgences aux personnes contribuant à la reconstruction de la cathédrale, en chantier depuis l'incendie de 1185.

Palais épiscopal de Liège en 1649

La Paix de Fexhe

Article détaillé : Paix de Fexhe.

Signée le 18 juin 1316 à Fexhe-le-Haut-Clocher, la Paix de Fexhe introduit un esprit démocratique dans l’administration de la principauté de Liège et de sa capitale, Liège. Elle est la reconnaissance formelle et légale du partage du gouvernement entre le prince et le pays.

Les princes de Bavière

Les XVIe et XVIIe siècles seront éprouvants pour la Principauté, car elle subit de plein fouet la scission des Pays-Bas espagnols ainsi que les guerres de Louis XIV.

Sur le plan intérieur, la vie politique est dominée par l'opposition entre le parti populaire (les Grignoux, fervents défenseurs de la démocratie) et le parti aristocratique (les Chiroux, partisans du prince). Des journées d'émeutes eurent notamment lieu en 1636, lors d'une tentative de coup de force des Chiroux, et en 1646, quand des rumeurs annoncent que les Chiroux vont truquer les élections grâce à l'intervention des troupes espagnols.

Les émeutes se transformèrent en révolte. En 1647, les Grignoux remportent les élections et interdisent l'entrée à Liège du prince-évêque Ferdinand de Bavière (qui était à Visé accompagné de troupes allemandes). Celui-ci transfère le siège du gouvernement à Huy et, aidé par son neveu Maximilien-Henri, entreprend la reconquête de la Cité.

Liège est bombardée le 12 août 1649 (l'hôtel de ville sera brûlé) et capitule le 29 août. Le 19 septembre, le prince entre dans Liège accompagné de 2 000 cavaliers et de 1 000 fantassins[1] et suspend la plupart des droits politiques. Le système électoral est également revu à la faveur du prince, qui aura alors tous pouvoirs.

Les guerres de Hollande

En 1673, la guerre entre la France et les Provinces Unies alliées à l'Espagne et à l'Empire font des places fortes de la Meuse et de la Sambre des points stratégiques[2]. Le pays liégeois est rapidement "submergé par la guerre"[3]. Les liégeois subissent de nombreuses réquisitions par les français, ce qui ne les empeche pas d'applaudire le démentissement de leur citadelle en 1676. Celle-ci représentant à leurs yeux le pouvoir arbitraire du Prince-évêque par les soldats qui y casernaient et qui dévallaient la colline de Sainte-Walburge pour rétablir l'ordre en cas d'"émotion" populaire[2]. Cet enthousiasme ne durera pas quand Louis XIV s'empare de Dinant, Huy, Thuin, Florennes, Châtelet, Couvin, faisant tomber les citadelles et pratiquant la politique de la terre brulée.

Les révoltes de 1678-1683

La Principauté de Liège en 1787 en rouge coupe en deux les Pays-Bas autrichiens en gris clair.

Les tensions entre riches et pauvres sont toujours vives. Les premiers occupent à Liège majoritairement la rive gauche de la Meuse alors que les seconds vivent sur la droite, dans les quartiers d'Outre-Meuse. Les revendications des misérables sont profondes, durables, et s'exprimeront avec violence dans les marges de "l'heureux dix-huitième siècle". Le 27 juin 1683, les émeutiers sont rudements repoussés par les milices bourgeoises. Le prince évêque Maximilien-Henri de Bavière mate toutes contestations dans le sang des leaders populaires Renardi et Macors. Il imposera par ailleurs une réforme du règlement électoral qui met à sa botte une grande partie des trois États et des métiers. Cette véritable révolution constitutionnelle, qui rompt avec les privilèges démocratiques issus des luttes politiques du moyen âge, sera dénoncée durant la Révolution liégeoise le 18 août 1789. Le Règlement de 1684 sera aboli, par un prince-évêque ramené prisonnier du château de Seraing.

Guerre de la Ligue d'Augsbourg

En 1688, Louis XIV déclare la guerre au Saint-Empire. La principauté participe à l'effort de guerre. On a calculé que les quelques milliers de Liégeois levés par la conscription correspondent à une saignée de 250 000 hommes à l'échelle de la France[4]. L'État doit emprunter des sommes énormes et accabler les citoyens d'impots impressionnants. Mais la Principauté est envahie et le prince-évêque Joseph-Clément de Bavière doit s'exhiler. Du 4 au 6 juin 1691, le maréchal de Boufflers, pôur venger l'insulte d'une négociation ratée, bombarde Liège et détruit un cinquième de la ville. Une des principales victime est la "maison de la ville". Le 14 août 1714, la première pierre du nouvel édiffice est posée. La reconstruction de la cité sera rapide[4]. Le traité des Barrières met fin à la guerre mais impose le démentellement de la citadelle de Liège. Le prince Joseph-Clément de Bavière après son retour triomphale à Liège s'y oppose et obtient de l'Empereur en 1717 de maintenir le coté faisant face à la ville pour les cas de révolte.

La Révolution liégeoise (1789-1795)

Article détaillé : Révolution liégeoise.

La Révolution liégeoise (en wallon Revolucion lidjwesse ou Binamêye revolucion) est la période qui va de 1789 à 1795, et qui entraînera la disparition de la principauté de Liège après 8 siècles d'existence.

Selon certains historiens, la Révolution liégeoise était un miroir de la Révolution française ou en était même une partie. La Révolution en France commença simultanément en 1789 et dans cette interprétation la révolution à Liège continuait après le retour temporaire du prince; elle connut une deuxième phase avec l'entrée des troupes révolutionnaires en 1792, et une troisième phase en 1794 avec le deuxième retour des Français. Alors, la révolution finît en 1795 par la disparition de la principauté et son incorporation à la République française. Pendant cette phase la révolution a montré des épisodes extrêmes, par exemple la démolition de la cathédrale Saint-Lambert par les révolutionnaires liégeois mais également des épisodes prometteurs : Les Liégeois purent, pour la première fois, exprimer leur volonté à travers des élections au suffrage universel masculin et un référendum pour la réunion de la Principauté à la France.

Selon d'autres, la révolution se déroula pendant la période où le prince-évêque était absent, dès son départ pendant la nuit du 26 au 27 août 1789 jusqu'à son retour le 12 février 1791. Dans cette interprétation, la Révolution liégeoise était la contrepartie de la Révolution brabançonne dans les Pays-Bas autrichiens, qui a échoué. Cependant, on remarquera que la Révolution liégeoise, à l'instar de la Révolution française, a pour but une remise en question profondément progressiste de l'ordre politique et social, à l'opposé de la Révolution brabançonne qui s'inscrit dans la contestation et le rejet des réformes progressistes de Joseph II.

Voir aussi : Causes de la Révolution liégeoise et Réunion du Pays de Liège à la France

Notes et références

  1. Le règlement de 1649
  2. a  et b D. Droixhe, "Une histoire des Lumières au pays de Liège", les Editions de l'Université de Liège, 2007, p. 22
  3. LEJEUNE, 1975, lxix.
  4. a  et b D. Droixhe, Une histoire des Lumières au pays de Liège, les Editions de l'Université de Liège, p. 24

Bibliographie

  • André Georges, Mille ans après: à la découverte du Pays de Notger, Fédération du tourisme Prov. de Liège, (Liège, 1980)
  • Joseph Daris, Histoire du diocèse et de la principauté de Liège, T. I. depuis leur origine jusqu'au XIIIe, Édition Demarteau, p. 381 et suiv. (Liège, 1890)
  • Histoire de la Wallonie, collectif sous la direction de B.Demoulin et J.L. Kupper, Privat, Toulouse, 2004.
  • Claude Gaier, Grandes Batailles de l'histoire liégeoise au moyen âge, Eugène Wahle, Liège, 1980
  • Christine Renardy et consorts, Liège et l'Exposition universelle de 1905, éditions Dexia et fonds Mercator (diff. éd. Luc Pire), Bruxelles 2005

Liens externes

Monument sur le site de la Redoute, lieu de la bataille du 17 septembre 1794 consacrant la fin de la Principauté de Liège
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